efflorescence [ eflɔresɑ̃s ] n. f.
• v. 1562 « surface, croûte »; formation sav. d'apr. le lat. class. efflorescere « fleurir »
1 ♦ (1755) Chim. Perte d'eau d'un cristal par hydratation. Cristaux qui deviennent pulvérulents par efflorescence au contact de l'atmosphère.
♢ Bot. Pruine.
2 ♦ (1801) Vx Début de floraison.
♢ Fig. et littér. Floraison épanouie. ⇒ épanouissement, luxuriance. « cette prodigieuse efflorescence de l'art gothique » (Gautier). En pleine efflorescence.
● efflorescence nom féminin (latin efflorescere, fleurir) Littéraire. Commencement, épanouissement de quelque chose : L'efflorescence d'un cinéma d'avant-garde. ● efflorescence nom féminin (anglais efflorescence) Transformation des sels qui perdent leur eau de cristallisation en devenant pulvérulents. Corps pulvérulent ainsi produit. Oxyde métallique qui se forme à la surface de certains minéraux. Sel se déposant à la surface d'une maçonnerie et composé, en général, de carbonates ou de sulfates alcalins ou alcalinoterreux. Poussière, ayant l'aspect de la résine ou de la cire, qui recouvre certains fruits (prunes, raisins) ou les feuilles de quelques végétaux (choux). ● efflorescence (synonymes) nom féminin (anglais efflorescence) Transformation des sels qui perdent leur eau de cristallisation en...
Synonymes :
- délitescence
efflorescence
n. f.
d1./d CHIM Dépôt qui se forme à la surface des hydrates salins.
d2./d Fig., litt. épanouissement, floraison. L'efflorescence d'un grand nombre de jeunes talents.
⇒EFFLORESCENCE, subst. fém.
A.— BOTANIQUE
1. Vieilli. Début de la floraison. Efflorescences des rameaux (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 47). L'universel renouveau, l'efflorescence enivrée des lilas (PROUST, Chron., 1922, p. 34).
2. P. ext., littér. Épanouissement de quelque chose, manifestation ou représentation visible de quelque chose avec une idée de générosité, d'abondance, de luxuriance. Efflorescence végétale (MICHELET, Journal, 1835, p. 175) :
• 1. ... les tiges, les branches et les têtes des arbres dont elle est couverte, les buissons et les mousses, le sol même, tout a changé; les rigueurs de la saison les ont revêtues, embellies d'efflorescences, de congélations aussi variées dans leurs formes que dans leurs grandeurs.
CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 2, 1801, p. 161.
3. P. anal. :
• 2. Tout autour de nous s'envolait, se gonflait doucement vers un paradis d'efflorescence plumeuse : longs battements ouatés des mouettes piquetés de cris rauques, douces plumes arrachées à l'écume, pennes battantes du vent sur le visage, glissement fuyant comme le dos d'un cygne de la houle soulevant le bateau.
GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 156.
— Spéc., MÉD. ,,Lésion cutanée élémentaire : papule, vésicule, pustule, bulle`` (Méd. Biol., t. 2 1971). Alicette prend des bains de soufre et n'a pas encore la surface nettoyée de ses efflorescences de chaleur (AMIEL, Journal, 1866, p. 382).
4. Au fig. Apparition de quelque chose; commencement, épanouissement de quelque chose (idée, art, etc.). Toute l'efflorescence d'un mysticisme inconscient (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 152). L'efflorescence prodigieuse des ballets russes (PROUST, Sodome, 1922, p. 743).
B.— CHIM. MINÉR.
1. Transformation, sous l'influence de la température ou de l'état hygrométrique de l'air, d'un sel cristallisé en un produit pulvérulent par perte de son eau de cristallisation (p. oppos. à déliquescence); p. méton., le produit obtenu. Alun (...) en efflorescences solubles (A. DE LAPPARENT, Minér., 1899, p. 531). La morenosite est un sulfate hydraté de nickel (...) en cristaux acidulaires et efflorescences vertes sur les minerais de nickel (A. DE LAPPARENT, Minér., 1899 p. 574).
2. Dépôt pulvérulent et blanchâtre qui se produit sur une paroi (mur, roche, cristallisoir) par évaporation de l'eau montée à la surface par capillarité; p. méton., le processus. Salpêtre. — Azotate de potasse, sel formé par efflorescence sur les plâtras ou sur la terre des caves (A. PÉRÈS, Pierres et roches, 1896, p. 27).
Prononc. et Orth. :[(s)]. Avec ] ds GATTEL 1841 et Pt ROB. et comme 1re var. ds WARN. 1968. [(f)(s)], [] ouvert à l'initiale sous l'influence des lettres redoublées. Avec [f] simple et [s] simple ds WARN. 1968 (2e var.). Avec [f] simple ou [ff] double, [s] ou [ss] double ds BARBEAU-RODHE 1930. Avec [f] double et [ss] double ds LITTRÉ et DG. Le mot est admis ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1562 « surface, écorce, croûte » (A. PARÉ, Œuvres, I, 3, éd. J. F. Malgaigne, t. 1, p. 116b [ici en parlant de l'épiderme]); 2. 1751 minér. « couche de sel » (Encyclop. t. 1, p. 234, s.v. air); 1755 « transformation de la surface d'un corps en parcelles pulvérulentes » (Encyclop.); 3. 1755 pathol. (ibid.)); 4. a) 1784 (BERN. DE ST-P., Ét. nature, t. 2, p. 202 : les efflorescences et les végétations de la glace); b) 1834 fig. « apparition, développement, épanouissement » (Th. GAUTIER, Grotesques, p. 103 ds MAT. Louis-Philippe, p. 261 : son style, en dépit des efflorescences grecques et latines). Formation sav. d'apr. le lat. class. efflorescere « fleurir; fig. : s'épanouir »; b. lat. « proliférer, se répandre (la lèpre) » (BLAISE); suff. -ence (-ance). Angl. efflorescence dès 1626 au sens 4a, 1667 au sens 2 et 1684 au sens 3. Fréq. abs. littér. :54. Bbg. MAT. Louis-Philippe 1951, pp. 261-262. — Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 121.
efflorescence [eflɔʀesɑ̃s] n. f.
ÉTYM. V. 1562, « surface, croûte »; du lat. sav. efflorescere « fleurir », et -ence.
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1 Malgré ces derniers jeux de l'hiver, quelques bouffées d'air tiède chargées des senteurs du bouleau, déjà paré de ses blondes efflorescences (…) attestaient le beau printemps du Nord, rapide joie de la plus mélancolique des natures.
Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 563.
2 (1834). Fig. et littér. Apparition, commencement, éveil, naissance (de qqch.). || Efflorescence sexuelle (⇒ Puberté).
2 Les réunions syndicales ont été tolérées. Les meetings publics, interdits. Le gouvernement craint moins l'émeute que l'efflorescence çà et là, d'une malveillance sournoise.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVIII, p. 300.
2.1 L'efflorescence des absurdités dévoile une existence devant laquelle toute netteté de vision apparaît d'une indigence dérisoire. C'est l'agression perpétuelle de l'Imprévisible.
E. M. Cioran, Précis de décomposition, p. 102.
3 Floraison épanouie, luxuriante. ⇒ Épanouissement, luxuriance.
3 Un volume in-8 de description, un atlas de deux mille planches, vingt salles remplies de plâtres moulés, ne donneraient pas encore une idée complète de cette prodigieuse efflorescence de l'art gothique (dans la cathédrale de Burgos), plus touffue et plus compliquée qu'une forêt vierge du Brésil.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 21.
4 Aux étalages débordait une efflorescence de mousselines et de dentelles, des touffes de plumes, des fleurs de soie. Un peu grisée, Pauline s'arrêtait aux vitrines.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 359.
4 (1755). Chim. Transformation de certains sels qui perdent à l'air une partie de leur eau de cristallisation et deviennent superficiellement pulvérulents; couche pulvérulente ainsi produite. || Des efflorescences salines (→ Délétère, cit. 2).
➪ tableau Vocabulaire de la chimie.
♦ Par anal. Poussière fine qui recouvre certains fruits, certaines feuilles. ⇒ Fleur, pruine.
Encyclopédie Universelle. 2012.