ensorceler [ ɑ̃sɔrsəle ] v. tr. <conjug. : 4>
1 ♦ Soumettre à l'action d'un sortilège, jeter un sort sur (un être). ⇒ enchanter, envoûter, marabouter. Ensorceler qqn par une formule, une incantation. « Est-ce pour maléficier aussi son cadavre que tu t'en viens à l'enterrement d'une femme que tu as ensorcelée ? » (Barbey).
2 ♦ (1554) Fig. Captiver entièrement, comme par un sortilège irrésistible. ⇒ 2. fasciner. Ensorceler l'esprit de qqn. — Spécialt (dans le domaine de l'amour) ⇒ charmer, séduire, vamper. Beauté qui ensorcelle. « Danton aimait les femmes. Le parti d'Orléans essaya de l'ensorceler par la maîtresse du prince » (Michelet ).
⊗ CONTR. Désensorceler.
● ensorceler verbe transitif (de sorcier) Soumettre quelqu'un à une influence magique ; envoûter. Troubler quelqu'un au point de provoquer chez lui une conduite étrange : Il faut qu'on m'ait ensorcelé pour que j'aie pu faire cela. Séduire quelqu'un, l'enjôler, le charmer comme par un sortilège : Elle l'avait ensorcelé avec ses sourires. ● ensorceler (citations) verbe transitif (de sorcier) Julien Green Paris 1900-Paris 1998 Académie française, 1971 Rien n'est plus proche d'une femme ensorcelée qu'une femme éprise. Adrienne Mesurat Plon ● ensorceler (difficultés) verbe transitif (de sorcier) Conjugaison Attention à l'alternance -ll-/-l- : il ensorcelle, nous ensorcelons ; il ensorcelait ; il ensorcela ; il ensorcellera. ● ensorceler (synonymes) verbe transitif (de sorcier) Soumettre quelqu'un à une influence magique ; envoÛter.
Synonymes :
- envoûter
Séduire quelqu'un, l'enjôler, le charmer comme par un sortilège
Synonymes :
- charmer
- enjôler
- envoûter
- fasciner
- griser
ensorceler
v. tr.
d1./d Mettre sous le pouvoir d'un sortilège.
d2./d Fig. Exercer sur (qqn) un charme, une influence irrésistible.
⇒ENSORCELER, verbe trans.
A.— OCCULT. Soumettre à une influence magique généralement maléfique, à l'action d'un sortilège. (Quasi-) synon. charmer, enchanter, envoûter, jeter un sort; (quasi-) anton. désensorceler, désenchanter, lever un sort. Le bruit public fut tout aussitôt que le roi avait été ensorcelé ou empoisonné (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 66). Les relations entre le sorcier et ceux qu'il ensorcelle (LÉVI-STRAUSS, Anthropol. struct., 1958, p. 185) :
• Ils [les sorciers de Guernesey] ont des pratiques véritablement criminelles. Ils font bouillir de l'or. Ils cueillent des herbes à minuit. Ils regardent de travers les bestiaux des gens. (...) Ils sont redoutés et redoutables. Un d'eux a récemment ensorcelé un boulanger « ainsi que son four ».
HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 59.
B.— Au fig. Soumettre (quelqu'un) à une forte emprise qui le captive, comme par un sortilège.
1. [Le suj. désigne une pers.] Nous avons à cette cour un coquin d'infiniment d'esprit (...) qui, lors de la mort du comte Palanza, ensorcela le père Landriani (STENDHAL, Chartreuse Parme, 1839, p. 130). Canalis, comme Nodier en ceci, vous ensorcèle par une naïveté, naturelle chez le prosateur et cherchée chez Canalis (BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p. 56). Il avait de l'esprit aventureux et séduisant (...) il nous ensorcela tous, mon mari, mon oncle, mes cousins (FRANCE, Bonnard, 1881, p. 368).
— En partic. Exercer sur quelqu'un une forte emprise amoureuse, un grand pouvoir de séduction. (Quasi-)synon. charmer, séduire. Mme L avait combiné l'effet incendiaire d'une certaine robe de moire bleuâtre (...) où elle devait m'ensorceler tout à fait. Cette « ensorcellerie » (intentionnelle) sera réalisée mercredi sans doute, car mercredi Mme L doit venir chez son amie (BARB. D'AUREV., 2e Memor., 1838, p. 376). Elle réveillait plus énergiquement les sens en léthargie de l'homme, ensorcelait, domptait plus sûrement ses volontés, avec son charme de grande fleur vénérienne (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 78). Sa voix, c'était comme le reste, un sortilège de douceur (...) je vivais enveloppé aussi moi, un peu comme Jonkind en somme, dans l'ahurissement. Je vivais gâteux, je me laissais ensorceler (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 277).
2. [Par personnification; le suj. désigne un inanimé abstr.] « Le Rouge et le noir » (...) Quand ce roman ne révolte pas, il ensorcelle. C'est une possession comparable à celle de la « Comédie humaine » (BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 242). L'ingénieur littéraire qui approfondit et utilise toutes les ressources de l'art, lui apparaissent en Edgar Poë et l'émerveillement. Tant de vues originales et de promesses extraordinaires l'ensorcellent (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 131).
Rem. On rencontre ds la docum. ensorcelant, ante, adj. en emploi fig. Qui exerce une forte emprise. En partic. [En parlant d'une pers.] Qui exerce une forte emprise amoureuse, un grand pouvoir de séduction. (Quasi-) synon. charmant, enchanteur, séduisant. Comme elle pesait peu, cette petite fille, résignée à tous les abandons, dont le charme sentimental ne se révélait qu'à la longue, quand il la comparait à cette créature ensorcelante (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 244). Pourtant ces banalités généreuses faisaient passer à travers cette masse humaine (...) un courant de haute tension, qui la faisait osciller au commandement de l'orateur (...) d'où venait la vertu ensorcelante de Jaurès? (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 448).
Prononc. et Orth. :[], (j')ensorcelle []. Verbe en -eler doublant l'l (LITTRÉ). Cependant Balzac, supra, écrit ensorcèle. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin XIIe s. ensorcerer (CLEMENCE BARKING, Vie Ste Catherine, 2157 ds T.-L.); XIIIe s. ensorcelee (Rem. pop., Am. Salmon, Etudes rom. déd. à G. Paris, p. 261 ds GDF. Compl.). Dér. de sorcier : préf. en-; dés. -er; ensorceler par dissimilation. Fréq. abs. littér. :47 (ensorcelant : 17). Bbg. DUCH. Beauté 1960, p. 107 (s.v. ensorcelant).
ensorceler [ɑ̃sɔʀsəle] v. tr. [CONJUG. appeler.]
ÉTYM. XIIIe, ensorcerer, déb. XIIe; de en-, et sorcer, sorcier.
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1 Soumettre (une personne, un animal) à l'action d'un sortilège, jeter un sort sur (un être). ⇒ Charmer (vx), enchanter, envoûter. || Ensorceler qqn par une formule, une incantation, un philtre. || Le paysan l'accusait d'avoir ensorcelé son troupeau. || Elle ensorcelait ses ennemis.
1 Le diable ordonna à Michelle Chaudron d'ensorceler deux filles. Elle obéit à son seigneur ponctuellement. Les parents des filles l'accusèrent juridiquement de diablerie. Les filles furent interrogées et confrontées avec la coupable; elles attestèrent qu'elles sentaient continuellement une fourmilière dans certaines parties de leurs corps et qu'elles étaient possédées.
Voltaire, Commentaire sur le Traité des délits et peines, IX, Des sorciers.
2 (…) il (Urbain Grandier) avait déjà été accusé d'avoir ensorcelé les religieuses, et examiné par de saints prélats, par des magistrats éclairés, par des médecins instruits qui l'avaient absous, et qui tous, indignés, avaient imposé silence à ces démons de fabrique humaine.
A. de Vigny, Cinq-Mars, I, III.
3 Nous sommes loin du XVe siècle; on ne voit plus au XVIIe siècle le cas terrible avoué au livre du « Marteau des sorcières », quand le juge, tenant la sorcière liée à ses pieds, se sentait pris par son regard, ensorcelé au tribunal, défaillait sur son siège.
Michelet, Hist. de France, XIII, 18.
♦ Il faut qu'on l'ait ensorcelé, se dit de qqn dont la conduite paraît inexplicable et qui semble subir une influence puissante.
4 Il faut absolument qu'on m'ait ensorcelé :
Si j'en connais pas un, je veux être étranglé (…)
Racine, les Plaideurs, II, 5.
2 (V. 1398). Captiver entièrement (qqn, l'esprit, les facultés), comme par un sortilège. || Ensorceler l'esprit de qqn. ⇒ Suggestionner, troubler. — (Spécialt). Captiver érotiquement. || Ensorceler qqn par des manières câlines. ⇒ Charmer, enjôler (→ Cajolerie, cit. 2). || Être ensorcelé par l'amour, par une femme. ⇒ Fasciner, séduire. — Absolt. || Un poème, une musique qui ensorcelle.
5 L'amour fut bien fort(e) poison
Qui m'ensorcela la raison (…)
Ronsard, le Premier Livre des amours, Amours de Cassandre, CCXXVIII.
6 Une jeune comédienne dont le roi est ensorcelé (…)
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ensorcelé, ée p. p. adj.
1 Soumis à l'action d'un sortilège.
♦ Par extension (d'une chose) :
7 — Ne cherchez plus, leur dit-il, d'autres causes :
C'est ce poirier; il s'est ensorcelé.
La Fontaine, Gageure, II.
♦ Par ext. Qui présente qqch. d'inexplicable et de quasi diabolique (→ Dévidage, cit. 1).
♦ N. || Un ensorcelé. ⇒ Possédé. || L'Ensorcelée, roman de Barbey d'Aurevilly (1854).
8 C'était là le dernier degré de sortilège et de misère, monsieur : elle ne voulait pas guérir ! Elle aimait le sort qu'on lui avait jeté. Les uns parlaient du berger (…) les autres de l'abbé de La Croix-Jugan (…) mais (…) pour qui, comme moi, nombre de fois les vit à l'église, lui, cet abbé noir dans la nuée de sa stalle, et elle, rouge comme le feu de la honte dans son banc (…) Il n'y a pas moyen de penser que le maître de cette misérable ensorcelée ait été un autre que ce prêtre, qui semblait le démon en habit de prêtre (…)
Barbey d'Aurevilly, L'ensorcelée, p. 197.
2 (Personnes). Soumis au charme de (qqn, qqch.). || Complètement ensorcelé, il ne pouvait plus quitter la pièce.
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DÉR. Ensorcelant, ensorceleur.
COMP. Désensorceler.
Encyclopédie Universelle. 2012.