épouvanter [ epuvɑ̃te ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Remplir d'épouvante. ⇒ effrayer, horrifier, terrifier. Les armes atomiques épouvantent les peuples. Épouvanter un enfant par des menaces. ⇒ terroriser. « l'idée de son propre néant l'épouvantait » (Larbaud). « Seul l'inconnu épouvante les hommes » (Saint-Exupéry).
2 ♦ Causer de vives appréhensions à. ⇒ angoisser, effrayer, inquiéter. La seule idée du mariage l'épouvante.
3 ♦ ÉPOUVANTÉ, ÉE p. p. adj. Rempli d'épouvante. Il recula épouvanté. La domestique « s'enfuit épouvantée à toutes jambes » (Baudelaire). « le désordre de sa coiffure ajoutait à son air épouvanté » (Green).
⊗ CONTR. Enhardir, rassurer.
● épouvanter verbe transitif (latin populaire expaventare, du latin classique expavere, avoir peur) Frapper quelqu'un d'épouvante, de terreur ; effrayer, terrifier, terroriser : Épouvanter un enfant par des histoires horribles. Remplir quelqu'un d'un saisissement qui cause un mouvement de recul ; ahurir, affoler, stupéfier, effarer : Il m'épouvante avec son inconscience. ● épouvanter (synonymes) verbe transitif (latin populaire expaventare, du latin classique expavere, avoir peur) Frapper quelqu'un d'épouvante, de terreur ; effrayer, terrifier, terroriser
Synonymes :
- affoler
Remplir quelqu'un d'un saisissement qui cause un mouvement de recul ;...
Synonymes :
- affoler
- ahurir
- effarer
- effrayer
- époustoufler (familier)
- inquiéter
- méduser
- sidérer
- stupéfier
épouvanter
v. tr. Effrayer vivement, remplir d'épouvante (qqn). Attila épouvantait ses ennemis.
— Pp. épouvanté par une vision d'horreur.
|| v. Pron. Il s'épouvante pour un rien.
⇒ÉPOUVANTER, verbe trans.
A.— Emploi trans. [Le compl. désigne un animé ou, p. méton., un de ses attributs]
1. Inspirer de l'épouvante, de l'horreur, de la terreur. Épouvanter une personne peureuse, un enfant; regarder qqc. avec un air, un recul épouvanté; être épouvanté par des menaces. (Quasi-)synon. terrifier, terroriser; anton. rassurer. Ces audacieux mortels parvinrent à regagner le rivage, épouvantant de leurs récits quiconque seroit tenté d'imiter leur exemple (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 484). Les habitués de la chasse aux halbrans les tirent parfois à la nage alors, qu'épouvantés, ils fuient (VIDRON, Chasse, 1945, p. 79) :
• 1. ... on parlait encore de la Malabestio, monstre (...) qui à certaines nuits courait la ville, épouvantait les passants attardés et crédules, et annonçait des catastrophes. (...) L'imagination populaire, avec le dragon comme personnage central, a brodé d'horrifiques légendes que la vieille France écoutait avec un mélange de terreur, d'édification et de ravissement.
DÉVIGNE, Légend. de Fr., 1942, p. 18.
SYNT. Animaux, êtres, femmes, populations, soldats épouvanté(e)s; cauchemars, catastrophes qui épouvantent; être épouvanté à la pensée, à l'idée d'un mal.
— [Avec l'idée de vive réprobation morale] Inspirer de la répulsion, une profonde horreur. (Quasi-)synon. horrifier. Du seul point de vue humain, sa dureté m'épouvante (GREEN, Journal, 1948, p. 224) :
• 2. ... il ajoutait à cela en ce moment un air de commisération qu'il accentuait tant qu'il pouvait. Agnès, épouvantée par la commisération, accepta aussitôt, malgré sa répugnance à être seule avec lui.
DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 195.
2. P. ext. et p. hyperb. [En parlant d'un comportement, d'une action, d'un état de fait]
a) Inspirer de vives appréhensions, impressionner fortement. Difficultés, idées, pensées, perspectives, révélations, sujets qui épouvantent; l'avenir épouvante. (Quasi-) synon. angoisser, effrayer (cf. ce mot A 2 a), inquiéter. Il se trouva à Roubaix sans ressource. Cela ne l'épouvanta pas (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 151). Tout ce bruit, tous ces articles, toutes ces saletés de journaux, ça l'épouvante un peu, le père Chartrain (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 244). Je suis épouvanté de cette hausse des prix (DUB.) :
• 3. ... est-ce que les questions de suffrage universel, de souveraineté réelle du peuple, n'effraient personne en France? Et que faire là, sinon montrer par vives raisons la puérilité et le vide de ces frayeurs? Mais quoi! Ce qui effraye le plus dans les partis, ce n'est pas ce qu'ils disent, c'est ce qu'ils négligent ou refusent de dire. L'inconnu! Voilà ce qui épouvante surtout les âmes faibles.
L. BLANC, Organ. du travail, 1845, p. XVII.
— Emploi abs. Il a déjà l'arme, le silex éclaté, il lui faut l'ornement qui séduit ou épouvante (FAURE, Hist. art, 1909, p. 25).
b) Surprendre fortement, inspirer un grand saisissement. Synon. choquer; (quasi-)synon. effarer, sidérer, stupéfier. Et le Parisien coucherait dans cette chambre à coucher, entre ces deux chaises épouvantant le goût (GONCOURT, Journal, 1895, p. 894). Il convient donc de renoncer à cet entassement d'œuvres disparates qui afflige et épouvante les plus intrépides explorateurs de musées (RÉAU, Archives, bibl., musées, 1909, p. 6) :
• 4. Oui, plus je vois ce que c'est que le mariage, plus je suis épouvanté de la chance que j'ai eue. Je ressemble à ces ignorants du danger qui l'ont traversé sans s'en apercevoir...
A. DAUDET, Femmes d'artistes, 1874, p. 11.
B.— Emploi pronom. à valeur passive ou subjective
1. Éprouver de l'épouvante. (Quasi-)synon. s'affoler. Cet homme ne s'épouvante pas aisément. Il s'épouvante pour peu de choses, de peu de choses (Ac. 1878, 1932). On finissait par s'épouvanter (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 433). Mme Ligneul s'épouvanta pour son mari (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939 p. 206) :
• 5. François, plus jeune que lui d'un an, s'épouvantait. Alain, qui avait déjà beaucoup souffert en prison et coudoyé la crapule, s'effrayait moins et réconfortait son cousin.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935 p. 228.
— S'épouvanter à + inf. Fannie s'épouvantait à songer à l'être qu'elle mettrait au monde en une telle détresse et qui, affamé dès avant de naître, n'aurait même pas un bout de toile pour se couvrir (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935 p. 266).
2. P. hyperb. Éprouver de l'inquiétude, de vives alarmes, de l'appréhension. S'épouvanter d'une difficulté. (Quasi-)synon. s'alarmer, s'effrayer (cf. ce mot B), s'inquiéter. Les riches s'épouvanteront de leur audace, et les misérables accuseront leur timidité (FRANCE, Opinions Coignard, 1893, p. 139). Je m'épouvante un peu des suites possibles de ce nouveau voyage, plus encore que du voyage lui-même (GIDE, Journal, 1928, p. 881) :
• 6. Il s'épouvantait un peu de découvrir en lui toute une casuistique inconnue, qui était peut-être la préfiguration des raisons qu'il se donnerait un jour de trahir ceux avec qui il était alors de tout son cœur, de toute la force de ses origines et de ses révoltes.
ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 123.
Rem. On rencontre ds la docum. épouvantant, ante, part. prés. en emploi adj. Un gouvernement dont un membre a osé écrire qu'Homère était à mettre au rancart et que le « Misanthrope » de Molière manquait de gaieté, apparaît au bourgeois plus épouvantant, plus subversif, plus anti-social, que si ce même gouvernement décrétait le même jour l'abolition de l'hérédité et le remplacement du mariage par l' « union libre » (GONCOURT, Journal, 1871, p. 754). Il est question de Mme Galliffet (...) qui a une carie de la mâchoire et tout le bas du visage si épouvantant (ID., ibid., 1890, p. 1226). La docum. atteste en outre un emploi subst. neutre également dû à cet auteur. Il y a en elle [la clownerie anglaise] de l'épouvantant pour le spectateur, de l'épouvantant fabriqué de petites observations cruelles (E. DE GONCOURT, Zemganno, 1879, p. 124).
Prononc. et Orth. :[], (j')épouvante []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1100 « frapper d'épouvante » ici pronom. mult ... s'espoant (Roland, éd. J. Bédier, 1433); 1re moitié XIIe s. espowenterunt [formidabunt] (Psautier Oxford, 103, 8 ds T.-L. s.v. espoënter). D'un lat. vulg. expaventare, formé sur le part. prés. expavens, entis du lat. expavere « craindre, redouter » (ex-intensif et pavere « craindre, être troublé »), cf. ital. spaventare, anc. esp. aspaventar. Fréq. abs. littér. :1 040. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 399, b) 2 055; XXe s. : a) 1 950, b) 948.
épouvanter [epuvɑ̃te] v. tr.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland; espoenter, XIIe; espoventer v. 1170; du lat. pop. expaventare, du lat. class. expavere, de ex-, et pavere « avoir peur ».
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1 Remplir (qqn, un groupe) d'épouvante. ⇒ Effrayer, horrifier, terrifier. || La pensée de la mort, du néant nous épouvante (→ Approcher, cit. 39). || Les armes atomiques épouvantent les peuples. || Épouvanter un enfant par des menaces. ⇒ Terroriser. || L'histoire de Barbe-Bleue l'épouvantait.
1 Et chaque jour encore on lui voit tout tenter Pour fléchir sa captive, ou pour l'épouvanter.
Racine, Andromaque, I, 1.
2 Je comprends que le rugissement d'un lion épouvante les animaux, et qu'ils tremblent en voyant sa terrible hure (…)
Rousseau, Émile, II.
3 Les nuits, souvent, ivre, il se poste dans des rues ou dans des maisons, pour m'épouvanter mortellement.
Rimbaud, Une saison en enfer, « Délires I ».
4 (…) l'univers était si grand que l'idée de son propre néant l'épouvantait.
Valery Larbaud, Fermina Marquez, XVII, p. 201.
5 (…) une fois pris dans l'événement, les hommes ne s'en effraient plus. Seul l'inconnu épouvante les hommes.
Saint-Exupéry, Terre des hommes, p. 54.
2 (Av. 1613). Causer de vives appréhensions, faire peur à. ⇒ Angoisser, effrayer, inquiéter. || Ce long voyage, cette perspective, l'épouvante. || La vie l'épouvante (→ Désarmer, cit. 16). || La seule idée du mariage l'épouvante (→ Apostasie, cit. 3). ⇒ Effaroucher, fuir (faire fuir).
6 Ce sont les dettes qui lui arrachent les aveux pitoyables dont ses lettres sont pleines. Elles le pressent; elles l'épouvantent (…)
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », I, p. 205.
3 Étonner vivement en inquiétant. ⇒ Ahurir, affoler, effarer, stupéfier. || Le cynisme de cet homme l'épouvante.
7 Je suis épouvanté du Jugement dernier de Michel-Ange. C'est du Goethe, du Dante et du Shakespeare fondus dans un art unique, ça n'a pas de nom et le mot sublime même me paraît mesquin, car il me semble qu'il comporte en soi quelque chose d'aigre et de trop simple.
Flaubert, Correspondance, II, p. 64.
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s'épouvanter v. pron.
1 (1080, sei espaenter). Être saisi d'épouvante, prendre peur. ⇒ Alarmer (s'), effrayer (s'). || La foule s'épouvante (→ Avec, cit. 79). || Colère dont s'épouvante un enfant (→ Amuser, cit. 19). Rare. || S'épouvanter à (et inf.). || S'épouvanter à regarder un film d'horreur, se faire peur.
8 Crois-tu que je m'épouvante de tes paroles ?
Molière, le Médecin malgré lui, I, I, 1.
9 Pourquoi donc, ô Maître suprême ! As-tu créé le mal si grand, Que la raison, la vertu même, S'épouvantent en le voyant ?
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Espoir en Dieu ».
2 (1666). S'inquiéter, s'affoler. || Il ne s'épouvante de rien (→ Confiance, cit. 2).
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épouvanté, ée p. p. adj.
♦ Rempli d'épouvante (→ Crier, cit. 1). || Il recula épouvanté. — Un cri, un regard épouvanté.
10 Ah ! combien frémira son ombre épouvantée, Lorsqu'il verra sa fille à ses yeux présentée, Contrainte d'avouer tant de forfaits divers (…)
Racine, Phèdre, IV, 6.
11 Le flot, qui l'apporta, recule épouvanté.
Racine, Phèdre, V, 6.
12 Ici, devant mes yeux erraient des lueurs sombres (…) Des visions troublaient mes sens épouvantés (…)
Hugo, Ballades, I, III 3.
13 (La domestique) laisse tomber le plateau qui se brise avec toutes les tasses et les verres, et s'enfuit épouvantée à toutes jambes.
Baudelaire, Du vin et du haschisch, IV.
14 Ses joues étaient rouges, et le désordre de sa coiffure ajoutait à son air épouvanté.
J. Green, Adrienne Mesurat, p. 188.
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CONTR. Enhardir, rassurer.
DÉR. Épouvantable, épouvantail, épouvantant, épouvante, épouvantement.
Encyclopédie Universelle. 2012.