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estimer

estimer [ ɛstime ] v. tr. <conjug. : 1>
extimer v. 1300; lat. æstimare; remplace l'a. fr. esmer pour éviter l'homonymie avec aimer
I
1Déterminer le prix, la valeur de (qqch.) par une appréciation. apprécier; estimation. Faire estimer un objet d'art par un expert. Estimer qqch. au-dessous, au-dessus de sa valeur ( sous-estimer, surestimer) , l'estimer à sa juste valeur. Estimer le cours d'une valeur, d'une marchandise. coter. Mobilier estimé à un million de francs.
Fig. Attribuer une valeur, une importance à (qqch., qqn). Estimer un service à sa juste valeur, l'estimer correctement. Une aide qu'on ne saurait assez estimer. inestimable.
2Calculer approximativement, sans avoir à sa disposition les éléments nécessaires pour un calcul rigoureux. Estimer une distance au juger. évaluer. Le nombre des blessés est encore difficile à estimer. « des hommes qui, rien qu'à la longueur de leur ombre, qu'ils savaient estimer à vue d'œil, pouvaient dire l'heure exacte du jour ou du soir » (Nerval).
3Math. Réaliser l'estimation statistique de (un paramètre).
IIFig.
1Avoir une opinion sur (une personne, une chose).
Vx introduisant un nom (attribut). considérer (comme), tenir (pour). « si nous voulons être estimés leurs véritables descendants » (Molière).
Mod. introduisant un adj. (attribut). croire, 1. juger, regarder (comme), tenir (pour), trouver. Estimer indispensable de faire qqch. Les Français « estiment irrévocables les verdicts pris par des jurys sans juges » (Giraudoux).
Introduisant un inf. ou une subordonnée (compl. d'objet). considérer, croire, 1. penser, présumer, tenir (que). J'estime avoir fait mon devoir. J'estime que vous avez suffisamment travaillé aujourd'hui. « La police estimait, à cause de cette maladresse terrifiante, que ce crime n'était point l'œuvre d'un professionnel » (Mac Orlan).
2Avoir bonne opinion de, reconnaître la valeur de (qqn). aimer, apprécier, considérer. On peut estimer une personne sans l'aimer. « Quand on sent qu'on n'a pas de quoi se faire estimer de quelqu'un, on est bien près de le haïr » (Vauvenargues). P. p. adj. Notre estimé collègue et ami.
Faire cas de, avoir plus ou moins d'estime pour (qqch.). 1. priser. « Elle estimait très haut son ironie profonde, sa fierté sauvage, son talent mûri dans la solitude » (France). P. p. adj. Un vin très estimé.
III ♦ S'ESTIMER v. pron.
1Déterminer sa propre valeur. « Que l'homme maintenant s'estime son prix; qu'il s'aime, [...] mais qu'il n'aime pas pour cela les bassesses qui y sont » (Pascal).
2(Avec un adj. attribut) Se considérer, se croire, se trouver. S'estimer satisfait. « Avant que de combattre, ils s'estiment perdus » (P. Corneille). S'estimer heureux que (et subj.).
3Avoir une bonne opinion de soi. « ceux qui s'estiment à propos de rien, qui sont glorieux de leur rang ou de leur richesse » (Marivaux).
⊗ CONTR. Déprécier. Déconsidérer, dédaigner, mépriser, mésestimer.

estimer verbe transitif (latin aestimare) Déterminer la valeur d'un bien, le prix d'un objet par expertise ; évaluer : Faire estimer ses bijoux. Calculer approximativement une distance, une durée, une quantité ; mesurer au jugé : On estime les dégâts à plusieurs millions. Attribuer telle valeur, telle importance à quelqu'un, à quelque chose ; juger, apprécier : Estimer un collaborateur à sa juste valeur. Avoir une bonne opinion de quelqu'un, de son œuvre, de son action, en faire grand cas : Il est de ces gens qu'on estime sans les aimer. Considérer après réflexion que, émettre l'opinion que, regarder quelqu'un ou quelque chose comme ; considérer, croire : J'estime qu'il est indispensable de juguler la hausse des prix.estimer (citations) verbe transitif (latin aestimare) Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 Il est difficile d'estimer quelqu'un comme il veut l'être. Réflexions et Maximesestimer (expressions) verbe transitif (latin aestimare) Estimer un paramètre, chercher une valeur approchée du paramètre dont dépend une loi de distribution statistique ou l'une de ses caractéristiques, en se fondant sur l'information apportée par un échantillon. ● estimer (synonymes) verbe transitif (latin aestimare) Déterminer la valeur d'un bien, le prix d'un objet par...
Synonymes :
- coter
- expertiser
Calculer approximativement une distance, une durée, une quantité ; mesurer au...
Synonymes :
- chiffrer
- évaluer
Attribuer telle valeur, telle importance à quelqu'un, à quelque chose ; juger...
Synonymes :
- apprécier
- jauger
- juger
Avoir une bonne opinion de quelqu'un, de son œuvre, de...
Synonymes :
- honorer
- priser
- respecter
- vénérer
Contraires :
- déconsidérer
- décrier
- dédaigner
- dénigrer
- détester
- haïr
- mépriser
- mésestimer
Considérer après réflexion que, émettre l'opinion que, regarder quelqu'un ou...
Synonymes :
- considérer
- penser
- trouver

estimer
v. tr.
rI./r
d1./d Déterminer la valeur exacte de. Estimer un bijou. Syn. apprécier, évaluer.
d2./d Calculer approximativement. Les dégâts sont estimés à plusieurs millions de francs.
d3./d Juger, considérer. Estimer une place imprenable.
|| v. Pron. Estimez-vous heureux de n'être que blessé.
rII./r Tenir en considération, faire cas de. Son patron l'estime beaucoup. Syn. apprécier.

⇒ESTIMER, verbe trans.
A.— [Avec une idée d'évaluation plus ou moins exacte] Faire une estimation, une estime (cf. ces mots A).
1. Déterminer le prix, la valeur financière qui doit être attribué(e) à telle chose. Estimer des immeubles, le prix/la valeur de (telle chose), estimer à (tant de) francs (telle chose), faire estimer (telle chose). (Quasi-)synon. expertiser, priser. La charge n'était pas cotée, n'étant jamais sortie de la famille; mais, d'après le produit des cinq dernières années, on ne pouvait l'estimer moins de trois cent mille écus (ABOUT, Nez notaire, 1862, p. 7). Prix convenu et dont nous estimons, l'un et l'autre, ce petit travail artistique (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1886, p. 112). Cf. aussi estimatif ex.
Emploi abs. Tu gardes à ton doigt un diamant de quatre à cinq mille francs! — Peste! Tu estimes juste! Pourquoi ne te fais-tu pas commissaire-priseur! (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 336).
2. Évaluer approximativement une quantité nombrable (notamment le chiffre d'une population, par référence à des données incomplètes prélevées sur des échantillons d'observation). Estimer les dépenses nécessaires; estimer le nombre, le poids de...; estimer qqc. à (tant de ...). En 1769, Cook l'estimait [la population maorie] à quatre cent mille habitants (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 83). Par additions successives, dont approximativement on peut estimer les dates (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 80) :
1. Supposons (...) qu'il s'agisse de mesurer une certaine grandeur, et que cette grandeur doive être estimée à vue, sans le secours d'aucun instrument (...) Nous sommes bien certains, avant toute expérience, qu'une pareille estime sera entachée d'erreur ...
COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 126.
Emploi pronom. réfl. Vespuce dit qu'en quittant la nouvelle terre, il s'estimait à treize cents lieues de la côte d'Éthiopie (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 75).
3. Au fig.
a) [L'obj. est un subst.] Déterminer, marquer (par un jugement favorable ou défavorable) la valeur que l'on attribue ou doit attribuer à telle personne ou à telle chose abstraite. Pendant cette délibération, où l'amour paternel estimait toutes les probabilités, discutait les bonnes comme les mauvaises chances et tâchait d'entrevoir l'avenir en en pesant les éléments (BALZAC, Enf. maudit, 1831-36, p. 413). Les années, nous les estimons comme les fruits : à la saveur et au poids. Nous oublions que la pulpe n'est pas la graine (H. BAZIN, Mort pt cheval, 1949, p. 131) :
2. — Je ne suis plus étonné de ta méchante opinion sur les femmes, si tu les juges toutes par de pareilles [filles]. C'est absolument comme si on estimait le beau climat de la France par le ciel pleurnicheur de Paris.
BOREL, Champavert, 1833, p. 169.
Estimer (qqn, qqc.) à son juste mérite, à sa (juste) valeur. Lecture de Arsène Guillot (...) Pourquoi cela n'est-il pas plus connu? Taine lui-même (...) ne paraît pas l'avoir compris ni estimé à sa valeur (GIDE, Journal, 1909, p. 276).
b) [Dans diverses constr.] Avoir une opinion sur, juger, croire.
Estimer + subst. obj. + subst. attribut du compl. d'obj. vx. Édouard VII estima nos divisions une bonne chose (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 146) :
3. Vous étiez assez d'avis que c'était une salamandre. Nous l'avons mise au bûcher, pour voir. Elle a grillé... C'était donc bien une ondine (...). Hier également, cher Président, avec cette Gertrude (...). Vous l'estimiez une ondine. Nous l'avons fait jeter sous l'eau, tenue par un fil d'acier. Elle s'est noyée. C'était donc bien une salamandre.
GIRAUDOUX, Ondine, 1939, III, 3, p. 180.
Estimer + adj. (attribut du compl. d'obj.) ou adv. + constr. inf.; estimer + subst. (ou équivalent) + adj. (attribut du compl. d'obj.) ou loc. adverbiale. Estimer (...) beau, coupable, digne, indispensable, juste, nécessaire, préférable (...). Il trouvait ces biens mal acquis. Il n'estimait pas honorable de faire par surprise de grands gains n'impliquant aucun travail (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 91). Elle estimait avoir largement fait son devoir envers ces deux petites créatures sans intérêt (...) Elle n'était pas loin d'estimer tout cela fort moral, et de penser qu'en cette affaire, elle avait le beau rôle (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 166).
Emploi pronom. réfl. Elle était, à ses propres yeux, du moins, la plus excitante princesse du monde et il fallait renoncer de bonne grâce à trouver une femme qui s'estimât plus exquise (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 248).
Estimer + inf. ou constr. inf. Il signifia rudement à sa femme qu'il faisait ce qu'il estimait devoir être fait (AYMÉ, Jument, 1933, p. 187).
Estimer + prop. complétive introduite par que (à l'ind. si la tournure est affirmative, au subj. si elle est négative, à l'ind. ou au subj. si elle est interrogative). Il estimait à juste titre que sa sécurité dépendait pour une grande part du secret de son domicile (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 178).
B.— [Avec une valorisation affective] Accorder de l'estime (cf. ce mot B), apprécier positivement une personne ou une chose qui mérite l'admiration, le respect intellectuel ou moral.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne (un aspect d') une pers.] Éprouver, manifester un sentiment favorable pour les qualités, les mérites de. Estimer le courage, l'esprit de (telle pers.). C'est une très-bonne marque d'être aimé et estimé de ses domestiques (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1560). Suivant son caractère, l'homme veut être aimé ou craint, admiré ou obéi, envié ou estimé, mais c'est toujours l'opinion des autres ou, à la limite, l'opinion d'un autre, qui le préoccupe (Univers écon. et soc., 1960, p. 6210). Cf. aussi bonté ex. 9 :
4. ... nul praticien n'était plus en faveur auprès de ses malades, nul maître plus estimé de ses confrères ni recherché avec plus de ferveur par les élèves, ni davantage respecté par la jeunesse intransigeante des hôpitaux.
MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p. 1065.
Emploi pronom. réfl. Jusqu'ici je me suis principalement estimé parce que je n'étais pas un égoïste uniquement occupé à bien jouir du gros lot qu'il a reçu du hasard (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 275).
Emploi pronom. réciproque. La guerre est un jeu contre la mort, où les adversaires s'estiment et s'admirent (ALAIN, Propos, 1933, p. 1188).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] Avoir une opinion avantageuse pour telle chose. Le vin est semblable à l'homme : on ne saura jamais jusqu'à quel point on peut l'estimer et le mépriser, l'aimer et le haïr, ni de combien d'actions sublimes ou de forfaits monstrueux il est capable (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 325) :
5. Quelle que soit la forme artistique qu'il [le « modernisme »] revête, il l'appuie sur ces principes avoués ou latents que le moderne, le plus moderne possible, le plus différent du traditionnel doit être recherché ou estimé comme le but le plus enviable de l'art ...
THIBAUDET, Réfl. litt., 1936, p. 104.
SYNT. (relatifs à B 1 et B 2). Estimer fort, (très/trop) haut, infiniment, sincèrement; raisons d'/pour estimer; paraître, savoir estimer; apprendre à estimer.
Prononc. et Orth. :[], [e-], (j')estime []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIIe-début XIVe s. « juger, déterminer la valeur de quelque chose » (Gloss. rom., ms. Bibl. royale, 9543 ds T.-L.); 2. ca 1500 « faire cas de » (PH. DE COMMYNES, Mémoires, I, IV, éd. J. Calmette et G. Durville, t. 1, p. 29). Réfection sav., d'apr. le lat. class. aestimare « évaluer, apprécier » du verbe esmer (ca 1135, Couronnement Louis, 2272 ds T.-L.) confondu partiellement puis totalement avec aimer (cf. en dernier lieu, D. McMillan ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg, t. 9, 1, 1971, 209-228). Fréq. abs. littér. :3 220. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 763, b) 3 556; XXe s. : a) 4 098, b) 5 261.

estimer [ɛstime] v. tr.
ÉTYM. Fin XIIIe; extimer, v. 1300; lat. æstimare; remplace l'anc. franç. esmer (v. 1160) pour éviter l'homonymie avec aimer.
———
I
1 Déterminer le prix, la valeur de (qqch.). Apprécier, priser; estimation. || Faire estimer un objet d'art par un expert, un estimateur. || Faire estimer des biens pour le partage d'un héritage. || Estimer une collection de timbres à soixante mille francs (→ Collection, cit. 4). || Estimer qqch. au-dessous, au-dessus de sa valeur ( Sous-estimer, surestimer), à sa juste valeur. || Estimer le cours d'une valeur, d'une marchandise. Coter. || Faire estimer un dommage par un arbitre ( Arbitrer).
(1541). Fig. Attribuer à (qqch., qqn) une valeur, une importance approximative. || Une aide qu'on ne saurait assez estimer. Inestimable. || Estimer qqch. à (telle valeur). || Estimer un service à sa juste, à sa vraie valeur. || Estimer une personne, un ouvrage à son juste mérite.
1 (…) que de ce petit cachot où il se trouve logé (l'homme) il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même son juste prix.
Pascal, Pensées, II, 72 (→ Détourné, cit. 24).
(Avec deux compl. directs). || Estimer une chose plus, moins qu'elle ne vaut. || Il estime les hommes ce qu'ils valent.
2 (1772). Calculer approximativement sans avoir à sa disposition les éléments nécessaires pour un calcul rigoureux. || Estimer une distance (cit. 1) au juger. Estime (I., 2.), calculer, évaluer, mesurer. || Le nombre des blessés est encore difficile à estimer.
2 Il y a mille moyens de les intéresser (les enfants) à mesurer, à connaître, à estimer les distances.
Rousseau, Émile, II.
3 (…) il y avait même des hommes (chez les anciens) qui, rien qu'à la longueur de leur ombre, qu'ils savaient estimer à vue d'œil, pouvaient dire l'heure exacte du jour ou du soir.
Nerval, les Filles du feu, Isis, I.
Spécialt (mar.). Déterminer au moyen de l'estime (I., 2.). || Estimer la route, la position d'un navire.
Figuré :
4 Permettez, Madame, que j'estime La grandeur de l'amour par la grandeur du crime.
Corneille, Sertorius, V, 4.
———
II Fig.
1 Avoir une opinion sur (quelqu'un, quelque chose).
Vx ou littér. Introduisant un nom (attribut). Considérer (comme), tenir (pour).
5 Non parce que Socrate l'a dit, mais parce qu'en vérité c'est mon humeur et, à l'aventure non sans quelque excès, j'estime tous les hommes mes compatriotes, et embrasse un Polonais comme un Français.
Montaigne, Essais, III, IX.
6 Nous l'estimons tous deux un des braves guerriers
À qui jamais la guerre ait donné des lauriers (…)
Corneille, Don Sanche, III, 4.
7 (…) si nous voulons être estimés leurs véritables descendants.
Molière, Dom Juan, IV, 4.
Mod. Introduisant un adj. (attribut). Croire, juger, regarder (comme), tenir (pour), trouver. || Estimer qqch. difficile, facile, indispensable. || Estimer indispensable de faire qqch. || Je l'estime plus rusé qu'il n'en a l'air. || Bonaparte estimait Sieyès trop spéculatif (→ Creux, cit. 2). || Estimer indigne de vivre qqn qui… (→ Dictionnaire, cit. 1). || Estimer malséant d'écrire (→ Blanc, cit. 20).
8 Il n'estimait pas honorable de faire par surprise de grands gains n'impliquant aucun travail.
Renan, Souvenirs d'enfance…, II, III.
9 (…) les Français contestent les arrêts de leurs cours de justice, mais estiment irrévocables les verdicts pris par des jurys sans juges (…)
Giraudoux, Bella, VII, p. 162.
Introduisant un infinitif ou une subordonnée (compl. d'objet). Avis (être d'avis que), considérer, croire, penser, présumer, tenir (que). || Chacun estime devoir s'encadrer dans la communauté (→ Civisme, cit.). || Estimer qu'il est temps d'agir. || J'estime qu'il viendra. Compter. || J'estime que vous avez suffisamment travaillé pour aujourd'hui. || Il estime que vous pourriez le remplacer.
10 (…) puis (Louis XIII) expliqua pendant un autre quart d'heure le plan qu'il estimait devoir être suivi (…)
Saint-Simon, Mémoires, t. I, IV.
11 La police estimait, à cause de cette maladresse terrifiante, que ce crime n'était point l'œuvre d'un professionnel.
P. Mac Orlan, la Bandera, VII, p. 83.
12 (…) il estima que ses responsabilités étaient à couvert.
Cocteau, les Enfants terribles, p. 19.
2 Avoir bonne opinion de, reconnaître la valeur de (qqn). Aimer, apprécier, considérer. || Estimer un collègue, un employé. || Tout le monde l'estime. Honorer, vénérer. || Se faire estimer par sa droiture, son sérieux… || On peut estimer qqn sans l'aimer. || Il vous aime autant qu'il vous estime. || Je l'en estime davantage (→ Attirail, cit. 4). || Il a pu se tromper, nous ne l'en estimons pas moins. || Flatter qqn qu'on n'estime pas (→ Cajoleur, cit. 1). (Passif et p. p.). || Être estimé de, par qqn. || Elle est estimée de tous ses voisins.
13 Sur quelque préférence une estime se fonde,
Et c'est n'estimer rien qu'estimer tout le monde.
Molière, le Misanthrope, I, 1.
14 De vous, depuis longtemps, je fais un cas extrême;
Mais laissez-moi toujours vous estimer de même (…)
Molière, le Misanthrope, V, 4.
15 N'avez-vous jamais vu des gens qui, pour se plaindre du peu d'état que vous faites d'eux, vous étalent l'exemple de gens de condition qui les estiment ?
Pascal, Pensées, V, 333.
16 Nous ne voulons pas que les autres nous trompent; nous ne trouvons pas juste qu'ils veuillent être estimés de nous plus qu'ils ne méritent : il n'est donc pas juste aussi que nous les trompions et que nous voulions qu'ils nous estiment plus que nous ne méritons.
Pascal, Pensées, II, 100.
17 Quand on sent qu'on n'a pas de quoi se faire estimer de quelqu'un, on est bien près de le haïr.
Vauvenargues, Réflexions et Maximes, 45.
17.1 Cette femme m'aimait autrefois, pourquoi me rejette-t-elle aujourd'hui ? Hélas ! c'est que je suis orpheline pauvre c'est que je n'ai plus de ressources dans le monde, et que l'on n'estime les gens qu'en raison des secours et des agrémens que l'on s'imagine en recevoir.
Sade, Justine…, p. 10-11.
18 Dans le monde, nous n'estimons guère les faiseurs de phrases.
Villiers de l'Isle-Adam, Axel, II, 13.
(V. 1500). Faire cas, avoir de l'estime, de l'intérêt pour (qqch. : action, comportement, œuvre). État (faire état). || Estimer les qualités de qqn. || J'estime fort l'éloquence. || Il estime ce travail en raison même de sa difficulté (→ Difficile, cit. 7). || Ouvrage très estimé par le public. Goûter, priser (→ Célèbre, cit. 6). || Ce qu'on estime le plus. Compter (ce qui compte), préférer (→ Déprécier, cit. 6).
19 (…) Rome alors estimait leurs vertus.
Racine, Britannicus, IV, 2.
20 (Aristote) estimait en celui-ci (…) un caractère de douceur qui régnait également dans ses mœurs et dans son style.
La Bruyère, Disc. sur Théophraste.
21 Elle estimait très haut son ironie profonde, sa fierté sauvage, son talent mûri dans la solitude (…)
France, le Lys rouge, I, p. 11.
——————
s'estimer v. pron.
1 Déterminer sa propre valeur. || S'estimer son prix, à son prix, à sa juste valeur… (→ Croyable, cit. 5).
22 Que l'homme maintenant s'estime son prix; qu'il aime, car il y a en lui une nature capable de bien; mais qu'il n'aime pas pour cela les bassesses qui y sont.
Pascal, Pensées, VI, 423.
2 (Avec un adj. ou un p. p. attribut). Se considérer, se croire, se trouver. || S'estimer satisfait (→ Courbaturer, cit. 2). || S'estimer infiniment honoré d'avoir été choisi (→ Drachme, cit. 2). || Je m'estime déjà bien récompensé par votre approbation. || S'estimer heureux de qqch. || Estimez-vous heureux de vous en tirer à si bon compte (cit. 10).
23 (…) un homme ne pourrait s'estimer bien heureux, S'il n'a senti le mal du plaisir amoureux.
Ronsard, Hymnes, II, « Du printemps ».
24 Avant que de combattre, ils s'estiment perdus.
Corneille, le Cid, IV, 3.
25 Elle (Germaine) craignait de se voir réclamer une provision supplémentaire et s'estima heureuse de repartir sans avoir eu d'explication.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XI, p. 115.
26 Estimons-nous heureux qu'il n'ait pas manifesté sa fatigue beaucoup plus tôt.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 123.
3 Avoir une bonne opinion de soi (→ Applaudir, cit. 15).
27 Si l'homme s'estime trop, tu sais déprimer son orgueil; si l'homme se méprise trop, tu sais relever son courage; et pour réduire toutes ses pensées à un juste tempérament, tu lui apprends ces deux vérités (…)
Bossuet, Sermon sur la mort.
28 À l'égard de ceux qui s'estiment à propos de rien, qui sont glorieux de leur rang ou de leur richesse, gens insupportables et qui fâchent tout le monde (…)
Marivaux, Marianne, IV.
29 Qu'il soit donc bien entendu que la seule chose de quoi nous avons le droit de nous estimer et devons nous estimer (selon Descartes), c'est la maîtrise de nous-mêmes et la possession de notre libre arbitre.
Émile Faguet, Études littéraires, XVIIe s., p. 50.
4 (Récipr.). || S'estimer l'un l'autre. || Ils s'aiment mais ne s'estiment guère.
——————
estimé, ée p. p. adj.
1 Dont on a fixé la valeur. || Mobilier estimé à cinq mille francs.Spécialt (mar.). Obtenu par l'estime. || Point estimé, route estimée.
2 (Avec un attribut). Jugé. || Être estimé très savant. Censé, réputé.
3 Qui jouit de l'estime d'autrui. || Collaborateur estimé. || Notre très estimé et regretté collègue. Honoré.
4 (Choses). Apprécié. || Un vin très estimé.
CONTR. Déprécier. — Déconsidérer, dédaigner, mépriser, mésestimer.
DÉR. Estimable, estimatif, estimatoire, estime.
COMP. Mésestimer, sous-estimer, surestimer. — V. aussi Mésestime, surestimation.

Encyclopédie Universelle. 2012.