faculté [ fakylte ] n. f.
• v. 1200; lat. facultas « capacité, aptitude », de facere « faire »
I ♦
1 ♦ Possibilité de faire qqch. ⇒ 3. droit, liberté, 2. moyen, possibilité, 2. pouvoir. Laisser, accorder à qqn la faculté de choisir. Vous avez toujours la faculté de refuser. Faculté de jouir d'un avantage qui n'est pas commun. ⇒ privilège. — Dr. Droit qu'a un individu (de faire qqch.). Le propriétaire foncier a la faculté d'exploiter son bien comme il l'entend. Faculté de rachat (réméré).
2 ♦ Philos. anc. Fonction spécifique de l'être, considérée comme constituant un pouvoir spécial de faire ou de subir un certain genre d'action. ⇒ fonction. Les facultés de l'âme : activité, intelligence, sensibilité. La faculté cognitive de l'esprit humain : compréhension, entendement. Le raisonnement, le jugement, la mémoire, l'imagination étaient conçus comme des facultés. « Si nous employons encore le mot facultés, si même il nous arrive de parler des facultés de l'âme, nous ne songeons plus à des pouvoirs résidant en l'âme » (Goblot). Vx Propriété, pouvoir d'une chose.
♢ Cour. Aptitude, capacité. Il ne jouit plus de toutes ses facultés (mentales). « Il ne montrait à aucun degré les facultés transcendantes que son père déployait dans la mimique et la déclamation » (France). ⇒ disposition, 1. don. Des facultés intellectuelles au-dessus de la moyenne. ⇒ ressource. Il a une grande faculté d'attention, de travail. ⇒ puissance. — Fam. C'est au-dessus de ses facultés. ⇒ force.
3 ♦ Vieilli ou dr. FACULTÉS : biens, ressources dont qqn peut disposer. ⇒ 2. moyen, ressource. Dépenses au-delà de ses facultés. — Dr. mar. Marchandises chargées sur un navire.
II ♦ (1261; lat. médiév. facultas)
1 ♦ Corps des professeurs qui, dans une même université, sont chargés de l'enseignement supérieur dans une discipline déterminée (REM. Cette valeur est vieillie ou passe pour un anglic.); la partie de l'université où se donne cet enseignement. ⇒ université; fam. fac. Aujourd'hui une université comprend les facultés de droit et de sciences économiques, des lettres et sciences humaines, de médecine et de pharmacie, des sciences. Doyen, recteur d'une faculté. Les unités de formation et de recherche (U. F. R.) d'une faculté. S'inscrire en faculté, à la faculté des sciences. Entrer en faculté. Enseigner à la faculté de Nice. Docteur de la faculté de médecine de Paris. — Au Canada, Faculté des arts, l'équivalent de la faculté des lettres.
2 ♦ Vieilli LA FACULTÉ : la faculté de médecine; la médecine. « Ce n'est jamais sans trembler que je plaisante un peu la Faculté » (Beaumarchais) .
♢ Fam. Le corps médical, le médecin traitant. Ce qu'ordonne, permet, défend la faculté.
● faculté nom féminin (latin facultas, -atis, capacité) Aptitude, fonction propre à l'être animé : La faculté de sentir. Aptitude particulière à quelqu'un : J'admire sa faculté d'adaptation. Liberté d'agir octroyée, concédée à quelqu'un ; possibilité d'option en vue d'une situation juridique : Avoir la faculté de vendre ses biens. ● faculté (expressions) nom féminin (latin facultas, -atis, capacité) Assurance sur facultés, assurance du chargement d'un navire, par opposition à l'assurance sur corps. ● faculté (synonymes) nom féminin (latin facultas, -atis, capacité) Aptitude, fonction propre à l'être animé
Synonymes :
- aptitude
- capacité
Aptitude particulière à quelqu'un
Synonymes :
- don
- facilité
- force
- génie
- moyen
- talent
Liberté d'agir octroyée, concédée à quelqu'un ; possibilité d'option en vue...
Synonymes :
- latitude
- liberté
- possibilité
- pouvoir
- privilège
● faculté
nom féminin
(latin médiéval facultas, -atis)
Unité de la structure administrative et pédagogique de l'enseignement supérieur jusqu'en 1968.
Aujourd'hui, synonyme courant de université. (Abréviation familière : fac.)
Bâtiment abritant une université.
Au Canada, unité d'enseignement et de recherche d'une université et, par extension, le corps professoral constituant cette unité.
● faculté (citations)
nom féminin
(latin médiéval facultas, -atis)
Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux
Paris 1636-Paris 1711
[…] Marchant à pas comptés,
Comme un recteur suivi des quatre Facultés.
Satires
● faculté (expressions)
nom féminin
(latin médiéval facultas, -atis)
Familier. La Faculté, les médecins, le médecin traitant.
faculté
n. f.
rI./r
d2./d Aptitude, disposition naturelle d'un individu. Il possède une faculté de concentration étonnante. Ne pas jouir de toutes ses facultés: ne pas avoir toute sa raison.
d3./d Propriété que possède une chose. Les facultés productives de la terre.
d4./d DR Pouvoir, autorisation, droit de faire une chose. Vendre avec faculté de rachat.
rII./r
d1./d Corps des professeurs chargés d'une partie de l'enseignement au sein de l'Université; cet enseignement. Faculté de droit, des sciences.
d2./d Ensemble des bâtiments où se fait cet enseignement.
d3./d Absol. La Faculté: la faculté de médecine, les médecins.
I.
⇒FACULTÉ1, subst. fém.
A.— 1. PHILOS. Une des propriétés fonctionnelles communes de l'être ,,considérées comme constituant chacune un pouvoir spécial de faire ou de subir un certain genre d'action`` (LAL. t. 1 1932). Faculté créatrice, motrice, sensitive; facultés intellectuelles. Les deux facultés d'idéer et d'imaginer sont très-distinctes l'une de l'autre. La source de beaucoup d'erreurs est de les confondre (BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 245). Si le premier besoin de tout animal est celui d'exercer ses facultés (...) il est évident que les phénomènes ou les produits de leur énergie (...) ne peuvent être les mêmes pour l'homme dont les facultés sont si différentes (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 294) :
• 1. ... lorsqu'il s'agit de déterminer le bien moral, on doit tenir compte d'un élément spécial (...). C'est la conscience. Par ce mot, on n'entend pas une faculté distincte de la volonté ou de la raison, mais un acte, ou plutôt des actes, par lesquels nous appliquons la connaissance rationnelle à notre conduite, afin de la juger.
GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p. 147.
SYNT. Faculté critique, dialectique, dominante, locomotive, perceptive, physiologique, psychologique, représentative, religieuse; facultés corporelles.
2. En partic., lang. cour., au plur. Ensemble des fonctions physiologiques et mentales dont l'exercice manifeste l'équilibre de l'être. Appliquer, exercer ses facultés; intégrité des facultés; garder ses facultés intactes. Je me trouvai assez rétabli dans l'usage de mes facultés (CONSTANT, Cahier rouge , 1830, p. 66). Savez-vous bien, mon brave, que je commence à me demander si vous jouissez de vos facultés, ou si vous vous bornez à vous moquer du monde? (COURTELINE, Gend. sans pitié, 1899, 1, p. 150). Les facultés baissent... baissent... (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 507) :
• 2. Mon habitude, qui était sédentaire et n'était pas matinale, faisait défaut, et toutes mes facultés étaient accourues pour la remplacer, rivalisant entre elles de zèle (...) de la plus basse à la plus noble, de la respiration, de l'appétit, et de la circulation sanguine à la sensibilité et à l'imagination.
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 656.
SYNT. Facultés mentales, morales, psychiques.
B.— Aptitude naturelle ou acquise à concevoir, à sentir, à accomplir ou à produire quelque chose.
1. Au sing. ou au plur.
[Le déterm. est représenté, selon les cas, par]
— [un inf. régi par de] Faculté d'écrire, de mentir, de souffrir :
• 3. J'ai une curieuse faculté de donner ma démission de moi-même sur le plan intellectuel et créateur dès que je désespère de quelque chose sur un autre des plans, quel qu'il soit.
DU BOS, Journal, 1924, p. 156.
— [un subst.] Faculté d'action, d'analyse, de discernement, d'invention, de travail. Ce qu'il faut au romancier (...), ce sont des facultés de critique beaucoup plus que de créateur (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 161) :
• 4. Il faut que l'évidence du fait ait sur les cerveaux rationalistes un pouvoir sans limites. Il faut aussi que la nature humaine ait une faculté d'adaptation démesurément extensible, pour que l'on soit capable de s'habituer même à cela : à l'idée qu'on va être dépossédé de sa vie avant d'avoir eu le temps de vivre...
MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 912.
— [un adj.] Facultés aimantes. Chaque jour j'y vois plus clair; mais la belle avance si la faculté imaginative ne va pas de pair avec la critique! (FLAUB., Corresp. 1852, p. 358). Hugo, Lamartine, ne font que transporter, sur les matières et les thèmes dits politiques, leur faculté lyrique ou descriptive (SAINTE-BEUVE, Cahiers, 1869, p. 27).
a) [Le détenteur est une pers.] Pour mon compte, j'ai rudement abusé de la faculté de commettre des fautes! (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 102). J'admire sa faculté d'avoir sur toutes choses des théories à lui (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 313).
Rem. Dans le sens de « ensemble des dons, des qualités, qui confèrent à quelqu'un une capacité particulière dans un domaine », le subst. s'emploie souvent au plur. Il était resté soumis devant sa femme, dont les facultés commerciales le frappaient de respect (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 430).
b) Vieilli. [Le détenteur est une chose, une matière] Faculté coagulable du sang. La terre a la faculté de transformer et de rendre propres à notre usage une foule de matières qui nous seraient inutiles sans elle (SAY, Écon. pol., 1832, p. 404). Les lèvres drues avaient une curieuse faculté de gonflement (GRACQ, Argol, 1938, p. 17).
2. Droit reconnu (ou retiré) par la loi à l'individu d'accomplir certains actes, de jouir de certains privilèges. Faculté de louer, de tester; faculté de rachat. Une faculté légale (PROUDHON, Propriété, 1840, p. 157). Elle [la loi] exproprie tout citoyen français de la faculté de disposer de ses biens, quels qu'ils soient (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 192) :
• 5. La faculté d'adopter ne pourra être exercée qu'envers l'individu à qui l'on aura, dans sa minorité et pendant six ans au moins, fourni des secours et donné des soins non interrompus...
Code civil, 1804, art. 345, p. 64.
3. Vieilli, au plur. Biens, disponibilités financières. En proportion des facultés respectives. Ils [les juges] condamneront le mari à lui payer une pension alimentaire proportionnée à ses facultés (Code civil, 1804, art. 345,p. 48) :
• 6. La chose pressait, et l'on résolut de se servir de la rude autorité des bouchers pour réussir plus tôt à rassembler quelque finance. Des commissaires furent nommés pour taxer chacun selon ses facultés...
BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 349.
Prononc. et Orth. :[fakylte]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. V. faculté2.
II.
⇒FACULTÉ2, subst. fém.
A.— ÉDUC. NAT. Corps de professeurs qui enseignent dans l'ordre du Droit et des Sciences économiques, de la Médecine et de la Pharmacie, des Sciences, des Lettres et Sciences humaines, les diverses branches de ces matières fondamentales, et qui sont habilités à conférer les grades (licence, doctorat) et des titres; unité administrative qui gère chacun de ces enseignements. Grande, petite faculté; ville de Faculté; professeur à la Faculté de; doyen de la Faculté de; être inscrit sur les registres de la Faculté (cf. ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 467). Ainsi parlait M. de Terremondre, quand M. Bergeret, maître de conférences à la Faculté des lettres, entra dans la boutique (FRANCE, Orme, 1897, p. 132) :
• J'étais quarantième après l'oral : je ne me voyais pas boursier de licence dans une faculté de province, j'ai choisi la Sorbonne, renoncé à la bourse et à une nouvelle préparation à l'école. Cet échec m'écartait de vous, j'étais désespéré...
NIZAN, Conspir., 1938, p. 226.
Rem. Dans la lang. cour., le nom de Faculté demeure usuel pour désigner des unités administratives qui, conformément à la Loi d'Orientation de 1968, portent officiellement celui d'Unité d'Enseignement et de Recherche (U.E.R.).
— P. ell. La Faculté. Faculté de Médecine, corps des médecins enseignants ou traitants, et, familièrement, médecin traitant. Eh bien, Messieurs, que dit la Faculté?... demanda le malade (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 82). Il a ramené mon mari des portes du tombeau quand toute la Faculté l'avait condamné (PROUST, Sodome, 1922, p. 962).
Rem. Dans ce sens, le mot s'écrit en gén. avec une majuscule.
B.— P. ext. Établissement libre d'enseignement supérieur dans lequel les professeurs ne jouissent pas du droit de conférer des grades d'État. Faculté catholique d'Angers, de Lyon, de Paris; Faculté de Théologie.
C.— P. méton. Bâtiment, local où siège une faculté. Les salles de cours de la faculté; se rendre à la faculté; traîner dans les couloirs de la faculté. Je suivais les trois rues qu'il faut prendre pour aller de là jusqu'à la Faculté (BOURGET, Disciple, 1889, p. 181). La fermeture de la Faculté (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 128).
Rem. 1. On note par apocope l'expr. fam. la Fac. La Fac des lettres est plutôt rouge. Vous avez l'esprit de corps. Félicitations (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 277). 2. Par suffixation, sur le modèle université/universitaire, on relève ds la docum. le subst. facultaire empl. en mauvaise part, pour dénigrer un professeur de la Faculté de Médecine dont les diagnostics sont sujets à caution. Mais avais-je raison dans mon diagnostic? Et le facultaire Louvet qui nous parlait d'un égarement momentané! (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 114).
Prononc. et Orth. Cf. faculté1. Étymol. et Hist. 1. Ca 1210 « connaissance, savoir » (Dolopathos, 64 ds T.-L.), d'où 1370 « moyens, capacité physique, ou morale, ou intellectuelle de faire quelque chose » (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, fol. 150c), en partic. 1393 « moyens financiers » (Ménagier, I, 13 ds T.-L.); 2. 1261 « lieu où se donne l'enseignement universitaire » (Doc. hist. inédits, II, 69, Champollion-Figeac ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 694); 1478 « corps chargé d'un enseignement spécial dans une université » (Ord., XXI, 111 ds GDF. Compl.). Empr. au lat. class. facultas, -atis au sens 1; 2 en lat. médiév. ca 1184 « genre d'étude, groupe de disciplines » (ds LATHAM); 1237 « faculté universitaire » (ds NIERM.).
STAT. — Faculté1 et 2. Fréq. abs. littér. :6 034. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 17 038, b) 5 882; XXe s. : a) 5 414, b) 4 713.
BBG. — QUEM. DDL t. 3 (s.v. facultaire).
faculté [fakylte] n. f.
ÉTYM. V. 1200; lat. facultas « capacité, aptitude »; de l'adv. lat. archaïque facul « facilement », de facere « faire ».
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1 Possibilité naturelle ou légale (de faire qqch.). ⇒ Droit, liberté, moyen, possibilité, pouvoir. || Laisser, accorder à qqn la faculté de choisir, d'élire (→ Conditionnel, cit.). || Autorisation, permission donnant la faculté de faire qqch. || Faculté de jouir d'un avantage qui n'est pas commun. ⇒ Privilège.
1 (…) il est nécessaire qu'on mette en votre pouvoir ce que j'appelle la faculté d'aller et de venir en temps utile (…)
♦ Dr. Droit qu'a un individu (de faire qqch.). || Le propriétaire foncier a la faculté d'exploiter son bien comme il l'entend. — Possibilité d'exercer (un droit). || Faculté de rachat (⇒ Réméré). || Vendre avec faculté de rachat. || Faculté de sous-louer (→ Bail, cit. 3). || Legs avec faculté d'élire.
2 Philos. anc. et cour. (littér. ou didact.). Fonctions spécifiques de l'être « considérées comme constituant chacune un pouvoir spécial de faire ou de subir un certain genre d'action » (Lalande). ⇒ Fonction. || Les facultés de l'âme : activité (ou volonté), intelligence, sensibilité. || La doctrine traditionnelle des facultés de l'âme chez les éclectiques français. || Les facultés morales. || Les facultés intellectuelles. || La faculté cognitive de l'esprit (cit. 41) humain. ⇒ Compréhension, conception, connaissance, entendement (cit. 4). || La faculté de penser, de raisonner (⇒ Raison, raisonnement), de juger (⇒ Discernement, jugement), d'imaginer (⇒ Imagination), de se souvenir (⇒ Mémoire). || Facultés physiques. ⇒ Sens. || Facultés créatrices. — (Sans compl. déterminatif). Plus cour. Aptitude, capacité. || Développement, éducation des facultés. || Exercer, appliquer ses facultés. || Ne pas jouir de toutes ses facultés (mentales). || Perdre l'usage de ses facultés. || Facultés amoindries, diminuées, anéanties. || Oblitération des facultés.
2 Pour retourner à mon propos, il est certain que les vertus morales ne sont pas facultés naturelles comme est le voir, le fleurer, le toucher, le goûter, l'engendrer, le digérer.
Ronsard, Des vertus.
3 Les facultés sensitives nous ont paru dans les opérations des sens intérieurs et extérieurs, et dans les passions qui en naissent; et les facultés intellectuelles nous ont aussi paru dans les opérations de l'entendement et de la volonté (…) l'entendement n'est autre chose que l'âme en tant qu'elle conçoit; la mémoire n'est autre chose que l'âme en tant qu'elle retient et se ressouvient; la volonté n'est autre chose que l'âme en tant qu'elle veut et qu'elle choisit (…) toutes ces facultés ne sont au fond que la même âme qui reçoit divers noms à cause de ses différentes opérations.
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu, I, XX.
4 Les premières facultés qui se forment et se perfectionnent en nous sont les sens. Ce sont donc les premières qu'il faudrait cultiver; ce sont les seules qu'on oublie, ou celles qu'on néglige le plus.
Rousseau, Émile, II.
5 Le même instinct anime les diverses facultés de l'homme. À l'activité du corps qui cherche à se développer, succède l'activité de l'esprit qui cherche à s'instruire.
Rousseau, Émile, III.
6 (…) à ses yeux (de Delacroix) l'imagination était le don le plus précieux, la faculté la plus importante, mais cette faculté restait impuissante et stérile, si elle n'avait pas à son service une habileté rapide, qui pût suivre la grande faculté despotique dans ses caprices impatients.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Delacroix, III.
7 Il est entendu que, si nous employons encore le mot facultés, si même il nous arrive de parler des facultés de l'âme, nous ne songeons plus à des pouvoirs résidant en l'âme, et ayant en elle une existence distincte de celle des faits qu'on leur attribue (…) Les facultés sont des classes de faits psychiques, rapprochés d'après leurs analogies, distingués d'après leurs différences (…)
7.1 À l'origine de toute perturbation mentale, il est nécessaire de rechercher une perturbation somatique. Toute maladie cérébrale, quelle qu'en soit la cause, traumatique, vasculaire, infectieuse, toxique, humorale, hormonale, carentielle, dégénérative, constitutionnelle, etc., peut troubler l'équilibre des facultés mentales.
Jean Delay, la Psycho-physiologie humaine, p. 111.
♦ (XVIe). Cour. Aptitude, disposition d'un individu (à qqch.). || Faculté d'application (cit. 10), d'intuition (→ Éclairer, cit. 11), de repliement (→ Accoutumance, cit. 4), d'abstraction. || Facultés oratoires. || Doué de la faculté de… ⇒ Capable. || Faire preuve de facultés peu communes, brillantes. ⇒ Disposition, moyen, talent; génie (avoir du génie). || Une grande faculté de travail, d'adaptation. ⇒ Puissance. — Fam. || C'est au-dessus de ses facultés. ⇒ Force.
8 Il ne montrait à aucun degré les facultés transcendantes que son père déployait dans la mimique et la déclamation.
France, le Crime de S. Bonnard, in Œ., t. II, p. 327.
9 C'est un homme doué d'un sens de l'orientation, et qui possède l'art de choisir les hommes et de les utiliser. Il a du jugement, de l'imagination (…) et la singulière faculté de s'incorporer à un organisme (…)
J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 182.
♦ Vieilli. (Choses). Propriété. ⇒ Vertu. || La physique scolastique expliquait les phénomènes en attribuant aux corps certaines facultés. || L'aimant a la faculté d'attirer le fer. || Faculté coagulable du sang. || Faculté purgative, astringente d'une plante.
10 On ne conçoit pas mieux la propriété lumineuse des corps, après l'avoir attribuée à leur faculté incompréhensible de lancer un fluide fictif, ou de faire vibrer un éther imaginaire. Toutes ces explications ne sont guère plus scientifiques que l'explication métaphysique des phénomènes humains par l'action mystérieuse de l'âme sur le corps.
A. Comte, Cours de philosophie positive, t. II, p. 20.
3 Vieilli ou dr. || Facultés : biens, ressources dont qqn peut disposer. ⇒ Moyens, ressources. || Dépenser au-delà de ses facultés. || Être taxé selon ses facultés. || Contribuer (cit. 4) à proportion de ses facultés (→ Contribution, cit. 4).
11 Si le contrat de mariage ne règle pas la contribution des époux aux charges du mariage, ils contribuent à celles-ci en proportion de leurs facultés respectives.
Code civil, art. 214.
♦ Spécialt. Dr. mar. Marchandises chargées sur un navire ou destinées à être transportées par mer. — Assurances sur facultés : assurance de marchandises contre les risques de mer.
———
II Cour. (1261; sens développé par le lat. médiéval facultas).
1 Corps des professeurs qui, dans une même université, sont chargés de l'enseignement supérieur dans une discipline déterminée (cette valeur est vieillie ou passe pour un anglicisme); la partie de l'université où se donne cet enseignement. ⇒ École, enseignement (supérieur), fac (fam.), université. || Les anciennes universités comprenaient des facultés de théologie, de droit, de médecine, des arts. || Aujourd'hui une université complète comprend les facultés de droit et des sciences économiques, des lettres et sciences humaines, de médecine, de pharmacie, des sciences. || La Sorbonne abritait les facultés des lettres et des sciences de l'université de Paris. || Faculté de médecine. || Faculté de pharmacie. || Le doyen, les professeurs (→ Éducateur, cit. 1), les appariteurs d'une faculté. || S'inscrire en faculté, à la faculté des sciences. || Étudiants qui fréquentent une faculté. || Grades universitaires conférés par une faculté. || Docteur de la faculté de médecine de Paris. — Ancienne unité administrative de l'enseignement supérieur, remplacée (1968) par les Unités d'enseignement et de recherche (U.E.R.).
♦ Faculté libre, appartenant à des particuliers ou des associations, auxquels la collation des grades universitaires est interdite. || La faculté libre d'Angers (catholique). — Faculté catholique. || Faculté de théologie.
♦ (Au Canada). || Faculté des arts, l'équivalent de la faculté des lettres.
12 (…) marchant à pas comptés,
Comme un recteur suivi des quatre facultés.
Boileau, Satires, III.
2 Absolt. La Faculté de médecine (→ Beau, cit. 81).
13 Ce n'est pas la première fois que Messieurs de la Faculté se sont trompés.
Mme de Sévigné, 1328, 24 juil. 1691.
14 (…) faisant profession d'adorer les belles et de redouter les médecins, c'est toujours en badinant que je dis du mal de la beauté; comme ce n'est jamais sans trembler que je plaisante un peu la Faculté.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, Lettre sur la critique.
♦ Fam. Le corps médical, le médecin traitant. || Consulter la faculté. || Ce qu'ordonne, permet, défend la faculté.
15 À plus forte raison faut-il au roi les siens (…) pour sa faculté, 48 médecins, chirurgiens, apothicaires, oculistes, opérateurs, renoueurs, distillateurs, pédicures et spagiriques.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. I, I, p. 147.
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DÉR. (De I.) Facultatif, (de II.) facultaire.
Encyclopédie Universelle. 2012.