fétiche [ fetiʃ ] n. m.
• 1669; fétisso 1605; du port. feitiço « artificiel »; du lat. facticius
1 ♦ Nom donné par les Blancs aux objets de culte des civilisations dites primitives. « Les manitous des sauvages, les fétiches des Nègres » (Rousseau). — En Afrique, Objet, animal, végétal ou minéral chargé d'un pouvoir surnaturel, bénéfique ou maléfique.
2 ♦ Objet auquel on attribue un pouvoir magique et bénéfique. ⇒ amulette, grigri, porte-bonheur, talisman. Personnes, animaux considérés comme des fétiches. ⇒ mascotte . — Appos. Jouer son numéro fétiche.
3 ♦ Fig. Ce qui est révéré sans discernement (⇒ fétichisme ).
● fétiche nom masculin (portugais feitiço, sortilège, du latin facticius, non naturel) Objet culturel auquel sont attribuées des propriétés surnaturelles bénéfiques pour son possesseur. Animal qui est censé porter bonheur à celui qui le possède. S'emploie en apposition pour désigner un objet quelconque auquel on attache ce pouvoir : Un numéro fétiche. ● fétiche (synonymes) nom masculin (portugais feitiço, sortilège, du latin facticius, non naturel) Objet culturel auquel sont attribuées des propriétés surnaturelles bénéfiques pour...
Synonymes :
- amulette
- gri-gri
- mascotte
- talisman
fétiche
n. m.
d1./d ETHNOL Objet magique, substitut visible d'un esprit bénéfique ou maléfique auquel s'adresse un culte, dans les civilisations traditionnelles.
|| Loc. (Afr. subsah.) Faire fétiche: avoir recours à la magie, jeter un sort.
— Boire le fétiche: dans le vaudou, absorber les boissons magiques propres à sceller le pacte du sang.
|| (Afr. subsah.) Or fétiche.
d2./d Cour. Objet porte-bonheur.
d3./d PSYCHOPATHOL Objet érotisé par certaines personnes atteintes de perversions sexuelles.
— PSYCHO Objet-fétiche ou fétiche, qui représente pour l'enfant un substitut du corps maternel.
⇒FÉTICHE, subst. masc.
A.— Objet, naturel ou façonné, considéré comme le support ou l'incarnation de puissances supra-humaines et, en tant que tel, doué de pouvoirs magiques dans certaines religions primitives. Culte des fétiches; fétiches nègres. Les gambades des sauvages autour de leur fétiche (STENDHAL, Corresp., t. 2, 1800-42, p. 427). La sculpture caduveo (...) se limite (...) à des fétiches et des représentations de dieux toujours de petites dimensions (LÉVI-STRAUSS, Anthropol. struct., 1958, p. 281).
— Emploi adj. ou en appos. Dieu, idole fétiche. On invoque le serpent fétiche dans les pluies abondantes et dans les sécheresses extrêmes, pour obtenir de riches récoltes et pour faire cesser les maladies des bestiaux (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 438).
B.— P. anal.
1. Objet, animal auquel est attribuée une influence bénéfique ou protectrice par des personnes superstitieuses. (Quasi-)synon. mascotte, porte-bonheur. Il faut me l'acheter [un chat]. Tony... ce sera notre fétiche! tant qu'il sera avec nous, je sens que rien ne pourra nous arriver de mal! (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 222). Il affectait de redouter les détours de la chance; il portait un fétiche d'or au milieu de son trousseau de clés (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 26).
— P. compar. [En parlant d'une pers.] Le hasard aidant sans doute, elle gagnait depuis sa liaison, elle traitait un peu Saccard en fétiche, l'objet ramassé que l'on garde et que l'on baise, même malpropre, pour la chance qu'il vous porte (ZOLA, Argent, 1891, p. 224).
— Emploi adj. ou en appos. Poupée fétiche. J'ai gardé (...) un papier fétiche que j'avais cousu dans une poche de mon veston, que je conservai plus tard comme signe de folie (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 218).
PARAD. Amulette, gris-gris, talisman et fétiche.
2. Personne, chose à laquelle on attribue des pouvoirs extraordinaires et/ou à laquelle on voue une admiration ou un respect exagéré. (Quasi-)synon. idole. Chaque coterie philosophopolitique a son homme, son fétiche qui pourrait sauver la République à lui tout seul et dont il n'est point permis de douter (SAND, Corresp., t. 3, 1848, p. 73). Son Discours de la Méthode [de Descartes] est rempli de lapalissades, dont l'Université a fait des fétiches (L. DAUDET, Rech. beau, 1932, p. 143) :
• M'étant exprimé librement devant Isabelle sur le compte de la Prisonnière, à sa réaction j'ai pu constater que, pour elle non moins que pour Jacques, Proust était devenu le fétiche — le sujet auquel déjà on ne peut plus toucher.
DU BOS, Journal, 1924, p. 64.
— Emploi adj. ou en appos. Ce sentiment fétiche, irréfléchi, irraisonné, absurde, qui a quelque chose de religieux (GONCOURT, Journal, 1857, p. 358). La pureté (...) devient, en passant par leurs lèvres [des adolescents], quelque chose qui me confond et m'abasourdit, une sorte de panacée, de terme fétiche, conjuratoire (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 200).
— En partic., PSYCHANAL. Objet provoquant et satisfaisant les désirs sexuels chez le fétichiste. La possession et la contemplation du fétiche provoquent soit l'orgasme sexuel, soit simplement des jouissances sentimentales platoniques (Guiraud ds LAFON 1969).
♦ Emploi adj. ou en appos. L'objet fétiche représente le pénis attribué par l'enfant à sa mère (avant l'Œdipe), avec laquelle il garde, par l'intermédiaire de ce que Winnicot a appelé « l'objet transitionnel », un lien symbolique et évocateur (H. EY, P. BERNARD, Ch. BRISSET, Manuel de psych., Paris, Masson et Cie, 1974, p. 386).
Rem. La docum. atteste un emploi subst. fém., vieilli. Le manitou est pour les sauvages ce qu'est la fétiche pour les nègres en Afrique (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 80).
REM. 1. Arbre-fétiche. L'arbre-fétiche, à demi écorcé à la base par l'habitude que nous conservions d'y inscrire nos tailles successives (H. BAZIN, Qui j'ose aimer, 1956, p. 12). 2. Fétiches-porte-bonheur. Sa table [de Roosevelt] encombrée d'une multitude d'objets surprenants : souvenirs, insignes, fétiches-porte-bonheur (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 240). 3. Féticheur, subst. masc. Maître des fétiches, capable de les fabriquer, d'en assurer l'efficacité, de les procurer à ceux qui font appel à lui. Il [le docteur] avait en effet ces yeux brillants, fascinateurs, traversés d'éclairs sauvages auxquels les vieux coloniaux savent reconnaître, dans les villages, l'occulte féticheur (MORAND, Magie noire, 1930, p. 126). 4. Fétichique, adj. Qui relève du fétichisme. Passé fétichique et théocratique commun à tous les peuples (COMTE, Catéch. positiv., 1852, p. 333).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1605 fetisso (P. DE MARÉES, Descr. et recit hist. du riche roy. de Gunea [texte trad. du néerl., v. ARV., p. 229, s.v. féticheur], p. 7 ds KÖNIG, p. 92 : leurs Idoles ou Fetissos); 1669 fetiche (VILLAULT, Rel. des Côtes d'Afrique, p. 82, ibid.). Empr., d'abord par l'intermédiaire d'un texte néerl., au port. feitiço « sortilège, amulette », attesté dep. le XVe s. (Crónica de Ceuta ds MACH.), attesté aussi comme adj. dep. le XVe s. au sens d'« artificiel », du lat. facticius (factice). Fréq. abs. littér. :160. Bbg. ARV. 1963, pp. 229-230 (s.v. féticheur). — BOULAN 1934, p. 59. — QUEM. DDL t. 3 (s.v. féticheur), 9 (s.v. fétichique).
fétiche [fetiʃ] n. m. et adj.
ÉTYM. 1669; fétisso, 1605; du port. feitiço, adj., « artificiel », puis n., « sortilège »; du lat. facticius. → Factice.
❖
1 Nom donné par les Blancs aux objets de culte des civilisations dites primitives. ⇒ Idole; gris-gris (→ Bouture, cit. 2; manitou, cit. 1, Chateaubriand).
1 (…) les manitous des sauvages, les fétiches des Nègres (…)
Rousseau, Émile, IV.
1.1 Le sauvage ne voit pas dans son fétiche un symbole, c'est-à-dire un moyen de rappeler à son esprit une notion abstraite ou idéale; le fétiche est son dieu, dieu de race quelquefois, plus souvent dieu de famille, presque toujours dieu personnel et que chacun se taille comme il l'entend.
Émile Burnouf, la Science des religions, p. 385.
2 (…) d'autres, levant les mains au ciel, invoquaient leurs fétiches et ceux des blancs (…)
Mérimée, Tamango.
3 Et puis il y a ce qu'on appelle — à tort — les fétiches, c'est-à-dire les masques et les figures d'ancêtres : l'art d'un subjectivisme collectif, où l'artiste conquiert des schèmes intérieurs et pourtant reconnus : moyen de possession, non de ce que l'on peut voir, mais de ce que l'on ne peut pas voir.
Malraux, les Voix du silence, p. 545.
♦ En Afrique, Objet, animal, végétal ou minéral chargé d'un pouvoir surnaturel, bénéfique ou maléfique. || Le fétiche d'une case, d'un village. || Marché aux fétiches. — ☑ Loc. Faire fétiche (contre qqn) : recourir à la magie, jeter un sort. ⇒ Féticheur.
♦ Adj. || Arbres fétiches. || Bois fétiche. || Plante fétiche.
2 (1877). Objet, animal, personne auquel les personnes superstitieuses attribuent un pouvoir magique capable d'attirer la chance et d'écarter les dangers. || Poupée accrochée comme fétiche dans une automobile. ⇒ Amulette, porte-bonheur, porte-chance. || Personnes, animaux servant de fétiches. ⇒ Mascotte.
3 Fig. Ce qui est révéré sans discernement; ce qui a un pouvoir symbolique indiscuté (→ Photo, cit. 2). — Adj. || Sentiment, idée fétiche.
♦ Psychan. Objet libidinal du fétichiste. || Le fétiche dans la névrose phobique. || Objet-fétiche ou fétiche, représentant pour l'enfant un substitut du corps de la mère. ⇒ Objet (transitionnel). || Fétiche psychotique (de l'angl., Furer, 1964).
4 (…) le fétiche de l'adulte (fétichiste) remplit un but unique et joue un rôle central dans sa vie sexuelle, l'objet fétiche de l'enfant a différentes significations symboliques et sert à des fins variées.
J. de Ajuriaguerra, Manuel de psychiatrie de l'enfant, p. 439.
❖
DÉR. Féticheur, fétichique, fétichiser, fétichisme, fétichiste.
Encyclopédie Universelle. 2012.