finesse [ finɛs ] n. f.
• 1330; de 2. fin
I ♦ Qualité de ce qui est fin (2.; II).
A ♦ UNE, LES FINESSES.
1 ♦ Vieilli Plan ou action marquant la ruse. ⇒ artifice, astuce, ruse, stratagème. « La plus subtile de toutes les finesses est de savoir bien feindre de tomber dans les pièges que l'on nous tend » (La Rochefoucauld).
2 ♦ Mod. Chose difficile à comprendre, à manier (qui demande de la finesse). Connaître toutes les finesses d'une langue, d'un art. ⇒ subtilité. Les finesses d'un métier. ⇒ ficelle.
B ♦ (XVe) LA FINESSE : caractère de ce qui est fin.
1 ♦ Qualité de ce qui est délicat et bien exécuté. Finesse d'un ouvrage. Finesse d'exécution. ⇒ légèreté. Finesse d'une broderie. « Le linge était d'une finesse et d'une beauté que n'avait jamais soupçonnées Edmond » (Aragon). Finesse du trait. ⇒ délicatesse. — La finesse d'un vin, d'un parfum.
2 ♦ Acuité (des sens). « Les sens deviennent d'une finesse et d'une acuité extraordinaires. Les yeux percent l'infini. L'oreille perçoit les sons les plus insaisissables » (Baudelaire).
3 ♦ Aptitude à discerner les plus délicats rapports des pensées et des sentiments. ⇒ clairvoyance, pénétration, perspicacité, sagacité, subtilité. Finesse d'esprit, de jugement, de goût. ⇒ raffinement. — Absolt « Esprit de finesse » (Pascal) (opposé à esprit de géométrie). Aperçus, propos pleins de finesse.
II ♦ Qualité de ce qui est fin (2.; III).
1 ♦ Extrême délicatesse de forme ou de matière. ⇒ étroitesse, minceur. Finesse d'une poudre. Finesse d'un fil, d'une aiguille. Finesse des traits, des cheveux. Finesse de la taille. ⇒ sveltesse.
2 ♦ Aéronaut. Rapport entre les coefficients de portance et de traînée d'un avion, mesurant son aptitude à planer.
3 ♦ Étroitesse des lignes d'eau de l'avant et de l'arrière d'un navire.
⊗ CONTR. Grossièreté. Balourdise, bêtise, ineptie, maladresse, niaiserie, sottise, stupidité. — Épaisseur.
● finesse nom féminin Qualité de ce qui est fin, ténu, léger : Finesse d'un fil, d'une écriture. Qualité de ce qui est délicat, légèrement marqué : La finesse des contours d'un visage. Qualité de ce qui est travaillé avec délicatesse, recherche : Admirez la finesse de ce bijou. Qualité de ce qui est supérieur en son genre, de ce qui flatte délicatement les sens : La finesse d'un vin. Acuité des sens, d'une aptitude, qualité de ce qui est subtil, délicat, pénétrant : Une grande finesse de goût. Qualité de quelqu'un, de son esprit, de son comportement, qui est apte à discerner les plus subtils rapports de pensées, de sentiments : Finesse d'esprit. Chose subtile, difficile à saisir par l'esprit ; nuance délicate : Les finesses d'une langue. Ruse, procédé adroit pour arriver à ses fins (surtout pluriel) : Les finesses de la diplomatie. Aéronautique Rapport entre les coefficients de portance et de traînée d'une aile ou d'un avion entier. Pour un planeur, rapport de la distance parcourue en plané à l'altitude de largage en air calme. Marine Étroitesse des lignes d'eau de l'avant et de l'arrière d'un navire. ● finesse (citations) nom féminin René Descartes La Haye, aujourd'hui Descartes, Indre-et-Loire, 1596-Stockholm 1650 La maxime que j'ai le plus observée en toute la conduite de ma vie a été de suivre seulement le grand chemin, et de croire que la principale finesse est de ne vouloir point du tout user de finesse. Correspondance, à Élisabeth, janvier 1646 saint François de Sales château de Sales, près de Thorens, Savoie, 1567-Lyon 1622 Il n'y a nulle si bonne et désirable finesse que la simplicité. Introduction à la vie dévote François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 La plus subtile de toutes les finesses est de savoir bien feindre de tomber dans les pièges que l'on nous tend, et on n'est jamais si aisément trompé que quand on songe à tromper les autres. Maximes Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Il y a de deux sortes d'esprits, l'un géométrique, et l'autre que l'on peut appeler de finesse. Le premier a des vues lentes, dures et inflexibles ; mais le dernier a une souplesse de pensée qu'il applique en même temps aux diverses parties aimables de ce qu'il aime. Discours sur les passions de l'amour Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Différence entre l'esprit de géométrie et l'esprit de finesse. — En l'un, les principes sont palpables, mais éloignés de l'usage commun […] Mais dans l'esprit de finesse, les principes sont dans l'usage commun et devant les yeux de tout le monde. Pensées, 1 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. ● finesse (expressions) nom féminin Esprit de finesse, esprit subtil, qui comprend les nuances de la pensée les plus fines, par opposition à esprit de géométrie (vieilli). Finesse d'une raie, propriété caractérisant le degré de monochromatisme d'une radiation. ● finesse (synonymes) nom féminin Qualité de ce qui est fin, ténu, léger
Synonymes :
- diaphanéité
- légèreté
- minceur
- ténuité
Contraires :
- épaisseur
- lourdeur
Qualité de ce qui est délicat, légèrement marqué
Synonymes :
- grâce
- gracilité
- pureté
Contraires :
- empâtement
- épaisseur
Qualité de ce qui est travaillé avec délicatesse, recherche
Synonymes :
- délicatesse
Contraires :
- grossièreté
Qualité de ce qui est supérieur en son genre, de...
Synonymes :
- suavité
Acuité des sens, d'une aptitude, qualité de ce qui est...
Synonymes :
- délicatesse
- qualité
Qualité de quelqu'un, de son esprit, de son comportement, qui...
Synonymes :
- acuité
- pénétration
- perspicacité
- sagacité
Contraires :
- bêtise
- idiotie
- ineptie
- inexpérience
- inhabileté
- sottise
- stupidité
- vulgarité
Chose subtile, difficile à saisir par l'esprit ; nuance délicate
Synonymes :
- subtilité
Ruse, procédé adroit pour arriver à ses fins (surtout pluriel)
Synonymes :
- astuce
- ficelle (familier)
- truc (familier)
finesse
n. f.
d1./d Qualité de ce qui est fin, délicat par la forme ou la matière. Finesse d'un tissu. Finesse d'une couleur.
d2./d Qualité de ce qui est exécuté avec délicatesse. Finesse d'un ouvrage.
d3./d Aptitude à discerner les moindres nuances dans la pensée, les sensations, les sentiments. La finesse de l'ouïe. Finesse d'esprit.
d4./d (Plur.) Subtilités. Les finesses d'un art, d'un métier.
⇒FINESSE, subst. fém.
Qualité de ce qui est fin.
A.— [Correspond à fin2 II A]
1. [Correspond à fin2 II A 1] Porphyriseur de laboratoire, avec mouvement du mortier, pour amener des petits échantillons à une finesse extrême (Catal. instr. lab. (Prolabo), 1932, p. 37).
2. [Correspond à fin2 II A 2] Finesse de la farine, de la pluie. Ce sable est d'une extrême finesse (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 139). Il n'y a presque jamais intérêt à ajouter des éléments pierreux moulus à la finesse du ciment (CLÉRET DE LANGAVANT, Ciments et bétons, 1953, p. 175).
— [En parlant d'un objet fait d'une substance fine] La grâce particulière aux Guermantes, la finesse de cette porcelaine de Saxe en laquelle la duchesse était modelée aussi (PROUST, Fugit., 1922, p. 687).
3. [Correspond à fin2 II A 3]
a) [Correspond à fin2 II A 3 a]
— Finesse d'un cheveu, d'une aiguille, d'une pointe, d'une colonne. Ce fil dont la finesse aveuglément suivie Jusque sur cette rive a ramené ta vie (VALÉRY, Charmes, 1922, p. 108).
♦ Finesse des attaches, d'une cheville, des lèvres, du visage. Les ragazze sont gentilles, toutes rondes, mais ça n'est pas la finesse des filles toscanes (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 219) :
• 1. Il regardait ma taille, et cet article seul n'avait rien qui pût accroître son étonnement; j'étais fort engraissée, et habillée d'une manière négligée, de sorte que ma taille n'avait plus cette finesse que l'on avait vantée autrefois.
SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1786.
— [En parlant d'une forme] Finesse des contours, des formes, des traits. Ce turban de ouate et de linge, qui cachait les mèches argentées et accusait la finesse orientale du profil (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 191). Les chapiteaux trop petits ou trop grands mais d'une exquise finesse de dessin (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 229).
b) [Correspond à fin2 II A 3 b] Finesse d'une étoffe, d'un tissu, du papier, de la peau. Regardez-moi la finesse de cette toile et la magnificence de ce jabot à six rangées de dentelles (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 166).
— [En parlant d'objets faits de tissu ou de cuir fin] Jeanne avait remarqué en un clin d'œil la blancheur de ses mains, la finesse de son linge (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 284). Ma mère a tout de suite remarqué l'épaisseur du gilet de flanelle et la finesse du beau chapeau (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 428).
4. [Correspond à fin2 II A 4] Finesse d'une odeur, d'un ton. Ce petit instrument [le triangle] produit des sons d'une extrême finesse (DUREAU, Instrument. et orchestr., 1905, p. 66). Il y a lieu d'envisager non seulement la finesse de l'arome [du houblon] mais également son intensité (BOULLANGER, Malt., brass., 1934, p. 63).
B.— [Correspond à fin2 II B]
1. [Correspond à fin2 II B 1 a] Finesse d'un métal, d'une pierre. Les spéculateurs, séduits par la finesse du titre, retiraient les drachmes de la circulation pour les fondre ou les exporter (ABOUT, Grèce, 1854, p. 306).
2. [Correspond à fin2 II B 1 b] Les bouteilles disparaissaient au milieu d'approbations données de voisin à voisin sur la bonté surprenante, sur la finesse des liquides (BALZAC, Pts bourg., 1850, p. 116). Vous apprécierez la qualité du service et la finesse des repas qui vous sont offerts (Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 3, col. 1-2).
3. [Correspond à fin2 II B 1 c] [Je] m'émerveillais, autant que du choix des couleurs et de la beauté du dessin, de la finesse et de la perfection du travail (GIDE, Thésée, 1946, p. 1423).
C.— [Correspond à fin2 II C]
1. [Correspond à fin2 II C 1] Finesse d'audition, de vision, de l'odorat. Quelques compliments qui n'étaient pas officiels sans doute, mais dont, grâce à la finesse de son coup d'œil, le comte ne pouvait suspecter la source (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 787). Le renard possède des sens d'une finesse unique (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 132).
2. [Correspond à fin2 II C 2]
a) [Correspond à fin2 II C 2 a]
) Qualité du comportement, acquis culturel, et qui s'oppose à la force instinctive et brutale. Imaginez (...) un La Rochefoucauld naissant quand la société est sourde à la finesse et que le monde moral est devenu grossier (SAINTE-BEUVE, Chateaubr., t. 1, 1860, p. 340).
— Délicatesse de cœur. Finesse de l'âme. On peut vous dénier tout, mais pas la finesse des sentiments (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1186).
) Sens intuitif particulièrement aiguisé qui prédispose à la compréhension des êtres, des choses, des situations. Finesse athénienne, française. Leur finesse naturelle [des sauvages] leur tient lieu d'instruction (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 53). À Paris, une femme « n'arrive » qu'à force d'intelligence, de finesse et de savoir, la beauté et la fraîcheur ne viennent qu'après (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 60).
) Domaine de l'esprit.
— Aptitude particulière à l'analyse, à la saisie des données d'une question, d'un problème, à la compréhension de leurs rapports. Finesse de casuiste, de dialecticien. Je ne connais personne au monde qui ait autant d'esprit, de finesse, de force et d'étendue dans l'esprit que Goethe (GIDE, Journal, 1930, p. 974).
Esprit de finesse. V. esprit ex. 37.
♦ Sens délicat des nuances, des subtilités de l'expression. Il expliquait l'Énéide avec la science allemande et la finesse française (FRANCE, Orme, 1897, p. 158). Il racontait si bien! Avec tant de finesse, tant de verve! (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. LXXI).
— P. méton., au sing. ou au plur.
♦ Subtilité difficile à saisir. Finesse d'un art, d'un jeu, de la tauromachie. Une conversation s'engagea dont je ne compris pas toutes les finesses, mal rompu que j'étais alors à la diplomatie familiale et à sa dialectique (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 112) :
• 2. Quant à Charles, il ne comprit rien; le jeu des physionomies lui fit voir seulement qu'il y avait une finesse dans ce qui venait d'être dit; mais cette finesse lui échappa, et il en devint plus morose.
SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 115.
♦ En partic. Les finesses d'une langue. Subtilités idiomatiques (plus ou moins traduisibles) qui constituent les particularités et les difficultés d'une langue. Je ne prétends point être en état de disputer contre les grammairiens de ces deux nations, sur les finesses de leurs langues (DESTUTT DE TR., Idéol., 2, 1803, p. 218). Le Hongrois me dérangea à deux reprises pour me consulter sur les finesses de la langue française (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 322).
Finesse de style. Trouvaille heureuse dans l'ordre de l'expression. Il n'y a point de beau et bon style qui ne soit rempli de finesses, mais de finesses délicates (JOUBERT, Pensées, t. 2, 1824, p. 76).
) Domaine des activités, de l'exécution. Aptitude à exécuter un travail dans le moindre détail, à la perfection. Finesse d'exécution, d'un opérateur. Seul un chimiste comme Pasteur, et rompu à la discipline des sciences exactes, pouvait concevoir des expériences aussi rigoureuses dans leur simplicité et les exécuter avec autant de finesse technique (J. ROSTAND, Genèse vie, 1943, p. 118).
b) [Correspond à fin2 II C 2 b] Penchant du caractère à la ruse, la tromperie; subtilité qui confine à la mauvaise foi. Femme « très rusée et très dissimulée ». — Elle cache sa « finesse » sous un air « d'innocence » qui tromperait le « plus fin » (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1811, p. 66). Chez eux, la distinction du fait et du droit ne cache aucune finesse (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 282).
♦ Jouer de finesse (avec qqn). Ce qui la faisait rire, c'était l'idée qu'elle allait jouer de finesse avec cet espion de Justin (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 191).
♦ Jouer la finesse. Faut pas jouer la finesse avec moi (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1060).
— P. méton., au sing. ou au plur. Acte marqué par la ruse. Une finesse de guerre; des finesses de Sioux; faire des finesses. Entre deux journalistes, toute finesse est, je crois inutile (BALZAC, Corresp., 1831, p. 503). Mais c'est une pièce naïvement dure, puisque, pour l'amour, tout ce joli monde accepte de mentir et de duper. Les finesses de l'Astrée en arrivent à de singulières perversions du sens moral (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 123).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. : ines/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XVe s. « action d'agir avec ruse » (Myst. de la passion d'Arras, 18, J. Richard ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 703); 2. 1595 « chose difficile à comprendre, à manier » (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, livre I, chap. 26); 3. av. 1685 « qualité de ce qui est délicat ou bien exécuté » (Chevalier DE MÉRÉ, Conversations avec le maréchal de Clérambault, éd. Ch. Boudhors, I, 78); 4. 1690 « caractère de ce qui est mince, petit » (FUR.). Dér. de fin2; suff. -esse. Fréq. abs. littér. :1 360. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 486, b) 1 802; XXe s. : a) 1 731; b) 1 654. Bbg. DUCH. Beauté. 1960, p. 161. — LEW. 1960, p. 171.
finesse [finɛs] n. f.
ÉTYM. Déb. XIVe, « ruse, tromperie »; de 2. fin.
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———
I Qualité de ce qui est fin par son extrême délicatesse et sa perfection.
1 (XVe). Qualité de ce qui est délicat et bien exécuté (travail, ouvrage). || La finesse d'un ouvrage. || Finesse d'exécution. ⇒ Légèreté. || La finesse d'une broderie. — Sculpt. || Finesse de ciseau. || Finesse du trait. || Finesse des contours. || Finesse de touche. || Finesse des tons, des rapports.
1 Par l'âpreté, la finesse et la certitude de son dessin, M. Méryon rappelle ce qu'il y a de meilleur dans les anciens aquafortistes.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Peintres et aquafortistes, p. 840.
2 (1865). Acuité (des organes des sens). || Finesse de l'ouïe (→ Aiguiser, cit. 9), du goût, de l'odorat, du tact. — Par ext. || Finesse d'un parfum.
2 Les sens deviennent d'une finesse et d'une acuité extraordinaires. Les yeux percent l'infini. L'oreille perçoit les sons les plus insaisissables au milieu des bruits les plus aigus.
Baudelaire, Du vin et du hachisch, IV.
3 (Av. 1654). Aptitude à discerner les plus délicats rapports, des pensées et des sentiments. ⇒ Clairvoyance, pénétration, perspicacité, sagacité, souplesse (d'esprit), subtilité, tact. || Finesse d'esprit (→ Athénien, cit. 4), de jugement (→ Cas, cit. 11), de sensibilité, de goût (→ Analyser, cit. 1). — Absolt. || Esprit (cit. 125 et 126) de finesse, opposé à esprit de géométrie. || Avoir de la finesse.
3 Par une grande finesse de discernement on distinguera les pensées stériles des pensées fécondes.
Buffon, Disc. de réception.
4 Le caractère particulier de son comique (de Gavarni) est une grande finesse d'observation, qui va quelquefois jusqu'à la ténuité.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Quelques caricat. franç., p. 736.
4.1 Il se jugeait de première force. Il l'était dans le monde de la lutte, mais il était naïf pour l'esprit de finesse profonde, si rare dans les hautes places parce que cet esprit empêche de choisir.
Cocteau, Thomas l'imposteur, p. 77.
♦ (XVe). Ce qui témoigne de cette aptitude. || Pensée, aperçus, propos pleins de finesse (→ Étonnant, cit. 7). || Finesse de l'expression, du style. || Finesse d'une critique.
5 (…) en France, l'horreur d'un crime disparaît toujours dans la finesse d'un bon mot (…)
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 485.
6 N'ayez jamais peur d'être trop commun; vous aurez toujours assez, dans votre finesse d'expression, de quoi vous distinguer.
Sainte-Beuve, Correspondance, I, p. 221.
4 (1580; surtout au plur.). (Une, des finesses). Chose difficile à saisir, à manier. || Les finesses d'une langue. || Connaître toutes les finesses d'un art, d'un métier, d'un jeu.
7 On y épuisa (…) toutes les finesses du métier.
Racine, les Campagnes de Louis XIV.
8 (…) on ne faisait point de tels vers avant Racine; non seulement personne ne savait la route du cœur, mais presque personne ne savait les finesses de la versification (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Art dramatique.
5 (1765). Qualité de celui qui excelle dans une activité et en connaît tous les secrets. ⇒ Adresse. || Finesse d'un exécutant, d'un joueur.
♦ Par ext. Habileté qui s'accompagne de ruse. ⇒ Diplomatie. || User de finesse (→ Astuce, cit. 3; cautèle, cit. 1).
9 Que portes-tu, méchant, en ta maison,
Sinon finesse et fraude et trahison,
Trompant par feinte et par fausse pratique.
Ronsard, Premier livre des poèmes, Paroles de Calypson.
10 L'escroquerie emporte après elle l'idée d'une certaine finesse, d'un esprit subtil, d'un caractère adroit.
Balzac, Code des gens honnêtes, Œ. diverses, t. I, II, p. 82.
11 Il est difficile d'imaginer ce qu'une actrice dépense de finesse, de talent, de patience, de ruses, de machinations, pour se faire accorder un rôle (…)
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, p. 184.
6 Vieilli (surtout au plur.). (Une, des finesses). Plan ou action marquant la ruse. ⇒ Artifice, astuce, ruse, stratagème (→ Engluer, cit. 5). || Ceux qui nous font des finesses (→ Aigreur, cit. 2, La Rochefoucauld). || Ses finesses ne trompent personne. — ☑ Loc. div. Entendre (cit. 26 et supra), chercher finesse, là où il n'y en a pas. || Finesses cousues de fil blanc.
12 La plus subtile de toutes les finesses est de savoir bien feindre de tomber dans les pièges que l'on nous tend, et on n'est jamais si aisément trompé que quand on songe à tromper les autres.
La Rochefoucauld, Maximes, 117.
———
II
1 (XVe). Extrême délicatesse de forme ou de matière. — Degré de finesse d'une chose. || Finesse d'une poudre. || Finesse d'un fil, d'une aiguille. || Finesse des traits (→ Éclatant, cit. 5), des cheveux, de la taille. || Finesse d'un tissu. — Finesse du grain d'une matière. ⇒ Douceur.
13 Une belle matière, le grain d'une reliure, la finesse d'un laque, un cristal qu'il palpait amoureusement (…) l'enchantaient autant que les formes.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 74.
14 Le linge était d'une finesse et d'une beauté que n'avait jamais soupçonnées Edmond.
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 307.
♦ Par ext. ⇒ Beauté, distinction, élégance, grâce. || Finesse d'un corps racé (→ Athlète, cit. 6).
♦ Finesse des lignes d'un bateau : étroitesse relative des lignes d'eau à l'avant et à l'arrière.
2 Techn. Rapport entre les coefficients de portance et de traînée d'un avion, mesurant son aptitude à planer.
❖
CONTR. Grossièreté. — Balourdise, barbarie, bêtise, ineptie, maladresse, niaiserie, sottise, stupidité. — Candeur, naïveté. — Épaisseur.
DÉR. Finasser.
Encyclopédie Universelle. 2012.