sottise [ sɔtiz ] n. f.
1 ♦ Défaut du sot (1o); manque d'intelligence et de jugement. ⇒ bêtise, stupidité. « Histoire de l'esprit humain, histoire de la sottise humaine ! comme dit M. de Voltaire » (Flaubert). Avoir la sottise de... : être assez sot pour. « J'avais la sottise de le prendre à la lettre » (Chateaubriand).
2 ♦ Manifestation de ce défaut, parole ou action qui dénote peu d'intelligence. Dire, écrire des sottises. ⇒ absurdité, ânerie, bêtise. Faire, commettre une sottise. ⇒ bévue, faute, maladresse (cf. Faire des siennes, en faire de belles). « Il y a une foule de sottises que l'homme ne fait pas par paresse » (Hugo).
♢ Spécialt Maladresse, acte de désobéissance d'enfant. Il faisait « derrière son dos toutes les sottises possibles; il cassait les jouets, renversait l'eau » (R. Rolland).
3 ♦ Fam., Au plur. Mots injurieux. Il m'a dit des sottises.
4 ♦ (1671) Chose de peu d'importance. Perdre son temps à des sottises. ⇒ bêtise, futilité.
⊗ CONTR. Finesse, intelligence. Prouesse.
● sottise nom féminin (de sot) Manque de jugement, d'intelligence de quelqu'un, de ses propos, de son comportement : Un homme d'une sottise incroyable. Propos ou acte stupide, irréfléchi ou futile, ou, en parlant d'un enfant, maladresse : Ne dire que des sottises. ● sottise (citations) nom féminin (de sot) Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Je hais sottise encore plus que méchanceté ; mais réellement je ne crois ni à l'une ni à l'autre. Propos de littérature Gallimard Henri Frédéric Amiel Genève 1821-Genève 1881 On estime beaucoup les femmes bonnes, mais sans esprit, […] mais on finit par bâiller auprès d'elles. Journal intime, 12 juillet 1866 Anonyme Il n'est pas d'homme si sage qu'il ne commette parfois une sottise, ni de sot qui ne fasse aucun acte sensé. Il n'est hons qui si sages soit qui aucune eure ne foloit, ne fol qui aucuns sans ne face. Roman de Renart Jules Amédée Barbey d'Aurevilly Saint-Sauveur-le-Vicomte 1808-Paris 1889 Les bêtes ne sont pas sottes, elles ne peuvent qu'être bêtes. Omnia Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 Il faut savoir faire les sottises que nous demande notre caractère. Maximes et pensées Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 Il y a des sottises bien habillées comme il y a des sots très bien vêtus. Maximes et pensées Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 Les trois quarts des folies ne sont que des sottises. Maximes et pensées François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 La mémoire est souvent la qualité de la sottise. Mémoires d'outre-tombe Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Un sot sera plus souvent un méchant qu'un homme d'esprit. Le Neveu de Rameau Jacques Du Lorens Tillières-sur-Avre 1580-Châteauneuf-en-Thimerais 1655 Je n'en veux point aux sots, j'en veux à la sottise. Les Satires du sieur Lorens Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Une sottise ou une infamie, en se renforçant d'une autre, peut devenir respectable. Collez la peau d'un âne sur un pot de chambre, et vous en faites un tambour. Carnets André Gide Paris 1869-Paris 1951 Quand les gens intelligents se piquent de ne pas comprendre, il est constant qu'ils y réussissent mieux que les sots. Journal Gallimard Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Les fortes sottises sont souvent faites, comme les grosses cordes, d'une multitude de brins. Les Misérables Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Il y a une foule de sottises que l'homme ne fait pas par paresse et une foule de folies que la femme fait par désœuvrement. Tas de pierres Éditions Milieu du monde François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 On est quelquefois un sot avec de l'esprit, mais on ne l'est jamais avec du jugement. Maximes François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Un sot n'a pas assez d'étoffe pour être bon. Maximes Charles Joseph, prince de Ligne Bruxelles 1735-Vienne 1814 Je connais des gens qui n'ont d'esprit que ce qu'il leur faut pour être des sots. Mes écarts Prosper Mérimée Paris 1803-Cannes 1870 Académie française, 1844 Il ne faut jamais faire que les sottises qui vous plaisent. Lettres, à Jenny Dacquin, 14 mai 1842 Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Il faut avoir un peu de folie, qui ne veut avoir plus de sottise. Essais, III, 9 si l'on Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 Quand on court après l'esprit, on attrape la sottise. Mes pensées Antoine François Prévost d'Exiles, dit l'abbé Prévost Hesdin 1697-Courteuil, près de Chantilly, 1763 C'est un fond excellent de revenu pour les petits, que la sottise des riches et des grands. Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut Ernest Renan Tréguier 1823-Paris 1892 On n'est héroïque que par le fait de ne pas réfléchir. Il faut donc entretenir une masse de sots. Caliban, Orlando Lévy Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz Montmirail 1613-Paris 1679 […] Il sied encore plus mal à un ministre de dire des sottises que d'en faire. Mémoires Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Je ne sais pas ce qu'est la conscience d'un sot, mais celle d'un homme d'esprit est pleine de sottises. Monsieur Teste, Extraits du Log-book de Monsieur Teste Gallimard Commentaire Valéry se réfère de façon explicite au mot de Joseph de Maistre. Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. Toutes les fois que les rois font des sottises, ce sont les Grecs qui pâtissent. Quidquid delirant reges, plectuntur Achioi. Épîtres, I, II, 14 Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. En voulant éviter un défaut, les sots se jettent dans le défaut contraire. Dum vitant stulti vitia, in contraria currunt. Satires, I, 2, 24 ● sottise (expressions) nom féminin (de sot) Familier et vieux. Dire des sottises à quelqu'un, l'injurier. ● sottise (synonymes) nom féminin (de sot) Manque de jugement, d'intelligence de quelqu'un, de ses propos, de...
Synonymes :
- idiotie
- imbécillité
- stupidité
Contraires :
- finesse
Propos ou acte stupide, irréfléchi ou futile, ou, en parlant...
Synonymes :
- absurdité
- ânerie
- bévue
- fadaise
- gaffe (familier)
- impair
- ineptie
- sornettes
Familier Dire des sottises à quelqu'un
Synonymes :
- injures
- méchancetés
sottise
n. f.
d1./d Manque d'intelligence et de jugement.
|| Action, parole qui dénote la sottise. Dire des sottises.
d2./d Action déraisonnable d'un enfant, bêtise. Faire des sottises.
⇒SOTTISE, subst. fém.
A. — Défaut d'intelligence, de jugement, de bon sens. Synon. bêtise, idiotie, imbécillité, niaiserie, stupidité; anton. clairvoyance, finesse, sagacité, sagesse.
1. [À propos d'une pers., d'un groupe de pers.] La sottise humaine; la sottise et l'ignorance, et la méchanceté, et la lâcheté, et la vanité; la sottise des bourgeois, d'un milieu social; le degré extrême de la sottise. Un petit homme au regard pétillant de sottise (...) Il n'en est pas moins convaincu qu'il est spirituel et fort intelligent (GREEN, Journal, 1956, p. 163):
• Son esprit est un rendez-vous de banalités, de pensées communes et publiques, de superstitions bourgeoises, d'idées qu'on pourrait dire surmoulées, de préjugés épidémiques, cette terrible sottise enfin, la plus impatientante de toutes, la sottise éduquée et façonnée, l'ignorance acquise.
GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 298.
— Loc. verbale. Avoir la sottise de + prop. inf. Shurer se fait vieux; espérons qu'on n'aura pas la sottise de lui donner sa retraite: la faculté ne sait pas ce qu'elle perdrait (SARTRE, Mots, 1964, p. 74).
2. [À propos du comportement, d'une manifestation de l'esprit humain] La sottise d'une démarche, d'un discours, d'un jugement, d'un précepte, d'un propos, d'une remarque. Les notions sociales d'Albertine étaient d'une sottise extrême (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 368). L'Émile de Rousseau est arrêté par la police. (...) La sottise du système éclatait (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 99).
B. — P. méton., gén. au plur.
1. Manifestation(s) de ce manque d'intelligence, de jugement; actes, écrits, paroles qui le traduisent. Synon. ânerie, bévue, bourde, ineptie. Accomplir, débiter, écrire, faire, proférer des sottises; accumuler les sottises, réparer ses sottises; énorme, grande, grosse, lourde sottise; les pires sottises. Ne commets pas la sottise immense d'entrer dans la vie active par les grandes portes pourvues sur leurs frontons d'inscriptions comme celles-ci:École militaire; Ponts et chaussées; Affaires étrangères; Magistrature (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 79). Depuis quelques mois je commets des imprudences, je me laisse mettre en avant, je tente sottise sur sottise (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 342).
— En partic.
♦ [À propos d'un enfant] Action, conduite peu sage, peu raisonnable. Jusque-là, j'avais été fort mauvais écolier; des sottises d'enfance avaient décidé mes parents à me tenir auprès d'eux (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 198). Quant à Rodolphe, il était d'une malice de singe; il profitait toujours de ce que Christophe avait Ernst sur les bras, pour faire derrière son dos toutes les sottises possibles; il cassait les jouets, renversait l'eau, salissait sa robe, et faisait tomber les plats, en fouillant dans le placard (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 32).
♦ Fam. Propos insultant(s), injurieux. Un jour je trouvai dans sa chambre un beau camélia rose dans un verre d'eau. Je voulus le prendre, il ne voulut pas (...) J'insistai, je lui dis des sottises (MÉRIMÉE, A. Guillot, 1847, p. 136). J'étais entrée très poliment la prévenir que je prendrais du boudin demain soir, et alors elle m'a agonie de sottises (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 677).
2. Chose(s) sans importance, sans intérêt. Synon. babiole, futilité. Dépenser son argent pour des sottises. Ce ministre-là devrait aussi se cuirasser d'avance contre les épigrammes des badauds et même des gens de lettres, qui n'imagineraient pas comment on peut employer à de pareilles sottises l'argent des contribuables (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 218). À mon âge, je devrais tout lâcher ... mes doigts ne serrent plus, je me tracasse pour des sottises (BERNANOS, Joie, 1929, p. 661).
REM. Sottiser, verbe trans., rare. Dire des sottises (à quelqu'un); tenir des propos stupides ou futiles. Synon. bêtifier, bêtiser. Sous la brutalité d'une caresse (...) il fallait voir le redressement (...) de l'être vénal qui, sottisant et coquettant et mettant le feu aux poudres avec la dispute de sa bouche et la tentation ondulante de son corps provocateur, arrivait à exiger du désir qui la voulait des excuses amoureuses (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 56).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694: sotise, -tt-, dep. 1718: -tt-. Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. sotise « manque d'intelligence, de jugement » (De l'ermite que le diable conchïa du coc et de la geline, 169 ds Trois contes fr. du XIIIe s., éd. G. Bornäs, p. 110); 1578 sottise (RONSARD, Sixiesme l. des poemes ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 15, p. 147, 106 var.); 2. a) 2e moit. XIVe s. sotise « parole ou action dénotant le manque d'intelligence, de jugement » (Livre chevalier la Tour Landry, éd. A. de Montaiglon, p. 180: par sa mauvaise langue et par ses foles sotises); b) 1672 spéc. « maladresse, acte de désobéissance d'un enfant » (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., 2 juin, éd. R. Duchêne, t. 1, p. 526: elle fait cent petites sottises qui réjouissent); 3. 1661 plur. « paroles injurieuses ou impertinentes » (MOLIÈRE, Ecole des maris, 248); 4. 1671 « action ou objet de peu d'importance, futilité » (POMEY: il ne s'occupe qu'à des sotises). Dér. de sot; suff. -ise. Fréq. abs. littér.:2 050. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 119, b) 3 151; XXe s.: a) 3 307, b) 2 378.
sottise [sɔtiz] n. f.
ÉTYM. XIIIe, sotise; de sot.
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1 Caractère d'une personne sotte; manque d'intelligence et de jugement. ⇒ Bêtise, idiotie, imbécillité, nigauderie, stupidité (→ Bâtir, cit. 36; esprit, cit. 157). || La sottise et la vanité sont compagnes inséparables (cit. 4). ⇒ Fatuité, cit. 7; infatuation, cit. 3 (→ Orgueilleux, cit. 7; prétention, cit. 8). || « Quand on court après (cit. 47) l'esprit, on attrape la sottise ». || Avoir la sottise de… : être assez sot pour (→ Embarrasser, cit. 13; étaler, cit. 34; grognard, cit. 1). || La sottise d'une classe, d'un milieu… (→ Détester, cit. 9; empreinte, cit. 1).
1 Histoire de l'esprit humain, histoire de la sottise humaine ! comme dit M. de Voltaire.
Flaubert, Correspondance, 997, 17 oct. 1868.
2 Ce qu'on commence par sottise, ensuite par orgueil on l'appelle vertu.
Gide, Philoctète, III, 3.
2 Caractère (d'une chose, d'un acte) stupide. || La sottise de son discours, de ses livres. || La sottise de sa proposition, de sa démarche, de sa réaction.
B Une, des sottises.
1 (1538). Manifestation de ce défaut, parole ou action qui dénote peu d'intelligence. || Dire (1. Dire, cit. 13), débiter (cit. 10), écrire… des sottises. ⇒ Ânerie, absurdité, baliverne, bêtise… (→ Désapprouver, cit. 3; discours, cit. 4; incognito, cit. 5; naïveté, cit. 9). || Les sottises imprimées (→ Gêner, cit. 14, Beaumarchais). || « Le vers alexandrin n'est le plus souvent qu'un cache-sottise » (Stendhal, Racine et Shakespeare, Préface).
3 Il y a des sottises bien habillées, comme il y a des sots très bien vêtus.
Chamfort, Maximes et pensées, Philos. et morale, LXXX.
4 Deschartres (le précepteur) battait cruellement mon pauvre frère et (…) se contentait de dire des sottises aux petites filles (…)
G. Sand, Histoire de ma vie, III, IV.
♦ Faire, commettre (cit. 1) une sottise. ⇒ Bévue, coup (beau), faute, maladresse (cf. Faire des siennes, en faire de belles; → aussi Démordre, cit. 3; gris, cit. 9; raisonnable, cit. 4). || « Les petits ont pâti des sottises des grands » (→ Hélas, cit. 4). || Suite, enchaînement de sottises (→ Avis, cit. 19; filet, cit. 10).
5 À un ami qui lui reproche de n'avoir pas (…) démissionné, il (Talleyrand) répond : « Si Bonaparte s'est rendu coupable d'un crime, ce n'est pas une raison pour que je me rende coupable d'une sottise ». Mais dans quelle mesure a-t-il considéré que la non participation au crime serait déjà une sottise ?
Saint-Aulaire, Talleyrand, p. 186.
6 Il y a une foule de sottises que l'homme ne fait pas par paresse et une foule de folies que la femme fait par désœuvrement.
Hugo, Post-Scriptum de ma vie, L'âme, Tas de pierres, VI.
♦ Spécialt. Maladresse, acte de désobéissance (d'enfant). || Enfant qui a fait une sottise (→ Menin, cit. 2). ⇒ Bêtise.
7 Quant à Rodolphe, il était d'une malice de singe; il profitait toujours de ce que Christophe avait Ernst sur les bras, pour faire derrière son dos toutes les sottises possibles; il cassait les jouets, renversait l'eau, salissait sa robe, et faisait tomber les plats, en fouillant dans le placard.
R. Rolland, Jean-Christophe, L'aube, II, p. 32.
2 (Déb. XXe). Chose de peu d'importance, d'intérêt. ⇒ Babiole, bêtise, futilité. || Il rêvassait, perdait son temps à des sottises. || Elle s'est compromise pour une sottise.
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CONTR. Finesse, intelligence.
DÉR. Sottisier.
Encyclopédie Universelle. 2012.