forge [ fɔrʒ ] n. f.
1 ♦ Cour. Atelier où l'on travaille les métaux au feu et au marteau. Artisans, ouvriers d'une forge. ⇒ forgeron. Forge d'orfèvre, de serrurier. Forge de maréchal-ferrant. L'enclume, le soufflet, les outils (tenailles, marteau) de la forge.
♢ (Par allus. au bruit de la forge) Ronfler, souffler comme une forge : avoir le souffle court, oppressé. — (Par allus. au feu) Rougir, rougeoyer comme une forge.
♢ Par méton. Fourneau (plateforme surmontée d'une hotte) sur lequel on met le métal à chauffer. Travailler le métal à la forge. Au fond, « il y avait l'enclume, la forge, le grand soufflet noir » (Bosco).
2 ♦ Métall. Installation où l'on façonne par traitement mécanique (à froid ou à chaud) les métaux et alliages. Outillage de la grosse forge (emboutisseuse, filière, laminoir, marteau-pilon, presse).
3 ♦ Vx Établissement où l'on fabrique le fer à partir du minerai ou de la fonte. ⇒ fonderie, fourneau. — Plur. Fonderie. Maître de forges : propriétaire d'une aciérie. ⇒ 1. fondeur.
● forge nom féminin (latin fabrica, atelier) Technique artisanale utilisant la chauffe (à l'aide d'un four) et le martelage du métal sur une enclume en vue de réaliser des fers à cheval, des lames de couteau, de sabre, de poignard, etc. Atelier où s'effectue ce travail. Autrefois, entreprise produisant du fer, de l'acier à partir du minerai ou de la fonte. Foyer artisanal où l'on chauffe le métal avant forgeage. Atelier de forgeage comportant principalement des fours et des machines de déformation plastique. ● forge (expressions) nom féminin (latin fabrica, atelier) Ronfler, souffler comme une forge, très bruyamment.
forge
n. f.
d1./d Atelier ou établissement industriel où l'on produit, où l'on travaille le métal, spécial. le fer.
d2./d Fourneau où l'on chauffe le métal à travailler. Soufflet de forge.
⇒FORGE, subst. fém.
A.— Dans le domaine artisanal
1. Atelier où l'on travaille les métaux à l'aide du feu et du marteau. La forge d'un serrurier, d'un armurier, d'un orfèvre (Ac.). Marteau de forge. À dix-huit ans, le travail de la forge m'avait élargi les épaules (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 136) :
• 1. On avait envoyé chez elle en logement un seul Allemand, un brave garçon d'une trentaine d'années, qui s'appelait Paul et travaillait à la forge de Donadieu à ferrer les chevaux et réparer les ferrures des fourgons et des caissons.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 39.
— P. métaph. L'orateur à la voix sourde, qui usait du mot propre dans une forge à néologismes mal construits (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 36) :
• 2. — Que suis-je au milieu de cette machine? se dit Birotteau, tout étourdi par le mouvement de cette forge intellectuelle où se manutentionnait le pain quotidien de l'opposition, où se répétaient les rôles de la grande tragi-comédie jouée par la gauche.
BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 265.
2. P. méton. Fourneau de la forge, muni d'une soufflerie, qui est utilisé pour le travail à chaud des métaux. Charbon de forge (sorte de houille grasse). Une jolie petite maison, qu'éclairait mollement la forge d'un maréchal-ferrant allumée de l'autre côté de la route (HUGO, Rhin, 1842, p. 37). Un gros vieux homme ardent, essoufflé, qui rougeoyait comme une forge (GIDE, Si le grain, 1924, p. 457) :
• 3. Voici comment ça se confectionne, ces rubans-là. On vide dans la forge la hotte d'un chiffonnier en vieux fer. On prend tout plein de vieille ferraille, des vieux clous de maréchal, des fers à cheval cassés...
HUGO, Travail. mer, 1866, p. 171.
♦ Loc. Souffler comme une forge. Avoir le souffle court, oppressé.
♦ P. métaph. Elle allait vivre dans un brasier, dans la forge haletante de la spéculation (ZOLA, Argent, 1891, p. 242). Pour lui ces chants n'étaient que quelques étincelles jaillies de la forge intérieure (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 554).
— En partic. Fourneau de forge portatif, de dimensions réduites. Forge de campagne. Un forgeron vint en même temps, avec sa forge, ses clous, ses tenailles (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 86).
— De forge. Feu, soufflet de forge. Le choc vibrant et régulier d'un marteau de forge sur une enclume (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Abandonné, 1884, p. 469). Le tapage de leurs semelles frappant simultanément le pavé sonnait la danse précipitée du marteau de forge sur l'enclume (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, 2e part., 8, p. 189). Le soleil sortait seulement, tout rouge, d'un éclat qui donnait aux yeux, comme un fer de forge (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 221).
— [P. allus. à la myth. gréco-lat.] La caverne de l'Etna creusée dans une mine d'argent, avec la forge de Vulcain, au fond (ZOLA, Nana, 1880, p. 1218) :
• 4. Dans les antres de Lipara
Héphaistos allume ses forges.
Il lève, l'illustre ouvrier, Ses bras dans la rouge fumée
Et bat sur l'enclume enflammée
Le fer souple et le dur acier.
LECONTE DE LISLE, Poèmes ant., 1874, p. 228.
♦ Forges d'artillerie (fixes, ou mobiles en temps de guerre). Toutes les forges d'artillerie, s'étant trompées de route (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 125). La direction des forges de l'artillerie avisait les quelques industriels français (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 78).
B.— P. ext., dans le domaine industr.
1. Vieilli. Établissement se consacrant à la fabrication du fer à partir du minerai ou de la fonte. (Dict. XIXe et XXe s.). Forges et Chantiers de la Méditerranée.
2. Vieilli, au sing. ou au plur. Entreprise industrielle de fabrication d'acier. Forge à l'anglaise, à la catalane. Les matériaux bruts fournis par la terre pour emprunter aux usines et aux forges la puissance et la légèreté de leurs fontes (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 95). Sur les trois hauts fourneaux des forges de Marchiennes, deux seulement étaient allumés (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1137). Aujourd'hui ses vallées sont obscurcies par les fumées des forges et des usines (MORAND, Londres, 1933, p. 43) :
• 5. Et près de là les grandes forges soufflent leur haleine ronflante, pareille à des mugissements de lion apocalyptique; les hautes cheminées jettent au vent leurs panaches de flammes, et l'on entend des bruits de métal qui roule, de métal qui sonne, de marteaux énormes qui retombent.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Voy. Horla, 1887, p. 1327.
— En partic.
♦ Maître de forges. Lors de la Révolution il était maître de forges à Rambervilliers (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1907-08, p. 75). Les aciéries de Longwy, constituées par quelques maîtres de forges de la région (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1966, p. 336).
♦ Comité des Forges (de France). Balimont (...) nota des renseignements à communiquer dès le lendemain à la rédaction du bulletin quotidien du Comité des Forges (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 129). Les accusations lancées contre le Comité des Forges après la première guerre mondiale (MEYNAUD, Groupes pression Fr., 1958, p. 174).
Rem. Emploi rare. a) Avec le sens de « action de forger ». Ce n'est point le navire qui naît de la forge des clous et du sciage des planches (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 825). b) Avec le sens de « façon de forger ». Quant aux canons, c'est de forge espagnole (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 171).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 « atelier où l'on travaille les métaux » (Eneas, éd. J.J. Salverda de Grave, 4399). 2. 1770 « usine où l'on transforme la fonte en acier » (RAYNAL, Hist. phil., livre 17, p. 203). Du lat. fabrica « atelier, forge ». Fréq. abs. littér. :627. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 598, b) 1 587; XXe s. : a) 947, b) 735.
forge [fɔʀʒ] n. f.
ÉTYM. V. 1160, aussi faverge; provençal faurga, du lat. fabrica « atelier », et spécialt « atelier de forgeron ». → Fabrique.
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♦ Lieu où l'on produit, où l'on travaille les métaux, et, spécialt, le fer.
REM. Forge est attesté, dès le Moyen Âge au sens d'« atelier où l'on travaille les métaux ». Aux XVIIe et XVIIIe s., les dictionnaires (Furetière, Trévoux, etc.) le définissent en premier lieu comme un « grand fourneau où l'on fond le fer qui sort des mines (le minerai) », d'où le sens 2. Depuis le XIXe s., et par suite du développement de la grosse métallurgie, cette acception a vieilli.
1 Atelier où l'on travaille les métaux au feu et au marteau. || Artisans, ouvriers qui travaillent dans une forge. ⇒ Forgeron, forgeur; chauffeur, frappeur, marteleur. || Forge d'orfèvre, de serrurier. || Forge de maréchal-ferrant. — Absolt. || Mener un cheval à la forge. || Forge où l'on réduit le fer en barres. ⇒ Chaufferie.
♦ Par compar. || Ronfler, souffler comme une forge.
1 (…) sa poitrine semblait retentir de tous les bruits d'une forge souterraine.
Camus, la Peste, p. 306.
♦ Par allus. au feu de la forge. || Rougir, rougeoyer comme une forge (→ Bredouiller, cit. 2). || Flamber comme une forge.
2 Je sais que ton cœur, qui regorge
De vieux amours déracinés,
Flamboie encore comme une forge (…)
Baudelaire, Nouvelles Fleurs du mal, « Madrigal triste ».
3 La plaine où frissonnaient les drapeaux déchirés,
Ne fut plus, dans les cris des mourants qu'on égorge,
Qu'un gouffre flamboyant, rouge comme une forge (…)
Hugo, les Châtiments, V, XIII.
♦ Myth. || Les anciens plaçaient sous l'Etna les forges du dieu Vulcain, où travaillaient les Cyclopes (→ L'antre de Vulcain, des Cyclopes). || La forge de Vulcain, tableau de Velasquez.
2 (1770). Techn. Installation où l'on façonne par traitement mécanique (à froid ou à chaud) les métaux et alliages. || Outillage de la grosse forge. ⇒ Emboutisseuse, filière, laminoir, marteau-pilon, martinet, presse. || Matériel de la forge. ⇒ Châsse, croche, davier, drome, écrevisse, enclume, étampe, fourneau, frappe-devant, 1. gouge, javotte, mandrin, marteau, martinet, matrice, pince, poinçon, tenaille; soufflerie, soufflet, trompe. || Feu, étincelles qui éclairent la forge (→ Brasillement, cit.).
♦ De forge. || Soufflet, marteau, feu de forge. || Fer de forge.
♦ (1690). Fourneau composé d'une plate-forme (ou bure) surmontée d'une hotte, sur laquelle le forgeron met le métal à chauffer. || La tuyère de la soufflerie aboutit à la plate-forme de la forge. || Le feu de la forge. || Travailler le métal à la forge. ⇒ Forger. || Houille utilisée dans la forge. ⇒ Maréchale. — Forge portative, munie d'un ventilateur à main. || Forge de campagne, forge volante : forges portatives.
4 (…) on voit les soufflets d'une forge,
Qu'un boiteux maréchal évente quand il faut
Frapper à tour de bras sur l'enclume au fer chaud.
Ronsard, Réponse aux injures et calomnies.
5 (…) de grosses mains, faites pour souffler la forge et frapper sur l'enclume.
Rousseau, Émile, III.
6 Au fond, sous un hangar, il y avait l'enclume, la forge, le grand soufflet noir, tout. Et un gros homme chauve, habillé d'un tablier de cuir, les bras nus et des lunettes sur le nez.
H. Bosco, le Jardin d'Hyacinthe, p. 54.
3 (1690). Anciennt. Établissement où l'on fabrique le fer, en partant du minerai ou de la fonte. ⇒ Fonderie, fourneau (cit. 2 et 3); métallurgie, sidérurgie. || Forge à la catalane (syn. : feu catalan, foyer catalan) : bas fourneau à foyer ouvert, chauffé au charbon de bois et dans lequel le minerai était transformé en fonte, puis en fer aciéreux (sous l'action oxydante d'une soufflerie). || La forge catalane était employée dès la fin du XIIIe siècle. — Forge comtoise. || Forge à l'anglaise, comportant haut fourneau, finerie et puddlage.
♦ Plur. (Mod. dans quelques expr.). || Maître de forges. ⇒ Fondeur (→ 1. Bon, cit. 16). || Les Forges et Chantiers de la Méditerranée. || Comité des Forges de France.
7 (…) les cent neuf forges qui travaillaient en Angleterre (…) produisaient annuellement dix-huit mille tonnes de fer, et occupaient un grand nombre d'ouvriers habiles.
G.-T. Raynal, Hist. philosophique, XVIII, 30.
4 Rare. Action de forger. ⇒ Forgeage. || « La forge des clous et le sciage des planches » (Saint-Exupéry, in T. L. F.).
♦ Métier de forgeron (1.).
Encyclopédie Universelle. 2012.