marteau [ marto ] n. m.
• 1380; marteaus, plur. de martel, déb. XIIe; lat. pop. °martellus → martel
I ♦
1 ♦ Outil de percussion, composé d'une masse métallique percée d'un trou (œil) dans lequel est fixé un manche. ⇒Vx maillet. Enfoncer un clou avec un marteau. Aplatir à coups de marteau. ⇒ marteler. Le marteau du forgeron frappe, sonne sur l'enclume. Marteaux spéciaux (de couvreur, de tailleur de pierre, etc.). ⇒ asseau, besaiguë, boucharde, châsse, ferratier, mailloche, 2. masse, massette, matoir, 1. merlin, picot, rustique, smille.
♢ Le marteau, symbole du travail industriel au XIX e s. La faucille et le marteau.
♢ Être entre le marteau et l'enclume.
2 ♦ (Dans des noms comp.) Machine-outil agissant par percussion. ⇒ marteau-pilon, martinet (I). Marteau pneumatique, dans lequel un piston fonctionnant à l'air comprimé frappe avec force sur un outil. « le marteau pneumatique devenu presque le symbole du travailleur maghrébin » (Tournier). Marteau-perforateur du mineur. ⇒ marteau-piqueur, perforatrice.
3 ♦ Instrument servant à frapper des coups sur un objet, un corps. Marteau de commissaire-priseur, marteau d'ivoire : petit maillet dont le commissaire-priseur frappe un coup sur la table quand un objet mis aux enchères est adjugé. — Méd. Marteau à percussion, à réflexes, utilisé pour provoquer les réflexes rotuliens, plantaires... — Chir. Instrument servant à faire pénétrer les clous dans un os (⇒ ostéosynthèse). — Techn. Marteau dont la tête porte une marque en relief (initiales, armoiries), que les agents forestiers impriment sur les arbres destinés à l'abattage ou à la réserve. ⇒ martelage.
4 ♦ (1690) Mus. Pièce de bois, dont l'extrémité supérieure feutrée frappe une corde de piano et la met en vibration quand on abaisse la touche correspondante du clavier.
5 ♦ Pièce d'horlogerie formée d'une tige portant un disque de métal qui frappe les heures sur un timbre. Marteau d'une horloge manié par un jaquemart.
6 ♦ Heurtoir fixé au vantail d'une porte. Javert « soulevant le lourd marteau de fer [...] frappa un coup violent » (Hugo).
7 ♦ Fig. Appos. Requin marteau : poisson sélacien (squales) des mers tropicales, dont la tête présente deux prolongements latéraux symétriques portant les yeux. ⇒ zygène.
8 ♦ (1611) Anat. Un des trois osselets de l'oreille moyenne des mammifères, dont la tête s'articule avec l'enclume.
9 ♦ Sphère métallique, reliée par un fil d'acier à une poignée en forme de boucle, que les athlètes lancent en pivotant sur eux-mêmes. Lancement, lancer du marteau.
II ♦ Adj. (1889; de avoir un coup de marteau 1587) Fam. et vieilli Être marteau, fou, cinglé. « Quand vingt-cinq bonshommes deviennent marteaux » (Duhamel ). ⇒ dingue.
● marteau nom masculin (latin populaire martellus, du latin classique martulus) Outil de percussion formé d'une tête (généralement en acier dur trempé) percée d'un trou dans lequel est fixé un manche. Synonyme de heurtoir. Anatomie Premier osselet de l'oreille moyenne, dont le manche est solidaire du tympan et dont la tête s'articule avec l'enclume. Armement Dans certaines armes à feu (fusil de chasse, canon), pièce du mécanisme de culasse qui vient frapper le percuteur. Droit Petit marteau d'os ou d'ivoire, dont le commissaire-priseur se sert dans les ventes publiques. Mines et Travaux publics Appareil constitué d'un outil (fleuret, burin ou aiguille) et d'un corps cylindrique dans lequel se meut un piston qui frappe l'outil sous l'effet d'un choc d'origine pneumatique, hydraulique ou électrique, et qui sert à disloquer les matériaux rocheux (marteau piqueur) ou à creuser des trous destinés à recevoir des charges explosives (marteau perforateur). Musique Dans un piano, partie de la mécanique qui frappe les cordes. Sports Boulet sphérique d'un poids de 7,257 kg relié par un câble à une poignée, qu'il s'agit de lancer le plus loin possible ; épreuve pratiquée avec cet engin. Zoologie Requin pélagique (sphyrnidé) des mers chaudes, dont la tête porte deux expansions latérales où sont situés les yeux. (Le marteau atteint 4 m ; on le pêche parfois sur les côtes de France en été.) [On dit aussi requin-marteau.] Mollusque bivalve à coquille en T, fixé par un byssus aux rochers de l'océan Indien. ● marteau (citations) nom masculin (latin populaire martellus, du latin classique martulus) Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 On avait beau heurter et m'ôter son chapeau, On n'entrait point chez nous sans graisser le marteau. Les Plaideurs, I, 1, Petit Jean ● marteau (difficultés) nom masculin (latin populaire martellus, du latin classique martulus) Orthographe On écrit sans trait d'union : marteau piqueur, marteau perforateur ; avec un trait d'union : marteau-pilon, marteau-piolet. - Plur. : des marteaux-pilons, des marteaux-piolets. ● marteau (expressions) nom masculin (latin populaire martellus, du latin classique martulus) Marteau d'armes, arme à manche en usage, surtout chez les gens de pied, du XIIIe au XVIIe s. (Charles Martel devait son surnom à une arme de ce type.) Marteau d'horloge, marteau fait d'une masse métallique fixée à l'extrémité d'une tige, que l'horloge fait mouvoir et qui frappe les heures sur un timbre. Marteau à emboutir, marteau qui sert à creuser un récipient, sur une espèce de moule ayant la même forme et portant le nom de dé. Marteau à frapper devant, gros marteau d'une masse de 5 à 7 kg, que l'on tient à deux mains, pour forger les grosses pièces. Marteau à main, marteau d'une masse de 1 à 2 kg utilisé pour façonner le métal à chaud. Marteau forestier, hachette dont le tranchant sert à faire un blanchis et dont la tête porte en relief l'identification du propriétaire, qu'on imprime sur le blanchis. ● marteau (synonymes) nom masculin (latin populaire martellus, du latin classique martulus)
Synonymes :
- heurtoir
● marteau
adjectif
Familier. Être marteau, être fou, cinglé.
● marteau (expressions)
adjectif
Familier. Être marteau, être fou, cinglé.
marteau
n. m. (et adj.)
rI./r
d1./d Outil composé d'une tête en métal, munie d'un manche, qui sert à battre les métaux, enfoncer des clous, etc.
d2./d Instrument, pièce qui sert à frapper. Marteau de porte: heurtoir.
|| MUS Pièce qui vient frapper, sous l'action de la touche, la corde d'un piano.
d3./d (En composition.) Machine, instrument qui produit un effet par percussion.
|| Marteau-piqueur: engin comportant un piston actionné par l'air comprimé (marteau pneumatique) ou l'électricité, muni d'une pointe (fleuret) qui sert à défoncer les matériaux durs. Des marteaux-piqueurs.
d4./d ANAT Un des osselets de l'oreille moyenne.
|| (France rég., Suisse) Syn. de molaire (sens 1).
d5./d SPORT Sphère métallique de 7,257 kg reliée à une poignée par un fil d'acier, que l'athlète doit projeter le plus loin possible. Le lancer du marteau (épreuve seulement masculine).
d6./d adj. Fam. être marteau: être un peu fou.
rII./r ZOOL Marteau ou requin marteau: poisson sélacien (genre Sphyrna) dont les yeux sont portés par des expansions latérales de la tête.
⇒MARTEAU, subst. masc.
I. —[Objet servant à la percussion]
A. —[Outil propre à certains métiers]
1. [Outil à main]
a) [Destiné à des activités artis. ou industr.] Masse métallique de volume et de forme variables, comportant une partie rectangulaire ou arrondie (la tête) et une partie amincie, parfois pointue (la panne), montée sur un manche fixé en son milieu (l'œil) et destinée à fournir l'énergie nécessaire à une percussion. Gros, lourd, petit marteau; battage au marteau; manier, soulever un marteau; aplanir, galber, repousser au marteau. J'entendais en passant les coups sourds du marteau Qui clouait dans la nuit le bois de l'échafaud (LAMART., Jocelyn, 1836, p.671). V. marteler ex.
Ouvriers à marteau. Ouvriers qui se servent d'un marteau. Comme (...) il n'y a point de cloches, ni presque point de métiers à marteau, le silence est continuel (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p.218).
♦[Avec déterm.]
[Le déterm. évoque une caractéristique du maniement] Marteau à main. Marteau servant à forger les pièces de moyenne grosseur et que l'on peut manier d'une seule main. Le planage effectué au marteau à main (...) nécessite une grande puissance pour le forgeage (M.-A. MULLER, ROGER, Évol. fond. cuivre, 1903, p.221).
[Le déterm. désigne un ouvrier ou un métier] Marteau de calfat, de forge, de géologue. La pose [des pavés] se fait au moyen du marteau de paveur qui a, d'un côté, la forme d'une spatule ogivale et de l'autre, celle d'une masse prismatique (BOURDE, Trav. publ., 1929, p.76).
SYNT. Marteau de cantonnier, de carrier, de charpentier, de charron, de ciseleur, de cordonnier, de couvreur, de forgeron, de fossoyeur, de galochier, d'horloger, de maréchal-ferrant, de menuisier, d'orfèvre, de parqueteur, de paveur, de polisseur, de savetier, de serrurier, de tailleur de pierre, de tanneur, de tapissier, de tonnelier, de vitrier; à coup de marteau; forger au marteau; enfoncer avec un marteau.
[Le déterm. évoque l'emploi ou le résultat envisagé] Marteau rayant; marteau rivoir; marteau d'épinçage; marteau à emboutir, à sertir. À partir du strass découpé en morceaux avec le marteau tranchant, on réalise des pierres précieuses artificielles en teignant le produit incolore (C. DUVAL, Verre, 1966, p.87):
• 1. ... nous avons des objets de menuiserie convenablement évidés: présentons-y ces pièces à incruster, pour juger si elles entreront facilement, ajustons-les, s'il est nécessaire, enduisons de colle et cette pièce et la partie évidée, sans en trop mettre, puis laissons un peu de jour pour évacuer le surplus de la colle. Terminons par frapper doucement dessus la pièce avec la tête du marteau à plaquer.
NOSBAN, Manuel menuisier, t.2, 1857, p.152.
SYNT. Marteau à dresser, à ébarber, à épinceter, à frapper devant, à palisser, à piquer, à river; marteau à brettelure; marteau d'assiette (pour paver).
[Le déterm. désigne la matière traitée] Marteau à ardoise, à charbon (Nouv. Lar. ill., Lar. 20e). Marteau à briques (Lar. encyclop.).
[Le déterm. évoque une caractéristique formelle] Marteau à dents, à gorge, à panne tranchante; marteau pioche (Nouv. Lar. ill., Lar. 20e).
Marteau têtu.
Marteau bretté. V. bretter2 rem. 2.
— [Employé pour détruire, tuer] J'ai revu avec douleur la pierre de la tour où étaient nos armes et d'où elles ont été effacées par le marteau révolutionnaire (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1803, p.I). Peytel (...) prend son marteau de mine, s'élance à la poursuite de Louis Rey, qui se retourne et lui porte un coup de fouet par la figure, et le tue d'un coup de marteau (GONCOURT, Journal, 1852, p.67). Statues que l'on casse à coups de marteau (CLAUDEL, Guerre de 30 ans, 1945, p.561).
— [Avec valeur symbolique]:
• 2. Sans ordre autour de lui mille objets sont épars;
Ce sont des attributs de sciences et d'arts:
La règle et le marteau, le cercle emblématique,
Le sablier...
GAUTIER, Poés., 1872, p.212.
♦[Symbole du travail industr.] La faucille et le marteau.
— P. métaph. [En parlant de qqc. de pénible] Marteau de la fatalité, du malheur. V. céphalalgie ex.
— Loc. fig., pop.
♦Mettre le doigt/se trouver/être entre le marteau et l'enclume.
♦Avoir, recevoir un coup de marteau (sur la tête). Avoir l'esprit dérangé, être fou. Non, vraiment M. Rade va beaucoup trop loin. Il a un coup de marteau certainement (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p.332). Coup de marteau. Accès de folie. Elle finit par oser lui parler de son coup de marteau, surprise de l'entendre raisonner comme au bon temps (ZOLA, Assommoir, 1877, p.698).
P. ell. Être marteau. Coucher ici? C'est-i qu'vous seriez marteaux? (BARBUSSE, Feu, 1916, p.116). «Quelle drôle de boîte!», se dit le valet de pied, qui demanda à ses camarades si le baron était farce ou marteau (PROUST, Prisonn., 1922, p.227). Personne à l'esprit dérangé. Ce garçon ne te fera pas un très bon mari, parce qu'il tire du côté de sa mère: une famille de marteaux (PAGNOL, Marius, 1931, IV, 10, p.245).
— Proverbes, vx. Il faut être enclume ou marteau; il vaut mieux être marteau qu'enclume.
b) [Employé dans d'autres domaines d'activité]
) Petit maillet dont le choc sur une surface a une signification convenue. Il donna le signal de l'office, en frappant avec son petit marteau (HUYSMANS, Oblat, t.2, 1903, p.245). Le juge frappe du marteau (CAMUS, Requiem, 1956, 1re part., 1er tabl., p.826).
— En partic. Marteau de commissaire-priseur ou marteau d'ivoire. Petit maillet d'os ou d'ivoire dont le commissaire priseur frappe la table pour signifier que les enchères sont closes. V. adjuger ex. 3 et adjugé ex. 1.
♦Passer sous le marteau. Être vendu aux enchères. (Ds LITTRÉ, DG, ROB., Lar. Lang. fr.).
) ALPIN. Marteau à panne de forme variable suivant le terrain (glace ou rocher), à manche de 20 à 35 centimètres, et qui sert à enfoncer (et secondairement à enlever) broches à glace et pitons. L'emploi du marteau-piolet est préférable au marteau à glace (La Montagne et Alpinisme, 1979, n°2, p.63):
• 3. Toujours à Fontainebleau, le pitonnage aussi a fleuri dans certaines fissures de libre, allant jusqu'à modifier leur aspect. La menace semble moins vive aujourd'hui, mais il faut redire que Fontainebleau est le domaine par excellence de l'escalade libre et le marteau doit y être absolument banni.
La Montagne et Alpinisme, 1975, n° 4, p.174.
) SYLVIC. Marteau (forestier). Marteau à manche de longueur moyenne dont la panne à la forme d'une hachette pour dénuder le bois et dont la tête porte une marque que l'on imprime, par percussion, sur l'arbre destiné à l'abattage ou à la réserve. Synon. marteau étampe (Canada), hachette à marteau. V. flachis ex. (rem. s.v. flache).
♦Garde-marteau. V. garde-.
) MÉD. Marteau à réflexes. Petit disque à bords caoutchoutés monté sur un manche, utilisé pour provoquer des réflexes par percussion. Rechercher les réflexes ostéo-tendineux. Ces réflexes s'obtiennent à l'aide d'un petit marteau caoutchouté qui permet de percuter les tendons en des zones bien déterminées (QUILLET, Méd. 1965, p.326).
2. Machine-outil ayant la même fonction. Marteau mécanique; marteau à bascule, à soulèvement. Le battage parachève le resserrement des fibres du cuir par un martelage à l'aide d'une sorte de pilon mécanique appelé marteau à battre les cuirs (BÉRARD, GOBILLIARD, Cuirs et peaux, 1947, p.102).
♦Marteau-pilon. V. ce mot.
♦Marteau pneumatique. Outil dans lequel un piston, entraîné par de l'air comprimé, frappe un instrument spécifique. Le charbon est là, friable ou dur, et les mineurs, avec leur marteau pneumatique, l'abattent (E. SCHNEIDER, Charbon, 1945, p.233).
Marteau(-)piqueur. Outil pneumatique servant à abattre du minerai. Marteau(-)perforateur. Outil pneumatique servant, par percussion et rotation, à percer des trous dans les rochers. Les coupes verticales [dans le marbre] se font au marteau perforateur par trous espacés de 10 cm avec des fleurets de 28 mm de diamètre en moyenne (LAMBERTIE, Industr. pierre et marbre, 1962, p.57).
B. — P. anal. [Forme de percussion]
1. [Objet indépendant]
a) ART MILIT. Marteau d'armes. Arme ayant la forme d'un marteau à bec pointu, avec un manche plus ou moins long, utilisée du XVe au XVIIe siècle pour défoncer les armures (d'apr. LELOIR 1961).
b) PHYS. Marteau d'eau. Tube de verre vide d'air et partiellement rempli d'eau dans lequel, lorsqu'on le retourne, l'eau frappe le bout opposé avec un bruit sec. (Ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr., DG, QUILLET 1965).
2. [Pièce d'un ensemble]
a) Heurtoir de porte. Marteau de bronze, de cuivre; porte à marteau; heurter le marteau. La porte n'ayant ni sonnette ni marteau (FLAUB., Éduc. sent., t.1, 1869, p.132). La petite servante vint ouvrir au coup de marteau (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Regret, 1883, p.907).
♦Graisser le marteau (au fig., vx). V. graisser I A 1 a rem.1.
b) Tige à bout épais ou portant une masse qui frappe une cloche ou le timbre d'une horloge. J'attendais de voir, au travers des vieux arceaux du clocher, le marteau s'ébranler, noir sur l'azur du ciel, et retomber sur l'airain (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.11). Une horloge en cuivre, dont les rouages, le marteau et le timbre sont apparents (BANVILLE, Gringoire, 1866, 1, p.7).
c) Pièce en bois recouverte de feutre qui frappe une corde de piano lorsque l'on enfonce la touche correspondante du clavier. César frappé par ce nom dans le seul endroit vivant de son souvenir, comme une touche de piano dont le marteau va frapper sa corde (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p.328). Les cordes, frappées du marteau ou grattées par la plume, se prennent toujours à vibrer (DUHAMEL, Cécile, 1938, p.222).
d) Pièce du mécanisme de culasse d'armes à feu qui frappe le percuteur. Quand on le laisse retomber, le bec du verrou [d'un canon] vient s'appuyer sur la face inférieure de l'évidement. Le percuteur est alors dans l'axe de la lumière et peut recevoir le choc du marteau (LEDIEU, CADIAT, Nouv. Matér. nav., 1890, p.113).
e) Pièce percutante d'une machine. Les débris de cuir sont déchiquetés dans un broyeur à marteaux qui produit une poudre ou une pâte suivant qu'il travaille à sec ou à l'eau (BÉRARD, GOBILLIARD, Cuirs et peaux, 1947, p.125).
II. — P. anal.
A. — [Forme spécifique ou structure gén. (masse attachée à un support)]
1. ANAT. ,,Osselet le plus externe de l'oreille moyenne, formé d'une tête arrondie, d'un col et d'un manche, inclus dans la membrane du tympan dont il transmet les vibrations à l'enclume`` (Méd. Flamm. 1975). Il [un rameau du nerf facial] passe sous l'enclume sur le tendon du muscle interne du marteau (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p.223).
2. [Jusqu'au XVIIIe s.] ,,Boucle de cheveux roulés en forme de tubes plus ou moins longs, maintenus par des épingles et se coiffant au-dessus des oreilles`` (LELOIR 1961). Sa perruque à marteau, sautillant sur son collet (FLAUB., Éduc. sent., t.1, 1869, p.153). La livrée aux couleurs d'Illyrie, coiffée en marteaux et poudrée (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p.79).
3. SPORTS. ,,Engin de lancer normalisé se composant d'un câble fixé par une extrémité à une sphère métallique, par l'autre à une poignée`` (AMSLER 1971). Les lancers du poids (7 kgs 257), du disque, du javelot et du marteau (R. VUILLEMIN, Éduc. phys., 1941, p.124).
Rem. ,,L'engin actuel (...) ne ressemble plus à un marteau de forgeron que par son poids; il se situe à la fin d'une évolution technologique procédant du vrai marteau que les forgerons irlandais ou écossais lançaient à l'envi aux jours de fête`` (AMSLER 1971).
4. ZOOLOGIE
a) Mollusque bivalve en forme de T propre à l'océan Indien. Parmi ces produits [ces échantillons de l'embranchement des mollusques], je citerai, pour mémoire seulement, l'élégant manteau royal de l'océan Indien, (...) un spondyle impérial, (...) un marteau commun des mers de la Nouvelle-Hollande (VERNE, Vingt mille lieues, t. 1, 1870, p.110).
b) (Requin-)marteau. Squale dont la tête plate est pourvue de deux expansions latérales qui portent les yeux. Synon. maillet. Dans la mer, la baleine, le requin, le marteau, l'informe raie, la dent du phoque polaire, se demanderont quelle est cette dérogation à la loi de la nature (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p.143). Malheur au pêcheur qui fait l'amour avec une sirène, il engendre le requin-marteau, le poisson-scie ou à vilebrequin (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.27).
B. — DANSE, au plur. [Mouvement] ,,Mouvements alternatifs des jambes exécutés par un danseur accroupi et au cours desquels seuls les talons frappent le sol`` (Lar. Lang. fr.).
REM. Martel, subst. masc. Forme anc. de marteau, reprise par Cladel: Il présentait aux glaives son bouclier humain, dont il usait aussi parfois, à l'instar d'un martel, pour assommer les troupiers soûls de fureur (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p.42).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 «outil de fer propre à battre, à forger» marteals (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 328); d'où 1389 marteau a maçon (Registre criminel du Châtelet, t. I, p.37 ds IGLF); 1453 marteau de tapicerie (ARNAUD D'AGNEL, les Comptes du roi René, I, 12, ibid.); 1676 marteau d'assiette (FÉLIBIEN); d'où a) 1206 entre le marteil et l'anclume (GUIOT DE PROVINS, La Bible, éd. J. Orr, 2366); b) 1587 avoir un coup de marteau «être fou» (RONSARD, Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 18, p.293, vers 11); 1889 être marteau (d'apr. ESN.); 2. p. anal. a) 1302 eaux et forêts (Arch. du Pas-de-Calais, A 1803 ds GAY); b) XIVe s. «battant fixé à la partie extérieure d'une porte» (Poèmes français sur les biens du ménage, Dit du ménage, 189, éd. U. Nyström, p.101); c) 1391 marteau d'arme (Archives Hist. Saintonge, XXVI, 248 ds IGLF); d) 1453 marteau d'orloige (Recherches sur Orléans, I, 308, ibid.); e) 1751 mus. (DIDEROT, Lettre sur les sourds et muets ds LITTRÉ); f) 1848 marteau des commissaires priseurs (BALZAC, Cous. Pons, p.10); g) 1912 sports lancement du marteau (Almanach Hachette 1914, Les épreuves sportives de l'année 1912, p.119); 3. p. anal. de forme a) 1611 anat. (COTGR.); b) id. zool. marteau de mer (ibid.); c) 1757 perruque à trois marteaux (ds J. QUICHERAT, Hist. du cost. en France). Du lat. tardif martellus (att. chez Isidore de Séville, et dans les glossaires lat., v. TLL s.v.), issu du lat. impérial martulus, forme altérée de marculus «marteau», en réaction hypercorrecte au passage en lat. vulg. à -cl- (cf. veclus pour vetulus, v. vieux). Fréq. abs. littér.:1 094. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 161, b) 2 603; XXe s.: a) 1 823, b) 1 169. Bbg. BÄCKER 1975, pp.271-272.
marteau [maʀto] n. m.
ÉTYM. 1380; marteaus, plur. de martel, déb. XIIe; du lat. pop. martellus. → Martel.
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1 Outil de percussion, composé d'une masse métallique (fer, acier forgé…) fixée à un manche (ordinairement en bois). ⇒ Maillet (vx). || Panne, pointe, tête, œil d'un marteau. || Cogner, enfoncer (cit. 1) un clou avec un marteau. || Aplatir, battre, écrouir du fer avec un marteau, à coups de marteau. ⇒ Marteler. || Forger (cit. 1) au marteau. || Le marteau du forgeron (cit.) frappe l'enclume, sonne sur l'enclume (cit. 1, 2 et 3, par métaphore). || Bruit des coups de marteau. ⇒ Martèlement (→ Cyclope, cit. 1; hacher, cit. 14). — Marteau de calfat (cit.), de carrier (⇒ Mail (vx); mailloche, masse, massette, picot), de charron (⇒ Châsse), de cordonnier, de couvreur (⇒ Asseau), de forgeron (⇒ Frappe-devant), de maçon (⇒ Boucharde), de maréchal (cit. 1) -ferrant (⇒ Brochoir, ferretier), de tailleur de pierre (⇒ Smille, têtu), de vitrier (⇒ Besaiguë)… || Petit marteau de ciseleur, d'orfèvre. || Marteau à emboutir, à épinceter (⇒ Épinçoir), à river (⇒ Matoir, rivoir). || Marteau à panne tranchante. ⇒ Aissette, laie, merlin, rustique, tille… — REM. À la différence de marteau, mot courant, la plupart de ces termes sont du langage technique.
1 Quand la barre fut blanche, il la saisit avec les pinces et la coupa au marteau sur une enclume, par bouts réguliers, comme s'il avait abattu des bouts de verre, à légers coups (…) Cependant les autres ouvriers tapaient aussi, tous à la fois (…) des éclaboussements d'étincelles partaient sous les marteaux, rayonnaient comme des soleils, au ras des enclumes.
Zola, l'Assommoir, t. I, VI, p. 210-211.
2 Contre elle, il y a aussi un marteau pour « frapper devant ». Le bois du manche luit du même bon air que l'enclume. Tout le jour, quand il s'ennuie, Gaubert vient, met les deux mains au marteau, le lève et tape sur l'enclume.
J. Giono, Regain, I, Pl., t. I, p. 332.
➪ tableau Noms d'outils.
♦ Le marteau, symbole du travail industriel. || La faucille et le marteau. ⇒ Faucille.
3 Tels farouches esprits ont un coup de marteau,
Engravé de naissance au milieu du cerveau,
Ronsard, Pièces posthumes, Poèmes inachevés.
4 Il semble que la science entête les gens et leur donne, comme on dit, un coup de marteau à la tête.
Pierre Charron, De la sagesse, III, 14.
♦ (1889). Ellipt. Adj. Fam. || Être marteau, fou, cinglé. || Tu n'es pas un peu marteau ? || « Complètement marteau. Piqué, givré, ravagé » (Actuel, no 4, févr. 1980).
5 Quand vingt-cinq bonshommes deviennent marteaux (…) chacun tire sa folie à son tonneau, et, après tout (…) à partir du moment où l'on est dingue, on est bien libre de l'être à son idée.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, V, Vingt-cinq.
♦ ☑ Être entre le marteau et l'enclume (cit. 7). — ☑ Il faut être enclume (cit. 8 et 9) ou marteau.
2 (Souvent qualifié en formant un nom composé). Machine-outil agissant par percussion (⇒ Broyeur). || Marteau pour aplatir les métaux. ⇒ Aplatissoir. || Gros marteau de forge. ⇒ Marteau-pilon. || Marteau à bascule. ⇒ Martinet. — Marteau pneumatique, dans lequel un piston d'acier fonctionnant à l'air comprimé frappe avec force sur un outil de forme variée : marteau-perforateur (⇒ Perforatrice). || Marteau-piqueur : appareil constitué d'un burin animé d'un mouvement de va-et-vient, utilisé pour percer le sol (voir cit. 5.3).
5.1 À peine entre-t-on dans la ville que l'on est étourdi par le fracas d'une machine bruyante et terrible en apparence. Vingt marteaux pesants, et retombant avec un bruit qui fait trembler le pavé, sont élevés par une roue que l'eau du torrent fait mouvoir. Chacun de ces marteaux fabrique, chaque jour, je ne sais combien de milliers de clous.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, I.
5.2 — Quel est ce bruit ?… On fait des essais ? s'enquit Rouletabille.
— Non !… C'est le gros marteau de 50 000 kilos qui fonctionne (…) Il a coûté 2 millions et demi (…) Il est soutenu par trois fondations gigantesques : une en maçonnerie, une en troncs de chênes venant de la forêt de Teutoburg, et une autre en bronze, formée de cylindres solidement reliés entre eux (…) Il forge des blocs de 400 quintaux ! Ça s'entend !
G. Leroux, Rouletabille chez Krupp, p. 127.
5.3 Un laboratoire tenu par des savants de huit à douze ans mettait au point (…) le vieillissement précoce pour garçonnets (comment avoir des cheveux blancs et des rides en quelques heures). Ils créaient également des sources modulées de bruits (marteaux-piqueurs devant les maternelles, engins de chantier dans les cimetières, karting devant les hôpitaux, etc.).
Jean Cayrol, Histoire de la mer, p. 171.
5.4 Les bruyants soubresauts des compresseurs les (les jeunes Sénégalais) effrayaient. Parfois, cassant sa bride de serrage, un des longs tuyaux qui amenaient l'air comprimé aux marteaux de forage se détachait brusquement de son outil et se mettait à se tordre sur le sol en vastes ondes sifflantes qui faisaient gicler la poussière en tous sens. Alors ils jetaient leurs pelles et s'enfuyaient en criant au « grand serpent ».
Raymond Abellio, les Militants, p. 70.
➪ tableau Noms de machines.
3 (1854). Instrument servant à frapper des coups sur un objet, un corps. || Marteau de commissaire-priseur (→ Commissaire, cit. 3), dit aussi marteau d'ivoire : petit maillet en ivoire ou en os dont le commissaire-priseur frappe un coup sur la table quand un objet mis aux enchères (cit. 3) est adjugé. — ☑ Fig. Passer sous le marteau : être vendu à l'encan.
♦ Méd. || Marteau à percussion, à réflexes, utilisé pour provoquer les réflexes rotuliens, plantaires…
♦ Chir. Instrument servant à faire pénétrer les clous dans un os (⇒ Ostéosynthèse).
➪ tableau Lexique de la chirurgie.
♦ Eaux et Forêts. Instrument analogue, dont la tête porte une marque en relief (initiales, armoiries…), que les agents forestiers impriment sur les arbres destinés à l'abattage ou à la réserve. ⇒ Martelage (→ Falsifier, cit. 4).
♦ Archéol. || Marteau d'armes : arme de choc, en forme de marteau à bec d'acier pointu, pour défoncer les armures.
4 (1690). Mus. Pièce de bois en forme de marteau dont l'extrémité supérieure feutrée frappe une corde du piano et la met en vibration, quand on abaisse la touche correspondante du clavier.
5 Techn. Pièce d'horlogerie formée d'une tige portant un disque de métal qui frappe les heures sur un timbre. || Marteau d'une horloge (→ Couper, cit. 23), manié par un personnage de bois ou de métal (⇒ Jaquemart).
6 (XIVe). Battant de fer ou de bronze, de forme variable, fixé au vantail d'une porte et servant de heurtoir (→ Gîte, cit. 3). || Lever (→ 1. Lever, cit. 14) le marteau d'une porte. — ☑ Fig. Graisser (cit. 8) le marteau.
6 (Javert) soulevant le lourd marteau de fer battu historié, à la vieille mode, d'un bouc et d'un satyre qui s'affrontaient, frappa un coup violent.
Hugo, les Misérables, V, III, X.
B Fig. Être ou objet dont la forme évoque plus ou moins celle d'un marteau.
1 Zool. || Marteau, ou (plus cour.) en appos., requin marteau. Poisson sélacien vivipare (Squales) des mers tropicales, à long corps et dont la tête présente deux prolongements latéraux symétriques portant les yeux. ⇒ Maillet, zygène.
2 (1611). Anat. Un des quatre osselets de l'oreille moyenne, des Mammifères, dont la tête s'articule avec l'enclume.
3 (1757). Anciennt. || Coiffure, perruque à marteaux, qui comportait, derrière la tête, une longue boucle entre deux nœuds.
7 On les voit, à travers les vitres, agiter leurs longues manches noires et incliner doctoralement leurs perruques à marteaux (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, Ballades…, « Mort du Dauphin ».
4 (1900). Sphère métallique, reliée par un fil d'acier à une poignée en forme de boucle, et que les athlètes lancent après une phase d'élan (deux moulinets de bras, trois rotations du corps). || Lancement, lancer du marteau. || Cage de lancement du marteau. — Exercice consistant à lancer le marteau. ⇒ Lancer, n. m. || Être champion au marteau.
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DÉR. (Du même rad.) Martel, martelet, martelette.
COMP. Marteau-pilon, marteau-piolet, marteau-revolver.
Encyclopédie Universelle. 2012.