fourneau [ furno ] n. m. I ♦
1 ♦ Techn. Four de forme et de matière variables, dans lequel on soumet à un feu violent certaines substances à fondre, à calciner. Fourneau à bois, à charbon. Fourneau de forge, de chaufferie. Fourneau de fusion des métaux (⇒ fonderie) , d'affinage. Bas fourneau : four à cuve (pour l'élaboration de la fonte, des ferroalliages). (mil. XVIIIe) Fourneau de sidérurgie. ⇒ haut fourneau.
2 ♦ Vieilli Appareil fixe où l'on brûlait du bois, du charbon et sur lequel on faisait chauffer l'eau, cuire les aliments. ⇒ cuisinière. Foyer, four, sole, plaque d'un fourneau. Fourneaux en fonte. — Loc. Être à ses fourneaux : faire la cuisine. Le chef est aux fourneaux.
♢ Vx Appareil portatif servant à faire cuire ou chauffer. ⇒ réchaud. Fourneau à gaz.
II ♦
1 ♦ (1671) Fourneau de mine : cavité dans laquelle on met une charge d'explosifs.
2 ♦ (1808) Partie évasée d'une pipe où brûle le tabac. Fourneau et tuyau d'une pipe. De petites pipes « pas plus grosses de fourneau qu'un dé de jeune fille » (Giono).
● fourneau nom masculin (ancien français forn, four) Sorte de four dans lequel on soumet à l'action de la chaleur diverses substances que l'on veut chauffer, cuire, sécher, calciner ou fondre. Appareil de cuisson moins haut qu'une cuisinière, qu'on pose sur un support. Partie de la pipe dans laquelle brûle le tabac. Cavité contenant la charge d'explosif destinée à la destruction d'un pont ou d'un bâtiment. ● fourneau (difficultés) nom masculin (ancien français forn, four) → haut-fourneau ● fourneau (expressions) nom masculin (ancien français forn, four) Bas fourneau, four à cuve basse en général électrique, utilisé pour élaborer de la fonte ou des ferro-alliages à partir de minerais pauvres. Être aux fourneaux, faire la cuisine. ● fourneau (synonymes) nom masculin (ancien français forn, four) Cavité contenant la charge d'explosif destinée à la destruction d'un...
Synonymes :
- mine
fourneau
n. m.
d1./d Appareil pour cuire les aliments. Le foyer, la grille d'un fourneau. Fourneau électrique, à gaz.
|| (Québec) Four. Retirer le poulet du fourneau.
|| (Afr. subsah.) Fourneau malgache ou fourneau: réchaud à charbon de bois servant à la cuisson des aliments et au chauffage.
d2./d TECH Appareil servant à soumettre une substance à l'action du feu. Haut-fourneau: V. ce mot.
d3./d Fourneau de pipe: partie d'une pipe où brûle le tabac.
|| Fourneau de mine: excavation dans laquelle on place une charge explosive.
⇒FOURNEAU, subst. masc.
A.— 1. Appareil (ou, quelquefois, ouvrage en maçonnerie) conçu pour produire et entretenir un feu vif en vue du traitement ou de la transformation des objets ou produits qui lui seront soumis. Allumer un fourneau; fourneau à gaz, de fonte. Les colons eurent le temps (...) de construire un fourneau de briques d'une disposition particulière (VERNE, Île myst., 1874, p. 157). En bas, dans la cabine, il y avait toujours du feu, couvant au fond du fourneau de fer (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 65).
— P. anal. :
• 1. ... on avait délaissé les galeries supérieures, pour ne surveiller que la galerie du fond, dans laquelle flambait le fourneau d'enfer, l'énorme brasier de houille, au tirage si puissant, que l'appel d'air faisait souffler le vent en tempête, d'un bout à l'autre de la fosse voisine.
ZOLA, Germinal, 1885, p. 1366.
— P. métaph. Des êtres qu'il ne sera plus nécessaire d'éprouver dans le fourneau de l'humiliation, comme dit la Bible (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 196).
Rem. On emploie plus gén., en ce sens, le synon. creuset.
2. Spécialement
a) CUIS. Fourneau de cuisine; coin du fourneau; (faire) bouillir sur le fourneau; plaque de fourneau; garnir un fourneau. Un petit garçon de quatre ou cinq ans (...) assis par terre devant un fourneau d'où montait une fumée de plats tenus au chaud (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hautot, 1889, p. 264). Daru (...) alluma le petit fourneau à butagaz (CAMUS, Exil et roy., 1957, p. 1616) :
• 2. ... occupant l'âtre de la cheminée, il y avait un fourneau moderne, un large fourneau de fonte, dont les garnitures de cuivre luisaient. Il était rouge, on entendait bouillir l'eau du coquemar. Une casserole, pleine de café au lait, se tenait chaude, à l'un des bouts.
ZOLA, Rêve, 1888, p. 12.
♦ P. méton. Foyer (du fourneau). Quinette, avec des bûches, du papier de journal, du petit bois, alluma du feu dans le fourneau de sa cuisinière (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 95).
— P. ell. Activité liée au fourneau ou, plus généralement, ensemble des travaux culinaires. Mademoiselle Mimi était digne de l'écharpe azurée dont on décore les impératrices du fourneau (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 149). Un petit restaurant tenu par une ancienne cuisinière ayant vingt ans de fourneau chez des bourgeois cossus (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 15).
♦ Au plur. [P. réf. aux fourneaux équipés de plusieurs feux] Être aux fourneaux. Faire la cuisine. Debout aux fourneaux, le cuisinier faisait bouillir pour le déjeuner un nombre raisonnable de casseroles luisantes (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 180). Ce louchon d'Augustine, qui surveillait les fourneaux, devait manger sur ses genoux (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 573).
— P. ext. Fourneau philanthropique (Ac. 1932). Établissement de charité qui distribue, gratuitement ou à très bas prix, de quoi manger. Les fourneaux israélites, institution de bienfaisance (...) lui trempent pour un sou une soupe énorme (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 96).
b) MAR., au plur. Foyer(s) de la chaudière d'un navire. Charger, décrasser les fourneaux. (Dict. XXe s.).
c) TECHNOL. [Pour les manipulations chim. effectuées en laboratoire] C'est là que j'installai un petit fourneau à alcool, mes matras et mes appareils (GIDE, Si le grain, 1924, p. 440) :
• 3. Il avait transformé en un vaste laboratoire une salle de la Noiraude, nom donné dans le pays au château qu'il habitait à cinq minutes de Véteuil. Il y passait les journées entières, penché sur ses fourneaux, toujours aussi âpre, ne pouvant parvenir à satisfaire ses curiosités.
ZOLA, M. Férat, 1868, p. 44.
♦ Haut(-)fourneau. Grand appareil où l'on entretient un feu très vif, destiné au traitement du minerai de fer et qui permet d'en extraire la fonte. Sur les trois hauts fournaux des forges de Marchiennes, deux seulement étaient allumés (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1137). Les hauts-fourneaux déversaient leur coulée de métal en fusion, dont l'éclat brûlait les yeux, sous un crépitement d'étincelles (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 209). Elle allait mourir aux pieds des hauts-fourneaux empanachés de flammes (BEAUVOIR, Mandarins 1954, p. 519).
B.— [P. anal. de forme et/ou de fonction]
♦ Fourneau de pipe. Partie évasée de la pipe, où le fumeur met et brûle le tabac. Une superbe pipe d'argent ciselé, fort massive, avec fourneau en écume de mer (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1836, p. 30). Il reluqua le fourneau vide de sa pipe (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 340).
♦ Fourneau de mine. Cavité où sont introduits des explosifs en vue de faire sauter un élément naturel (rocher) ou une construction :
• 4. Le lieutenant eut un geste de muette colère. Les fourneaux de mine étaient chargés, raconta-t-il; seulement, la veille, après s'être battu quatre heures pour reprendre le pont, on avait oublié d'y mettre le feu.
ZOLA, Débâcle, 1892, p. 208.
Rem. Emploi vieilli de ce terme appliqué à une pers. comme d'injure. Synon. imbécile. — Ne gueulez donc pas comme ça, tas de fourneaux, vous allez faire sortir le poste! C'est t'y donc que vous êtes saouls? (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, 2e part., 4, p. 132).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1165 « sorte de four dans lequel on fait brûler certaines substances » (Troie, 3135 ds T.-L.); en partic. 1783-88 haut-fourneau (BUFF., Min., t. IV, p. 95 ds LITTRÉ); b) 1668 « appareil composé de vaisseaux ou de foyers utilisé pour certaines opérations chimiques » (MOLIÈRE, L'Avare, II, 1); c) 1690 fourneau ... pour faire des confitures (FUR.); d) 1881 pop. « empoté, imbécile » (RIGAUD, Dict. arg. mod., p. 181); e) 1901 « foyer de la chaudière d'un navire » (Nouv. Lar. ill.); 2. a) 1636 « fourneau à charbon » (MONET : les tas de copeaus pour faire charbon, etans dressés an voute, sont anduits de terre grasse, à guise de Fourneau); b) 1671 « fourneau de cuivre » (POMEY); c) 1808 « partie évasée d'une pipe où l'on brûle le tabac » (BOISTE). Dér. de l'anc. forme forn de four; suff. -eau. Fréq. abs. littér. : 610. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 488, b) 1 357; XXe s. : a) 1 427, b) 591. Bbg. QUEM. DDL t. 5.
fourneau [fuʀno] n. m.
ÉTYM. XIIe, fournel; dimin. de l'anc. franç. forn « four ».
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1 (XIVe). Techn. et cour. Appareil dans lequel on soumet à un feu violent certaines substances à fondre, à calciner. ⇒ Four. || Ouverture, voûte d'un fourneau (⇒ Couronne). || Appel d'air, tirage d'un fourneau. ⇒ Aspirail, cheminée. || Enduit, chemise réfractaire permettant les hautes températures dans les fourneaux. ⇒ Brasque. — Fourneau à bois, à charbon, où l'on brûle du bois, du charbon. — Fourneau à réverbère, muni d'un dôme ou réverbère pour rabattre la chaleur. ⇒ Fournette, galère. — Fourneau à fondre le verre, pour fondre le verre. — Fourneau de forge, de chaufferie. || Fourneau de fusion des métaux (⇒ Fonderie), d'affinage (⇒ Finerie; cubilot). — Allumer, éteindre (cit. 49) un fourneau.
1 (…) une série d'eaux-fortes (…) représentant les bords de la Tamise; merveilleux fouillis d'agrès, de vergues, de cordages; chaos de brumes, de fourneaux et de fumées tire-bouchonnées (…)
Baudelaire, Curiosités esthétiques, XIII.
♦ (1872). Techn. || Bas fourneau : four à cuve (pour l'élaboration de la fonte, des ferro-alliages).
♦ (Mil. XVIIIe). || Haut fourneau : grand four à cuve destiné à fondre le minerai de fer et dans lequel le combustible est en contact avec le minerai. — REM. Les hauts fourneaux étaient autrefois appelés forges. — Les hauts fourneaux, hautes constructions en briques réfractaires armées extérieurement de frettes d'acier et refroidies par circulation d'eau, ont la forme de deux troncs de cône accolés par leur grande base (⇒ Étalage, ventre), prolongés vers le bas d'une partie cylindrique (⇒ Ouvrage; creuset) qu'aère une puissante soufflerie (⇒ Buse, récupérateur, tuyère). || Le combustible, le minerai et le fondant sont introduits par la partie supérieure du haut fourneau (⇒ Gueulard, trémie) où ils sont soumis à une température très élevée; la coulée de fonte et les déchets (⇒ Cadmie ou calamine, laitier, scorie) sortent séparément dans la partie inférieure (⇒ Dame). || Oxydation du fer dans le haut fourneau. ⇒ Créma. || Casse, appareils fumivores d'un haut fourneau. || Anciens hauts fourneaux à charbon de bois; haut fourneau à coke, haut fourneau électrique. || Les hauts fourneaux des fonderies lorraines. — Par ext. Usine qui possède au moins un haut fourneau. || Les hauts fourneaux de Lorraine.
2 J'ai établi, dans ma terre de Buffon, un haut fourneau avec deux forges : l'une à deux feux et deux marteaux, et l'autre à un feu et un marteau; j'y ai joint une fonderie, une double batterie, deux martinets, deux bocards (…)
Buffon, Hist. des minéraux, t. IV, p. 95.
2.1 C'était donc le premier, l'oxyde de fer, qu'il fallait réduire par le charbon, c'est-à-dire débarrasser de l'oxygène, pour l'obtenir à l'état de pureté. Cette réduction se fait (…) par la méthode des hauts fourneaux, qui change d'abord le minerai en fonte, puis la fonte en fer, en lui enlevant les trois à quatre pour cent de charbon qui sont combinés avec elle.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 192.
3 Les anciennes forges étaient localisées près du combustible dans le voisinage des forêts. Avec l'emploi du coke les hauts fourneaux s'installent de préférence près du minerai, à moins que ce dernier ne puisse être amené à bon compte par voie d'eau.
Jean Brunhes, la Géographie humaine, t. I, p. 511.
2 (1690). Cour. Appareil fixe ou portatif où l'on brûle du bois, du charbon et sur lequel on fait chauffer l'eau, cuire les aliments. || Foyer, four, sole, plaque, grille, porte, tirette, buse, cheminée d'un fourneau. || Cavités d'un fourneau recouvertes d'anneaux en fonte pour poser les récipients de tailles diverses et les mettre en contact avec la flamme. || Anciens fourneaux en brique ou en maçonnerie; fourneaux en fonte, en tôle émaillée. || Fourneau de cuisine. ⇒ Cuisinière. || Petit fourneau. ⇒ Huguenote. || Allumer un fourneau. || Bouillotte (cit. 1) qui chauffe sur le fourneau. — Par ext. Appareil portatif servant à faire cuire ou chauffer. ⇒ Réchaud. || Fourneau à gaz (→ Cuisine, cit. 4), à alcool, à pétrole, à essence. || Fourneau électrique.
4 Sur le fourneau, un civet de lièvre chantait dans la casserole.
France, le Petit Pierre, XVII.
5 (…) il guettait une marmite qui bouillonnait sur le fourneau (…)
Huysmans, Là-bas, IX.
♦ Par ext. Grand poêle de fonte, de tôle. ⇒ 2. Poêle.
♦ ☑ (Av. 1880; par référence aux appareils comportant plusieurs foyers). Au plur. Être aux fourneaux : faire la cuisine.
3 (1833, « vagabond », en parlant d'un habitué des fourneaux de charité, sortes de « soupes populaires »). Fam. et vieilli. Personnage méprisable.
6 Fourneau ! intervient Brague sans élever la voix. Quand tu auras fini de jacter !
Colette, la Vagabonde, p. 108.
6.1 — Grand-père ! c'est ta petite-fille Sylvie qui te cherche. Montre-toi, vieux fourneau. Tu vas encore rentrer rond comme une soucoupe. Tu vas dégueuler dans l'escalier comme avant-hier.
M. Aymé, le Vin de Paris, « La bonne peinture ».
4 Chim. Appareil composé de vaisseaux et de foyers, utilisé pour certaines opérations chimiques. || Fourneau de laboratoire. || Fourneau à distiller. || Fourneau de coupelle. || Fourneau d'affineur, de pharmacien.
7 Plus, un fourneau de brique, avec deux cornues, et trois récipients, fort utiles à ceux qui sont curieux de distiller.
Molière, l'Avare, II, 1.
➪ tableau Vocabulaire de la chimie.
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II
1 (1636). Vx. || Fourneau à charbon : meule de bois dans laquelle on ménage une cheminée, et qui se transforme en charbon de bois par combustion lente.
2 (1671). || Fourneau de mine : cavité dans laquelle on met une charge d'explosifs destinée à faire sauter un rocher, un ouvrage. ⇒ Camouflet, chambre (d'une mine). || Compassement des fourneaux de mine; faire jouer les fourneaux.
8 (…) on résolut de ne faire jouer qu'à la dernière extrémité les fourneaux (…)
Racine, le Siège de Namur.
3 (XXe). Mar. || Fourneau de foyer : espace compris entre la grille et la surface de chauffe des chaudières. — Au plur. Foyers de la chaudière.
4 (1808). Partie évasée (d'une pipe) où brûle le tabac. || Fourneau et tuyau d'une pipe. || Pipe à grand, à petit fourneau. || Fourneau en terre (→ Calumet, cit. 2), en bois sculpté, en porcelaine, en écume de mer.
9 C'était une pipe en terre de deux sous, à long tuyau, et dont l'intérieur du fourneau était un peu noirci.
Ch.-L. Philippe, Père Perdrix, I, IV.
10 (…) de petites pipes (…) pas plus grosses de fourneau qu'un dé de jeune fille.
J. Giono, Jean le Bleu, I.
Encyclopédie Universelle. 2012.