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mine

1. mine [ min ] n. f.
XVe; p.-ê. bret. min « bec, museau »
I(Aspect physique)
1Vx Aspect, apparence du corps. 2. air, allure, maintien. Un homme « de grande mine et de grande tournure » (Gautier). prestance, tenue.
2Mod. Aspect extérieur, apparence naturelle ou affectée (par oppos. à la nature profonde, aux sentiments). 2. extérieur. C'est un passionné, sous sa mine tranquille. Juger des gens sur ( ou d'après) la mine. Fig. (Choses) Un rôti de bonne mine, appétissant.
Loc. Ne pas payer de mine : avoir un aspect extérieur qui n'est pas à son avantage. « C'était un garçon de petite taille et qui ne payait pas de mine. Il était maigre, noiraud » (Duhamel). Une petite auberge qui ne paie pas de mine, mais où l'on mange très bien. Faire mine de (et inf.) :paraître disposé à; faire semblant de. « l'autre a fait mine de lui donner un coup de tête » (Camus). Fam. et iron. Avoir bonne mine, l'air emprunté, ridicule. — Fam. Mine de rien : sans en avoir l'air, comme si de rien n'était. Tâche de lui tirer les vers du nez, mine de rien, en douce.
II(Aspect du visage)
1(XVIe) Aspect du visage qui est l'expression de l'état de santé. Avoir bonne, mauvaise mine. Avoir une mine de papier mâché, de déterré, très mauvaise mine. Mine défaite. Tu en as une sale mine ! Absolt Tu en as une mine !
2Aspect du visage, expression du caractère ou de l'humeur. figure, physionomie. Mine boudeuse, renfrognée, soucieuse. Mine enjouée, éveillée. minois. « Il y a des mines de déconfits bien réjouissantes à voir » (Flaubert). Faire triste mine : avoir l'air déçu, dépité. Faire une mine de dix pieds de long. tête. Faire bonne mine à tous. accueil. Loc. Faire grise mine (à qqn) : accueillir (qqn) avec froideur, déplaisir.
III(XVIe) Au plur. Jeux de physionomie, attitudes, gestes. Petites mines gracieuses d'un bébé. Les mines d'un comique.
Péj. Mines affectées. 2. affectation, façons, manières, minauderie , simagrée. Faire des mines : chercher à séduire, à plaire par des manières affectées. Coquette qui fait des mines. minauder, poser.
mine 2. mine [ min ] n. f.
• 1314; p.-ê. gallo-roman °mina, mot celtique
I
1Vx Minerai. « Mine métallique » (Buffon). Mod. (dans des expr.) Mine de platine : alliage naturel de métaux de la famille du platine. — (XVe) Mine de plomb : graphite, plombagine.
2(XXe) Petit bâton de graphite, et par ext. de toute matière laissant une trace, qui constitue la partie centrale d'un crayon. Crayon à mine dure, tendre. Mettre une mine rouge dans un portemine.
II(1314 « le terrain où se trouve le minerai »; répandu XVIIe)
1Terrain d'où l'on peut extraire un métal, une matière minérale utile, qui s'y trouve sous forme de gisement ( gîte) ou d'alluvions. Mine souterraine, à ciel ouvert. 1. carrière, minière. Région de mines : bassin minier. Filons, veines d'une mine. Mine de cuivre, de fer, d'or, de diamants. Mine de houille ( houillère) , de sel gemme ( saline) . Mine de soufre. soufrière.
Fig. Source inépuisable. filon, fonds, gisement. Ce livre est une mine de renseignements. Ce type est une mine d'érudition, un puits de science. « C'est une mine inépuisable de bons sentiments » (Flaubert). Mine d'or : ressource fructueuse pouvant être développée ou exploitée avec profit. ⇒ trésor .
2Dr. Masse de substances précieuses, utiles, contenues dans une mine. Nationalisation des mines de combustibles minéraux.
3(répandu XVIIIe; d'expr. telles que la coupe, l'exploitation d'une mine[1o, 2o]) Cavité pratiquée dans le sous-sol et ensemble d'ouvrages souterrains aménagés pour l'extraction d'un minerai. Galerie, puits de mine. Travailler à la mine, en surface ou au fond ( 2. mineur) . Travail des mines. abattage, havage, herchage, roulage.
Par ext. Installations de surface, bâtiments de la mine (machines d'extraction, ateliers, locaux sanitaires et administratifs). Carreau de la mine. Mine désaffectée.
Admin. LES M INES : administration spécialisée dans l'étude géologique des terrains, la topographie et l'exploitation du sous-sol, et la direction de tout travail en souterrain (tunnels). École, ingénieur des Mines.
Absolt Mine de charbon. charbonnage, houillère. Coup de grisou dans une mine. « c'est joli, cinquante ans de mine, dont quarante-cinq au fond ! » (Zola). Terril d'une mine.
III(XVe)
1Vx Galeries de sape.
2(XVIe) Excavation pratiquée sous un ouvrage pour le faire sauter au moyen d'une charge; cet explosif. « les Allemands creusent une mine » (Dorgelès). Chambre, fourneau, trou de mine. Mettre le feu à une mine. Coup de mine (explosion).
3(1915) Cour. Engin explosif, dont le dispositif de mise à feu se déclenche au passage d'un véhicule (mines antichars), d'un homme (mines antipersonnel) ou à distance. Amorcer, piéger une mine. Neutralisation des mines ( déminage) . Champ de mines. Détecteur de mines.
Engin explosif immergé, fixé au fond par un câble (mine dormante), ou flottant entre deux eaux (mine flottante). Mine magnétique. Dragueur, mouilleur de mines. Navire qui saute sur une mine.

Mine petit bâton constitué d'une matière qui laisse une trace sur le papier et formant l'axe d'un crayon.

mine
n. f.
d1./d Expression du visage, physionomie d'une personne, en tant qu'indice de son état de santé. Avoir bonne mine, mauvaise mine.
d2./d Expression du visage, physionomie d'une personne, en tant qu'indice de son humeur, de son caractère, de ses sentiments. Une mine réjouie. Juger qqn sur sa mine.
Loc. (Afr. subsah.) Avoir la mine serrée: être renfrogné.
|| Contenance que l'on prend, air que l'on affecte.
Faire bonne (triste, grise) mine à qqn, bien (mal) l'accueillir.
Faire mine de (+ inf.): faire semblant de; paraître prêt à.
Mine de rien: en ayant l'air de rien.
|| Plur. Faire des mines: avoir un comportement affecté. Syn. (Antilles fr.) faire des dièses.
d3./d Tournure. Un homme de fort belle mine.
|| Loc. Ne pas payer de mine: ne pas se présenter à son avantage.
————————
mine
n. f.
rI./r
d1./d Gisement, le plus souvent souterrain, d'où l'on extrait une substance métallique ou minérale. Mine de phosphate, de diamant.
|| Fig. Une mine d'or: une source de profits considérables et continus.
Cette bibliothèque est une mine de renseignements.
d2./d Excavation pratiquée pour exploiter un tel gisement. Descendre au fond d'une mine.
d3./d Ensemble des machines et des installations nécessaires à cette exploitation.
rII./r
d1./d Excavation dans laquelle on place une charge explosive destinée à détruire un ouvrage; cette charge elle-même.
d2./d Engin de guerre conçu de manière à faire explosion lorsqu'un homme, un véhicule, un navire, etc., passe à proximité. Mine antichar, sous-marine.
rIII/r Mince baguette de graphite ou de matière colorée constituant la partie centrale d'un crayon.
Mine de plomb: graphite utilisé pour faire la mine des crayons, plombagine.
|| (Afr. subsah.) Syn. de crayon (sens 2); Syn. de stylo à bille.

I.
MINE1, subst. fém.
I. Vieilli. Aspect physique.
A. — 1. [En parlant d'une pers.; s'emploie uniquement sous la forme de loc.] Aspect extérieur, allure générale et impression qu'elle produit sur autrui.
a) Loc. adj. De (bonne, grande) mine; de (petite, mauvaise) mine. Dont l'apparence, l'allure laissent apparaître l'appartenance à une catégorie sociale élevée ou modeste. Un homme était si pauvre et de si pauvre mine Que son porte-monnaie était couvert d'épines (JAMMES, Géorgiques, chant 6, 1912, p.47):
1. ... elle vit passer quelqu'un de si grande mine qu'elle demanda son nom. — «Son Altesse Royale Monseigneur le Prince Robert de Courtenay, ayant droit au trône,» dit Gadagne.
PÉLADAN, Vice supr., 1884, p.153.
b) Loc. verb.
Avoir bonne mine. Avoir belle allure, faire bonne impression. Vous avez bonne mine à cheval, Alain. — Monsieur est trop obligeant. Mademoiselle a meilleure mine que moi (FEUILLET, Rom. j. homme pauvre, 1858, p.126):
2. Un jeune homme, qu'un monsieur important et distingué aborde pour lui confier une commission délicate (...) et l'associer à sa fortune, est quelqu'un qui a bonne mine, et qui ne finira pas peintre en bâtiment.
ROMAINS, Homme bonne vol., 1932, p.257.
Par antiphrase, fam. Avoir l'air ridicule. Je devais avoir bonne mine les quatre fers en l'air dans mon voiturin (QUENEAU, Pierrot, 1942, p.33).
Avoir la mine de + subst. désignant une catégorie soc., un grade. Avoir l'air, l'apparence de. Deux ou trois [des soldats] cherchaient parmi les passants un citoyen qui eût la mine d'un savant (BALZAC, Chouans, 1829, p.70). Il avait, ainsi armé, la mine d'un prince (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p.242).
Avoir la mine de + inf. Avoir l'air de. Tous ces gens-là ont la mine de se bien porter (COURIER, Lettres Fr. et It., 1821, p.906). Mlle Barbereu son associée et maîtresse, fille active, commune, de trente ou trente-cinq ans, qui m'avait fort la mine de faire des scènes et des cornes à son amant et de le désennuyer ferme (STENDHAL, H. Brulard, t.1, 1836, p.397).
c) Arg. et pop., loc. nom. Mine-de-rien. Propre-à-rien. Hé, Min' de rien, j'te cause! (...) Tu m' rappell', sais-tu bien, Feu défunt l'as de piq', ton ancêtr', Min' de rien! (ESNAULT, Notes compl. Poilu, [1919] 1956).
2. Fam. [En parlant d'un inanimé] Aspect. Ne vous effrayez pas trop de la pauvre mine de ma maisonnette, dit le marquis à son hôte (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t.1, 1857, p.64).
a) Loc. adj. De (bonne, mauvaise) mine. Dont l'apparence, l'état laissent apparaître certaines caractéristiques. Au milieu de ces tanières s'élève un haut bâtiment de bonne mine, à larges fenêtres (DU CAMP, Hollande, 1859, p.121). C'était une plante de triste mine, herbacée, à feuilles alternes (VERNE, 500 millions, 1879, p.139).
b) Loc. verb. Avoir bonne mine. Avoir belle apparence. Ses fruits déguisés avaient aussi bonne mine que ceux des confiseurs (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p.93).
B. —[En parlant d'une pers.] Aspect purement extérieur par opposition à sa nature profonde, à son caractère. Synon. apparence. C'est ainsi qu'elles se jettent dans les bras du premier niais venu, confiantes en sa grande mine (ZOLA, Contes Ninon, 1864, p.134). Eh bien! ça prouve que tu es plus fort que tu n'en as la mine (A. DAUDET, Jack, t.2, 1876, p.205).
1. Loc. adv. Sur la mine. Sur l'apparence extérieure. Il paraît qu'il ne faut pas juger les gens sur la mine (GRACQ, Syrtes, 1951, p.265). Je me confie à vous, sans précautions, sur votre seule mine (CAMUS, Chute, 1956, p.1478):
3. Ces personnages [de la Reddition de Bréda par Velasquez] n'auraient pas besoin de faire leurs preuves pour être admis dans les ordres de Santiago et de Calatrava. Ils seraient reçus sur la mine, tant ils sont naturellement hidalgos.
GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p.277.
2. Loc. verb.
Fam. Faire mine de rien. Ne manifester aucun sentiment, aucune réaction. Synon. faire comme si de rien n'était:
4. Dès que j'eus atteint l'âge de cinq ans personne ne put plus douter que j'étais sa fille [du comte de Vigenève] et que ma mère femme d'une petite taille avait fauté avec notre aristocrate patron. Mon père qui n'était guère grand fit mine de rien car il craignait les baffes de son épouse...
QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p.213.
Loc. adv., fam. Mine de rien. Sans en voir l'air. Mine de rien, je sors, je rentre, et si j'oublie un peu ma petite famille, au nom d'un excès de travail, qu'on veuille bien m'en excuser (H.BAZIN, Qui j'ose aimer, 1956, p.149).
Fam., vieilli. Payer de mine. Avoir belle apparence mais peu de qualités ou de santé. Il paie de mine, mais au fond c'est un sot. Je paye de mine, mais je ne me porte pas bien (Ac. 1835, 1878).
Rem. Cette loc. s'emploie plutôt de nos jours à la forme négative et en parlant indifféremment d'animés ou d'inanimés. Ne pas payer de mine (fam.). Ne pas avoir belle apparence, mais avoir en revanche d'excellentes qualités. L'hôtel ne paie pas de mine, mais la cuisine est à se lécher les doigts — toute au beurre (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p.991). J'entends bien qu'il faut se garder, surtout en politique de juger les gens sur leur figure. Truman ne payait pas de mine: il fut pourtant le moins mauvais des présidents du dernier quart de siècle (MAURIAC, Nouv. Bloc-notes, 1961, p.280).
Faire mine de + inf. Faire semblant de + inf. Parfois, je faisais mine de me passionner pour une cause étrangère à ma vie la plus quotidienne. Dans le fond pourtant, je n'y participais pas (CAMUS, Chute, 1956, p.1499).
♦[Avec ell. de l'inf.]:
5. ... je te dis ce ne sera qu'illusion que leurre rien n'est possible qu'un mensonge ils feront mine écoute-moi ce ne sera qu'une apparence ils ne t'aimeront jamais ils ne t'accepteront jamais comme un des leurs...
ARAGON, Rom. inach., 1956, p.180.
Rare. Faire mine de + subst. désignant une pers. dans une certaine attitude. Faire semblant d'être. Hélène a dormi ou fait semblant. Je ne sais pourquoi je me crus bêtement obligé de faire mine d'adorateur pendant ce temps (DELACROIX, Journal, 1824, p.81).
II. —Aspect du visage.
A. Vieilli. Visage. Synon. fam. frimousse. Céline, avec (...) ses petits yeux gris, clairs et profonds, ses narines découpées (...) son menton fendu, sa petite mine longue (GONCOURT, Soeurs Philom., 1861, p.36). J'embrasse vos deux mines, et la tienne particulièrement. Ton vieil oncle (FLAUB., Corresp., 1869, p.28).
B. —Aspect du visage reflétant un état de santé. Monsieur Pascal a une bonne santé. Ça se voit à la mine (BOSCO, Mas Théot., 1945, p.41).
Loc. verb.
Avoir bonne mine; avoir une mine florissante, superbe. Avoir un visage reposé et coloré, reflétant une bonne santé. Paule ouvrit: — C'est toi! C'est bien toi! Un moment elle resta immobile dans ses bras et puis elle recula: «Tu as bonne mine; tu es bronzé!...» (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.97).
Avoir mauvaise mine; fam., avoir (une) petite mine, une sale mine, une mine de déterré, une mine à faire peur. Avoir un visage fatigué ou reflétant une mauvaise santé. Panisse: Alors, la petite est encore fatiguée? Honorine: Ah! Ne m'en parlez pas, vé! Elle a encore une mine de papier mâché (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 1er tabl., 3, p.16). Vous paraissez abattu, tout d'un coup. Vous avez les yeux fiévreux et je vous trouve mauvaise mine. Seriez-vous malade? (AYMÉ, Cléramb., 1950, I, 6, p.42).
Fam. Reprendre de la mine. Retrouver un visage reposé et reflétant une bonne santé. Je trouvais Robinson beaucoup moins inquiet à présent qu'au moment de son arrivée. Il avait repris de la mine et trois kilos (CÉLINE, Voyage, 1932, p.567).
C. —Expression du visage reflétant un état d'esprit, un sentiment. Mine avenante, joyeuse, réjouie, souriante; mine bouleversée, dépitée, sévère, tendue. Vous avez vu sans doute ces MM. Hachette. Quelle mine ont-ils fait en lisant ma lettre? (HUGO, Corresp., 1862, p.427). Au milieu des réjouissances survinrent deux cavaliers, et à leur mine on comprit tout de suite ce qui venait de se passer (THARAUD, Mille et un jours Islam, II, 1938, p.179).
1. Loc. verb.
Avoir la mine longue, allongée; faire triste mine; faire une petite mine. Avoir un visage qui exprime du dépit, du désappointement. Spears, la mine longue, m'apportait des télégrammes (...) qui donnaient comme probable que De Gaulle, désespéré, (...) allait renoncer à toute activité (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.109):
6. Un poëte de ses amis, qui ne l'avait pas vu depuis son divorce, le rencontra un soir; Rodolphe paraissait affairé et soucieux (...). Voyant qu'il avait la mine allongée, il crut devoir prendre un ton condoléant. — Allons, du courage, mon cher...
MURGER, Scène vie boh., 1851, p.257.
Fam. Faire la mine; faire sa mine; faire grise mine; faire une mine de trois pieds de long. Synon. faire la tête, faire la gueule (pop.). Elle m'a fait une mine de trois pieds de long (MÉRIMÉE, Lettres Grasset, 1838, p.122). M. Lechevallier qui, depuis trois ans, me faisait grise mine, est devenu tout miel aux premiers compliments que je lui ai glissés (GIDE, Journal, 1930, p.1003).
Faire froide mine (à qqn). Refuser de l'accueillir ou l'accueillir avec froideur. Depuis quelque temps Vauxdoré ne vient plus chez son ami Troupeau, qui ne lui proposait jamais une partie, et dont la femme lui faisait froide mine (KOCK, Pucelle, 1834, p.196).
Faire bonne mine (à qqn). Lui réserver un bon accueil ou être d'un abord agréable. La plupart [des soldats] logeaient chez les bourgeois; mais, pour dire la vérité, les gens ne nous faisaient pas bonne mine (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.2, 1970, p.158):
7. Je fréquente quelquefois des gens qui m'ont volé et calomnié, et je leur fais aussi bonne mine qu'à d'autres, parce que, dans le fond, je les aime tout autant, ou tout aussi peu que d'autres.
FLAUB., Corresp., 1847, p.2.
2. Expr. Faire bonne mine en/à mauvais jeu. Dissimuler sa tristesse, ses soucis en manifestant une gaieté ou un calme affectés:
8. ... j'ai un bon moyen de supporter votre absence, j'ai découvert que vous étiez présent dans votre livre. Présence réelle, celle-là. Cependant, en disant ceci, je fais bonne mine à mauvais jeu. Au fond, je suis triste. Si je vous manque un peu, vous me manquez beaucoup.
HUGO, Corresp., 1873, p.341.
III.Au plur. Jeux de physionomie; expressions du visage. J'espérais lui ouvrir le coeur avec les gestes de l'enfant, ses petites mines, ses cheveux fins qu'elle aimait tant à coiffer (A.DAUDET, Évangéliste, 1883, p.284). Malgré les mines affligées de Mme Loiseau, les Slavsky passaient tout leur temps à la villa de Louise (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.232).
Loc. verb. Faire des mines (à qqn). Faire des signes dans le but de faire comprendre des choses qui ne peuvent être dites. Pendant toute la scène, Rochester [pieds nus, la corde au cou] fait des mines à Francis qu'il a aperçu dans la tribune en entrant (HUGO, Cromwell, 1827, p.371).
♦[En parlant d'une femme] Attirer l'attention par des coups d'œil, des expressions du visage ou des attitudes destinées à séduire. Synon. minauder. Inès: (...) tu te frottais contre lui et tu faisais des mines pour qu'il te regarde. Estelle: Et après? (SARTRE, Huis clos, 1944, 5, p.139).
Prononc. et Orth.:[min]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) XIVe s. [ms. du XVIe s.] faire mines «faire des grimaces» (Combat de Saint Pol contre les Carmois, 336 ds Trouvères belges, éd. A.Scheler, t.1, p.254); 1464 faire faulce myne (La Farce de Maistre Pathelin, éd. J.-Cl. Aubailly, 1246); b) fin XVe s. faire bonne mine «avoir un air de gaieté et de satisfaction, quels que soient les sentiments véritables» (Repues franches II, 147 ds RENSON, p.398); 1476 monstrer bonne mine (J.MOLINET, Chroniques, éd. G. Doutrepont, t.1, p.162); 1573 faire la mine à qqn «manifester sa méchante humeur» (Facétieuses nuits II, 133 ds RENSON, p.409); 1588 faire une maigre mine à qqn «faire mauvais accueil à» (MONTAIGNE, Essais, II, 3, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t.1, p.358); 1639 faire bonne mine à qqn «faire bon accueil à» (MAIRET, Solyman, I, 1); 1649 faire triste mine à qqn «faire mauvais accueil à» (SCARRON, Virgile travesti, III, éd. 1786, t.4, p.189); c) ca 1525 faire des mines «exprimer ses sentiments par une mimique appropriée» (Mém. de Rob. de la Marck, seigneur de Fleuranges, p.234 ds LA CURNE); 1611 faire la mine «être de méchante humeur» (COTGR.); d)1558 faire des mines «faire des manières» (DES PÉRIERS, Nouvelles récréations et joyeux deirs, 35, éd. K. Kasprzyk, p.159); 1673 faire des mines à qqn «chercher à plaire à quelqu'un en faisant des manières» (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettre à Mme de Grignan du 21 oct. ds Lettres, éd. Ad. Régnier, t.3, p.247); 1715-1735 «avertir quelqu'un par une mimique significative» (LESAGE, Gil Blas, 255 ds RENSON, p.413); 1619 sans faire mie de rien ([J.CHAPELAIN], trad.: M. ALEMAN, Le Gueux, I, 269 ds QUEM. DDL t.19); 1774 sans faire mine de rien (Le Cri du coeur, 9, ibid.); e) 1527 faire mine de faire qqc. «faire semblant de» (LOYAL SERVITEUR, Hist. de Bayart, 183 ds RENSON, p.411); 2. a) ca 1452 myne «apparence naturelle du visage et de tout le corps qui révèle sentiments ou qualité, fortune ou rang social» (ARNOUL GRÉBAN, Passion, 22407 ds RENSON, 399); 1644 avoir bonne mine «avoir l'apparence d'une bonne santé» (GUEZ DE BALZAC, Discours, 367, ibid.); b) 1538 «mimique par laquelle on exprime ses sentiments réels ou simulés» (EST.); 1542-1549 mines plur. «attitudes, manières affectées par lesquelles on capte l'attention d'autrui» (MARGUERITE D'ANGOULÊME, Heptaméron LXX ds RENSON, p.401); 1580 «signes qu'un muet fait pour faire comprendre ce qu'il ne peut pas dire» (MONTAIGNE, Essais, I, 26, éd. citée, t.1, p.169); c)1616 mine «aspect que présente quelque chose» (A. D'AUBIGNÉ, Tragiques ds Œuvres, éd. E. Réaume et De Caussade, t.4, p.39); d)1640 avoir la mine (d'être + adj.) «avoir l'air, paraître (d'une personne)» (OUDIN Curiositez); e)1669 payer de mine «avoir une apparence qui prévient favorablement» (WIDERHOLD Fr.-All.); 1835 «avoir bonne apparence, mais sans grand fond ou mérite» (Ac.); 1835 ne pas payer de mine (Ac., s.v. payer); f)1954 avoir bonne mine «s'être couvert de ridicule» (M. DE SAINT-PIERRE, Les Aristocrates, XVI ds ROB.). Peut-être empr. au bret. min «bec, museau». L'all. Miene «mine, air» est empr. au fr. FEW t.20, pp.13b-14a. Bbg. DUCH. Beauté 1960, p.157. — QUEM. DDL t.19. — RENSON (J.). Les Dénominations du visage en fr. et ds les autres lang. rom. Paris, 1962, pp.398-415. — SAIN. Sources t.1 1972 [1925], p.383.
II.
⇒MINE2, subst. fém.
I. A. — 1. Vieilli. Substance minérale ou fossile existant à l'état naturel sous terre ou en surface. Synon. mod. minerai. J'ai pourtant jeté en passant un coup-d'œil sur M. Demidow, examinant un échantillon de mine de fer [nom d'un tableau dans une exposition] au milieu des montagnes couvertes de neige où il se promène (JOUY, Hermite, t.3, 1813, p.320). Monceaux de roches de couleur grise, avec des veines noires qui reluisent comme de la mine d'argent (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.210).
2. Mine de/du platine. ,,Minerai de platine où l'on trouve aussi l'osmium, l'iridium, etc.`` (Sc. 1962). Le platine est le principal constituant du minerai appelé mine du platine (Encyclop. Sc. Techn. t.8 1972, p.964).
B. — 1. En partic., vieilli. Mine de plomb.
a) Graphite, plombagine utilisés dans la fabrication des mines de crayon ou pour l'entretien des fourneaux. Mes soldats me paraissaient assez bien faits. Je les traçais à la mine de plomb, en mouillant excessivement mon crayon pour le faire marquer (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.36). Entretien des poêles et tuyaux. — (...) Employez la plombagine ou mine de plomb qui noircit, donne du brillant et empêche la rouille (Lar. mén. 1926, p.315).
Emploi adj. Ciel mine de plomb, comme étamé, d'un violet gris perle, avec une mer plombée et de la cendre verte dessus (GONCOURT, Journal, 1865, p.178).
b) P. méton. Dessin exécuté avec cette substance. Parmi les dessins, un Lion d'Oudry exposé, à la pierre d'Italie, avec un peu de sanguine dans la gueule et les yeux, un dessin croquant, qui ressemble aux mines de plomb de Fragonard (GONCOURT, Journal, 1860, p.805).
2. Mine de crayon ou, absol., mine. Bâtonnet composé d'un mélange de graphite (ou plombagine) et d'argile, de couleur grise ou colorée, enrobé de bois ou placé à l'intérieur d'un porte-mine, et laissant sur un support une trace que l'on peut effacer à la gomme. Crayon à mine dure, grasse, tendre; tailler la mine de son crayon. — (...) La mine de crayons, de quoi est-elle faite? — Avec de la plombagine, une pierre tendre qu'on scie en baguettes et qu'on enferme dans deux moitiés de cylindre de bois (COLETTE, Cl. école, 1900, 233). Je taillais un crayon. Inutile de vous dire que je cassais la mine de seconde en seconde (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p.9).
II. A. — Masse de substances minérales ou fossiles, existant sous terre ou en surface sous la forme de filons, couches ou amas, et contenant des matières métalliques, charbon, bitumes, sels gemmes et autres matières énumérées par le code minier. Mine d'argent, de charbon, de cuivre, de houille, d'or, de plomb, de sel, de soufre, etc.; concessionnaire de mine; exploiter, ouvrir une mine; extraire le minerai de la mine. Le diamant natif, tel qu'il sort des mines, ressemble assez exactement à un morceau terni de gomme arabique (DU CAMP, Hollande, 1859, p.122). Ce procédé (...) entraînait des éboulements et des feux. C'est cependant une des méthodes utilisées dans l'exploitation des mines de fer (E. SCHNEIDER, Charbon, 1945, p.234). L'épuisement quasi total de la mine principale [d'uranium] lors de l'arrêt de son exploitation en 1960 (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p.167).
P. métaph. La vie est la mine d'où j'extrais la littérature qui me reste pour compte (RENARD, Journal, 1905, p.1011).
P. anal. Ensemble d'oeuvres constituant un fonds littéraire ou artistique important. Ce petit musée de La Haye (...) est une inépuisable mine de richesses (DU CAMP, Hollande, 1859 p.34). Ah, cher, la fable grecque est une mine sans fond, un trésor de vérités éternelles... comme les évangiles (MARTIN DU G., Notes Gide, 1951, p.1416).
♦Personne dont la culture ou les connaissances dans certains domaines sont très vastes:
1. C'était une femme très bonne (...) qui avait acquis (...) une connaissance un peu confuse, mais réelle, des rouages d'une société. Pour moi, jeune provincial curieux, elle était une mine de renseignements.
MAUROIS, Climats, 1928, p.27.
Mine d'or. Affaire, ressource susceptible de fournir des bénéfices importants et continus. M. Mercier se leva et lui tapa sur l'épaule: — Vous voilà propriétaire... Une mine d'or, cette maison... — Vous croyez? fit Lecouvreur. Je ne voudrais pas manger l'argent de mon beau-frère (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p.23):
2. Nous apprîmes (...) qu'il y avait à l'Institut catholique même, des catholiques totalitaires. — Voilà une mine d'or, dit Ricarda. Dans cinq ans, elle sera rentable.
ABELLIO, Pacifiques, 1946, p.272.
Arg. et pop. Mine à poivre. Cabaret où l'on boit de l'alcool très fort. Les stations dans les assommoirs, les consolations, les mines à poivre, Jack ne se mêlait à rien (A. DAUDET, Jack, t.2, 1876, p.220). V. aussi cheulard, ex. de Zola, Assommoir, 1877, p.410.
B. — 1. Cavité pratiquée dans le sous-sol et, p. méton., ensemble des travaux et installations (souterrains et de surface) nécessaires à l'extraction et à l'utilisation du minerai. Mine à ciel ouvert; bois, galerie, poteau, puits de mine; éboulement dans une mine; travailler à la mine. La physionomie d'un site que l'on aime est altérée par la moindre mine qui s'y fait (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p.319). Le sous-sol renferme parfois de vastes dépôts de sel. Ces gisements sont exploités comme les autres substances minérales dans des mines (STOCKER, Sel, 1949, p.40):
3. D'autres précautions doivent être prises pour la protection de la mine elle-même, c'est-à-dire pour son assainissement: c'est d'abord l'assèchement de la mine, puis sa ventilation pour diminuer l'élévation de température.
MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p.324.
Carreau de la mine.
(Prisonnier) condamné aux mines. (Prisonnier) condamné au travail dans les mines. Ils avaient vu, durant la folie de Caïus, les meilleurs citoyens (...) condamnés aux mines (A. FRANCE, Pierre bl., 1905, p.58).
2. P. méton., domaine admin., soc. et comm.
a) L'exploitation minière considérée dans son ensemble Directeur de la mine. Il expliquait que la mine ne pouvait être la propriété du mineur, comme le métier est celle du tisserand (ZOLA, Germinal, 1885, p.1381).
b) Au plur. Ensemble des exploitations minières d'un pays. Ils demandent non pas la nationalisation des mines et des chemins de fer, mais leur socialisation (BARRÈS, Cahiers, t.12, 1919, p.54).
C.Au plur. [Souvent avec une majuscule] Les Mines, Service des Mines. Section du ministère de l'industrie ayant surtout pour mission de résoudre les problèmes liés à l'étude géologique des sols, à l'exploitation du sous-sol et aux travaux souterrains qui en découlent. Après de brillantes études, il était sorti le premier de l'École polytechnique et avait choisi le service des mines (LEMAITRE, Contemp., 1885, p.350). Il [le réservoir d'un compresseur d'air] doit être timbré par le service des mines (J. CAHEN, BRUET, Carrières, 1926, p.69):
4. L'avantage du foudroyage est son faible prix de revient. Ses inconvénients (...) ont paru assez graves pour que l'administration des Mines l'ait prohibé par son règlement du 13 août 1911.
E. SCHNEIDER, Charbon, 1945, p.236.
École des Mines. Établissement d'enseignement supérieur technique ayant pour but de former des ingénieurs aptes à diriger les travaux ou recherches dans les exploitations minières. École nationale supérieure des Mines de Paris. Le mariage n'aura pas lieu avant que Bichat soit sorti de l'École des Mines, dans trois ans (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p.69):
5. Le préfet doit, avant la délibération de la commission, faire procéder à l'analyse des eaux et faire vérifier par l'ingénieur des Mines le débit journalier de la source.
BARADAT, Organ. préfect., 1907, p.304.
III. A.Vx, ART MILIT. Galerie creusée sous un ouvrage défensif afin d'en saper les fondations et d'en provoquer l'effondrement. Les mines avaient cet avantage sur la sape, que l'assiégeant n'étant pas en vue, pouvait surprendre son ennemi (MÉRIMÉE, Ét. arts Moy. Âge, 1870, p.290).
Au fig. Machination, complot tramés contre une personne, une institution, un acte gouvernemental dans le but d'en provoquer la destruction, l'effondrement. Je sais que les ennemis qui conduisent l'attaque [pour me faire perdre ma place] connaissent toutes les lois de la sape et de la mine (...). Il s'agit bien entendu de guerre au figuré, mais de perfidie au propre (AMIEL, Journal, 1866, p.495). On a travaillé systématiquement, par toutes les mines et par toutes les sapes, à renier l'acte d'Algésiras (JAURÈS, Eur. incert., 1914, p.413).
Éventer la mine.
ENTOMOL. ,,Galerie creusée par un insecte dans le sol, dans les tissus animaux ou végétaux`` (SÉGUY 1967). Sur les végétaux les mines sont linéaires, serpentines (...), tentiformes (mines en pustules qui peuvent servir d'abri au mineur) (SÉGUY 1967).
B.GÉNIE CIVIL et MILIT. Excavation pratiquée dans la roche ou sous un ouvrage afin de le faire sauter au moyen d'une charge d'explosif; p. méton., cette charge d'explosif. Faire exploser une mine; la mèche de la mine; dispositif de mines. Nous regardâmes passer les hommes, d'un régiment inconnu (...). Le dernier s'arrêta, nous ayant devinés dans l'ombre de la galerie. — Alors, ils [les Allemands] creusent une mine en-dessous?... On est sûrs de sauter (DORGELÈS, Croix bois, 1919, p.166):
6. C'est vrai qu'il y a aussi un plateau: mais on y gèle, et il est couvert d'un million de petites aiguilles de pierres, si solides que, lorsqu'on a tracé une route au travers, il a fallu faire sauter à la mine, une à une, celles qui se trouvaient sur le passage.
MILLE, Barnavaux, 1908, p.177.
P. métaph. L'orpheline (...) sentit toute son irritation tomber devant l'air calme, presque souriant de sa tante. Elle avait redouté une explosion, et elle trouvait la mèche de la mine éteinte (FABRE, Courbezon, 1862, p.306):
7. La vie est indulgente, elle arrange tout, il suffit de se servir d'elle avec ménagement, ainsi qu'on utilise un explosif dangereux, non pour creuser d'un coup la mine, mais pour détruire un par un les obstacles qu'on ne peut réduire par le pic ou la pioche...
BERNANOS, Imposture, 1927, p.392.
Expressions
Trou de mine. Trou creusé pour recueillir une charge d'explosif. Vers le début d'octobre, (...) les Allemands commencèrent à déménager. Ils entaillaient dans les piles des ponts des trous de mine (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.408).
Barre à mine:
8. Il nous fallut longtemps pour nous habituer au bruit de la barre à mine vibrant sourdement dans les fissures; il nous semblait que ce bruit secouait et réveillait la montagne...
ABELLIO, Pacifiques, 1946, p.334.
Coup de mine. Explosion de la poudre. On obtient aussi des coupes franches au moyen de coups de mine dont l'effet est dirigé suivant les directions déterminées (Arts et litt., 1935, p.20-3).
Explosif, poudre de mine. Explosif utilisé dans les travaux de minage. On classe les explosifs en propulsifs (poudre de mine) et en brisants (nitroglycérine) (BOURDE, Trav. publ., 1928, p.103).
C.ART MILIT.
1. ARM. DE TERRE. Engin explosif le plus souvent caché sous terre dont le dispositif de mise à feu se déclenche soit à distance, soit lors d'un passage d'hommes ou de véhicule. Mine antipersonnel; mine antichar; détecteur de mines; désamorcer, neutraliser, poser une mine; sauter sur une mine:
9. ... le caporal B..., petit prêtre angevin à lunettes, complètement éventré par une mine. Il était parti en avant comme volontaire pour récupérer au moins un de ces engins, dont on ne sait pas encore comment ils sont faits.
ABELLIO, Pacifiques, 1946 p.284.
Champ de mines.
2. MAR. Engin explosif immergé, fixé au fond par un câble ou flottant entre deux eaux, dont le système de mise à feu se déclenche par contact avec la coque d'un navire, par influence magnétique ou par phénomène acoustique. Mine à orin; mine acoustique, dérivante; draguer, mouiller des mines. Bien qu'il soit improbable que l'ennemi nous attaque, le risque de heurter une mine flottante demeure considérable (GREEN, Journal, 1945, p.221). Il se construit actuellement un certain nombre de dragueurs de mines antimagnétiques, à carcasse d'aluminium, et bordés en acajou (Industr. fr. bois, 1955, p.11).
REM. Mine(-)orange, (Mine orange, Mine-orange)subst. fém. Couleur orange obtenue par calcination de la céruse. Les couleurs les plus en usages sont: (...) Rouge mat. — Vermillon, minium, mine orange, (...) laque commune, carmin ordinaire (P. ROUSSET, Trav. pts matér., 1928, p.77).
Prononc. et Orth.:[min]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1220 «lieu souterrain où gisent des métaux, des minéraux; cavité creusée dans le sol pour extraire les métaux, les minéraux» (Anseïs de Carthage, 3383 ds T.-L.); b) 1300 «minerai renfermant quelque substance métallique» (Recueil de lettres anglo-françaises, éd. F. J. Tanquerey, p.73); c) 1636 mine de plomb «minerai de plomb» (MONET); 1690 «graphite plombagine, dont on fait les mines de crayon» (FUR.); 1680 mine (RICH.); d) 1694 mine d'or «affaire qui fournit des profits continus et abondants» (LA BRUYÈRE, Caractères ds Œuvres, éd. G. Servois, t.2, p.293); av. 1778 mine (d'idées) «source inépuisable» (VOLTAIRE ds Lar. 19e); 1835 mine de savoir, d'érudition (Ac.); 2. a) fin XIVe s. mine «cavité pratiquée dans les sièges sous des murailles pour les faire tomber» (FROISSART, Chroniques, éd. G. Raynaud, t.9, p.33); b) 1578 «cavité souterraine pratiquée sous un rempart, un roc pour les faire sauter au moyen d'explosifs» (BELLEAU, Œuvres poétiques ds FEW t.6, 1, p.642a); c)1559 esventer une, la mine «pénétrer un dessein secret et empêcher qu'il ne réussisse» (AMYOT, Vie des hommes illustres, Préf. f° a V r°),1666 «pratique secrète, machination» (FURETIÈRE, Roman bourgeois, I, 41 ds ROB.); d)1618 faire jouer la mine «mettre le feu à» (A.D'AUBIGNÉ, Histoire universelle, t.2, p.360); 1697 «exécuter un complot» (REGNARD, Le Distrait, V, 8 ds LITTRÉ); e) 1915 mar. drague-mines (Lar. mensuel, juill., III, 487a ds QUEM DDL t.16); 1918 mine flottante (MAUROIS, Silences Bramble, p.105); 1943 «engin explosif enterré et camouflé» (GIDE, Journal, 29 mai ds ROB.). Du gaul. meina «métal brut» (FEW t.6, 1, p.645a). Bbg. QUEM. DDL t.16.
III.
⇒MINE3, subst. fém.
Ancienne mesure de capacité utilisée pour les grains et les matières sèches et correspondant à environ 78,73 litres, c'est-à-dire six boisseaux ou la moitié d'un setier. Faire étalonner une mine; mine de froment, de blé, de sel; ces chevaux ont mangé une mine d'avoine (Ac. 1798-1878).
Prononc. et Orth.:[min]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1160-74 (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 10852). Altération de émine (hémine); cf. le b. lat. mina, de même sens, attesté dès le Xe s. (G. ROTH, Polyptychon des hl. Remigius, 53).
IV.
⇒MINE4, subst. fém.
ANTIQ. GR. Poids et monnaie équivalant à 100 drachmes. Achille: Qu'est-ce que nous jouons? Ajax Premier: Dix mines. Achille: Je n'entends rien à tes monnaies de Sparte. Combien ça fait-il en argent, tes dix mines? Ajax Premier: Cinquante louis (MEILHAC, HALÉVY, Belle Hélène, 1865, II, 5, p.227).
Prononc. et Orth.:[min]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1564 (Indice et recueil universel de tous les mots principaux des livres de la Bible). Empr. au lat. mina «poids de 100 drachmes chez les Grecs, monnaie grecque valant 1/60 de talent, ou 100 drachmes», du gr. .
STAT.Mine1 à 4. Fréq. abs. littér.:3660. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3597, b) 8041; XXe s.: a) 6106, b) 4513.

1. mine [min] n. f.
ÉTYM. V. 1464; p.-ê. breton min « bec, museau » ou (P. Guiraud) franç. mine « minium », lat. miniare « colorer en rouge », la mine étant d'abord, dans ce cas, l'aspect, la couleur du visage.
1 Vieilli. Aspect (d'une personne) qui résulte de la conformation, du maintien de son corps et surtout, des traits et de l'expression de son visage. 2. Air, allure, apparence, maintien.REM. L'emploi de mine se rapportant à l'ensemble de la personne et non pas exclusivement au visage est vieux ou littéraire, sauf dans quelques expressions. || « Les beaux habits servent bien à la mine » (→ Agencer, cit. 2, Régnier).Avoir bonne (cit. 31) mine ( vx Façon). Absolt (vx). || Avoir de la mine. || Garçon d'agréable mine, de bonne mine (→ Égrillard, cit. 2; entendre, cit. 95). || Gentleman (cit. 1) de belle mine. Prestance, tenue.Individu de mauvaise mine, à mine patibulaire, à mine de bandit (cit. 4; → Marquer mal). || Fille de mine évaporée (cit. 13).Mine assurée (cit. 67 et 69), résolue… Contenance.
1 M. le comte de Cézy (…) vit même plusieurs fois Bajazet (…) c'était un prince de bonne mine.
Racine, Bajazet, 2e préface.
2 Je me promenais un jour avec un de mes amis, qui fut salué par un homme d'assez mauvaise mine (…) J'appris que son homme était un espion de police.
Chamfort, Caractères et anecdotes, « Espion patriote ».
3 Figurez-vous un homme de trente ans environ, de grande mine et de grande tournure, robuste comme un Hercule (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 55.
(1619). Faire, donner qqch… sur la bonne mine de qqn.
Fam. (par antiphr.). Avoir bonne mine : avoir l'air sot, emprunté, ridicule… || Moi, sortir avec un parapluie ? J'aurais bonne mine !
4 Il imaginait le retour à Maubrun, l'un des jumeaux portant le cadavre de l'autre. « On aura bonne mine ! »
Michel de Saint-Pierre, les Aristocrates, XVI.
4.1 Blandine m'a vu partir en claquant la porte. Vous avez bonne mine quand soudain, la preuve que votre aînée a un amant, c'est votre cadette qui vous la donne avec sa bénédiction de pucelle avertie, trouvant normal que sa sœur se protège !
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 101.
2 Mod. (Dans certaines expressions). Aspect extérieur, apparence naturelle ou affectée (d'une personne, par oppos. à sa nature profonde, à sa personnalité, à ses sentiments…). Extérieur (cit. 12). || C'est un passionné, sous sa mine tranquille (→ Folie, cit. 11). || « Discerner le cœur d'avec (cit. 91) la mine » (Corneille).Juger des gens (cit. 23, La Fontaine) sur la mine.
5 J'en réponds sur sa mine, et je le cautionne (…)
Molière, l'Étourdi, V, 1.
6 (…) avec cette mine honnête l'on ne vous aurait pas cru capable d'une pareille infamie (…)
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, « Shakespeare aux Funambules ».
Fig. (En parlant de choses; surtout dans le syntagme bonne mine). || Temple ancien qui du dehors a encore bonne mine, qui a belle apparence, qui fait encore son effet (→ Entasser, cit. 12). || Jambon (cit. 2), poulet, rôti de bonne (cit. 124) mine, appétissant.
7 On a bien tort de juger sur la mine tel antre sordide, à la devanture vermoulue, à la glace fendue (…)
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 64.
Loc. div. Vieilli. Avoir la mine de… (suivi d'un inf.). Paraître, sembler. || Il a la mine d'être content. || Avoir la mine d'avoir fait, de vouloir faire une chose : avoir un air, un maintien qui le fait conjecturer.REM. On dit de nos jours : « Il a la mine de quelqu'un qui a fait, qui va faire un mauvais coup », mine étant compris au sens 3.
8 Doucement, s'il vous plaît ! cet homme a bien la mine
D'avoir le sang bouillant et l'âme un peu mutine (…)
Molière, Sganarelle, XVII.
Payer de mine : avoir un extérieur, un air qui inspire confiance, attire un jugement favorable.REM. Cette expression s'emploie surtout, de nos jours, à la forme négative. || Une petite auberge qui ne paie pas de mine, mais où on mange très bien.
9 Vous savez que ce n'est pas mauvais du tout ces petites saletés-là. Ça ne paye pas de mine, mais goûtez-en, vous m'en direz des nouvelles.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 8.
10 Il faut avouer que la garçonnière paye de mine.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XII, p. 124.
11 C'était un garçon de petite taille et qui ne se payait pas de mine. Il était maigre, noiraud, marqué par la petite vérole et, de surcroît, brèche-dent.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, V, VIII.
Fig. Faire mine de (suivi d'un inf.) : paraître disposé à…Par ext. Faire semblant de… || Faire mine de bouder (cit. 3), de chercher (cit. 4) son portefeuille, de s'intéresser à une nouvelle (→ Indifférence, cit. 7), de se lever (→ Intimer, cit. 1).
12 Nimègue fait mine de se défendre, mais on s'en moque.
Mme de Sévigné, 296, 8 juil. 1672.
13 Paix générale, où les rois et les peuples font mine de s'embrasser.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 459.
14 Il avait pu voir bien des choses; il en soupçonnait beaucoup d'autres, mais faisait mine de ne remarquer rien de ce qu'on prétendait lui cacher.
Gide, les Faux-Monnayeurs, I, II.
15 J'ai mal entendu ce qu'il lui a dit, mais l'autre a fait mine de lui donner un coup de tête.
Camus, l'Étranger, I, VI.
Fam. Mine de rien : sans en avoir l'air, comme si de rien n'était. || Tâche de le cuisiner un peu, mine de rien, en douce.
3 (XVIe). a Aspect du visage, considéré comme l'expression de la santé, de l'état général du corps. || Avoir bonne, mauvaise mine. — ☑ Loc. fig. Vieilli. Avoir une mine de chanoine ( Face). — ☑ Avoir une mine florissante, superbe…; une mine à faire peur, de papier mâché, de déterré. || Mine chiffonnée, défaite. || Mauvaise mine d'un malade (→ Amaigrissement, cit.).Fam. || Tu en as une sale mine. Absolt. || Tu en as une mine !
16 (…) Cœlina comparait la maigreur jaune de sa fille, déjà ridée, à la bonne mine de la fille des autres, fraîche et rose.
Zola, la Terre, IV, IV.
17 Je me dis que la petite n'a pas bonne mine, que je lui ferai monter une bouteille de Château-Larose pour qu'elle ne prenne pas les pâles couleurs (…)
Colette, la Maison de Claudine, p. 145.
b Aspect du visage, considéré comme l'expression du caractère ou de l'humeur. Figure (par ext.), physionomie, visage. || Mine boudeuse, chafouine (cit. 1), doucereuse (cit. 8), éplorée, froncée (cit. 10), hargneuse (→ Battant, cit. 3), rébarbative, renfrognée, soucieuse. || Mine de fouine (1. Fouine, cit. 3).Mine enjouée (cit. 1), éveillée ( Minois), ouverte, réjouie, souriante (→ Incliner, cit. 22), faussement joyeuse (cit. 5).
18 C'est une faible garantie que la mine; toutefois elle a quelque considération. Et si j'avais à les fouetter, ce serait plus rudement les méchants qui démentent et trahissent les promesses que nature leur avait plantées au front : je punirais plus aigrement la malice en une apparence débonnaire.
Montaigne, Essais, III, XII.
19 Il y a des mines de déconfits bien réjouissantes à voir.
Flaubert, Correspondance, 217, mars 1848.
20 — Oui (…) fit Lucas qui avait repris sa mine austère et rogue de policier respecté.
P. Mac Orlan, la Bandera, XIX.
Avoir la mine longue (cit. 6), allongée (→ Héritier, cit. 2).Faire triste mine : avoir l'air déçu, dépité, contrarié. Tête.Faire une mine de dix pieds de long. — ☑ Vx. Il fait la mine, sa mine (→ La tête, la gueule). Bouder. Fam. || Il va en faire une drôle de mine. Absolt. || Il va en faire une mine !
21 Vous triomphez, ma sœur, et faites une mine
À vous imaginer que cela me chagrine.
Molière, les Femmes savantes, I, II.
Faire bonne mine à tous. Accueil (→ Fréquenter, cit. 8).Faire froide, grise (cit. 15) mine, une mine glacée (cit. 23) à quelqu'un, l'accueillir avec froideur.
22 (…) elle faisait froide mine aux gens à qui elle n'avait pas envie de plaire.
France, le Mannequin d'osier, Œ., t. XI, V, p. 280.
4 (XVIe). Au plur. || Des mines, des jeux de physionomie ( Grimace, cit. 2 et 3), des attitudes, des gestes, généralement volontaires. || Petites mines gracieuses d'un bébé (→ Cabotinage, cit. 3).
23 Et elle s'approcha de lui (l'enfant), voulant lui faire des risettes et des mines agréables.
Baudelaire, le Spleen de Paris, II.
24 (…) ils sont là tous trois qui s'observent, avec des petits sourires, avec des petites mines comiques.
Loti, Mon frère Yves, LXIV.
Mines affectées. Affecter (cit. 4); → Côté, cit. 26. Absolt. || Mines. Affectation, façon (façons); maniérisme, minauderie, simagrée (→ Indécence, cit. 2). — ☑ Spécialt. Vieilli. Faire des mines : chercher à séduire par des manières affectées.
25 (…) j'agace toutes les femmes que je vois, jusqu'à ce que j'en rencontre une qui réponde à mes mines.
A. R. Lesage, Gil Blas, III, V.
26 Il y a trop de mines, de petites mines, de manière, d'afféterie pour un art sévère.
Diderot, Salon de 1765.
DÉR. Minauder, minois.
HOM. 2. Mine, 3. mine, 4. mine.
————————
2. mine [min] n. f.
ÉTYM. 1314; p.-ê. d'un gallo-roman mina, mot celtique ou (P. Guiraud) du lat. minuere « réduire; mettre en morceaux ».
———
I
1 Vx. « Tout métal qui se trouve minéralisé » (Encyclopédie). Minerai.REM. C'est en ce sens qu'on trouve chez Buffon mine métallique (→ Limoneux, cit. 1), mine de fer (→ Géode, cit.; impureté, cit. 3), mine cristallisée (→ Hématite, cit.).
Mod. (dans des expressions). || Mine de platine : alliage naturel de métaux de la famille du platine.Cour. (XVe). || Mine de plomb. Graphite, plombagine.
2 (XXe). Petit bâton de graphite, et, par ext., de toute matière laissant une trace, qui constitue la partie centrale d'un crayon. || Crayon à mine dure, tendre. || Mettre une mine rouge dans un porte-mines.
———
II (Répandu XVIIe; « terrain où se trouve le minerai », 1314).
1 Terrain d'où l'on peut extraire un métal, une matière minérale utile, qui s'y trouve sous forme de gisement ( Gîte) ou d'alluvions. || Mine souterraine. || Mine en plein air, à ciel ouvert, en gradins ( Carrière, gisement). || Région de mines, sous-sol riche en mines. Bassin; minier. || Prospecter les mines par sondages. || Découvrir, exploiter (cit. 1), amodier une mine. || Filons, veines d'une mine.Mine de cuivre (→ Incruster, cit. 7), de fer (cit. 1), de houille, de sel gemme ( Saline, et → Cristallisation, cit. 4)… || Mine d'alunite ( Alunière), de mercure, de soufre ( Soufrière). || Mine d'argent, de diamant, d'or (→ Feuille, cit. 15), de platine, d'uranium.Mines de falun de Touraine. Falunière.Esclave, prisonnier condamné aux mines, au travail dans les mines.
1 C'était une coutume généralement adoptée dans l'Amérique espagnole, de réduire les Indiens en commande, et de les sacrifier aux travaux des mines.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, IV, IV, IV.
2 — Nous arrivâmes de Golling à Hallein, ignorant jusqu'à l'existence de ces jolies mines de sel dont je parlais (…) Nous allâmes à la mine sans la moindre idée de descendre dans les galeries souterraines (…)
Stendhal, De l'amour, Appendix, Rameau de Salzbourg.
3 (…) une carrière de pierres n'est qu'une mine en plein air, car le terme n'est pas réservé aux travaux souterrains (…) un puits de pétrole dont le liquide minéral est extrait par une pompe ou projeté par le gaz naturel auquel il est mêlé, est aussi une mine (…)
Michel Cazin, les Mines, p. 10.
Par métaphore et fig. Filon, fonds, gisement. || Ces archives sont une mine inépuisable de documents.(En parlant d'une personne). || C'est une mine d'érudition. Puits (de science).(Sans compl.). || Cette bibliothèque est une mine.
4 (…) plus tu iras avec cet homme et plus tu découvriras en lui de trésors. C'est une mine inépuisable de bons sentiments, de choses généreuses, et de grandeur.
Flaubert, Correspondance, 26, 30 nov. 1838.
Mine d'or : matière ou ressource fructueuse (cit. 3) pouvant être développée ou exploitée (cit. 4) avec un profit considérable et durable ( Trésor).
2 Didact. (dr.). Masse de substances minérales ou fossiles renfermée dans le sein de la terre ou existant à la surface, et connue pour contenir, en filons, en couches, ou en amas, des métaux, matières métalliques, sels gemmes, bitumes, pétroles, du charbon de terre ou de pierre… (et autres matières énumérées par la loi du 21 avril 1810, art. 2). || Mines, minières et carrières.Concession, concessionnaire de mines. || Redevance tréfoncière due au propriétaire de la surface par le titulaire d'un permis d'exploitation de mines. || Nationalisation des mines de combustibles minéraux (Lois des 17 mai 1946 et 23 août 1948). || Gestion des mines de houille nationalisées (Charbonnages de France).
3 (Répandu XVIIIe; d'expressions telles que la coupe, l'exploitation d'une mine [ci-dessus, 1. et 2.]). Cavité pratiquée dans le sous-sol et ensemble d'ouvrages souterrains aménagés pour l'extraction (cit. 1) d'un minerai. || Parties d'une mine. Galerie, puits. || Bouclier étayant le terrain pendant le fonçage, l'ouverture d'une mine. || Boisage, cuvelage, mur de soutènement d'une mine. || Boyaux, branches, cheminées d'appel, d'aération ( Buse), étages, recettes d'une mine. || Mineurs qui descendent dans la mine ( Fond) par les cages. || Travailler à la mine, en surface ou au fond ( Mineur). || Travail des mines. Abattage, dépilage, havage, herschage, roulage. || Transport et montée des produits d'extraction dans les mines. Benne, berline, bourriquet, cage (d'extraction), herche, traîneau, wagonnet. || Lutte contre les eaux d'infiltration dans les mines ( Albraque, arrugie, calandre, exhaure, serrement). || Noyer une mine.
Installations de surface, bâtiments de la mine (renfermant les machines d'extraction, les ateliers de préparation et de traitement des minerais, les locaux sanitaires et administratifs, etc.). || Carreau de la mine. || On aperçoit de loin le chevalement d'une mine.Par ext. Ensemble des installations souterraines et de surface. || Piquet de grève à l'entrée de la mine.
Admin. || Les mines : la section du ministère des Travaux publics spécialisée dans l'étude géologique des terrains, la topographie et l'exploitation du sous-sol, et la direction de tout travail en souterrain (tunnels…). || Service des Mines. || École, ingénieur des Mines. || Le service des Mines était chargé de l'immatriculation des automobiles. Minéralogique, 2.
Absolt. (Sens le plus cour.). Mine de charbon. Charbonnage, houillère; fosse. || Travailler à la mine. || Travail de la mine. Borinage. || Coup de grisou, éboulement (cit. 1) dans une mine. || Utilisation du grisoumètre dans une mine grisouteuse. || Terril d'une mine. || Grève dans les mines. Charbonnage. || Les mines du Nord et du Pas-de-Calais. Houillère.
5 — Il y a longtemps (…) que vous travaillez à la mine ? (…) — Longtemps, ah ! oui !… Je n'avais pas huit ans, lorsque je suis descendu, tenez ! juste dans le Voreux, et j'en ai cinquante-huit, à cette heure. Calculez un peu… J'ai tout fait là-dedans, galibot d'abord, puis herscheur, quand j'ai eu la force de rouler, puis haveur pendant dix-huit ans. Ensuite, à cause de mes sacrées jambes, ils m'ont mis de la coupe à terre, remblayeur, raccommodeur, jusqu'au moment où il leur a fallu me sortir du fond, parce que le médecin disait que j'allais y rester. Alors, il y a cinq années de cela, ils m'ont fait charretier… Hein ? c'est joli, cinquante ans de mine, dont quarante-cinq au fond !
Zola, Germinal, I, I.
4 a (XVe). Art milit. anc. Galerie ou système de galeries souterraines creusées sous une enceinte fortifiée pour en saper les fondations ( Miner). || Travaux de mines.
b (XVIe). Techn. Excavation pratiquée sous un ouvrage défensif, dans un amas de rochers, un pont… pour les faire sauter au moyen d'une charge de poudre; cet explosif (2. Explosif, cit. 1). || Chambre, fourneau ( Camouflet, fougade, fougasse), trou de mine. || Cordeau, mèche d'une mine. || Mettre le feu à une mine ( Boudin, saucisson). || Faire jouer une mine à distance ( Exploseur). || Explosion (cit. 2) d'une mine. || Coup de mine (explosion).Emploi des mines dans l'exploitation des carrières, des mines de charbon… || Dispositif de mines. || Carriers victimes d'un coup de mine, de l'explosion prématurée d'une mine. || Mine à retardement.
6 Ce fut dans cette guerre qu'on trouva une nouvelle manière d'exterminer les hommes. Pierre de Navarre, soldat de fortune et grand général espagnol, inventa les mines dont les Français éprouvèrent les premiers effets.
Voltaire, Essai sur les mœurs, CXI.
7 — On creuse là-dessous (…) Maroux, Bréval, Sulphart se couchèrent dans la galerie, l'oreille à terre (…) Nous avions tous compris : une mine… (…) les Allemands creusent une mine. Le génie va peut-être venir pour faire une sape, mais la leur doit être bien avancée pour qu'on puisse la couper.
R. Dorgelès, les Croix de bois, VIII, p. 165-167.
c Fig., vx. Machination secrète, complot. || Découvrir, éventer la mine.
8 C'est là (une promesse de mariage) une puissante mine pour renverser l'honneur d'une pauvre fille, et il n'y a guère de place qui ne se rende sitôt qu'on la fait jouer.
Furetière, le Roman bourgeois, I, p. 41.
d Zool. Chemin creusé par une larve d'insecte ( Mineur) à l'intérieur d'une plante, laissant intacte la paroi externe de l'épiderme de celle-ci.
5 (XXe; du sens 4, a). Cour. Engin explosif généralement enterré et camouflé, dont le dispositif de mise à feu se déclenche au passage d'un véhicule (mines antichars), d'un homme (mines antipersonnel) ou à distance. || Amorcer, piéger une mine. || Mines bondissantes. || Pose, neutralisation des mines ( Miner, déminer). || Champ de mines. || Détecteur de mines.
9 (…) de tout jeunes enfants mutilés, estropiés, écharpés par les mines dont les Allemands ont truffé les terrains qu'ils abandonnaient.
Gide, Journal, 29 mai 1943.
Mar. Engin explosif immergé, fixé au fond par un câble (mine à orin ou mine dormante), ou flottant librement entre deux eaux (mine flottante ou dérivante). || Mine magnétique, acoustique… || Mouiller des mines. || Dragueur, mouilleur de mines. || Navire qui saute sur une mine.
10 Les autorités du port avaient constaté la veille sans plaisir que des mines flottantes à renversement circulaient dans le chenal.
A. Maurois, les Silences du colonel Bramble, X.
DÉR. (Du même rad.) Miner, minerai, 1. minette, 2. mineur, minier, minière.
COMP. Contre-mine, lance-mines, porte-mines, saute-mines, stylomine.
HOM. 1. Mine, 3. mine, 4. mine.
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3. mine [min] n. f.
ÉTYM. V. 1190; altér. de émine, du lat. hemina. → Hémine.
Anciennt. Mesure de capacité pour les grains et matières sèches, qui valait la moitié d'un setier. || Vente du grain à la mine. Minage.
DÉR. Minage, minot. — (Du même rad.) Minoterie, minotier.
HOM. 1. Mine, 2. mine, 4. mine.
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4. mine [min] n. f.
ÉTYM. 1562; lat. mina, du grec mna.
Antiq. grecque. Poids de 100 drachmes et monnaie de même valeur (→ Exprimer, cit. 11).
DÉR. 3. Minette.
HOM. 1. Mine, 2. mine, 3. mine.

Encyclopédie Universelle. 2012.