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froideur

froideur [ frwadɶr ] n. f.
XIIe; de 1. froid
1Vx Froid (2.).
2Mod. Absence relative d'émotivité, de sensibilité. 1. calme, flegme, impassibilité, réserve. « Les gens superficiels l'accusent de froideur » (Balzac).
Spécialt Manque de sensualité. indifférence, insensibilité; frigidité. « d'une froideur qu'on a pu comparer à celle de la vierge Pallas » (Sainte-Beuve ).
3Indifférence marquée, manque d'empressement et d'intérêt. détachement. « elle me traita avec une froideur qui avait l'air de tenir du mépris » (Musset).
4Défaut de chaleur, d'éclat, en art. sécheresse. « tant de délicatesse nous semble de la froideur ou de la fadeur » (Taine). La froideur d'une interprétation musicale.
⊗ CONTR. Chaleur. Ardeur , émotion, sensibilité. Cordialité, effusion, éclat, verve.

froideur nom féminin Littéraire. Qualité, état de ce qui est froid : La froideur du marbre. Manque de sensibilité, de passion : Froideur de tempérament. Manque d'empressement, de chaleur pour quelque chose ou quelqu'un : Accueillir une proposition avec froideur. Manque de chaleur, de vie, d'éclat, en particulier dans une œuvre littéraire ou artistique, dans une composition décorative : La froideur du style.froideur (citations) nom féminin Joseph Joubert Montignac, Corrèze, 1754-Villeneuve-sur-Yonne 1824 Il entre, dans toute espèce de débauche, beaucoup de froideur d'âme. Elle est un abus réfléchi et volontaire du plaisir. Carnets froideur (synonymes) nom féminin Manque de sensibilité, de passion
Synonymes :
- dureté
- flegme
- sécheresse
Contraires :
- ardeur
- exaltation
- exubérance
- vivacité
Manque d'empressement, de chaleur pour quelque chose ou quelqu'un
Synonymes :
- fraîcheur
- impassibilité
- imperturbabilité
- indifférence
- morgue
Contraires :
- chaleur
- cordialité
- émoi
- émotivité
- empressement
- hypersensibilité
- intérêt
- passion
- sensibilité
- sympathie
Manque de chaleur, de vie, d'éclat, en particulier dans une...
Synonymes :
- aridité
- fadeur

froideur
n. f. Insensibilité, sécheresse des sentiments; indifférence marquée. Recevoir qqn avec froideur.

⇒FROIDEUR, subst. fém.
A.— Littér. [Emplois en rapport avec une perception]
1. [Emplois en rapport avec une perception thermique] Fait d'être à une température sensiblement inférieure à celle du corps humain. La froideur de l'eau. La froideur du marbre (Ac.). Un vieux tapis d'Aubusson bien raccommodé, bien passé (...) ne couvrait pas tout le carreau dont la froideur se faisait sentir aux pieds (BALZAC, Bourse, 1832, p. 402). Tout ce que la rosée du ciel a pénétré, tout ce que la froideur du sol condense (CLAUDEL, Cantate, 1913, p. 358).
En partic.
a) [Le compl. du n. désigne le corps hum. ou l'une de ses parties] Température anormalement basse, due en particulier à l'agonie, à la mort. La froideur d'un cadavre. La froideur de la vieillesse (Ac.). Il étendit la main et prit celle de Mme de Rênal (...). Quoique bien ému lui-même, il fut frappé de la froideur glaciale de la main qu'il prenait (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 53).
b) Température très basse de l'air ambiant, de l'atmosphère. Elle n'a point prévu la froideur matinale, Ni bien fermé le seuil à la bise hivernale (RIMBAUD, Poés., 1871, p. 36).
2. [Emplois en rapport avec d'autres perceptions] Impression désagréable due à un manque de vie, d'éclat. Ses traits avaient la pureté du style grec, mais non sa froideur et sa symétrie (NODIER, Fée Miette, 1831, p. 65). Sa voix avait la froideur de son teint (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p. 69).
Spéc. [Le compl. du n. désigne une lumière, une couleur (comme p. ex. le vert, le bleu, le violet, le gris)] Manque de chaleur (v. ce mot B 1 spéc.). L'une tient une torche dont la lueur jette un reflet rougeâtre dans la froideur du clair de lune (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 18). Une salle de casino, savamment « mal éclairée » d'ampoules jaunes qui dorent la froideur des gris (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 72) :
1. ... Rubens, — quoiqu'il soit reconnu que la chaleur est dans les ombres (...) reflétées, et la froideur dans les lumières, — employait le jaune de Naples, qui est une couleur chaude, dans ses lumières...
GONCOURT, Journal, 1894, p. 591.
B.— Au fig. [Emplois en rapport avec la psychol.]
1. Calme, contrôle des sentiments, des passions; manque d'ardeur, de passion. Froideur d'une analyse. La froideur de l'imagination (Ac.). Elle les avait élevés tous les trois, sans tendresse, dans une froideur de ménagère qui reproche aux petits de trop manger sur ce qu'elle épargne (ZOLA, Terre, 1887, p. 28). Une sorte de justice qui est le contraire même de l'idée courante de justice, (...) une justice qui a pris feu au lieu d'atteindre son apogée dans une marmoréenne froideur (DU BOS, Journal, 1928, p. 96) :
2. Tout ce qui ne se courbe pas à leur schéma impassible [des schizoïdes] est décapité sans merci. Ce qui ne supprime pas — Robespierre en témoigne — le noyau de sensibilité fébrile ou éloquent qui couve sous leur froideur glaciale.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 370.
En partic. [Le compl. du n. désigne une œuvre d'art ou un artiste considéré du point de vue de son œuvre] Manque de chaleur humaine, de sensibilité. À travers cette froideur plus apparente que réelle, on devine une passion intense, une foi inébranlable, une volonté de fer (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 6). Le livre de Charles Diehl sur Byzance est d'une grande froideur. Quand il arrive à un sujet pittoresque (...) l'auteur nous déclare qu'on a tellement parlé de ces choses qu'il est inutile de s'y arrêter (GREEN, Journal, 1955-58, p. 143) :
3. L'ouvrage de M. Demangeon porte un titre funèbre, Le Déclin de l'Europe. Livre d'une froideur tout économique, où les faits, les textes, les chiffres, prennent une valeur de pression et de convergence inexorable
J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 202.
Spéc. Manque d'intérêt pour les plaisirs de l'amour (v. frigidité). Saül ne m'a jamais aimée (...) et tu n'as pas idée, Nabal, de la froideur de ses embrassements! (GIDE, Saül, 1903, I, 6, p. 259). Par froideur naturelle, j'étais chaste (...). L'idée seule que la vertu pût consister à vaincre des passions charnelles me semblait déraisonnable (GREEN, Autre sommeil, 1931, p. 57) :
4. L'âge optimum pour l'initiation complète semble se situer de neuf à douze ans : la froideur sexuelle relative de cette période écarte l'effervescence affective qui peut en résulter plus tard.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 148.
2. Réserve, distance, pouvant aller jusqu'à l'hostilité. Froideur d'un accueil. Il y a de la froideur entre eux (Ac.). Des manières constamment polies et mesurées, d'où un certain degré de froideur même n'était pas exclu (GRACQ, Argol, 1938, p. 78) :
5. ... tout, dans ses propos, son attitude, ses gestes, me persuade à nouveau de son indifférence et de sa froideur à mon égard. Le mieux qu'il peut être avec moi, c'est « attentionné ». La politesse a depuis longtemps remplacé chez lui l'amitié.
GIDE, Journal, 1914, p. 493.
Rare. Être en froideur (avec qqn). Ne pas avoir de rapports cordiaux, chaleureux (avec quelqu'un); être fâché (avec quelqu'un). Tels, plus peinés encore que méprisants devant ceux qui abandonnaient la lutte, en froideur déclarée avec la bourgeoisie des camps, (...) les réfractaires traversèrent les douze ou quinze premiers mois de la captivité (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 277).
P. méton., le plus souvent au plur. Manifestation de réserve, de distance, et parfois d'hostilité. L'affection se brisait aux froideurs un peu méfiantes de Frédérique (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 371). Au lieu d'attribuer les froideurs et les gênes de son mari, ses absences de plus en plus longues, à l'inconstance d'un caractère passionné (...), elle aurait dû chercher moins loin (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 191) :
6. Je disais ce soir à Mme Daudet, un peu anxieuse des froideurs qu'elle rencontrait chez quelques-uns depuis quelque temps, qu'elle devrait rompre avec moi, parce que j'étais tellement haï que j'apportais un peu de cette haine ambiante à mes amis.
GONCOURT, Journal, 1888, p. 741.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1121 freidur « froid » (St Brandan, éd. E. G. R. Waters, 902); fin XIIe s. fig. la froidour de lor cuer (Sermons St Grégoire sur Ezéchiel, éd. K. Hofmann, p. 117). Dér. de froid1; suff. -eur1. Fréq. abs. littér. :1 023. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 759, b) 1 865; XXe s. : a) 1 116, b) 1 178.

froideur [fʀwɑdœʀ] n. f.
ÉTYM. V. 1121, freidur; froidour, fig., fin XIIe; froideur, XVIe; de 1. froid.
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I
1 Vx ou littér. Basse température. 2. Froid. || La froideur du marbre (Académie). || « La froideur matinale » (Rimbaud).Froideur des membres, des mains. || La froideur glaciale de ses pieds. || Froideur légère. Fraîcheur.
1 (…) je ne sais si vous soutiendrez (…) la froideur de cet air glacé et pointu, qui perce les plus robustes.
Mme de Sévigné, 793, 26 mars 1680.
2 Littér. Impression de froid. || La froideur de la vieillesse.
3 Impression due au défaut de chaleur, d'éclat. || La froideur d'une voix, d'un timbre.Froideur d'une lumière, dans les éclairages (d'un tableau, d'une photo, etc.). || Un vert, un bleu d'une grande froideur.
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II
1 (Av. 1559, Du Bellay). Mod. Absence relative d'émotivité, de sensibilité. Calme, flegme, impassibilité, sang-froid, sécheresse. || La froideur de qqn, sa froideur. || Il, elle est d'une froideur apparente qui cache une sensibilité extrême. || Caractère, tempérament d'une grande froideur. || Froideur plus apparente que réelle (→ Accuser, cit. 7). || La froideur de ses manières, de sa politesse. Austérité, réserve. || Quelle froideur ! impossible de le dégeler !
2 Barnave s'éleva très haut. Sa froideur ordinaire, froideur feinte ce jour-là, et qui n'était que dans la forme, fit valoir encore le fond, intimement passionné, qui perçait partout, comme en Asie ces terres sèches et froides qui, par places, n'en sont pas moins crevées de sources de feu.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, VII.
3 (…) beaucoup de froideur et d'obstination; de la constance; des cœurs fidèles, enfin les vertus de la solidité, mais rien de puissant ni de chaud, qui jaillisse de l'âme.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », I.
La froideur d'une déclaration, d'un discours, d'un livre : impassibilité détachée (→ aussi, sur le plan esthétique, ci-dessous 3.). || Froideur du ton.
3.1 (…) au moment où avec cet air de froideur implacable — l'air du juge qui coiffe sa toque avant de lire l'arrêt de mort — elle s'est tournée vers la vendeuse (…)
N. Sarraute, le Panétarium, p. 164.
(Av. 1799, Marmontel). Spécialt. Manque de sensualité. || Froideur sexuelle Frigidité, impuissance.
4 Nullement galante d'humeur, nullement coquette, d'une froideur qu'on a pu comparer longtemps à celle de la vierge Pallas, elle ne voyait dans le mariage que matière à un beau rôle et à des destinées glorieuses, et, romanesque comme elle était, elle aimait presque autant s'en bercer en idée que de l'accomplir.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 24 mars 1851, t. III, p. 507.
5 Voilà ce que par instants je craignais de trouver chez Lucienne; non pas la froideur, mais le manque de conviction; une retenue du corps, par un effet tout naturel, nullement contraint, d'une certaine noblesse de l'esprit dans ses jugements.
J. Romains, le Dieu des corps, V, p. 106.
2 (1580, Montaigne). Indifférence marquée, manque d'empressement et d'intérêt. || Accueillir, recevoir qqn avec froideur. Glace (être de), hostilité, mine (faire grise). || Une certaine froideur. Réserve. || Témoigner de la froideur à qqn. Détachement, indifférence (→ Employer, cit. 8). || La froideur de sa réponse m'a découragé. || Ton de froideur qui rend suspectes des protestations d'amour (→ Ardeur, cit. 15).Au plur. (vx). Marques de froideur (→ Arrêter, cit. 69).Vieilli. || Il y a de la froideur entre eux : ils sont en froid. Antipathie, fâcherie, mécontentement. Vx. || Être en froideur avec qqn (mod. : en froid).
6 Une froideur ou une incivilité qui vient de ceux qui sont au-dessus de nous, nous les fait haïr (…)
La Bruyère, les Caractères, IX, 16.
7 (…) elle me traita avec une froideur qui avait l'air de tenir du mépris (…)
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, V, IV.
8 (…) la mortelle froideur qui a remplacé tant d'amour.
A. de Musset, Comédies et proverbes, « Le chandelier », I, 1.
9 Il n'y eut pas un seul moment d'abandon de cœur dans toute la vie de Mme de Maintenon; là est le secret de l'espèce de froideur qu'elle inspire. Elle est le contraire d'une nature sympathique.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 28 juil. 1951, t. IV, p. 383.
10 (…) je lui témoignais de la froideur. Mon antipathie était si visible que la petite n'osait jamais m'adresser la parole.
H. Bosco, l'Âne Culotte, p. 65.
11 (…) ce qui peut provoquer une femme à la hardiesse, c'est votre froideur, sincère ou calculée, la distance que vous laissez régner d'elle à vous.
J. Romains, le Dieu des corps, II, p. 35.
3 (1664, Boileau). Défaut de chaleur, d'émotion, d'inspiration (en art). Sécheresse. || La froideur d'un récit, d'un épisode, d'une scène. || On a souvent reproché à Malherbe, à Ingres, une certaine froideur. || Froideur de la poésie didactique ( Aridité), d'un tableau d'histoire. || Un livre d'une grande froideur.La froideur d'une interprétation musicale, de la mise en scène d'une pièce, d'un film.
12 Ce style et ses sentiments sont si éloignés des nôtres que nous avons peine à les comprendre. Ils sont comme des parfums trop fins : nous ne les sentons plus; tant de délicatesse nous semble de la froideur ou de la fadeur.
Taine, Essai de critique et d'histoire, Mme de La Fayette.
CONTR. Chaleur — Alanguissement, animation, ardeur, ébranlement, émoi, émotion, emportement, enivrement, enthousiasme, entrain, passion, sensibilité. — Abandon, affection, attendrissement, commisération, cordialité, effusion, empressement, zèle. — Brio, éclat, verve.

Encyclopédie Universelle. 2012.