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morgue

1. morgue [ mɔrg ] n. f.
• v. 1460; de morguer « braver », du lat. pop. °murricare « faire la moue »
Littér. Contenance hautaine et méprisante; affectation exagérée de dignité. arrogance, hauteur , insolence, orgueil. « gourmé, plein de morgue, froid » (Balzac). « Leur morgue [...] les préservait de toute sympathie humaine » (Proust). morgue 2. morgue [ mɔrg ] n. f.
XVIIe; « lieu où l'on identifiait les prisonniers » 1526; de morguer « regarder avec hauteur »
Lieu où sont déposés les cadavres qu'il faut identifier. médicolégal (institut). « Ses visites à la Morgue l'emplissaient de cauchemars » (Zola).
Salle d'un hôpital, d'une clinique où l'on dépose les malades décédés.

morgue nom féminin (moyen français morguer, du latin populaire murricare, faire la moue) Attitude hautaine, méprisante : Homme plein de morgue.morgue (synonymes) nom féminin (moyen français morguer, du latin populaire murricare, faire la moue) Attitude hautaine, méprisante
Synonymes :
- arrogance
- dédain
- hauteur
- mépris
- orgueil
- outrecuidance
- suffisance
morgue nom féminin (de morgue) Lieu où sont déposés les cadavres dont l'identité n'a pas été établie et ceux qui doivent subir une expertise médico-légale. Salle où, dans un hôpital, une clinique, on garde momentanément les morts. ● morgue nom féminin (peut-être latin manica, manche) Embouchure de la chausse du filet de pêche appelé bourgin. Entrée de la manche de certains autres filets. ● morgue (synonymes) nom féminin (de morgue) Lieu où sont déposés les cadavres dont l'identité n'a pas...
Synonymes :
- institut médico-légal

morgue
n. f. Contenance hautaine et méprisante.
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morgue
n. f. Salle froide où sont déposés provisoirement les morts, dans un hôpital, une clinique.

I.
⇒MORGUE1, subst. fém.
Attitude, contenance hautaine et méprisante. Morgue aristocratique, hautaine, insolente, insultante, superbe; avec morgue. Je n'ai jamais eu l'air hébété ou suffisant, la gaucherie, les habitudes crasseuses des hommes de lettres d'autrefois, encore moins la morgue et l'assurance, l'envie et la vanité fanfaronne des nouveaux auteurs (CHATEAUBR., Mém., t.1, 1848, p.94). Il est plein de jalousie, plein de morgue et de vantardise (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.46). Elle interrogeait ce visage trop connu et tout à coup il lui parut neuf: elle vit des yeux noirs d'inquiétude; il restait un peu de morgue aux coins des lèvres, mais c'était l'arrogance boudeuse d'un enfant pris en faute (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p.159).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Mil. XVe s. «mine» (JACQUES DU CLERCQ, Mémoires, éd. J.-A. Buchon, Orléans, 1875, livre IV, chap.3, p.137); 2. 1538 «contenance fière et orgueilleuse» (EST., s.v. vultuosus: qui fait la morgue, qui tient une contenance de philosophe, triste et severe). Déverbal de morguer. Bbg. HORNING (A.). Zur Wortgeschichte. Z. rom. Philol. 1897, t.21, p.457. — MIGL. Nome propr. 1968 [1927], p.318.
II.
⇒MORGUE2, subst. fém.
Salle où, dans un hôpital, une clinique, un hospice, reposent les morts avant l'inhumation ou les obsèques:
1. Je suppose que vous voulez voir votre mère (...). Nous l'avons transportée dans notre petite morgue. Pour ne pas impressionner les autres. Chaque fois qu'un pensionnaire meurt, les autres sont nerveux pendant deux ou trois jours. Et ça rend le service difficile.
CAMUS, Étranger, 1942, p.1126.
Lieu où les cadavres non identifiés sont exposés pour être reconnus. Synon. (à Paris) Institut médico-légal. À propos des hommes, permets-moi de te citer de suite, de peur que je ne les oublie, deux petites aimables anecdotes. Premier fait: on a exposé à la morgue, à Rouen, un homme qui s'est noyé avec ses deux enfants attachés à la ceinture (FLAUB., Corresp., 1854, p.4):
2. Passé à la morgue aujourd'hui après déjeuner. Vu trois nobles cadavres, bien arrangés sous leur couverture noire et numérotés. La bouche ouverte, la barbe et les cheveux peignés, ils ont l'air de dormir.
RENARD, Journal, 1895, p.266.
Vx. Endroit à l'entrée d'une prison où étaient gardés quelque temps les détenus pour que les guichetiers puissent les dévisager à leur aise afin de les reconnaître par la suite (d'apr. Ac. 1798-1878). On l'a tenu longtemps à la morgue (Ac. 1835, 1878).
REM. Morgueur, subst. masc. Employé chargé du service d'une morgue. À droite du corridor se trouve le logement du morgueur, l'homme de peine du local. Cet homme, auquel je m'adressai le premier jour de ma visite à la Morgue, n'osa prendre sur lui, sur ses attributions, de me montrer les principales richesses du bâtiment (L. GOZLAN, in Paris, ou Le Livre des Cent-et-Un, 1831, I, 305 ds QUEM. DDL t.12). En appos. L'unique garçon morgueur tirait profit de tout ce qu'il pouvait enlever à «ses pensionnaires» (MACÉ, Musée crim., 1890, p.106). Selon SOURNIA Méd. 1974, ,,ce personnel n'est désigné dans le langage écrit de l'Administration que par la périphrase «garçon d'amphithéâtre»``.
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) 1532 [n. st.] fig. (CHARLES DE BOURDIGNÉ, La Légende Joyeuse de Maistre Pierre Faifeu, éd. Fr. Valette, p.8, 12: Ayans passé les tenebreuses morgues, Le feu purgeant la tache des delictz); b) 1611 «endroit d'une prison où les guichetiers examinent les prisonniers avant de les écrouer» (COTGR.); 2. 1674 [éd.] «endroit où les cadavres non identifiés sont exposés pour être reconnus» (ASSOUCY, Prison, p.36); 3. 1942 «salle où, dans un hôpital, reposent les morts avant l'inhumation ou les obsèques» (supra ex. 1). De morgue1, en raison de la mine que prennent les geôliers lorsqu'ils dévisagent les prisonniers lors de leur arrivée (cf. FEW t.6, 3, p.239b).
STAT. Morgue1 et 2. Fréq. abs. littér.: 322. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 413, b) 698; XXe s.: a) 438, b) 378.

1. morgue [mɔʀg] n. f.
ÉTYM. V. 1460; déverbal de morguer.
Littér. ou style soutenu. Contenance hautaine et méprisante; affectation exagérée de dignité. Arrogance, dédain, fierté, hauteur, insolence, mépris, orgueil, suffisance, superbe (→ Maniéré, cit. 3). || Sa morgue trahit un amour-propre démesuré. || Un homme gourmé (cit. 2) et plein de morgue. || Avoir, montrer de la morgue (→ Se donner des airs). || Morgue insupportable, ridicule. || Absence de toute morgue (→ 1. Goûter, cit. 12). || De hautes manières (cit. 44) nobles sans morgue. || Faire tomber, abattre la morgue de qqn.
1 C'est (…) injustice et folie de priver les enfants (…) de la familiarité des pères, vouloir maintenir en leur endroit une morgue austère et dédaigneuse, espérant par là les tenir en crainte et en obéissance. Car c'est une force très inutile qui rend les pères ennuyeux aux enfants et, qui pis est, ridicules.
Montaigne, Essais, II, VIII.
2 Aujourd'hui le magistrat, payé comme un fonctionnaire, pauvre pour la plupart du temps, a troqué sa dignité d'autrefois contre une morgue qui semble intolérable à tous les égaux qu'on lui a faits; car la morgue est une dignité qui n'a pas de points d'appui.
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes, Pl., t. V, p. 937.
3 C'était leur morgue qui les préservait de toute sympathie humaine, de tout intérêt pour les inconnus assis autour d'eux, et au milieu desquels M. de Stermaria gardait l'air glacial, pressé, distant, rude, pointilleux et malintentionné, qu'on a dans un buffet de chemin de fer (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 100.
4 À côté de lui, Madame, en grand habit de cour, est certainement la personne la plus royale de l'assistance. Rengorgée dans sa morgue de princesse allemande, elle a, si l'on peut dire, de sa dignité plein les narines et, du haut de sa jupe à ramages, elle a l'air de regarder comme du fumier tout ce qui l'entoure.
Louis Bertrand, Louis XIV, I, I.
Loc. (vx). Faire la morgue (à qqn), le regarder avec mépris. Morguer (vx).
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2. morgue [mɔʀg] n. f.
ÉTYM. 1526; de morguer « regarder avec hauteur », comme 1. morgue.
1 Vx. Endroit d'une prison où l'on examinait les prisonniers pour les identifier.
1 La morgue était originairement le second guichet du Grand-Châtelet; on y gardait les nouveaux prisonniers pendant quelques instants, afin que les guichetiers pussent les morguer à leur aise, c'est-à-dire les dévisager attentivement (…)
M. du Camp, Revue des Deux-Mondes, 1er nov. 1857, in Littré, Suppl.
2 Mod. Lieu où l'on expose les cadavres dont l'identité est inconnue pour les faire reconnaître. || La Morgue de Paris. Médico-légal (institut). || Identifier un cadavre à la morgue. || Les chambres froides de la morgue.
2 La Morgue est un spectacle à la portée de toutes les bourses, que se payent gratuitement les passants pauvres ou riches. La porte est ouverte, entre qui veut. Il y a des amateurs qui font un détour pour ne pas manquer une de ces représentations de la mort. Lorsque les salles sont nues, les gens sortent désappointés (…)
Zola, Thérèse Raquin, XIII.
(XVIIe). Par ext. Salle où l'on dépose les malades décédés dans un hôpital, une clinique.
DÉR. Morgueur.

Encyclopédie Universelle. 2012.