fureur [ fyrɶr ] n. f.
1 ♦ Littér. Folie poussant à des actes de violence. — Délire inspiré. ⇒ enthousiasme, exaltation, inspiration, possession, transport. Fureur poétique, prophétique.
2 ♦ Passion sans mesure, créant un état voisin de la folie. « Il aimait les femmes à la fureur » (Voltaire). ⇒ folie. La fureur de vivre, de discuter. ⇒ frénésie, rage. — Loc. FAIRE FUREUR : connaître un grand succès auprès du public (cf. fam. Casser la baraque, faire un malheur) . Mode, chanson, nouveauté qui fait fureur.
3 ♦ Colère folle, sans mesure. Accès, crise de fureur. ⇒ courroux. Entrer, être, mettre en fureur. ⇒ enrager. Une fureur noire. — Colère qu'engendre et entretient l'action violente. Attaquer, se battre avec fureur. ⇒ acharnement, furie, impétuosité, violence.
4 ♦ (Choses) Caractère d'extrême violence. « Celui qui met un frein à la fureur des flots » (Racine). La fureur des éléments déchaînés, des combats.
5 ♦ Au plur. Mouvement de folle colère. Entrer dans des fureurs inexprimables. « les fureurs matées tant bien que mal » (Green). — Mouvement de violence. « toutes les fureurs de l'imagination » (France).
⊗ CONTR. Raison, 1. sens (bon). 1. Calme, douceur.
⊗ HOM. Führer.
● fureur nom féminin (latin furor, -oris, délire) Colère violente, frénétique, furie : Être en fureur, dans une fureur noire. Accès du fureur. Passion, engouement irrésistible qu'on a pour quelque chose : La fureur du jeu. La fureur de vivre. Littéraire. Violence impétueuse des éléments naturels : La fureur des flots. Littéraire. Caractère de violence, d'acharnement extrême dans l'action : La fureur des combats. Synonyme de émotion (populaire). ● fureur (citations) nom féminin (latin furor, -oris, délire) Robert Garnier La Ferté-Bernard 1545 ?-Le Mans 1590 La jeunesse ne peut commander à soi-même ; Cet âge toujours porte une fureur extrême. La Troade William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 C'est un récit conté par un idiot, plein de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien. It is a tale Told by an idiot, full of sound and fury, Signifying nothing. Macbeth, V, 5, Macbeth Commentaire Le Bruit et la Fureur, titre d'un roman de William Faulkner. ● fureur (expressions) nom féminin (latin furor, -oris, délire) Avec fureur, avec passion, énormément : Aimer la musique avec fureur. Faire fureur, jouir d'une grande vogue. ● fureur (homonymes) nom féminin (latin furor, -oris, délire) führer nom masculin ● fureur (synonymes) nom féminin (latin furor, -oris, délire) Colère violente, frénétique, furie
Synonymes :
- courroux (littéraire)
- furie
- rage
Passion, engouement irrésistible qu'on a pour quelque chose
Synonymes :
- folie
- frénésie
- passion
Synonymes :
- émotion (populaire)
fureur
n. f.
d1./d Colère très violente. Entrer en fureur.
|| Fig. La fureur des flots.
d2./d Passion excessive. Aimer avec fureur.
|| Loc. verb. Faire fureur: être fort en vogue. Disque qui fait fureur.
|| Loc. adv. à la fureur: à la folie.
d3./d Litt. Délire inspiré. Fureur poétique.
⇒FUREUR, subst. fém.
A.— 1. Vx. Dérèglement passager du comportement, pouvant caractériser certaines folies, et se manifestant par des actes d'extrême violence. Folie furieuse. Selon lui [Arétée], les premiers [délires] sont caractérisés par la mélancolie ou par la fureur; les seconds, par le désordre des sensations et de toutes les opérations mentales (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 368). Je finirais par tomber dans un état d'idiotisme ou de fureur (FLAUB., Corresp., 1842, p. 123). Cf. conscient ex. 2 :
• 1. Le médecin me dit : « Il a de terribles accès de fureur, c'est un des déments les plus singuliers que j'aie vus. Il est atteint de folie érotique et macabre. »
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Chevel., 1884, p. 935.
— P. méton., au plur. Ces actes eux-mêmes. Toutes les nuits, deux hommes veillaient ainsi près de moi pour me tenir de force lorsque j'étais en proie aux fureurs du délire (SAND, Mauprat, 1837, p. 168).
— En partic., littér. Délire inspiré du poète, du prophète. Fureur lyrique, poétique. Synon. enthousiasme, inspiration. Virgile décrit la fureur de la Sibylle (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919-20, p. 313). Ce prophète aux yeux durs qui nuit et jour couvait une fureur sacrée (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 804) :
• 2. La fureur sacrée des Sibylles est plus près de nos passions que nous ne voulons le croire. Ces convulsions exprimaient une pensée totale, et assurément vraie; car le monde entier et l'avenir prochain, chacun de nous le porte...
ALAIN, Propos, 1922, p. 409.
2. Colère intense, aux effets souvent démesurés. Fureur populaire, sauvage, aveugle; grande, violente fureur; fureur et désespoir; cris, larmes, mouvements de fureur; entrer, mettre en fureur. Et qui vous dit que j'en suis offensé? s'écria-t-il avec fureur en se redressant violemment sur la chaise longue (...) cependant que, tandis que se crispaient les blêmes serpents écumeux de sa face, sa voix devenait tour à tour aiguë et grave comme une tempête assourdissante et déchaînée (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 558). Cf. abomination ex 4 :
• 3. ... le duc dans l'un des salons, s'abandonnait à sa frénésie. La fureur l'étouffait, lui étranglait la voix. (...) et, presque en écumant de rage, il éclatait contre son frère, ce perfide, ce lâche, ce fourbe et autres noms à faire baisser les yeux; puis des jurons, des invectives, des clameurs et des coups de talon.
BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 21.
a) P. méton., au plur. Accès de violente colère. Les fureurs de la populace. Il faut être à jeun pour chanter la bouteille, et nullement en colère pour peindre les fureurs d'Ajax (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 244). [Nana] tragique dans ses fureurs de femme trompée (ZOLA, Nana, 1880, p. 1361).
b) En partic.
— Colère divine. Seigneur, ne me reprenez pas dans votre fureur (Ac.). Synon. littér. courroux. Les oraisons liturgiques protestantes qui venaient d'être récitées avaient offert la mort sous un aspect épouvantable. La face de fureur de Dieu. La vengeance éternelle. La colère divine qui est dans la mort, etc. (HUGO, Corresp., 1865, p. 485).
— Rage meurtrière, frénésie sanguinaire accompagnant un engagement armé, une lutte, etc. Le fanatisme dans tous les genres est une fureur meurtrière, et l'homme est si dépravé, que la férocité même finit par lui offrir des jouissances auxquelles il se livre avec transport (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 199). Dans la guerre, c'est le désir de nuire, la cruauté de la vengeance, une âme inapaisée et implacable, la fureur des représailles, la passion de la domination (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 75).
c) P. anal.
— Impétuosité d'un animal irrité. Un lion en fureur. La fureur d'un taureau. Mettre un taureau en fureur (Ac.). [Véronique] bondissant comme un tigre en fureur (GAUTIER, Albertus, 1833, p. 171).
— Caractère violent, déchaînement d'un phénomène naturel. Fureur des flots, des vents. Ils tirèrent le canot sur la grève pour le mettre à l'abri de la fureur de la mer (Voy. La Pérouse, 1797, p. 26). Sous leurs murailles massives [des métairies], on s'abrite tant bien que mal de la fureur des saisons (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 7) :
• 4. L'eau brisée retombait des maçonneries en nappes calmes pour rejoindre la fureur de la Manche et mettait sur la vague hurlante le contraste des sources plaintives. De sa bave salée, le flot insultait la forêt de poutres qui posait devant sa violence la tranquillité des vieux arbres.
HAMP. Marée, 1908, p. 34.
♦ P. méton., au plur. Manifestations violentes, excessives d'un phénomène naturel. Malgré les fureurs de l'ouragan, le fracas de la tempête, le tonnerre de la tourmente, Harbert dormait profondément (VERNE, Île myst., 1874, p. 55). Il [Robinson] évoquait en larges gestes la majesté des forêts inconquises et les fureurs de la tornade équatoriale (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 497).
B.— P. ext.
1. Passion impérieuse et démesurée (pour quelque chose ou quelqu'un); ardeur extrême. Synon. frénésie, rage. Comme dans le poème de Lucrèce, l'homme y [sur les urnes étrusques où il est représenté] jouit avec une fureur voluptueuse de la vie qui va passer (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 48).
— En partic. Ardeur amoureuse. Guerroyant plaisir des caresses, Tumulte des regards humains, Fureur des lèvres et des mains (NOAILLES, Forces étern., 1920, p. 171). La nuit serait interminable sans lui, sans lui contre moi, sans son habileté, sans sa fureur subite et ses longues caresses (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 131).
♦ P. méton., au plur. Transports amoureux particulièrement passionnés. Ce langage étrange que l'amour délirant invente en ses fureurs (GAUTIER, Albertus, 1833, p. 174). Cette maison infâme toute résonnante des fureurs lascives de sa triste épouse (AYMÉ, Travelingue, 1941, p. 247).
♦ Spéc., vx. Fureur utérine. Nymphomanie. Vivement ému, je l'embrassai moi-même. Alors Nanette parut comme saisie d'une fureur utérine; elle me serra, s'empara de tout mon être, et me fit palper le sien (...). Enfin, il lui prit un tel accès d'érotisme, qu'elle voulut être possédée (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 106).
2. Fureur de [Suivi d'un subst. ou d'un inf. désignant l'obj. de la passion]
a) Besoin passionné de. Fureur d'aimer, de vivre; fureur du jeu, des conquêtes. Synon. manie, rage. La bourgeoisie (...) avec sa fureur de libéralisme, sa rage de destruction, ses flatteries au peuple (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1314). Je suis né avec cette fureur d'apprendre que vous appelez libido sciendi. J'ai travaillé comme on dévore (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1237) :
• 5. Il courait dans cette allée comme un lièvre, tant la fureur de revoir Süzel le possédait. C'est lui qui se serait étonné, trois mois avant, s'il avait pu se voir en cet état!
ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 184.
b) Au fig. Degré extrême d'un sentiment, point culminant d'une action. Synon. paroxysme. On ne lui connaissait point d'héritier, à qui profiterait donc cette fureur d'avarice? (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 328). M. Triquet, le sous-chef prenant la nuit, arrivait dans toute la fureur de son activité fraîche (HAMP, Marée, 1908, p. 47). La fureur de joie emporte les voix insatiables, au delà du seuil scellé par les accords de l'orchestre (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 357) :
• 6. Cependant, (...) l'alternance grandiose de l'illusion religieuse qui dresse les temples dans une fureur d'amour et de la connaissance critique qui les renverse pour ouvrir, par une enquête minutieuse, d'autres chemins à l'esprit, reste une réalité permanente, et décisive à mon sens.
FAURE, Espr. formes, 1927, p. 19.
3. Locutions
a) Loc. adv. Avec fureur, à la fureur (vx). Avec passion et démesure. Synon. passionnément. Je t'aime à la fureur (NAPOLÉON Ier, Lettres Joséph., 1796, p. 61). La pièce nouvelle était finie, mais j'étais bien aise de savoir ce qu'en pensait le public. La moitié l'avait applaudie avec fureur, l'autre l'avait sifflée à outrance (JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 176). Cf. amoureux ex. 21.
b) Loc. verb., fam. Faire fureur. Être l'objet d'un engouement excessif. Les statistiques font rage, les dénombrements font fureur (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. XLI). La nouvelle comédie musicale, à l'anglaise, style Geisha : la Poupée, Belle de New-York, fait fureur et ne sera détrônée que par l'opérette viennoise (MORAND, New-York, 1930, p. 168) :
• 7. Les pantins, destinés d'abord à l'amusement des enfants, exerçaient sur les femmes et même sur les hommes jeunes et vieux un attrait extraordinaire; ils faisaient fureur à Paris. Les boutiques des marchands à la mode en regorgeaient...
FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 183.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. führer. Étymol. et Hist. 1. 2e moitié Xe s. « violente colère » (St Léger, éd. J. Linskill, 193 : A grand furor, a gran flaiel); 2. 1542 [éd.] « délire de l'inspiration » (A. HÉROET, La Parfaicte amye, éd. F. Gohin, 1311); 3. 1574 [éd.] « folie, égarement de l'esprit » (AMYOT, De la tranquillité de l'ame et repos de l'esprit, 8 ds HUG.); en partic. 1596 « folie qui conduit à des actes de violence » (HULSIUS); 4. 1640 « (en parlant des éléments naturels) impétuosité, déchaînement » la fureur des eaux (CORNEILLE, Cinna, V, 2). Empr. au lat. class. furor de mêmes sens. Fréq. abs. littér. :3 385. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 5 860, b) 4 874; XXe s. : a) 4 601, b) 4 016.
fureur [fyʀœʀ] n. f.
ÉTYM. Xe; lat. furor « folie, égarement ».
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1 (1596). Littér. Folie poussant à des actes de violence. ⇒ Aliénation, délire, démence, égarement, folie, frénésie; → Aller, cit. 31; fier, cit. 3.
1 Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J'ai vu des convulsionnaires qui (…) s'échauffaient par degrés malgré eux (…) leurs yeux s'enflammaient, tout leur corps tremblait, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué quiconque les eût contredits.
Voltaire, Dict. philosophique, Fanatisme.
2 Le majeur qui est dans un état habituel d'imbécillité, de démence ou de fureur, doit être interdit, même lorsque cet état présente des intervalles lucides.
Code civil, art. 489.
♦ (1542). Délire produit par l'inspiration. ⇒ Enthousiasme, exaltation, inspiration, possession, transport. || Fureur poétique, prophétique, bachique. || Sainte fureur. || Fureur divine.
3 Mais un dieu me retient, me pousse, me ramène (…)
Je ne puis résister à son bras qui m'entraîne.
Oui, je sens ta présence, ô Dieu persécuteur !
Et ta fureur divine a passé dans mon cœur.
Lamartine, Nouvelles méditations, « Apparition de l'ombre de Samuel ».
4 Démétrios contemple avec une sorte de crainte religieuse cette fureur de la déesse dans le corps féminin, ce transport de tout un être, cette convulsion surhumaine (…)
Pierre Louÿs, Aphrodite, IV, I.
♦ Fureur et Mystère, recueil de poèmes de René Char.
2 (Av. 1559). Passion sans mesure. || Amour, jalousie, passion qui devient une véritable fureur. ⇒ Folie (→ Certitude, cit. 6; celui, cit. 6). || Désir d'entasser allant jusqu'à la fureur (→ Accumuler, cit. 6). || Fureur religieuse (→ Fanatisme, cit. 4). — ☑ Avec fureur : avec passion et démesure. || Jouer, s'adonner au plaisir avec fureur, avec une sorte de fureur (→ Échanson, cit. 1). — ☑ À la fureur : à la folie. ⇒ Follement, passionnément.
5 Sers ma fureur, Œnone, et non point ma raison.
Racine, Phèdre, III, 1.
6 Il aimait les femmes à la fureur. Cunégonde lui parut ce qu'il avait jamais vu de plus beau.
Voltaire, Candide, XIII.
7 (…) ma passion de musique devenait une fureur, et il était à craindre que mon travail, se sentant de mes distractions, ne m'attirât un congé qu'il valait beaucoup mieux prendre de moi-même.
Rousseau, les Confessions, V.
8 Il n'est plus pour moi de bonheur, de repos, que par la possession de cette femme que je hais et que j'aime avec une égale fureur.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre C.
9 La vérité est que, dans les dernières années de sa vie (Delacroix), tout ce qu'on appelle plaisir en avait disparu, un seul âpre, exigeant, terrible, les ayant tous remplacés, le travail, qui alors n'était plus seulement une passion, mais aurait pu s'appeler une fureur.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Vie de Delacroix, VI.
10 La fureur guerrière n'est qu'une neurasthénie collective.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, XXI.
10.1 Nous avons relu justement, hier, les lettres de Joubert où il dénonce l'exaspérant Chateaubriand « que je suis condamné à aimer tel qu'il est, écrit Joubert, constamment et à la fureur, quoique avec fureur. »
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 115.
♦ (1689). || Fureur de… (suivi d'un compl. désignant l'objet de la passion). || La fureur du jeu, des duels, des procès. — (Avec un compl. à l'inf.). || La fureur de rimer, de discuter. ⇒ Démangeaison, envie, habitude, manie, rage. || Pourquoi cette fureur de mentir ? || La Fureur de vivre, titre français d'un film de Nicholas Ray.
11 Fureur d'accumuler, monstre de qui les yeux
Regardent comme un point tous les bienfaits des dieux,
Te combattrai-je en vain sans cesse en cet ouvrage ?
La Fontaine, Fables, VIII, 27.
12 J'ai la fureur d'aimer. Mon cœur si faible est fou.
Verlaine, Amour, Lucien Létinois, V.
13 (…) il n'y a pas dans le sang, dans la chair d'une femme, cette fureur absurde et généreuse de possession, cet antique instinct dont l'homme s'est fait un droit.
France, le Lys rouge, XXIII.
14 (L'art musical italien) était dévoré par sa fureur de nouveauté.
R. Rolland, Voyage musical au pays du passé, p. 203.
♦ ☑ Loc. verb. (1835). Faire fureur : exciter un empressement et un intérêt (⇒ Engouement, succès, vogue; → Montagne, cit. 14). || Mode, pièce, chanson, nouveauté qui fait fureur. || C'est une vedette qui fait fureur en ce moment.
15 Il avait fait fureur au Quartier Latin, jusqu'à ce que sa mère étant morte (…) le jeune homme se fût trouvé privé des rentes que représentait pour lui le travail parental (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, VI.
3 (Fin Xe). Cour. Colère folle, sans mesure. || Être transporté de fureur (→ Emportement, cit. 8; emporter, cit. 49). || Accès, crise de fureur (→ Contre, cit. 17). || Fureur jalouse. || Fureur brutale (→ Assouvir, cit. 3), bestiale, aveugle. || Sa fureur ne connaît plus de borne. || Calmer (cit. 13), contenir, augmenter (→ Eustache, cit. 1), exciter, irriter la fureur de qqn. || Des yeux qui étincellent (cit. 5) de fureur. || Fureur qui éclate, qui se déchaîne, qui tonne (→ Bouée, cit. 1). — (V. 1695). En parlant des animaux. || Fauve qui rugit de fureur. || Mettre un taureau en fureur. — (1640). Colère qu'engendre et entretient l'action violente. || Attaquer, se battre avec fureur. ⇒ Acharnement, ardeur, furia, furie, impétuosité, violence. — ☑ Loc. En fureur : dans une extrême colère. || Entrer, être en fureur.
16 Une amante en fureur qui cherche à se venger.
Racine, Andromaque, IV, 6.
17 Un mal qui répand la terreur, Mal que le ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre (…)
La Fontaine, Fables, VII, 1.
18 Je fus témoin d'un combat tel que vous n'en voyez jamais dans vos climats d'Europe (…) On combattit avec la fureur des lions, des tigres, et des serpents de la contrée (…)
Voltaire, Candide, XI.
19 L'animal en fureur, en frénésie, donne de la tête, des membres, des mâchoires, agit par chocs, par assauts, par vis viva, tellement que tout son être est comme le projectile, la massue, la pince, le bélier et les trompettes d'une excitation, laquelle a toutes ces machines pour instruments.
Valéry, Mélange, p. 204.
20 (…) sa vaillance sans mesure, irréfléchie, ressemble plus souvent à l'impétuosité qu'au courage (…) c'est une élémentaire fureur qui se satisfait d'elle-même et l'enivre (…)
Gide, Ajax, 1.
21 Il avait le visage fermé des gens chez qui l'étonnement a coupé net l'élan de la fureur et qui dévorent leur rage en silence.
J. Green, Adrienne Mesurat, I, XIII.
22 De fureur, il s'en va cogner un grand coup dans le petit poêle. Tout s'écroule, tout se renverse (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 453.
4 (1640). Poét. (En parlant des éléments naturels). Caractère d'extrême violence. ⇒ Agitation, impétuosité, violence. || La fureur de la tempête, des flots, des vents, des flammes (→ Agiter, cit. 1; contre, cit. 24; flottant, cit. 1).
23 Celui qui met un frein à la fureur des flots (…)
Racine, Athalie, I, 1 (→ Complot, cit. 2).
24 Rien n'est plus délicieux que ces premières journées d'automne où l'air agité de puissants remous semble une mer invisible dont les vagues se brisent dans les arbres, tandis que le soleil, dominant cette fureur et ce tumulte, accorde à la moindre fleur l'ombre qu'elle fera tourner à son pied jusqu'au soir.
J. Green, Léviathan, I, XIII.
♦ Vieilli. (En parlant d'actions, de sentiments). || La fureur des combats, de la guerre (→ Culture, cit. 18). || La fureur de son emportement (→ Attiser, cit. 3), de son impudicité (→ Accouplement, cit. 2).
25 De protestations, d'offres et de serments,
Vous charger la fureur de vos embrassements (…)
Molière, le Misanthrope, I, 1.
26 Tout ce que j'ai souffert, mes craintes, mes transports,
La fureur de mes feux, l'horreur de mes remords (…)
Racine, Phèdre, IV, 6.
27 C'est lorsque la fureur de la guerre civile et du fanatisme arme les hommes de poignards et que le sang coule à grands flots sur la terre, que le laurier d'Apollon s'agite et verdit.
Diderot, Essai sur la poésie dramatique, XVIII.
———
II (Rare au sing.). || Une, des fureurs.
1 (Déb. XVIIe). Littér. Accès, mouvement, acte de folie, de déraison. ⇒ Transport(s). || Les fureurs d'Oreste (cf. Racine, Andromaque, vers 1625-1648).
28 Qui saura comme lui chanter (…) les fureurs de Roland dans une ruelle ?
La Bruyère, les Caractères, VII, 13.
29 (…) non qu'ils n'aient pour ainsi dire toujours sacrifié le droit aux intérêts, la justice aux faveurs, la raison, la sagesse aux fureurs et aux insanités.
Ch. Péguy, la République…, p. 54.
30 Mes fureurs au dehors ont osé se répandre.
J'ai dit ce que jamais on ne devait entendre.
Racine, Phèdre, III, 1.
3 (1651). Mouvement de colère extrême. || Les algarades (cit. 3) et les fureurs d'un père. || La contagion (cit. 2) des fureurs populaires. || Entrer (cit. 45) dans des fureurs inexprimables.
31 Enfin on les menace de toutes les fureurs, de toutes les vengeances du ciel (…)
Pascal, Pensées, XIII, 841.
32 (…) il n'y eut plus rien, que l'agréable perspective de faire mousser le vieil expéditionnaire et de déchaîner ses fureurs indignées.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 2e tableau, II.
33 (…) les petits affronts qu'elle avait dû subir, les humiliations dévorées en silence, les fureurs matées tant bien que mal, tout ce levain de rancune semblait avoir choisi cette minute pour germer et se dilater.
J. Green, Léviathan, II, IV.
4 (Choses). Mouvement de violence. || Les fureurs de la tempête, de la tornade (→ Évoquer, cit. 25). || Les fureurs de l'anarchie (cit. 3).
34 (…) vous ne sentirez point les fureurs de la bise au milieu de toute votre famille.
Mme de Sévigné, 1247, 28 déc. 1689.
35 Thaïs aimait Lollius avec toutes les fureurs de l'imagination et toutes les surprises de l'innocence.
France, Thaïs, p. 100.
36 (…) ces malheureux étaient prêts pour toutes les fureurs, toutes les imbécillités, toutes les barbaries de l'antisémitisme et du nationalisme.
Ch. Péguy, la République…, p. 26.
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CONTR. Raison, sens (bon). — Calme, douceur, modération, retenue, sang-froid.
HOM. Führer.
Encyclopédie Universelle. 2012.