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gager

gager [ gaʒe ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1080; de gage ou frq. °wadjare
1Vx parier. « Je gage cent pistoles que c'est toi » (Molière). (XVIe) Mod. Littér. Parier, supposer. Gageons qu'il ne tiendra pas ses promesses.
2Vx Payer, donner des gages à (qqn). salarier.
3(1872) Garantir par un gage. Gager une émission de billets. Emprunt d'État gagé sur les recettes fiscales.

gager verbe transitif (de gage) Vieux. Miser une somme en pariant que telle chose se fera ou non : Je gage dix euros que c'est lui le coupable. Littéraire. Donner comme sûre son opinion sur quelque chose : Je gage qu'il arrivera en retard. Garantir quelque chose par un gage, par une garantie : Gager un emprunt sur le cours de l'or.gager (difficultés) verbe transitif (de gage) Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : je gage, nous gageons ; il gagea.

gager
v. tr.
d1./d FIN Garantir par un gage. Gager un emprunt.
d2./d (Québec) Parier. Je gagerais cent piastres qu'elle n'y est pas allée.

⇒GAGER, verbe trans.
A. — Gager qqc.
1. Servir de gage à, garantir. Il est vrai que c'est sur le domaine privé du sultan (...) que serait gagé le nouvel emprunt (JAURÈS, Paix menacée, 1914, p. 321). L'occupation de la rive gauche du Rhin gagerait les paiements (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 274) :
1. La chambre de commerce emprunte souvent pour cet objet et l'emprunt est gagé par des taxes, taxes qui ont d'ailleurs un objet précis, le remboursement de l'emprunt, et que l'on doit cesser de percevoir quand le but est atteint.
CHARDON, Trav. publ., 1904, p. 199.
2. [Le compl. est un inf. ou une complétive avec que]
Gager de. S'engager à faire quelque chose. Chacun de vous avait gagé de souper avec moi; j'en avais fait la promesse à chacun de vous; nous souperons tous ensemble (NERVAL, Chât. Bohême, 1853, p. 58).
Gager que. Émettre une opinion, un avis, avec l'idée de pari pour la renforcer. Tu n'es guère couvert, lui dit-elle, et le temps n'est pas chaud. Je gage que tu as froid? (SAND, F. le Champi, 1850, p. 17) :
2. M. de Rollebon, qui passait et ne croyait à rien, gagea contre le curé de Moulins qu'il ne lui faudrait pas deux heures pour ramener le malade à des sentiments chrétiens. Le curé tint le pari et perdit...
SARTRE, Nausée, 1938, p. 31.
3. [Le compl. désigne l'enjeu du pari] Gager + compl. + que. S'engager à donner un objet ou une somme d'argent si l'on vient à perdre un pari. Synon. parier. Je gagerais cent livres sterling que cette rencontre de lord Talbot me portera malheur (VIGNY, Chatterton, 1835, II, 1, p. 276). Gageons, monsieur, me dit mon guide (...) gageons un cigare que je devine ce que vous allez faire chez monsieur de Peyrehorade? (MÉRIMÉE, Vénus Ille, 1841, p. 244).
P. ext. [En prop. incise] Je gage. Je présume, je suppose. Enfin, la soirée a été très bouffonne et vous aurait divertie, je gage (SAND, Corresp., t. 1, 1826, p. 19). Mais non, il faut ci me montrer pédant Un peu, cela fait bien, sied à mon âge Sans effrayer trop le vôtre, je gage (VERLAINE, Œuvres posth., t. 1, Varia, 1896, p. 22).
B. — Gager qqn, vx. Donner des gages à quelqu'un pour les services qu'il rend. Au lieu de gager les prêtres, mettez-les en prison et défendez la messe : demain le peuple sera dévot (COURIER, Pamphlets pol., Au réd. « Censeur », 1819, p. 27). Tel domaine voisin qui employait vingt-cinq ou trente ouvriers, en a trouvé difficilement à gager huit (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 178).
REM. Gageur, -euse, subst., rare, fam. Celui, celle qui gage, qui a l'habitude de gager. Un grand gageur. Un gageur perpétuel (Ac. 1798-1932).
Prononc. et Orth. : [], (il) gage []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 guagier trans. « garantir au moyen de gages le remboursement d'une somme, l'exécution de quelque chose » (Roland, éd. J. Bédier, 515); 2. a) ca 1200 soi gagier pronom. « se promettre de faire quelque chose, parier » (Aiol, 966 ds T.-L.); b) fin XIIIe s. gagier abs. « parier » (De Jouglet ds Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 4, p. 120, 281); c) mil. XVe s. gaigier que « soutenir que, être sûr que » (Mistére du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 17151); 3. fin XIVe s. gagier « payer, donner un salaire à » (FROISSART, Chroniques, éd. S. Luce, t. 8, p. 36, 15). Soit dér. de gage, dés. -er; soit empr. à l'a. b. frq. wadjare « gager » (cf. FEW t. 17, 446 b). Le mot est également attesté en b. lat. avec les mêmes sens (776 wadiare ds NIERM.). Fréq. abs. littér. : 202. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 467, b) 245; XXe s. : a) 148, b) 238.

gager [gaʒe] v. tr. [CONJUG. bouger.]
ÉTYM. 1080, guagier; de gage, ou du francique wadjare « gager », ou (Guiraud) d'un v. roman vadicare, vadiare, du lat. vas, vadis « caution ».
1 Vx. Déposer (qqch.) comme gage (1.) dans une contestation, un pari. Parier.
1 Je gage cent pistoles que c'est toi.
Molière, l'Impromptu de Versailles, 3.
Vieilli. || Gager de faire qqch. || Gager que… : parier (un enjeu, une somme d'argent) en supposant que… || Je gagerai mille francs qu'il a menti. || « Gageons un cigare que je devine… » (Mérimée, in T. L. F.).Absolt. || Je gage que…
(XVIe). Mod. (Littér.). || Gager que… : supposer que…, exprimer l'avis que… (en n'engageant rien d'autre que son opinion). || Gageons qu'il ne tiendra pas ses promesses (→ But, cit. 4; carte, cit. 22; gageure, cit. 1).
2 Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter. — Cela est admirable. Oui, il faut gager; mais je gage peut-être trop.
Pascal, Pensées, III, 233.
3 On s'échauffa, et les auteurs dont on parlait devenant toujours plus imperceptibles, on finit par faire des paris. « Je gage, dit l'un, que je pourrai vous citer tel ouvrage et tel écrivain dont vous n'avez jamais ouï parler. Je vous le rendrai bien », répondit l'autre (…)
Rivarol, Littérature, III, Préface.
4 Et vous, messieurs les Italiens, avez-vous averti votre jeune princesse ? Je gage qu'elle est allée lire avec ses dames au bout du parc ou sur les bords de l'eau.
A. de Vigny, Cinq-Mars, I.
2 Vx (→ Gage, II., 1.). Payer, donner des gages à (qqn). Salarier (→ Espion, cit. 6).Passif et p.p. || Être gagé par qqn. || Être gagé auprès de qqn. Employé.
5 Je suis auprès de lui gagé pour serviteur (…)
Molière, l'Étourdi, I, 7.
6 C'est ainsi parmi nous que des auteurs gagés par des libraires écrivent l'histoire !
Voltaire, Essai sur les mœurs, XV.
3 (1872). Écon., fin. Garantir par un gage. || Gager un emprunt, une émission de billets. || Encaisse métallique gageant la circulation monétaire.Au p. p. || Emprunt gagé.
7 Ainsi les premières émissions des assignats français à la fin du XVIIIe siècle étaient gagées par les biens du clergé et de la couronne, devenus propriété nationale.
Reboud et Guitton, Précis d'économie politique, t. I, no 664 (éd. Dalloz).
8 Ou au contraire est-ce l'idée de gager les monnaies en or qui semblera naïve en ce temps-là ?
A. Maurois, le Cercle de famille, III, XVII.
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gagé, ée p. p. adj.
Voir ci-dessus à l'article.
DÉR. Gageure. — V. Gage.

Encyclopédie Universelle. 2012.