grossir [ grosir ] v. <conjug. : 2> I ♦ V. intr.
1 ♦ Devenir gros, plus gros. — (Personnes) ⇒ engraisser, épaissir; s'empâter (cf. Prendre du poids). Cet enfant a bien grossi depuis qu'il est à la campagne. ⇒ se développer, forcir. Les féculents font grossir. Régime qui empêche de grossir. Il a grossi de cinq kilos en trois mois. Grossir des hanches, des cuisses. — (Choses) La rivière a grossi.
2 ♦ ⇒ enfler, gonfler. « Les ganglions avaient encore grossi » (Camus).
3 ♦ Augmenter (en nombre, en importance, en intensité). La foule des badauds grossissait. Bruit qui grossit.
4 ♦ Fig. Prendre de l'ampleur, des proportions. ⇒ s'amplifier. Nouvelle qui s'enfle, grossit.
II ♦ V. tr. (XVIe)
1 ♦ Rendre gros, plus gros, volumineux. La pluie tombait « grossissant les rigoles d'eau boueuse » (Green).
♢ Faire paraître (qqn, qqch.) gros, plus gros. Ce vêtement vous grossit. Absolt Les jupes froncées grossissent. — Verre qui grossit les objets (⇒ grossissant) . Absolt Microscope qui grossit mille fois.
2 ♦ Rendre plus nombreux, plus important. ⇒ accroître, augmenter. Un autre cortège est venu grossir la manifestation. ⇒ renforcer. Grossir le nombre des mécontents. Les Buteau « grossissaient la note des frais » (Zola). ⇒ gonfler.
3 ♦ Rendre plus intense, plus fort. Grossir sa voix pour intimider qqn.
4 ♦ Accorder une importance exagérée ou accrue à (qqch.), par la pensée ou le langage. ⇒ amplifier, exagérer. « ma pauvre mère grossissait dans les mêmes proportions mes torts et mes fautes » (France). ⇒ dramatiser. On a grossi l'affaire à des fins politiques.
⊗ CONTR. Maigrir. Rapetisser. Décroître, faiblir. — Amincir. Minimiser.
● grossir verbe intransitif Devenir plus gros, plus volumineux : La tumeur a grossi. Prendre du poids ou de l'embonpoint : Il a grossi de 5 kilos en deux mois. Grossir des hanches. Apparaître de plus en plus gros : L'avion grossit en se rapprochant. Augmenter en nombre, en quantité, en intensité, en importance : Le bruit grossit. Le scandale grossissait de jour en jour. ● grossir (synonymes) verbe intransitif Devenir plus gros , plus volumineux
Synonymes :
- grandir
Prendre du poids ou de l'embonpoint
Synonymes :
- épaissir
- forcir (familier)
- s'empâter
- s'étoffer
Contraires :
- fondre (familier)
- maigrir
Augmenter en nombre, en quantité, en intensité, en importance
Synonymes :
- enfler
- s'accroître
- s'élargir
- s'étendre
Contraires :
- décroître
- diminuer
● grossir
verbe transitif
Rendre quelque chose plus gros, plus volumineux : Les pluies ont grossi le torrent.
Donner une image agrandie de quelque chose : Microscope qui grossit dix fois les objets.
Faire paraître quelqu'un plus gros qu'il n'est : Cette robe te grossit.
Faire paraître un fait plus important qu'il n'est : Les journalistes ont grossi l'incident à des fins politiques.
S'ajouter à d'autres et en rendre ainsi le nombre plus important : Les déserteurs vont grossir le nombre des rebelles.
Rendre un son, un bruit plus forts, plus intenses : Grossir sa voix pour se faire entendre.
● grossir (synonymes)
verbe transitif
Donner une image agrandie de quelque chose
Synonymes :
- agrandir
Faire paraître quelqu'un plus gros qu'il n'est
Contraires :
- amincir
Faire paraître un fait plus important qu'il n'est
Synonymes :
- enfler
- outrer
Contraires :
- diminuer
- réduire
S'ajouter à d'autres et en rendre ainsi le nombre plus...
Synonymes :
- accroître
- alourdir
- enrichir
Rendre un son, un bruit plus forts, plus intenses
Synonymes :
- hausser
Contraires :
- baisser
- étouffer
grossir
v.
rI./r v. intr.
d1./d Devenir plus gros, prendre de l'embonpoint. Elle a peur de grossir.
d2./d Devenir plus gros, plus important. Le troupeau grossit.
|| Fig. Rumeur qui grossit.
rII./r v. tr.
d1./d Rendre plus gros. Les pluies grossissent le marigot.
d2./d Faire paraître plus gros. Cette camisole la grossit.
— Absol. Le microscope grossit.
d3./d Accroître le nombre, l'importance de. Les agneaux vont grossir le troupeau.
— Fig. Grossir les faits, exagérer leur importance.
⇒GROSSIR, verbe
I. — Emploi trans.
A. — [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] Rendre plus gros. Je grossissais mes dossiers port-royalistes : de là deux volumes, au lieu d'un seul que j'avais promis (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 11) :
• 1. ... de grandes rivières qui tombent des monts, le Tésin, l'Adda, etc., contribuent toutes pour grossir le Pô, et lui donnent un caractère d'inconstance et de fougue momentanée qu'on n'attendrait pas d'un fleuve qui arrose des plaines si unies.
MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 7.
— Emploi pronom. Le nuage s'épaissit, se grossit (Ac. 1798-1932).
— En partic. Accroître temporairement le volume. Les pluies ont grossi la rivière (Ac. 1798-1932). Les premiers rayons qui fondent les neiges et précipitent les avalanches, qui grossissent du matin au soir les torrents en coupant les chemins (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 34).
♦ Le vent grossit la mer encore... Elle gicle en gerbes haut sur le phare... Elle s'emporte au ciel (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 141).
B. — [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose ou une pers.] Faire paraître plus gros. Il avait des guêtres en drap noir qui lui montaient jusqu'aux genoux et rembourrées de manière à lui grossir les jambes (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 270). Oui, elle avait beau porter des jupes à volants (...) et se grossir le derrière avec des serviettes, le par-dessous n'en était pas meilleur, au contraire (ZOLA, Terre, 1887, p. 136) :
• 2. Elle portait un petit tailleur sombre, une écharpe verte, elle avait relevé ses cheveux : elle était ravissante. — Tu ne trouves pas qu'il me grossit ce tailleur? — Non.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 278.
— Emploi abs. Les jupes plissées grossissent (ROB.).
— OPT. Verre qui grossit les objets. Le télescope d'Herschell grossit quatre mille fois un objet (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 344).
C. — P. ext. Augmenter, rendre plus considérable.
1. En nombre. Trois Paturot, les seuls qui fussent électeurs, grossirent la liste des votes sur lesquels on pouvait compter avec certitude (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 327). Les observateurs en ballon ne cessent pas de signaler des colonnes ennemies gravissant les pentes et venant grossir le nombre des assaillants (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 236) :
• 3. Après avoir fait à Paris d'excellentes études médicales, il s'était retiré à Plassans par goût, malgré les offres de ses professeurs. (...) il ne s'inquiéta nullement de grossir sa clientèle. Très sobre, ayant un beau mépris pour la fortune, il sut se contenter des quelques malades que le hasard seul lui envoya.
ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 67.
♦ Emploi pronom. à sens passif. On compte que ces trois corps d'armée se grossiraient infiniment par tous les gens du parti antipatriotique (MARAT, Pamphlets, C'en est fait de nous, 1790, p. 202).
2. En importance. Grossir une fortune. C'était une partie du revenu des particuliers qui allait grossir les capitaux productifs du royaume (SAY, Écon. pol., 1832, p. 189) :
• 4. Les créanciers de Birotteau trouvèrent les moindres choses que l'infortuné possédât. Ils ont trouvé, messieurs, ses vêtements, ses bijoux, enfin les choses d'un usage purement personnel, non seulement à lui, mais à sa femme qui abandonna tous ses droits pour grossir l'actif.
BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 409.
— Emploi pronom. Comme elle dépensait à peine huit cents francs par an pour elle, ses rentes se grossissaient d'année en année (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 66).
3. En intensité. L'écho grossit les bruits. Les anciens (...) grandissaient l'acteur par le cothurne, grossissaient sa voix par le masque (VIGNY, Journ. poète, 1840, p. 1130) :
• 5. Il feignait que ce doigt continuât de disposer de la note (...) et se donnait ainsi l'illusion d'en grossir ou d'en diminuer le son et de le modeler à son gré, suivant qu'il enfonçait ce doigt plus avant sur la touche ou au contraire le ramenait à lui.
GIDE, Si le grain, 1924, p. 459.
D. — Au fig. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] Donner une ampleur démesurée. Grossir une affaire, une nouvelle; grossir des faits. La nuit qui grossit tous les périls et multiplie toutes les terreurs (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 55). Il est évident que les gens d'imagination se grossissent trop les obstacles (AMIEL, Journal, 1866, p. 92). Les enfants, qui grossissent naturellement ce qui est humeur, voient presque toujours mal leurs parents et leurs maîtres (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 294).
♦ Emploi pronom. Les objets se grossissent au sein des ténèbres. Tout paraît dans l'ombre hostile et gigantesque (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p. 77).
II. — Emploi intrans.
A. — Devenir (plus) gros.
1. [Le suj. désigne une chose dont on considère le volume] Arbre qui grossit. Après cette pluie, les raisins vont grossir à vue d'œil (Ac. 1798-1932). Anna l'écoutait, bouche ouverte, pendant que des larmes grossissaient encore dans les coins de ses yeux. Mais, au bout d'un instant, le chagrin était dissipé (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 41). J'emprunte un chalumeau, de l'eau savonneuse, et je souffle. La bulle grossit, s'irise. Je n'ai rien ajouté, qu'un peu d'air, mais je m'émerveille (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 312) :
• 6. L'écriture, assez appliquée et fine au commencement, s'altérait et grossissait par un progrès rapide, jusqu'à devenir informe aux dernières lignes.
A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 272.
2. [Le suj. désigne un animal ou une pers.] Poulet qui grossit; régime qui empêche de grossir; grossir du visage. À mesure que saint Antoine regarde les animaux, ils grossissent, grandissent, s'accroissent, et il en vient de plus formidables et de plus monstrueux encore (FLAUB., Tentation, 1849, p. 407) :
• 7. Lantier (...) se trouvait très bien, il ne voulait ni grossir ni mincir, par coquetterie. Cela le rendait difficile sur la nourriture, car il calculait tous les plats de façon à ne pas changer sa taille.
ZOLA, Assommoir, 1877, p. 647.
— [Le suj. désigne une partie du corps humain] :
• 8. ... mais comme tu n'es pas assez fort pour manier le poignard, fais-toi voleur, en attendant que tes membres aient grossi. Et, pour qu'ils grossissent plus vite, je te conseille de faire de la gymnastique deux fois par jour...
LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 176.
♦ Devenir plus grossier, perdre de sa finesse, de sa grâce :
• 9. Sous les brouillards incessants, les traits grossissent et se déforment. Alors, ce ne sont plus que de gros poupards bouffis, remarquables pourtant par l'acuité du regard, et, sous la lourde paupière, par je ne sais quelle discrète et minutieuse observation.
MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 46.
B. — Dépasser son volume habituel.
1. [Le suj. désigne une chose] Les rivières grossissent à la fonte des neiges (DG).
— En partic. La mer grossit. Elle devient houleuse. La mer qui grossissait, et le vent qui forçait, pouvaient nous contraindre à appareiller pour sauver nos vaisseaux (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 54).
2. [Le suj. désigne une partie du corps humain] Devenir temporairement plus gros, enfler. La glande mammaire multiplie ses cellules, grossit, et commence à fonctionner avant l'accouchement (CARREL, L'Homme, 1935, p. 236). Il eut tout à coup l'impression que ses aines grossissaient et que ses bras se mouvaient difficilement autour de l'aisselle. Il pensa que c'était la peste (CAMUS, Peste, 1947, p. 1382) :
• 10. Une formidable colère passa sur son front et sur son visage en signes évidents; toutes les veines grossirent, les yeux s'injectèrent de sang, le teint se marbra.
BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 249.
— En partic. [Le suj. désigne une grosseur pathologique] Se développer. Abcès qui grossit. Une tumeur venimeuse qui grossissait dans sa poitrine, lui emplissait la bouche d'une âcre et fielleuse amertume (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 272).
C. — Paraître de plus en plus gros. Le rapace s'avançait (...). Il grossissait à l'horizon de minute en minute (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 224) :
• 11. En examinant avec attention cette raie jaune de la route, j'y remarquai, à un quart de lieue environ, un petit point noir qui marchait. Cela me fit plaisir, c'était quelqu'un (...). Je hâtai le pas et je gagnai du terrain sur cet objet, qui s'allongea un peu et grossit à ma vue.
VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 32.
— Au fig. Prendre une ampleur exagérée. Les nouvelles grossissent. Comme les rumeurs sur son compte continuaient, grossissaient, devenaient générales, je résolus d'essayer de voir moi-même cet étranger (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Main, 1883, p. 890).
D. — Augmenter, devenir plus considérable.
1. En nombre. Foule qui grossit. Saccard, à son pilier, voyait grossir autour de lui la cohue de ses flatteurs et de ses clients (ZOLA, Argent, 1891, p. 322). À une heure et demie, nous commencerons la vente! dit le notaire (...) le public n'était pas encore nombreux, mais il grossissait peu à peu (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 254).
2. En importance. Fortune, somme d'argent qui grossit :
• 12. Ces petites actions-là, c'est plus maniable, mon ami, ça peut grossir d'une façon plus naturelle.
— Et ça grossit? fit Laurent en frappant le tapis de la voiture à coups de talon.
— Mais oui, mon petit frère, ça grossit. Ça repart à 329 et voilà déjà 422. Et... ça retombe à 402.
DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 36.
3. En intensité. Bruit qui grossit. L'orgie seule déploya sa grande voix, sa voix composée de cent clameurs confuses qui grossissent comme les crescendo de Rossini (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 52). Un vent d'orage, Un vent sonore et lourd qui grossit par degrés, Emplit l'espace au loin de nuages et d'ombres (HUGO, Feuilles automne, 1831, p. 805).
REM. Grossisseur, -euse, adj. Qui exagère l'importance d'une chose. La renommée qui n'est que grossisseuse et pas toujours menteuse, vous a dit trop vrai sur mon peu de relations actuelles avec Hugo (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 2, 1818-69, p. 171).
Prononc. et Orth. : [], (il) grossit []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. 1317 [date ms.] « devenir gros, s'enfler » (ici en parlant d'un cours d'eau) (Fierabras, var. ms. Vatican Chr. 1616, f° 64b ds GDF. Compl.); 2. 1644-45 au fig. ici en parlant de la colère comparée à un torrent (CORNEILLE, Rodogune, IV, 3); 1662 « s'amplifier » (ID., Sertorius, I, 1). B. Trans. 1. 1368 réfl. « devenir plus considérable » (Lett. de Ch. V, G. 4063, A. Seine-Inférieure ds GDF. Compl.); 2. a) mil. XVIe s. « rendre plus intense, plus fort (concrètement) » grossir sa voix (AMYOT, César, 46 ds LITTRÉ); b) mil. XVIe s. « rendre plus intense, amplifier » ici, le courage de quelqu'un (DU BELLAY, Œuvres poétiques, éd. H. Chamard, VI, 344 ds IGLF); 3. a) 1580 « faire paraître plus important, amplifier, exagérer » (MONTAIGNE, Essais, I, XX, éd. A. Thibaudet, p. 115); b) 1671 « faire apparaître plus gros par un procédé optique » (POMEY d'apr. FEW t. 4, p. 275a); 4. 1595 « rendre plus gros, plus volumineux » (MONTAIGNE, Essais, I, XXVI, éd. A. Thibaudet, p. 190); 5. 1647 « apporter du renfort à, rendre plus puissant en se joignant à » (CORNEILLE, Heraclius, I, 3). Dér. de gros1, grosse adj.; dés. -ir. Fréq. abs. littér. : 1 178. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 723, b) 1 698; XXe s. : a) 1 440, b) 1 761.
grossir [gʀosiʀ] v.
ÉTYM. 1317, « s'enfler » (cours d'eau); de gros.
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I V. intr.
1 Devenir gros, plus gros. — (Personnes). ⇒ Engraisser; → Prendre du poids, de la graisse, de l'ampleur, de l'embonpoint, du ventre. || Il a grossi depuis que nous l'avons vu. || Je l'ai trouvé grossi. || Grossir du visage, de la taille, des jambes. ⇒ Épaissir. || Elle a peur de grossir. ⇒ Empâter (s'); → Perdre sa ligne. || Cet enfant a bien grossi depuis qu'il est à la campagne. ⇒ Développer (se), forcir. || Aliment, régime qui fait grossir, qui empêche de grossir. — (Animaux, végétaux). || Ton chat a grossi. || Tronc d'arbre qui grossit. || L'ovaire des fleurs grossit et devient un fruit. ⇒ Croître.
1 Quant à ce qu'il reconnût Albertine (…) elle avait, au dire de tous, tellement changé et grossi que ce n'était guère probable.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 29.
♦ Rare. (Choses). || Larme qui grossit et coule (cit. 7). || La rivière a grossi. || Ballon qui grossit quand on le gonfle. ⇒ Dilater (se).
2 Former une grosseur. ⇒ Enfler, gonfler, tuméfier (se). || Sa joue s'est mise à grossir après l'extraction de la dent. || Abcès qui grossit.
2 Les ganglions avaient encore grossi, durs et ligneux au toucher.
Camus, la Peste, p. 32.
3 Paraître plus gros. Mar. || Mer qui grossit, qui devient houleuse. — Se rapprocher. || La barque grossissait à vue d'œil.
4 Augmenter (en nombre, en importance, en intensité). ⇒ Augmenter. || La foule des badauds grossissait. || Argent (cit. 35) qui grossit dans les coffres. || Bruit qui grossit.
3 Puisque c'est maintenant une valeur de leur portefeuille — une petite valeur — ils aiment mieux la voir grossir que péricliter.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XI, p. 118.
5 (Mil. XVIIe). Fig. Prendre de l'ampleur, des proportions. ⇒ Amplifier (s'). || « Tout s'enfle (cit. 23), tout grossit dans la bouche des gens outrés ».
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II V. tr. (Mil. XVIe; pron., 1368).
1 (Sujet n. de chose). Rendre gros, volumineux. || Affluents qui viennent grossir un fleuve. || Les pluies ont grossi la rivière. — Pron. Peu usité. || Le nuage se grossit (Académie).
4 La pluie tombait toujours, grossissant les rigoles d'eau boueuse (…)
J. Green, Adrienne Mesurat, I, XIV.
2 (Sujet n. de chose). Faire paraître (qqn, qqch.) gros, plus gros. || Ce vêtement vous grossit. || Une coiffure qui grossit le visage. Absolt. || Les jupes froncées grossissent. — (1671). || Verre qui grossit les objets. ⇒ Grossissant. Absolt. || Lunette, loupe qui grossit. ⇒ Agrandir. || Microscope qui grossit mille fois.
3 Rendre plus nombreux, plus important. ⇒ Accroître, augmenter. || Les troupes qui ont grossi l'armée, qui sont venues grossir l'armée. ⇒ Renforcer. || Personnes qui viennent grossir une foule (→ Affluer, cit. 4; création, cit. 11). || Grossir le nombre des mécontents. || Grossir les rangs des chômeurs. — (Choses). || Des primes grossissent son salaire de moitié. || Grossir sa fortune. ⇒ Étendre; → Argent, cit. 37. || Dettes qui viennent grossir un déficit. || Grossir la dose. ⇒ Forcer. — Pron. || Liste qui se grossit de plusieurs noms. ⇒ Enrichir (s').
5 Il (…) vint (…) grossir la foule de ses auditeurs.
Racine, Port-Royal.
6 À l'heure où cette coalition était bien près de se grossir de la Prusse, l'Empereur croyait cependant que, tout au contraire, elle allait s'affaisser par la conclusion de la paix avec l'Angleterre et la Russie.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Vers l'Empire d'Occident, XIII.
7 De leur côté, les Buteau, exaspérés, grossissaient la note des frais, comptaient les repas, mentaient sur les vêtements, réclamaient jusqu'à l'argent des cadeaux faits aux jours de fête.
Zola, la Terre, IV, VI.
8 Il laissait les revenus de ces placements s'ajouter au principal, moins pour le grossir, que pour en couvrir les risques.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XIII, p. 183.
4 Rendre plus intense, plus fort (gros ne s'emploie plus dans ce sens). || Grossir sa voix pour intimider qqn. || L'écho grossit le bruit de la foudre (→ Entortiller, cit. 4). — Au p. p. || La musique tantôt affaiblie, tantôt grossie par la brise (→ Boitillant, cit.).
5 (1580). Donner, accorder une importance exagérée ou accrue à (qqch.), par la pensée ou le langage. ⇒ Amplifier, exagérer (cit. 14). || Ces journaux ont tendance à grossir le nombre des manifestants. || La renommée a grossi ses exploits (→ Essaim, cit. 6). || Grossir une légende (→ Fable, cit. 15). || Grossir les défauts, les qualités d'autrui (→ Envie, cit. 4). || Il ne faut pas grossir les difficultés, l'importance d'une chose. ⇒ Dramatiser; → Regarder par le petit bout de la lorgnette. || La presse grossit à plaisir les événements. || On a grossi l'affaire à des fins politiques. — Se grossir l'importance d'un fait, le grossir dans sa propre appréciation.
9 Que vous prenez de peine à grossir vos ennuis !
Corneille, l'Illusion comique, IV, 2.
10 Ne grossis-tu pas des scrupules d'enfant ?
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 1012.
11 Les désordres, inséparables d'un tel bouleversement, ont été grossis à plaisir, complaisamment exagérés (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, I.
12 Mais le pis était que ma pauvre mère grossissait dans les mêmes proportions mes torts et mes fautes.
France, le Petit Pierre, I.
13 Comme on vit mal, dit l'un, avec ceux que l'on connaît trop. On gémit sur soi-même sans retenue, et l'on grossit par là de petites misères; eux de même.
Alain, Propos, 27 déc. 1910, Passions de voisinage.
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grossi, ie p. p. adj.
1 Devenu plus gros. || Il m'a paru un peu grossi, forci.
2 Rendu plus volumineux. || Torrent grossi (par l'orage).
3 Rendu plus grand. || Image grossie cent fois. ⇒ Agrandi.
4 Amplifié, exagéré. || Danger grossi par l'imagination.
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CONTR. Émacier (s'), maigrir. — Diminuer, rapetisser. — Décroître, faiblir. — Amincir, effiler. — Amoindrir, minimiser.
DÉR. Grossissant, grossissement.
Encyclopédie Universelle. 2012.