impertinent, ente [ ɛ̃pɛrtinɑ̃, ɑ̃t ] adj.
• XIVe; bas lat. impertinens « qui ne convient pas »
1 ♦ Vx Qui n'est pas pertinent; qui est contre la raison, le bon sens.
2 ♦ (XVIe) Vx Qui agit ou parle mal à propos, sottement.
3 ♦ Vieilli Qui joint la vanité et l'effronterie à la sottise. ⇒ outrecuidant. Je vous trouve « bien impertinents de parler devant moi avec cette arrogance » (Molière).
4 ♦ (1670) Mod. Qui montre de l'irrévérence, une familiarité déplacée, choquante. ⇒ désinvolte, effronté, impoli, incorrect, insolent. Élève impertinent. N. Petit impertinent ! — (Choses) Ton, rire impertinent. Son nez « plein de finesse, mais impertinent » (Balzac) . ⇒ mutin.
⊗ CONTR. Convenable, pertinent. Judicieux, raisonnable. Humble. Correct, déférent, 1. poli, respectueux.
● impertinent, impertinente adjectif et nom (bas latin impertinens, -entis, qui ne convient pas) Qui fait preuve d'impertinence : Se montrer impertinent avec un supérieur. ● impertinent, impertinente (synonymes) adjectif et nom (bas latin impertinens, -entis, qui ne convient pas) Qui fait preuve d' impertinence
Synonymes :
- cavalier
- culotté (familier)
- désinvolte
- effronté
- hardi
- impudent
- insolent
- sans-gêne
● impertinent, impertinente
adjectif
Littéraire. Qui est non pertinent : Raisonnement impertinent.
Qui, dans le comportement, marque l'impertinence : Manières impertinentes.
● impertinent, impertinente (synonymes)
adjectif
Qui, dans le comportement, marque l'impertinence
Synonymes :
- choquant
- déplacé
- irrévérencieux
- malséant
impertinent, ente
adj. et n. Qui manque de respect, de politesse. Enfant impertinent. Réponse impertinente.Syn. irrévérencieux, insolent.
— Subst. Quel impertinent!
⇒IMPERTINENT, -ENTE, adj.
A. — Vieilli ou littér.
1. [Le subst. désigne un fait, une action] Qui n'est pas adapté, approprié à l'objet dont il est question; qui va à l'encontre de la raison. Synon. inadéquat, inopportun; anton. judicieux, pertinent. Des phrases entières altérées par l'ignorance, et plus souvent par les impertinentes corrections du copiste (COURIER, Lettre à M. Renouard, 1810, p. 268). Quand un fait impertinent dérange une théorie, rien n'est plus simple que de le nier (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 687) :
• 1. ... ce doute vous paraît impertinent, cependant je suis bien assuré qu'il vous est impossible de le lever, et que, quelque inébranlable que soit votre opinion à cet égard, vous ne sauriez en démontrer la vérité.
DESTUTT DE TR., Idéol. 1, 1801, p. 115.
— DR., vx. Qui ne se rapporte pas à la cause. Fait, article impertinent. (Ds Ac., LITTRÉ, Lar. 19e-Lar. Lang. fr.).
2. [Le subst. désigne une pers.] Qui parle ou agit de manière inconsidérée, mal à propos. Synon. déraisonnable, insensé. Un impertinent conseiller désirait qu'il [l'auteur] mît au bas des feuillets la traduction de toutes les phrases latines (HUGO, Han d'Isl., 1823, p. 12). Ce Galilée est-il assez impertinent Avec son soleil fixe et sa terre tournant! (HUGO, Toute la lyre, t. 1, 1885, p. 107ID., Toute la lyre, t. 1, 1885, p. 107).
— Emploi subst. Vous êtes une folle et une impertinente, qui ne savez ce que vous dites. Refuser l'Académie est une vanité comme une autre : cela fait partie de ce faux honneur auquel vous vous entendez si bien (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p. 1036).
B. — Usuel
1. [Le subst. désigne un trait du comportement hum. (action, parole notamment)] Qui est déplacé, blessant; qui dénote l'irrespect. Synon. choquant, inconvenant; anton. bienséant, convenable. Ouvrage impertinent; manières, réponses impertinentes. Le ton leste, impertinent, inouï de cette lettre, qu'elle lut et relut à plusieurs reprises, n'était-il pas là pour attester l'aigreur, la haine sourde d'une rivale? (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 238). Antoinette arriva à la table de sa mère, s'assit sur une banquette, soutint d'un air impertinent et suprêmement satisfait les regards de tout le monde (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 84) :
• 2. Rien n'est plus impertinent ni plus bête que de parler à un grand artiste, érudit et penseur comme Delacroix, des obligations qu'il peut avoir au dieu du hasard. Cela fait tout simplement hausser les épaules de pitié. Il n'y a pas de hasard dans l'art, non plus qu'en mécanique.
BAUDEL., Salon, 1846, p. 117.
♦ Nez impertinent. Nez qui confère une expression quelque peu effrontée. Son nez (...) est pincé des narines et plein de finesse, mais impertinent (BALZAC, Béatrix, 1839-45, p. 98).
2. [Le subst. désigne une pers.] Qui se comporte d'une manière irrévérencieuse, inconvenante; qui fait preuve d'une audace, d'une familiarité choquantes. Synon. effronté, impudent, insolent; anton. déférent, respectueux. Élève, enfant impertinent. Monsieur de Sénonches, auriez-vous reconnu Monsieur de Rubempré? dit la comtesse en forçant l'impertinent chasseur à saluer Lucien (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 690). Mais ce qu'avait voulu le docte et impertinent Schlegel dans sa brochure, c'était surtout de se divertir avec ironie et de nous irriter (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 6, 1863, p. 46) :
• 3. — Croyez-vous que cet impertinent jeune homme, dit-il en me désignant à Mme de Surgis, vient de me demander, sans le moindre souci qu'on doit avoir de cacher ces sortes de besoins, si j'allais chez Mme de Saint-Euverte, c'est-à-dire, je pense, si j'avais la colique.
PROUST, Sodome, 1922, p. 700.
— Emploi subst. Je ne suis point aussi enchantée que vous de ce petit paysan, vos prévenances en feront un impertinent que vous serez obligé de renvoyer avant un mois (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 31).
Prononc. et orth. : [], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1327 terme de procédure « qui ne se rapporte pas à la cause » (ISAMBERT, Recueil gén. des anc. lois fr., t. 3, p. 345, 29); 1370-72 « qui est sans rapport avec, étranger à » (ORESME, Ciel et Monde, éd. A.D. Menut et A.J. Denomy, 93b, 4-5 ds Mediev. Studies t. 5, p. 307); 2. a) 2e moitié XVe s. « (d'une chose) malséant, inconvenant » (OL. DE LA MARCHE, Est. des off. du d. de Bourg., p. 300 ds GDF. Compl.); 1707 « (id.) volontairement inconvenant, irrespectueux » (LESAGE, Crispin riv. de son maître, sc. 23 ds LITTRÉ : manières impertinentes); b) 1564 » (id.) extravagant, déraisonnable, absurde » (RABELAIS, V, Prol. ds HUG.); 3. a) 1559 « (d'une pers.) qui agit mal à propos, de manière déplacée, absurde » (AMYOT, Lycurgue, 13, ibid.); 1660 « (id.) qui choque la bienséance, montre de l'insolence » (MOLIÈRE, Sganarelle, 1). Empr. au b. lat. impertinens « qui est sans rapport avec ». Fréq. abs. littér. : 340. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 717, b) 516; XXe s. : a) 438, b) 293.
DÉR. Impertinemment, adv. De manière impertinente; avec insolence, irrespect. Mon cher vicomte, interrompit le baronnet, vous avez des expressions triviales dont je vous engage à vous défaire. — Je ne m'en sers pas dans le monde, répondit impertinemment Rocambole (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 330). Il s'habilla avec une recherche extravagante (...), fixa impertinemment les femmes, répondit aux hommes par-dessus l'épaule et tout de suite crut constater les effets heureux de cette attitude (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 29). — []. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1res attest. a) 1414 prob. « mal à propos » (L. DE PREMIERFAIT, Trad. de Boccace, B.N. 129ac ds GDF. Compl.), b) 1559 « mal, maladroitement » (AMYOT, Dion, 18 ds HUG.), c) 1690 « avec violence » (FUR.); de impertinent, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. : 20.
impertinent, ente [ɛ̃pɛʀtinɑ̃, ɑ̃t] adj. et n.
ÉTYM. 1327, au sens 1; « inconvenant », après 1450; bas lat. impertinens « qui ne convient pas »; de im- (→ 1. In-), et pertinens, pertinentis, p. prés. de pertinere « user à, aboutir », d'abord « s'étendre jusqu'à… », de per, et tenire « tenir ».
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1 Vx. Qui n'est pas pertinent, ne convient pas à l'objet dont il s'agit; qui est contre la raison, le bon sens, le sens commun. || Il n'y a rien de si impertinent, de si inepte, de si ridicule qu'on ne fasse admettre par la flatterie (→ Assaisonner, cit. 6; 1. car, cit. 2; conclusion, cit. 5; franc-parler, cit. 1).
1 (…) c'était un fou tout plein d'esprit : façon de parler à mon avis impertinente, et pourtant en usage (…)
La Bruyère, Lettres, XVIII.
2 Qu'il mourût serait détestable dans Zaïre; et Zaïre, vous pleurez, serait impertinent dans Horace.
Voltaire, Lettre à Formont, 166, 15 déc. 1732.
3 (…) les questions d'authenticité et d'intégrité, impertinentes quand il s'agit des littératures primitives, ont (ici) leur pleine signification.
Renan, l'Avenir de la science, XV, Œ. compl., t. III, p. 940.
2 (1622). Vx. (Personnes). Qui agit ou parle mal à propos, inconsidérément, à tort et à travers, sottement.
4 Ô fils impertinent, as-tu envie de me ruiner ?
Molière, l'Avare, III, 9.
5 — J'entendrai prononcer aux mortels prévenus :
« Elle est plus belle que Vénus ! »
— (…) c'est le style des hommes :
Ils sont impertinents dans leurs comparaisons.
Molière, Psyché, Prologue.
♦ N. || « Un bon (cit. 57) nigaud, un bon impertinent » (Molière). || Un impertinent qui se mêle de ce qui ne le regarde pas (→ Battre, cit. 2). || « Vous êtes un impertinent (…), un homme ignare » (→ Bannissable, cit., Molière). || Petite impertinente !
6 De l'impertinent ou du diseur de rien.
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, 3e sous-titre.
3 (1633). Vieilli. Qui joint la vanité et l'effronterie à la sottise. ⇒ Arrogant, outrecuidant; faquin, fat (2.). || « Je vous trouve (…) bien impertinents de parler devant moi avec cette arrogance » (cit. 2, Molière).
7 Impertinent (…) qui agit (ou parle) contre la raison et contre les bienséances (…) L'usage a joint à cette idée principale une idée accessoire qui rend ce caractère plus odieux. L'homme impertinent est celui qui affiche sans pudeur une vanité dédaigneuse, qui rebute et qui offense (…) il confond l'air libre avec une familiarité excessive… (il a) une hardiesse insolente qui le rend ridicule.
Dict. de Trévoux, art. Impertinent (1771).
8 L'impertinent est un fat outré. Le fat lasse, ennuie, dégoûte, rebute; l'impertinent rebute, aigrit, irrite, offense : il commence où l'autre finit.
La Bruyère, les Caractères, XII, 46.
9 Le sot est embarrassé de sa personne; le fat a l'air libre et assuré; l'impertinent passe à l'effronterie (…)
La Bruyère, les Caractères, XII, 53.
4 (1670, Molière). Qui montre de l'irrévérence, une familiarité déplacée, choquante; qui ne respecte pas les règles du comportement hiérarchisé, selon les critères sociaux en usage. ⇒ Impertinence (2., rem.); audacieux, cavalier, désinvolte, effronté, impudent, inconvenant, incorrect, insolent, irrespectueux, irrévérencieux. || Un enfant mal élevé et impertinent. || Un moqueur, un plaisantin impertinent. ⇒ Plaisant (mauvais plaisant). || Être impertinent avec, à l'égard de ses supérieurs. — N. || C'est une impertinente. || Petit impertinent !
10 C'est une friponne, une impertinente, une effrontée, que je mettrai dans un couvent avant qu'il soit deux jours.
Molière, le Malade imaginaire, II, 9.
♦ (1707, Lesage; choses). Qui dénote l'impertinence. || Air, rire impertinent. || Manières impertinentes. || Regard impertinent. ⇒ Effronté (→ Euphorie, cit. 5). || Plaisanteries impertinentes. ⇒ Blessant.
11 Son nez, qui décrit un quart de cercle, est pincé des narines et plein de finesse, mais impertinent.
Balzac, Béatrix, Pl., t. II, p. 396.
♦ (Choses). || Un petit nez impertinent. ⇒ Effronté.
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CONTR. Adéquat, convenable, pertinent. — Judicieux, raisonnable, sensé… — Réfléchi, sage. — Honteux, humble. — Bienséant, civil, correct, poli, respectueux. — Obséquieux.
DÉR. Impertinemment, impertinence.
Encyclopédie Universelle. 2012.