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cruel

cruel, cruelle [ kryɛl ] adj.
crudel Xe; lat. crudelis, de crudus (→ 2. cru), au fig. « qui aime le sang »
1Qui prend plaisir à faire, à voir souffrir. barbare, dur, féroce, impitoyable, inhumain, méchant , sadique, 1. sanguinaire, sauvage. Homme cruel ( 2. boucher, bourreau, brute, cannibale, monstre, ogre, persécuteur, tigre, tortionnaire) . Parents cruels. dénaturé, indigne. Être cruel avec les animaux. « Femme impure ! L'ennui rend ton âme cruelle » (Baudelaire) .
Qui tue sans nécessité. Le tigre est cruel.
2Qui dénote de la cruauté; qui témoigne de la cruauté des hommes. « Il est dur, il a l'air cruel » (Suarès). Un mot cruel. féroce. Action, décision cruelle. Joie cruelle. mauvais.
Bataille, guerre cruelle. acharné, sanglant. « La Révolution s'est montrée pour lui le plus cruel des régimes » (Huysmans).
3Littér. Qui fait souffrir par sa dureté, sa sévérité. dur, implacable, inexorable, inflexible, intolérant, rigide, sévère. Père cruel. Vx « C'est cette vertu même, à nos désirs cruelle » (P. Corneille).
Vieilli Femme cruelle, insensible aux demandes de ses amoureux. Subst., vx « Lui qui n'avait jamais rencontré de cruelle » (Gautier).
4(Choses) Qui fait souffrir en manifestant une sorte d'hostilité. Destin, sort cruel. implacable, inexorable. La vie « est souvent dure et parfois injuste et cruelle » (France).
Qui fait souffrir, qui est l'occasion d'une souffrance. affligeant, affreux, atroce, douloureux, dur, épouvantable, insupportable, pénible . Une peine, une perte cruelle. C'est une cruelle épreuve pour lui. malheureux, triste.
⊗ CONTR. Bienveillant, bienfaisant, 1. bon, doux, humain, indulgent.

cruel, cruelle adjectif (latin crudelis) Qui se plaît à faire souffrir, à tuer, à torturer ; féroce : Être cruel envers les animaux. Qui manifeste de la cruauté, de la férocité ; inhumain, barbare : Obéir à des ordres cruels. Qui est sans pitié, d'une extrême sévérité, qui ne se laisse pas toucher par la souffrance d'autrui, qui se plaît à torturer moralement : Plaisanterie cruelle. Qui atteint de manière très douloureuse : Perte cruelle. Qu'on a du mal à supporter, qui contrarie vivement : Être dans une cruelle incertitude.cruel, cruelle (citations) adjectif (latin crudelis) Henry Becque Paris 1837-Paris 1899 La décision est souvent l'art d'être cruel à temps. Notes d'album G. Crèscruel, cruelle (synonymes) adjectif (latin crudelis) Qui se plaît à faire souffrir, à tuer, à torturer ;...
Synonymes :
- barbare
- brutal
- dur
- féroce
- impitoyable
- inhumain
- sanguinaire
Contraires :
- bienveillant
- bon
- clément
- humain
Qui manifeste de la cruauté, de la férocité ; inhumain, barbare
Synonymes :
- barbare
- inhumain
- sanguinaire
- sauvage
Qui est sans pitié, d'une extrême sévérité, qui ne se...
Synonymes :
- malfaisant
- méchant
- sadique
Qui atteint de manière très douloureuse
Synonymes :
- affreux
- épouvantable
- horrible
- pénible
- terrible
Qu'on a du mal à supporter, qui contrarie vivement
Synonymes :
- atroce
- cuisant
- insupportable
- intolérable

cruel, elle
adj.
d1./d Qui prend plaisir à faire souffrir, à voir souffrir. C'est un tyran cruel.
|| Fig. Destin, sort cruel.
d2./d Qui dénote la cruauté. Action cruelle.
d3./d Sévère, inflexible. Un père cruel.
d4./d Qui cause une grande souffrance. Une cruelle maladie.

⇒CRUEL, ELLE, adj.
A.— [En parlant d'une pers. et de son comportement]
1. Qui prend plaisir à provoquer volontairement la souffrance physique ou morale d'autrui (ou d'un animal). Ces femmes-là aiment à être méprisées par leur amant, elles ne l'aiment que cruel (STENDHAL, Amour, 1822, p. 128). Le tendre Racine et le cruel Racine (...) Souvent un homme est irritable dans la mesure où il est tendre (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 73) :
1. ... j'avais déjà remarqué que le bas peuple est peu intelligent, brutal, cruel même, à l'égard des faibles : les enfants et les animaux domestiques. Ce soir, devant la poste, en présence d'une foule qui ne réclamait pas, un homme, tenant un chien malade par les pattes de derrière, lui brisait le crâne contre les barreaux d'une grille. Impatienté de ce que sa victime mettait trop de temps à mourir, il a fini par la lancer pantelante et hurlante, sous les roues des voitures pour qu'elle y fût écrasée.
MICHELET, Sur les chemins de l'Europe, 1874, p. 177.
SYNT. Ennemi cruel, cruel ennemi. Il y a un plaisir délicieux à serrer dans ses bras une femme qui vous a fait beaucoup de mal, qui a été votre cruelle ennemie pendant longtemps et qui est prête à l'être encore (STENDHAL, Amour, 1822, p. 246). PARAD. (Quasi-) synon. acharné, atroce, barbare, dur, féroce, impitoyable, inhumain, méchant, sadique, sauvage; (quasi-)anton. bon, compatissant, humain, pitoyable, tendre.
P. anal. [En parlant d'une entité ou d'un objet plus ou moins personnifié(e)] Mes adversités, (...) commencèrent avec ma vie. La cruelle fortune m'arracha des bras de ma mère (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 414). ... un plomb cruel qui, dans sa course, brille, Siffle, et, fendant les airs, vous frappe sans pardon (VERLAINE, Prem. vers, 1858-66, p. 1).
P. méton. [En parlant d'une partie du corps, d'une attitude physique ou morale, d'une forme d'expression, etc.] Qui trahit une volonté de faire souffrir. Mot cruel. Après le meurtre d'une bête ou d'un homme, le plaisir le plus cruel du paysan, c'est sans doute de couper des arbres (RENARD, Journal, 1902, p. 780). Un mélange incroyable de violence et de douceur : très enfantine, avec une petite bouche cruelle, qu'un rien pinçait méchamment (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 272) :
2. Cette fois, Jules ne fut point accueilli avec ces tournures polies qui lui avaient semblé si cruelles lors de la première entrevue. (...) elle était tremblante, et, comme le ton de Jules était fort réservé et que ses tournures de phrases étaient presque celles qu'il eût employées avec une étrangère, ce fut le tour d'Hélène de sentir tout ce qu'il y a de cruel dans le ton presque officiel lorsqu'il succède à la plus douce intimité.
STENDHAL, L'Abbesse de Castro, 1838, p. 190.
3. Ce naturel gouailleur et bilieux, cette âpreté cruelle qui aime à faire souffrir, leur [ceux qui sont nés sociables] répugne éternellement.
AMIEL, Journal intime, 1866, p. 449.
Jeu cruel. C'était devenu pour elle un jeu cruel de le faire rougir, et presque sa seule prise sur lui (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 503).
Loc. En faire voir de cruelles à qqn. Lui mener la vie dure; synon. fam. en faire voir des pierres, en faire voir de toutes les couleurs. Ah! J'en ai mené une dure d'existence, moi, en ce temps-là! Il m'en a fait voir de cruelles! (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Masque, 1889, p. 1167). Sans doute je ne veux pas dire que Madame avait raison. Elle lui en faisait voir de cruelles (PROUST, Fugit., 1922, p. 681).
2. P. ext. Qui est indifférent à la souffrance ou aux malheurs d'autrui. Synon. inhumain, insensible :
4. Quelqu'un vint dire : « Elle est passée ». Je me jetai à genoux au point H pour remercier Dieu de cette grande délivrance. Si les Parisiens sont aussi niais en 1880 qu'en 1835, cette façon de prendre la mort de la sœur de la mère me fera passer pour barbare, cruel, atroce.
STENDHAL, Vie de Henry Brulard, t. 1, 1836, p. 240.
En partic. [En parlant d'une femme] Insensible, rebelle aux avances d'un homme. J'enflamme un campagnard grison : Je suis cruelle, et celui-là m'épouse (BÉRANGER, Chans., t. 2, 1829, p. 166) :
5. Un prince qui avait renoncé à sa patrie, abandonné son trône et ses états, franchi les monts, passé les mers, soutenu vingt combats, couru mille dangers pour une cruelle dont il osait à peine espérer la faveur d'un regard moins sévère, était un exemple à citer...
MARMONTEL, Essai sur les romans, 1799, p. 309.
Loc., p. euphém. Être peu cruelle pour qqn. Lui accorder ses faveurs. Tullia la danseuse, qui, disait-on, était peu cruelle pour Du Bruel (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 439). Ne pas trouver de cruelles (subst.). Être heureux en amour. Ranuce-Ernest IV, qui trouvait rarement des cruelles, était piqué de ce que la vertu de la duchesse, bien connue à la cour, n'avait pas fait exception en sa faveur (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 132).
P. méton. [En parlant d'une expression du visage, d'une attitude, etc.] Qui exprime l'indifférence. Il semble qu'une divinité champêtre se soit déguisée en Parisienne pour observer, avec un détachement cruel, le petit manège des femmes (BARRÈS, Voy. Sparte, 1906, p. V).
B.— [En parlant d'une chose] Qui provoque une souffrance, un effet pénible. Cruelle alternative, nécessité; souvenirs cruels. Le coup de fouet cruel de la plaisanterie parisienne (STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, 1836, p. 363) :
6. Voyez-vous, il n'y a qu'une façon d'aimer les femmes, c'est d'amour. Il n'y a qu'une façon de leur faire du bien, c'est de les prendre dans ses bras. (...) Tout le reste, amitié, estime, sympathie intellectuelle, sans amour est un fantôme cruel, car ce sont les fantômes qui sont cruels : avec les réalités on peut toujours s'arranger.
MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, p. 1163.
Cruel embarras. Il se trouva plongé dans le plus cruel embarras, dans une détresse épouvantable (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 285). Cruelles pertes. Il y eut un essai d'offensive allemande (...) entre le village et le fort. Un bataillon du 7e régiment de réserve allemand (121e division) y subit de cruelles pertes (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 109).
P. ext. Qui ne laisse rien dans l'ombre, implacable. Lucidité, lumière cruelle. Parle-t-il [Picasso]? Sa boutade montre ce dont il parle sous un jour cruel (COCTEAU, Poésie crit. 1, 1959, p. 104) :
7. Pauvre Annie! La musique pompeuse et triste te raille, t'amollit, t'étreint jusqu'aux larmes; et tu gâtes ton émotion en te retenant de pleurer, en songeant à l'invasion proche et cruelle de la lumière, aux regards avisés de Claudine...
COLETTE, Claudine s'en va, 1903, p. 82.
Par affaiblissement. Pénible, désagréable. Il y a eu de cruels retards dont vous convenez à peine et une autre chose un peu mortifiante pour moi dont vous ne convenez pas du tout (BLOY, Journal, 1898, p. 275). Juin n'est cruel qu'aux citadins sans voiture, encadrés étroitement de pierre chaude, qu'à l'homme serré contre l'homme (COLETTE, Chatte, 1933, p. 67).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 2e moitié Xe s. cruel [en parlant d'une pers.] (Vie de St Léger, éd. Linskill, 153); 2. ca 1150 [en parlant d'une chose] cruël torment (Grand mel fist Adam, éd. H. Suchier, I, 66, p. 34). Du lat. class. crudelis « cruel (d'une pers., d'une chose) »; cruel est refait sur le lat. ou représente une forme pop. crudalis appuyée par les formes de l'a. fr. crual, ca 1200 [ms. XIVe s.] (Ogier le Danois, 5210) et de l'a. prov. crual (ds LÉVY). Fréq. abs. littér. :4 727. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 9 642, b) 6 033; XXe s. : a) 6 453, b) 4 760. Bbg. MIMIN (P.). La Déf. du fr. chez les juristes. Déf. Lang. fr. 1967, n° 37, pp. 26-27.

cruel, elle [kʀyɛl] adj. et n.
ÉTYM. Xe; du lat. crudelis, de crudus (→ Cru), au fig. « qui aime le sang ».
———
I Adj.
A (Animés; l'épithète est en général placée après le nom).
1 Qui prend plaisir à faire souffrir, à voir souffrir. Barbare (littér.), dur, farouche, féroce, impitoyable, implacable, inexorable, inhumain, maupiteux (vx), méchant, sadique, sanguinaire, sauvage; → Altéré, buveur de, ivre de sang. || Homme cruel. Boucher, bourreau, brute, cannibale, despote, exterminateur, monstre, ogre, persécuteur, tigre, tortionnaire, tyran, vampire. || Être insensible et cruel (cf. Sans cœur, sans entrailles). || Parents cruels. Dénaturé, indigne. || Une mère cruelle. Marâtre. || Despote, tyran cruel. || Être cruel envers soi-même. Masochiste. || Peuple cruel; peuplade, tribu, horde cruelle. Sauvage. || Homme perfide, sournois et cruel. || Cruel et brutal. Brutal, forcené, furibond, violent. || Enfant cruel (cf. Cet âge est sans pitié). || Être cruel avec, envers soi-même. Masochiste. || Être cruel avec les animaux. || Il est cruel envers les innocents. || Esprit, instinct cruel. || Âme cruelle. || La misère l'a rendu cruel.
1 Valérien ne fut cruel qu'aux chrétiens.
Bossuet, Hist., I, 10, in Littré.
2 J'ai mendié la mort chez des peuples cruels (…)
Racine, Andromaque, II, 2.
3 Tu mettrais l'univers entier dans ta ruelle,
Femme impure ! L'ennui rend ton âme cruelle.
Baudelaire, Spleen et Idéal, XXVI.
4 C'est la certitude qu'ils tiennent la vérité qui rend les hommes cruels.
France, Les dieux ont soif, p. 11.
Qui tue sans nécessité. || Bête cruelle. || Le tigre est cruel.REM. La cruauté de la bête féroce qui tue sans nécessité apparente est un concept subjectif (vision unilatérale du rapport homme-bête) ou anthropomorphique.
Fig. || Ses ennemis les plus cruels. Acharné.
2 Qui dénote de la cruauté; qui témoigne de la cruauté des hommes. || Action, parole cruelle. || Ordre cruel. || Colère, haine, rigueur, sévérité cruelle. || Joie cruelle. Mauvais. || Air, aspect cruel. || Mine, apparence cruelle. || Visage, œil cruel. || Lèvres cruelles. || Rire, sourire cruel. || Un mot cruel. Féroce.Régime cruel, tyrannie cruelle. Tyrannique.Bataille, guerre cruelle. Acharné, sanglant.Cette décision est inutilement cruelle. || C'est très cruel de sa part.
5 La bataille sans doute allait être cruelle (…)
Racine, la Thébaïde, III, 4.
6 La Révolution, qui semblait, n'est-ce pas, devoir le protéger, s'est montrée pour lui le plus cruel des régimes.
Huysmans, Là-bas, XX, p. 286.
7 Il est dur; il a l'air cruel; il semble jouir de la catastrophe, tant il se soucie peu de l'amortir.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », V, p. 136.
8 Il aperçut tout de suite son chef direct : un visage gras, orné de deux yeux d'oiseau de proie, ronds et cruels.
P. Mac Orlan, la Bandera, XIX, p. 235.
8.1 Ses yeux étaient redevenus durs, sa voix haletante, sa bouche impérieusement cruelle et sensuelle (…) Il me sembla que le Buddha lui-même tordait, maintenant, dans un mauvais soleil, une face ricanante de bourreau (…)
O. Mirbeau, le Jardin des supplices, p. 174.
3 Littér. Qui fait souffrir par sa dureté, sa sévérité. Dur, implacable, inflexible, inexorable, intolérant, rigide, sévère. || Père cruel. || Lois cruelles. Draconien.Vieilli. || Cruel à qqn.
9 C'est cette vertu même, à nos désirs cruelle,
Que vous louiez alors en blasphémant contre elle (…)
Corneille, Polyeucte, II, 2.
10 La volonté pure n'a rien d'humain; elle est cruelle comme le glaive, et sourde comme la mécanique.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », V, p. 138.
N. f. pl.Loc. En faire voir de cruelles à qqn, être extrêmement dur avec lui (cf. De dures, de sévères).
4 (Personnes). Sans indulgence, impitoyable (en parlant d'un écrivain, d'un critique, d'un artiste). || Un satiriste cruel.Par métonymie. || Une plume, une palette cruelle.
5 (Choses personnifiées). Qui fait souffrir en manifestant une sorte d'hostilité. || Destin, sort cruel. Implacable, inexorable. || Fortune cruelle. || La mort est cruelle et aveugle. || Adieu, monde cruel !
11 O Mort, lui disait-il, que tu me sembles belle !
Viens vite, viens finir ma fortune cruelle.
La Fontaine, Fables, I, 16.
12 Les Dieux depuis un temps me sont cruels et sourds.
Racine, Iphigénie, II, 2.
13 On s'aperçoit un jour qu'elle (la vie) est souvent dure et parfois injuste et cruelle.
France, le Petit Pierre, p. 154.
13.1 La violence, qui n'est pas en elle-même cruelle, est dans la transgression le fait d'un être qui l'organise.
Georges Bataille, l'Érotisme, p. 88.
6 (Personnes). Indifférent, insensible. Dur.Par métonymie. Se dit des signes extérieurs qui manifestent cette indifférence. || Comportement cruel. || Désinvolture cruelle.
7 Spécialt (vieilli ou stylistique, par plais.; langue class.). || Femme, maîtresse cruelle, celle qui fait souffrir celui qui l'aime, par son insensibilité ou ses rigueurs. Dur, indifférent, insensible. → ci-dessous, II., 2. : une cruelle. Beauté cruelle.Par plais. || Elle n'est guère cruelle : elle est peu farouche.
14 (…) Tant de jeunes filles qui, pendant des mois entiers, résistent à leur penchant, cachent leur amour et paraissent non seulement insensibles mais encore cruelles à un amant qui leur plaît ?
Saint-Foix, Oracle, sc. 7, in Littré.
15 Si elle vous nomme audacieux, vous l'appellerez cruelle. Les femmes aiment beaucoup qu'on les appelle cruelles.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, IV, 5.
B (Choses; l'épithète est placée avant ou après le nom). Qui fait souffrir, qui est l'occasion d'une souffrance. Affligeant, affreux, atroce, douloureux, dur, épouvantable, insupportable, pénible. || Un cruel supplice, une cruelle mort, une mort cruelle, très cruelle. || Une peine, une perte cruelle. || Subir des pertes cruelles ( Hécatombe). || Un malheur cruel. || Douleur cruelle. Aigu, atroce. || Une tâche cruelle à accomplir. || Un cruel moment, une cruelle époque. || Un cruel hiver. Rigoureux, rude. || Un contretemps, un ennui cruel. Ennuyeux, fâcheux, grave, malheureux, triste. || Un choix cruel. || Être (plongé) dans un cruel embarras. || Affront cruel. Amer, âpre, cinglant, cuisant. || De cruels reproches. || Une cruelle situation. || Une séparation cruelle. || Des souvenirs cruels.
16 Viens me venger. — De quoi ? — D'un affront si cruel,
Qu'à l'honneur de tous deux il porte un coup mortel (…)
Corneille, le Cid, I, 5.
17 Tant sa douleur de tête était encor cruelle !
Molière, Tartuffe, I, 4.
18 (…) l'hiver est plus cruel ici qu'en nul autre lieu.
Mme de Sévigné, 1314, 19 janv. 1691.
19 Durant le triste cours d'une absence cruelle (…)
Racine, la Thébaïde, II, 1.
20 Dans l'état cruel où vous m'avez réduit, je passe les jours à déguiser mes peines, et les nuits à m'y livrer (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXXVI.
21 (…) tout cruel qu'est cet exil, il m'a encore mieux fait sentir la force du lien qui m'attache à un pays où vous êtes.
Stendhal, Souvenirs d'égotisme, p. 266.
22 (…) la cruelle extase de son désir inassouvi (…)
Proust, les Plaisirs et les Jours, p. 54.
———
II N.
1 Rare. Personne qui fait souffrir. || Un cruel. || Une cruelle. || Les cruels.
2 Spécialt (vieilli; langue class.). || Une cruelle : une femme insensible à l'amour qu'on lui porte.
23 Hé bien ! va donc disposer la cruelle
A revoir un amant qui ne vient que pour elle.
Racine, Andromaque, I, 1.
Loc. (Vieilli). Le sujet désigne un homme. Ne pas trouver, ne pas rencontrer de cruelles : séduire toutes les femmes.Au masc. (vx). || Faire le cruel : affecter l'indifférence à l'égard des femmes.
24 (…) il est dur de faire le cruel avec de beaux yeux qui cherchent les vôtres.
Marivaux, le Paysan parvenu, II, p. 97.
25 (…) lui que les princesses accueillaient le sourire aux lèvres, pour qui les duchesses se pâmaient d'amour, et qui n'avait jamais rencontré de cruelle.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. I, p. 297.
CONTR. Bénin, bienveillant, bienfaisant, bon, clément, débonnaire, doux, humain, indulgent, miséricordieux, pitoyable, sensible, tendre.
DÉR. Cruellement. — (Du lat.) V. Cruauté.

Encyclopédie Universelle. 2012.