inexplicable [ inɛksplikabl ] adj.
• 1486; lat. inexplicabilis
♦ Qu'il est impossible ou très difficile d'expliquer; qui paraît bizarre du fait même qu'on ne se l'explique pas. ⇒ énigmatique, étrange, impénétrable, incompréhensible, inconcevable, indéchiffrable, mystérieux, obscur. Énigme inexplicable. « La mort, mystère inexplicable » (B. Constant). Conduite, démarche inexplicable. Une réaction inexplicable. Il est inexplicable qu'il soit parti. — Subst. « Croire au surnaturel, admettre l'inexplicable » (A. Daudet).
● inexplicable adjectif (latin inexplicabilis) Qui est très difficile ou impossible à expliquer ; incompréhensible : Un accident inexplicable. Qui n'est pas rationnel ; bizarre : Ses réactions sont inexplicables. ● inexplicable (synonymes) adjectif (latin inexplicabilis) Qui est très difficile ou impossible à expliquer ; incompréhensible
Synonymes :
- déconcertant
- énigmatique
- étrange
- incompréhensible
- mystérieux
- obscur
Contraires :
- compréhensible
inexplicable
adj. Qui ne peut être expliqué; incompréhensible, étrange. Conduite inexplicable.
⇒INEXPLICABLE, adj.
A. — [En parlant d'un inanimé]
1. Difficile ou impossible à expliquer. Synon. incompréhensible. Chose, conduite, manière, phénomène, fait inexplicable; demeurer, paraître, rester inexplicable. Vous ne barrez point vos t. Comment pouvez-vous ignorer à votre âge qu'un t doit être barré? C'est inexplicable! (FRANCE, Servien, 1882, p. 155). L'apparition du Christ serait inexplicable dans un milieu logique et régulier; elle s'explique dans cet étrange orage que subissait alors la raison en Judée (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 424). Il y a dans le grenier des bruits de pas inexplicables. Je vais guetter la nuit prochaine. Bête ou homme, nous saurons qui marche (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 257) :
• 1. ... belle affaire!... — Obscure affaire! Incroyable, insondable, inexplicable affaire... Et je ne crains qu'une chose, Monsieur Boitabille... C'est que les journalistes se mêlent de la vouloir expliquer...
G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 14.
— Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Expliquer l'inexplicable. Les dépenses de l'expéditionnaire Gros excédaient ses ressources. Certains supposaient qu'il avait une maîtresse riche, d'autres qu'il jouait aux courses. Au total, l'inexplicable demeurait entier (ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 132) :
• 2. Les ténèbres recouvrent toute la terre que vous nous décrivez [Graham Greene]. Mais quel rayon brûlant les traverse! Quoi qu'il advienne, nous savons qu'il ne faut pas avoir peur; vous rappelez que l'inexplicable sera déchiffré, qu'il reste une grille à appliquer sur ce monde absurde.
MAURIAC, Gds hommes, 1949, p. 253.
2. [En parlant d'un affect] Qui échappe à la raison. Sentiment inexplicable. Mouchette n'a « aucune disposition pour le chant ». La vérité est qu'elle le hait. Elle hait d'ailleurs toute musique d'une haine farouche, inexplicable (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1266). Et tout à coup l'enfant se sentit envahie par un inexplicable bonheur (GREEN, Journal, 1928-34, p. 267).
B. — [En parlant d'une pers.] Dont le caractère, le comportement s'explique difficilement. Synon. étrange, bizarre, incohérent. Il faut dire ce que Rousseau disait en général de l'Évangile, que si un tel livre était faux, l'auteur d'un tel livre serait plus inexplicable encore que le héros (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 792). Les personnes ordinaires sont mystérieuses et inexplicables, comme si elles appartenaient à une société secrète (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 212) :
• 3. Qu'est-ce donc que cet être inexplicable [le bourreau] qui a préféré à tous les métiers agréables, lucratifs, honnêtes et même honorables qui se présentent en foule à la force ou à la dextérité humaine, celui de tourmenter et de mettre à mort ses semblables?
J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 41.
Prononc. et Orth. : [], [-ne-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1486 [date de l'éd.] « qu'il n'est pas possible ou très difficile d'expliquer » (La tres ample et vraye Expos. de la reigle de S. Ben., f° 72b ds GDF. Compl.); b) 1814 subst. « ce que l'on ne peut pas expliquer » (CONSTANT, Journaux, p. 412); 2. 1747 « dont le comportement, le caractère ne s'explique pas (d'une personne) » (VOLTAIRE, Vision de Babouc ds LITTRÉ). Empr. au lat. inexplicabilis « qu'on ne peut dénouer; impraticable, inextricable, inexplicable ». Fréq. abs. littér. : 1 152. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 340, b) 1 381; XXe s. : a) 2 113, b) 1 740.
DÉR. 1. Inexplicabilité, subst. fém. Caractère de ce qui est inexplicable. Le double jugement d'inexplicabilité (...) et de miraculosité d'autre part (...) ne prend son sens que sur un plan où l'expérimentation et le caractère naturel des processus et des mécanismes ne sont pas en cause (AMADOU, Parapsychol., 1954, p. 308). — [], [-ne-]. — 1re attest. 1756 (MIRABEAU, L'Ami des hommes, t. 3, p. 293); de inexplicable, suff. -(i)té. 2. Inexplicablement, adv. De manière inexplicable. Les étables étaient vides, chaudes, immenses et basses, inexplicablement étouffantes, bien que traversées de courants d'air (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 197). J'ai senti tout à coup que Gide était si étrangement, si inexplicablement ému, que j'ai gardé le silence (GREEN, Journal, 1933, p. 131). — [], [-ne-]. — 1re attest. 1486 [date de l'éd.] (La tres ample et vraye Expos. de la reigle de S. Ben., f° 69c ds GDF.); de inexplicable, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. : 65.
BBG. — GOHIN 1903, p. 272 (s. v. inexplicabilité).
inexplicable [inɛksplikabl] adj.
ÉTYM. 1486; lat. inexplicabilis, même sens, d'abord « qu'on ne peut déplier, inextricable », de in- (→ 1. In-), et explicabilis. → Explicable.
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1 (Choses). Qu'il est impossible ou très difficile d'expliquer; qui paraît bizarre (cit. 5) de ce fait même qu'on ne se l'explique pas. ⇒ Énigmatique, étrange (cit. 9), impénétrable, incompréhensible, inconcevable, indéchiffrable, mystérieux, obscur. || Énigme (cit. 6, Bossuet) inexplicable (→ Chimère, cit. 2). || Des anomalies inexplicables (→ Espace, cit. 9). || Chose inexplicable par qqn. || L'hystérie (cit. 2), maladie longtemps inexplicable. || Une fatalité (cit. 17) inexplicable. || Les inexplicables croyances de l'homme (cit. 86). || Fantaisies (cit. 23) dont la bizarrerie semble inexplicable. || Agitation inexplicable (→ Convulser, cit. 1). — L'attrait inexplicable de la guerre (cit. 6). ⇒ Indéfinissable. || S'abîmer (cit. 5) dans un désespoir inexplicable. || Un effroi inexplicable (→ Grandir, cit. 5).
1 Les inclinations naissantes, après tout, ont des charmes inexplicables (…)
Molière, Dom Juan, I, 2.
2 Les desseins des rois (…) le remuement des cœurs par le fil secret des passions (…) tous ces ressorts resteront inexplicables pour vous, si vous n'avez, pour ainsi dire, assisté au conseil du Très-Haut (…)
Chateaubriand, le Génie du christianisme, III, III, 1.
3 (…) la mort, mystère inexplicable dont une expérience journalière paraît n'avoir pas encore convaincu les hommes (…)
B. Constant, Adolphe, VII.
3.1 Ce qui allait se passer tout à l'heure était inexplicable, songeait Bouvard; mais la Raison ne suffit pas à comprendre certaines choses. De très grands hommes ont admis celle-là. Autant faire comme eux. Et dans une sorte d'engourdissement, il contemplait l'autel, l'encensoir, les flambeaux, la tête un peu vide car il n'avait rien mangé — et éprouvait une singulière faiblesse.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, p. 340 (Folio).
4 (…) si tu ne veux en aucun cas croire au surnaturel, admettre l'inexplicable, n'achève pas de lire ces mémoires.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, XV.
5 (…) la pointe d'étrangeté, d'inexplicable, qu'il faut laisser à l'incident (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XII, p. 128.
♦ Par ext. Dont on ne comprend pas clairement la cause ou la nature. || Des œuvres inexplicables. ⇒ Extraordinaire, singulier. || Une féerie fantastique (cit. 6) et inexplicable. || Conduite, démarche inexplicable. || Il est inexplicable que… || C'est inexplicable.
6 Une sensation de vide la déroutait, et, parfois, lui donnait une ivresse inexplicable (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 328.
2 (1747, Voltaire). Personnes. || Un homme inexplicable, dont le comportement, le caractère ne s'explique pas, qui apparaît bizarre, déconcertant. || Pour lui, le Christ demeure inexplicable (→ Conscience, cit. 22, Loti). || Une femme inexplicable. ⇒ Étrange, singulier (→ Folie, cit. 21).
7 Elle avait beau le juger bizarre, inexplicable, et s'étonner naïvement que ce fût pour lui « une jouissance que de faire souffrir », elle l'aimait et le trouvait bon.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 250.
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CONTR. Clair, explicable.
DÉR. Inexplicabilité, inexplicablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.