inconstance [ ɛ̃kɔ̃stɑ̃s ] n. f.
• 1220; lat. inconstantia
1 ♦ Vieilli ou littér. Facilité à changer (d'opinion, de résolution, de sentiment, de conduite). ⇒ caprice, instabilité, mobilité, versatilité. L'inconstance du public.
♢ Plus cour. Tendance à l'infidélité en amour. ⇒ infidélité. « L'inconstance, cette sœur de la folie » (Musset). L'inconstance d'un amant, d'une maîtresse. ⇒ abandon, lâchage, trahison.
2 ♦ Acte d'inconstance. ⇒ infidélité . « La Double Inconstance », pièce de Marivaux.
3 ♦ Littér. Caractère changeant d'une chose. ⇒ incertitude, instabilité, mobilité. « L'extrême inconstance de la fortune » (Maeterlinck).
⊗ CONTR. Constance, fidélité, stabilité.
● inconstance nom féminin (latin inconstantia) Disposition à changer fréquemment d'idées, de sentiments, de résolutions, et, en particulier, à manquer de fidélité dans les affections, les relations sentimentales : Déplorer l'inconstance d'un ami. Littéraire. Tendance de quelque chose à changer, à devenir défavorable après avoir été favorable : Inconstance du succès. ● inconstance (citations) nom féminin (latin inconstantia) Henri Frédéric Amiel Genève 1821-Genève 1881 L'inconstance perd tout, en ne laissant mûrir aucune semence. Journal intime, 8 septembre 1866 Joachim Du Bellay Liré 1522-Paris 1560 Ô mondaine inconstance ! Ce qui est ferme est par le temps détruit, Et ce qui fuit au temps fait résistance. Les Antiquités de Rome François Ier, roi de France Cognac 1494-Rambouillet 1547 Toute femme varie. Rapporté par Pierre de Bourdeille, seigneur de Bratôme dans Les Dames galantes, septième discours Commentaire Le mot avait été gravé par François Ier sur le côté gauche de la chambre du roi à Chambord. Victor Hugo passe pour avoir, en visitant le château, détaché et emporté le morceau de la fenêtre portant l'inscription. Robert Garnier La Ferté-Bernard 1545 ?-Le Mans 1590 Mais quoi ? Le naturel des femmes est volage Et à chaque moment abuse leur courage. Bien fol qui s'y abuse et qui de loyauté Pense jamais trouver compagne une beauté. Marc Antoine cœur Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Souvent femme varie Bien fol est qui s'y fie ! Une femme souvent N'est qu'une plume au vent. Le Roi s'amuse, IV, 2, le roi Pierre Choderlos de Laclos Amiens 1741-Tarente 1803 Pour les hommes, l'infidélité n'est pas l'inconstance. Les Liaisons dangereuses Antoine de Rambouillet, sieur de La Sablière 1624-1679 Et je connais bien que l'absence Est un prétexte à l'inconstance, Plutôt qu'un remède à l'amour. Madrigaux Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle ? Andromaque, IV, 5, Hermione Abraham Cowley Londres 1618-Chertsey 1667 Le monde est le théâtre de changements, et être constant dans la nature serait une inconstance. The world's a scene of changes and to be constant in Nature were inconstancy. Inconstancy Alexander Pope Londres 1688-Twickenham 1744 Constant en la seule inconstance. Constant in nothing but inconstancy. Essais moraux, 43 Jonathan Swift Dublin 1667-Dublin 1745 Rien n'est constant dans ce monde, que l'inconstance. There is nothing in this world constant, but inconstancy. A Critical Essay upon the Faculties of the Mind ● inconstance (synonymes) nom féminin (latin inconstantia) Disposition à changer fréquemment d'idées, de sentiments, de résolutions, et...
Synonymes :
- frivolité
- infidélité
- instabilité
- légèreté
- versatilité
Contraires :
- fidélité
- fixité
- persévérance
Littéraire. Tendance de quelque chose à changer, à devenir défavorable après avoir...
Synonymes :
- caprice
- instabilité
- mobilité
- précarité
- variabilité
Contraires :
- stabilité
inconstance
n. f. Manque de constance.
⇒INCONSTANCE, subst. fém.
A. — Péj. [En parlant d'une pers.] Tendance qui consiste à changer trop facilement d'opinion, de décision, de sentiment ou de comportement. Synon. frivolité, instabilité, mobilité, versatilité; anton. constance, fidélité, persévérance, stabilité. Le Polonais, la plus riche fraction du peuple slave, a (...) dans le caractère les enfantillages et l'inconstance des nations imberbes (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 211). Enfin, donnant la première preuve de mon inconstance (...), je partis un matin pour Combourg (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 98) :
• 1. Son dilettantisme exalté et son extrême inconstance d'esprit lui faisaient rechercher les milieux les plus opposés. Il avait des accointances parmi les hommes au pouvoir, et jusque dans le monde de la police (...). Ce n'est pas trahison, c'est versatilité, souvent désintéressée.
ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1270.
SYNT. Inconstance de goût, d'humeur, de tempérament, de volonté; l'inconstance du public, de l'homme, de la jeunesse, de son caractère, de nos cœurs, de nos idées, de nos affections, des esprits; inconstance dans les goûts, dans les habitudes, dans les mœurs; inconstance naturelle; caprice et inconstance; inconstance et légèreté; penchant à l'inconstance.
♦ P. méton., rare. Acte d'inconstance. Synon. infidélité, trahison. Tu es honteux de tes insurmontables irrésolutions, de tes constantes inconstances, de tes longues apathies (AMIEL, Journal, 1866, p. 417). La propagande communiste (...) se fût méfiée des inconstances toujours possibles d'un homme toujours sincère et qui, enfermé en lui-même, doit confondre la sincérité et la vérité (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1937, p. 43).
— En partic. Tendance d'une personne à changer souvent d'objet en amour. Synon. caprice, frivolité; anton. fidélité. L'inconstance d'un amant, d'une maîtresse, d'une femme légère. Tu ne te soucies plus de ton cher Napoléon. Un caprice te l'a fait aimer, l'inconstance te le rend indifférent (NAPOLÉON Ier, Lettres Joséph., 1796, p. 61). L'inconstance, cette sœur de la folie, était maîtresse de tes actions. Quitter une femme te coûtait quelques larmes; en être quitté te coûtait un sourire (MUSSET, Nuit vénit., 1834, 1, p. 18).
B. — Littér. [En parlant de choses] Caractère changeant, instable. Synon. fragilité, futilité, incertitude, instabilité, mobilité, précarité; anton. constance, stabilité. Inconstance de la fortune, de la mode, du sort; inconstance de la mer, des ondes, des saisons, du temps, des vents. De l'autre côté du Rhin, on reproche durement à la France la mobilité et l'inconstance de ses systèmes de gouvernement (QUINET, All. et Ital., 1836, p. 103). [Les] fluctuations et (...) l'inconstance des appréciations quantitatives en matière d'intensités sensorielles (PIÉRON, Sensation, 1945, p. 209).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1231 « manque de constance d'une personne » (G. DE COINCI, Miracles N.D., éd. V.F. Koenig, II Chast. 10, 430); b) ca 1530 spéc. « tendance à l'infidélité » (J. DE L'ESPINE, Prenostication de Songecreux, 61, V); 2. 1538 « caractère changeant d'une chose » (EST. d'apr. FEW t. 2, p. 1080a); 3. 1604 « acte d'inconstance » (MONTCHRESTIEN, Reine d'Escosse, p. 100). Empr. au lat. inconstantia « manque de constance (d'une personne), caractère changeant (d'une chose) » (v. constance). Fréq. abs. littér. : 213. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 707, b) 198; XXe s. : a) 91, b) 140.
inconstance [ɛ̃kɔ̃stɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1220; lat. inconstantia, de inconstans, -antis. → Inconstant.
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1 Vieilli ou littér. Facilité à changer (d'opinion, de résolution, de sentiment, de conduite…). ⇒ Caprice, instabilité, mobilité, versatilité (→ Errer, cit. 20). || L'inconstance du public. || L'inconstance politique de qqn.
1 Il y a une inconstance qui vient de la légèreté de l'esprit ou de sa faiblesse, qui lui fait recevoir toutes les opinions d'autrui, et il y en a une autre, qui est plus excusable, qui vient du dégoût des choses.
La Rochefoucauld, Maximes, 181.
2 Je te parlais l'autre jour de l'inconstance prodigieuse des Français sur leurs modes.
Montesquieu, Lettres persanes, CI.
3 N'as-tu pas vu son inconstance (du peuple),
De l'héréditaire croyance
Éteindre les sacrés flambeaux,
Brûler ce qu'adoraient ses pères,
Et donner le nom de lumières
À l'épaisse nuit des tombeaux ?
Lamartine, Premières méditations, XXII.
4 (…) si j'examine ma vie, le trait dominant que j'y remarque, bien loin d'être l'inconstance, c'est au contraire la fidélité.
Gide, les Nourritures terrestres, Préface (éd. de 1927).
♦ (V. 1530). Plus cour. Tendance à l'infidélité, en amour. ⇒ Infidélité. || L'inconstance d'un amant, d'une maîtresse. ⇒ Abandon, lâchage, trahison (→ Cesser, cit. 13). || Inconstance assaisonnée (cit. 9) de perfidie. || Il, elle est d'une grande inconstance; son inconstance est grande.
5 La constance en amour est une inconstance perpétuelle, qui fait que notre cœur s'attache successivement à toutes les qualités de la personne que nous aimons, donnant tantôt la préférence à l'une, tantôt à l'autre : de sorte que cette constance n'est qu'une inconstance arrêtée et renfermée dans un même sujet.
La Rochefoucauld, Maximes, 175.
6 Je dis : une preuve de l'inconstance des hommes, c'est l'établissement du mariage qu'il a fallu faire.
Montesquieu, Cahiers, p. 127.
7 (…) la voix publique (…) pour les hommes seulement, a distingué l'infidélité de l'inconstance : distinction dont ils se prévalent, quand ils devraient en être humiliés; et qui, pour notre sexe, n'a jamais été adoptée que par ces femmes dépravées qui en font la honte (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, CXXX.
8 (…) plus il entre de plaisir physique dans la base d'un amour, dans ce qui autrefois détermina l'intimité, plus il est sujet à l'inconstance et surtout à l'infidélité.
Stendhal, De l'amour, XXXVI.
9 Les plaisirs des jeunes gens (…) t'absorbaient; tu étais gai, libre, heureux (…) l'inconstance, cette sœur de la folie, était maîtresse de tes actions; quitter une femme te coûtait quelques larmes; en être quitté te coûtait un sourire.
A. de Musset, Nuit vénitienne, I.
10 Connaissez-vous le cœur des femmes, Perdican ? Êtes-vous sûr de leur inconstance, et savez-vous si elles changent réellement de pensée en changeant quelquefois de langage ?
A. de Musset, On ne badine pas avec l'amour, III, 6.
2 (Déb. XVIIe). || Une, des inconstances, acte d'inconstance (sentimentale, amoureuse). ⇒ Infidélité. || « Cette femme n'a plus voulu se fier à lui, après son inconstance » (Littré). || La Double Inconstance, de Marivaux (1723).
11 Une foi vive est le fondement de la stabilité que nous admirons (dans la reine); car d'où viennent nos inconstances, si ce n'est de notre foi chancelante ?
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche (1683).
♦ (Dans d'autres domaines). || Une inconstance politique.
3 (1538). Littér. Caractère changeant (d'une chose). ⇒ Incertitude, instabilité, mobilité. || L'inconstance du temps, de la fortune (cit. 2), du sort (→ Chance, cit. 1). || L'inconstance de la gloire, de la puissance. ⇒ Fragilité. || L'inconstance des choses humaines (→ Exagérer, cit. 1).
12 Je n'ai jamais craint rien de ce qui vient des hommes, mais entre les choses divines, ce que j'ai toujours redouté, c'est l'extrême inconstance de la fortune, et l'inépuisable variété de ses coups (…)
Maeterlinck, Sagesse et Destinée, XLI.
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CONTR. 1. Constance, fidélité, stabilité.
Encyclopédie Universelle. 2012.