insensibilité [ ɛ̃sɑ̃sibilite ] n. f.
• 1314; bas lat. insensibilitas
1 ♦ Absence de sensibilité physique et particult de perceptions sensitives ou sensorielles. Insensibilité d'un nerf, d'un organe, du corps. « J'étais dans un état de faiblesse et d'insensibilité » (Voltaire). ⇒ inconscience, léthargie, paralysie. Insensibilité à la douleur. ⇒ analgésie, anesthésie.
2 ♦ Absence de sensibilité morale. ⇒ apathie, détachement, dureté, indifférence. « cette parfaite insensibilité, cet aveuglement à l'égard d'autrui » (Chardonne). Insensibilité apparente. ⇒ 1. calme, froideur, impassibilité. Insensibilité aux émotions (⇒ imperméabilité) , aux compliments, aux reproches.
⊗ CONTR. Hyperesthésie. Attendrissement, compassion, émotion, hypersensibilité, sensibilité.
● insensibilité nom féminin (bas latin insensibilitas, -atis) Absence de sensibilité physique : L'insensibilité d'un organe. État, attitude de quelqu'un qui est dépourvu de toute sensibilité, d'affectivité : Insensibilité totale devant la souffrance des autres. Absence de réponse d'un élément aux variations de la grandeur d'entrée dans une certaine plage ; amplitude de cette plage. ● insensibilité (citations) nom féminin (bas latin insensibilitas, -atis) Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Tout homme est sensible quand il est spectateur. Tout homme est insensible quand il agit. Vigiles de l'esprit Gallimard Pierre Reverdy Narbonne 1889-Solesmes 1960 Beaucoup d'insensibilité prend parfois figure de courage. Le Livre de mon bord Mercure de France ● insensibilité (synonymes) nom féminin (bas latin insensibilitas, -atis) État, attitude de quelqu'un qui est dépourvu de toute sensibilité...
Synonymes :
- apathie
- désaffection
- désintérêt
- détachement
- froideur
- impassibilité
- imperméabilité
- incompréhension
- indifférence
Contraires :
- humanité
- sensibilité
Absence de réponse d'un élément aux variations de la grandeur...
Synonymes :
insensibilité
n. f.
d1./d Perte de sensibilité physique.
d2./d Indifférence. Insensibilité aux reproches.
⇒INSENSIBILITÉ, subst. fém.
A. — État d'un être, d'un organe ou d'un corps dépourvu de sensibilité physique ou qui n'a pas (ou plus) la sensibilité physique normale ou habituelle. Insensibilité partielle, totale; insensibilité d'un nerf. M. Chirol fut aussi frappé de paralysie, et le coup fut tel qu'il tomba dans un état d'insensibilité presque absolue (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 206). Autrefois, chez grand'mère, je respirais de l'éther, jusqu'à l'insensibilité (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, p. 85). La négation peut s'exprimer symboliquement : j'accuse cette main d'avoir commis un péché, suit une paralysie ou une insensibilité (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 385) :
• 1. — Immédiatement, (...) le patient, sous l'influence du fluide, tombe dans une extase exquise!... Et, alors, ça y est, insensibilité complète! Tu as tout ton temps! Tu peux charcuter, taillader, ouvrir, fermer, tu es comme chez toi! Tu ne trouves pas ça épatant?...
FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, I, 19, p. 22.
— [Avec un compl. prép. à] Insensibilité à la douleur. (Dict. XIXe et XXe s.).
— P. anal. [En parlant d'un corps physique] Éloignez-les l'un de l'autre, ils [les deux métaux en contact] rentrent très justement dans leur insensibilité (DELACROIX, Journal, 1853, p. 64).
B. — État d'une personne dépourvue de sensibilité morale, incapable d'émotions, de sentiments, de sympathie. Insensibilité absolue, apparente, parfaite, naturelle, voulue; une personne d'une rare insensibilité. Savez-vous quelqu'un à qui le mariage de Swann a fait beaucoup de peine? C'est à ma femme. Oriane a souvent ce que j'appellerai une affectation d'insensibilité. Mais au fond, elle ressent avec une force extraordinaire (PROUST, Sodome, 1922, p. 678). Les instructeurs avaient appris que « j'avais fait preuve d'insensibilité » le jour de l'enterrement de maman (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1170). V. ataraxie ex. 3 :
• 2. Il ressentait plus de dépit encore que de chagrin. Il avait l'insensibilité des médecins, pour qui la souffrance des autres signifie expérience, profit, intérêt professionnel, et qui ne s'enrichissent guère qu'aux dépens de la douleur ou de la mort.
MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 875.
— [Avec un compl. prép. à] Insensibilité aux émotions, aux reproches. Parlant de l'égoïsme des poètes qui trop souvent dans leur tour d'ivoire se lavent les mains de tout, de leur insensibilité aux malheurs publics (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 137).
— En partic.
♦ Indifférence en amour ou à l'amour. J'ai été célèbre par mon insensibilité (...). Vous jouez votre vie à séduire une femme qui, dit-on, n'a pas de cœur (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 80) :
• 3. Elle était coquette, aimable, séduisante jusqu'à la fin de la fête, du bal, de la soirée; puis, le rideau tombé, elle se retrouvait seule, froide, insouciante, et néanmoins revivait le lendemain pour d'autres émotions également superficielles. Il y avait deux ou trois jeunes gens complètement abusés qui l'aimaient véritablement, et dont elle se moquait avec une parfaite insensibilité. Elle se disait : — Je suis aimée, il m'aime! Cette certitude lui suffisait.
BALZAC, Langeais, 1834, p. 235.
♦ Indifférence à certaines réalités d'ordre artistique ou intellectuel, incapacité à les comprendre et surtout à s'en émouvoir. Elle avait un jeu mécanique, d'une insensibilité inimaginable; toutes les notes étaient égales; nul accent nulle part (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1347). J'étais d'une insensibilité totale devant tout texte scolaire; les mots sur les livres d'étude avaient à mes yeux je ne sais quel vêtement gris, uniforme, qui m'empêchait de distinguer entre eux et de les saisir (LACRETELLE, Silbermann, 1922, p. 28) :
• 4. Distinguer dans les vers le fond et la forme; un sujet et un développement; le son et le sens; considérer la rythmique, la métrique et la prosodie comme naturellement et facilement séparables de l'expression verbale même, des mots eux-mêmes et de la syntaxe; voilà autant de symptômes de non-compréhension ou d'insensibilité en matière poétique.
VALÉRY, Variété III, 1936, p. 50.
[Avec un compl. prép. à] L'insensibilité de Tourguéneff aux délicatesses du talent, aux raffinements de style auxquels il ne comprenait rien, aux finesses de l'esprit, qu'il préférait un peu gros (GONCOURT, Journal, 1893, p. 474).
— P. métaph. Insensibilité de la nature. L'insensibilité de la mer, l'immutabilité du spectacle me révoltent (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 18).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1314 « absence de sensibilité physique » (H. DE MONDEVILLE, Chirurgie, éd. A. Bos, 76); 2. a) 1588 « absence de sensibilité morale » (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, III, 6, p. 1008); b) 1634 « fait d'être insensible à l'amour » (CORNEILLE, La Suivante, II, 4). Empr. du b. lat. insensibilitas « insensibilité »; cf. aussi la forme insensibleté (sens 1) chez H. DE MONDEVILLE, op. cit., 275. Fréq. abs. littér. : 245. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 418, b) 333; XXe s. : a) 296, b) 327. Bbg. GOHIN 1903, p. 291.
insensibilité [ɛ̃sɑ̃sibilite] n. f.
ÉTYM. 1314; bas lat. insensibilitas, du lat. impérial insensibilis (→ Insensible); cf. insensibleté, en moy. franç. (1314).
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I Absence de sensibilité physique ou morale.
1 Absence de sensibilité physique, et, particult, de perceptions sensitives ou sensorielles. || L'insensibilité d'un nerf, d'un organe, du corps. || Insensibilité artificielle (⇒ Anesthésie), pathologique. || Insensibilité partielle. ⇒ Hypoesthésie. || Dans un état de faiblesse (cit. 1) et d'insensibilité (⇒ Inconscience, léthargie, paralysie). || Insensibilité dans l'extase. — Insensibilité à la douleur. ⇒ Analgésie. || Insensibilité acquise par accoutumance.
1 (…) il faut (…) tenir compte du caractère et des habitudes du peuple moscovite, de son entêtement, de sa résignation, de son insensibilité à la douleur.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 374.
♦ (Avec un compl. en à). || Insensibilité à une sensation spécifique, à la douleur.
2 (1588, Montaigne). Absence de sensibilité morale. ⇒ Apathie, aridité (du cœur), détachement, dureté (B.), indifférence, (vx) indolence (1. et 2.). || L'insensibilité de qqn, son insensibilité. || Apparente insensibilité. ⇒ Calme, froideur, impassibilité. || Faire preuve d'insensibilité. || Cultiver (cit. 12) son insensibilité naturelle. || Affecter l'insensibilité. — (Avec un compl. en à). || Insensibilité aux émotions (⇒ Imperméabilité), aux compliments (cit. 4), aux reproches (→ Chose, cit. 20). — Insensibilité artistique; insensibilité en matière poétique (→ Fond, cit. 58).
2 Je ne veux point dans cette adversité
Parer mon cœur d'insensibilité
Et cacher l'ennui qui me touche;
Je renonce à la vanité
De cette dureté farouche
Que l'on appelle fermeté (…)
Molière, Psyché, II, 1.
3 La sensibilité de l'homme aux petites choses et l'insensibilité pour les grandes, marque d'un étrange renversement.
Pascal, Pensées, III, 198.
4 L'insensibilité à la vue des misères peut s'appeler dureté; s'il y entre du plaisir, c'est cruauté.
Vauvenargues, De l'esprit humain, XLV.
5 Le fond en lui (Louis XV) était l'insensibilité, l'ennui, le rien.
Michelet, Extraits historiques, Hist. de France, p. 251.
6 (…) le contact avec la misère (…) avait comme tari son imagination; d'où cette parfaite insensibilité, cet aveuglement à l'égard d'autrui (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 193.
♦ (V. 1660). Littér. (Choses). Absence de sensibilité à des réalités d'ordre esthétique, intellectuel. || Ce pianiste a une bonne technique, mais son jeu est d'une complète insensibilité. || L'insensibilité à la poésie.
♦ (1666). Vieilli ou littér. (En amour). ⇒ Cruauté (vx), froideur. || La plus froide insensibilité (→ Extrémité, cit. 17; fidélité, cit. 4).
7 Je ne vous ai tenue dans mes bras qu'un instant, mais ce fut assez pour mesurer tant de raideur et de refus que, non seulement je ne regrette pas notre rupture, mais me loue de n'avoir pas lié ma vie à celle d'une femme dont l'insensibilité tient du prodige.
A. Maurois, Terre promise, XIV.
3 (Non humain). Littér. Caractère de ce qui semble insensible, de par sa stabilité. ⇒ Indifférence. || L'insensibilité de la nature, de la mer (→ Immuabilité, cit.).
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II (Choses). Rare. Caractère insensible (II., 2.). || L'insensibilité d'une gradation. ⇒ Progressivité.
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CONTR. Hyperesthésie. — Attendrissement, commisération, compassion, cordialité, douceur, émoi, émotion, enthousiasme, sensibilité.
Encyclopédie Universelle. 2012.