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joug

joug [ ʒu ] n. m.
XIIIe; jou XIIe; -g d'apr. le lat. jugum
1Pièce de bois qu'on met sur la tête des bœufs pour les atteler. Le joug est relié au timon ou à la chaîne d'attelage. Joug de tête; joug de garrot, d'encolure. Joug simple (ou JOUGUET[ ʒugɛ ] n. m. ),pour une seule bête. Joug double.
2Fig. Contrainte matérielle ou morale qui pèse lourdement sur la personne qui la subit, entrave ou aliène sa liberté. contrainte, domination. Le joug de l'envahisseur, du tyran, des traditions, des préjugés, de la nécessité. Le joug du mariage. chaîne, collier. Imposer un joug, mettre sous le joug : asservir, subjuguer. Un joug pesant, humiliant. Tomber sous le joug de qqn, en son pouvoir. Secouer le joug. assujettissement, dépendance, esclavage, oppression, sujétion. « En Prusse, le joug militaire pèse sur vos idées » (Chateaubriand).
3Antiq. rom. Pique attachée horizontalement sur deux autres fichées en terre et sous laquelle on faisait passer les vaincus. Les Samnites firent passer les Romains sous le joug aux Fourches Caudines.
4Techn. Fléau d'une balance.
⊗ CONTR. (du 2o) Indépendance, liberté. ⊗ HOM. Joue.

joug nom masculin (latin jugum) Pièce de bois servant à atteler une paire d'animaux de trait. Littéraire. Dure sujétion, contrainte matérielle ou morale : Subir le joug d'une armée d'occupation. Chez les Romains, javelot attaché horizontalement sur deux autres fichés en terre, et sous lequel le vainqueur faisait passer, en signe de soumission, les chefs et les soldats de l'armée vaincue. ● joug (citations) nom masculin (latin jugum) Jean-Paul Marat Boudry, canton de Neuchâtel, 1743-Paris 1793 Le peuple ne s'attache qu'à l'écorce des choses, et souffre patiemment le joug, pourvu qu'il ne soit pas apparent. Les Chaînes de l'esclavagejoug (difficultés) nom masculin (latin jugum) Prononciation [ʒ&ph105;], le g final n’est plus prononcé. ● joug (homonymes) nom masculin (latin jugum) joue nom féminin joue verbe jouent forme conjuguée du verbe jouer joues forme conjuguée du verbe jouerjoug (synonymes) nom masculin (latin jugum) Littéraire. Dure sujétion, contrainte matérielle ou morale
Synonymes :
- dépendance
- domination
- esclavage
- oppression
- servitude

joug
n. m. Pièce de bois que l'on place sur la tête ou l'encolure des boeufs pour les atteler. Joug simple, double.
|| Fig. Sujétion, contrainte matérielle ou morale. Secouer le joug. Le joug du mariage.

⇒JOUG, subst. masc.
I. A. — Pièce de bois que l'on fixe soit en avant, soit en arrière des cornes du bœuf pour y attacher un dispositif d'attelage. Joug simple, double; joug frontal, de nuque. Les bêtes lentes, le front bas, la tête inclinée par le joug, les cornes liées à la barre de bois, marchaient péniblement (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p. 75) :
1. Qu'est-ce que c'est que cette fioriture derrière le joug? En voilà une mode! Il désignait la poignée peinte en vermillon, que les grands laboureurs de la Nièvre ajoutent au joug de leurs bœufs, pour l'embellir...
R. BAZIN, Blé, 1907, p. 275.
B. — P. métaph., littér. [Le joug en tant que symbole]
1. a) [Symbolise la domination, la tyrannie, l'esclavage] Quelle plume éloquente pourra déterminer les propriétaires américains à libérer tout d'un coup les esclaves du joug qu'ils leur ont imposé (...)? (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 334). Pourquoi, pouvant souffler sur un joug vermoulu, Le monde accepte-t-il le pouvoir absolu? (HUGO, Pitié supr., 1879, p. 142).
Sous le joug + adj. :
2. Sous le joug allemand, pas un Lorrain, pas un Alsacien ne se sont distingués. Quel silence! Quelle stérilité! Depuis trente-cinq ans, nos frères sont étouffés, ensevelis.
BARRÈS, Cahiers, t. 4, 1906, p. 174.
b) [Symbolise l'asservissement qu'impose un vice, une passion] Le joug de l'avarice. Libre de tout assujettissement direct, libre aussi du joug des passions, je n'ai pu jouir de ma stérile indépendance (SENANCOUR, Rêveries, 1799, p. 6) :
3. Les âmes sont des étincelles du feu céleste, tombées des calmes régions de l'éther dans la sphère agitée de la vie. Vaincues par la toute-puissante fascination de la beauté, courbées sous le joug humiliant du désir, écrasées par les lourdes chaînes du corps, elles savent bien que la naissance est une chute et la conception une souillure.
MÉNARD, Rêv. païen mystique, 1876, p. 119.
c) [Symbolise la servitude résultant d'une promesse, d'un engagement ou d'une obligation morale ou sociale] Le joug de la loi. Pierre voyait bien qu'elle commençait à s'affranchir, sans y prendre garde, de ce joug des convenances auquel jusque-là elle s'était aveuglément soumise (SAND, Compagn. Tour de Fr., 1840, p. 294). J'ai enduré le joug de mon mari, quand j'étais une jeune et sotte épouse (COLETTE, Entrave, 1913, p. 34) :
4. Pour un Malraux, nous nous demandons où est l'issue. Ce pâle Lafcadio au regard toujours errant, à la parole haletante, dont, au lendemain de la guerre, nous recevions parfois la visite; cet ennemi des lois, qui avait rejeté le joug social, mais sur qui pesait, pourtant, une nécessité mystérieuse...
MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 149.
Le joug du mariage, de l'hymen. Essayez votre liberté avant de la soumettre au joug de l'hymen; connoissez les plaisirs, afin de les apprécier et de savoir les subordonner à vos devoirs (FIÉVÉE, Dot Suzette, 1798, p. 21).
d) [Plus gén., symbole de tout ce qui entrave, freine ou gêne la liberté, l'épanouissement, le progrès] Le joug de la routine, de la superstition, des préjugés, de la coutume, des traditions; le joug de la nécessité, du besoin. Pour que la division du travail ait pu se développer, il a fallu que les hommes parvinssent à secouer le joug de l'hérédité (DURKHEIM, Division trav., 1893, p. 295). Affranchir la presse du joug du capital (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. XXXI) :
5. ... s'imposer donc, dans l'emploi du langage géométrique, la limitation à 2 ou 3 dimensions, serait pour le mathématicien moderne un joug aussi incommode que celui qui empêcha toujours les Grecs d'étendre la notion de nombre aux rapports de grandeurs incommensurables.
BOURBAKI, Hist. math., 1960, p. 84.
SYNT. Joug pesant, rude, insupportable; joug avilissant, honteux, humiliant; mettre, tenir sous le joug; imposer, porter, subir, briser, secouer le joug; soumettre au joug; s'affranchir du joug; se plier au joug.
2. En bonne part. [Symbole de contrainte salutaire, de pouvoir, d'empire bienfaisant] Astarté l'a bercée aux bras de ses prêtresses; Elle sait obscurcir la lune et le soleil, Et courber les lions au joug de ses caresses (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 24). L'âme heureusement captive Sous ton joug trouve la paix, Et s'abreuve d'une eau vive Qui ne s'épuise jamais (GIDE, Porte étr., 1909, p. 546) :
6. ... la soumission toujours si entière de cette noble princesse, ambitieuse de courber en tout sa tête sous le joug de l'amour divin, et de suivre les traces de celui qui s'est fait obéissant pour nous jusqu'à la mort.
MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 233.
[P. réf. à l'Évangile, Matth. 11,30] Ce généreux vainqueur dont le joug est si doux aux chrétiens (COTTIN, Mathilde, t. 1, 1805, p. 330). Pour Elle [la gloire] un orphelin n'est pas un étranger; Les heures de mes jours à ses côtés sont belles; Car son joug est aimable et son fardeau léger (HUGO, Odes et Ball., 1828, p. 386) :
7. Que demain son confesseur lui affirme qu'elle s'est trompée, qu'il aille jusqu'à la traiter de visionnaire, elle [Gertrude] n'en demeurera pas moins décidée à porter joyeusement le joug léger du Seigneur.
BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 363.
II. — HIST. ROMAINE. Assemblage de trois piques, dont deux, plantées en terre debout, étaient surmontées d'une troisième posée horizontalement sous laquelle on faisait passer, courbés, en signe de soumission, les ennemis vaincus. Passer sous le joug était un opprobre (Ac. 1835, 1878).
Loc. fig. Passer sous le joug. Se soumettre à une servitude, à une obéissance honteuse. Je compris que les plus grandes nations n'étaient pas toujours héroïques, et que les peuples aussi passaient sous le joug (LAMART., Confid., 1849, p. 287) :
8. Il paraît qu'on va se donner à un prétendant quelconque. Quand l'ordre a triomphé, on va passer sous le joug d'une dictature, sans l'excuse du désordre matériel.
J.-J. AMPÈRE, Corresp., 1848, p. 161.
Tomber sous la domination, au pouvoir de quelqu'un. L'évêque de Paris, au neuvième siècle, en sauvant par son courage la capitale de la France, empêcha peut-être la France entière de passer sous le joug des Normands (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 372).
Prononc. et Orth. : []. Vieilli, au sens métaph., [] à partir du XVIIIe s., sous l'influence de l'orth. (BUBEN 1935 § 200) ds FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 2 1787, LAND. 1834, GATTEL 1841 et LITTRÉ; g doit se prononcer « légèrement » mais ne doit pas disparaître même devant consonne (FÉR. Crit. 1787); [] et [] ds DG, PASSY 1914, BARBEAU-RODHE 1930 (pour ces 2 derniers dict. pas d'indication de sens) et WARN. 1968; [-] ds des formules toutes faites du type : joug insupportable, joug odieux. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fig. a) 1re moitié XIIe s. « sujétion imposée par un maître, esclavage » (Ps. Oxford, 1, 3 ds T.-L. [projiciamus... jugum ipsorum]); ca 1200 lo jug de dampnation (Sermons de St Bernard, 20, 19, ibid.); b) ca 1265 « contrainte résultant d'un engagement, d'une obligation » li joug des vertus (BRUNET LATIN, Tresor, éd. J. Carmody, II, LIV, p. 229); 1544 le jou de mariage (C. MAROT Epîtres, XVIII, 33, éd. C.A. Mayer, p. 153); 2. ca 1170 les jugs des boès [juga boum] (Rois, II, XXIV, 22, éd. E.-R. Curtius, p. 108); 3. antiq. romaine [cf. 1526 faire joug « se soumettre » (J. MAROT, Vray disant advocate des dames, éd. Anc. poésies fr., t. 10, p. 241] 1690 (FUR.). Du lat. jugum « joug, attelage; joug symbolique sous lequel défilaient les vaincus; liens du mariage; soumission, esclavage »; nombreux emplois techn., notamment « dispositif en forme de joug pour lier la vigne (VARRON, Rust., 1, 81 ds TLL, s.v. , 642, 60, v. joualle); fléau d'une balance; barre transversale d'un métier ». Fréq. abs. littér. : 1 004. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 825, b) 1 206; XXe s. : a) 1 060, b) 574. Bbg. JEAN-BRUNHES DELAMARRE (M.). Géogr. et ethnol. de l'attelage au joug en France du 17e s. à nos jours. 1969, 116 p. - LEGROS (E.). Le Joug et la charrue en Ardenne liégeoise. Mél. Haust (J.) 1939, pp. 249-280.

joug [ʒu] n. m.
ÉTYM. XIIIe; jou, déb. XIIe, au fig.; au sens 1, les jugs des boès, v. 1170; du lat. jugum.
1 Pièce de bois qu'on met sur la tête des bœufs pour les atteler. Attelage, harnachement, harnais (→ Capharnaüm, cit. 2; grincer, cit. 8). || Le joug, dont la forme s'adapte à l'endroit sur lequel il doit porter, est relié au timon ou à la chaîne d'attelage. || Joug de nuque, joug frontal, dits jougs de tête; joug de garrot, joug d'encolure. || Joug simple (dit jouguet), pour une seule bête. || Joug double rigide ou articulé, pour un couple de bêtes. || Bœuf qui reçoit le joug, est attelé au joug.
1 Il fallait mettre au joug deux taureaux furieux.
Corneille, Médée, II, 2.
2 (…) quatre paires de jeunes animaux à robe sombre mêlée de noir fauve à reflets de feu, avec ces têtes courtes et frisées qui sentent encore le taureau sauvage, ces gros yeux farouches, ces mouvements brusques, ce travail nerveux et saccadé qui s'irrite encore du joug et de l'aiguillon et n'obéit qu'en frémissant de colère à la domination nouvellement imposée.
G. Sand, la Mare au diable, II.
2.1 À ce train (de devant) était fixé un timon de trente-cinq pieds, le long duquel six bœufs accouplés devaient prendre place. Ces animaux, ainsi disposés tiraient de la tête et du cou par la double combinaison d'un joug attaché sur leur nuque et d'un collier (…)
J. Verne, les Enfants du Capitaine Grant, t. II, p. 109.
2.2 La charrue, la terre, le bouvier, tout cela lui est intérieur; tout cela ensemble est un bœuf. Telle est la bonne volonté du bœuf; regarde le marcher, tirer, tourner. Joug, fatalité.
Alain, Propos, Pl., p. 471.
2 (V. 1120). Littér., par métaphore ou fig. Contrainte matérielle ou morale qui pèse lourdement sur celui qui la subit, entrave ou aliène sa liberté. Contrainte, domination. || Le joug de l'envahisseur, du tyran, du gouvernement (cit. 24), de la loi. || Le joug de la nécessité (→ Fléchir, cit. 21), des préjugés (→ Emprisonner, cit. 2). || Le joug du péché (→ Atteler, cit. 6; attacher, cit. 96). || Le joug du mariage (→ Authentique, cit. 1). Chaîne, collier.Imposer un joug (→ Faveur, cit. 19). || Le joug qui pesait sur les villes grecques (→ Appesantir, cit. 8). — ☑ Sous le joug. || Mettre sous le joug. Asservir, subjuguer (→ Invoquer, cit. 8). || Ployer, fléchir, être courbé (cit. 32) sous le joug (→ Généreux, cit. 3). || Enfant sous le joug de sa mère (→ Indépendance, cit. 4). || Tomber sous le joug de quelqu'un, en son pouvoir.Subir le joug (→ Côté, cit. 15; destinée, cit. 19). || Être impatient de toute espèce de joug (→ Fier, cit. 17). Attache, servitude. || Briser, rompre, secouer le joug. Affranchir (s'). → Ascendant, cit. 7; asservissement, cit. 2; contraindre, cit. 7; exhorter, cit. 8; immanquable, cit. 1. || Délivrer, affranchir (cit. 2) un pays d'un rude joug. Assujettissement, dépendance, esclavage, oppression, sujétion.« Libre du joug superbe où je suis attaché » (→ Heureux, cit. 46, Racine).
3 J'ai souffert sous leur joug (de vos yeux) cent mépris différents.
Molière, les Femmes savantes, I, 2.
3.1 Assurément nous nous y opposons, mon ange, répondit Cœur-de-fer, vous devez servir nos intérêts ou nos plaisirs; vos malheurs vous imposent ce joug, il faut le subir; mais vous le savez, Thérèse, il n'y a rien qui ne s'arrange dans le monde, écoutez-moi donc, et faites vous-même votre sort : consentez de vivre avec moi, chère fille, consentez à m'appartenir en propre, et je vous épargne le triste rôle qui vous est destiné.
Sade, Justine…, t. I, p. 43-44.
4 (…) en Prusse, le joug militaire pèse sur vos idées, comme le ciel sans lumière sur votre tête.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 27.
5 (…) la France du Nord, qui reconnaissait mal le joug du roi de Germanie (…)
Michelet, Hist. de France, II, III.
6 (…) une créature dont le joug lui plaisait toujours, quelque lourd qu'il fût.
Balzac, les Chouans, Pl., t. VII, p. 1046.
7 Son labeur journalier était sans doute un joug trop pesant pour elle, qui est toute indépendance et tout caprice.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 411.
8 (…) ces Serbes, ces Roumains, ces Italiens, qui se trouvent de force incorporés à l'Empire, ils sont en effervescence, ils n'attendent qu'une heure favorable pour secouer le joug ! (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 129.
REM. Les emplois correspondant à une contrainte souhaitable, salutaire, sont rares et stylistiques.|| « L'âme heureusement captive sous ton joug » (Gide, in T. L. F.).Relig. || Le joug aimable, léger du Seigneur (d'après Matthieu, 11, 30).
3 (1690, Furetière). Antiq. rom. Pique attachée horizontalement sur deux autres fichées en terre, et sous laquelle on faisait passer les vaincus pour marquer symboliquement leur soumission; assemblage de ces trois piques. || Les Samnites firent passer les Romains sous le joug aux Fourches Caudines. → Fourches caudines. — ☑ Fig. et littér. (1526, passer joug). Passer sous le joug : se soumettre honteusement.
4 Techn. a Fléau (d'une balance). b Mus. Traverse réunissant les cordes d'une lyre.
CONTR. (De 2.) Indépendance, liberté.
HOM. Joue; formes du v. jouer.

Encyclopédie Universelle. 2012.