Akademik

lèche

lèche [ lɛʃ ] n. f.
• 1892; « gourmandise » XIVe; de lécher
Fam. Action de flatter servilement (généralt avec le v. faire). Faire de la lèche à qqn. flatter; lèche-botte, lèche-cul. ⊗ HOM. Laîche.

lèche nom féminin (de lécher) Familier. Flatterie servile : Faire de la lèche à quelqu'un. Familier et vieux. Tranche mince de pain, de viande, etc. ● lèche (homonymes) nom féminin (de lécher) laîche nom féminin

léché, ée
adj.
d1./d Un ours mal léché: un individu bourru, hargneux, mal élevé.
d2./d (Souvent péjor.) Un portrait léché, exécuté avec un fini très minutieux.

I.
⇒LÈCHE1, subst. fém.
Fam. Mince tranche (notamment de pain ou de viande). V. laiche. L'animal en place, on en mangeait le foie, et quelques lèches prises des deux côtés du cou, on buvait une rasade de vin neuf (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 16). J'ai appris (...) le goût (...) des olives et du saucisson, ainsi que du pain en têtons, qui donne les « lèches » appétissantes (L. DAUDET, Les Universaux, 1935, p. 179). Chargée (...) de plats aux vapeurs savoureuses, ou d'assiettes que nous avions (...) torchées (...) avec des lèches de pain (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 266).
REM. Léchette, subst. fém. Petite tranche mince. (Dict. XXe s.). Synon. lichette.
Prononc. et Orth. : []. Ac. 1694 : lesche; 1718 : leche; dep. 1740 : lèche. Étymol. et Hist. XIIe s. lesche (Gloss. Tours, 3306 ds T.-L.); XIVe s. [mss.] lecche (GAUTIER DE BIBBESWORTH, Traité, éd. A. Owen, 298, var. des mss APT7). Prob. même mot que laîche, avec une évolution sém., datant de l'époque prélat., qui s'explique par une anal. avec la feuille lancéolée de cette plante. L'hyp. d'un même étymon semble pouvoir être appuyée par l'existence d'une alternance vocalique identique à celle déjà relevée pour laîche (a. prov. lesca « tranche, morceau »; ital. lisca « arête, chènevotte »; bourg. champ. lauche, loche « tranche mince et large »; cf. FEW t. 5, pp. 372b-373a). On peut difficilement admettre pour étymol., une dér. de lécher, la présence du -s- de lesche, dans l'anc. lang., étant alors inexpliquée.
II.
⇒LÈCHE2, subst. fém.
A. — [Correspond à lécher I B 1] Fam. Action de lécher, de flatter servilement; manifestation de cette action. Synon. flagornerie. À l'école, les abbés lui disent que je suis un monstre, par lèche, pour avoir l'air de se donner beaucoup de mal en élevant le fils de M. Thibault, qui a le bras long à l'archevêché (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 649). Le cureton plaque ses copains pour aller faire de la lèche aux Fritz (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 240) :
Le rire à l'académicien, la flatterie au ministre, la lèche au financier (...) ne vont pas avec la cabriole artistique, la gambade littéraire, ni les airs de mousquetaire aux champs.
L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p. 65.
B. — PEINT. [Correspond à lécher I B 2] Petite touche minutieuse. Synon. léchage. M. Bastien-Lepage, dont le portrait de Mlle Bernhardt semble peint à la loupe et exécuté à petites lèches sur une plaque d'ivoire (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 75).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1. 1878 piquer la lèche «flatter » (MOCH, X-Lex., p. 39, s.v. léchard); 1894 piquer une lèche à qqn « flatter quelqu'un » (LÉVY-PINET, p. 186); 2. 1883 peint. (HUYSMANS, loc. cit.). Déverbal de lécher « flatter » et « exécuter (une œuvre artistique) avec un soin minutieux ». Bbg. SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 138.

1. lèche [lɛʃ] n. f.
ÉTYM. V. 1534; lesche, XIIIe; var. graphique de laiche.
———
I Laiche (plante).
1 Pas grand'chose de bon, la Vieille Vaîvre. C'est de la lèche et des joncs.
— Il faudrait labourer et resemer du foin (…)
M. Aymé, la Vouivre, p. 17.
———
II (Par anal. de forme avec la feuille de la plante, puis confondu avec 2. lèche, de lécher). Fam. Tranche longue et mince (de pain, de viande…). aussi 1. Liche, lichette. || Une lèche de pain.
2 Jérôme regardait Axel qui extrayait la chair nacrée de la pince d'un homard, Uni qui roulait sur sa fourchette une lèche de saumon fumé.
Maurice Bedel, Jérôme 60° latitude Nord, IV, p. 56.
HOM. Formes du v. lécher; 2. lèche.
————————
2. lèche [lɛʃ] n. f.
ÉTYM. XIVe, « gourmandise »; piquer la, une lèche, en argot de Polytechnique, 1878; sens mod., 1892, Esnault; déverbal de lécher.
1 Fam. Action de flatter servilement (surtout dans : faire de la lèche). || Faire de la lèche au patron (→ Lécher les bottes, le cul…).
1 (…) une fois que nous serons assis, après la sèche petite lèche réglementaire, il ne sera fait aucune allusion au propriétaire, au décorateur, à l'argent dépensé.
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 215.
2 Il avait rougi comme un petit garçon qu'on soupçonne de faire de la lèche au professeur.
F. Mallet-Joris, le Jeu du souterrain, p. 54.
2 (Sens concret). Rare. Action de lécher. Léchage, lèchement (dér. de lécher).
3 Il perçut l'aube dans la lèche glacée du vent : il lui semblait que deux pétales de pervenche étaient collés sur ses joues.
J. Giono, Naissance de l'Odyssée, p. 66.
3 (1883, Huysmans). Peint. Petite touche délicate et minutieuse.
HOM. Formes du v. lécher; 1. lèche.

Encyclopédie Universelle. 2012.