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marotte

marotte [ marɔt ] n. f.
• 1530; « poupée » 1468; de Marie; cf. marionnette
1Sceptre surmonté d'une tête coiffée d'un capuchon bigarré et garni de grelots. La marotte, attribut symbolique de la folie. Marotte de bouffon, de fou.
2Tête de femme, en bois, carton, cire, dont se servent les modistes, les coiffeurs.
3(1623) Fig. Idée fixe, manie. dada, folie, manie. Il a la marotte des mots croisés. C'est devenu une marotte. habitude. Encore une nouvelle marotte ! caprice, lubie. « La vie n'est tolérable qu'avec une marotte, un travail quelconque » (Flaubert).

marotte nom féminin (diminutif populaire de Marie) Idée fixe, goût obsessionnel pour quelque chose. Tête de femme, en bois, carton, cire, dont se servent les modistes pour essayer les chapeaux, et les coiffeurs pour faire les perruques. Sceptre, surmonté d'une tête coiffée d'un capuchon de diverses couleurs et garni de grelots, qu'on donnait pour attribut de la Folie. ● marotte (synonymes) nom féminin (diminutif populaire de Marie) Idée fixe, goÛt obsessionnel pour quelque chose.
Synonymes :
- dada (familier)
- folie
- maladie (familier)
- manie
- obsession
- rage
- toquade (familier)

marotte
n. f. Manie.

⇒MAROTTE, subst. fém.
A. — [Désignant une figurine ou une figure]
1. Poupée ancienne montée sur un bâton, reprise à l'époque moderne comme marionnette (d'apr. GITEAU 1970). Çà et là, sur les lits, il y a des jouets. Oh! bien modestes: pour les petites filles, ce sont des poupées, des marottes plutôt, habillées en peignoir d'indienne (LOTI, Livre de la pitié, 1891, p. 168).
En partic. Sceptre fait d'un bâton surmonté d'une tête grotesque coiffée d'un capuchon à grelots, considéré comme le symbole de la folie et servant d'attribut aux bouffons de cour. Après tout, le courtisan garde son hochet, sa livrée et son impudence, et de cela il vit comme un fou de sa marotte (BALZAC, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 412). On a trouvé, au même endroit [dans l'Yonne], quelques sujets en terre qui rentrent plutôt dans le domaine de la fantaisie: telle est cette figure de fou, d'un style vraiment charmant et qui, avec son bonnet à grelots, rappelle tout à fait les représentations que l'on rencontre dans les manuscrits du quinzième siècle; ce petit personnage tient à la main une marotte qui semble être sa vivante image (D'ALLEMAGNE, Hist. jouets, 1902, p. 150):
1. ... un nouvel Éloge de la folie, qui semblera frivole à la frivolité, mais où les sages reconnaîtront la sagesse prudemment cachée sous la marotte et le bonnet vert.
A. FRANCE, Opinions J. Coignard, 1893, p. 119.
2. P. anal. Mannequin en bois, en carton ou en quelque autre matière, ayant la forme d'une tête de femme, utilisé par les modistes et les coiffeurs pour la confection ou la présentation de leurs modèles. L'art de Morandi n'est pas sans évoquer aussi bien le purisme que les objets dans l'espace de Fernand léger, ou que, également, les natures mortes de Derain. On y rencontre, bien entendu, des têtes de mannequins, de ces marottes que les modistes utilisent pour bâtir leurs chapeaux (CASSOU, Arts plast. contemp., 1960, p. 466).
B.P. anal., TECHNOL. ,,Chevalet surmonté d'un étau en bois, au moyen duquel le tonnelier maintient les douves et les fonds à dresser`` (Lar. encyclop.; ds Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr., ROB.).
C.Au fig. (de A 1 en partic.), fam. Ce qui fait l'objet d'un goût excessif, maniaque. Synon. idée fixe, manie, dada. Chacun a sa marotte; avoir une marotte, la marotte de qqc., de faire qqc. Pour nous qui sommes habitués, ils [les fous] ne sont pas si différents des autres. Vous savez, quand ils vous parlent, il y a toujours quelque chose de sensé dans leurs marottes (LACRETELLE, Hts ponts, t. 4, 1935, p. 204). Institué en 1954, il [le pari tiercé] est devenu la marotte de trois millions de Français chaque dimanche (ZITRONE, Courses, 1962, p. 45):
2. On le classera avantageusement [un individu] parmi ses pairs, s'il a en tête quelque marotte littéraire, si on lui connaît des goûts délicats, un peu maladifs ou mieux encore, dans la manière de vivre et de se comporter, quelque dépravation curieuse et dégoûtante.
AYMÉ, Confort, 1949, p. 99.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1468 «image de la Vierge» (Speculum des pecheurs ds GDF.); 2. a) ca 1470 «attribut donné à la folie, sceptre que surmonte une tête à capuchon bigarré, garni de grelots» (Proverbes en rimes, éd. G. Frank et D. Miner, 542); b) 1765 «buste en carton peint qui sert aux hommes de la campagne pour dresser leurs coiffes» (MUSSET, Glossaire des patois et des parlers de l'Aunis et de la Saintonge); 1902 «tête de femme, en bois, carton, cire..., dont se servent les modistes, les coiffeurs...» (Nouv. Lar. ill.); c) 1902 «chevalet du tonnelier» (ibid.); 3. a) 1618 «idée folle» (BRUSCAMBILLE, Fantaisies, p. 229); b) 1639 «idée fixe» (CHAPELAIN, Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, I, 529). Dimin. de Marie (cf. mariole). Le sens de «poupée» subsiste dans les dial. du Nord. Fréq. abs. littér.:110. Bbg. HOTIER (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. Paris, 1973, p.117. — MIGL. Nome propr. 1968 [1927], p. 123, 213, 235, 255, 300.

marotte [maʀɔt] n. f.
ÉTYM. 1530; 1468, « poupée »; dimin. de Marie; → Marionnette.
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I
1 Sceptre surmonté d'une tête coiffée d'un capuchon bigarré et garni de grelots. || La marotte, attribut symbolique de la folie. || Marotte de bouffon, de fou. — ☑ Loc. prov. À chaque fou sa marotte (→ ci-dessous, II.).
1 (…) en quelque main, c'est (le savoir) un sceptre; en quelque autre, une marotte.
Montaigne, Essais, III, VIII.
2 Le plus jeune, que distinguent son juste-au-corps de velours sang-de-bœuf et sa marotte grelottante, s'égosille de rire (…)
Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, Introduction.
2 Tête de femme, en bois, carton, cire…, dont se servent les modistes, les coiffeurs…
3 Marionnette manipulée en élévation au bout d'un bâton.
4 (Déb. XXe). Techn. Chevalet de tonnelier.
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II (1623). Fig. Idée fixe, manie. Dada, folie, manie, monomanie, turlutaine (vx). || Un esprit fumeux (cit. 4) voué à des marottes. || À chacun sa marotte (→ À chaque fou sa marotte). || Avoir la marotte de faire qqch. || Il a la marotte des mots croisés. || C'est devenu une marotte ( Habitude). || Encore une nouvelle marotte ! ( Caprice). || C'est sa marotte, son cheval de bataille.
3 La vie n'est tolérable qu'avec une marotte, un travail quelconque. Dès qu'on abandonne sa chimère, on meurt de tristesse.
Flaubert, Correspondance, 759, 22 juin 1863.
4 (…) il lui fallait une marotte : c'était un jeu pour lui, et il en changeait fréquemment. Pour l'instant, il avait la marotte de la bonté. Il ne lui suffisait pas d'être bon, naturellement; il voulait paraître bon; il professait la bonté, il la mimait.
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, p. 419.
5 Vous savez quand on ne peut plus mettre un nom sur une tête. D'abord c'est vexant. Puis on se pique au jeu. Enfin ça devient une marotte.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, VI.

Encyclopédie Universelle. 2012.