Akademik

mien

mien, mienne [ mjɛ̃, mjɛn ] adj. poss. et pron. poss. de la première pers. du sing.
• 842; lat. meum
Qui est à moi, m'appartient; qui se rapporte à moi; de moi. I Adj. poss. Vx ou littér. À moi. mon.
1(Épithète; après un adj. dém. ou un art. indéf.) Un mien cousin : un cousin à moi, un de mes cousins. « cette œuvre mienne » (A. Gide). « la velléité capricieuse et purement mienne » (Proust).
2(Attribut) Ce livre est mien, m'appartient, est à moi. Tu es mienne (en amour). Des protestations que je fais miennes, que je prends à mon compte.
II Pron. poss. Cour. LE MIEN, LA MIENNE, les miens, les miennes : l'objet ou l'être lié à la première personne par un rapport de parenté, de possession, etc. Votre fils et le mien. « Ton premier coup d'épée égale tous les miens » (P. Corneille). « Préoccupé du bien public autant ou plus que du mien propre » (A. Gide). Leurs enfants et les deux miens. (Attribut) Ce livre n'est pas le mien, c'est celui d'un ami. Vos idées sont les miennes sur ce sujet, les mêmes que les miennes. Je ne discute pas, votre prix sera le mien. III N. m.
1 ♦ LE MIEN : ce qui est à moi, mon bien. « tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien » (Diderot).
2 ♦ DU MIEN : de ma personne, de mes ressources... (cf. Mettre du sien). J'y ai mis du mien : j'ai fait un effort. J'ai repris son idée, mais en y ajoutant du mien.
3 ♦ LES MIENS : mes parents, mes amis, mes partisans... J'aime les miens. « es-tu des nôtres ? — Je suis des vôtres, si vous êtes des miens » (Musset).

mien, mienne adjectif possessif (latin meum, accusatif de meus, qui m'appartient) Littéraire. Comme épithète, ne subsiste que dans des formules toutes faites : Un mien ami.mien, mienne pronom possessif S'emploie avec le, la, les pour marquer la relation avec la première personne par rapport aux autres : Vos enfants et les miens. Sans article et comme attribut : Ces récriminations, je les fais miennes. Les miens, ma famille, mes proches, mes amis : J'ai besoin de travailler pour moi et les miens.mien, mienne (citations) pronom possessif Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Mien, tien. « Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants ; c'est là ma place au soleil. » Voilà le commencement et l'image de l'usurpation de toute la terre. Pensées, 295 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée.

mien, mienne
adj. et Pron. poss. de la 1re pers. du Sing.
rI./r adj. poss. Litt. Qui est à moi, qui m'appartient; de moi. Un mien ami.
|| (Attribut.) Cette maison est mienne.
Je fais mienne cette proposition.
rII./r Pron. poss. Le(s) mien(s), la (les) mienne(s).
d1./d Ce qui est mien. Ta fille et la mienne.
Ce livre est le mien.
|| Vos conditions seront les miennes: j'accepterai les conditions mêmes que vous proposerez.
d2./d n. m. Le mien: ce qui m'appartient. Le tien et le mien.
|| Fig. J'y mettais du mien, de ma personne, de mes capacités, de la bonne volonté.
|| Les miens: mes proches, mes parents.

⇒MIEN, MIENNE, adj.
A. — Dans des emplois pronom. et nom.
1. Le mien, la mienne, les mien(ne)s. [Groupe pronom. représentant le groupe nom. mon (ma, mes) + subst.] Les machines diminuent votre salaire, mais elles augmentent le mien; j'en suis très fâché pour vous, mais très content pour moi (VIGNY, Chatterton, 1835, p.252). Une personne d'un mérite supérieur au mien (DUMAS fils, Ami femmes, 1864, I, 8, p.84). Je suis tenté de croire au néant de tout jugement, du mien en particulier (SAINTE-BEUVE, Cahiers, 1869, p.76). Je ne croise pas les bras et, s'ils ont leurs affaires, j'ai les miennes (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p.502). Toi, attends cette lettre pour répondre aux deux miennes (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1905, p.116).
[Avec le qualificatif propre ou le compl. à moi, qui marquent l'insistance sur le rapport au locuteur] Un garçon plein d'esprit, de coeur et de dispositions, qui devint mon enfant presque autant que les miens propres (SAND, Hist. vie, t.4, 1855, p.459). La mienne à moi [ma vie], j'étais justement en train de bien la fignoler avec des factures que je n'arrivais pas à payer (CÉLINE, Voyage, 1932, p.362).
[Avec rappel du subst. antécédent par un compl. en de] Le mien (de style) continue à me procurer des embêtements qui ne sont pas minces (FLAUB., Corresp., 1866, p.257). Que doit-elle penser de moi qui sus si bien casser la mienne d'assiette? (J.BOUSQUET, Trad. du silence, 1935, p.51).
Rem. a) Les 2 constituants du groupe nom. prennent le genre du subst. réprésenté, mais le groupe peut avoir un nombre différent. Du jour où j'ai connu le paysan, toute bucolique m'a paru un mensonge, même les miennes (RENARD, Journal, 1904, p.232). V. aussi supra l'ex. de Sand. b)Rare. Le groupe pronom. comporte un adj. qualificatif. Si cela est, j'en mourrai de chagrin et votre pauvre âme répondra de la pauvre mienne (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p.116). Il peut comporter aussi un numéral. Nous eûmes, chacune, deux maris. Mais, tandis que les deux miens sont — vous m'en voyez aise — bien vivants, ma mère fut deux fois veuve (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.16). c) En tournure compar., le (la, les) peut céder la place à un numéral. Dans sa poitrine grosse comme deux miennes ça fait un ronflement de vent collinier (GIONO, Baumugnes, 1929, p.11).
2. [Emplois de nom.]
a) Les miens (subst. masc. plur., toujours avec l'art. déf.)
La famille ou les proches du locuteur. Mon devoir envers mon amour, d'abord; ensuite mon devoir envers la mémoire des miens (LARBAUD, Journal, 1931, p.248). [Des garçons] qui faisaient le bonheur de leurs proches comme je faisais celui des miens (SARTRE, Mots, 1964, p.168).
La communauté à laquelle appartient le locuteur. Loin de ma patrie, des miens, du passé de toute notre race, comme un enfant trouvé (MARAN, Batouala, 1921, p.47). Ton orgueil me repousse, tu te souviens que je suis française et que les miens t'ont vaincu! (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.428).
Rem. Rare, employé sans le (la, les) comme interpellatif. — Où es-tu, mien? Où donc...? (CLADEL, Ompdrailles, 1879, 359). J'appelai les miens: «Miens!» Ils accoururent (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.66).
b) Le mien. Ce que possède le locuteur. Sera-ce le sauvage, vagabond dans ses déserts, à qui le «mien» et le «tien» sont inconnus (CHATEAUBR., Essai Révol., t.1, 1797, p.38):
1. Il existe près des écluses
Un bas-quartier de bohémiens
Dont la belle jeunesse s'use
À démêler le tien du mien
ARAGON, Rom. inach., 1956, p.150.
Mettre du mien dans, y mettre du mien (vieilli). Perdre de l'argent dans. Synon. laisser des plumes dans (fam.). Peut-être croyez-vous que je fais mes affaires; la vérité pourtant est que j'y mets du mien (COLLIN D'HARL., Vieux célib., 1792, p.38). Après dix ans que je vous sers, que je mets du mien dans votre ménage, que mes économies y sont toutes passées (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p.157). Nos frais seraient à peine couverts; j'y mettrais du mien, mon cher monsieur! — Vous est-il jamais arrivé de perdre sur une affaire? (ABOUT, Roi mont., 1857, p.195).
Au fig.
Rare. Apporter une contribution personnelle. Tel quel, dans son débraillé, ce journal avait une originalité, une saveur particulière, et (...) je ne pouvais que le banaliser en «y mettant du mien» (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.11).
Payer de ma personne; faire des efforts, mettre de la bonne volonté. Le Seigneur m'a soutenu, mais j'y ai mis beaucoup du mien (FLAUB., Tentation, 1849, p.369). Il y faut un peu de complaisance, il est vrai. J'y mettrai du mien, c'est entendu (GIDE, Journal, 1931, p.1055).
c) Loc. J'ai (encore) fait des miennes. V. leur3 B 2.
d) P. plaisant. À la mienne. À ma santé (v. à la tienne, s.v. tien). Je ne suis qu'une bistrote d'occasion. À la mienne! À la vôtre! (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.326).
B.Adj. qualificatif
1. [En corrélation avec l'art. indéf. ou le dém. et antéposé au subst. (dans des groupes nom. où mon (ma, mes) est exclu parce qu'il est trop proche de le et contradictoire avec un)]
[Avec un subst. désignant une pers.] Le caractère de ce mien camarade. À propos, j'ai un mien ami qui veut me faire faire un mariage de deux cent mille livres (FLAUB., Corresp., 1852, p.356). L'opium dont j'usais avait été acheté par un mien ami (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p.437). On ne se marie, m'assure une mienne cousine, que... (MONTHERL., Olymp., 1924, p.245).
[Avec un subst. désignant un inanimé] Tu m'avais mis le nez dans mon ennui, et j'ai d'abord examiné de nouveau cette mienne dégoûtante faculté (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1899, p.354). Cette mienne vie trop connue, dédaignée (PROUST, Swann, 1913, p.410).
2. [En fonction d'attribut ou d'épithète]
a) Qui m'appartient, qui m'est propre.
[En fonction d'attribut] Synon. à moi. Un secret que je ne peux pas te dire parce qu'il n'est pas mien (E. DE GUÉRIN, Journal, 1835, p.62). Il faudra que je partage le pain que j'ai gagné, qui est mien, avec l'étranger que je ne connais pas (PROUDHON, Propriété, 1840, p.304). Il y a en moi quelque chose qui est mien, qui doit m'être rattaché de plus en plus étroitement, et qui pourtant n'est pas moi (BLONDEL, Action, 1893, p.153). Sortie de mon lit, il n'y avait pas un coin qui fût mien; je ne possédais même pas un pupitre pour y ranger mes affaires (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p.99):
2. De ces poncifs, je fais alors une image sincère, une image qui est mienne, aussi mienne que si je l'inventais moi-même, suivant ma douce manie de croire être toujours le sujet de ce que je pense.
BACHELARD, Poét. espace, 1957, p.43.
♦[Avec faire ou tout autre verbe à valeur factitive] J'étais disposé, en ce temps-là, à prendre pour miennes les idées d'autrui (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.288). [Une étude] dont je fais miennes toutes les conclusions (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.448).
[En fonction d'épithète] Un ensemble de tendances, trop profondément sincères, trop miennes, trop personnelles (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1905, p.148). Précisément, c'est le livre I des Confessions, qui est tout rempli par la louange de Dieu en soi, que je citais à Thorold comme le texte entre tous mien (DU BOS, Journal, 1927, p.154).
b) [En parlant d'une pers.]
[Avec un verbe factitif] Faire que quelqu'un m'appartienne physiquement. Cette femme de qui me séparent les lois et les préjugés du monde, j'ai juré de la conquérir et de la faire mienne (PONSON DU TERR., Rocambole, t.3, 1859, p.362). Je prenais une tendre blonde dans mes bras et la faisais mienne (GIRAUDOUX, Siegfried, 1922, p.157).
[Avec un verbe attributif ou en fonction d'épithète] Nous causâmes; en causant, je la regardais, si aimable, si mienne (MICHELET, Journal, 1858, p.394). L'instant qu'elle était nue et mienne se brouilla dans ma mémoire comme un songe (MONTHERL., Songe, 1922, p.205).
Rem. Rare, au sens de «s'appartenir». Oui! je retourne chez le duc, reprit-elle enfin, d'une voix basse. Mais, pendant un mois, je resterai mienne, et nul ne franchira mon seuil (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.281).
Prononc. et Orth.:[], fém. []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Adj. poss. [842 (Serments de Strasbourg ds HENRY Chrestomathie, p.1: cist meon fradre Karlo)]; a) ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 445: ço'st granz merveile que li mens quors tant duret); b) ca 1100 un mien filz (Roland, éd. J. Bédier, 149), en emploi adj. qualifié de vieilli dep. Ac. 1694; 2. pron. poss. a) ca 1100 (Roland, 43); b) ca 1340 fém. mienne (GUILLAUME DE MACHAUT, Le jugement dou roy de Brehaigne, 911 ds Œuvres, éd. A. Hoepffner, t.1, p.91); 3. subst. [ca 1140 «ce qui m'appartient, mon bien» (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 843: Ia unt il tant del mon qu'il nel poent porter)]; a) ca 1160 li mien «id.» (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 614); b) XIVe s. li mien «mes proches» (Psautier, f° 80 ds LITTRÉ); c) 1690 (FUR.: J'ay bien fait des miennes en ma jeunesse). Forme tonique de l'adj. poss., issue du lat. meum acc. de meus (v. mon) «mien, qui est à moi; qui me concerne» et au neutre subst. meum «mon bien», au plur. mei «les miens»; au fém. mienne a évincé l'a. fr. meie, moie, issu du lat. mea et att. de ca 1100 au XVIe s. Fréq. abs. littér.:7431. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 13384, b) 9937; XXe s.: a) 7999, b)10426. Bbg. BARNETT (F. J.). The Development of the Old Fr. possessives of singular person reference. In:[Mél. Reid (T.B.W.)]. Oxford, 1972, pp.1-17. — CORNU (J.). Mien. Romania. 1878, t.7, p.593. — PINCHON (J.). Les Pron. adv. en et y. Genève, 1972, pp.41-42.

mien [mjɛ̃], mienne [mjɛn] adj. et pron. poss. de la première personne du singulier.
ÉTYM. 1080; 842, Serments de Strasbourg, meon; du lat. meum, accusatif de meus (→ Mon); mienne (V. 1340) a évincé l'anc. franç. meie, moie, du lat. mea, fém. de meus.
Qui est à moi, m'appartient; qui se rapporte à moi.
REM. Comme tous les adjectifs et pronoms dits « possessifs », mien, le mien etc. peut marquer un simple rapport personnel; il équivaut alors au complément déterminatif « de moi ».
———
I Adj. poss.
1 Vx ou littér. (En fonction d'épithète). Moi (à moi, de moi).Précédé d'un déterminatif (article démonstratif ou indéfini). || Un mien cousin : un cousin à moi, un de mes cousins. || J'ai vu chez moi un mien ami (→ Jargon, cit. 4, Montaigne).
REM. Mien est prononcé [mjɛn] devant une voyelle ou une h muette.
1 (Sa fille) a mis un mien papier en morceaux (…)
Racine, les Plaideurs, II, 5.
2 (…) Un mien cousin, César,
Comte de Garofa, près de Velalcazar.
Hugo, Ruy Blas, I, 5.
3 (…) je pensais maintenant comme à un inestimable avantage, que de cette mienne vie trop connue, dédaignée, Gilberte pourrait devenir un jour l'humble servante (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. II, p. 258.
(Placé après le nom). Littéraire :
4 Je prenais ma part des plaisirs de la journée commençante; le désir arbitraire — la velléité capricieuse et purement mienne — de les goûter n'eût pas suffi à les mettre à portée de moi (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XI, p. 29.
5 Il ne me gêne plus (Valéry) j'ai fait mon œuvre sur un plan différent du sien — que je comprends trop bien et admire trop pour ne point admettre que cette œuvre mienne ne puisse figurer dans son système et n'ait pas de valeur à ses yeux.
Gide, Journal, 5 mai 1942.
Vx, ou archaïsme stylistique. En emploi pronominal (ou quasi nominal) avec l'adj. possessif de forme atone mon, ma, et un adjectif antéposé, dans le langage de l'affectivité.
6 C'est la raison pour laquelle je ne t'ai pas parlé, ma pauvre mienne.
Paul Bourget, la Geôle, IX.
7 Oh ! ma douce mienne (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XV, XXII, p. 265.
2 (En fonction d'attribut). Littér. ou régional. || Ce livre est mien, m'appartient, est à moi. || Cette terre est mienne (→ Établir, cit. 18). || Je fais (cit. 137) mien tout votre passé. || Il n'est pas à moi, mais je le considère comme mien. || Des protestations que je fais miennes, que je prends à mon compte en m'y associant.Spécialt. (Dans le langage amoureux). || Sois mienne : appartiens-moi.
8 Si j'ai comptant un beau cheval payé
Il m'est permis de dire qu'il est mien (…)
Clément Marot, Épigrammes, CLXXVI.
9 Mon imitation n'est point un esclavage :
Je ne prends que l'idée, et les tours, et les lois,
Que nos maîtres suivaient eux-mêmes autrefois.
Si d'ailleurs quelque endroit plein chez eux d'excellence
Peut entrer dans mes vers sans nulle violence,
Je l'y transporte, et veux qu'il n'ait rien d'affecté,
Tâchant de rendre mien cet air d'antiquité.
La Fontaine, Pièces diverses, IV, À Mgr l'Évêque de Soissons.
10 Horace ou Despréaux l'a dit avant vous. — Je le crois sur votre parole; mais je l'ai dit comme mien.
La Bruyère, les Caractères, I, 69.
11 Les chères mains qui furent miennes,
Toutes petites, toutes belles (…)
Verlaine, « Sagesse », I, XVII.
12 Je prenais une tendre blonde dans mes bras et la faisais mienne en pleurant.
Giraudoux, Siegfried et le Limousin, V, p. 152.
13 Je me grisais (…) de toutes ces paroles qui n'étaient pas miennes, mais me tombaient pourtant des lèvres.
G. Duhamel, Salavin, I, XVI.
14 Je n'ai rien de mien à défendre. Je n'ai aucun droit.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VI, XXII, p. 198.
———
II Pron. poss. Cour. || Le mien, la mienne, les miens, les miennes, pour désigner avec précision l'objet ou l'être lié à la première personne par un rapport de parenté, de possession, etc. || Votre fils et le mien. || Voici le mien, un des miens. || Ses idées diffèrent des miennes. || Son visage était près du mien, tourné vers le mien (→ Imbiber, cit. 8). || Ils comparent (cit. 5) leur profession à la mienne. || Une nature plus imaginative (cit. 1) que la mienne. || Votre caractère ressemble au mien. || « Ton premier coup d'épée égale tous les miens » (Corneille, → Atteindre, cit. 26). || Les préoccupations de tous et les miennes propres, celles qui me sont particulières, que je ne partage pas avec d'autres.(Avec un numéral cardinal). || Leurs enfants et les deux miens parlent ensemble.
15 (…) La main des Parques blêmes
De vos jours et des miens se joue également.
La Fontaine, Fables, XI, 8.
16 (…) je pris sa main que je serrai dans une des miennes (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXV.
17 Préoccupé du bien public autant ou plus que du mien propre.
Gide, Thésée, p. 92, in Grevisse.
18 Les femmes, c'est pourtant pas ça qui manque. Moi, quand je suis revenu de la guerre, on m'a dit que la mienne s'était barrée (…)
A. Maurois, B. Quesnay, X.
REM. 1. Dans la langue moderne, on évite de faire représenter par le mien, la mienne, etc., un substantif qui n'est pas accompagné d'un article défini ou d'un adjectif déterminatif. Elle est fille du marquis et la mienne (→ Fruit, cit. 29); on dirait aujourd'hui : fille du marquis et de moi.
19 (…) elle se laissa tomber à genoux et elle appuya sa tête sur les miens, en cachant son visage de mes mains.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, II, p. 158.
2. Le mien, la mienne, etc., peut représenter un nom qui n'a pas encore été énoncé, à condition que le rapport soit clair.
20 On a tort, monsieur, de prononcer à côté du mien le nom de Mme de Fleurel.
Maupassant, l'Inutile Beauté, « L'infirme ».
21 Je me retournai pour voir presque contre le mien son visage; un visage gonflé, congestionné (…)
Gide, Isabelle, V.
(Attribut). || Ce livre n'est pas le mien, c'est celui d'un ami.(En parlant de ce qu'on a en commun, de ce qu'on adopte). || Vos idées sont les miennes sur ce sujet, les mêmes que les miennes. || Leur décision sera la mienne. || Tous ses intérêts sont les miens (→ Chaîne, cit. 22). || Je ne discute pas, votre prix sera le mien.
22 Chez les Malet, je n'étais pas heureux; le climat n'était pas le mien.
A. Maurois, Climats, I, VII.
———
III N.
1 Le mien (toujours au masc. sing.). Ce qui est à moi, mon bien, ma propriété.Vx. || Je ne demande que le mien (Académie), ce qui me revient de droit, mon dû.Vieilli ou littér. || Ne confondons pas le tien et le mien, ce qui t'appartient et ce qui m'appartient (→ Gâter, cit. 44).
23 Ici tout est à tous; et tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien.
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, II.
2 Du mien, en emploi partitif (après mettre, ajouter…). De ma personne, de mon fonds, de mes ressources… Sien (mettre du). || J'ai repris son idée, mais en y ajoutant du mien (→ Extraire, cit. 5). || Nous avons pu renflouer l'affaire, mais j'y ai mis beaucoup du mien, de mon argent, de mon travail.
24 Tout ce qui sera d'elle (la nature) sera vrai; il n'y aura de faux que ce que j'y aurai mêlé du mien sans le vouloir.
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, Discours.
Rare. || J'ai fait des miennes (en parlant de fredaines habituelles). Sien (faire des siennes, cour.).
3 Les miens (toujours au masc. plur.). Mes parents, mes amis, mes partisans… Sien(s). || Je te remercie de l'intérêt (cit. 23) que tu portes aux miens. || Je réponds des miens (→ Indiscrétion, cit. 12). || Dans le sein des miens (→ État, cit. 78). || J'ai rompu avec les miens.
25 Mais j'ai les miens, la cour, le peuple à contenter.
La Fontaine, Fables, III, 1.
26 — Oui ou non, es-tu des nôtres ? — Je suis des vôtres, si vous êtes des miens (…)
A. de Musset, Fantasio, I, 2.
27 Je ne dois pas craindre de survivre aux miens tant qu'il y aura des hommes sur la terre, car il en est toujours qu'on peut aimer.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, IV, p. 372.

Encyclopédie Universelle. 2012.