minorité [ minɔrite ] n. f.
• 1437; lat. médiév. minoritas, du lat. class. minor « moindre »
I ♦ (Opposé à majorité, I )
1 ♦ État d'une personne qui n'a pas encore atteint l'âge où elle sera légalement considérée comme pleinement capable et responsable de ses actes. ⇒ 1. mineur. La minorité, cause d'incapacité. Dr. Minorité pénale, qui a pour effet de soumettre les mineurs délinquants âgés de moins de dix-huit ans à un régime juridique et pénal particulier.
♢ Par ext. Temps pendant lequel un individu est mineur.
2 ♦ Spécialt Minorité d'un souverain, temps pendant lequel il ne peut, étant trop jeune, régner par lui-même. Une ordonnance de Charles V avait fixé à quatorze ans la fin de la minorité des rois. Régence pendant une minorité.
II ♦ (1727; angl. minority) opposé à majorité (III)
1 ♦ Groupement (de voix) qui est inférieur en nombre dans un vote, une réunion de votants. Une petite minorité d'électeurs. ⇒ frange. — En minorité, dans la situation de ce groupe. Être en minorité. L'Assemblée a mis le ministère en minorité. — Dr. Minorité de blocage.
♢ Parti, groupe qui n'a pas la majorité des suffrages. Être dans la minorité. Représentation des minorités dans un système électoral. — Par ext. Groupe peu nombreux dont les idées, les intérêts se distinguent dans un parti, un peuple. Minorité agissante.
2 ♦ La, une minorité de : le plus petit nombre, très petit nombre, dans une collectivité ou une collection d'objets. Dans la minorité des cas. Ce livre s'adresse à une minorité de lecteurs. Le gouvernement ne comprend qu'une minorité de femmes.
3 ♦ (1908) Groupe englobé dans une collectivité plus importante. Minorités ethniques. Droits, protection des minorités. Il a parlé « du droit des minorités [...] dans cette Europe qui est en train de se faire, pour la première fois depuis cinq cents ans, les nations anciennement dominées pourront retrouver leur identité » (Le Clézio).
⊗ CONTR. Majorité.
● minorité nom féminin (latin médiéval minoritas, -atis) État de quelqu'un qui n'a pas atteint l'âge de la majorité ; période de sa vie pendant laquelle il n'a pas l'exercice de ses droits et n'est pas considéré comme légalement responsable. Temps pendant lequel un souverain, étant mineur, ne peut régner par lui-même : Le duc d'Orléans fut régent pendant la minorité de Louis XV. ● minorité nom féminin (anglais minority) Ensemble de personnes, de choses inférieures en nombre par rapport à un autre ensemble : Nous sommes une minorité de filles dans la classe. Groupe de personnes réunissant le moins de voix dans une élection, un vote (par opposition à majorité) : Être en minorité. Ensemble de ceux qui se différencient au sein d'un même groupe : La minorité du parti critique les décisions du bureau. ● minorité (citations) nom féminin (anglais minority) Charles Maurras Martigues 1868-Saint-Symphorien 1952 Académie française, 1938 La volonté, la décision, l'entreprise sortent du petit nombre ; l'assentiment, l'acceptation, de la majorité. C'est aux minorités qu'appartiennent la vertu, l'audace, la puissance et la conception. Enquête sur la monarchie Fayard Henrik Ibsen Skien 1828-Christiania 1906 La minorité a toujours raison. Un ennemi du peuple ● minorité (difficultés) nom féminin (anglais minority) Accord Accord du verbe et de l'attribut avec l'expression une minorité de..., la minorité des... → majorité ● minorité (expressions) nom féminin (anglais minority) Minorité agissante, groupe, catégorie de personnes qui poursuivent des fins communes et dont l'action, socialement influente, est source de changements. Minorité nationale, groupe se distinguant de la majorité de la population par ses particularités ethniques, sa religion, sa langue ou ses traditions. ● minorité (synonymes) nom féminin (anglais minority) Un tout petit nombre, par opposition à majorité
Contraires :
- majorité
minorité
n. f.
rI./r
d1./d Le plus petit nombre (dans un ensemble). Dans une minorité de cas.
d2./d Le plus petit nombre des suffrages, dans une réunion, une assemblée où l'on vote. être mis en minorité.
|| Parti, tendance minoritaire (par oppos. à majorité).
|| Petite collectivité à l'intérieur d'un ensemble. Les minorités ethniques, religieuses.
rII./r état d'une personne légalement mineure.
— Temps pendant lequel on est mineur.
⇒MINORITÉ, subst. fém.
A. —[La minorité affecte une pers.]
1. [Le subst. renvoie à l'adj. mineur] État d'une personne qui n'a pas encore atteint l'âge légal au-delà duquel elle est considérée comme pleinement responsable de ses actes:
• 1. Le roi des grillons me faisoit la grâce de m'aimer; il n'ignoroit pas que ma minorité expire aujourd'hui, et qu'il est de l'usage des princesses de ma maison de prendre un mari à dix ans.
NODIER, Trésor Fèves, 1833, p.45.
— En partic. Minorité d'un souverain. Période pendant laquelle un souverain, à cause de son jeune âge, ne peut régner par lui-même. La longue minorité de Charles VI, les malheurs de son règne, les déréglemens d'Isabeau de Bavière, firent tout-à-coup succéder la licence la plus effrénée à la réserve la plus scrupuleuse (JOUY, Hermite, t.3, 1813, p.6). Pendant la minorité de leur roi mi-anglais, mi-français, le duc de Glocester (...) et son oncle (...) se prenaient aux cheveux (A. FRANCE, J. d'Arc, t.1, 1908, p.123).
2. [Le subst. renvoie à l'adj. moindre] État d'infériorité. Le peuple, au Moyen-Âge surtout, est dans la société ce qu'est l'enfant dans la famille. Tant qu'il reste dans cet état d'ignorance première, de minorité morale et intellectuelle, on peut dire de lui comme de l'enfant: cet âge est sans pitié (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.268). Parfois (...) cet esprit poétique (...) entendit dans la parabole mystique de l'arbre de la science (...) un avertissement clair, à savoir que la science n'était pas bonne pour l'homme pendant la minorité de son âme (BAUDEL., Nouv. Hist. extr., 1857, p.328).
B. —[La minorité concerne un groupe, un ensemble]
1. Ensemble des membres qui, les moins nombreux dans une assemblée, un groupement, s'opposent à la majorité. V. opposition. Être dans la minorité; minorité de droite, de gauche; division majorité-minorité. Je leur ai fait part de tout ce que savais; je leur ai communiqué des notes importantes sur la minorité et la majorité du conclave, sur les sentiments dont les différents partis sont animés (CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.506):
• 2. La direction générale des esprits était la même dans tout le parti populaire, car tous voulaient la liberté; mais il y avait des divisions particulières dans la majorité comme dans la minorité de l'Assemblée, et la plupart de ces divisions étaient fondées sur les intérêts personnels qui commençaient à s'agiter.
STAËL, Consid. Révol. fr., t.1, 1817, p.234.
— En partic.
♦[Dans un vote, dans une réunion de votants] Nombre des suffrages inférieur à la moitié des votants. Être mis en minorité:
• 3. Aussitôt, tout a changé comme par enchantement et avant-hier l'opposition a été en minorité de quarante voix dans les bureaux. Le cabinet qui était par terre est donc relevé. Mais il est si profondément atteint que je ne sais s'il pourra longtemps se soutenir.
TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Reeve], 1845, p.87.
♦[A l'intérieur d'un parti, d'un syndicat, d'une collectivité] Rassemblement d'individus que des idées, des intérêts, des tendances différencient d'une majorité dirigeante. Une minorité agissante, de blocage. Les anciens partisans du facteur aux huîtres se réunirent à ce groupe de mécontents, et j'eus bientôt vingt-neuf voltigeurs contre moi. C'était une minorité imposante, et je craignais que ma popularité n'en fût bientôt ébranlée (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.219). L'attitude germanophile de cette minorité visible et remuante abusait des hommes malheureux, par conséquent irritables et aisément enclins aux généralisations hâtives (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.41):
• 4. Ce qui fait la noblesse du socialisme, c'est qu'il ne sera pas un régime de minorité. Il ne peut donc pas, il ne doit donc pas être imposé par une minorité.
JAURÈS, Ét. soc., 1901, p.94.
2. Le plus petit nombre de personnes ou de choses dans une collectivité ou un ensemble. Dans la minorité des cas. — Voyez cependant sainte Colette, Lydwine, sainte Aldegonde, Jeanne-Marie de la Croix, la soeur Emmerich, combien d'autres qui passèrent leur existence, à moitié paralysées, sur un lit! — Elles sont une minorité infime (HUYSMANS, En route, t.2, 1895, p.147). Un tiers seulement des enfants nés dans la paroisse dont il est question ont été baptisés, et c'est une minorité encore plus faible qui fréquente le catéchisme et reçoit quelque instruction religieuse (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p.172).
3. DR. INTERNAT. ,,Groupement de personnes liées entre elles par des affinités religieuses, linguistiques, ethniques, politiques, englobées dans une population plus importante d'un État, de langue, d'ethnie, de religion, de politique différentes`` (SAND.-BÉA Pol. 1976). Minorité blanche, culturelle, raciale. La minorité catholique d'Irlande du Nord.
Prononc. et Orth.: []. Atp.ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1376 «situation d'une personne mineure» (Acte de Charles V, 21 mai ds Mandements et actes divers de Charles V, éd. L.Delisle, p.643). II. 1. 1727 «partie la moins nombreuse d'un groupe» (Le Freeholder, etc. p.77 ds BARB. Infl. n° 7, p.9); 1776 «groupe qui réunit le moins grand nombre de suffrages» (GARNIER à VERGENNES, 18 mars - Doniol I, p.456 n. — ds PROSCHWITZ Beaumarchais, 270); 2.1784 «le plus petit nombre d'un ensemble (sans idée de suffrage)» (BRISSOT, Journ. du Licée, juin, — II, p.385 — , ibid.), minorité est moins fréq. que majorité, v. PROSCHWITZ, loc. cit.; 3. 1851 (J. SIMON, Relig. natur., p.402:... on commençait à se demander ce que c'était que la loi sans un Dieu, et s'il y avait autre chose en elle que l'oppression des minorités); 1908 minorité nationale (Lar. mens., p.235b); 1931 minorités ethniques (Lar. 20e). I empr. au lat. médiév. minoritas, -atis terme de dr. (1189 ds Nov. Gloss.), dér. de minor, v. mineur2.II empr. à l'angl. minority «groupe le moins important» (1734 d'apr. HÖFLER ds Z. rom. Philol. t.86, p.336); «groupe le moins important dans un vote» (1774 ds NED) mais le sens 3 est attesté seulement en 1921 ds NED Suppl.2 Fréq. abs. littér.: 382. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 792, b)230; XXe s.: a) 621, b) 450. Bbg. BARB. Loan-words 1921, p.144. — DUB. Pol. 1962, p.344. — MACK. t.1 1939, p.118, 163, 280, 284, 287. — MAULNIER (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp.149-150. — QUEM. DDL t.11.
minorité [minɔʀite] n. f.
ÉTYM. 1437; lat. médiéval minoritas, lat. class. minor « moindre ». → 1. Mineur.
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1 (1374). Par oppos. à majorité (I.). État d'une personne qui n'a pas encore atteint l'âge où elle sera légalement considérée comme pleinement capable et responsable de ses actes. ⇒ Mineur; âge, état (état personnel). || La minorité est l'état « de l'individu de l'un ou de l'autre sexe qui n'a point encore l'âge de dix-huit ans accomplis » (Code civil, art. 388 modifié). || La minorité, cause d'incapacité. || La tutelle cesse à la fin de la minorité. || L'excuse (cit. 10) atténuante de minorité.
♦ Dr. || Minorité pénale, qui a pour effet de soumettre les mineurs délinquants âgés de moins de dix-huit ans à un régime juridique et pénal particulier. || En France, la minorité pénale se divise en trois périodes : jusqu'à treize ans, de treize à seize ans, de seize à dix-huit ans. — Par ext. Temps pendant lequel un individu est mineur.
1 La minorité, qui cesse à vingt et un ans accomplis, est la situation de l'individu qui est présumé n'avoir pas atteint un degré de formation intellectuelle suffisant pour qu'il puisse se gouverner lui-même. L'individu mineur est, en principe, totalement incapable.
A. Colin et H. Capitant, Cours élém. de droit civil franç., I, III, I.
REM. Ce texte est périmé.
♦ (1680). || Minorité d'un souverain : temps pendant lequel un souverain, étant trop jeune, ne peut régner par lui-même (→ Indomptable, cit. 3). || Une ordonnance de Charles V (1374) avait fixé à quatorze ans la fin de la minorité des rois. || Régence pendant la minorité d'un souverain. || La minorité de Saint-Louis (→ Chaloir, cit. 2), de Louis XIII, de Louis XIV.
2 La maison de Clovis était tombée dans une faiblesse déplorable : de fréquentes minorités avaient donné occasion de jeter les princes dans une mollesse dont ils ne sortaient point étant majeurs.
Bossuet, Discours sur l'histoire universelle, I, 11.
♦ (1874, Larousse). Par métaphore. État d'infériorité qui entraîne une sorte de tutelle. || Maintenir quelqu'un dans une perpétuelle minorité.
3 (…) elle rêvait de prolonger jusqu'à la cinquantaine la minorité de Clarence; s'efforçant d'éloigner de lui le travail, la maladie, l'amour (…) Avec des ruses maternelles, elle le maintenait enfermé dans un monde infantile (…)
Paul Morand, Champions du monde, p. 135.
2 (1727; angl. minority). Par oppos. à majorité (III., 1.). a Groupement (de voix) qui est inférieur en nombre dans un vote, une réunion de votants (⇒ Élection, vote). || Une petite minorité d'électeurs. — En minorité, dans la situation de ce groupe. || Être en minorité. || L'Assemblée a mis le Ministère en minorité.
4 Le plus grand de tous les dangers, celui de transporter à la minorité des suffrages l'influence que le bien général donne incontestablement à la majorité (…)
b Parti, groupe qui n'a pas la majorité des suffrages. || Être dans la minorité. || Une minorité de droite, de gauche. || La minorité fait une opposition active. || Les chefs des différentes minorités. || Représentation de la minorité, des minorités dans un système électoral.
5 (Cela) finira par révolter la minorité stupide de la Chambre, qui au fond ne comprend rien à rien et est presque la majorité.
Stendhal, Lucien Leuwen, II, LX.
6 (…) le principe de base de la représentation proportionnelle est qu'elle assure une représentation des minorités dans chaque circonscription en proportion exacte des voix obtenues.
Maurice Duverger, Manuel de droit constitutionnel…, p. 75.
c Par ext. Groupe peu nombreux d'individus que leurs idées, leurs intérêts… distinguent à l'intérieur d'une collectivité. || Une minorité agissante (→ Énergumène, cit. 4).
7 La ligue, qui eut à Paris son foyer le plus ardent, était une minorité, mais une minorité active et violente. La petite bourgeoisie, les boutiquiers irrités par la crise économique, en furent l'élément principal.
J. Bainville, Hist. de France, IX, p. 175.
8 La révolution serait faite par des minorités, même dans certains pays par d'infimes mais « hautement énergiques » minorités. Ces minorités à leur tour vaudraient ce que vaudraient les chefs qu'elles auraient pour inspirateurs et pour guides.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XVI, p. 175.
3 (1868, Littré). || La, une minorité de : le plus petit nombre, le très petit nombre, dans une collectivité ou dans une collection d'objets. || Dans la minorité des cas (→ Argotique, cit.). || La généralité des hommes sont mus par l'intérêt, mais une petite minorité est désintéressée. || Cet ouvrage ne peut intéresser qu'une minorité de lecteurs.
4 (XXe). « Collectivité de race, de langue ou de religion, caractérisée par un vouloir-vivre collectif, englobée dans la population majoritaire d'un État dont ses affinités tendent à l'éloigner » (Capitant). || Minorités ethniques, culturelles, linguistiques (→ Langue, cit. 31). || Minorité nationale. || Droits, protection, indépendance des minorités.
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CONTR. Généralité, majorité.
DÉR. Minoritaire.
Encyclopédie Universelle. 2012.