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suffisance

suffisance [ syfizɑ̃s ] n. f.
XVe; suffisanche XIIe; de suffisant
1Vx ou région. Quantité suffisante (à qqn). J'en ai ma suffisance (cf. Avoir son content). « Parce que, lui, il en a à sa suffisance [des lièvres, des lapins]; il en mange tant qu'il veut » (Giono). Absolt Vin en suffisance.
2(1640) Caractère, esprit suffisant (2o). fatuité, orgueil, présomption, autosatisfaction, vanité. « Avec quel ton de suffisance il parlerait du précepteur de ses enfants ! » (Stendhal).
⊗ CONTR. Insuffisance. Bonhomie, familiarité, modestie.

suffisance nom féminin Sentiment d'une très haute valeur de soi-même, de supériorité à l'égard d'autrui : Un beau parleur plein de suffisance. Littéraire. Propriété de ce qui se suffit à soi-même : L'électricité nucléaire doit garder le niveau de suffisance nécessaire.suffisance (expressions) nom féminin Littéraire. En suffisance, à sa suffisance, en quantité suffisante, sans avoir besoin de l'augmenter. ● suffisance (synonymes) nom féminin Sentiment d'une très haute valeur de soi-même, de supériorité à...
Synonymes :
- fatuité
- infatuation
- morgue
- outrecuidance (littéraire)
- présomption
- prétention

suffisance
n. f. Caractère d'une personne suffisante. Un air plein de suffisance.

⇒SUFFISANCE, subst. fém.
I. — Fait de suffire; état qui en résulte.
A. — [Dans le domaine de l'abstr.] La raison générale, progressant toujours, nie incessamment la plénitude et la suffisance de ses idées antérieures (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 194). Le rationalisme n'a qu'un principe, qui est la suffisance de la raison toute seule pour expliquer le mystère des destinées (LACORD., Conf. N.-D., 1848, p. 179).
En partic. État de ce qui se suffit à soi-même. Il semble que l'œuvre belle ait une suffisance absolue, qu'elle vive, qu'elle soit non pas seulement le reflet d'une idée, mais une idée réelle (BLONDEL, Action, 1893, p. 229).
B. — [Dans le domaine du concr.] Avec le développement économique, et particulièrement depuis la période de suffisance alimentaire, les classes moyennes se sont fortement étoffées dans les pays occidentaux (Tiers Monde, 1956, p. 146).
1. Vieilli. Avoir sa suffisance de + subst. J'ai ma suffisance de pain, et même de fricot pour mettre dessus (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 41). Empl. abs. L'ancien secrétaire sautait le mur toutes les nuits (...). Alors le vieux a décidé que le suivant serait marié pour avoir sa suffisance à domicile (SARTRE, Mains sales, 1948, III, 2, p. 78).
Il y a suffisance de + subst. Les pierres répandues dans la forme étaient légèrement cylindrées à sec avec le cylindre à vapeur (...). Lorsqu'on jugeait qu'il y avait suffisance de matière d'agrégation (...) on procédait au mouillage rapide avec le tonneau d'arrosage (BOURDE, Trav. publ., 1929, p. 107).
À la suffisance de qqn. Je l'aimais, le pauvre vieux, seulement (...) je ne savais pas le mignoter à sa suffisance (RENARD, Nos frères farouches, 1910, p. 10).
2. En suffisance. Il y avait de l'eau en suffisance: il y a eu du vin plus qu'en suffisance dans deux tonnelets qui avaient été apportés par le mulet aux provisions (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 52).
Vieilli. À suffisance. Ce qui fournit à suffisance la preuve de la proposition que nous avons émise ailleurs (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 292). Il y a des millions de travailleurs qui n'ont à suffisance ni la nourriture, ni le vêtement (JAURES, Paix menacée, 1914, p. 169).
II. — [Corresp. à suffisant II] Synon. fatuité, prétention, vanité. Un (des) air(s) de suffisance; plein de suffisance. C'est le dédain, la morgue, l'incivilité obstinée, de la vanité (...) et de la suffisance infatuée d'elle-même (...). Encore si on avait de l'esprit (...). Mais hors de sa spécialité, on est nul (AMIEL, Journal, 1866, p. 289). Il étale (...) une suffisance insupportable et un orgueil professionnel qui m'accablent (NIZAN, Conspir., 1938, p. 157).
P. méton. Admiratif pour les suffisances qui se proclament intelligences supérieures, mon mépris caché rit et place sur tous ces visages enfumés d'encens des masques de Callot (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 468).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1er quart XIIIe s. souffisanche « contentement, satisfaction » (RECLUS DE MOLLIENS, Charité, 41, 12 ds T.-L.); 2. 1269-78 soffisance « situation qui suffit (à la subsistance) » (JEAN DE MEUN, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 5034); 1370 a souffisance (NICOLE ORESME, Ethiques, 210d, éd. A. D. Menut, p. 520); 1601 en suffisance (P. CHARRON, De la Sagesse, Trois Livres, p. 556); 3. fin XIVe-déb. XVe s. suffisance « aptitude, capacité intellectuelle » (EUSTACHE DESCHAMPS, Balade, éd. G. Raynaud, t. 7, p. 362). B. 1588 « insolente présomption qui perce dans les manières » (MONTAIGNE, Essais, III, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, 1039 [v. FEW t. 12, p. 406b, note 3]: toute cette nostre suffisance, qui est au delà de la naturelle, est à peu près vaine et superflue); 1623 suffisance Turlipinesque et Caignardoise (le Père Fr. GARASSE, La Doctrine Curieuse des beaux-esprits de ce temps, p. 281). Dér. de suffisant; suff. -ance. Fréq. abs. littér.:270. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 194, b) 150; XXe s.: a) 417, b) 650. Bbg. ROCH (J. L.). Les Mots aussi sont de l'histoire... Thèse, Paris, 1986, p. 338. — SCHALK (F.). Sufficentia im Romanischen. Rom. Forsch. 1963, t. 75, pp. 81-82.

suffisance [syfizɑ̃s] n. f.
ÉTYM. Fin XIVe; souffisanche, fin XIIe; soffisance, XIIIe; de suffisant.
A
1 a Rare, régional. Fait de suffire, d'être suffisant. || « L'opinion doute de la validité de leurs méthodes (des gouvernants, en matière de lutte antiterroriste) et de la suffisance de leurs moyens » (le Monde, 11 août 1981, p. 1). || « Assez » marque la suffisance.
Quantité suffisante (→ Essentiel, cit. 7). — ☑ Loc. (Vx). Avoir sa suffisance de qqch. || J'en ai ma suffisance, mon content.
b Loc. Vx ou littér. En suffisance : en quantité suffisante. || Avoir du vin, du fromage en suffisance (→ 1. Frais, cit. 3; lichette, cit. 1)
À sa suffisance : assez. || Il gagne à sa suffisance. Suffisamment.
1 Parce que, lui, il en a à sa suffisance (des lièvres, des lapins); il en mange tant qu'il veut et il en met de côté, à sa cave, pour les changer, après, contre des pommes de terre (…)
J. Giono, Regain, I, II.
2 Vx. Capacité, habilité (→ Ambitieux, cit. 4; étude, cit. 25). || « Fâcheuse suffisance, qu'une suffisance pure livresque ! » (cit. 1, Montaigne).Spécialt. Capacité politique (→ Assez, cit. 42).
2 (…) suivant l'expérience, jugement, lumière et suffisance qu'il s'est acquise dans notre art.
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, I, 8.
3 Littér. Propriété de ce qui trouve en soi sa raison d'être, de ce qui se suffit à soi-même. || « La suffisance parfaite qui tend à être, celle de l'amour entre deux êtres » (A. Breton, in G. L. L. F.).
B (1640). Caractère, esprit suffisant (II.). Fatuité (cit. 7), orgueil, présomption, satisfaction, vanité (→ Accompagner, cit. 12; agacer, cit. 3).
3 Avec quel ton de suffisance il parlerait du précepteur de ses enfants (…)
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, IV.
Plais. (Sur le modèle de Son Excellence, la désinence commune motivant cet emploi plaisant). || Sa suffisance X… (en parlant d'un personnage suffisant).Au plur. (Rare). || Les suffisances : les gens suffisants (→ Laudatif, cit.).
CONTR. Insuffisance. — Bonhomie, familiarité, modestie.
COMP. Autosuffisance.

Encyclopédie Universelle. 2012.