nef [ nɛf ] n. f.
1 ♦ Vx ou poét. Navire. — Spécialt Grand navire à voiles du Moyen Âge. Une nef figure sur les armes de Paris.
2 ♦ (XIIe; par anal. de forme) Partie d'une église comprise entre le portail et le chœur dans le sens longitudinal, où se tiennent les fidèles. ⇒ vaisseau. Nef à cinq, six travées. Nef centrale, principale, grande nef, et absolt la nef. Nef latérale. ⇒ bas-côté, collatéral. Le peuple « envahit la nef, débordant jusque sur le parvis » (Camus).
● nef nom féminin (latin navis, vaisseau) Au Moyen Âge, grand navire à voiles de l'Océan. Littéraire. Navire. Architecture Dans une église de plan allongé, partie comprise entre la façade principale ou le narthex et la croisée du transept. Salle, galerie, hall de plan allongé et de grande hauteur. Orfèvrerie Pièce en forme de navire qui figurait sur la table des souverains et des grands. (Du Moyen Âge au premier Empire.)
nef
n. f. Partie d'une église qui va du portail à la croisée du transept.
⇒NEF, subst. fém.
I. A. —Poét. Navire. Va donc! Et souviens-toi de l'heure où, dans sa force, Ta haute nef heurta l'inébranlable écueil (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p.309).
— En partic. Grand navire à voile au Moyen Âge. À Chypre la nef de St Louis heurta un banc de sable (Ac. 1935).
B. —ORFÈVR. Nef de table. Petit réceptacle ornemental destiné à contenir les couverts et les épices du maître de maison. On voit des pièces d'orfèvrerie ornementales, dont la principale est la nef, placée devant le maître, et qui contient les objets destinés à son service: couteau, cuillers, sel et épices (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p.165).
II. A. —Partie d'une église comprise entre le portail et le transept, que délimitent les deux rangées de piliers soutenant la voûte, et dont la forme générale rappelle la coque d'un vaisseau renversé. Nef centrale, principale; grande nef. Cantiques en toutes langues lancés à pleine voix par l'assemblée des fidèles, harmonieux orages des grandes orgues qui faites tressaillir la nef des cathédrales (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p.177):
• ♦ ... au centre de l'Apennin, Florence accomplit le mélange du génie chrétien et du génie païen. Sur la nef gothique du treizième siècle, elle exhausse le dôme de la renaissance; elle couronne le moyen-âge avec la coupole du Panthéon.
QUINET, All. et Ital., 1836, p.220.
♦Église à trois nefs, à cinq nefs. ,,Église qui a une nef principale et deux ou quatre nefs latérales`` (NOËL 1968).
♦Nef latérale. Bas-côté, nef qui se trouve de chaque côté de la nef principale. La cathédrale [de Saint-Ouen] est large, vaste: larges nefs latérales, tribunes et chapelles pour recevoir le peuple (MICHELET, Journal, 1831, p.80).
B. —P.anal. Tout espace évoquant par ses dimensions ou sa forme la nef d'une église. Ce matin, à l'heure où les premiers traits du soleil font paraître roses (...) au-dessus de moi les bancs de sombre verdure, je pénètre dans la nef colossale qu'emplit délicieusement (...) l'odeur pleine de la résine (CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p.82).
REM. Navée, subst. fém., vieilli. ,,Charge d'un bateau`` (NOËL 1968).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 «navire» (Alexis, éd. Chr. Storey, 77); 2. a) ca 1130 «grand vase à boire» (Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 350); b)1372 «receptacle en forme de navire où l'on rangeait les assaisonnements et les épices sur la table royale» (Exécution du Testament de Jehanne d'Evreux ds HAVARD, p.978); 3. ca 1150 «partie de l'église» (WACE, Vie de St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 891). Du lat. navis «navire». Fréq. abs. littér.:768. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1176, b)1214; XXe s.: a) 1526, b) 693. Bbg. Archit. 1972, p.141, 219. — BALDINGER (K.). À propos de l'infl. de la lang. sur la pensée... R. Ling. rom. 1973, t.37, pp.255-256. — DARM. Vie 1932, p.156, 195. — KEMNA 1901, pp.13-15. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p.125.
nef [nɛf] n. f.
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I Vx ou poét. Navire (→ Fuir, cit. 13; moitié, cit. 8). — Par métaphore (→ Fréter, cit. 5). — Spécialt. Grand navire à voiles du moyen âge. — Blason. || Une nef figure sur les armes de Paris avec la devise : Fluctuat nec mergitur.
1 Il devait mieux remplir nos vœux et notre attente,
Faire voir sur ses nefs la victoire flottante (…)
Corneille, Pompée, I, 1.
2 Nous frôlions au passage des peuplades de grandes jonques (…) leurs poupes compliquées se relevaient en château, comme celles des nefs du moyen âge.
Loti, Mme Chrysanthème, II.
3 Étoile de la mer voici la lourde nef
Où nous ramons tout nus sous vos commandements;
Voici notre détresse et nos désarmements;
Voici le quai du Louvre, et l'écluse, et le bief.
Ch. Péguy, Tapisserie de Notre-Dame, Présent. de Paris à N.-Dame.
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II (Par anal. de forme; → Naviforme).
1 (XIIe). Vaisseau (d'une église), partie comprise entre le portail et le chœur dans le sens longitudinal, où se tiennent les fidèles. || Nef à cinq, six travées. || Colonnes, piliers, voûte, galeries d'une nef (→ Berceau, cit. 15). || Tribune, triforium ouverts sur la nef. || Claire-voie d'une nef gothique. || Nef centrale, principale, grande nef, et, absolt, la nef (→ Abside, cit. 2). || Cantiques qui résonnent sous la haute nef (→ Incantation, cit. 2). || Nef latérale. ⇒ Bas-côté, collatéral. || Nef aveugle, sans fenêtres hautes, éclairée par les fenêtres des bas-côtés. || Église à une seule nef, à plusieurs (deux, trois) nefs. || Les nefs de la cathédrale de Cordoue (→ Entrelacer, cit. 3; étoile, cit. 30).
4 Que le mot de nef s'applique bien au corps des églises gothiques ! Saint-Ouen, sans ses tours et ses clochers, ressemble à une frégate démâtée (…) Ôtez à Saint-Paul ses tours et ses dômes, vous n'aurez plus qu'une carcasse de prame ou de gabarre.
Sainte-Beuve, Correspondance, 52, 12 sept. 1828.
4.1 L'église (romane) proprement dite est à trois et parfois à cinq nefs. Elle prend ainsi la multitude qui s'y presse et lui impose un ordre, en creusant dans cette matière mouvante des sillons parallèles.
Henri Focillon, l'Art d'Occident, p. 65 (→ Narthex, cit.).
5 La cathédrale de notre ville (…) fut à peu près remplie par les fidèles pendant toute la semaine (…) Et le dimanche, un peuple considérable envahit la nef, débordant jusque sur le parvis et les derniers escaliers.
Camus, la Peste, p. 109.
♦ (1889, la Science illustrée). Forme architecturale rappelant la nef d'une église. || La nef d'un hall d'exposition, d'une gare.
2 (XIVe). Archéol. || Nef de table ou nef : pièce d'orfèvrerie, généralement en forme de navire, qui renfermait le couvert du seigneur ou du roi, ainsi que les assaisonnements, les épices (→ Étiquette, cit. 8).
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COMP. Aéronef, astronef, cosmonef, spationef.
Encyclopédie Universelle. 2012.