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nuire

nuire [ nɥir ] v. tr. ind. <conjug. : 38>
XIIe; lat. nocere, dont le e est devenu bref
♦ NUIRE À.
1(Personnes) Faire du tort, du mal (à qqn). léser, préjudicier. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Il nous a nui par son silence, ses critiques. Nuire à qqn auprès de ses amis. 2. desservir. Absolt Désir, intention, volonté de nuire ( malignité, malveillance) . Hors d'état de nuire : maîtrisé, en lieu sûr.
2(Choses) Constituer un danger; causer du tort. Cette accusation lui a beaucoup nui. Cela risque de nuire à nos projets. contrarier, gêner (cf. Faire obstacle à). Fumer nuit à la santé. détruire, ruiner; nocif. PROV. Trop gratter cuit, trop parler nuit. Abondance de biens ne nuit pas.
3 ♦ SE NUIRE v. pron. (réfl.) Se faire du mal, se causer du tort à soi-même. (Récipr.) « sans se détruire réciproquement et sans se nuire » (Sainte-Beuve ). s'entre-nuire. Elles se sont nui.
⊗ CONTR. Aider, assister, servir.

nuire verbe transitif indirect (latin nocere) Faire du mal, du tort à quelqu'un : Il me nuit beaucoup par ses critiques. De telles attaques finissent par lui nuire auprès du président. Causer une perturbation grave à un être vivant, à son organisme, le mettre en danger : L'alcool nuit à la santé. Causer du tort, une gêne à quelque chose : Les préjugés nuisent au progrès.nuire (citations) verbe transitif indirect (latin nocere) Pierre Augustin Caron de Beaumarchais Paris 1732-Paris 1799 Un grand nous fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal. Le Barbier de Séville, I, 2 Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 La plupart des gens vous nuisent, sans avoir la moindre intention de vous nuire. Ils ont parlé contre vous et ils ne voulaient que parler : ils ont parlé contre vous parce qu'ils étaient dans l'impuissance de se taire. Mes pensées Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Que ces vains ornements, que ces voiles me pèsent ! Quelle importune main, en formant tous ces nœuds, A pris soin sur mon front d'assembler mes cheveux ? Tout m'afflige et me nuit, et conspire à me nuire. Phèdre, I, 3, Phèdre André Siegfried Le Havre 1875-Paris 1959 Académie française, 1944 Voulez-vous nuire à quelqu'un ? N'en dites pas du mal, dites-en trop de bien. Quelques maximes J. Haumont Sénèque, en latin Lucius Annaeus Seneca, dit Sénèque le Philosophe Cordoue vers 4 avant J.-C.-65 après J.-C. Pour nuire, nous sommes puissants. Ad nocendum potentes sumus. De la colère, I, 3nuire (difficultés) verbe transitif indirect (latin nocere) Conjugaison nuire (expressions) verbe transitif indirect (latin nocere) Ce qui ne nuit pas, ce qui constitue un avantage supplémentaire. ● nuire (synonymes) verbe transitif indirect (latin nocere) Faire du mal, du tort à quelqu'un
Synonymes :
- compromettre
- desservir
- discréditer
- faire du tort
- léser
- porter atteinte à
- préjudicier
Contraires :
- servir
Causer une perturbation grave à un être vivant, à son...
Synonymes :
- affaiblir
- détruire
- faire du mal
- perdre
- ruiner
Causer du tort, une gêne à quelque chose
Synonymes :
- contrarier
- contrecarrer
- entraver
- freiner
- gêner
- paralyser
- ralentir
Contraires :
- avantager

nuire
v. tr. indir. Causer du tort, un dommage (à qqn, qqch). Il cherche à me nuire.
Absol. Volonté de nuire. Syn. desservir, léser.
|| v. Pron. Se causer du tort.

⇒NUIRE, verbe trans. indir.
A. Nuire à (un être vivant). Causer du tort, du dommage, du mal à; porter préjudice à. V. léser, discréditer.
1. [Le suj. désigne un être vivant] Tous deux se meuvent dans des réalités trop différentes pour que l'un puisse nuire à l'autre (GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, II, 5, p.133):
1. Comme une veuve indienne, pleine d'équité, met dans ses balances le reste des richesses de son époux et l'objet offert en échange par l'Européen: elle égalise les deux poids dans toute la sincérité de son coeur, ne voulant ni nuire à ses enfants, ni à l'étranger qui se confie en elle...
CHATEAUBR., Natchez, 1826, p.191.
Emploi pronom. réfl. Je sais bien que les animaux aussi se grattent, et jusqu'à se nuire à eux-mêmes (ALAIN, Propos, 1923, p.485).
Emploi pronom. réciproque:
2. [Les vieux travailleurs] ne se servaient de leurs ultimes et chevrotantes énergies que pour se nuire encore un petit peu et se détruire dans ce qui leur restait de plaisir et de souffle.
CÉLINE, Voyage, 1932, p.111.
Emploi abs. Désir, intention, pouvoir, volonté de nuire; chercher à nuire. [Les lois de la guerre] défendent d'aggraver les maux de la nature, et de détruire l'homme lorsqu'on l'a mis hors d'état de nuire (BONALD, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 97).
2. [Le suj. désigne une chose] Nous voyons, par l'exemple de la Grèce, à quel point l'esprit systématique peut nuire aux hommes (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 2, 1797, p.294). Seulement elle refusait d'en témoigner, parce qu'on lui avait dit que cela pouvait nuire à son fils, candidat aux bourses de Chaptal (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p.429):
3. Je ne vois point, dit-il, la nécessité de faire intervenir le père Mathieu en tout ceci. Je l'ai dit à M. de Marquet, mais les propos meurtriers de cet homme lui ont évidemment nui dans l'esprit de M. le juge d'instruction.
G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p.127.
Emploi pronom. réciproque. C'est vouloir blesser les yeux du visiteur le mieux disposé et compromettre l'opération, que d'affronter des tableaux sombres et des tableaux éclaircis, qui ne peuvent que se nuire mutuellement (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p.41).
Emploi abs. (très souvent forme négative à valeur de litote). Être utile à, servir. J'approuve ton idée de faire venir «quelques amateurs» dans ton atelier pour leur soumettre ton oeuvre. Présente-toi à la Vie moderne. Ça ne peut pas nuire (FLAUB., Corresp., 1880, p.405).
Proverbes. Abondance de biens ne nuit pas. V. abondance I A. Trop gratter cuit, trop parler nuit. V. cuire II C.
B.Nuire à (une chose)
1. Porter atteinte à. Nuire à la réputation, à la santé de qqn. Les revers des Turcs ont nui à notre prestige militaire (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p.89). Il m'a promis une chaîne pour que je donne ce billet à sa dame, au risque de nuire à son honneur, à sa modestie et sa bonne réputation (CAMUS, Chev. Olmedo, 1957, p.730):
4. Le pacifisme à prétention patriotique, je veux dire qui prétend exalter l'humanitarisme, prêcher le relâchement de l'esprit militaire, de la passion nationale et cependant ne pas nuire à l'intérêt de la nation, ne pas compromettre sa force de résistance en face de l'étranger.
BENDA, Trahis. clercs, 1927, p. 230.
2. Faire obstacle à; gêner, contrarier le bon développement de. Comme la mousson du nord-est était encore très-forte, le sacrifice de trois ou quatre jours ne pouvait nuire au succès de l'expédition (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p.363). Cette misérable ambition a plus nui aux progrès de l'agriculture et du commerce en France que les maîtrises et la taille même (TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p.171):
5. Il est probable que le succès obtenu dans cette recherche de la miniaturisation de l'arme atomique a, dans une certaine mesure, nui à la réussite du programme spatial américain dans sa course avec l'Union Soviétique...
GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p.176.
Prononc. et Orth.:[], (il) nuit []. Homon. nuit. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1119 nuisir «faire du tort, causer du dommage (à)» (Ph. DE THAON, Comput, éd. E. Mall, 289); ca 1160 nuire (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2538); 2. a) ca 1228 emploi abs. «être néfaste, dommageable» (GERBERT DE MONTREUIL, Violette, 5569 ds T.-L.); b) 1587 il ne nuira de rien de + inf. «il ne sera pas mauvais, il sera utile ou bon de» (LA NOUE, Discours politiques et militaires, 61 ds LITTRÉ); 3. a) 1690 pronom. réciproque (FLÉCHIER, Duc de Montansier, ibid.); b) 1769 pronom. réfl. (S. DELISLE DE SALES, Philosophie de la nature, t. 1, p.269). D'un lat. pop. , altération du lat. class. «causer du tort, faire du mal», intrans., qui a donné l'a. fr. nuisir, employé parfois transitivement en lat. tardif comme nuire en a. fr. (cf. T.-L.). Fréq. abs. littér.:1746. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 3423, b) 2356; XXes.: a) 2120, b) 1960.

nuire [nɥiʀ] v. tr. ind.
CONJUG. conduire, sauf au p. p. nui, pas de p. p. fém.; passé simple et impér. du subj. inus.
ÉTYM. XIIe; du lat. pop. nocere (e bref), lat. class. nocere (e long).
Nuire à.
1 Causer, faire du tort, du dommage, du mal (à qqn). Léser, préjudicier (qqn); atteinte (porter). || La liberté (cit. 23) consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. || Nuire à qqn auprès de ses amis ( 2. Desservir), dans l'esprit des autres ( Détruire, ruiner)… || Nuire à qqn en lui suscitant des ennuis, en lui jouant un vilain tour… || Un honnête (cit. 6) homme qui ne nuit à personne. || Nuire, chercher à nuire à qqn en disant du mal de lui. Déconsidérer, discréditer, médire, parler (contre). || Il lui a nui sans le vouloir, en croyant l'aider (→ Rendre un mauvais service). || Chercher à nuire à qqn par un maléfice en lui jetant un sort. || Ceux qui cherchent à lui nuire. Ennemi, inimitié.Par ext. || Nuire à la réputation de qqn ( Endommager, ruiner), pour se faire valoir à ses dépens, pour faire un bon mot (→ Infamant, cit. 4). || Nuire à sa santé. Ruiner.
1 Ce qui nous nuit, on le fuit; mais ce qui nous veut nuire, on le hait.
Rousseau, Émile, IV.
2 En occupant les gens de leur propre intérêt, on les empêche de nuire à l'intérêt d'autrui.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, I, 4.
3 Je n'exige pas que tu nuises à ta santé; si tu es fatigué, il faut que tu te reposes; mais j'espère que tu ne continueras pas à nous contrister.
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, III.
4 C'est celle (la loi) qui nous ordonne de fuir quiconque nous a nui une première fois, avec ou sans intention, volontairement ou involontairement. La créature de qui nous avons reçu dommage ou déplaisir nous sera toujours funeste.
Balzac, Un début dans la vie, Pl., t. I, p. 727.
Nuire à son pays, à sa patrie.
5 L'homme qui agit incontestablement avec plus d'efficacité contre la Révolution, qui nuisit le plus à la France, qui rassura le plus l'Angleterre sur la légitimité de sa haine, fut un Irlandais (d'origine), Lally-Tollendal.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, II.
2 (Sujet n. de chose). Constituer un danger; causer du tort… || Circonstances, faits qui nuisent à l'action, à l'efficacité… Gêner; obstacle (faire). || Cela risque de nuire à nos projets. Contrarier. || Cet accord nuira à vos intérêts. Blesser. || L'esprit de Rivarol nuisait à son talent. Déparer (→ Écouter, cit. 22). || Le purisme nuit au naturel (→ Hiatus, cit. 3). || Cette politique pourrait nuire à votre parti. Défavoriser, désavantager. || Ruse qui nuit à son inventeur (cit. 11), qui se retourne contre lui. || Les habitudes qui leur servaient leur nuisent maintenant (→ État, cit. 30).Impers. || Il vous nuira de…
6 (…) le peuple a trop de croyance en vous; cela ne lui nuira pas, et peut vous servir (…)
Pascal, Pensées, XIV, 879.
7 Tout m'afflige et me nuit, et conspire à me nuire.
Racine, Phèdre, I, 3.
8 (…) craignant que cette conversation (…) ne nuisît peut-être à l'état de notre malheureuse amie, je m'y refusai d'abord (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, CXLIX.
Absolt. || Désir, intention, volonté de nuire. Malice, malignité, malveillance, méchanceté (→ Faute, cit. 26; haine, cit. 33). || Un être malfaisant (cit. 1), malintentionné, qui ne cherche qu'à nuire. || Injurier (cit. 2) n'est pas nuire. || Mentir (cit. 2) pour nuire. Calomnier.
9 (…) le soin que chaque animal a de sa conservation et de fuir ce qui nuit (…)
Montaigne, Essais, II, VIII.
10 Faire le mal pour le mal, tel était le programme. Le Mohock Club avait ce but grandiose, nuire. Pour remplir cette fonction, tous les moyens étaient bons. En devenant mohock, on prêtait serment d'être nuisible. Nuire à tout prix, n'importe quand, à n'importe qui, et n'importe comment, était le devoir.
Hugo, l'Homme qui rit, II, I, IV.
Prov. Trop gratter cuit; trop parler nuit.
(1587). || Ne pas nuire : aider, servir, être utile à… || Cela ne nuira pas dans notre affaire (Académie).Impers. || Il ne nuit pas de connaître plusieurs langues.Absolt.(Prov.) Abondance de biens ne nuit pas.
11 Sa sensibilité orgueilleuse, douloureuse n'a nui en rien à une raison active qui fait de lui (Vigny) le Père la Pensée de la poésie romantique.
A. Thibaudet, Hist. de la littérature franç., p. 144.
——————
se nuire v. pron.
(Réfl.). Se faire du mal, se causer du tort à soi-même. || En voulant se disculper, s'expliquer il ne fait que se nuire. Enferrer (s').
12 (…) je sentais bien que je ne pouvais le différer (mon départ) trop longtemps sans me nuire.
Laclos, les Liaisons dangereuses, XLIV.
(Récipr.). || Se nuire réciproquement. Entre-nuire (s').
13 Faut-il donc toujours sacrifier un talent à l'autre ? Le propre de tout ce qui est vraiment beau est de subsister en soi sans se détruire réciproquement et sans se nuire.
Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. I, p. 179.
CONTR. Aider, assister, avantager, combler, servir.
DÉR. Nuisance, nuisant, nuisible.
COMP. Entre-nuire (s').
HOM. V. Nuit.

Encyclopédie Universelle. 2012.