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obsession

obsession [ ɔpsesjɔ̃ ] n. f.
• 1590; « siège » XVe; lat. obsessio
1Vx État d'une personne qu'un démon obsède. On distinguait obsession et possession.
(1690) Vx Action d'importuner, d'obséder; son résultat. « Il insistait, le lardait d'une obsession de litanies » (Courteline).
2(1799, rare av. 1857) Cour. Idée, image, mot qui s'impose à l'esprit de façon répétée et incoercible. hantise, idée (fixe); obsessif. « Cette pensée ne le quittait pas, c'était une obsession » (A. Daudet). « L'amour, c'est l'obsession du sexe » (Bourget). L'obsession de devoir quitter sa maison. Psychol. Représentation, accompagnée d'états émotifs pénibles, qui tend à accaparer tout le champ de la conscience. manie, phobie; obsessionnel. L'obsession est un des symptômes majeurs de la névrose obsessionnelle.

obsession nom féminin (latin obsessio) Idée répétitive et menaçante, s'imposant de façon incoercible à la conscience du sujet, bien que celui-ci en reconnaisse le caractère irrationnel. ● obsession (citations) nom féminin (latin obsessio) Antonin Artaud Marseille 1896-Ivry-sur-Seine 1948 L'obsession des femmes est vitale, elle correspond à un besoin de vertu. Les Nouvelles Révélations de l'être Gallimard Jean Grenier Paris 1898-Dreux 1971 Écrire, c'est mettre en ordre ses obsessions. Albert Camus Gallimard

obsession
n. f. Pensée obsédante. Avoir l'obsession de l'échec.
|| PSYCHOPATHOL Trouble mental caractérisé par une idée fixe, une crainte ou une impulsion qui s'impose à l'esprit et détermine une sensation d'angoisse.

⇒OBSESSION, subst. fém.
Action d'obséder; résultat de cette action.
A. —[Correspond à obséder A] Littér.
1. [Correspond à obséder A 1] Vx. Synon. assiduité, fréquentation; anton. abandon, délaissement, négligence. Votre fille, cédant aux lâches obsessions d'un odieux séducteur, s'est enfuie, abandonnant la maison paternelle et la protection d'une tendre mère (KARR, Sous tilleuls, 1832, p.211). Lorsqu'à Fontainebleau le pape obtenait quelque relâchement de l'obsession des cardinaux rouges, il se promenait seul dans les galeries de François Ier (CHATEAUBR., Mém., t.2, 1848, p.470).
En partic. Suggestion répétée du démon. Obsession diabolique. Ce n'est pas tout que de craindre l'obsession d'un démon, et que de prier le ciel de nous en délivrer (NODIER, Trilby, 1822, p.146).
Rem. L'obsession se distingue de la possession réelle par le démon, laquelle conduit au délire et à la folie (d'apr. JULIA 1964).
2. [Correspond à obséder A 2] P. ext., vieilli. Synon. harcèlement, persécution, tracasserie. Il s'était retiré dans son appartement, autant pour échapper aux obsessions de Laure, qui ne se lassait pas de le harceler, que pour se livrer tout entier à l'amertume de ses réflexions (SANDEAU, Sacs, 1851, p.24). Deschartres avait la passion de la chasse, et il m'y emmenait quelquefois à force d'obsessions (SAND, Hist. vie, t.3, 1855, p.335):
1. ... Lia à force d'obsessions, d'intimidations, d'importunités, de menaces secrètes des scènes futures, est arrivée à nous faire dire par Saint-Victor, de Berton, avec lequel elle couche: «N'est-ce pas qu'il joue très bien?»
GONCOURT, Journal, 1863, p.1362.
B. —[Correspond à obséder B] Au fig., usuel. Idée, image, sensation qui s'impose à l'esprit de façon répétée, incoercible et pénible; préoccupation constante dont on ne parvient pas à se libérer. Synon. idée fixe. Obsession angoissante, pénible; l'obsession de la femme, de la mort, des souvenirs; l'obsession de grossir; devenir une obsession; briser, chasser une obsession; se délivrer, se libérer d'une obsession; être en proie à une obsession; tourner à l'obsession; penser à qqc., à qqn jusqu'à l'obsession; se rappeler qqc., qqn avec obsession. Chaque fois que je me trouve (...) devant un visage nouveau j'ai l'obsession de deviner quelle âme, quelle intelligence, quel caractère se cachent derrière ces traits (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Soeurs R., 1884, p.1258). Ce fut l'obsession, par la pensée, par l'image, par tout, la hantise d'autant plus terrible qu'elle se spécialisait, qu'elle ne s'égarait pas, qu'elle se concentrait toujours sur le même point: la figure de Florence (HUYSMANS, En route, t.1, 1895, p.159). L'obsession de membres de phrases, de mots, qu'on se répète idiotement, irrésistiblement, je ne sais combien de fois (GIDE, Journal, 1908, p.261).
PSYCHIATRIE. Pensée, image, idée, doute, crainte, impulsion à caractère involontaire et angoissant, qui s'impose à tous moments à l'esprit du sujet, malgré son caractère absurde reconnu et qui constitue le symptôme essentiel de la névrose obsessionnelle (d'apr. Méd. Biol. t.3 1972 et MAN.-MAN. Méd. 1980). Obsession hallucinatoire, impulsive, névrotique, pathologique, sexuelle. Nous sommes bien forcés de reconnaître que Matra est en proie à la maladie de l'obsession et, si le terme n'est pas trop fort, au délire de la persécution (A. FRANCE, Crainquebille, 1904, p.29). Il existe des obsessions phobiques dans lesquelles l'état affectif obsessionnel est représenté par la crainte ou le dégoût insurmontable d'un être, d'un objet ou d'un événement (POROT 1960). V. obsédé ex. de Porot et obsessionnel ex. du Pt Lar. méd. 1976:
2. ... le paranoïaque est hanté par l'entourage et cherche volontiers à agir sur lui. La rupture est si réelle derrière l'obsession que jamais un changement de milieu ne guérit un persécuté: il reconstruit un nouveau délire sur le milieu nouveau.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p.359.
Obsession de signification. ,,Tendance obsessionnelle à attribuer à chaque parole, acte, fait ou objet une signification secrète dont le sujet s'efforce de découvrir le sens`` (Méd. Biol. t.3 1972).
Rem. L'obsession est ,,à distinguer de l'idée fixe qui est acceptée par la conscience`` (MOOR 1966).
REM. Obsessionnant, -ante, adj., hapax. Sources d'obsessions. Synon. obsédant, obsesseur (littér.). La voix des horloges, un sifflet lointain de chemin de fer, tout prend le même accent, plaintif, réitéré, obsessionnant (A. DAUDET, Jack, t.2, 1876, p.133).
Prononc. et Orth.:[], [-se]. MARTINET-WALTER 1973 (9/8) [--], [-se-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1470 «siège» (GEORGES CHASTELLAIN, Hauts faits du Duc de Bourgogne ds OEuvres, éd. K. de Lettenhove, 7, 217); 2. 1590 «état d'une personne obsédée par un démon» (P. CRESPET, Deux livres de la hayne de Sathan, page de titre); 3. 1690 «action d'importuner sans cesse» (FUR.); 4. 1799 «idée, image, mot qui s'impose à l'esprit de manière incessante» (LA HARPE, Cours de littér., t.VIII, 386 ds POUGENS ds LITTRÉ); 5. 1866 psychiatrie (DELASIAUVE, Discussion sur la folie raisonnante ds Ann. médico-psychol., t.7, p.431). Empr. au lat. obsessio «action d'assiéger, blocus». Fréq. abs. littér.:678. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 129, b) 595; XXe s.: a) 1307, b) 1667.

obsession [ɔpsesjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1590, au sens 1.; « siège (d'une place forte) », XVe; lat. obsessio, du supin de obsidere. → Obséder.
1 Vx. État de celui qu'un démon assiège, obsède. || « L'Église ne prescrit point d'autres remèdes contre l'obsession que la prière, les bonnes œuvres, les exorcismes… » (Trévoux, 1771). || On distinguait obsession et possession.
2 (1690, Furetière). Vieilli. Action d'importuner sans cesse, d'obséder (1. et 2.). État de celui qui est ainsi importuné. || « Il ne le quitte point, il ne s'est jamais vu une pareille obsession » (Académie, 1re éd., 1684). → Litanie, cit. 3, Courteline.
0.1 D'ailleurs, imaginant qu'elle (Mme Bovary) y mettait de la délicatesse, Charles insista davantage; si bien qu'elle finit, à force d'obsessions, par se décider.
Flaubert, Mme Bovary, Folio, p. 290.
0.2 (…) il allait être tué, lorsqu'un des convicts le reconnut et l'appela du nom qu'il portait en Australie. Ces misérables voulaient massacrer Ayrton ! Ils respectèrent Ben Joyce !
Mais depuis ce moment, Ayrton fut en butte aux obsessions de ses anciens complices. Ceux-ci voulaient le ramener à eux (…)
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. II, p. 752.
3 (1799; rare av. 1857; → cit. 1). Mod. Idée, image, mot qui s'impose à l'esprit de façon répétée et incoercible. Obséder (3.). || Être en proie à une obsession. Hantise (cit. 2), idée (fixe), manie (2.), monomanie (vx). || Obsession pénible, angoissante. Crainte, souci (→ Angoisse, cit. 11; continu, cit. 3). || Mortelle obsession (→ Fuir, cit. 36). || Obsession du péché. Tentation. || Se délivrer d'une obsession, secouer une obsession (→ Articuler, cit. 13). || C'est une obsession, son image me poursuit, me suit partout. || L'obsession de la chair (→ Guet-apens, cit. 5). || Obsessions érotiques, sexuelles.
1 Il (Poe) fait souvent un usage heureux des répétitions du même vers ou de plusieurs vers, retours obstinés de phrases qui simulent les obsessions de la mélancolie ou de l'idée fixe (…)
Baudelaire, Notes nouvelles sur E. Poe (1857), IV.
2 C'est qu'ils ne me sortaient plus de la tête, ces grands démons d'yeux noirs. Je les retrouvais partout. J'y pensais toujours, en travaillant, en dormant… C'était une obsession.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, VII.
3 Et ce Léopoldine, mot nouveau, inusité, la poursuivait avec une persistance qui n'était pas naturelle, devenait une sorte d'obsession sinistre.
Loti, Pêcheur d'Islande, III, XV.
4 « L'amour, c'est l'obsession du sexe ». Or, comment se combat une obsession ? Par la fatigue physique, d'abord, qui suspend, qui du moins diminue le travail de la pensée.
Paul Bourget, le Disciple, IV, V.
(V. 1900). Psychopath. Représentation, accompagnée d'états émotifs pénibles, qui tend à accaparer tout le champ de la conscience. || Personne en proie à une obsession. Obsédé (sous Obséder). || L'obsession, toujours péniblement ressentie, accompagne de nombreuses névroses ( Obsessionnel) et psychoses. || Obsession intellectuelle ou idéative (qui diffère de l'idée fixe, en ce qu'elle s'oppose à la personnalité du malade). Manie; obsédant (idée obsédante). || Obsession impulsive (ou obsession-impulsion) : obsession d'un acte que le sujet se sent poussé à commettre malgré lui. || Obsession inhibitrice à contenu affectif prédominant, à base de crainte ( Phobie), d'angoisse… || Manœuvre conjuratoire dirigée contre une obsession.
5 L'obsession est un symptôme caractérisé : 1o par un état d'anxiété (…) 2o par la pénétration dans la conscience d'un sentiment, d'une idée, d'une tendance qui apparaît au malade comme en désaccord avec sa personnalité et qui persiste, malgré tous ses efforts pour la chasser (…) L'obsession comporte à la fois la répulsion et le désir. Tel individu, à la vue d'un couteau (…) éprouvera ensemble une crainte angoissante de le toucher et une tendance à s'en servir pour faire du mal.
M. Dide et P. Guiraud, Psychiatrie du médecin praticien, p. 29.
DÉR. Obsessif, obsessionnel.

Encyclopédie Universelle. 2012.