orgie [ ɔrʒi ] n. f.
• XVe-XVIe; lat. orgia
1 ♦ Antiq. Plur. Fêtes solennelles en l'honneur de Dionysos à Athènes, de Bacchus à Rome. ⇒ bacchanale. — Spécialt Chants et danses de Bacchantes.
2 ♦ (1631) Mod. Partie de débauche, où les excès de table, de boisson, s'accompagnent de plaisirs grossièrement licencieux. — Par ext. Repas long et bruyant, copieux et arrosé à l'excès. ⇒ beuverie, ripaille, fam. soûlographie. Banquet qui tourne à l'orgie. « Quand le souper devint une orgie, les convives se mirent à chanter » (Balzac).
3 ♦ (XIXe) ORGIE DE : usage excessif de (ce qui plaît). ⇒ excès. Faire une orgie de fraises. « Après les éblouissantes orgies de forme et de couleur du dix-huitième siècle, l'art s'était mis à la diète » (Hugo). « les inimaginables orgies de conversation » (Sainte-Beuve).
● orgie nom féminin (latin orgia, du grec orgia, orgies) Partie de débauche accompagnée d'excès de toutes sortes, de table, de boissons, etc. : La soirée s'est terminée en orgie. Abondance excessive de choses, profusion, prodigalité : Des orgies de fleurs. ● orgie (citations) nom féminin (latin orgia, du grec orgia, orgies) Alexandre Dumas Villers-Cotterêts 1802-Puys, près de Dieppe, 1870 La belle nuit pour une orgie à la Tour ! La Tour de Nesle, I, 5 ● orgie (expressions) nom féminin (latin orgia, du grec orgia, orgies) Familier. Faire une orgie de quelque chose, en consommer avec excès : Faire une orgie d'huîtres.
orgie
n. f.
d1./d Partie de débauche où, aux excès de la table, s'ajoutent des débordements sexuels.
d2./d Profusion.
⇒ORGIE, subst. fém.
A. —ANTIQ., au plur. Rites et fêtes en l'honneur principalement de Dionysos chez les Grecs, de Bacchus chez les Romains, donnant lieu à des transes de la part des participants et dégénérant en enivrements et lubricité. Il se mêlait à la foule des initiés, et (...) la tête couronnée de fleurs, il célébrait les saintes orgies avec eux (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p.501). Porphyre, qui est initié aux orgies orphiques et aux mystères de Samothrace, pourrait en parler mieux que moi, sans dévoiler ce qui doit rester caché (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p.72):
• 1. ... j'avais entendu parler des saturnales de tout temps, de toutes les orgies possibles, depuis Babylone jusqu'à Rome, depuis le temple de Priape jusqu'au Parc-aux-Cerfs, et j'avais toujours vu écrit au seuil de la porte un seul mot: Plaisir.
MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p.108.
— P. méton. Pièce de vers ou de prose en l'honneur du vin, de Bacchus, ou récitée, chantée par les Bacchantes. (Ds DG, ROB.).
B. —P. anal.
1. Fête accompagnée de débordements divers. Quant aux écoliers, (...) c'était leur jour, leur fête des fous, leur saturnale, l'orgie annuelle de la basoche et de l'école. Pas de turpitude qui ne fût de droit ce jour-là et chose sacrée (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.44). V. bacchanale ex. 10.
— Au sing. à valeur coll. C'était le moment de l'extrême orgie du Directoire et de la bacchanale universelle (SAINTE-BEUVE, Portr. contemp., t.5, 1845, p.52).
2. Débauche de table et de boisson accompagnée de débordements licencieux. Une fête de nuit, une orgie toute pleine de femmes nues, belles comme les Vénus, avec des choeurs de voix, avec des coupes d'or, avec les mets les plus exquis, les boissons les plus fumeuses (FLAUB., Smarh, 1839, p.96). L'orgie s'était développée comme une flamme. D'autres amis étaient rentrés, pour qui les douze danseuses nues avaient été une proie facile (LOUÏS, Aphrodite, 1896, p.151):
• 2. ... elle songeait à ces hommes connus dont les noms apparaissaient à la première page des journaux comme de grandes étoiles dans un ciel sombre; et elle se figurait leur vie affolante, avec de continuelles débauches, des orgies antiques épouvantablement voluptueuses et des raffinements de sensualité si compliqués qu'elle ne pouvait même se les figurer.
MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Avent. paris., 1881, p.762.
3. Repas où l'on mange et boit de façon excessive. Ce jour-là, après une joyeuse orgie, Stephen, entraîné par l'exemple des autres et plus encore par l'ivresse et la vigueur (...) de son tempérament, les avait suivis dans cette maison (KARR, Sous tilleuls, 1832, p.173):
• 3. Ils n'ont pas eu honte de raconter que la libération du traître a été fêtée par la famille Dreyfus dans d'indescriptibles orgies, et que la malheureuse victime, dont l'organisme affaibli ne tolère plus que le lait, savoure toutes les friandises imaginables, qui de tous côtés affluent en abondance.
Affaire Dreyfus, 1899, p.269.
— Orgie de + subst. Consommation abondante et parfois excessive de (nourriture ou boisson). Fait une orgie d'oranges après dîné (BARB. D'AUREV., Memor. 2, 1838, p.379). Les pastèques dont tu as fourni la graine violette et la chair rose ont fait des petits excellents dont nous faisons orgie, Lina et moi (SAND, Corresp., 1872, p.223).
♦[P. anal.] [Sur une falaise] je me livre à une orgie d'air pur, d'harmonies et de lumière (BERLIOZ, Grotesques, 1859, p.102).
C. —Au fig. Orgie de + subst. ou orgie + adj.
1. Consommation excessive, usage excessif de quelque chose. Le récit de Raphaël avait été comme une orgie de paroles, de mots sans idées, et d'idées auxquelles les expressions avaient souvent manqué (BALZAC, Peau chagr., 1831, p.189).
2. Abondance excessive, profusion de quelque chose. L'orgie végétale où s'était perdue la nature (MICHELET, Insecte, 1857, p.132). L'orgie dorée des retables flamands encombre toute la nef (FAURE, Hist. art, 1912, p.311). V. aromal ex. 2:
• 4. Le «modern style» se constituait: iris, vigne-vierge, feuilles de platane et de marronnier. (...) le décor entier de notre vie s'abîmait dans une orgie de fleurs en bois sculpté et de rameaux en bronze.
L. FEBVRE, La Vie, cette enquête continue, [1935] ds Combats, 1953, p.46.
3. Manifestation exubérante ou outrancière de quelque chose. L'homme de fer s'enfermait dans sa maison de granit, continuait hardiment son orgie de toute-puissance et de rapine, et vivait, excommunié par l'Église (HUGO, Rhin, 1842, p.137). [La Pucelle] attisa une âme sans mesure, prête à tout, aussi bien à des orgies de sainteté qu'à des outrances de crimes (HUYSMANS, Là-bas, t.1, 1891, p.82).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1762 (au plur. de 1762 à 1878). Étymol. et Hist. 1. 1469 [éd. 1501] «fêtes solennelles en l'honneur de Bacchus» (REGNAUD LE QUEUX, Doleance de Mégère ds Le Jardin de Plaisance, éd. E. Droz et A. Piaget, t.1, f° c V r° a); 2. 1631 «partie de débauche» (Bref et fidelle recit... ds Mél. G.Antoine, p.22); 3. 1831 orgie de «usage excessif (de quelque chose)» (BALZAC, loc. cit.). Empr. au lat. orgia, neutre plur. «fêtes solennelles en l'honneur de Bacchus», gr. «cérémonies religieuses avec mystères», en partic. «mystères de Bacchus». Fréq. abs. littér.:556. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1171, b) 968; XXe s.: a) 579, b) 497.
orgie [ɔʀʒi] n. f.
ÉTYM. XVe-XVIe; empr. au plur. neutre du lat. orgia, d'orig. grecque.
❖
1 Antiq. (au plur.). Fêtes solennelles en l'honneur de Dionysos à Athènes, de Bacchus à Rome. || La célébration des orgies donnait lieu à des manifestations frénétiques. — Spécialt. Chant et danses de Bacchantes. ⇒ Bacchanale.
1 Mais le roi de Thèbes, Penthée, s'inquiéta de ce culte nouveau, qui plongeait les femmes dans des crises effrayantes, pendant lesquelles elles parcouraient la campagne en poussant des cris, comme hors de leurs sens. Il interdit la célébration de ces orgies.
Pierre Grimal, la Mythologie grecque, p. 59.
2 (1715, Voltaire). Mod. Partie de débauche, où les excès (cit. 16) de table et de boisson s'accompagnent de plaisirs érotiques et sexuels (considérés comme grossiers ou pervers par l'ensemble social). ⇒ Bacchanale; orgiaque. || Les orgies de Néron. || Les folles orgies du Directoire (→ Galanterie, cit. 8). || Basses (1. Bas, cit. 37) et crapuleuses orgies. || Orgie de taverne. (→ aussi Licence, cit. 15).
2 Je sais que vous avez l'honneur,
Me dit-il, d'être des orgies
De certain aimable prieur (…)
Voltaire, Épîtres, VI.
3 Depuis que Chrysis avait quitté la salle, l'orgie s'était développée comme une flamme. D'autres amis étaient entrés, pour qui les douze danseuses nues avaient été une proie facile. Quarante couronnes meurtries jonchaient de fleurs le sol. Une outre de vin de Syracuse s'était répandue dans un coin (…)
Pierre Louÿs, Aphrodite, III, IV.
♦ Par ext. Repas long et bruyant, copieux et arrosé à l'excès (⇒ Beuverie, ribote, ripaille, soûlographie). || Banquet qui tourne à l'orgie.
4 Quand le souper devint une orgie, les convives se mirent à chanter, inspirés par le peralta et le pedro ximenès.
Balzac, Sarrasine, Pl., t. VI, p. 102.
♦ Vx. || L'orgie : la débauche. || Se vautrer dans l'orgie.
3 (XIXe). || Orgie de : usage excessif de (ce qui plaît). ⇒ Excès. || Faire des orgies de souvenirs (→ Idolâtrique, cit. 1).
5 Cette originalité éclate encore dans les scènes des deux dîners chez Mlle Quinault, dans les inimaginables orgies de conversation qui s'y passent entre beaux esprits (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 10 juin 1850.
♦ (Sans connotation péj.). Surabondance, profusion. ⇒ Débauche (fig.), prodigalité. || Une orgie de couleurs et de lumières.
6 Après les éblouissantes orgies de forme et de couleur du dix-huitième siècle, l'art s'était mis à la diète, et ne se permettait plus que la ligne droite.
Hugo, Quatre-vingt-treize, II, III, I, III.
Encyclopédie Universelle. 2012.