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ours

ours [ urs ] n. m.
• fin XVIe; urs 1080; lat. ursus
1Mammifère carnivore plantigrade (ursidés), de grande taille dans les principales espèces, au pelage épais, aux membres armés de griffes, au museau allongé; spécialt le mâle adulte. Femelle ( ourse) , petit ( ourson) de l'ours. Ours brun, d'Europe et d'Asie. Ours des montagnes Rocheuses ( grizzli) . Ours noir d'Amérique du Nord ( ourson) . Ours lippu d'Asie. Ours malais, ours des cocotiers (plus petit). Ours polaire ou ours blanc, à cou mince et à tête aplatie. « Les dandinements stupides de l'ours blanc » (Baudelaire). Ours dressés, savants. Montreur d'ours. Ours en cage. La fosse aux ours d'un jardin zoologique. Peau d'ours.
2Loc. (allus. à une fable de La Fontaine) Le pavé de l'ours : maladresse commise dans l'intention de rendre service, mais qui produit un effet contraire. — Tourner comme un ours en cage : marcher de long en large dans une pièce, par inaction. « Dans une fosse comme un ours Chaque matin je me promène Tournons tournons tournons toujours » (Apollinaire). Loc. prov. Il ne faut pas vendre la peau de l'ours (avant de l'avoir tué).
3(1935; par anal.) Jouet d'enfant (en peluche, etc.) ayant l'apparence d'un ourson. Enfant qui dort avec son ours en peluche. nounours, teddy-bear.
4(v. 1670 adj.; allus. aux mœurs solitaires, à l'aspect lourdaud de l'ours) Homme insociable, hargneux, qui recherche la solitude. Quel ours ! C'est un vieil ours. Ours mal léché. Adj. « La mère et le fils semblaient un peu ours » (Zola).
5Loc. fam. Avoir ses ours, ses règles.
6Encadré où doivent figurer, dans un journal ou une revue, la liste des collaborateurs et les mentions légales.

ours nom masculin (latin ursus) Mammifère carnivore (ursidé), à denture peu spécialisée, queue courte et marche plantigrade. Familier. Personne qui fuit le monde : Un vieil ours solitaire. Jouet d'enfant en peluche ayant l'apparence d'un ourson. Encadré où doivent figurer, sur chaque exemplaire d'un journal, le nom de l'imprimeur, du directeur de la publication et des principaux rédacteurs, etc. ● ours (citations) nom masculin (latin ursus) Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Toute sa personne velue Représentait un ours, mais un ours mal léché. Fables, le Paysan du Danube Armand Salacrou Rouen 1899-Le Havre 1989 Le bel avantage d'être miel pour être dévoré par un ours. La Terre est ronde Gallimard Eugène Scribe Paris 1791-Paris 1861 Académie française, 1834 Prenez mon ours ! L'Ours et le Pacha, I, 6 Commentaire Dans le vaudeville de Scribe, un des personnages, Lagingeole, cherche par ces mots, plusieurs fois répétés, à « placer » un ours auprès du conseiller du pacha Shahabaham. Cette réplique a fait fortune au XIXe siècle, comme antiphrase. C'est une manière de faire comprendre à quelqu'un qu'il vante trop la marchandise et donne des merles pour des grives. ● ours (difficultés) nom masculin (latin ursus) Orthographe La femelle de l'ours est l'ourse (n.f., avec un e final). ● ours (expressions) nom masculin (latin ursus) Être comme un ours en cage, aller et venir sans cesse sans pouvoir contenir son impatience, sa nervosité. Ours mal léché, personne rustre, grossière, voire vulgaire. Vendre la peau de l'ours, disposer de quelque chose qu'on ne possède pas encore. ● ours (synonymes) nom masculin (latin ursus) Familier. Personne qui fuit le monde
Synonymes :
- sauvage
- solitaire
ours adjectif invariable Qui est peu sociable, un peu rustre : Comportement ours.

Ours
(grand lac de l') lac du Canada (Territoires du Nord-Ouest), relié au Mackenzie par la rivière de l'Ours; 29 000 km². La région est riche en divers minerais, notam. radium et uranium.
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Ours, ourse
n.
d1./d Grand mammifère carnivore plantigrade (genre Ursus) de l'Arctique et des régions froides (le plus souvent) d'Eurasie et d'Amérique, au corps massif couvert d'une épaisse toison, au museau proéminent. Ours blanc. Ours brun.
|| Jouet d'enfant figurant un ours. Ours en peluche.
Loc. fig. Vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué: spéculer sur ce qui n'est qu'une espérance.
d2./d Fig. Personne peu sociable, bourrue.
Ours mal léché: personne mal élevée.

⇒OURS, subst. masc.
A. —1. Mammifère au corps volumineux et massif, à fourrure épaisse, surtout carnivore, mais parfois omnivore, qui observe une période de léthargie hivernale. Ours dressé, savant; montreur d'ours; apprivoiser, dompter un ours; chasse à l'ours; fosse aux ours; tanière d'un ours. Pendant l'hiver, l'ours, la marmotte et le raton abaissent leur température et entrent dans un état de vie ralentie (CARREL, L'Homme, 1935, p.95). Dans le Jardin des Plantes (...) l'ours va à droite et à gauche, sans jamais de répit: le lion, sur place, l'oeil mort, oscille d'une patte sur l'autre (MONTHERL., Démon bien, 1937, p.1279).
ZOOL. Carnivore de moyenne et grande taille (de la famille des Ursidés), plantigrade, au museau allongé, à petites oreilles et à queue rudimentaire dont les membres portent à leurs extrémités pentadactyles des griffes non rétractiles. Les singes ont ces cinq muscles comme l'homme, ainsi que le chat et l'ours (CUVIER, Anat. comp., t.1, 1805, p.318).
Ours brun. Ours d'Europe et d'Asie qui constitue l'espèce la plus connue, essentiellement frugivore et herbivore. L'ours brun est un animal intelligent, que l'on peut même dresser à faire des tours (Animaux 1981).
Ours blanc, ours polaire. Ours de la banquise boréale à toison blanchâtre qui se nourrit presque exclusivement de poissons et de phoques. Rennes aux andouillers de cristal; ours blancs Graves comme des mages (LAFORGUE, Imit. Lune, 1886, p.217):
♦ ... toute mon affection, je la garde pour les ours, vrais fétiches américains, ours polaires prenant leur tub glacé, ours de l'Antarctique, blancs comme la constellation...
MORAND, New-York, 1930, p.243.
Ours des cocotiers, ours malais. Ours noir qui vit en Indochine et en Indonésie dont les grosses pattes armées de longues griffes lui permettent de grimper aux arbres. L'ours malais (...) Plus connu sous le nom d'ours des cocotiers (...) marche curieusement: les pieds en-dedans (Animaux 1981).
Ours du Tibet. Variété d'ours brun qui vit sur les hauts plateaux d'Asie (d'apr. Zool., t.4, 1974, p.1374 [Encyclop. de la Pléiade]).
Ours gris. Synon. de grizzli.
Ours noir. Ours d'Amérique du Nord qui se nourrit notamment de poissons. Dans les Rocheuses vivent l'ours noir, le Grizzli (Zool., t.4, 1974, p.1375 [Encyclop. de la Pléiade]).
En partic.
♦[P.oppos. à ourse] Mâle de cette famille. Pendant que l'ours ému cherche l'ourse et la trouve, Que la femme est à l'homme, (...) j'ai pris pour épouse la tombe! (HUGO, Fin Satan, 1885, p.789).
♦[En tant qu'animal dont la chair est consommée]. Jambon, filet et pattes (pattes d'ours à la russe) sont le plus utilisés (Ac.Gastr. 1962). M. Violet (c'était son nom) était maître de danse chez les sauvages. On lui payait ses leçons en peaux de castors et en jambons d'ours (CHATEAUBR., Mém., t.1, 1848, p.291).
2. Loc. verb. [En parlant d'une pers. et avec une valeur caractérisante]
Se dandiner, tourner comme un ours; ressembler à un ours en cage. Ne pas tenir en place par désoeuvrement et par énervement. Christophe, qui étouffait dans sa chambre, tournait comme un ours en cage (ROLLAND, J.-Chr., Maison, 1909, p.966).
Danser comme un ours. Danser d'une façon lourde et peu gracieuse. Ces gens-là ne sentent pas la musique, et leurs femmes dansent comme des ours (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p.160).
Vivre comme un ours. Vivre en solitaire. Je vis seul comme un ours. J'ai passé tout l'été à me promener en canot et à lire du Shakespeare (FLAUB., Corresp., 1845, p.159).
3. P.anal.
a) [P.réf. au caractère lourd et pataud des mouvements de l'ours] Antonin Rabastens entre (...) et me salue avec des grâces d'ours dansant (COLETTE, Cl. école, 1900, p.50).
b) [P.réf. au mouvement de va-et-vient de l'ours] Ouvrier typographe, dont le mouvement devant la presse évoque le mouvement de l'ours. Ce Séchard était un ancien compagnon pressier que dans leur argot typographique les ouvriers chargés d'assembler les lettres appellent un Ours (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p.4). V. frisquette ex. de Balzac.
c) ZOOL. [P.réf. à l'aspect de l'ours] Ours-marin. Otarie. Le tigre a le mugissement du taureau; et l'ours-marin une sorte d'affreux râlement tel que le bruit des récifs battus des vagues (CHATEAUBR., Génie, t.1, 1803, p.174).
Ours à poche. Mammifère australien de l'ordre des Marsupiaux grimpeur dont le pelage gris et fourni le fait ressembler à un petit ours (v. koala). Koala ou «ours à poche» qui se nourrit de feuille d'eucalyptus (Zool., t.4, 1974, p.1441 [Encyclop. de la Pléiade]).
d) [P.réf. au caractère réputé solitaire, brusque et maladroit de l'ours] Personne peu engageante, sans manière, qui fuit toute relation avec autrui. Vous dites de moi: «C'est un ours!» Mais non: c'est un homme qui vous méprise (RENARD, Journal, 1903, p.800). Ton père est un ours, il ne veut voir personne, il ne veut pas sortir. Il n'invite que ses vieux camarades (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p.119).
Ours mal léché.
Empl. adj. Il est encore plus ours que d'habitude. Il ne nous saluera seulement pas (BOURGET, Disciple, 1889, p.30). Il trouvait Camille trop ours pour rencontrer beaucoup d'occasions de se marier: celle-là était presque inespérée (DRIEU LA ROCH. Rêv. bourg., 1937, p.57).
4. Jouet d'enfant qui figure un ours. Ours en peluche. Tous les joujoux sont là, les soldats, le forgeron russe, la boîte à cubes, et l'ours dans le lit des poupées (CLAUDEL, Ours et lune, 1919, 1, p.589).
5. Au fig. Pavé de l'ours.
Proverbe. Vendre la peau de l'ours (avant de l'avoir tué). Disposer de quelque chose que l'on ne possède pas encore; p.ext. spéculer sur la réalisation de quelque chose que l'on désire. Juliette cependant ne m'aime pas encore. Mais elle est bien près (...). Au reste, je vends peut-être la peau de l'ours (CONSTANT, Journaux, 1814, p.409).
Loc. verb. Prenez mon ours! [P.allus. à une pièce de Scribe en pressant qqn de vous débarrasser de qqc. ou de qqn de gênant ou d'encombrant] Débarrassez-moi de cela! Elle prit du papier à poulet et écrivit, tant que le papier put la contenir, la célèbre phrase, devenue proverbe à la gloire de Scribe:Prenez mon ours (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p.233).
B. 1. Vx. OEuvre littéraire, notamment, pièce de théâtre qui n'est pas publiée. La Vie moderne va, dans quelques jours, publier un vieil ours de moi (FLAUB., Corresp., 1879, p.309).
2. Fam. Brouillon, canevas, ébauche ou version d'un texte inachevé qui demande à être révisé(e) et corrigé(e). (Ds ROB. 1985).
C.Arg. et pop.
1. Prison, cachot, salle de police. À la fin de chacune de ses phrases revenaient, ainsi qu'une ritournelle obstinée, les mots de clou, de salle de police et d'ours (HUYSMANS, Soeurs Vatard, 1879, p.210). À l'ours! ,,«En prison!» Par extension: au rebut!`` (CELLARD-REY 1980). Je décidai que les derniers ronds qu'il recevrait de moi se concrétiseraient en un jeton de téléphone. À l'ours le beau mâle! Balancé, plus de julot (M. ROLLAND, La Rouquine, 1976, pp.52-53, ds CELLARD-REY 1980).
2. [À propos d'une femme] Avoir ses ours. Avoir ses règles. Synon. avoir ses jours (critiques). Madame Des Pereires (...) s'en méfiait bien de la donzelle! Surtout au moment de ses règles!... Elle lui avait aménagé une sorte de bas-flanc spécial dans un coin de la grange, pour qu'elle soye bien seule à dormir tout le temps qu'elle avait ses ours (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.599).
REM. 1. Nounours, subst. masc., hypocor. Petit ours; ours en peluche. [Un garçon de trois ans] faisait goûter Oscar, le nounours en peluche à l'oreille cassée (Les Veillées des chaumières, 9 mars 1985, n° 1591, p.2). P.anal. Je me souviens d'une sorte d'adolescent prolongé, jambes démesurées, tignasse batailleuse, qui s'échauffait derrière les cordes des 36/38 ans en compagnie d'un gros nounours grisonnant. Forcément ces deux bonshommes du même âge n'avaient pas les mêmes chances de séduction auprès des bonnes-femmes! (Chr. COLLANGE, Ça va les hommes? Paris, Grasset, 1981, p.229). 2. Oursifier, verbe pronom., littér. Devenir difficile à vivre. Empl. pronom. réfl. [Correspond à supra A 3 d] Je n'ai absolument rien à te dire. Je m'oursifie et m'assombris de plus en plus (FLAUB., Corresp., 1861, p.419).
Prononc. et Orth.:[]. ] encore préférable selon LITTRÉ mais vieilli selon DG; plus harmonieux dans la lecture selon ROUSS.-LACL. 1927, p.169, usité pour les besoins de la rime selon NYROP Phonét. 1951, § 254: ,,toujours/ours ds Rostand``. [] au sing. mais parfois [] au plur. selon Gramm. Lar. 1964, § 258. [u] mentionné ds DUPRÉ 1972, également sorti de l'usage aurait ,,permis à la rue aux Oues («aux oies») de devenir à Paris la rue aux Ours``. [u] résulte de la même évolution que celle des mots où rs est précédé d'une voyelle longue, ex.: > dossum > dos. En liaison, au plur., soit introduction d'un [z] intermédiaire: des ours affamés [] soit ] (d'apr. BUBEN 1935, § 229 et FOUCHÉ Prononc. 1959, p.478). Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist.I. A. 1. Zool. a) ca 1100 urs (Roland, éd. J. Bédier, 30); b) ) ca 1680 ours blanc (RICH.); ) 1838 ours polaire (BRARD); c) 1797 ours brun (Voy. La Pérouse, t.2, p.190); 2. a) ) ca 1500 marchander de la peau de l'ours jusques ad ce que la beste fust morte (PHILIPPE DE COMMYNES, Mémoires, éd. J. Calmette, t.2, p.21); ) 1668 il ne faut jamais vendre la peau de l'ours qu'on ne l'ait mis par terre (LA FONTAINE, Fables, V, 20, 38 ds OEuvres, t.1, p.430); 1814 vendre la peau de l'ours (CONSTANT, loc. cit.); b) 1868 le pavé de l'ours (v. pavé); c) ) 1831 se dandiner à la manière des ours en cage (BALZAC, Peau chagr., p.64); ) 1845 tourner comme un ours dans sa cage (FLAUB., Éduc. sent., p.152); 3. 1765 ours marin (BUFFON, Hist. nat., t.13, p.375); 4. 1919 «jouet d'enfant ayant l'apparence d'un ourson» (CLAUDEL, loc. cit.). B. 1. a) 1671 adj. «qui fuit la société (en parlant d'une personne)» (LA FONTAINE, Contes, III, 18 ds OEuvres, t.5, p.185); b) 1694 subst. «personne qui fuit la société» (LA BRUYÈRE, Caractères, éd. G. Servois, t.2, p.161, § 12); 2. a) 1718 ours mal léché (v. lécher); b) 1820 «personne d'un caractère grossier» (MICHELET, Journal, p.78). II. 1. 1713 typogr. (d'apr. ESN.); 2. 1835 «pièce de théâtre qui vieillit dans les cartons en attendant la publication» (ibid.); 3. av. 1853 «salle de police» (ibid.). Du lat. ursus au sens A 1 a. Les emplois fig. et techn. de ours sont issus d'allus. aux moeurs solitaires (I B 1), à la tanière (II 3), à l'aspect lourdaud de cet animal (I B 2); ou encore d'une compar. du mouvement fait par le pressier avec le balancement lourd de l'ours (II 1). Pour la loc. ours mal léché, v. lécher. Fréq. abs. littér.:1259. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2571, b) 2516; XXe s.: a) 1328, b) 1012.
DÉR. Ourserie, subst. fém., vieilli. [Correspond à supra A 3 d] a) Humeur, caractère d'ours. On ne peut malheureusement s'abstraire de son époque. Or, je trouve la mienne stupide, canaille, etc., et je m'enfonce chaque jour dans une ourserie (FLAUB., Corresp., 1853, p.386). b) Fait de vivre en solitaire. Cette ourserie forcée, et que rien ne vient rompre, de l'homme de lettres du XIXe siècle est étrange, quand on la compare à la vie, toute mondaine, en pleine société et criblée d'avances, d'invitations, de relations de l'homme de lettres du XVIIIe siècle (GONCOURT, Journal, 1859, p.603). []. 1res attest. a) 1840 «caractère d'une personne bourrue» (Ac. Compl. 1842), b) 1844 «acte d'une personne insociable» (SAINTE-BEUVE, Portraits littéraires ds OEuvres, éd. M. Leroy, t.2, p.718); de ours, suff. -erie.
BBG. —QUEM. DDL t.15.

ours [uʀs] n. m.; ourse [uʀs] n. f.
ÉTYM. Fin XIIe; urs, 1080, Chanson de Roland; lat. ursus, ursa.
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I N. m.
1 Gros animal, mammifère carnivore plantigrade (Ursidés) au pelage épais, aux membres armés de griffes non rétractiles, au museau allongé; spécialt, cet animal lorsqu'il est mâle.
REM. 1. Ours, comme la plupart des noms d'animaux, peut s'employer indifféremment pour tout individu de l'espèce, qu'il soit mâle ou femelle (un ours femelle, des ours mâles et femelles); le fém. ourse étant relativement courant, ours, n. m., s'emploie aussi pour désigner le mâle exclusivement (la femelle de l'ours, l'ourse; un ours accompagné d'une ourse et de leurs oursons).
tableau Noms de mammifères.
2. Sans qualificatif, ours désigne tout individu de l'espèce. Lorsqu'on veut préciser, on utilise des syntagmes, dont les plus courants sont ours brun et ours blanc. Dans ces emplois, le masculin désigne souvent le mâle et la femelle (une ourse brune, une ourse blanche ne se disent guère; mais en emploiera : un ours brun [blanc] avec une ourse).
Ours brun : l'ours d'Europe et d'Asie. || L'ours brun se nourrit de fruits, de graines, est friand de miel, mais devient facilement carnassier. || Ours gris d'Amérique ( Grizzli). || Ours noir d'Amérique. || Ours du Canada. || L'ours malais, ours des cocotiers (plus petit), excellent grimpeur, se nourrit surtout de noix de coco. || Ours jongleur, ou lippu (Indes, Ceylan).Ours polaire ou (plus cour.) ours blanc, à corps plus allongé que celui de l'ours brun, à cou mince et à tête aplatie.Le pelage de l'ours fournit une fourrure appréciée (→ Fourrure, cit. 2). aussi Oursin. || Peau d'ours. || Grognement, grondement (cit. 1) de l'ours.
1 (…) cette solide cage de fer derrière laquelle s'agite (…) imitant, dans la perfection, tantôt les bonds circulaires du tigre, tantôt les dandinements stupides de l'ours blanc, ce monstre poilu (…)
Baudelaire, le Spleen de Paris, XI.
2 Aux deux côtés du lit, il y avait deux grandes peaux d'ours noir, garnies de velours rose, aux ongles d'argent, et dont les têtes, tournées vers la fenêtre, regardaient fixement le ciel vide de leurs yeux de verre.
Zola, la Curée, p. 246.
Ours dressés, savants, d'un cirque. || Montreur (cit. 1), dresseur d'ours. || Faire danser un ours. || Ours en cage. || La fosse aux ours d'un jardin zoologique.
2 Loc. fig. Vendre la peau de l'ours (avant qu'on l'ait tué) : disposer d'une chose que l'on ne possède pas encore; spéculer sur ce qui n'est encore qu'en espérance.
3 Il m'a dit qu'il ne faut jamais
Vendre la peau de l'ours qu'on ne l'ait mis par terre.
La Fontaine, Fables, V, 20 (cf. aussi Dire, cit. 23).
Le pavé de l'ours, se dit d'une maladresse commise dans l'intention de rendre service à autrui, mais qui produit un effet tout contraire (par allus. à L'ours et l'amateur des jardins, fable de La Fontaine. → Ami, cit. 5).
4 Un jour que le vieillard dormait d'un profond somme,Sur le bout de son nez une (mouche) allant se placer
Mit l'ours au désespoir : il eut beau la chasser.
« Je t'attraperai bien, dit-il, et voici comme. »
Aussitôt fait que dit : le fidèle émoucheur
Vous empoigne un pavé, le lance avec raideur,
Casse la tête à l'homme en écrasant la mouche (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 10.
Vx. Prenez mon ours, réplique de L'ours et le Pacha, de Scribe, « se dit quand on presse quelqu'un de prendre quelque chose dont on veut se défaire » (Littré).
5 (…) les Grecs ne proposent pas de bonnes affaires aux Troyens sans y gagner quelque chose. Autrefois ils disaient : Prenez mon cheval ! Aujourd'hui nous disons : Prenez mon ours (…)
Balzac, Pierre Grassou, Pl., t. VI, p. 115.
Loc. compar. Se balancer, se dandiner, tourner comme un ours en cage, se dit d'une personne qui va et vient par inaction.La danse des ours : danse lourde et sans grâce. || Dodeliner de la tête comme un ours (→ Cambrer, cit. 2).
6 Dans une fosse comme un ours
Chaque matin je me promène
Tournons tournons tournons toujours
Apollinaire, Alcools, p. 152.
Loc. fig. Oreille d'ours.
Par anal. Jouet d'enfant (en peluche, etc.) ayant l'apparence d'un ourson. || Ours en peluche. Nounours.
3 (Animal ayant une ressemblance avec l'ours). || Ours marin : sorte de phoque.
4 (V. 1670; adj.; par allus. aux mœurs solitaires, à l'aspect lourdaud de l'ours). Homme insociable, rude ou hargneux, qui fuit la société. Grossier, misanthrope, sauvage (→ Balourdise, cit. 2). || Mener une existence d'ours. Solitaire (→ Exil, cit. 11). || C'est un vieil ours. — ☑ Loc. Ours mal léché. Lécher (cit. 8 et supra).
7 Il y avait bien aussi quelque affectation dans ce rôle de bourru, renouvelé de Jean-Jacques (Rousseau). Cela excitait la curiosité des gens du monde, et les femmes du plus haut rang se piquaient d'apprivoiser l'ours.
Nerval, les Illuminés, « Confidence de Nicolas », IV.
8 (…) pendant qu'on s'agitait autour d'elle pour s'informer de sa santé, Pierre disparut par la porte restée ouverte. Quand on s'aperçut de son départ, on s'étonna. Jean mécontent, à cause de la jeune veuve qu'il craignait blessée, murmurait : — Quel ours !
Maupassant, Pierre et Jean, V.
Adj. || Il est un peu ours.
9 Dites votre choix à M. de Chateaubriand, et ne profitez pas de ce contretemps pour redevenir le plus ours des ours. Salut à votre ourserie.
Mme de Beaumont, Lettre à Chênedollé (1803), citée par Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. II, p. 174.
10 Ce fut à ce dîner de baptême que les Coupeau achevèrent de se lier étroitement avec les voisins du palier (…) la mère et le fils, les Goujet, comme on les appelait (…) semblaient un peu ours.
Zola, l'Assommoir, t. I, IV, p. 133.
5 a Vieilli. Pièce de théâtre, et, par ext., ouvrage littéraire qui vieillit dans les cartons en attendant la publication.
11 On appelle un ours une pièce refusée à beaucoup de théâtres, et qui finit par être représentée (…) Ce mot a nécessairement passé de la langue des coulisses dans l'argot du journalisme, et s'est appliqué aux romans qui se promènent. On devrait appeler ours blanc celui de la librairie, et les autres des ours noirs.
Balzac, Petites misères de la vie conjugale, Pl., t. X, p. 978, note.
Mod., fam. Manuscrit, œuvre non publiée.
b Argot (typogr., journal.). Liste des responsables et des collaborateurs (d'un journal, d'une publication).
6 Fig., vieilli. (À cause des mouvements latéraux alternés). Ouvrier typographe employé à la presse (→ Frisquette, cit.).
7 Pop., vieilli. Prison, salle de police.
8 Fam. (D'une femme). Avoir ses ours : ses règles.
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II Ourse. N. f. (XIIIe; orsse, fin XIIe; lat. ursa).
1 Femelle de l'ours. || Une ourse et ses petits.
11.1 Les oursons têtent la vieille ourse pelée, aux yeux chassieux.
F. Mallet-Joris, le Jeu du souterrain, p. 282.
2 (1544). Nom donné à deux constellations situées près du pôle arctique. || La Grande Ourse ou Grand Chariot (→ Asseoir, cit. 43); la Petite Ourse. || L'étoile polaire appartient à la Petite Ourse.
Poét., vx. Le Nord, le Septentrion.
12 (…) Qu'Ismaël en sa garde
Prenne tout le côté que l'orient regarde;
Vous, le côté de l'ourse; et vous, de l'occident (…)
Racine, Athalie, IV, 5.
DÉR. Nounours, ourserie, ourson. — V. aussi Oursin.

Encyclopédie Universelle. 2012.