patois [ patwa ] n. m.
• v. 1285; probablt du rad. patt- (cf. patte), exprimant la grossièreté
1 ♦ Parler local, dialecte employé par une population généralement peu nombreuse, souvent rurale, et dont la culture, le niveau de civilisation sont jugés comme inférieurs à ceux du milieu environnant (qui emploie la langue commune). ⇒ 2. parler; dialecte, idiome. Le patois d'une région, d'un village. Parler patois, en patois (PATOISER v. intr. <conjug. : 1> , 1834 ). Paysans qui parlent patois. ⇒ patoisant. Le curé « l'entretenait en patois, parce que Jean, étant sans instruction aucune, ne savait même pas parler le français » (E. Le Roy). — Adj. Mot patois. Versions, variantes patoises d'un mot.
2 ♦ Par ext. Langue spéciale (considérée comme incorrecte ou incompréhensible). ⇒ argot, 1. jargon. « Il lui défila de nouveau son jargon romantique; [...] il lui parla [...] en patois séminariste » (Baudelaire).
● patois nom masculin (radical expressif patt-) Système linguistique essentiellement oral, utilisé sur une aire réduite et dans une communauté déterminée (généralement rurale), et perçu par ses utilisateurs comme inférieur à la langue officielle. ● patois, patoise adjectif Qui appartient à un patois.
patois, oise
n. m. et adj.
d1./d n. m. Parler rural utilisé par un groupe restreint. Les patois auvergnats peuvent présenter des différences d'un village à l'autre. (V. encycl. langue.)
d2./d adj. Propre au patois.
⇒PATOIS, -OISE, subst. masc. et adj.
I. —Subst. masc.
A. —1. Parfois péj. Parler essentiellement oral, pratiqué dans une localité ou un groupe de localités, principalement rurales. Patois breton, suisse-allemand. Des prêtres errants (...) parlant seulement le patois de leur village (A. FRANCE, Île ping., 1908, p.47). Il a suffi que quelques instituteurs aient été frappés de l'intérêt des patois lorrains disparaissant pour qu'ils constituent les grammaires et dictionnaires des principaux dialectes avant leur extinction (MARIN, Ét. ethn., 1954, p.67):
• 1. ... d'oïl ou d'oc, il y a bien cent cinquante patois français qui ont leur petite littérature, favorisée aujourd'hui par le mouvement régionaliste, et qui consiste en poésies, surtout en chansons, parfois en articles de journaux dans la chronique locale des organes régionaux.
Arts et litt., 1936, p.38-3.
2. LING. Système liguistique restreint fonctionnant en un point déterminé ou dans un espace géographique réduit, sans statut culturel et social stable, qui se distingue du dialecte dont il relève par de nombreux traits phonologiques, morphosyntaxiques et lexicaux. Cette disparition [des particularités individuelles et dialectales] est d'autant plus rapide que la civilisation se développe et que la conscience sociale grandit. Alors les dialectes s'abaissent au rang de patois; les patois eux-mêmes s'éteignent (BALLY, Lang. et vie, 1952, p.46). V. dialecte ex. 2.
B. —Péj. Langage obscur et inintelligible. Synon. baragouin, charabia, jargon:
• 2. Le chef du parti juste-milieu, un homme de l'Hôtel-de-Ville, fit venir le journaliste, et lui dit: —(...) Soyez aussi dur à digérer que les plus épaisses amplifications de la Revue des Deux Mondes (...). Le rédacteur se le tint pour dit, et parla le patois philosophique le plus difficile à comprendre.
BALZAC, A. Savarus, 1842, p.13.
— En partic.
1. Langue spéciale à un groupe, à un domaine d'étude. Cent volumes de discours ou de projets de loi rédigés dans le patois des hommes d'État (BERNANOS, Gde peur, 1931, p.140).
2. Style médiocre. Mario m'a appelé auprès de son premier acte, comme médecin consultant du style. Il l'a écrit, me dit-il, «au courant de la plume». Je le crois bien! C'est le patois de Scribe, sans grammaire (GONCOURT, Journal, 1858, p.569).
II. —Adj. En patois; qui a le caractère du patois.
A. —[Corresp. à supra I A 1] Celui-ci lui saisit l'oreille avec les dents, et en cracha un petit morceau sanglant avec un superbe juron patois (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p.78).
B. —[Corresp. à supra I A 2] Les filles apportèrent à oncle Xavier des branches de vergne pour qu'il leur fît des sifflets. (...) pour décoller l'écorce du bois (...) il fallait aussi chanter la chanson patoise:sabe, sabe caloumet (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p.110). Une rivière aux eaux claires s'appelait Vindina: la Vandeune, forme patoise de l'Avant-Dheune (Côte-d'Or), et la Vandaine (Saône-et-Loire) (L'Hist. et ses méth., 1961, p.689).
C. —Péj. [Corresp. à supra I B] Jeune homme parlant le langage patois des économistes (GONCOURT, Journal, 1857, p.313).
Prononc. et Orth.:[patwa], fém. [-wa:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1285 «langue incompréhensible, grossière» (JACQUES BRETEL, Tournoi Chauvenci, éd. M. Delbouille, 683); 2. déb. XIVes. [date du ms.] «parler local» (BRUNET LATIN, Trésor, I, 1 var., éd. F. J. Carmody, p.18); 1572 adj. (G. BROCHEREL, Arte Popolare Valdostana, p.132 ds FEW t.8, p.35a). Selon JOHN ORR, Étymol. et sém. du mot patois ds Essais d'étymol. et de philol. fr., Paris, 1963, pp.61-75, patois (d'abord patoi, puis patois, en raison de la fréq. du suff. -ois (-ais) qui a servi à former des noms de lang., et d'une façon plais., en a. fr. et m. fr., des noms de lang. fantaisistes, de jargons, de manières de parler, et p.ext., de comportements: beguois, clerjois, gabois, jargonnois, sotois, etc.) serait un déverbal de l'a. fr. patoier «agiter les mains, gesticuler (pour se faire comprendre, comme les sourds-muets)», puis «se comporter, manigancer», dér. de patte au moyen du suff. -oyer. Patois, suivant l'évol. sém. de patoier, aurait d'abord, selon J. Orr, signifié «gesticulation» puis «comportement; comportement grossier» et «langage particulier (p.ex. le babil des enfants, le jargon des oiseaux, un langage rustique ou grossier)». V. aussi Y. MALKIEL et K.-D. UITTI, L'a. fr. gab-ois, ir-ois, jargon-ois ds R. Ling. rom. t.32 1968, pp.126-174, et en partic. pp.139-140, qui, à la suite de J. THOMAS, Dialecte et patois ds Romanica Gandensia t.I, 1953, p.95, rejette la citat. du Roman de la Rose comme 1re attest. Fréq. abs. littér.:324. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 313, b) 547; XXes.: a) 530, b) 502. Bbg. DAUZAT (A.). Les Patois. Paris, 1927, passim. —Étymol. de patois. In:[Mél. Bruneau (C.)]. Genève, 1954, pp.121-132. —MARTINET (A.). Lang. et fonction. Paris, 1971, pp.145-185. —ORR (J.). Étymol. et sém. du mot patois. In: Essais d'étymol. et de philol. fr. Paris, 1963, pp.61-75. —THOMAS (J.). Dial. et Patois. Ét. d'une ét. sém. Rom. Gandensia 1953, t.1, pp.93-117.
patois, oise [patwa, waz] n. m. et adj.
ÉTYM. V. 1240; probablt v. 1285; du rad. patt- (→ Patte), exprimant la grossièreté, le marmonnage, le mouvement des lèvres.
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1 Parler local employé par une population généralement peu nombreuse, souvent rurale et dont la culture, le niveau de civilisation sont généralement jugés inférieurs à ceux du milieu environnant (qui emploie la langue commune). ⇒ Parler; idiome. || Patois et dialectes (cit. 1); patois et langue (cit. 25 et 30). || Les patois d'une région; d'une langue. || Des patois allemands, italiens… — (Sans spécification). Patois gallo-romains parlés en France (dialectes d'oil, dialectes occitans). || Les patois d'une province, d'une région. || Le patois, « ancienne langue qui a eu des malheurs » (cit. 11, Sainte-Beuve). || Populations rurales, montagnardes qui parlent patois. ⇒ Patoisant, patoiser.
1 Les parlers de nos campagnes, les patois, comme on les appelle, ont souvent des règles plus strictes que les langues apprises dans les grammaires.
J. Vendryes, le Langage, p. 284.
2 Une langue est un dialecte qui a réussi, un patois est un dialecte qui s'est dégradé (…) Le dialecte dégénère quand il ne s'écrit plus; ne s'écrivant plus, il se diversifie en multiples variétés, dissolution qui se précipite quand les classes dites supérieures cessent de l'employer dans l'usage oral, pour adopter une langue commune.
A. Brun, les Parlers régionaux, p. 9.
♦ Adj. || Mot patois. || Versions, variantes patoises d'un mot, d'un conte populaire. || « Un superbe juron patois » (Baudelaire, le Spleen de Paris, XV).
2 Langue spéciale (généralement considérée comme incorrecte ou incompréhensible). ⇒ Argot, jargon. || Le patois des savants (→ Descendre, cit. 23).
3 Il lui défila de nouveau son jargon romantique. Honteux d'avoir été bête, il voulut être roué; il lui parla (…) en patois séminariste de blessures à fermer ou à cautériser (…)
Baudelaire, la Fanfarlo.
♦ Péj. Langue pauvre, grossière, rustique. || Notre maudit patois (→ Délicatesse, cit. 8). — Langage incorrect. ⇒ Baragouin, charabia, jargon. || Quel patois ! — Fig. et par plais. (en parlant des animaux). || La chèvre lui dit dans son patois… (→ Languir, cit. 25).
4 L'âne qui goûtait fort l'autre façon d'aller,
Se plaint en son patois.
La Fontaine, Fables, III, 1.
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DÉR. Patoiser.
Encyclopédie Universelle. 2012.