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perfide

perfide [ pɛrfid ] adj. et n.
Xe n. m.; rare jusqu'en 1606 adj.; lat. perfidus « qui viole sa foi »
1Littér. Qui manque à sa parole, trahit celui qui lui faisait confiance. déloyal. Femme perfide, infidèle. — Loc. péj. ou plais. La perfide Albion : l'Angleterre. « En fait, l'opinion se montrait très irritée de la mauvaise foi de l'Angleterre; celle-ci redevenait “la perfide Albion” » (Madelin).
N. Vx fourbe, scélérat, traître. Spécialt (dans les relations amoureuses) « Ah ! que vous savez bien ici, contre moi-même, Perfide, vous servir de ma faiblesse extrême » (Molière).
2(Choses) Littér. Dangereux, nuisible sans qu'il y paraisse. Perfide comme l'onde. « On fabriquait secrètement une arme perfide et terrible, des fourches dont le dos était une scie » (Michelet). De perfides promesses. fallacieux. Propos, trait, insinuation perfide. empoisonné, fielleux, méchant, sournois, venimeux. « La manœuvre était subtile et perfide » (Martin du Gard).
⊗ CONTR. Loyal.

perfide adjectif et nom (latin perfidus) Littéraire. Qui cache, sous des apparences aimables, l'intention de nuire. ● perfide adjectif Qui est sournois, venimeux, fourbe : De perfides allusions. Littéraire. Qui est funeste, dangereux, sous des apparences favorables : Les eaux perfides l'ont englouti.perfide (expressions) adjectif Péjoratif. La perfide Albion, la Grande-Bretagne. ● perfide (synonymes) adjectif Qui est sournois, venimeux, fourbe
Synonymes :
- cauteleux
- déloyal
- fourbe
- hypocrite
- insidieux
Contraires :
- loyal
Littéraire. Qui est funeste, dangereux, sous des apparences favorables
Synonymes :
- dangereux
- traître
- trompeur

perfide
adj. (et n.)
d1./d (Personnes) Qui manque à sa parole, à la confiance mise en lui; traître.
|| Subst. Un(e) perfide.
d2./d (Choses) Qui est peu fiable, trompeur et dangereux. Une parole perfide.

⇒PERFIDE, adj.
Littéraire
A.— 1. [En parlant d'une pers.] Qui agit sournoisement, traîtreusement; qui cherche à nuire (à quelqu'un qui lui fait confiance); qui manque à sa parole. Synon. déloyal, fourbe, hypocrite, traître; anton. loyal. Perfide envers, pour qqn; ami, confident perfide. Il vous a prédit que vos armées seraient conduites à la boucherie par leurs perfides généraux (MARAT, Pamphlets, Aux Fr. patriotes, 1792, p. 298). Me voici exactement (...) comme ces héros de l'Aristote (...), lorsqu'ils ont à oublier qu'ils viennent de trouver leur perfide maîtresse dans les bras d'un autre chevalier (STENDHAL, Abbesse Castro, 1839, p. 187) :
1. [M. de Clergerie], témoignait (...), dans le choix de ses serviteurs, d'un optimisme absurde, que la méfiance ou l'avarice avaient tôt fait d'aigrir, mais pourtant si légendaire qu'un certain nombre de perfides amies s'employaient à le fournir chaque saison d'extraordinaires recrues dont elles avaient pu apprécier les mérites à leurs dépens...
BERNANOS, Joie, 1929, p. 565.
Empl. subst. Il a inventé, le misérable, il a imaginé, le perfide, le pernicieux, le pestilentiel, il a inventé, il a imaginé d'inventer un péché; un péché nouveau (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 148). Géronte d'une autre Isabelle, À quoi t'occupes-tu D'user un reste de vertu Contre cette rebelle? La perfide se rit de toi, Plus elle t'encourage (TOULET, Contrerimes, 1920, p. 26).
Loc. péj. ou plais. La perfide Albion. L'Angleterre. Et la guerre? Et les forfanteries de la perfide Albion tournant en eau de boudin? Farce! Farce! (FLAUB., Corresp., 1878, p. 112).
2. [P. méton. du déterminé] Qui dénote la perfidie; trompeur. Synon. hypocrite; anton. loyal, sincère.
a) [En parlant d'une partie du corps, de l'aspect d'une pers.] Lèvres, yeux perfides. Je vois passer, je vois sourire La femme aux perfides appas Qui m'enivra d'un long délire, Dont mes lèvres baisaient les pas! (LAMART., Harm., 1830, p. 426). Il la serra contre lui et imprima un long baiser sur le front net et blanc, si candide pour lui et si perfide pour les autres (FLAUB., 1ere Éduc. sent., 1845, p. 133). Je la vois [une femme] plutôt avec une muselière d'acier à son perfide petit museau, comme mes furets putoisés (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1385).
b) [En parlant d'un sentiment, d'un affect] À la pensée que je lui avais menti, qu'il croyait toujours le redoutable papier entre les mains du médecin, une joie perfide me gonfla (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 230).
c) [En parlant d'une action, d'un comportement, de la conduite d'une pers.] Allusions, discours, insinuations, propos perfides; éloge, louange, médisance perfide; desseins, intentions perfides. La perfidie extrême de cet article vient de ceci, qu'aucune de ces phrases je ne puis jurer que je ne l'ai point dite; mais elle est présentée de manière à en dénaturer intimement la signification (...). Et je vois dans ce camouflage, hélas, plutôt perfide habileté que maladresse (GIDE, Journal, 1925, p. 802). M'ayant trompé avec des paroles perfides, M'ayant trompé avec ce sourire amer et charmant, Elle s'en va où je ne puis la suivre (CLAUDEL, Annonce, 1948, IV, 2, p. 209) :
2. L'armée ennemie, dispersée en petits pelotons, occupait le plus grand nombre des loges, le balcon et les baignoires. C'est là qu'elle avait placé son artillerie de sifflets; c'est de là qu'elle dirigeait ses perfides batteries de ricanemens et de murmures.
MUSSET ds R. des Deux Mondes, 1832, p. 603.
Rem. On relève qq. empl. de perfide en parlant d'un animal. Percé par l'aiguillon d'une perfide abeille (BALZAC, Corresp., 1822, p. 146). Des femmes charmantes, douces, aux yeux clairs et faux, qui nous ont choisis pour se frotter à l'amour. Près d'elles, quand elles ouvrent les bras, les lèvres tendues, quand on les étreint (...), on sent bien qu'on tient une chatte, une chatte à griffes et à crocs, une chatte perfide, sournoise, amoureuse ennemie, qui mordra quand elle sera lasse de baisers (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Chats, 1886, p. 1061). Des arbres noirs de tronc, presque noirs de feuilles, avec des racines tordues comme des serpents perfides (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 68).
B.— [En parlant d'une chose] Dangereux, nuisible sous des apparences inoffensives. Synon. trompeur. Mer, rivière perfide. Je dois vous dire que ce maudit haschisch est une substance bien perfide; on se croit débarrassé de l'ivresse, mais ce n'est qu'un calme menteur. Il y a des repos, et puis des reprises (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 367). Ce climat tunisien est perfide : on grelotte sitôt que le soleil vous quitte, et, au soleil, on a trop chaud (GIDE, Journal, 1943, p. 192) :
3. ... les bords de ce petit ruisseau étaient perfides, ils semblaient d'une terre sèche qui nous supporta d'abord; mais bientôt nous nous sentîmes enfoncer subitement, comme si nous eussions été sur de la glace qui se fût brisée, nous étions menacés de disparaître.
LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 283.
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 2e moitié Xe s. perfides subst. c. suj. sing. « celui qui manque à sa parole » (St Léger, éd. J. Linskill, 153), attest. isolée; à nouv. en 1611 subst. (LARIVEY, Fidelle III, 9, t. VI, p. 403); 1584 adj. (RONSARD, Discours de l'équité des vieux Gaulois, 13 ds Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 18, p. 75); b) 1653 spéc. la perfide Angleterre (BOSSUET, Premier sermon pour la fête de la circoncision de N. S. prêché à Metz ds Œuvres, Versailles, 1816, t. 11, p. 469); av. 1817 la perfide Albion (XIMENEZ, L'Ere républicaine ds Poésies révolutionnaires et contre-révolutionnaires, Paris, 1821, t. 1, p. 160); 2. 1580 adj. « qui a le caractère de la perfidie » (MONTAIGNE, Essais, I, 6, éd. P. Villey, p. 28 : perfide subtilité). Empr. au lat. perfidus « qui viole sa foi, trompeur (pers.); dangereux, non fiable (chose) », dér. de fides (foi) au moyen du préf. per- indiquant ici la transgression, la déviation. Fréq. abs. littér. :873. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 147, b) 762; XXe s. : a) 968, b) 889.
DÉR. Perfidement, adv. D'une manière perfide, avec perfidie. Synon. déloyalement. Daudet s'étend longuement avec moi sur la méchanceté de l'heure actuelle, cette méchanceté perfidement assassine (GONCOURT, Journal, 1891, p. 63). L'avocat, perfidement peut-être — ou pour que Thérèse ne s'éloignât pas sans qu'il lui eût adressé une parole, demanda si elle rejoignait dès ce soir M. Bernard Desqueyroux (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 175). La fatalité aveugle qui sort des choses et qui entraîne les hommes à leur perte, qui conduit perfidement Œdipe à l'inceste et au parricide (Gds cour. pensée math., 1948, p. 371). []. Att. ds Ac. dep. 1694. 1re attest. 1613 (A. DE NESMOND, Remontrances, éd. 1617, p. 386 ds Fonds BARBIER); de perfide, suff. -ment2. Fréq. abs. littér. : 46.
BBG. — BLUMENKRANZ (B.). Perfidia. Arch. Lat. Méd. Aev. 1952, t. 22, pp. 157-170. — WEIJERS (O.). Some notes on fides and related words in Medieval Latin. Arch. Lat. Med. Aev. 1977, t. 40, p. 93; pp. 101-102.

perfide [pɛʀfid] adj. et n.
ÉTYM. Xe, perfides, n. m.; rare jusqu'en 1606, adj.; lat. perfidus « sans foi, trompeur » (de per « à travers », et fides « foi, confiance »).
Vieilli ou littéraire.
1 Qui nuit par traîtrise en manquant à la confiance d'autrui. Déloyal (→ Manquer à sa parole, violer sa foi). || Les perfides adorateurs (cit. 3) de la fortune qui vous accablent dans la disgrâce. || Des fils perfides (→ Étonner, cit. 32). || La plus perfide des confidentes (→ Guêpe, cit. 7). || Phèdre, « perfide et incestueuse » (cit. 1). || Jérusalem, cité perfide (→ 1. Homicide, cit. 2). || Femme perfide. Infidèle (cit. 9). → Galant, cit. 6; lâchement, cit. 2.
1 Ils me disent que tu es blonde
Et que toute blonde est perfide,
Même ils ajoutent comme l'onde.
Verlaine, Chair, « Chanson pour Elles ».
Loc. Péj. ou plais. (XIXe). La perfide Albion : l'Angleterre.
2 En fait, l'opinion se montrait très irritée de la mauvaise foi de l'Angleterre : celle-ci redevenait « la perfide Albion ».
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Avènement de l'Empire, I.
N. Vx (langue class.). || Un, une perfide. Fourbe, scélérat, traître.Spécialt. (dans le domaine amoureux). Qui ne respecte pas ses promesses.
3 Ah ! que vous savez bien ici, contre moi-même,
Perfide, vous servir de ma faiblesse extrême.
Molière, le Misanthrope, IV, 3.
4 La perfide se rit de toi,
Plus elle t'encourage.
Sa lèvre même est un outrage.
Viens, gagnons notre toit.
P.-J. Toulet, Contrerimes, XVIII.
2 (1609). Choses. Dangereux, nuisible sans qu'il y paraisse. || Les appâts d'un hameçon perfide (→ Avide, cit. 2). || Pièges perfides (→ Insidieux, cit. 1). || Glu (cit. 5) perfide. || Perfide mollesse d'un fleuve (cit. 6). || Perfide comme l'onde. || L'onde perfide.Chatterie perfide. || De perfides promesses. Fallacieux. || La louange (cit. 1), pratique perfide. || Un moyen perfide (→ Continent, cit. 3). || Manœuvre (cit. 10) subtile et perfide. Machiavélique. || Adresse perfide (→ Interlocuteur, cit. 1). || Propos, trait, insinuation perfide. Empoisonné, envenimé, fielleux, méchant, sournois, venimeux (→ Avoir la langue bien affilée).
5 On fabriquait secrètement une arme perfide et terrible, des fourches dont le dos était une scie.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, VIII.
Trompeur. || Perfide apparence de santé (→ Empourprer, cit. 5). || Sensations douces et perfides (→ Baigner, cit. 5).
CONTR. Loyal.
DÉR. Perfidement.

Encyclopédie Universelle. 2012.