pérorer [ perɔre ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1380; lat. perorare « plaider, exposer jusqu'au bout », de orare
♦ Discourir, parler d'une manière prétentieuse, avec emphase. ⇒ pontifier. « En se voyant écoutée avec extase, elle s'habitua par degrés à s'écouter aussi, prit plaisir à pérorer » (Balzac).
● pérorer verbe intransitif (latin perorare) Discourir d'une façon prolixe et prétentieuse. ● pérorer (synonymes) verbe intransitif (latin perorare) Discourir d'une façon prolixe et prétentieuse.
Synonymes :
- palabrer
pérorer
v. intr. Parler longuement et avec prétention, emphase.
⇒PÉRORER, verbe
A. —Empl. intrans., souvent péj. Discourir longuement, avec emphase, souvent avec prétention, avec suffisance. Stein paradait, pérorait, distribuait des conseils, donnait des ordres, abusait, amusait infatigablement son monde (CENDRARS, Moravagine, 1948, p.29). V. appointé ex. 1, gargariser B 2 b ex. de Martin du Gard:
• ♦ ... quelques-uns de ces petits Parisiens de douze ou treize ans élevés par les méthodes les plus perfectionnées et les plus modernes, qui déjà déclament, pérorent, ont des idées en politique...
LOTI, Rom. enf., 1890, p.248.
♦Pérorer contre, en faveur de qqn ou de qqc. J'ai péroré dans les cafés en faveur du musicien que vous protégez (JOUY, Hermite, t.5, 1814, p.151). M. d'Haussonville, qui pérore contre la Révolution (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p.251). Pérorer pour, à propos de, au sujet de, sur qqc. Il avait un jour fort pertinemment péroré à propos de vertu, de résignation et de renoncement (HUGO, Rhin, 1842, p.237). Un jour que j'avais péroré au Luxembourg pour la liberté de la presse (CHATEAUBR., Mém., t.2, 1848, p.575). L'élite des sociétés savantes et musicales devant lesquelles ils étaient habitués à pérorer sur la justice, la vérité et la lumière (SOREL, Réflex. violence, 1908, p.296).
— P. ext., fam. Parler beaucoup. Synon. bavarder, discuter. Ils sortirent. Christophe avait pris le bras de Schulz (...). Kunz suivait, en s'épongeant. Ils péroraient gaiement (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p.572).
B. —Empl. trans.
1. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Rare, vx. Haranguer. Vernyct réunit trente-sept hommes, qui, tous (...) avoient coopéré aux pirateries d'Argow. Vernyct les avoit pérorés, et cette harangue feroit pâlir celle de Catilina à ses complices, s'il nous étoit permis de pouvoir la rapporter (BALZAC, Annette, t.4, 1824, p.87). Nous allons à Florence —dispute avec les postillons —Ballanche les pérore en latin (Mme DE CHATEAUBR., Mém. et lettres, 1847, p.22).
— Empl. pronom. réfl. Parler tout haut et tout seul, cela fait l'effet d'un dialogue avec le dieu qu'on a en soi. C'était (...) l'habitude de Socrate. Il se pérorait. Luther aussi (HUGO, Homme qui rit, t.1, 1869, p.6).
2. Dire (quelque chose) avec emphase. M. Rezeau remit une cartouche de 7 dans le canon droit de son vieux Damas et pérora: —Quand un lièvre vous part dans la culotte, il faut attendre pour le tirer et viser aux oreilles (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.66).
REM. Pérorant, -ante, part. prés. et adj., péj. a) [En parlant d'une pers. ou d'un groupe de pers.] Synon. de péroreur (infra dér.). La bourgeoisie gouvernante, pérorante et écrivante (...) ne paraît pas souffrir du dépérissement de la patrie (JAURÈS, Alliances eur., 1914, p.173). Un avocat véreux, vieille ganache pérorante (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p.LXXV). b) [En parlant de l'expr. d'une pers.] Qui dénote le goût de l'emphase. Et toujours la voix de Gron, pérorante et sans tenue, dévide son grasseyement (GENEVOIX, Seuil guitounes, 1918, p.243). Étalant sa cotte de soie bleue sur ses genoux, Valois commença de son ton pérorant (DRUON, Poisons couronne, 1956, p.72).
Prononc. et Orth.:[], (il) pérore []. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. Fin XIVes. (Aalma, 9.097 ds ROQUES t.2, p.309); 1507 [date d'éd.] (NIC. DE LA CHESN., Condamn. de banquet, sign. N 5, r° ds GDF. Compl.); de nouv. ca 1740 (J. B. ROUSSEAU, OEuvres, éd. J. A. Amar, t.2, p.294). Empr. au lat. perorare «exposer de bout en bout par la parole, conclure, terminer, achever un discours». Fréq. abs. littér.: 184.
DÉR. Péroreur, -euse, subst., péj. Personne qui a du goût pour les longs dicours pédants et emphatiques. Gautier, un des plus inutiles péroreurs dont puisse s'encombrer une littérature (GIDE, Journal, Feuillets, 1921, p.714). Solange n'était pas de ces péroreuses, qu'il faut suivre dans leurs discours insipides (ROLLAND, Âme ench., t.2, 1925, p.245). — [], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1835 et 1878 (au masc.). — 1re attest. 1776 (J.-J. ROUSSEAU, Dialogues ds OEuvres, éd. M. Raymond et B. Gagnebin, t.1, p.803); de pérorer, suff. -eur2.
pérorer [peʀɔʀe] v.
ÉTYM. 1380; lat. perorare « plaider, exposer jusqu'au bout », de orare. → Oraison.
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I V. intr. Discourir, parler d'une manière prétentieuse, avec emphase (→ Écouter, cit. 22; gargariser, cit. 4). || Pérorer comme un bas (cit. 7) -bleu, un pédant. || Pérorer en débitant des sottises. || Il reste des heures à pérorer.
1 En se voyant écoutée avec extase, elle (Dinah) s'habitua par degrés à s'écouter aussi, prit plaisir à pérorer, et finit par regarder ses amis comme autant de confidents de tragédie destinés à lui donner la réplique.
Balzac, la Muse du département, Pl., t. IV, p. 63.
2 Quand il avait bu quelques coupes de champagne, il fallait qu'il pérorât au dessert (…)
A. de Musset, Contes, « Pierre et Camille », I.
3 Le diable existe. Il pérore à la Chambre, il plaide au palais (…)
Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, Introd., I.
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II V. tr. Rare. Vx. || Pérorer qqn, le haranguer (Babeuf, in Littré). || « Ce roi qui va pérorer le perroquet » (Chamfort, Commentaire sur La Fontaine, in Littré, Supplément).
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DÉR. Péroreur.
Encyclopédie Universelle. 2012.