pétrir [ petrir ] v. tr. <conjug. : 2>
1 ♦ Presser, remuer fortement et en tous sens (une pâte consistante). ⇒ travailler. « Ses bras emmanchés de toile blanche disaient qu'elle venait de pétrir la pâte à galette » (Colette). Par ext. Pétrir le pain.
♢ Par ext. Pétrir la pâte à papier. ⇒ 1. brasser, malaxer. — Pétrir de l'argile, de la cire. ⇒ façonner, manier, manipuler, modeler.
2 ♦ Palper fortement en tous sens. « Il pétrissait entre ses doigts la main de la jeune fille » (Martin du Gard). Pétrir nerveusement sa serviette.
3 ♦ (1226) Fig. Donner une forme à, façonner. « Nous avons tous été pétris et repétris par ceux qui nous ont aimés » (F. Mauriac).
♢ Littér. (surtout au pass. et p. p.) PÉTRIR DE : former, faire avec. « L'homme est pétri du limon de la terre » (Daniel-Rops). « elle avait un teint pétri de lait et de lumière » (Barbey). — Fig. Être pétri d'orgueil, très orgueilleux. ⇒ plein. « il pardonnait beaucoup aux paysans, même en les trouvant pétris d'ignorance et de défauts » (Fromentin).
● pétrir verbe transitif (bas latin pistrire, de pistor, boulanger) Détremper de la farine et la malaxer avec de l'eau ou du lait pour en faire une pâte. Malaxer une substance avec les mains : Pétrir de l'argile. Manier quelque chose, le presser, le palper fortement en divers sens : Les masseurs pétrissent les muscles. Littéraire. Former quelqu'un, le modeler à son gré : Les échecs ont pétri sa personnalité. ● pétrir (synonymes) verbe transitif (bas latin pistrire, de pistor, boulanger) Malaxer une substance avec les mains
Synonymes :
- brasser
- manier
Manier quelque chose, le presser, le palper fortement en divers sens
Synonymes :
- masser
Littéraire. Former quelqu'un, le modeler à son gré
Synonymes :
- façonner
- forger
- former
pétrir
v. tr.
d1./d Malaxer (une substance préalablement détrempée) pour en faire une pâte; brasser, malaxer, travailler (une pâte). Pétrir de l'argile, de la pâte à pain.
|| Fig. Façonner, donner une forme à.
— Pp. adj. Pétri de: composé de, fait de. être pétri d'orgueil, de contradictions.
d2./d Presser avec force, à plusieurs reprises, entre les mains ou dans la main. Pour vous dire bonjour, il se croit obligé de vous pétrir les doigts.
⇒PÉTRIR, verbe trans.
A. —Malaxer, manier fortement et en tous sens, à la main ou mécaniquement, de la farine avec de l'eau afin d'en faire une pâte. Le pain s'obtient en pétrissant la farine avec son poids d'eau et en faisant subir à ce mélange l'action de la levure de bière, qu'on lui adjoint en nature ou à l'état de levain (MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p.248).
— [Le compl. d'obj. dir. désigne le produit obtenu] De bonne heure le lendemain la ménagère pétrit sa pâte de farine détrempée à chaud et salée, la bat, la tourne, la foule à pleins bras (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 2, 1954, p.53):
• 1. Elle dut (...) travailler dans les fermes, pétrir le pain, du beau pain de blé, jaune, ferme, bien levé, bien doré, si beau qu'après l'avoir cuit elle ne le reconnaissait plus quand elle le voyait sur la table des fermiers, ne pouvait s'imaginer avoir de ses mains pétri, cuit, réussi d'aussi magnifiques gâteaux!
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.382.
— Empl. abs. Il regardait dans la petite cuisine toute sombre, éclairée par un vitrail de plomb, la bonne vieille qui pétrissait, tandis que David lui tirait les clefs de la poche (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.68).
— Empl. pronom. réfl. indir. L'homme, ouvrier de sa vie sachant se pétrir le pain quotidien (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.8).
— Empl. pronom. passif. V. huche ex. de Menon, Lecotté.
B. —P. anal. Modeler, façonner, généralement à la main, une matière malléable. Pétrir l'argile, la glaise. L'une de ces mains profitait du moment où on ne la voyait pas, pour pétrir une boulette de pain et la déposer brunie sur le rebord de l'assiette (MALÈGUE, Augustin, t.2, 1933, p.73). Lorsque j'ai fondé un visage il faut qu'il dure. Quand j'ai pétri un visage de terre, je le passe au four pour le durcir et qu'il soit permanent pendant une durée suffisante (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p.812).
♦Empl. pronom. passif. [Les roches argileuses] sont plastiques, c'est-à-dire qu'elles peuvent facilement se pétrir dans les doigts (BOURDE, Trav. publ., 1928, p.88). Ce limon est d'ailleurs le plus facile des matériaux; il se pétrit sans effort; il se durcit rapidement (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p.54).
— P. anal. Lui pétrissant les biceps et lui martelant les omoplates, ils faisaient sonner sous leurs poings ses muscles élastiques (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p.260). Il saisit pourtant cette épaule, il en sentit l'épaisseur sans mourir d'effroi, il la serra pour la briser, il la pétrit dans ses doigts avec une fureur soudaine (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p.181). Ils marchaient à petits pas, Robert au milieu, la tête basse, comme s'il avait eu les menottes. Derrière son dos, ses grosses mains rouges pétrissaient un chapeau mou d'un gris sale et délavé (MAURIAC, Noeud vip., 1932, p.219).
♦Empl. pronom. réfl. indir. Il finit sa phrase en se pétrissant le nez, qui, sous ses doigts pris d'un mouvement sensuel, devient comme un morceau de caoutchouc (GONCOURT, Journal, 1889, p.999).
C. —Au fig. Façonner, modeler. Pétrir l'intelligence de qqn. Elle était habituée à pétrir à sa guise les pensées assez molles des jeunes gens qu'elle connaissait (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p.427). On cultive chez les enfants les facultés de l'enthousiasme. On les travaille pour qu'ils ne soient pas des mufles. On pétrit leur âme, on la façonne, on y dépose la flamme qui a le mieux réussi chez leurs pères (BARRÈS, Cahiers, t.10, 1913, p.179):
• 2. La défaite, certes, s'exprime par des faillites individuelles. Mais une civilisation pétrit les hommes. Si celle dont je me réclame est menacée par la défaillance des individus, j'ai le droit de me demander pourquoi elle ne les a pas pétris autres.
SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p.369.
— Littér. Pétrir qqn de qqc. Créer, façonner quelqu'un à partir d'une certaine matière. Presque tous nos personnages sont créés de notre substance et nous connaissons exactement (...) de quelle côte nous avons tiré cette Ève, de quel limon nous avons pétri cet Adam (MAURIAC, Journal 2, 1937, p.164).
Prononc. et Orth.:[], (il) pétrit []. Ac. 1694, 1718: pestrir; 1740: pêtrir; dep. 1762: pétrir. LITTRÉ: ,,Du temps de Ménage, on prononçait pêtrir, écrit souvent paistrir``. Pour FÉR. Crit. t.3 1788, v. pétrin. Étymol. et Hist.a) 1176-81 pestrir «presser, remuer fortement et en tous les sens avec les mains (une substance pâteuse)» (CHR. DE TROYES, Chevalier Lyon, éd. W. Förster, 2849); ca 1240 pestrir le mortier (Mort Aymeri de Narbonne, 1701 ds T.-L.); b) 1er quart XIIIes. «créer, façonner quelqu'un d'une certaine manière» (RECLUS DE MOLLIENS, Miserere, 13, 12, ibid.); 1584 hommes poistris de limonneuse terre (RONSARD, Elégie ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.15, p.128, 143, var.); c) 1611 pestri d'eau froide «efféminé et sot, sans caractère, ni vivacité», pestri de folle farine «léger, étourdi, écervelé» (COTGR.); 1648 pétri de bile (RETZ, Mém., éd. A. Feillet, t.2, p.21). Du b. lat. pistrire «pétrir», dér. de pistrix «celle qui pétrit», sur le modèle de nutrix «nourrice»/ nutrire «nourrir», cf. a. fr. pestrer (XIIIes. ds GDF.). Fréq. abs. littér.:364. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 377, b) 459; XXes.: a) 586, b) 625.
DÉR. Pétrissable, adj. a) Qui peut être pétri. La terre argileuse, pétrissable, susceptible d'absorber dans sa pâte des ingrédients qui la consolident, séchée au soleil ou cuite au feu, est la matière de maniement facile qui se prête à de multiples usages (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.150). Le masticateur construit en 1818-1820 permet de transformer le caoutchouc en une matière pétrissable et donc la fabrication d'objets en caoutchouc: l'industrie du caoutchouc était née (Industr. fr. caoutch., 1965, p.6). b) Au fig. Qui peut être façonné. Il faut s'occuper à façonner pour le bien l'âme des enfants quand elle est encore pétrissable (Ac.). — []. — 1res attest. 1749 paitrissable «qu'on peut pétrir (en parlant d'une matière)» (BUFFON, Hist. nat., t.1, p.263), b) fig. 1878 «qui peut être façonné (en parlant d'une âme)» (Ac.); de pétrir, suff. -able.
BBG. —GIR. 1834, p.73.
pétrir [petʀiʀ] v. tr.
ÉTYM. V. 1175, pestrir; var. paitrir, jusqu'en 1732; bas lat. pistrire, de pistrix « boulangère », de pistor « boulanger »; → Pétrin.
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1 Presser, remuer fortement et en tous sens avec les mains ou à la machine (une pâte consistante). ⇒ Travailler. || Pétrir la pâte à pleines mains, du bout des doigts (cf. Travailler la pâte). || Le boulanger pétrit la pâte dans un pétrin. || Pétrir et cuire des gâteaux (→ Froment, cit. 7).
1 Ses bras emmanchés de toile blanche disaient qu'elle venait de pétrir la pâte à galette, ou le pudding saucé d'un brûlant velours de rhum et de confitures.
Colette, Histoires pour Bel-Gazou, p. 23.
♦ (1180). Par ext. || Pétrir la pâte à papier. ⇒ Brasser, écraser, malaxer (cit. 1). || Pétrir le mortier. ⇒ Corroyer. — Pétrir pour donner une forme; pétrir de l'argile, de la cire… ⇒ Façonner, manier, manipuler, modeler.
2 J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or.
Baudelaire, Poèmes divers, II, « Orgueil ».
3 Le sculpteur est lourd du poids de son œuvre : peu importe s'il ignore comment il pétrira. De coup de pouce en coup de pouce, d'erreur en erreur, de contradiction en contradiction, il marchera droit, à travers la glaise, vers sa création.
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XXIV.
4 Il avait un nez si curieusement mol et malléable qu'il parvenait à le changer de forme en le pétrissant avec soin.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, IX, XVII.
2 (1762). Palper fortement en tous sens. || Ses doigts chauds lui pétrissaient le poignet (→ Étreinte, cit. 2). || Il n'osait plus la manier brutalement (cit. 2), la pétrir.
5 (…) ses mains qui pétrissaient la tablette de la tribune.
M. Barrès, Leurs figures, p. 108.
6 Il pétrissait entre ses doigts la main de la jeune fille (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 208.
7 Louis prit sa serviette, la pétrit d'un geste machinal, en fit une boule qu'il posa sur la table.
G. Duhamel, Salavin, VI, XVIII.
♦ Techn. Masser en pressant, en comprimant profondément les tissus.
3 (1580). Fig. Donner une forme (cit. 47) à, façonner. || Pétrir et manipuler le langage (→ Faire, cit. 227). || Les individus (cit. 15) sont pétris par la société. || Cerveaux enfantins pétris par un enseignement (→ Formel, cit. 5; maniable, cit. 2).
8 Le bercement des nourrices, les câlineries maternelles, les chatteries des sœurs, surtout des sœurs aînées, espèce de mères diminutives, transforment pour ainsi dire, en la pétrissant, la pâte masculine.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Mangeur d'opium », VII.
9 Nous avons tous été pétris et repétris par ceux qui nous ont aimés et, pour peu qu'ils aient été tenaces, nous sommes leur ouvrage, — ouvrage que d'ailleurs ils ne reconnaissent pas, et qui n'est jamais celui qu'ils avaient rêvé.
F. Mauriac, le Désert de l'amour, IV.
4 Littér. (Surtout au passif et p. p.). || Pétrir de… : former, faire avec… || L'homme est pétri du limon (cit. 3) de la terre (→ Arrogance, cit. 3). || Âmes (cit. 72) pétries de boue et d'ordure (→ Albâtre, cit. 5).
10 Je vois un visage pétri de grâces, de beaux yeux bleus pleins de douceur, un teint éblouissant, le contour d'une gorge enchanteresse.
Rousseau, les Confessions, II.
11 Blonde aussi, comme toutes les Flers, mais d'un blond d'or fluide, elle avait un teint pétri de lait et de lumière (…)
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, I, II.
♦ Adj. (V. 1665). || Pétri de : fait de; qui consiste surtout en. || Être pétri d'orgueil, très orgueilleux. || Pétri de contradictions.
12 (…) il pardonnait beaucoup aux paysans, même en les trouvant pétris d'ignorance et de défauts, quand ce n'est pas de vices.
E. Fromentin, Dominique, II.
13 (…) Robinson est d'abord un véritable Anglais, tout pétri des profonds instincts de sa race (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 261.
14 La concupiscence dont l'humanité déchue est pétrie, ne peut être vaincue que par une délectation plus puissante (…) la délectation victorieuse de la Grâce.
F. Mauriac, Souffrances et Bonheur du chrétien, p. 78.
15 L'homme trop heureux, trop sûr de lui, est inhumain. Comment comprendrait-il les vies des autres qui, presque toutes, sont pétries de douleur ?
A. Maurois, À la recherche de Marcel Proust, VII, VII.
16 — La pauvre ! Regardez ! Comme elle a mal ! — Elle est toute pétrie d'orgueil. Et c'est son orgueil que ce glaive transperce.
Montherlant, la Reine morte, I, 1.
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DÉR. Pétrissable, pétrissée, pétrisseur.
Encyclopédie Universelle. 2012.