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piqûre

piqûre [ pikyr ] n. f.
• 1380; de piquer
1Petite blessure faite par ce qui pique. Ma mère « se pâme pour une piqûre d'épingle qu'elle se fait » (Jouhandeau). Piqûre d'insecte. « Des nuages de moustiques [...] dont les piqûres ne s'arrêtaient ni jour ni nuit » (Flaubert).
Sensation produite par qqch. d'urticant. Piqûre d'ortie.
Fig. « Des piqûres d'amour-propre » (Taine).
2(1586) Piqûre ou point de piqûre : point avant combiné avec un point arrière (de façon que le fil forme une ligne continue à l'endroit comme à l'envers), servant de couture ou d'ornement. Piqûres à la main, à la machine. Un chapeau mou « avec deux rangs de piqûres sur le bord » (Romains). surpiqûre.
3(1690) Petit trou. Piqûre de ver, de taret. vermoulure. Souliers à piqûres, à bout perforé.
Petite tache. « une piqûre de rouille à l'éperon » (Courteline). Spécialt Tache roussâtre sur le papier, le linge, due à l'humidité. rousseur.
4(1909) Introduction d'une aiguille creuse dans une partie du corps pour en retirer un liquide organique (ponction, prise de sang) ou pour y injecter un liquide médicamenteux (injection). Piqûre intramusculaire, intraveineuse, sous-cutanée (ellipt une intramusculaire, etc.). Piqûre d'héroïne. arg. 2. fixe, shoot. Je « passai dans la chambre pour faire la piqûre et revins laver ma seringue » (Duhamel). Var. fam. (1923) PIQUOUSE [ pikuz ].

Piqûre synonyme de acescence.

piqûre
n. f.
d1./d Petite plaie faite par un instrument aigu ou par le dard de certains animaux. Piqûre d'épingle, de guêpe.
d2./d Sensation produite par qqch de piquant. Ressentir une piqûre.
Fig. Petite blessure morale. Piqûres d'amour-propre.
d3./d MED Injection sous-cutanée, intramusculaire ou intraveineuse faite avec une seringue munie d'une aiguille.
d4./d Rang de points servant à assembler des pièces d'étoffe, ou à orner. Robe garnie de piqûres.
d5./d Petit trou dû à des vers, des insectes, etc.
d6./d Tache d'humidité.
TECH Attaque d'un métal par la rouille.

⇒PIQÛRE, subst. fém.
A. —Petite lésion cutanée, plus ou moins profonde, provoquée volontairement ou accidentellement par un objet, un instrument pointu ou par un animal (insecte, serpent, poisson, etc.). Piqûre d'aiguille, d'épine, de ronce; piqûre d'abeille, de moustique, de scorpion; piqûre venimeuse, mortelle; mains couvertes de piqûres. Un serpent lui montait aux jambes, un de ceux dont la piqûre fait mourir en deux minutes (MICHELET, Oiseau, 1856, p.78). Il écrivit le chiffre de Ninon (...) sur son linge de corps, en caractère de sang, grâce à une piqûre qu'il se fit à la main avec une épingle (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p.193).
P. méton. La sensation qui en résulte:
1. On se rendra facilement compte de ce processus en tenant une épingle dans la main droite, par exemple, et en se piquant de plus en plus profondément la main gauche. Vous sentirez d'abord un chatouillement, puis un contact auquel succède une piqûre, ensuite une douleur localisée en un point, enfin une irradiation de cette douleur dans la zone environnante.
BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p.44.
Piqûre anatomique.
MÉD., ART VÉTÉR. Injection thérapeutique, ponction, faites à l'aide d'une aiguille creuse; introduction d'aiguilles d'acupuncture. Piqûre hypodermique, intramusculaire, sous-cutanée. Ne pouvez-vous donc lui faire une piqûre de morphine? J'ai le coeur brisé de l'entendre (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p.940). Il y avait peu d'espoir de le sauver [le chien]. Il avait été mordu derrière la nuque. Son train arrière était paralysé. Je lui avais fait une piqûre intraveineuse et j'hésitais à lui administrer une deuxième dose du sérum universel de Boutantàn (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.355).
P. métaph. Vraiment, nous en avons trop vu de ces intellectuels adorant l'Art, avec un grand A, et qui, quand il ne leur suffit plus de s'alcooliser avec du Zola, se font des piqûres de Verlaine (PROUST, Sodome, 1922, p.956).
B.P. anal. ou au fig.
1. a) P. anal. (d'aspect), gén. au plur.
Petits trous dus à certains insectes, petites taches (de moisissures, de corrosion, d'oxydation, etc.). Piqûres de vers; piqûres d'une glace ancienne. Pourquoi ces quatre jours [de salle de police]? Pour rien! Ou pour tout, ce qui revient au même; pour un bouton de veste en détresse, une piqûre de rouille à l'éperon, une tache graisseuse à la blouse (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 1re part., II, p.20). La couleur [de l'orge] doit être jaune clair (...) sans piqûres noires ou bleues qui indiquent la présence de moisissures (BOULLANGER, Malt., brass., 1934, p.50).
Petites taches rousses dues à l'humidité sur un papier, un livre. (Dict. XXes.). Synon. rousseurs.
Petits points lumineux. D'innombrables piqûres de lumière rendent plus noire l'obscurité sans fond (HUGO, Travaill. mer, 1866, p.301). Mme Pauque fit remarquer à la jeune fille un forsythia dont les fleurs s'annonçaient par des piqûres d'or qui formaient une sorte de constellation (GREEN, Malfaiteur, 1955, p.174).
b) P. anal. (d'effet). Sensation vive et irritante. Piqûre du froid, d'ortie, des rayons du soleil. [Pierre] faisait alors couler [le champagne] (...) dans sa bouche pour sentir la petite piqûre sucrée du gaz évaporé sur sa langue (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p.336). Exaltée, les mollets travaillés de piqûres nerveuses, je me tiens debout dans le wagon (COLETTE, Cl. ménage, 1902, p.27).
2. Au fig. Vive irritation, blessure d'amour-propre. Piqûres d'épingle; piqûre de vanité; la piqûre d'un sarcasme, d'un regard. Les couplets malicieux d'un chansonnier de Montmartre avaient fait une piqûre cuisante à l'orgueil britannique (VOGÜÉ, Morts, 1899, p.222). Le souvenir de leur accent ne suffisait pas à venger Léniot des piqûres qu'elles avaient faites à son amour-propre (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p.58):
2. Une piqûre assez irritante qu'il reçut au sein de l'Académie des Sciences morales et politiques (...) fut ensuite fermée et guérie par le choix que fit de lui en cette même qualité [de secrétaire perpétuel] l'Académie des Inscriptions.
SAINTE-BEUVE, Portr. contemp., t.4, 1844, p.347.
C.COUT., SELLERIE. Suite régulière de points assemblant ou ornant une ou plusieurs épaisseurs d'étoffe, de cuir. Piqûre(s) (à la) main, (à la) machine; piqûres d'un vêtement, d'une chaussure; piqûres sellier. Une robe de drap bleu toute simple —corsage à petits plis pincés, col cerclé de piqûres (COLETTE, Cl. Paris, 1901, p.34). [L']enveloppe [du ballon] est composée d'une série de fuseaux découpés dans l'étoffe, assemblés entre eux par des piqûres (MARCHIS, Nav. aér., 1904, p.76):
3. Les nouvelles machines de famille sont pourvues d'un mécanisme au réglage des points, qui permet de coudre en avant et en arrière sans avoir à arrêter de piquer (...). Cette marche avant et arrière est surtout pratique pour faire deux piqûres parallèles et pour arrêter le travail.
Lar. mén. 1926, p.781.
Point de piqûre. Rangée de points avant combinés avec des points arrière pour obtenir une ligne continue à l'endroit et à l'envers. (Dict.XXes.).
P. anal., RELIURE. Assemblage des feuillets et de la couverture d'un livre, d'un ouvrage, au moyen d'un fil, d'une agrafe; p.méton., le livre, l'ouvrage ainsi assemblé (d'apr. COMTE-PERN. 1963 et LEYGUES 1979). Le cahier déplié, les piqûres du premier feuillet reproduites sur tous les autres, indiquent l'emplacement de chaque page (É. LECLERC, Nouv. manuel typogr., 1932, p.301).
REM. 1. Piquouse, piquouze, subst. fém., arg. drogue. Piqûre de morphine, p.ext. piqûre en général. Divers va chaque semaine à la piqûre qu'il appelle, comme les autres malades, la piquouze (J. GENET, Miracle de la rose, 1947, p.351 ds CELLARD-REY 1980). 2. Piquouser, piquouzer, verbe trans., arg. Faire une piqûre. Tout le monde doit aller au toubib. Moi comme les autres; pour le vaccin (...) même à bord, tu peux pas descendre sans qu'on t'ait piquousé (CARCO, Brumes, 1935, p.42, ds CELLARD-REY 1980).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: picqueure; dep. 1740: piqûre. Étymol. et Hist.1. Fin XIes. «piqûre, comme la morsure d'un serpent» (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, p.110); 2. 1380 «fait de piquer, résultat de cette action» (ROQUES t.2, Paris, B.N. 13032, 9991); d'où a) 1572 «méd.» (A. PARÉ, Des playes en général, VII, 2, éd. J. F. Malgaigne, I, p.432); b) 1762 piqûre de l'artère «blessure faite involontairement avec la lancette» (Ac.); c) 1859 «action d'injecter un médicament» (Journ. de méd. et de chir. pratiques, XXX, p.341 ds QUEM. DDL t.8); 3. 1553 cout. (P. BELON, Observations, III, 17 cité par H. VAGANAY ds R. Philol. fr. t.43, p.199); 4. 1559 «légère offense qu'on reçoit» (AMYOT, Périclès, 65 ds LITTRÉ). Dér. de piquer; suff. -ure. Fréq. abs. littér.:549. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 294, b) 706; XXes.: a) 1031, b) 1084.
DÉR. 1. Piqûrage, subst. masc., industr. text. Opération consistant à réparer les défauts d'un tissu. C'était une ancienne salle de piqûrage, haute et sale (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.343). []. Supra prononc. 1re attest. 1935 id.; de piqûre, terme de cout., suff. -age. 2. Piqûreuse, subst. fém., industr. text. Ouvrière qui a pour tâche de réparer les défauts d'un tissu. (Ds ROB. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr., Lexis 1975). [pikyrø:z]. 1re attest. 1951 (Ch. MARTIN, La Laine, Paris, P.U.F., p.75); de piqûre, terme de cout., suff. -euse.

piqûre [pikyʀ] n. f.
ÉTYM. XVIe; piqueüre, v. 1380; de piquer.
1 Petite blessure faite par ce qui pique. || Une piqûre d'épine (cit. 10) de rose. || Se faire une piqûre d'épingle (→ Pâmer, cit. 2). || Hémorragie (cit. 3) consécutive à une piqûre. || Piqûre anatomique (→ Inoculer, cit. 2).
1 Jouant un jour avec les flèches d'Hercule, dont la pointe était imprégnée du poison de l'hydre de Lerne, il (Chiron) se fit une mauvaise piqûre au pied, et la douleur en peu de temps lui devint si intolérable qu'il pria Jupiter d'arrêter son mal en le dégageant de l'immortalité (…)
Émile Henriot, Mythologie légère, p. 149.
Loc. fig. Une piqûre d'épingle : une petite pique.
Piqûre d'insecte. || Piqûre de moustique (cit. 1), de taon (→ Impatience, cit. 3), d'abeille,… de scorpion… || Piqûre venimeuse. || Chairs qui enflent après une piqûre. || Ôter le dard d'une piqûre.
2 Il existe de féroces insectes désintéressés qui piquent sachant qu'ils mourront de la piqûre.
Hugo, l'Homme qui rit, II, V, II.
3 (…) il ne faut pas souhaiter que ces méchantes mouches se posent sur les lèvres de mon Jacquot, car leur piqûre est cruelle. Un jour que je mordais dans une pêche, je fus piquée à la langue par une abeille et je souffris les tourments de l'enfer.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, II, Œ., t. VIII, p. 17.
4 Il y a autour des abeilles une légende de menace et de périls. Il y a le souvenir énervé de ces piqûres qui provoquent une douleur si spéciale qu'on ne sait trop à quoi la comparer, une aridité fulgurante, dirait-on, une sorte de flamme du désert qui se répand dans le membre blessé (…)
Maeterlinck, la Vie des abeilles, I, VI.
(Abusivt). || Piqûre de serpent. Morsure.
2 (1859). Introduction d'une aiguille creuse dans une partie du corps pour en retirer un liquide organique (ponction, prise de sang…) ou pour y injecter un liquide médicamenteux (injection). || Piqûre faite avec une seringue munie d'une aiguille. || Piqûre sous-cutanée, hypodermique (→ Imposition, cit. 1), intramusculaire, intraveineuse. || Piqûre d'huile camphrée (→ Hasarder, cit. 9), de morphine (→ Invincible, cit. 10; oxygène, cit. 3)… || Piqûre mortelle (→ Catégoriquement, cit.). || Piqûre de vaccination (→ Anaphylaxie, cit. 1). || Faire des piqûres à un malade (→ Laborantine, cit. 1). Piquer. || Entretenir par des piqûres son cœur défaillant (→ Fusiller, cit. 1). || Piqûre thérapeutique. Acupuncture.
5 « — Souffre-t-il en ce moment ? » demanda-t-il, sans élever la voix. — Pas beaucoup. Je venais de lui faire sa piqûre.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 126.
Spécialt. Piqûre des toxicomanes. Piquouse.
3 Sensation ou douleur produite par quelque chose d'urticant. || Piqûre d'ortie. Urtication.
6 Il le faisait alors couler très lentement dans sa bouche (le champagne) pour sentir la petite piqûre sucrée du gaz évaporé sur sa langue.
Maupassant, Pierre et Jean, III.
4 (1690). Petit trou. || Piqûre de ver. Vermoulure. || Piqûres de chaussures : décoration de perforations formant dessin. || Souliers à piqûres.Petite tache. || Piqûres d'une glace. || Piqûres de rouille : oxydation.Spécialt. Tache roussâtre sur une gravure, un livre, due à l'humidité. Rousseur.
7 Pourquoi ces quatre jours ? pour rien ! ou pour tout, ce qui revient au même; pour un bouton de veste en détresse, une piqûre de rouille à l'éperon, une tache graisseuse à la blouse (…)
Courteline, le Train de 8 h 47, I, II.
8 C'étaient de jolis souliers à piqûres. Piqûres à fond crème sur des cuirs noir et brun, coupés de cuir blanc.
Aragon, le Paysan de Paris, p. 87.
5 Fig. Blessure d'amour-propre. || Les piqûres de la satire (→ Article, cit. 13). Pique.
9 Un préjugé haineux s'est élevé contre elle, et, de jour en jour, il grandit. Des piqûres d'amour-propre, des mécomptes d'ambition, des sentiments d'envie l'ont préparé. L'idée abstraite d'égalité en a fourni le noyau sec et dur.
Taine, les Origines de la France contemporaine, III, t. I, p. 243.
6 (1586; de piquer « assembler à l'aiguille »). || Piqûre ou point de piqûre : point avant combiné avec un point arrière (de façon que le fil forme une ligne continue à l'endroit comme à l'envers). || La piqûre sert à assembler ( Couture) ou à orner. || Piqûre à la machine. || Piqûre à petits, à larges points, piqûre régulière. || Défaire les piqûres d'un vêtement pour le découdre. Dépiquer. || Piqûres d'un sac, d'une chaussure… || Piqûre-apprêt.
10 C'était un chapeau mou, rabattu, de couleur vert foncé, avec deux rangs de piqûres sur le bord, et le nœud du ruban à l'arrière (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VI, p. 69.
Techn. Préparation des trous pour le brochage, en reliure.Assemblage d'un cahier par des fils; cahier assemblé.
DÉR. Piquouse, piqûrage, piqûreuse.

Encyclopédie Universelle. 2012.