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plaine

plaine [ plɛn ] n. f.
XIIe; pleine 1080; lat. pop. °planea, de planus 1. plain, 1. plan
1Étendue de pays plat ou faiblement ondulé, généralement assez vaste, et moins élevée que les pays environnants. La plaine de la Beauce. Pays de plaines. Plaine entourée de montagnes formant dépression. bassin. Plaine alluviale; plaine d'érosion. aussi pénéplaine. Plaine steppique ( steppe; pampa) , glacée ( toundra) . « C'est la plaine, la plaine blême, Interminablement, toujours la même » (Verhaeren). « Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine ! » (Hugo). Collect. La plaine et la montagne. Culture de plaine.
2(1792) Fig. Hist. Le centre de l'assemblée conventionnelle, où siégeaient les modérés (Girondins), opposé à la Montagne (on disait aussi le Marais).
3Blas. Moitié de la champagne, sixième inférieur de l'écu.
⊗ HOM. Plaine (1. plain), pleine (plein).

plaine nom féminin (de plain) Étendue caractérisée par une topographie faiblement différenciée, sinon plane, à drainage superficiel. Autre désignation des centristes de la Convention, appelés aussi le Marais (avec majuscule). ● plaine (citations) nom féminin (de plain) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Les montagnes toujours ont fait la guerre aux plaines. Les Burgraves, 2e partie, 6, Job Jean de Sponde Mauléon 1557-Bordeaux 1595 Le Mont est foudroyé plus souvent que la plaine. Autres sonnets sur le même sujet sur la mort ● plaine (expressions) nom féminin (de plain) Plaine abyssale, partie profonde (entre 5 000 et 6 000 m) des bassins océaniques dont le fond remblayé, sensiblement plan, horizontal ou peu incliné, s'appuie sur la croûte océanique. Plaine bathyale, variété de plaine abyssale enfermée à l'intérieur d'une mer marginale et de profondeur moindre (environ 3 000 m). Haute plaine, étendue de faible relief et d'altitude relativement élevée, dominée par des chaînons montagneux (Andes, Maghreb, etc.). ● plaine (homonymes) nom féminin (de plain) plaine adjectif féminin pleine adjectif fémininplaine nom féminin Synonyme de plane. ● plaine (homonymes) nom féminin plaine adjectif féminin pleine adjectif fémininplaine (synonymes) nom féminin
Synonymes :
- plane
plain, plaine adjectif (latin planus, uni) Écu plain, écu d'un seul émail, qui ne porte aucune figure. ● plain, plaine (expressions) adjectif (latin planus, uni) Écu plain, écu d'un seul émail, qui ne porte aucune figure. ● plain, plaine (homonymes) adjectif (latin planus, uni) plains forme conjuguée du verbe plaindre plaint forme conjuguée du verbe plaindre plein adjectif plein nom masculin plaine plaine nom féminin

Marais (le) ou Plaine (la)
pendant la Révolution franç., nom donné au parti modéré. Il prit le pouvoir après le 9 Thermidor an II (1794).

⇒PLAINE, subst. fém.
A. —Grande étendue de terrain sans relief ou légèrement ondulée, d'altitude peu élevée par rapport au niveau de la mer ou d'altitude moindre que les régions environnantes. Plaine immense; vaste plaine; la plaine s'étend; traverser la plaine. Ma chambre donnait sur la plaine, une plaine sans fin, toute nue, un océan d'herbes, de blés et d'avoine, sans un bouquet d'arbres ni un coteau, image saisissante et triste de la vie qu'on devait mener dans cette maison (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Fam., 1886, p.562):
1. ... il avait débarricadé la fenêtre de la cuisine, celle de derrière, qui donnait sur la plaine; et il se plantait là, il voyait dix lieues de pays, la nappe immense, élargie, toute nue, sous la rondeur du ciel. Pas un arbre, rien que les poteaux télégraphiques de la route de Châteaudun à Orléans, filant droit, à perte de vue.
ZOLA, Terre, 1887, p.200.
Battre la plaine. Se promener sans but déterminé. V. battre2 B, campagne I A 1 b.
GÉOGR. Plaine d'Alençon, de Beauce, de Woëvre; plaine sédimentaire, d'érosion, d'accumulation, d'épandage, d'inondation; plaine côtière, lacustre, de déjection:
2. Le géologue réservera le nom de plaine au terrain formé par une couche horizontale. Pour le topographe la question n'a pas d'intérêt, c'est toujours une surface plane. Pour l'agronome, la distinction est très importante. Une plaine peut recevoir en principe le même type de culture, puisque c'est la même couche sédimentaire. Mais, s'il s'agit d'une pénéplaine son horizontalité cache des terrains qui (...) peuvent être chimiquement très différents.
COMBALUZIER, Introd. géol., 1961, p.134.
Plaine abyssale, plaine sous-marine. ,,Étendue sous-marine, dépourvue de pente sensible, occupant une grande partie des fonds des bassins océaniques`` (Géomorphol. 1979; ds Lar. Lang. fr., Lexis 1975). L'île, par bonheur, n'est point au-dessus de l'eau comme la tête d'une statue (...). Elle se prolonge dans tous les sens par les plaines sous-marines à la pente douce (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p.113). V. abyssal ex. 4, 5, 6.
Plaine alluviale. Plaine ,,formée de dépôts alluvionnaires transportés par les eaux courantes`` (Eau 1981). V. alluvial ex. 2.
Haute plaine. Plaine qui ,,se distingue d'un plateau par l'existence de reliefs plus élevés qui la dominent et l'encadrent`` (GEORGE 1970). Il montait une douce, interminable côte, menant à ces hautes plaines d'herbage appelées «montagnes» où de mai à octobre broutent les troupeaux (MALÈGUE, Augustin, t.1, 1933, p.218).
En partic. ,,Région de faible relief et couverte de champs ouverts, sans haies ni murettes entre eux, et fréquemment allongés en lanières, groupés en quartiers ou en sole`` (FÉN. 1970). Le paysan breton dit qu'il «fait une plaine» —et une expression analogue se retrouve en Bretagne celtophone. Mais le mot de plaine, souvent pris comme synonyme d'openfield, reste ambigu. Nous proposerions volontiers paysage découvert, sans méconnaître les défauts de cette appellation (MEYNIER, Paysages agraires, 1958, p.181).
B.P. anal.
1. Grande étendue sans relief, surface unie. Plaine d'eau, de neige. Le désert. Une aride plaine de sable vaguement mamelonnée. Soleil ardent (GIDE, Saül, 1903, IV, 2, p.361):
3. ... les végétaux sont si nécessaires, qu'on peut dire qu'il n'y a point de paysage proprement dit, là où ils manquent. On ne peut donner ce nom aux vastes plaines de la mer...
BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.114.
2. Littér., vieilli
a) Plaine liquide; plaines humides; plaine de l'océan, des eaux. La mer. Tel, quand le vent changeant sur la plaine liquide Fait frissonner le flot d'une première ride, Courant devant la brise, insensible d'abord, À peine d'un murmure elle effleure le bord (LAMART., Chute, 1838, p.1052):
4. Une dernière fois encore (...) apparaît (...) le fleuve débordé, couvrant les champs, roulant auguste, lent, presque immobile. Et tout à fait au loin, comme une lueur d'acier au bord de l'horizon, une plaine liquide, une ligne de flots qui tremblent, —la mer. Le fleuve court à elle. Elle semble courir à lui.
ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p.69.
b) Plaines de l'air, du ciel; plaine azurée, céleste, étoilée. Le ciel, le firmament. Ainsi nous avons vu dans les plaines des airs, Des nuages heurtés rejaillir les éclairs (DELILLE, Paradis perdu, t.1, 1804, p.211). Les plaines bleues du firmament (CHATEAUBR., Litt. angl., t.2, 1836, p.423):
5. Au-dessus du champ de bataille, dans les plaines de l'air, les ondulations électriques projetées au loin (...) portent aux quartiers généraux, aux nations, au monde entier, par la télégraphie sans fil, les nouvelles de la guerre.
BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p.37.
C.P. anal. Le hall du café Luitpold était tout vide, on ne voyait que la plaine de marbre des tables, comme un cimetière anonyme, et un étudiant à cicatrices, la tête dépassant à peine, essayait seul d'y ressusciter (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p.89). J'aimais le décor dont elle s'était entourée (...) elle aimait les chambres presque nues, les grandes plaines désertes de tapis clairs (MAUROIS, Climats, 1928, p.50).
CHIR. Plaine de Mars. Partie du milieu de la main. (Dict.XIXe et XXes.). Synon. triangle.
HÉRALD. Pièce de la partie inférieure de l'écu, égale en hauteur à la demi-partie des sept de sa largeur, d'un autre émail que le champ dont elle est séparée par un trait horizontal (Dict.XIXe et XXes.). Écusson dextre: D'argent au lion léopardé (c'est-à-dire qui marche), soutenant un écussonnet où paraît un agneau passant (c'est-à-dire marchant) sur une plaine ou champagne (...) La champagne est un meuble rare en armoiries (SAND, Corresp., t.4, 1856, p.93).
HIST. Sous la Convention, groupe de députés le plus nombreux dont les opinions modérées se situaient entre celles des Montagnards et celles des Girondins et qui siégeaient, en bas des gradins de l'Assemblée, sous la Montagne. Synon. marais (v. ce mot A 2). Les deux partis les plus exagérés de l'Assemblée se plaçaient dans la salle, comme aux deux extrémités d'un amphithéâtre, et s'asseyaient de chaque côté sur les banquettes les plus élevées. En descendant du côté droit, l'on trouvait ce que l'on appelait la plaine ou le marais, c'est-à-dire les modérés, pour la plupart défenseurs de la constitution anglaise (STAËL, Consid. Révol. fr., t.1, 1817, p.236).
P. méton. Parti que formaient ces députés. Les anciens girondins et leurs amis de la plaine s'étant entendus pour faire le 9 thermidor, la séparation des intérêts du peuple et de la bourgeoisie a commencé (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.2, 1870, p.512). En prairial que ce soit la Montagne ou la Gironde qui ait commencé, et en thermidor les Jacobins ou la Plaine, qu'importe au développement de la Révolution, dont les origines sont profondes et les résultats incalculables ? (FLAUB., Bouvard, t.1, 1880, p.123).
D.Au fig. [P. réf. à l'étendue plate qui dénonce une idée d'ennui et d'uniformité]
1. Plaine de + subst. abstr. Ce qui est monotone, vide, sans intérêt; qui est porteur d'ennui. Ces quarante ans de plaine, de grande plaine de cette troisième République (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p.701):
6. Le flot régulier de sa vie semblait interrompu. Tantôt il s'infiltrait dans des crevasses souterraines; tantôt il rejaillissait avec une violence saccadée. La chaîne des jours était brisée. Au milieu de la plaine unie des heures s'ouvraient des trous béants, où l'être s'engouffrait.
ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p.261.
2. Ce qui donne une idée d'infinitude, ce qui est indescriptible dans sa totalité; dont on ne pourra jamais épuiser la signification. Brave dans les batailles, lâche devant l'au-delà, il fut despotique et violent, faible pourtant lorsque les louanges de ses parasites s'étoffèrent. Il est tantôt sur les cimes, tantôt dans les bas-fonds, jamais dans la plaine parcourue, dans les pampas de l'âme (HUYSMANS, Là-bas, t.2, 1891, p.97). V. classique ex. 10:
7. ... nul ne parviendra jamais à la connaissance d'une seule âme d'homme, et (...) il est, au secret de chacun, un paysage intérieur aux plaines inviolées, aux ravins de silence, aux pesantes montagnes, aux jardins secrets...
SAINT-EXUP., Citad., 1944, p.951.
REM. 1. Plainette, subst. fém., rare. Petite plaine. D'un côté du Largue, c'est encore notre colline. De l'autre, c'est une plainette, une petite plaine toute différente de la plaine de Manosque, mais qui fait partie du rond pays sous le couvercle du ciel bleu (GIONO, Manosque, 1930, p.43). 2. Plainier, subst. masc., rare, région. (Midi). Habitant de la plaine. Les fermes sont éparpillées sur les roches et sur les limons. Les paysans du bon pays, les plainiers le savent (GIONO, Manosque, 1930, p.19). L'embêtant c'est cette masse de boue qui est entrée dans le dessouchement des sapins. Boromé a dit que c'était ce salaud de plainier qui avait fait ça. Qu'est-ce qu'il comptait faire en dessouchant ce bout de forêt? Il y en a qui ont de drôles d'idées. C'est bien le coup d'un type des basses-terres (GIONO, Batailles ds mont., 1937, p.57). 3. Planier, -ière, adj. Synon. rare de plain (v. ce mot I A 1). Basile avait fait sa cahute sur l'aire planière (...). C'était un grand gars sec et dur, à l'oeil bleu, à la toison rude sur la tête comme sur le torse (VIALAR, Faux-fuyants, 1953, p.30).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. pleine. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 (Pélérinage Charlemagne, éd. G. Favati, 261); 2. 1559 les plaines de Neptune «la mer» (O. DE MAGNY, Les Odes, éd. Courbet, I, 8); 1568 la plaine des cieux (R. GARNIER, Porcie, éd. W. Foerster, I, 65); 3. 1671 hérald. (MENESTRIER, Veritable art du blason, 322); 4. 1792 hist. «le centre de l'assemblée conventionnelle où siégeaient les modérés» (Le Patriote français ds BUCHEZ et ROUX, Hist. parlem. de la révolution française, t.15, 343-345 ds BRUNOT t.9, 2, p.770). Fém. subst. de plain, a éliminé le subst. masc. plain, très usité en a. fr. et une forme plus rare plaigne (ca 1100 Roland, éd. J. Bédier, 1085) d'un lat. pop. plania «même sens» (v. FEW t.9, p.18). Fréq. abs. littér.:4714. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 7071, b) 7755; XXes.: a) 8559, b) 4709. Bbg. QUEM. DDL t.20 (s.v. plainette).

plaine [plɛn] n. f.
ÉTYM. V. 1155; pleine, 1080; du lat. pop. planea; lat. class. plana, plur. neutre de planus. → Plain, plan.
1 Étendue de pays plat ou faiblement ondulé, généralement assez vaste, et moins élevée que les pays environnants (→ Bariolé, cit. 1; dérouler, cit. 8; irrigation, cit. 1). || Plaine unie, plate (→ Colline, cit. 2), bosselée (cit. 1), onduleuse (→ Blé, cit. 6; coteau, cit. 1). || Plaine horizontale, en pente. || Plaine basse; haute plaine « qui, à la différence des plateaux, ne domine pas les environs » (Baulig, Géomorphologie, §30). || Plaine côtière. || Plaine entourée de montagnes formant dépression. Bassin. || Plaine alluviale; plaine d'érosion. aussi Pénéplaine. || Plaine fluvio-glaciaire.Plaine caillouteuse (cit. 1), désertique (→ Hamada, cit. 1). || Les plaines brûlées de l'Andalousie (→ Oasis, cit. 1). || Plaine steppique. Steppe; pampa. || Plaine découverte ( Campagne). || Plaine boisée, couverte de forêts. || Plaine cultivée. Champ. || Plaines vertes et fraîches (→ Panorama, cit. 6), plaines fertiles. || Plaine détrempée (→ Atterrissement, cit. 4), inondée (→ Langue, cit. 48).Le vent des plaines (→ Hargneux, cit. 8). || Aux quatre vents de la plaine (→ Galopade, cit.).Plaines glacées du Grand Nord. Toundra. || « Après la plaine blanche une autre plaine blanche » (→ Neiger, cit.).La plaine du Pô.
1 La carriole disparut, tandis que tous deux continuèrent de marcher en plaine, n'ayant plus en face, à droite et à gauche, que le déroulement sans fin des cultures.
Zola, la Terre, I, I.
2 C'est la plaine, la plaine
Immensément, à perdre haleine.
(…) C'est la plaine, la plaine blême,
Interminablement, toujours la même.
Verhaeren, les Villes tentaculaires, « Les plaines ».
3 La plaine pacifique aux horizons d'épis.
Albert Samain, le Chariot d'or, Symphonie héroïque, « Le fleuve ».
4 Les plaines les plus parfaites et les seules vraiment stables sont celles qu'on rencontre dans le cours inférieur des fleuves et qui sont en rapport avec le niveau de base. Toutes les autres formes d'accumulation sont sujettes à la destruction par l'érosion. Les plaines de montagne sont particulièrement menacées (…) Les plaines de piedmont peuvent être elles-mêmes entaillées (…)
E. De Martonne, Traité de géographie physique, t. II, p. 565.
Allus. littér. « Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine ! » (→ Bataillon, cit. 5, Hugo). || « Midi (cit. 1), roi des étés, épandu sur la plaine » (Leconte de Lisle).« Les elfes joyeux dansent sur la plaine » (→ Couronner, cit. 18).
Collectif. || La plaine (opposé à la montagne) : partie de pays relativement peu accidentée et de faible altitude. || Plaine et montagne (→ Côte, cit. 12).
Géogr. || Plaine abyssale : partie plate du fond des océans. || Plateau continental, talus et plaines abyssales.
2 (XVIIe). Par métaphore (poét., vx). || La plaine immense de la mer (→ Ciel, cit. 19). || Les vertes plaines (→ Antenne, cit. 1), la plaine liquide (→ Dos, cit. 25) : la mer.Lacs qui brillent (cit. 3) comme des plaines d'acier.Fig. || « La vie, cette plaine immense… » (→ Gymnase, cit. 5).
3 (1792). Hist. Le centre de l'assemblée conventionnelle, où siégeaient les modérés (Girondins), par oppos. à la Montagne (on disait aussi le Marais).
4 (1671). Blason. Moitié de la champagne, sixième inférieur de l'écu.
tableau Termes de blason.
5 (1721). Techn. (Chiromancie). Milieu de la paume de la main.
CONTR. Mont, montagne; butte, colline
COMP. Pénéplaine.
HOM. Pleine, plaine (fém. de plain).
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1. plain, plaine [plɛ̃, plɛn] adj. et n. m.
ÉTYM. V. 1130; loc. a plain « sans obstacle », v. 1112; devenu rare au XVIIe et au XVIIIe, plain a disparu à cause de son homonymie avec plein. → Plan; du lat. planus.
1 Vx. Plat, uni, égal.REM. Dans des syntagmes comme de plain fouet, plaine campagne, l'adjectif s'est confondu avec plein.
1 (…) il vaut mieux être dans une ville qu'en plaine campagne.
Mme de Sévigné, 953, 14 févr. 1685.
2 C'étaient des roches, des grottes, des cascades artificielles, dans des lieux plains et sablonneux (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, XI.
2 N. m. Vx. || Le plain de l'eau : la haute mer (Desroches, Dict. 1697, in Littré, contesté par Dauzat). Plein, n. m.Mod. (Mar.). Niveau le plus haut de la marée. || Aller au plain : s'échouer à marée haute.
3 Loc. (1654; à plain pied, 1611). De plain-pied : au même niveau. || Pièces de plain-pied, ouvertes de plain-pied sur une terrasse. || Aller de plain-pied d'une pièce à l'autre, sans monter ni descendre.
3 Le sol de la maison se creusait de trois marches, du côté de la place, et une descente dans ce trou sombre lui semblait mal commode. Ensuite, il s'avisa que, du côté de sa route, à gauche, une autre porte s'ouvrait dans la cour, de plain-pied.
Zola, la Terre, II, II.
4 Les grandes portes vitrées de la salle à manger de ce hall en forme de couloir, qui servait pour les thés, étaient ouvertes de plain-pied avec les pelouses dorées par le soleil (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, p. 194.
5 Les dalles de la terrasse, de plain-pied avec la chambre où je couche, restaient tièdes de la chaleur du jour.
Gide, Journal, 26 août 1934.
N. m. (1718). Vx. || Un plain-pied : suite de pièces de plain-pied. Étage.
Fig. || De plain-pied : sans avoir de difficulté d'accès.Être de plain-pied avec qqn, être sur le même plan, sur un pied d'égalité, en relations aisées et naturelles avec lui. || Il cherche à être de plain-pied avec son auditoire.
6 Il faut tout cela pour trouver à vingt ans les portes ouvertes, pour entrer de plain-pied dans tous les salons (…)
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. I, III, p. 226.
7 (…) selon sa coutume il passa de plain-pied, avec une parfaite aisance, de ses mysticités aux préoccupations les plus plates.
M. Barrès, la Colline inspirée, III.
8 Là où Sainte-Beuve est de plain-pied avec son modèle, on dirait qu'il s'y égale. Il n'est inférieur qu'aux plus puissantes et plus hautes natures.
André Suarès, Valeurs, p. 281.
9 Quoi que vous pensiez, les paysans nous aiment, ils se sentent de plain-pied avec nous (…)
F. Mauriac, le Sagouin, p. 48.
4 Régional (en Belgique). || Tapis plain, uni et couvrant toute la surface d'une pièce. Moquette.
CONTR. Accidenté, inégal.
DÉR. Plaine.
COMP. V. Aplanir. — Plain-chant.
HOM. 2. Plain, plein; formes du v. plaindre. — (Du fém.) Plaine.

Encyclopédie Universelle. 2012.