plein, pleine [ plɛ̃, plɛn ] adj. et n. m.
• 1080; lat. plenus
I ♦ (Sens fort)
A ♦ Qui contient toute la quantité possible.
1 ♦ (Choses) Une boîte pleine, presque pleine. ⇒ 1. rempli. La boîte n'est pas pleine. Verre plein à ras bord. Valise trop pleine, pleine à craquer; à moitié pleine. Une source qui « permettait de tenir la citerne toujours pleine » (Mac Orlan). ⇒ emplir, remplir (cf. V, 4o Faire le plein). Des tourteaux bien pleins. Plein comme un œuf. — Loc. fam. N'en jetez plus, la cour est pleine ! en voilà assez sur ce sujet. — Avoir les mains pleines. Allus. bibl. Aux innocents les mains pleines. — Avoir le nez plein, bouché. Parler la bouche pleine. Avoir le ventre plein. « L'estomac plein ressemble à une conscience satisfaite » (Hugo).
2 ♦ (Personnes ) Loc. fam. Être plein comme une bourrique, une barrique, complètement ivre. « Un convive plein comme une barrique » (Maupassant). — Absolt, fam. Il est plein, ivre. ⇒ soûl; fam. bourré.
♢ Fig. et fam. Un gros plein de soupe.
3 ♦ Se dit d'une femelle animale en gestation. ⇒ gros. Juments pleines.
4 ♦ (Avant le nom) Un plein panier de légumes, le contenu d'un panier rempli (un panier plein de :le panier rempli). « Une pleine valise de livres » ( Martin du Gard).
♢ (Précédé de à) À pleine main : avec la main pleine. Saisir à pleins bras. Embrasser qqn à pleine bouche. Respirer à pleins poumons. Chose qui sent, qui pue à plein nez. — Crier, chanter à plein gosier. « Très pressant désir de crier, à pleine gorge » (Duhamel). « Il arrachait la pomme de l'arrosoir et versait à plein goulot » (Flaubert). — Fam. À pleins tubes.
5 ♦ Qui contient autant de personnes qu'il est possible. Les cafés étaient pleins. ⇒ bondé. La salle est pleine. ⇒ 2. comble. Les autobus sont pleins aux heures de pointe.
6 ♦ (Temps) Une journée pleine, bien occupée. « Telle était leur vie, vie uniforme, mais pleine » (Balzac).
7 ♦ (Abstrait) Qui est rempli (de connaissances, d'idées). « Mieux vaut une tête bien faite que bien pleine » (Montaigne).
♢ (Personnes) PLEIN DE... ⇒ pénétré (de). Être plein de son sujet. — Être plein de qqn, en être exclusivement occupé. « Plein de Machiavel, entêté de Boccace » (La Fontaine). « J'ouvre comme un trésor mon cœur tout plein de vous » (Musset). — PLEIN DE SOI : occupé et content de soi-même. ⇒ imbu, infatué. « Si enivré de son œuvre et si plein de lui-même » (Sainte-Beuve).
8 ♦ Loc. fam. PLEIN AUX AS : très riche.
B ♦
1 ♦ Dont la matière occupe tout le volume (opposé à creux). Une sphère pleine. ⇒ massif. Une porte pleine, dépourvue de vitre. Roue pleine et roue à rayons. Pneu plein.
2 ♦ Rond (formes humaines). ⇒ dodu, potelé, rebondi. Des joues pleines. Visage plein.
3 ♦ Un son plein, riche en harmoniques. « Elle se mit à rire du bon rire plein de sa jeunesse » (Balzac).
C ♦
1 ♦ Qui est entier, à son maximum. La pleine lune. La mer est pleine : la marée est haute. Arc en plein cintre. Reliure pleine peau, entièrement en peau.
♢ Un jour plein, de 24 heures. Loc. adv. À PLEIN TEMPS : engagé pour faire une journée légale de travail. Travailler à plein temps, à temps plein. — Subst. Faire un temps plein, un plein temps, travailler à plein temps. Par ext. ⇒ plein-emploi. — Moteur qui tourne à plein régime. « Les Douglas [avions], pleins gaz, filèrent » (Malraux).
2 ♦ Qui a sa plus grande force. ⇒ total. Plein succès. Donner pleine satisfaction. ⇒ tout. « Clairvoyant et dans la pleine possession de son génie » (Suarès). De leur plein gré. Pleins pouvoirs (⇒ plénipotentiaire) . Une confiance pleine et entière, totale, absolue. — De plein droit. Être en pleine forme.
3 ♦ Loc. adv. À PLEIN; EN PLEIN. ⇒ pleinement, totalement. Argument qui porte à plein. « J'use en plein de mon franc-parler » (Diderot).
4 ♦ EN PLEIN, EN PLEINE, suivi d'un subst. :au milieu de (espace). Vivre en plein air [ plɛnɛr ]. ⇒ dehors. « Le logis est entouré [...] de grenadiers en pleine terre » (Balzac). — En plein vent. Arbres de plein vent. — En pleine mer : au large. — En pleine rue. En pleine nature. En plein soleil, en plein jour. — Par ext. Exactement (dans, sur). Visez en plein milieu (cf. Au beau milieu). En plein milieu de... Chambre en plein nord. « Il se leva brusquement et le frappa en pleine poitrine » (Sartre). — (Temps) En plein jour. Se réveiller en pleine nuit. — (En parlant d'un état ou d'une action qui a une certaine durée) En pleine croissance. « L'oiseau foudroyé en plein vol sembla se précipiter » (Fromentin). Être en plein travail. Arriver en plein drame.
♢ Loc. adv. EN PLEIN SUR; EN PLEIN DANS (fam.) :juste, exactement. La bombe est tombée en plein sur la gare. Il a visé en plein dans le mille. En plein dedans, en plein dessus.
5 ♦ Par ext. La pleine mer : le large. Le plein air : l'extérieur. Jeux de plein air. Peinture de plein air (opposé à peinture d'atelier). « Les lauriers-roses de pleine terre » (Loti). Le plein jour. ⇒ grand.
II ♦ (Sens faible)
1 ♦ PLEIN DE : qui contient, qui a beaucoup de. Être plein de... ⇒ abonder, regorger. Pré plein de fleurs. Les yeux pleins de larmes. Pantalon plein de taches. Meuble plein de poussière. Les mains pleines de cambouis, couvertes de cambouis. « La Californie est un pays plein d'or, de perles et de diamants » (Cendrars). Rues pleines de monde. Texte plein de fautes. — « La mer pleine de bruit » (Hugo).
♢ (Abstrait) « Plus on voit ce monde, et plus on le voit plein de contradictions » (Voltaire).
♢ (Personnes) Être plein de santé, de vie. ⇒ débordant. « Ce garçon si plein de bonne volonté » ( Lesage). Être plein d'admiration, de reconnaissance. ⇒ pénétré, pétri. Être plein d'égards pour qqn.
2 ♦ Absolt Il y en a plein, tout plein, beaucoup.
III ♦ (confondu avec plain) Vx ou loc. Plat. ⇒ 1. plain. Blas. Écu plein, dont l'émail est uni. — Terre-plein (voir ce mot).— Loc. Tir de plein fouet, horizontal. Fig. Se heurter de plein fouet : se jeter en ligne droite l'un contre l'autre.
IV ♦ Inv.
1 ♦ (En prép.) En grande quantité dans. Des champignons plein un panier : un plein (cf. supra I, 4o) panier de champignons. Avoir de l'argent plein les poches, en avoir beaucoup. — En avoir plein la bouche (de qqch.). En avoir plein le dos, les bottes, (fam.) le cul : en avoir assez. En mettre plein la vue. Fam. S'en mettre plein la lampe.
♢ Fam. Partout sur. « Il avait du poil plein les joues » (Aragon). Des taches plein sa robe.
2 ♦ Adv. Sonner plein, avec un son plein (opposé à sonner creux).
♢ Fam. TOUT PLEIN. ⇒ très. « C'est mignon tout plein chez vous, mes enfants » (Sarraute).
♢ Loc. prép. Fam. PLEIN DE. ⇒ beaucoup. Avoir plein d'argent. Il y avait plein de monde. J'ai reçu plein de lettres, tout plein de lettres.
V ♦ N. m.
A ♦ LE PLEIN (DE).
1 ♦ État de ce qui est plein. Le plein de la Lune, la phase où elle apparaît éclairée tout entière. « La Lune était en son plein » (Cyrano). — (1849; h. XVIIe) Le plein de l'eau, de la mer : la marée haute, le gros de l'eau.
2 ♦ (1849) BATTRE SON PLEIN, se dit de la mer étale à marée haute, qui bat le rivage. « La mer battant son plein, il se remit à grimper » (Flaubert). — Fig. Être à son point culminant. La fête bat son plein, est à son comble. « Les causeries battaient leur plein » (A. Gide).
3 ♦ Fig. La plénitude, le maximum. Donner son plein : donner toute sa mesure. « C'était le plein de la bousculade et du vacarme » (Zola).
4 ♦ (1876) FAIRE LE PLEIN DE : emplir totalement un réservoir de. Faire le plein d'eau, d'essence. « On faisait le plein des soutes à vin » (Loti). — Absolt Faire le plein (de carburant).— Le plein : le contenu total du réservoir. Il a fallu deux pleins pour aller à Paris.
♢ Fig. Atteindre le maximum, totaliser. Le candidat a fait le plein de ses voix.
5 ♦ Fin. « Somme maxima que la société d'assurances peut, aux termes de ses statuts, assurer sur un seul risque, sans réassurance » (Capitant).
B ♦ UN PLEIN.
1 ♦ Endroit plein (d'une chose). Les pleins et les vides.
♢ Partie massive d'une construction.
2 ♦ Trait épais, dans l'écriture calligraphiée. Pleins et déliés d'une lettre, d'un chiffre. « Les pleins dodus et les maigres déliés » (Courteline).
⊗ CONTR. Vide, 1. désert, inoccupé, libre. Ajouré, creux. Incomplet. — Exempt, sans. — Vide (n. m.).
⊗ HOM. Plain; plaine.
● plein adjectif invariable Indique une très grande quantité contenue dans quelque chose : Avoir du blé plein son grenier. ● plein adverbe Sonner plein, rendre le son caractéristique d'un objet qui n'a pas de creux. Familier. Plein de, une très grande quantité de : Il y avait plein de monde. J'ai trouvé plein de champignons. Familier. Tout plein, très, extrêmement : Il est gentil tout plein. ● plein nom masculin Espace entièrement occupé par la matière ; endroit plein de quelque chose : Le plein et le vide. Quantité d'essence que peut contenir un réservoir d'automobile : Avec un plein, nous allons jusqu'à Lyon. Partie forte et large d'une lettre calligraphiée (par opposition à délié). Synonyme de full. Marée haute. Chargement complet d'un navire. ● plein (difficultés) adjectif invariable Orthographe Plein, préposition ou adjectif. Dans des constructions comme : de la monnaie plein les poches, des souvenirs plein la tête, du shampooing plein les yeux, plein est employé comme préposition et ne s'accorde pas. Mais plein est adjectif et s'accorde dans : les poches pleines de monnaie, la tête pleine de souvenirs, les yeux pleins de shampooing. Registre Plein de, tout plein de : ces emplois relèvent de la langue familière, orale surtout. Recommandation Dans la langue soignée, orale ou écrite, utiliser de préférence beaucoup de : il y a beaucoup de gens qui se sont enrichis dans ces spéculations (de préférence à : il y a plein de gens qui se sont enrichis...). ● plein (expressions) adjectif invariable Familier. En avoir plein la bouche (de quelque chose, de quelqu'un), en parler sans cesse avec solennité, avec admiration. Familier. En avoir plein le dos, plein le cul (dans la langue populaire), être excédé. Familier. En avoir plein les jambes, les bottes, les pattes, être fatigué d'avoir trop marché. ● plein (expressions) adverbe Sonner plein, rendre le son caractéristique d'un objet qui n'a pas de creux. Familier. Plein de, une très grande quantité de : Il y avait plein de monde. J'ai trouvé plein de champignons. Familier. Tout plein, très, extrêmement : Il est gentil tout plein. ● plein (synonymes) adverbe Familier. Plein de
Synonymes :
- force (littéraire)
- maint
- quantité de
Contraires :
- guère
- peu
Familier. Tout plein
Synonymes :
- extrêmement
● plein (difficultés)
nom masculin
Orthographe
Battre s'écrit avec deux t ainsi que la plupart des mots de la famille. Font exception bataille et ses dérivés, ainsi que combatif et combativité.
Conjugaison
Emploi
1. À l'heure battante. On dit, on écrit plutôt à l'heure battante, à dix heures battantes (= à l'heure juste) que à l'heure battant, à dix heures battant.
2. Battant neuf = tout neuf. L'usage est partagé sur l'accord.
Recommandation Laisser battant invariable et accorder l'adjectif qui suit : des habits battant neufs ; une tenue battant neuve.
3. Battre son plein = être au plus fort de son activité. Le possessif s'accorde normalement avec le sujet du verbe. Les soldes battent leur plein.
Remarque L'expression vient du vocabulaire maritime (la mer bat son plein = est haute).
Orthographe et sens
Battre son plein → battre
● plein (expressions)
nom masculin
Le plein de quelque chose, le maximum : Le plein de la bousculade, c'est à 5 heures.
À plein, indique un rendement, un régime, une efficacité maximale.
Battre son plein, atteindre son point culminant ; être dans toute son animation.
En plein, pleinement, directement et avec force.
Familier. En plein dans, sur quelque chose, indique une forte intensité, un maximum ; juste, exactement, au beau milieu de.
Faire le plein (de), atteindre le maximum, remplir un lieu au maximum.
Faire le plein, remplir un réservoir.
● plein (homonymes)
nom masculin
plain
adjectif
plains
forme conjuguée du verbe plaindre
plaint
forme conjuguée du verbe plaindre
● plein (synonymes)
nom masculin
Synonymes :
- full
● plein, pleine
adjectif
(latin plenus)
Qui est fait dans un matériau qui ne comporte pas de vide ; se dit de ce matériau : Une porte pleine, en bois plein.
Se dit d'une forme ronde, potelée : Avoir des formes pleines.
Qui contient le maximum de choses, de personnes qu'il peut contenir ou accueillir : Mon verre n'est pas plein. La salle de théâtre était pleine.
Suivi d'un complément, indique une très grande quantité : Cette revue est pleine d'idées. Il est plein de bonne volonté.
Qui est à son plus haut degré : Être en pleine forme. C'est la pleine saison des soldes.
Qui est rempli d'un sentiment à un très haut degré : Je suis plein d'admiration pour elle.
Littéraire. Qui est exclusivement préoccupé de quelqu'un, de quelque chose : Ses lettres sont pleines de vous.
Mathématiques
Se dit d'un secteur angulaire dont la mesure en degrés est 360.
Œnologie
Synonyme de gras.
Zoologie
Se dit d'une femelle de mammifère en état de gestation.
● plein, pleine (difficultés)
adjectif
(latin plenus)
Orthographe
Plein, préposition ou adjectif. Dans des constructions comme : de la monnaie plein les poches, des souvenirs plein la tête, du shampooing plein les yeux, plein est employé comme préposition et ne s'accorde pas. Mais plein est adjectif et s'accorde dans : les poches pleines de monnaie, la tête pleine de souvenirs, les yeux pleins de shampooing.
Registre
Plein de, tout plein de : ces emplois relèvent de la langue familière, orale surtout.
Recommandation Dans la langue soignée, orale ou écrite, utiliser de préférence beaucoup de : il y a beaucoup de gens qui se sont enrichis dans ces spéculations (de préférence à : il y a plein de gens qui se sont enrichis...).
Orthographe
1. Travailler à plein temps, travail à plein temps, sans trait d'union.
2. Un plein-temps n.m. = un travail à plein temps, avec un trait d'union. Elle vient de quitter son emploi, elle cherche un plein-temps.
3. Plein-temps adj. inv. = employé à plein temps, avec trait d'union. Une secrétaire plein-temps.
● plein, pleine (expressions)
adjectif
(latin plenus)
À plein(s) + nom, pleinement, sans réserve : Crier à plein gosier. Respirer à pleins poumons.
À pleine(s) main(s), en tenant fermement ; en emplissant sa ou ses mains ; largement, avec libéralité.
Année pleine, année civile complète.
Avoir le ventre, l'estomac pleins, être repu, rassasié.
En plein + nom, au milieu, au cœur de quelque chose : Être en plein soleil.
Familier. Être plein (comme une bourrique, comme une outre), être complètement ivre.
Familier. Être plein comme un œuf, être rempli au maximum ; être repu.
Être plein de soi-même, infatué de sa personne.
Jour plein, de 24 heures.
Mois plein, mois de trente ou de trente et un jours.
Pleine mer, marée haute : La mer est pleine à cinq heures ; synonyme de haute mer : Gagner la pleine mer.
Travailler à temps plein, à plein temps, être employé dans une entreprise pendant la durée normale du travail.
Voix pleine, voix forte et sonore.
De plein champ, se dit des cultures annuelles horticoles, comme les légumes, réalisées sur les parcelles entrant dans un assolement de grande culture (céréales, betteraves, etc.).
Mur plein, sans portes ni fenêtres.
Pleins pouvoirs, autorisation de traiter définitivement au nom de la puissance ou de la personne qu'on représente.
Couleur pleine, couleur dont toutes les cartes sont maîtresses.
Main pleine, au poker, synonyme de full.
Mot plein, mot recouvrant une notion, une idée (par opposition à mot vide).
Pleine page, surface publicitaire occupant la totalité d'une page de journal.
● plein, pleine (homonymes)
adjectif
(latin plenus)
plain
adjectif
plain
nom masculin
plains
forme conjuguée du verbe plaindre
plaint
forme conjuguée du verbe plaindre
pleine
plaine
adjectif féminin
plaine
nom féminin
● plein, pleine (synonymes)
adjectif
(latin plenus)
Qui est fait dans un matériau qui ne comporte pas...
Contraires :
- ajouré
- creux
- évidé
Se dit d'une forme ronde, potelée
Synonymes :
- charnu
- dodu
- potelé
- rebondi
- replet
- rond
Contraires :
- décharné
- efflanqué
- émacié
- étique
- flasque
- maigre
Qui contient le maximum de choses, de personnes qu'il peut...
Synonymes :
- bondé
- bourré
- comble
- complet
- encombré
- noir
- rempli
Contraires :
- abandonné
- débarrassé
- dégagé
- désert
- déserté
- inoccupé
- vide
- vidé
Suivi d'un complément, indique une très grande quantité
Synonymes :
- débordant
- dévoré
- empreint
- inondé
Contraires :
- dénué
- dépourvu
- exempt
- libéré
- privé
- sans
Qui est à son plus haut degré
Synonymes :
- complet
- entier
Contraires :
- maigre
- partiel
Qui est rempli d'un sentiment à un très haut degré
Synonymes :
- imprégné
- obsédé
- pénétré
- pétri
- préoccupé
Contraires :
- débarrassé
- délivré
- détaché
Zoologie. Se dit d'une femelle de mammifère en état de gestation.
Synonymes :
- gestante
- gravide
Voix pleine
Synonymes :
- éclatant
- sonore
Contraires :
- cassé
- fluet
- voilé
Jeux. Main pleine
Synonymes :
- full
Synonymes :
- Œnologie. gras
plein, pleine
adj., adv., Prép. et n. m.
aA./a adj.
rI./r
d1./d Qui contient tout ce qu'il lui est possible de contenir (par oppos. à vide). Un verre plein, presque plein, à moitié plein.
|| (Avant le nom.) Une pleine bassine d'eau.
— (Précédé de à.) Puiser à pleines mains.
d2./d Qui contient toutes les personnes qu'il lui est possible de contenir. Le stade était plein, plein à craquer.
d3./d (Temps) Une journée bien pleine, bien remplie.
d4./d (Sens faible.) Plein de: rempli de; qui contient une grande quantité de, qui a beaucoup de. La place était pleine de gens.
— Une chemise pleine de taches, couverte de taches.
— (Abstrait) Une entreprise pleine de risques.
d5./d Qui porte des petits, en parlant d'une femelle animale. Cette vache est pleine.
|| être plein de qqch, de qqn, en être entièrement occupé. être plein de son sujet.
— être plein de soi: être infatué de sa personne.
rII./r
d1./d Dont la matière occupe la masse entière (par oppos. à creux). Brique pleine.
|| Par ext. (Personnes) Formes pleines, rondes, replètes.
d2./d Un son plein, riche, nourri.
rIII/r
d1./d Qui est complet, entier; qui est à son maximum.
— La lune est pleine, c'est la pleine lune, sa face visible apparaît éclairée tout entière.
— La mer est pleine: la marée est haute.
— Un jour plein: vingt-quatre heures.
|| Loc. adj. à plein temps: dont la durée égale celle de la journée légale de travail. Travail à plein temps.
— n. m. Un plein temps ou un plein-temps. Des pleins-temps.
|| Un salarié à plein temps, dont la durée de travail est un plein temps.
|| Loc. adv. Travailler à plein temps.
d2./d Total, entier. être en pleine possession de ses moyens.
rIV./r En plein(e) (+ subst.).
d1./d Au milieu (d'un espace, d'une durée). Perdu en plein désert.
— En pleine mer: au large.
— En plein air: dehors.
— En plein été: au milieu de l'été, au plus fort de l'été.
|| Au point, au moment le plus fort (d'un phénomène, d'un état). Tué en pleine gloire.
d2./d (Renforçant une localisation.) Façade exposée en plein sud ou, ellipt., plein sud, exactement au sud.
aB./a Prép. Autant qu'il se peut, beaucoup. Il y avait de l'eau plein la bouteille.
|| Loc. Prép. Fam. Plein de: beaucoup. Il y a plein de gens.
aC./a n. m.
d1./d Endroit, volume plein. Les pleins et les vides.
d2./d Partie grasse d'un caractère calligraphié (par oppos. à délié).
d3./d Le plein (de): l'état de ce qui est plein.
— Le plein de la mer: la marée haute.
— Battre son plein: être à son plus haut degré d'intensité. La fête bat son plein.
d4./d Faire le plein: emplir complètement le réservoir d'une voiture avec du carburant.
— Fig. Faire le plein de voix dans une campagne électorale.
⇒PLEIN, PLEINE, adj., adv., prép. et subst. masc.
I. —Adjectif
A. —Gén. postposé
1. [En parlant d'un contenant, d'un lieu]
a) Qui contient le maximum de choses ou de personnes. Synon. rempli. Panier plein; poches pleines; à demi-plein, plein à moitié, aux trois quarts plein. Les enfants qui se conduisaient comme de véritables voyous, parlant la bouche pleine, interrompant les grandes personnes, et pire (AYMÉ, Jument, 1933, p.159). Le verre resté plein devant le siège vide de Marino accrochait malgré eux les regards (GRACQ, Syrtes, 1951, p.125).
— Expr. fam.
♦[Le déterminé désigne une chose] (Être) plein à craquer. Être rempli à l'extrême. Synon. bondé. Dans la voiture, pleine à craquer, qui ramenait les deux familles Haudouin à la maison (AYMÉ, Jument, 1933, p.226). V. aussi infra D 1 a ex. de Cacérès. (Être) plein comme un oeuf. V. oeuf I C 3 a.
♦[Le déterminé désigne une pers. ou un groupe de pers.]
(Être) plein. (Être) rassasié. (Ds Ac. 1835, 1878). (Être) plein. (Être) ivre. Synon. saoûl, bourré (pop.). Ils descendirent la rue de Richelieu, assez d'aplomb sur leurs jambes, mais si pleins, que les trottoirs leur semblaient trop étroits (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p.192).
(Être) plein comme un boudin, comme une bourrique, comme un oeuf, comme une outre. (Être) complètement ivre. (Ds REY-CHANTR. Expr. 1979). V. bourrique B 2, oeuf I C 3 b ex. 9.
(Être) plein comme un oeuf. V. oeuf I C 3 b ex. 9.
Avoir le ventre plein. Être rassasié. La canaille avait le ventre plein, nos princes chassaient (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p.243).
— Expr. fig. et proverbiales
♦Les mains pleines. V. main 1re Section I D 1 a .
♦Fam. Être plein aux as.
♦La coupe est pleine. Synon. de la coupe déborde (s.v. coupe1 A 3). En ce qui vous concerne aussi, la coupe est pleine (GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, II, 2, p.99).
♦Quand le vase est trop plein, il faut bien qu'il déborde. Un sentiment contenu finit par éclater. (Ds Ac. 1798-1935).
[P. allus. à ce proverbe et à celui-ci: C'est la goutte (d'eau) qui fait déborder le vase] Ce n'est là que la dernière goutte qui fait déborder le vase déjà trop plein (LEDRU-ROLLIN, 1847 ds Doc. hist. contemp., p.187).
— Au fig. [En parlant d'un attribut de la pers. d'ordre intellectuel, moral] Qui contient un maximum de pensées, de sentiments, de connaissances. Coeur plein; âme trop pleine:
• 1. —La tête te fait mal? —Non. Elle ne fait pas mal comme aux autres; elle est pleine, voilà (...). On me laisse seul tout le temps, je peux pas parler, ça s'accumule dans moi...
GIONO, Colline, 1929, p.82.
♦[P. allus. à la phrase de Montaigne: Tête bien faite vaut mieux que tête bien pleine] Par la nature même de certaines épreuves, il est un examen de tête mal pleine, alors qu'il prétend honorer la tête bien faite (CAPELLE, Éc. demain, 1966, p.145).
b) Qui est tout entier rempli de la matière, de la substance qui lui est propre. Langouste bien pleine. Ah! le grenier aux provisions, les belles noisettes jaunes, les faînes bien pleines (...)! (PERGAUD, De Goupil, 1910, p.148):
• 2. Il découvre en un pré le plus beau des troupeaux,
(...)
Des brebis fléchissant sous le poids de la laine,
Et de qui la mamelle pleine
Fait accourir de loin les agneaux bondissants.
FLORIAN, Fables, 1792, p.40.
— [En parlant d'un objet fabriqué] Dont le matériau utilisé occupe tout le volume, qui n'a ni vide ni ouverture. Mur, volet plein; pneu plein; roue pleine. Il avait fait remplacer par une porte pleine la porte vitrée du cabinet de Cosette (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.528).
— Bois plein
♦ ,,Bois compact dont le tissu est serré`` (Ac. 1835-1935). Le bois du platane est plein, dur, très liant et fort lourd, susceptible d'un beau poli (BAUDRILLART, Nouv. manuel forest., t.1, 1808, p.254).
♦Bois massif. Transporter à dos ou sur les poings des meubles de bois plein (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.158).
— ZOOLOGIE
♦[En parlant d'une femelle] Qui est en gestation. Jument pleine. La vache pleine et dont le terme arrive Reste à l'étable (BARBIER, Ïambes, 1840, p.221).
Péj. [En parlant d'une femme] Tout de même, c'est bien vrai que ça ne vaut rien pour personne, de vivre les uns sur les autres. Ça finit toujours par des hommes saouls et par des filles pleines (ZOLA, Germinal, 1885, p.1276).
♦Hareng plein. Hareng ayant encore ses oeufs ou sa laitance. (Ds BAUDR. Pêches 1827).
— [P. méton.]
♦Son plein. [P. oppos. à son creux] Son donné par un objet qu'on frappe et qui n'est ni creux, ni vide:
• 3. Le roc ausculté rendit partout un son mat et plein; alors Argyropoulos se laissa couler au fond du puits, frappant le sol du pommeau de son kandjar, mais la roche compacte ne résonnait pas.
GAUTIER, Rom. momie, 1858, p.167.
♦MÉD. Pouls plein. Pouls d'une certaine dureté car l'artère est bien remplie. Le pouls battait 156 fois par minute, plein, dur, irrégulier et intermittent par intervalles (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p.744).
— P. anal.
♦[En parlant d'une partie du corps, parfois d'une pers.] Rond, potelé, charnu. Cou, visage plein; joues pleines. Elle était très femme, on devinait des formes pleines, une chair douillette et savoureuse (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.51).
♦Flancs pleins (d'un cheval). ,,Flancs qui ne sont ni creux, ni retroussés, ni coupés`` (Ac. 1835-1935).
2. [Avec une idée d'intens., de densité]
a) [En parlant d'une sonorité, d'une voix] Qui est net, fort, bien marqué. Anton. faible. Il avait conclu, d'une voix pleine, en marquant les virgules (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p.680).
b) [En parlant d'une durée] Qui est bien occupé, qui est rempli d'activités; qui est dense, intense. Journée pleine; existence pleine. Ce furent trois jours pleins, exquis, splendides, une vraie lune de miel (FLAUB., Mme Bovary, t.2, 1857, p.103). Vie occupée et pleine, où le dévouement se fait une place grandissante (AMIEL, Journal, 1866, p.309).
c) [En parlant d'une oeuvre humaine, d'un mode d'expression] Qui est riche, dense. Anton. creux, vide. Style plein:
• 4. ... la chose est bien dite dès que chacun l'entend; d'autant mieux dite qu'elle l'est plus brièvement, mérite non commun, savez-vous? ni facile, de clore en peu de mots beaucoup de sens. Oh! qu'une page pleine dans les livres est rare!
COURIER, Pamphlets pol., Pamphlet des pamphlets, 1824, p.217.
— LINGUISTIQUE
♦Mot plein. Mot lexical, par opposition au mot grammatical. Anton. mot vide:
• 5. La seule difficulté rencontrée est celle des mots qui, ayant une orthographe identique, sont «vides» dans un sens (Ex: son —adjectif possessif) et «pleins» dans un autre (Ex: son —substantif).
FUNCK, MOUREAU ds B. Bibl. Fr., t.11, 1968, p.340.
♦Au sens plein (d'un mot). Au sens fort, strict (d'un mot); dans l'acception la plus proche du sens originel (d'un mot). C'est le propre d'un artisan au sens plein du terme que d'être le conseiller éclairé et dévoué de ses clients (ROBERT, Artis., 1966, p.116).
B. —Gén. antéposé
1. [Plein, dans son sens quantitatif, joue le rôle d'intensif pour le subst. qu'il caractérise et qui est suivi ou non d'un déterminatif] Quant à Albert, il était en coquetterie avec une pleine voiture de paysannes romaines (DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.512). Cette année-là le vin fut aussi très bon, c'était un vin tendre; il y eut pleine récolte et pleines vendanges (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.202).
2. a) [En parlant d'un élément, d'un phénomène naturel ou dû à l'homme, d'un moment du temps] Qui est au maximum, dans toute l'intensité de ses caractéristiques. Plein été; plein jour; plein soleil. Le costume d'Anne était du plein moyen âge (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.213). Sous la pleine lumière du matin (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p.47).
— Rare. [L'adj. est postposé] C'était depuis longtemps nuit pleine (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p.300).
b) Spécialement
— ARBORIC. Arbre de (parfois en) plein vent. Arbre, le plus souvent arbre fruitier, exposé au vent de tous côtés, sans abri, sans espalier. Il avait salué les premiers vergers en fleurs, les premiers pêchers de plein vent, illuminés de neige rose (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.96). V. plein-vent, s.v. plein-.
— ASTRON. Pleine lune, lune pleine. V. lune B 2 b et C 1 fam., arg.
— AUTOMOB., AVIAT., MOTOCYCL., fam.
♦Mettre pleins gaz. V. mettre 1re Section I B 8 b.
♦(À) pleins gaz, plein pot (fam.). Avec toute la puissance du moteur, au maximum de la vitesse. Les Douglas, pleins gaz, filèrent obliquement (MALRAUX, Espoir, 1937, p.520). [Une moto six cylindres] va faire un malheur (...) chez les dingues du démarrage «plein pot» devant Sénéquier à Saint-Tropez (Le Point, 4 déc. 1978, p.123, col. 2).
— JEUX et SPORTS
♦Faire une pleine(-)eau. Nager à une certaine distance de la rive ou du rivage. Ils faisaient des pleine-eau ensemble, des pêches aux verveux (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p.51). Je descends au Pausilippe, je vais me plonger dans la mer, je fais une pleine eau (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.106).
♦BILLARD. Prendre une bille pleine. ,,La viser et l'atteindre avec la sienne de centre à centre`` (Ac. 1835-1935).
— MAR. La pleine mer
♦La marée haute. On voit le long des rivages plusieurs rochers applatis (...) qui lors de la pleine mer deviennent des îles (CRÈVECOEUR, Voyage, t.2, 1801, p.315).
Expr. La mer est pleine. La mer est haute et étale. La mer de toutes parts monte, et elle sera pleine à cette heure où se lève un petit vent (CLAUDEL, Échange, 1954, II, p.772).
♦Le large. On se reposait dans un pré, ayant (...) en face la pleine mer (FLAUB., Coeur simple, 1877, p.21).
— PEAUSS. [En parlant d'un cuir] Pleine fleur. Qui comporte ,,sa fleur d'origine sans qu'aucune pellicule de surface n'ait été ôtée par ponçage, effleurage ou refente [action de refendre]`` (RAMA 1973). Un siège Jean Prevost mise toujours sur la qualité (...) cuirs «pleine fleur» travaillés, tendus à la main; tissus sélectionnés et testés (L'Express, 14 mars 1977, p.90, col. 1).
— THÉÂTRE. Plein feu. ,,Intensité totale du courant dans un éclairage de scène`` (GITEAU 1970). Soudain, le plein feu est donné devant le cadre fixe et le rideau (CLAUDEL, Soulier, 1944, 1re part., 1re journée, 12, p.984). À plein feu. Avec cette intensité. Le mur d'Avignon n'est jamais éclairé à plein feu comme le mur d'Orange (SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p.81).
C. —Antéposé ou postposé. Entier, complet, sans restriction.
1. Le plus souvent antéposé
a) [En parlant d'une chose abstr.] L'imagination des habitants se donna pleine carrière (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p.171). Avec la pleine clarté de l'évidence (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p.77). Le droit plein à la vie par le travail (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p.219).
SYNT. Plein effet; plein épanouissement; plein succès; plein tarif; de (son) plein gré; plein exercice d'un droit; pleine confiance; pleine conscience; pleine liberté; plein et entier.
♦De plein droit. V. droit3 I C 2 c.
♦[En parlant d'une instit.] De plein exercice. Qui a une compétence complète dans son domaine. Bientôt, tous les collèges de plein exercice présentent une scolarité étalée sur six classes (Encyclop. éduc., 1960, p.125). Les recettes de plein exercice, où l'on peut effectuer toutes les opérations postales, financières, télégraphiques et téléphoniques et les établissements secondaires (Admin. P. et T., 1964, p.9).
♦En pleine propriété. V. propriété I B 3 b.
b) Spécialement
— DROIT
♦Pleins(-)pouvoirs
DR. INTERNAT. ,,Habilitation à négocier et conclure un traité international pour le compte d'un État`` (CAP. 1936). Le roi, le 17 octobre, envoya pleins pouvoirs à son ambassadeur (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.282).
DR. CONSTIT. Extension très large donnée par une loi à la compétence réglementaire d'un chef d'État, dans des circonstances graves. Loi des pleins pouvoirs. Même le système des pleins-pouvoirs temporaires implique certains dangers pour le maintien d'un régime démocratique (Univers écon. et soc., 1960, p.48-11).
P. ext., au sing. et au plur. Liberté d'agir. Elle m'assura (...) que son mari lui en avait donné plein pouvoir (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p.189). Vous avez pleins pouvoirs. N'hésitez pas à lire toute ma lettre à ces messieurs (HUGO, Corresp., 1865, p.512).
♦DR. DU TRAV. Temps plein. Synon. de plein(-) temps. [La SNCF] entretiendra à temps plein des agents d'exploitation (PINEAU, S.N.C.F. et transp., 1950, p.44). Législation du temps plein (Réforme hospit., 1959, p.5).
— ÉCON. Plein rapport.
2. Toujours postposé
a) [En parlant d'une division du temps] Dont la durée est entièrement écoulée; qui n'est amputée d'aucune fraction de sa durée. Intérêts et frais du mont-de-piété: (le mois commencé comptant pour un mois plein) (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.442). Il attendit huit jours pleins (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.855).
— ASTRON., MÉTROL. Mois plein. Mois lunaire de 30 jours (par opposition au mois cave de 29 jours). V. cave1 ex. 3.
b) JEUX (roulette). Numéro plein. Numéro entier choisi par un joueur pour placer sa mise (par opposition avec une disposition relevant de plusieurs numéros) et rapportant au joueur trente-cinq fois sa mise, c'est-à-dire le maximum, si ce numéro sort. Il ne jouait que des numéros pleins au-dessous de dix, avec une préférence pour le 1 et le 2 (Jeux et sports, 1967, p.478).
c) LING. Forme pleine. Forme entière d'un mot par opposition à sa forme plus courte, abrégée. Anton. forme réduite. (Ds Ling. 1972).
D. — Plein de
1. Qui est rempli de, qui contient beaucoup de, où il y a beaucoup de.
a) [En parlant d'un contenant, d'un lieu; le compl. de l'adj., au sing. ou au plur., désigne qqc. de concr.] Plein d'eau; plein de fleurs; yeux pleins de larmes; plein de monde. Si elle ne le rapportait pas [un panier] plein de pissenlits, on la renfermerait avec les rats, pour la nuit entière (ZOLA, Germinal, 1885, p.1372). Le théâtre était plein à craquer d'un public jeune, attentif, qui voulait participer (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p.155).
— Expressions
♦Fam. [Le déterminé désigne une pers.] (Être) plein de vin. (Être) ivre. Plein de vin comme je l'ai laissé, il a dû succomber sans débat à quelque bonne congestion cérébrale (ABOUT, Roi mont., 1857, p.221).
♦Fam. ou péj. Gros plein de soupe. Homme gros et vulgaire. La belle indifférence de ce gros plein de soupe (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 2e part., II, p.109).
— En partic. [En parlant d'un objet concret envisagé du point de vue de sa surface] Qui est couvert de. Ton jeune corps maladif, Plein de taches de rousseur (BAUDEL., Fl. du Mal, 1857, p.147).
b) [En parlant d'une pers., d'un animal ou d'une chose; le compl. de l'adj. désigne qqc. d'abstr.]
— [Le compl. est au plur.] Dictée pleine de fautes; morceau plein de fausses notes. [Paludes] c'est plein de calembours, et de calembours que je ne comprends pas (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p.153). Il était plein à déborder de paroles nouvelles, de confessions prêtes (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.207).
— [Le compl. est au sing.] Joli village surmonté d'une vieille église pleine de caractère (BALZAC, Lys, 1836, p.31). Le jeune officier s'inclina avec une politesse pleine d'élégance (DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.574).
SYNT. Plein d'admiration, d'amour, d'angoisse, d'ardeur, d'assurance, de bon sens, de courage, d'espoir, d'esprit, de feu, de grâce, de joie, de sagesse, de santé, de tendresse.
♦Rare, en empl. subst. [Pour désigner des pers.] L'on voyait couramment des pleins de vie de la quarantaine consulter les vieillards (AYMÉ, Jument, 1933, p.154).
c) Sous la forme fam. tout plein de. Ciel (...) tout plein d'étoiles (MILLE, Barnavaux, 1908, p.273). Toi, tu es tout plein de bon sens! (GYP, Souv. pte fille, 1928, p.228).
2. [Avec une idée d'intens.]
a) [En parlant d'un objet, d'un lieu] Qui est rempli de (la présence de quelqu'un), qui est marqué par (quelqu'un). Là [à Chambord], tout est plein de ses aïeux (COURIER, Pamphlets pol., Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.78).
b) [En parlant d'une pers. ou d'un de ses attributs] Qui est entièrement occupé, absorbé par (quelqu'un), par (quelque chose). Synon. pénétré de. Être plein de son sujet. Je me réveille plein de toi (NAPOLÉON Ier, Lettres Joséph., 1795, p.9). L'esprit toujours plein de votre théorie (DELÉCLUZE, Journal, 1827, p.412).
♦Plein de soi-même, plein de son importance. Imbu de soi-même. Synon. infatué. L'homme orgueilleux, vaniteux, plein de lui-même (Divin. 1964, p.221).
c) Sous la forme fam. tout plein de. La pièce encore toute pleine de la jeune fille (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p.660).
E. — À, en plein + subst. [Équivaut à un adj. ou à un adv. selon le cont.]
1. À plein + subst. [Implique une notion de quantité ou d'intens.] À plein nez; à plein gosier; à pleine bouche; à pleins bras; à pleins poumons; à pleines dents; à plein rendement. Je pousse les betteraves du hangar à l'étable à pleines brouettes (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p.23).
a) À plein(s) bord(s). Jusqu'au bord. Synon. à ras bords. Rivières coulant presque à plein bord (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p.156).
b) À plein feu. V. supra B 2 b théâtre.
c) À plein temps. V. plein(-)temps.
d) À plein(s) tube(s) (pop.). Avec un maximum de volume sonore. La radio gueule à plein tube (CAR. Argot 1977).
— Au fig. Beaucoup, complètement. Et je te déconne à pleins tubes! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.497).
— Fam., vieilli. [En parlant d'une étoffe, d'un drap] À pleine main. Qui est épais, bien fourni, moelleux. Cette étoffe est à pleine main (Ac. 1835, 1878).
f) À pleine tête (vieilli). À tue-tête. Un charlatan crioit à pleine tête (FLORIAN, Fables, 1792, p.193).
g) À pleine voix. Avec toute la puissance de la voix. L'élève entreprendra l'exercice suivant en arpèges; d'abord à pleine voix (HOLTZEM, Bases art chant, 1865, p.132).
i) À pleines voiles. Avec le maximum de voilure dont le vent vient frapper toute la surface. Quelques barques de pêcheurs passaient à pleines voiles (LAMART., Voy. Orient, t.2, 1835, p.82).
j) Région. (Canada)
— À plein temps. ,,À ne voir ni ciel ni terre`` (Canada 1930). Il neigeait à plein temps (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.96).
— [Dans le vocab. de la culture du foin, des céréales] À pleines clôtures. En abondance. Mais il savait que, dans ce sol alluvial où l'on chercherait vainement un caillou, le sarrasin, le foin, l'avoine lèveraient encore à pleines clôtures pour de nombreuses récoltes (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.19).
2. En plein + subst. Au milieu, au coeur d'un lieu, d'une matière, d'un moment du temps, d'un événement, d'une action. Je ne demande pas absolument que vous me fassiez cela en plein jour, en plein Paris (BOREL, Champavert, 1833, p.194). Je serais entrée en pleine révolte (SAND, Hist. vie, t.2, 1855, p.250). Nous sommes en plein orage. Les volets battent (GIRAUDOUX, Sodome, 1943, I, 2, p.51).
SYNT. En plein champ, en plein ciel, en plein désert, en plein milieu; en pleine campagne, en pleine forêt, en pleine mer, en pleine nature, en pleine rue; en pleine ville; en plein été, en plein hiver, en plein midi, en plein nord; en plein XXe siècle; en pleine nuit, en plein soleil, en pleine lumière; en plein coeur, en plein visage; en pleine figure, en pleine poitrine; en plein vol; en plein drame; en pleine activité, en pleine bataille, en pleine crise, en pleine retraite; en plein essor; en pleine forme; en pleine connaissance de cause.
a) En plein air. V. plein(-)air.
b) En plein bois (ou en plein + terme spécifique). Dans le coeur du bois (d'un bois particulier). De bons gros sabots de champs, taillés en plein hêtre (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.57).
c) En plein cintre. V. plein(-)cintre.
d) En plein vent. Au vent, sans abri. Devant un étalage en plein vent (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.486). V. aussi supra B 2 b arboric.
e) AGRIC. En pleine terre. À même le sol et non dans un pot; en plein air et non en serre. Le myrte et le laurier croissent en pleine terre (CHATEAUBR., Mém., t.1, 1848, p.550).
f) Expressions
— Peindre en pleine pâte.
— Tailler en plein drap. ,,Tailler dans une pièce de drap, y prendre tout ce qu'il faut pour faire un habit, sans être gêné par l'aunage`` (Ac. 1835, 1878).
♦Au fig. V. drap A 2 a.
II. —Loc. adv. À plein, en plein
A. —À plein. Complètement, dans sa totalité, dans toute sa plénitude, dans toute son intensité, au maximum.
1. [Dans un cont. concr.] La lumière de la lampe tombant à plein sur le front blanc (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p.99). L'eau coulait à plein. L'herbe chantait, comme du vent (GIONO, Colline, 1929, p.23).
— Région. (Canada). ,,Beaucoup, en abondance, en grande quantité, en foule. C'est beau à plein. Il y a des patates à plein`` (Canada 1930).
2. [Dans un cont. abstr.] Jouer à plein; utiliser qqc. à plein. La vie prise à plein (RENAN, Avenir sc., 1890, p.465). Pour la première fois Nerval a donné à plein dans le mythe (DURRY, Nerval, 1956, p.35).
— Vieilli, rare. À pur et à plein. Entièrement. Absous à pur et à plein (Ac. 1835, 1878). Soldé à pur et à plein (Ac. 1835, 1878).
B. —En plein
1. Entièrement. Cette fois je suis bien réveillé (...). Tu as fini par me réveiller en plein. Tu es content? (GIONO, Batailles ds mont., 1937, p.199).
— Sous la forme vieillie ou littér. tout en plein. Ses bas de soie troués qu'elle me faisait voir tout en plein en s'enfuyant (MÉRIMÉE, Carmen, 1845, p.37). Ne l'ai-je pas gagné [un procès] l'autre jour tout en plein? (AUGIER, Jeunesse, 1858, p.323).
2. [Avec une idée suppl. de localisation] Directement et entièrement.
a) [Dans un cont. concr.] En plein dessus. Au moment de la nouvelle lune, le soleil éclaire en plein l'hémisphère terrestre tourné vers notre satellite (FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p.197). Le soleil tapait en plein sur le mur blanc (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.106).
b) [Dans un cont. abstr.] J'ai donné dans la charte en plein (COURIER, 1825 ds Rec. textes hist., p.189). [La mystification] est telle, que beaucoup d'hommes sérieux donnent dedans en plein (SAND, Corresp., t.3, 1848, p.44).
c) Fam. En plein dedans. V. dedans I B 2.
3. Région. (Canada). Exactement, tout à fait. C'est en plein la femme pour réchauffer la paillasse d'un vieux (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.238).
III. —Mot inv. à valeur d'adv.
A. —1. [Le plus souvent sous la forme fam. tout plein] Très, beaucoup, entièrement. Aimer tout plein; tout plein gentil. Des tas de copeaux énormes, amusants tout plein (ZOLA, Assommoir, 1877, p.519). Le jour était maintenant plein levé (GIONO, Chant monde, 1934, p.195).
2. [Modifie un point cardinal à valeur d'adj. ou d'adv.] Complètement, tout à fait. Il faut donc faire route ouest plein (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p.156). Vent plein sud (LA HÊTRAIE, Chasse, vén., fauconn., 1945, p.153). V. aussi nord D 2 ex. de Cendrars.
3. [Dans des loc. verb.]
• 6. ... un soir, j'ai eu bien peur (...) parce qu'une jarre avait sonné plein. Oui, je tape du pied, ça sonne plein. Je reste cloué. Je me dis: de l'eau? Non, il n'a pas plu...
GIONO, Eau vive, 1943, p.13.
b) MAR. Porter plein. Gouverner de telle sorte que les voiles soient suffisamment gonflées par le vent pour ne pas fas(s)eyer. Nous hissâmes le foc et la grande voile, nous portâmes plein, et nous nous élançâmes avec audace vers le large (BAUDEL., Avent. Pym, 1858, p.8). (Gouverner) bon plein. ,,Au plus près sans chicaner le vent`` (SOÉ-DUP. 1906). (Gouverner) près et plein.
B. —Fam. [Avec un verbe autre qu'un verbe d'état] Plein de + subst. au sing. ou au plur. Un grand nombre de, une grande quantité de. Vous auriez vu plein d'Anglaises à voile vert (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.140). Tu as plein de rouge à lèvres sur la figure (COCTEAU, Parents, 1938, I, 4, p.209).
— Sous la forme tout plein de. Ernest IV avait tout plein de bonnes petites vertus (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.106). Il doit y avoir tout plein de fleurs, des cerisiers sauvages et des épines blanches qui sentent si bon (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.57).
IV. —Mot inv. à valeur de prép. [Indique la contenance totale, une grande quantité dans un contenant, un grand nombre]
A. —[Dans un cont. concr.] M. Vyder (...) leur a donné de l'argent... Oh! plein un sac! (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p.408). De jolis mômes qui ont des croûtes plein la figure! (ZOLA, Assommoir, 1877, p.396). Il y a des petites filles comme celle que vous me décrivez plein les rues (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.61).
— Sous la forme fam. tout plein. Un costume de sauvage (...) avec des sonneries de métal tout plein les manches (GONCOURT, Journal, 1861, p.887).
— Expr. pop. S'en foutre plein la lampe, plein le lampion.
B. —[Dans un cont. abstr.] De la rage plein la tête (GIONO, Colline, 1929, p.173). De l'amitié plein la voix (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.36).
— Expr. fam. ou pop.
♦En avoir plein (+ une partie du corps: le cul (v. cul I A 1 f ), le dos, les bottes (v. botte2 B 1 c arg.), les pattes (v. patte1 B 4), etc.). Être fatigué, en avoir assez. J'en ai, quant à moi, plein le dos, révérence parler (FLAUB., Corresp., 1872, p.403).
♦En avoir plein la bouche. Parler beaucoup de quelqu'un, de quelque chose, avec enthousiasme, respect, admiration. Quand je parle d'eux, j'en ai plein la bouche (RENARD, Journal, 1900, p.589). «La vie»: ils en ont plein la bouche (L. FEBVRE, De Spengler à Toynbee, [1936] ds Combats, 1953, p.141).
♦En jeter, en mettre plein la vue à qqn.
V. —Subst. masc.
A. —[Avec une idée de quantité]
1. Ce qui remplit entièrement quelque chose.
a) Expressions
) Faire le plein de + subst. indiquant la nature du contenant ou du contenu. Remplir entièrement un contenant de quelque chose. Ils avaient roulé toute la nuit, avaient mangé leurs sardines et vidé les bidons (...). Aux haltes, ils se vidaient et faisaient le plein des bidons (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p.6). On employa le lendemain à faire le plein d'eau et de bois pour se rendre le plus tôt possible en Espagne (CHARCOT, Chr. Colomb, 1928, p.173).
— En partic. Remplir entièrement de carburant le réservoir d'un véhicule à moteur. [Le docteur] faisait le plein de son réservoir à la pompe des demoiselles Simplicie (BERNANOS, Crime, 1935, p.834).
♦[P. ell. du compl.] J'ai besoin d'une auto tout de suite; avec de l'essence pour deux cents kilomètres. (...) «C'est une chance qu'on ait fait le plein hier...» (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.196).
— [Plein est empl. avec d'autres verbes que faire] On venait de finir le plein des chaudières (A. DAUDET, Jack, t.2, 1876, p.111). Nous poursuivrions le voyage, une fois achevé le plein d'essence, et atterririons à Casablanca (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p.151). Par précaution, compléter le plein dès qu'il ne reste plus que cinq litres de carburant (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p.344).
— P. anal. ou au fig. Rassembler le maximum de personnes ou de choses; recueillir quelque chose au maximum. Je faisais mon plein de récréation (ARNOUX, Chiffre, 1926, p.101). Faire le plein des voix de gauche (L'Express, 16 janv. 1967, p.24, col. 3).
♦[P. ell. du compl.]:
• 7. Peu de participation effective et même peu de présents aux réunions; une vie sporadique, avec des pointes dans les grandes occasions où on «fait le plein» et, le reste du temps, l'activité syndicale assurée par une poignée de militants bénévoles, surchargés de travail...
REYNAUD, Syndic. en Fr., 1963, p.122.
) Pop. Avoir son plein. Être ivre. Ça: c'est Mary-Saloppe, elle a son plein et dort (CORBIÈRE, Amours jaunes, 1873, p.197).
b) DR. MAR. ,,Chargement complet du navire`` (CAP. 1936).
c) Trop(-)plein.
2. a) Ce qui est entièrement rempli de quelque chose, en particulier de sa substance. Il résulte de cet ouvrage (d'une dentellière) des pleins ou des vides qui forment un tissu plus ou moins varié (CHATEAUBR., Lettre sur art dessin ds pays., 1795, p.5). Lumière (...) segmentée par les pleins des volets (PROUST, Prisonn., 1922, p.330).
b) P. anal. Ce qui est bien rempli, rond dans un corps humain. Le plein d'un corps vu de dos, bien en chair (GONCOURT, Journal, 1894, p.688). Depuis la tête et le plein du cou jusqu'aux beaux pieds (GIONO, Gd troupeau, 1931, p.71).
c) Spécialement
— ARCHITECTURE
♦Les pleins. Les parties solides, continues, non ajourées. Anton. les vides. Quoique les pleins dominent [dans la cathédrale de Côme], la variété et la finesse ne manquent point (TAINE, Voy. Ital., t.2, 1866, p.421).
♦Le plein d'un mur. La partie massive d'un mur, sans ouvertures (d'apr. CHABAT 1876).
— CALLIGRAPHIE, IMPR. Trait épais, appuyé d'un caractère (p.oppos. au délié). Je me sentais fort ennuyée de copier tous les jours un alphabet et de tracer des pleins et des déliés en caractères d'affiche (SAND, Hist. vie, t.2, 1855, p.257).
— PHILOS. Le plein. L'espace supposé entièrement rempli de matière. Pour l'école d'Abdère, le fond de toutes choses est la matière, le plein, consistant en atomes indivisibles, au sein de l'espace vide (COUSIN, Hist. gén. philos., 1861, p.109).
B. —[Avec une idée d'intens., de maximum]
1. État de quelque chose, parfois de quelqu'un, qui est au maximum, dans toute l'intensité de ses caractéristiques. Le plein de l'été, de l'hiver. Malgré l'air marin qui souffle son plein (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1898, p.319). Le plein de la saison du hareng (BOYER, Pêches mar., 1967, p.61).
— Expr. [Le suj. désigne une pers. ou une réalisation hum.] Donner son plein. Donner toute sa mesure. La «civilisation du livre» (...) donna son plein (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p.29).
— Au plein de, dans (en) le plein de. [Saint-Simon] nous la montre encore dans le plein de sa beauté (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.5, 1852, p.405). [Le pain] est devenu l'aliment unique, également comestible pour tous: l'enfant, l'homme en son plein, le vieillard (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.250). Nous irons, m'a-t-il dit, dans le plein des collines jusqu'à la veine des sources (GIONO, Manosque, 1930, p.92). Jusqu'au plein du Moyen Âge chrétien (Philos., Relig., 1957, p.4-13).
— En partic. Le plein (de la lune). La phase correspondant à la pleine lune. La lune était alors dans son plein, on voyait aussi nettement les objets que dans le jour (SAND, Valentine, 1832, p.161).
— MARINE
♦Le plein (de la mer, de l'eau). La marée haute. Roches dont les têtes seulement émergeaient alors, car on était au plein de la mer (VERNE, Île myst., 1874, p.61). On les munit [les écluses] de portes étanches qu'on ouvre un peu avant le plein et qu'on ferme au commencement du jusant (BOURDE, Trav. publ., 1929, p.269).
♦Le plein. Synon. de plain II B 2. Ai fait atteler, —partis pour le plein par les dunes et les sables mouvants (BARB. D'AUREV., Memor. pour l'A... B..., 1864, p.430). [Le suj. désigne un bâtiment] Aller, venir, se mettre au plein. S'échouer. Si le Saint-Jean vient au plein, il sera brisé en miettes (MALOT, R. Kalbris, 1869, p.21).
♦Expr. Battre son plein
[Le suj. désigne la mer] Battre le rivage à marée haute. J'entendis la mer battre son plein sous la falaise (MALOT, R. Kalbris, 1869, p.85).
Au fig. [Le suj. désigne une chose, parfois une pers.] Être au fort de son activité, de ses capacités. La fête bat son plein. Il trouvait que madame de Vonancourt, jolie, élégante, battant son plein, était tout à fait la femme qu'il lui fallait (GYP, Leurs âmes, 1895, p.307).
Rem. Certains puristes ont émis l'hypothèse que dans cette expr., son était subst. (et non poss.) et plein adj. (et non subst.) à l'image, p.ex. d'une cloche qui battrait (un) son plein (v. supra I A 1 b [p.méton.]). Cela donnerait au plur.: des fêtes battent son plein (et non des fêtes battent leur plein). Les linguistes s'accordent pour dire que cette hypothèse est une erreur, que l'expr. se rapporte au lang. de la mar. et qu'il convient d'accorder au plur. (v. p.ex. THOMAS 1956, COLIN 1971, DUPRÉ 1972).
2. ASSUR. ,,Somme maxima que la société d'assurance peut, aux termes de ses statuts, assurer sur un seul risque, sans réassurance`` (CAP. 1936):
• 8. ... le plus souvent, une société, si puissante soit-elle, ne peut, à elle seule, assurer un navire ou une cargaison (...). Plusieurs compagnies sont alors appelées à concourir pour couvrir un risque, en fonction de leurs «pleins».
M. BENOIST, PETTIER, Transp. mar., 1961, p.170.
VI. —[Plein est mis pour plain ou prin]
1. Adjectif
a) Pleine campagne. En face, par-dessus les toits, la pleine campagne s'étalait à perte de vue (FLAUB., Mme Bovary, t.2, 1857, p.46).
b) De plein fouet
— Tir de plein fouet. Pas une muraille ne fut capable de supporter un tir de plein fouet (LEDIEU, CADIAT, Nouv. matér. nav., 1890, p.72).
— De face, violemment. Frapper de plein fouet. Sur la nationale, le vent me prend de plein fouet (GIONO, Gds chemins, 1951, p.216). Un train de passagers a heurté de plein fouet sur une voie unique une locomotive diesel qui venait en sens inverse (L'Est Républicain, 12 oct. 1985, p.434).
♦Au fig. V. fouet A 1 c.
c) MAR. Pleine mer. V. supra I B 2 b.
d) HÉRALD. Écu plein (LITTRÉ). La branche aînée de cette maison portait les armes pleines (Ac. 1835-1935).
e) De plein(-)pied. Petite porte qui donne de plein-pied dans la campagne (GUILBERT DE PIXER., Victor, 1798, I, 1, p.3). Obstacles que l'on peut aborder de plein pied (LEDIEU, CADIAT, Nouv. matér. nav., 1890, p.64).
f) Terre-plein.
2. Subst. masc., MAR. V. supra V B 1 a.
B. —[Plein est mis pour prin «premier» (v. primesaut étymol. et hist.)] Vieilli. De plein saut, d'un plein saut
1. Franchir un fossé de plein saut. Le franchir ,,en sautant d'un bord à l'autre`` (Ac. 1798-1878).
2. Au fig. Du premier coup, d'un seul coup. Les hommes de cette Péninsule [l'Espagne] avaient franchi deux de leurs siècles d'un plein saut (CHATEAUBR., Congrès Vérone, t.1, 1838, p.61). Quelques oeuvres (...) l'avaient mis de plein saut au rang des maîtres (FEUILLET, Sibylle, 1863, p.207).
REM. 1. Plénifier, verbe trans., hapax. Donner toute sa plénitude, toute son intensité (à quelque chose). Dieu sur la croix consolide et plénifie cette parole qu'il a proférée le sixième jour, quand (...) il déclara que toutes choses étaient bonnes et très bonnes (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p.154). 2. Plénifiant, -ante, adj., hapax. Qui rend plein (d'une chose concrète ou d'un aspect de plénitude intérieure, de bien-être). À chaque dilatation de ses poumons plénifiante il découvre en lui-même quelque chose d'immense (CLAUDEL, Visages radieux, 1947, p.778).
Prononc. et Orth.:[], fém. []. Homon. plain. Confusion plain/plein. V. plain. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. ca 1050 fig. «dominé par, empli du sentiment, de l'idée de» (Alexis, éd. Chr. Storey, 136); 2. a) ca 1100 «empli, dont l'espace intérieur est totalement occupé» (Roland, éd. J. Bédier, 3686); b) ca 1100 antéposé, dans un syntagme désignant le contenu ou la taille de quelque chose pour indiquer une quantité (ibid., 3606); c) ca 1170 «occupé par autant de personnes que prévu, complet» (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 562); d) ca 1220 «empli de nourriture» (G. DE CAMBRAI, Barlaam et Josaphat, 12180 ds T.-L.); 1450 yvre et plenne de vin (Archives du Nord, B 1684, f° 151 v° ds IGLF); 1640 (OUDIN, p.431: plein —i.yvre ou saoul); e) [1886 d'apr. ESN. «bien en fonds» en parlant d'un joueur] 1901 arg. «riche» (BRUANT) [1909 d'apr. ESN.] plein aux as prob. en rapport avec le terme du jeu de poker full; 3. a) ca 1100 «étant dans toute son ampleur, sa puissance`` (Roland, 1204); b) déb. XIIes. précédé de la prép. à «dans toute la force, la puissance, avec la totalité de» (St Brendan, 1669 ds T.-L.); c) ca 1160 «au moment où elle est entière (lune)» (Eneas, 1115, ibid.) d) 1160-74 «total, sans restriction» plain cungié (WACE, Rou, éd. A.-J. Holden, II, 387); ca 1208 plain pooir (VILLEHARDOUIN, Conquête Constantinople, éd. E. Faral, § 11, t.1, p.14); e) 1176-81 précédé de la prép. en «au milieu de, dans son moment le plus fort» an plainne cort (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier lion, éd. M. Roques, 3668); XIIIes. en plain aoust (Rêveries ds BARTSCH Chrestomathie, 74, 18, p.237); f) ca 1225 «qui est au moment le plus fort, exactement dans son maximum» plains miedis (GAUTIER DE COINCY, Miracles Notre Dame, éd. F. Koenig, I Mir 37, 365, t.3, p.88); 4. a) ca 1100 «dans toute sa durée» (Roland, 2); ca 1485 ses jours plains «son compte de vie, l'âge de mourir» (Vieil Testament, XXX, 27078, éd. J. de Rothschild, t.3, p.425); b) 1810 «dont la durée est tout entière occupée, empli d'activité» (STENDHAL, Journal, p.68); 5. a) fin XIe-déb. XIIes. «ferme, replet» (ALBERIC DE BESANCON, Alexandre, éd. E. C. Amstrong, Elliott Monographs, t.3, p.40, v. 68); b) 1538 «massif, constitué d'une matière dense» (EST., s.v. gravidus); c) 1580 fig. «dense, riche, de grande valeur intellectuelle» (en parlant de livres) (MONTAIGNE, Essais, II, XII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.569); 1588 «id.» en parlant du langage (ID., ibid., III, V, p.873); d) 1690 «épais» (en parlant d'un trait ou d'un caractère d'écriture) (FUR.); 6. a) 1155 «dans lequel, sur lequel il y a beaucoup (de)» (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 11543); b) ca 1140 fig. «dont le caractère, l'esprit ou la personnalité présente beaucoup de» (Pélerinage Charlemagne, éd. G. Favati, 438); c) ca 1176 «riche en» (Cligès, éd. A. Micha, 3264); 7. 2e moit. XIIIes. «en gestation, enceinte» (Gaufrey, 318 ds T.-L.); 8. 1549 plain saut pour prin saut, v. primesaut (RONSARD, Aventurée du Roi, 130, OEuvres, éd. P. Laumonier, t.1, p.23). B. Prép. inv. 1. déb. XIIes. «autant que ce que désigne le subst. peut en contenir ou en offrir» (St Brendan, 1578 ds T.-L.: Plein un sacel); 2. 1176-84 «en grande quantité, en abondance dans ou sur» (Eraclius, 6325, ibid.). C. Loc. adv. 1. déb. XIIes. a plein «complètement, entièrement» (St Brendan, 600, ibid.); 2. 1734 en plein «totalement, directement» (MARIVAUX, Le Paysan parvenu, p.60). D. Adv. 1. ca 1268 tout plain de «beaucoup de» (BRUNET LATIN, Trésor, 41 ds T.-L.); 1903 plein de «beaucoup» (Nouv. Lar. ill.); 2. ca 1200 tout plein «tout à fait» (Beuve de Hantone [Anglo-norm.], éd. A. Stimming, 633); 3. 1736 porter plein (AUBIN, Dict. de mar., p.726); 4. 1784 verser plein (DIDEROT, Jacques le fataliste, p.523); 5. 1943 sonner plein (supra ex. 8). E. Subst.1. 1174-76 «la totalité (de quelque chose)» (G. DE PONT STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 164); 2. ca 1340 «état de ce qui est à son maximum, milieu de» (Batard de Bouillon, 5490 ds T.-L.); 1552 la Lune en son plein (RONSARD, Odes, V, IX, 50, éd. P.Laumonier, t.3, p.167); 3. a) 1580 «espace constitué d'un ensemble continu de matière» (p.oppos. au vide) (MONTAIGNE, op. cit., II, XII, p.539); b) 1636 «partie pleine de quelque chose» le plein de la jambe (MONET); c) 1680 «partie large d'un trait d'écriture, d'un caractère» (RICH.); 4. 1626 (la mer) au plein «à marée haute» (D'AUBIGNÉ, Hist. universelle, XI, III, éd. A. de Ruble, t.7, p.29); 1851 battre son plein au propre en parlant de la mer et, par image, en parlant du maximum de quelque chose (BARBEY D'AUREVILLY, Vieille maîtresse, II, III ds ROB.); 5. 1636 «état de ce qui est rempli» le plein de la bourse (MONET); 1863 faire le plein d'eau (BELLOT, Voyage mers polaires, p.105); 1911 faire le plein d'essence (ROZET, Défense et Illustr. de la Race Française ds PETIOT 1982); 6. 1873 assur. (Journal des actuaires fr., janv., t.2, p.88 ds LITTRÉ Suppl.). F. Adj. 1. 1350 draps pleins (p.oppos. à rayés) (Ordonnances des rois de France, t.2, p.397); ca 1465 velours plein (G. CHASTELLAIN, Chron., VI, XVII, éd. Kervyn de Lettenhove, t.4, p.78); 2. ca 1280 armes plaines (GIRARD D'AMIENS, Escanor, 3761 ds T.-L., t.7, col. 1026); 1606 Pleines Armes (NICOT). Du lat. plenus «plein, complet, entier, abondant en». La collision homon. avec les formes issues du lat. planus (v. plain chant et plain pied) est à l'orig. des empl. notés en F et qui proviennent de ce dernier étymon. Le rattachement à l'un ou à l'autre étymon est parfois moins sûr, d'autant que l'étymol. seconde a pu jouer; cf. p.ex. le sens actuel de pleine terre qui désignait un terrain découvert en a. fr. d'apr. planus «plat, uni, net» (Roland, 3294) et plein subst. «partie pleine d'un mur» ds FEW t.9, p.27a sous l'étymon planus qui semble plutôt correspondre au sens noté ici en E 3 b alors qu'on trouve en a. fr. plain «partie plane, plate, d'un mur» (VILLEHARDOUIN, Conquête Constantinople, éd. E. Faral, § 243, t.2, p.44) ou encore l'expr. de plein fouet (1865, LITTRÉ) où plein, avec le sens de «à l'horizontale» peut être rattaché à planus comme dans l'expr. de plein vol en a. fr. (Renard, éd. E. Martin, XIII, 446, t.2, p.55) ainsi que le terme de mar. (supra V B 1 a et Étymol. et Hist. E 4) rattaché à l'a. fr. plain «rivage plat» (FEW t.9, p.30a). Fréq. abs. littér.:27424. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 29606, b) 47337; XXes.: a) 46585, b) 37986. Bbg. CORBETT (N. L.). Encore une fois pleine sa hanste. R. Ling. rom. 1969, t.33, pp.349-352. — MANTOU (R.). La Lexicalisation dans la tournure adj. In:[Mél. Pohl (J.)]. Bruxelles, 1980, p.149. — MÉRIZ (D. T.). Encore une fois pleine sa hanste. Romania. 1973, t.94, pp.549-554. — QUEM. DDL t.12 (s.v. plein le dos), 19 (id.). — ROSS (D.). Med. Aevum. 1951, t.20, pp.1-10. — ROTHWELL (W.). Archivum Linguisticum. 1955, t.7, pp.87-95. — SPITZER (L.). Il a de l'argent plein la poche. Fr. mod. 1939, t.7, pp.329-334; 1940, t.8, pp.117-119. — STEINMETZ (H.). Galloromanische Bezeichnungen für betrunken... Bonn, 1978, pp.83-85.
plein, pleine [plɛ̃, plɛn] adj.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland; lat. plenus.
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I (Sens fort).
A Qui contient toute la quantité qu'il peut contenir; dont le contenu occupe toute la place.
1 (Choses). || Un verre plein (→ Pari, cit. 1), une boîte pleine. ⇒ Rempli. || Fût, réservoir plein (→ Dénaturer, cit. 2; épancher, cit. 12). || Bourse pleine. || Coupe (→ Immortel, cit. 16), verre plein jusqu'aux bords, à ras bords (⇒ Ras), par-dessus bords (⇒ Comble, débordant). || Valise trop pleine (→ Dessus, cit. 7), pleine à craquer. || Rendre plein. ⇒ Emplir, remplir. || Maintenir un tonneau plein (⇒ Rembouger), un réservoir plein (→ ci-dessous, V., A., 3., Faire le plein). — ☑ Loc. fam. N'en jetez plus, la cour est pleine ! : en voilà assez sur ce sujet, cela suffit.
1 (…) il m'oblige à venir tous les jours (…) remplir cette outre de sable au bord de la mer (…) si l'outre n'est pas bien pleine, il me fait fouetter.
Hugo, le Rhin, XXI, VI.
2 (…) l'armoire des ouvrages réservés, qui devenait pleine à en crever.
France, le Crime de S. Bonnard, VI, Œ., t. II, p. 504.
3 Une source qui, pendant les mois de chaleur, coulait faiblement, permettait de tenir la citerne toujours pleine.
P. Mac Orlan, la Bandera, X.
♦ (Parties du corps humain, considérées comme des contenants). || Avoir les mains pleines. ☑ Aux innocents les mains pleines. || Avoir le nez plein, bouché. || Parler la bouche pleine. || Avoir le ventre, l'estomac plein, la panse pleine (→ Lors, cit. 1). ⇒ Rassasié, repu.
4 On ne voit à la cour que des gens qui ont le ventre plein de quinquina.
Racine, Lettres, 74, 17 août 1687.
5 Bien faire et bien manger, ce sont là deux joies. L'estomac plein ressemble à une conscience satisfaite.
Hugo, les Travailleurs de la mer, II, I, VII.
♦ (Personnes). ☑ Convive plein comme une barrique (cit. 2), et, abusivt, comme une bourrique, un âne. || Être plein de vin. — (1640). Absolt. Fam. || Il est plein. ⇒ Ivre, soûl; fam. beurré, bourré (2.), pété.
6 Les quatre verres devant les dîneurs restaient à moitié pleins maintenant, ce qui indique généralement que les convives le sont tout à fait.
Maupassant, les Sœurs Rondoli, « Le verrou ».
♦ Pleine, se dit d'une femelle animale en gestation. ⇒ Gros. || Juments pleines (→ Gras, cit. 40). — (Dans les haras). || Juments présumées pleines (abrév. : J. P. P.). — Hareng plein, qui porte ses œufs.
2 a Plein de… : qui contient (qqch.) jusqu'à en être rempli. — ☑ Loc. fam. (1867). Un gros plein de soupe : un homme gros, vulgaire.
b (Avant le nom; ce dernier étant suivi d'un compl. en de). Rempli de… || Un plein panier de légumes. || De pleins quarts de café brûlant (→ Goulûment, cit. 2). || Une pleine valise de livres (→ Dossier, cit. 4). — Par métonymie. || Une pleine écuellée de soupe (→ 2. Louche, cit. 1). — REM. Suivi d'un nom exprimant le contenu (écuellée, pour écuelle), plein se rapproche du sens de « complet » (→ ci-dessous, 3.).
3 À plein… (suivi d'un n.). || À pleine main : avec la main pleine (→ Ordure, cit. 1). — ☑ Fig. Donner (cit. 6) à pleines mains. — Saisir à pleins bras, en serrant dans toute l'étendue des bras (→ Couvrir, cit. 9). — Fig. || Respirer à pleine poitrine (→ 1. Air, cit. 7), aspirer (cit. 18) à pleins poumons. || Souffler à pleins naseaux (cit. 3). || Sentir une chose à pleines narines, en dilatant les narines (→ Moisissure, cit. 4). ☑ Chose qui sent, qui pue à plein nez, très fort. || À pleine bouche (→ 1. Fruit, cit. 20). — Par ext. ☑ Elle l'embrassa goulûment (cit. 3) à pleines lèvres, à pleine bouche. — ☑ Crier, chanter à plein gosier (cit. 9), très fort. || Être gras à pleine peau. || Sang qui coule à pleines veines (→ Carnation, cit. 2). — Boire (1. Boire, cit. 26) à pleine coupe, à plein verre, à pleins bords. — Fig. || Le bonheur à pleins bords (→ Demi-mesure, cit. 2). — À pleines voiles. || Ramasser à pleine pelle, et, par métonymie, à pleine poignée.
7 (…) il prenait son arrosoir et le balançait sur les plantes (…) Puis, cédant à une ivresse, il arrachait la pomme de l'arrosoir et versait à plein goulot, copieusement.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, II.
8 Très pressant désir de crier, à pleine gorge, trois ou quatre fois de suite, ce mot qui, chez nous, exprime le courroux, le désespoir, la rébellion, le dessein de mourir plutôt que de se rendre.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, XIV.
9 (…) déjà, elle s'abattait contre sa poitrine. Et la tenant à pleins bras, serrant contre lui une tête dont il ne voyait que les cheveux familiers, il laissa couler ses larmes (…)
Camus, la Peste, p. 317.
4 Qui contient autant de personnes qu'il est possible. || Les cafés étaient pleins (→ Giorno, cit. 3). ⇒ Bondé. || Le théâtre est plein, il n'y a plus de place. || Ce café est toujours plein (→ Ne pas désemplir). || L'ascenseur est toujours plein (→ Montée, cit. 4). || Autobus, tramways pleins aux heures (cit. 50) de pointe. ⇒ Complet. — ☑ Loc. Plein comme un œuf : absolument rempli.
10 Je ne manque nulle part, je ne laisse pas de vide. Les métros sont bondés, les restaurants combles, les têtes bourrées à craquer de petits soucis. J'ai glissé hors du monde et il est resté plein. Comme un œuf.
Sartre, Morts sans sépulture, I, I.
11 (…) le prêche de Paneloux eut lieu dans une église qui n'était pleine qu'aux trois quarts.
Camus, la Peste, p. 242.
5 (Temporel). || Une journée pleine, bien occupée, bien remplie, bien employée. || Une vie, une existence pleine, bien, très pleine.
12 Telle était leur vie, vie uniforme, mais pleine, où le travail et les distractions heureusement mêlés ne laissaient aucune place à l'ennui.
Balzac, la Grenadière, Pl., t. II, p. 194.
13 (…) certes cette journée de l'évêque était bien pleine jusqu'aux bords de bonnes pensées, de bonnes paroles et de bonnes actions.
Hugo, les Misérables, I, I, XIII.
6 (Abstrait). Qui éprouve entièrement (un sentiment), qui est rempli (de connaissances, d'idées). ☑ Avoir l'âme trop pleine : avoir du chagrin, avoir besoin de s'épancher (cit. 24). — ☑ Prov. Quand le vase est trop plein il faut qu'il déborde : une passion, une colère trop violente ne peut être contenue longtemps. — ☑ Allus. littér. || « Mieux vaut une tête bien faite que bien pleine » (Montaigne).
♦ Plein de… || Le cœur plein des félicités de la nuit (→ Chair, cit. 56). || (L'amour) dont vos grands cœurs sont pleins (→ Inassouvi, cit. 1). || Âme pleine d'une foi naïve (cit. 7). || Avoir le cœur plein. ⇒ Gros. — (Personnes). Entièrement occupé par… ⇒ Pénétré (de). || Être plein de son sujet. || Nous étions pleins des vertus militaires (→ Gonfler, cit. 20).
14 L'un des malheurs du prince est d'être souvent trop plein de son secret, par le péril qu'il y a à le répandre (…)
La Bruyère, les Caractères, X, 14.
♦ ☑ Plein de… (et n. de personne ou pronom). || Être plein de qqn, en être exclusivement occupé, se complaire à y penser.
a Vx. || « Plein de Machiavel, entêté de Boccace » (→ Midi, cit. 12, La Fontaine).
b (Affectif). || Mon cœur est plein de vous (→ 2. Droit, cit. 7; emparer, cit. 13). || Le cœur plein de son image (→ Auprès, cit. 12). || Être plein de la beauté, des mérites de qqn.
15 Je sais que le sénat, tout plein de votre nom,
D'une commune voix confirmera ce don.
Racine, Bérénice, III, 1.
♦ ☑ (1680). Plein de soi : occupé et content de soi-même. ⇒ Égoïste, infatué, orgueilleux. || Il est plein de lui (→ Imaginer, cit. 13). || Si enivré de son œuvre et si plein de lui-même (→ Écouter, cit. 12). || Être plein de son importance, de ses mérites. ⇒ Bouffi, enflé, enivré, imbu.
16 (…) ce petit marquis (de Grignan) a toujours été occupé de sa compagnie, et jamais plein de lui : voilà ce qui s'appelle le point de la perfection.
Mme de Sévigné, 1099, 6 déc. 1688.
♦ (En parlant des émotions, des idées, des œuvres entièrement provoquées par qqn ou consacrées à qqn). || Nos actions sont pleines de Dieu (→ Bon, cit. 105).
17 Mes souffrances, souffrances pleines de vous, puniront un cœur blessé qui saignera toujours dans la solitude (…)
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 500.
1 Dont la matière occupe tout le volume, toute la place (par oppos. à creux, à évidé). || Une sphère pleine. ⇒ Massif. — Techn. || Bois plein, serré, compact. || Mur plein et nu (→ 1. Frise, cit. 1). || Une porte pleine (→ 1. Garde, cit. 83). — Clôture pleine, sans jours, sans intervalles. Contr. : claire-voie (à). — Disques (cit. 1) de bois plein. || Roues pleines des anciennes charrettes. || Roue pleine et roue à rayons. || Pneu plein et pneu gonflable.
2 (Formes humaines). Arrondi et donnant une impression de plénitude. ⇒ Dodu, gras, gros, plantureux, potelé, rebondi, replet, rond. || Des joues pleines (→ Linge, cit. 2; pâleur, cit. 1). || Visage plein, face pleine (→ Coin, cit. 10; franchise, cit. 15). || Front (cit. 3) large et plein. || Taille pleine (→ Fourreau, cit. 8). || Mule (1. Mule, cit. 1) à la croupe pleine et large. — Par ext. || Des rondeurs pleines. ⇒ Ample (→ Morveux, cit. 4). || Formes (cit. 26) pleines. || Lignes pleines et douces (→ Comprimer, cit. 11).
18 La bouche est arquée avec des lèvres pleines et presque toujours serrées.
Camus, la Peste, p. 40.
3 Un son plein, riche en harmoniques. ⇒ Nourri, soutenu. || Note pleine (→ Filer, cit. 7). || Voix pleine. ⇒ Étoffé, fort (→ aussi Hongre, cit. 1). — Contr. : caverneux.
19 Elle se mit à rire du bon rire plein de sa jeunesse (…)
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 862.
4 Dense. || Discours (cit. 20) bref et plein. || Un style plein, riche, sans ornement inutile. — Un bonheur parfait et plein (→ Heureux, cit. 36), tranquille et plein (→ Limpide, cit. 6).
1 (Avant le nom, en épithète, sauf en blason). Qui est entier, complet, à son maximum. || La pleine lune. ⇒ Lune (cit. 1; → ci-dessous, V., 1., le plein). || La mer est pleine : la marée est haute. || Le plein cintre (cit. 3; → Gothique, cit. 10). || Arc en plein cintre. || Reliure pleine peau, entièrement en peau. — Blason. || Armes pleines, entières, par oppos. à brisées. ☑ Plein gaz; à pleins gaz.
➪ tableau Termes de blason.
♦ (Temporel). || Un jour plein : un jour entier, une durée de vingt-quatre heures. ⇒ Franc. || Trois secondes pleines. ⇒ Bon (→ Abîme, cit. 22). || Travailler à plein temps.
♦ Le plein emploi. ⇒ Plein emploi.
♦ Plein régime d'un moteur, régime maximum. || Tourner à plein régime. || En pleine vitesse. — REM. Ces emplois induisent diverses métaphores où plein a d'autres valeurs (à pleins tubes, plein gaz, plein pot).
20 (…) les Douglas, pleins gaz, filèrent obliquement (…) Les trois autres Junkers n'auraient peut-être pas le temps d'être en ligne pour le combat. Il mit donc, lui aussi, pleine vitesse.
Malraux, l'Espoir, I, I, III, II.
2 ☑ Fam. (Terme de jeu, transcription de l'angl. full « qui possède tous les as »). Plein aux as : très riche. ⇒ Bourré (3.).
21 — On dit que Norbert est plein aux as, qu'il a hérité il n'y a pas très longtemps (…)
P. Mac Orlan, Quai des Brumes, VII.
3 (En général avant le nom). Qui a la totalité de ses caractères, sa plus grande force, sa plus grande intensité. ⇒ Absolu, complet, plénier, total. || Pleine victoire (→ Bord, cit. 18), plein succès. || Donner pleine satisfaction (→ Dépiter, cit. 1). ⇒ Tout. || Pleine conscience (cit. 8), pleine possession de son génie (→ Démarche, cit. 5), de ses moyens. || Pleine et parfaite bonne foi (→ Inexactitude, cit. 5). || Désapprobation pleine et silencieuse (→ Mésestimer, cit. 3). || Un plein consentement (cit. 2). — ☑ Loc. Plein gré. || De leur plein gré (→ Guise, cit. 8). — Donner une pleine assurance. || Pleins pouvoirs. ⇒ Plénipotentiaire. — ☑ De plein droit (→ Aéronef, cit. 2; appartenir, cit. 19; condamnation, cit. 2). — REM. Selon Wartburg, plein droit n'est autre que plain droit, c'est-à-dire droit direct pour lequel on ne passe pas par le juge. — Pleine juridiction (→ Indépendance, cit. 15). || Pleine capacité (cit. 10). || Agir en pleine liberté (→ Influencer, cit. 2). || Être en pleine forme, en plein équilibre intellectuel (→ Diminuer, cit. 19; paralyser, cit. 2). || Dans un plein repos (→ Noirceur, cit. 6). — ☑ Loc. En pleine forme.
22 Il (Sobieski) a gagné une bataille, si pleine et si entière, qu'il est demeuré quinze mille Turcs sur la place.
Mme de Sévigné, 360, 22 déc. 1673.
23 Il met le souverain bien dans la sûre et pleine jouissance de sentiments modérés.
A. Maurois, Études littéraires, t. II, Georges Duhamel, II.
♦ (Après le nom). || Sens plein d'un mot, le sens le plus complet, le plus fort. || Au sens plein, dans le sens plein du mot (→ Éternité, cit. 8; matériel, cit. 8; partie, cit. 19).
4 ☑ Loc. adv. (XIIe). À plein. ⇒ Pleinement, totalement. || Argument qui porte à plein (→ Non, cit. 42). || On voit les principes à plein (→ Esprit, cit. 125). || On voit à plein le traître (→ 1. Masque, cit. 12). — REM. En plein, dans ce sens, est vieilli, à cause de l'autre valeur de l'expression. J'use en plein de mon franc-parler (cit. 1).
24 Aborder Mirabeau en plein serait une rude tâche, et il n'est pas de ceux qui se laissent prendre de biais et qu'on effleure.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 7-8 avr. 1851.
25 (…) elle aperçut à plein l'assassinat qu'elle commettait.
A. de Gobineau, les Pléiades, III, VII.
♦ ☑ En plein, en pleine (suivi d'un n.) : au milieu, au cœur de (en parlant d'un espace). || Tailler en plein drap. || Peindre en pleine pâte. — Avec air. || En plein air. ⇒ Dehors. || Exposition en plein air (→ Bitume, cit. 2). || Vivre en plein air (→ Médicamenter, cit.). — (Dans le même sens). || Atelier (cit. 3), marché en plein vent (→ Étal, cit. 1). — Arbor. || Arbre en plein vent (ou de plein vent). || Grenadiers (cit. 1) en pleine terre. — En pleine mer : au large (→ Abordage, cit. 3; aventurer, cit. 4). || En pleine rue : dans la rue (avec une valeur intensive). → Loustic, cit. 4; mousquetaire, cit. || En pleine assemblée : au milieu de l'assemblée ou dans le temps même de l'assemblée. || En plein cœur de la ville (→ Parlote, cit. 2). || En pleine nature (→ Idyllique, cit. 1). || En plein Sahara (→ Désert, cit. 8). || En plein soleil (→ Gelée, cit. 15), en plein jour (I., 4.), en pleine lumière (et fig. → Évident, cit. 5; œuvre, cit. 24). || Frapper qqn en pleine poitrine, en plein visage (→ aussi Lapider, cit. 3). — Par ext. Exactement (dans, sur…). || Une balle en plein cœur. || Visez en plein milieu. ⇒ Beau. || Chambre en plein nord.
26 En pleine mer la tempête trop forte
Pousse ma barque au rocher étranger (…)
Ronsard, Pièces retranchées, Élégies, mascarades…, Élégie (1565).
27 Il s'est en plein sénat démis de sa puissance.
Corneille, Sertorius, V, 2.
28 (…) la grandeur qu'on est accoutumé de lui voir lorsqu'elle (la lune) flotte en plein ciel.
Alain, Propos, 18 juil. 1921, La lune à son lever.
29 Il se leva brusquement, courut à Chasseriau et le frappa en pleine poitrine (…)
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 192.
30 (…) se faisait raser, là, sur place, en pleine rue (…) assis partout sauf où on s'y attend, sur les chemins, devant les bancs (…) dans l'herbe, en plein soleil (…)
Henri Michaux, Un barbare en Asie, p. 15.
♦ (Temporel). || En plein hiver (→ Calciner, cit. 3; oiseau, cit. 11). || En plein jour (I., 1.). → Cavalerie, cit. 3; 2. lieu, cit. 17. || Se réveiller en pleine nuit. || En pleine saison.
31 (…) comme un ballet de feux follets, la danse des lampes de poche aux mains des travailleuses qui se lèvent en pleine nuit.
Colette, Belles saisons, p. 74.
♦ Fig. (En parlant d'un état ou d'une action qui a une certaine durée). || En pleine croissance (→ Impunément, cit. 8), en pleine convalescence (→ Baliverne, cit. 2). || En pleine course (→ Freiner, cit. 2), en pleine vitesse (→ Glisser, cit. 17). ☑ En plein boum. || En plein élan. || Oiseau abattu en plein vol (→ Foudroyer, cit. 5). || En pleine action, en pleine activité, en plein travail. || Terres en plein rapport. || Entreprise en plein essor. || Arriver en plein drame. || En plein ridicule (→ Imbécillité, cit. 4). || Mourir en pleine jeunesse.
32 Qui commence par le rêve et la folie, sait très bien où il va : à la folie et au rêve. Mais le raisonnement nous jette en pleine aventure.
J. Paulhan, Entretien sur des faits divers, p. 86.
♦ ☑ Fam. En plein sur, en plein dans… : juste, exactement. || La bombe est tombée en plein sur la gare. || Rayon qui tombe en plein sur… ⇒ Directement. || Il a visé en plein dans le mille, en plein dedans. — Fam. || En plein dans la gueule.
33 (…) ce qu'on cherchait à ne pas voir serait alors en plein devant soi et on ne pourrait plus voir qu'elle : sa propre mort.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 37.
34 Le feu sort de cinq ou six trous qui sont dans le bas du four. Je me mets en plein devant pour enfourner une trentaine de bobines de cuivre (…)
S. Weil, la Condition ouvrière, in Classe de franç., 1953-1954, p. 65.
5 Par ext. (Tiré des expressions en plein…). || La pleine mer : le large, par oppos. à la mer près du rivage. ⇒ Large. || « Pleine mer », « Plein ciel », poèmes de Hugo (Légende des siècles, LVIII). || Le plein air : l'extérieur. || Jeux d'intérieur et jeux de plein air. || Peinture de plein air et peinture d'atelier. ⇒ Pleinairiste. — Le plein jour (→ Fantôme, cit. 6). || La pleine terre. || Lauriers de pleine terre (→ Gerbe, cit. 5) et lauriers en caisse. || La pleine saison. || La pleine nuit. — Plein soleil, film de René Clément.
35 L'homme de foi joue au soleil, dans la pleine nuit.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », V.
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II (Sens faible). || Plein de : qui contient, et, par ext., qui a beaucoup de…; où il y a beaucoup de… || Être plein de… ⇒ Abonder, regorger; quantité (avoir en quantité). || Une galette pleine de beurre (→ Fondre, cit. 16). || Une boutique pleine de mouches. || Pré plein de fleurs (→ Arène, cit. 3). || Chemin (cit. 22) plein de fondrières. || Des yeux pleins de larmes (→ Lacrymal, cit. 1). || Peau pleine de taches. ⇒ Couvrir (p. p. adj. : couvert). || Les mains pleines d'encre. — Bois plein de voleurs (→ Brigandage, cit. 1). || Rome était pleine d'astrologues (cit. 4). || Rues pleines de monde. || Les mauvais caractères (cit. 49) dont le monde est plein. — Par ext. || La mer pleine de bruit (→ Apaiser, cit. 15). || Casino (cit. 1) plein de tumulte. || Armoire (cit. 5) pleine d'une âcre odeur.
36 Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages.
La Fontaine, Fables, I, 3.
37 (…) la Californie est un pays plein d'or, de perles et de diamants. Il n'y a qu'à se baisser (…) Il y a de l'or partout, Madame, on le ramasse à la pelle (…)
B. Cendrars, l'Or, p. 169.
38 La nuit était pleine de clarté. La ville était pleine de silence.
Pierre Louÿs, Aphrodite, V, V.
39 — Monsieur Anglade ! Oh ! Quelle folie ! C'est plein d'Allemands (…) Vous voulez donc qu'ils vous arrêtent ?
Francis Carco, les Belles Manières, p. 78.
40 (…) un univers ravissant plein de rire et d'étrangeté.
Gide, Si le grain ne meurt, II, I, p. 314.
♦ (Abstrait). || Une dictée pleine de fautes. || Conversation pleine de bêtises (→ Non-sens, cit. 1). || Mot plein de promesses (→ Liberté, cit. 25), de sens (→ Dru, cit. 5). || Œuvre pleine d'esprit (→ 2. Dit, cit.), de nerf (cit. 3). || Pages pleines de sensibilité (→ Intérêt, cit. 30). || Chant plein de tristesse. ⇒ Imprégné. || Vie pleine d'espérance (→ 1. Duel, cit. 4). || Le monde est plein de contradictions (cit. 8).
41 Le petit regarda les deux pastilles brunes avec une méfiance pleine de répulsion.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 122.
♦ (Personnes). || Être plein de santé, de vie. ⇒ Débordant. || Mourir plein de jours, âgé (style biblique). || Être plein de bonne volonté (→ Fait, cit. 40), de bon sens (→ Gouverner, cit. 48), d'adresse (→ Auteur, cit. 33). || Être plein d'animation (→ Héroïque, cit. 26), de reconnaissance. ⇒ Pénétré, pétri. || Plein d'ardeur (→ Abandonner, cit. 4), de courage (→ Ardent, cit. 19), d'assurance (→ Papier, cit. 18), de morgue (→ Gourmer, cit. 2). || Plein d'amertume (cit. 11). || Jeune homme plein de goût (→ Modèle, cit. 8), plein d'idées. || « Je vous salue, Marie, pleine de grâce… », premiers mots de l'Ave Maria, prière à la Vierge Marie. || Être plein d'égards (cit. 11), d'attentions, de soins (→ Gentil, cit. 10) pour qqn. — Par ext. || Yeux, regards pleins de feu (→ Âpre, cit. 11), d'effroi (cit. 4), de douceur (→ Attitude, cit. 4). || Geste plein de pudeur (→ Attirer, cit. 29), plein de menace (→ Lourd de…).
42 Voici des gens bien pleins de cérémonie.
Molière, le Médecin malgré lui, I, 5.
43 Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage.
La Fontaine, Fables, I, 10.
44 Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuis.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et idéal », XLIV.
45 (…) votre Roi qui est un peu timide mais plein d'esprit (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VII, p. 88.
♦ ☑ Fam. de nos jours. Tout plein de… || Un enfant tout plein d'idées (→ Boiterie, cit. 1). || Écrit tout plein de poison (→ Pamphlet, cit. 1). || Expression toute pleine de candeur (→ ci-dessous, supra cit. 52).
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III (Confondu avec plain). Vx ou en loc. Plat. ⇒ Plain. — Blason. || Écu plein, dont l'émail est uni. — Terre-plein. — ☑ Loc. De plein fouet, le fouet étant horizontal. || Tir de plein fouet : tir horizontal, direct. — Fig. ⇒ Fouet.
REM. Jusqu'au XVIIe siècle, plein, de plenus, était souvent écrit plain, ce qui, ajouté à l'homophonie et au voisinage des sens figurés, provoqua des confusions.
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IV (Invar.). Adv. et prép.
1 (En fonction de prép.). || Plein, suivi d'un n. (aux sens I., 1. et II. de l'adj.). || Des champignons plein un panier : un plein panier de champignons. || J'avais des armes plein ma chambre (→ Labourer, cit. 8). || On en a plein un petit verre (→ Godet, cit. 5). ☑ Avoir de l'argent plein les poches. — ☑ Fam. S'en mettre plein la lampe (cit. 18). — ☑ Loc. En avoir plein la bouche (de qqn, qqch.) : en parler fréquemment et avec enthousiasme. — ☑ Fam. En avoir plein les bottes : être fatigué d'avoir marché; fig. : être excédé. ☑ En avoir plein les bras (même sens). ☑ En avoir plein le dos (cit. 9), plein le cul (fam.) : en avoir son content, assez, par-dessus la tête. ⇒ Ras (ras le bol). — ☑ Fam. En mettre plein la vue (→ Épate, cit. 2). — Fam. Partout sur. || Elle a renversé son café, elle en a mis plein sa robe.
46 (…) les fleurs abondaient : il y en avait plein des brouettes (…)
Th. Gautier, Voyage en Russie, II.
47 Ce mépris le soulageait. Il s'en mettait plein la gorge.
France, le Lys rouge, XXI.
48 Le rouquin tout à coup se démena. Il avait du poil plein les joues, les mains. Les idées avaient l'air d'y coller, de s'y empêtrer.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XXVI.
49 Après ça, rien que du feu et puis du bruit avec… On en a eu tellement plein les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, tout de suite, du bruit, que je croyais bien que c'était fini, que j'étais devenu du feu et du bruit moi-même.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 22.
2 (Adv.). Mar. (Vieilli). || Porter plein : gouverner de façon que les voiles restent gonflées. || Gouverner près et plein.
♦ Cour. || Sonner plein, avec un son plein (en parlant des objets qu'on frappe). Opposé à sonner creux. — REM. Cet emploi est aujourd'hui limité à quelques expressions; il n'en allait pas de même dans la langue classique :
50 (…) approchant la bouteille de son verre, et versant plein, je lui dis : « Buvons d'abord; et vous saurez ensuite à quelle terrible condition j'attache votre pardon. »
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 710.
♦ ☑ Fam. Tout plein (avec un verbe). ⇒ Beaucoup. || Je l'aime déjà tout plein (→ Assortir, cit. 2). — (Avec un adj.). ⇒ Très. || Il est gentil, mignon tout plein. || C'est tout plein mignon. — REM. Cet emploi fam. est hypocoristique et pratiquement limité à des adjectifs de ce type.
50.1 C'est un bon garçon que j'aime tout plein.
Henri Monnier, Scènes populaires, t. I, p. 208.
51 Je vous dis qu'il est tout plein gentil.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, XXV, p. 296.
51.1 — Ça t'intéresse;
— Oui, je suis curieuse tout plein.
— Eh bien, je vais me marier.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 44.
51.2 Mais c'est mignon tout plein chez vous, mes enfants.
Ce porte-serviettes, quelle merveille (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 105.
♦ Fam. || Plein de… ou tout plein de… (après un verbe autre que être et les v. d'état, par ex. avoir). ⇒ Beaucoup. || Avoir plein d'argent. || Il m'en a donné plein. || Il y en a plein, en pagaye (cit. 4). || Il y avait plein de monde dans la rue. || Tout plein d'argent. — REM. Tout plein de…, normal dans la langue classique, est devenu très familier ou enfantin.
52 Nous vîmes hier au bal, entre autres nouveautés,
Tout plein d'honnêtes gens caresser les beautés.
Corneille, la Veuve, I, 3.
53 Il y a eu autrefois tout plein de possédés (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Possédés.
53.1 Or, ces pertes de la Nature qu'il ne tient qu'à nous d'imiter, n'ont-elles pas lieu dans tout plein de cas ?
Sade, Justine…, t. I, p. 46.
———
V N. m.
1 État de ce qui est plein. || Le plein de la lune, la phase où elle apparaît éclairée tout entière. || La lune (cit. 7) vers le moment de son plein.
54 Nul mieux sous les rais de la nuit,
Quand la Lune en son plein reluit (…)
Ronsard, Odes, V, IX.
55 (…) la lune était en son plein, mais beaucoup plus pâle qu'à l'ordinaire (…)
Cyrano de Bergerac, Œuvres diverses, Lettres div., « Pour les sorciers ».
56 (…) elle regarde par la fenêtre les grands pins immobiles et la lune, presque à son plein, briller dans le ciel pur.
A. Maurois, Lélia, I, V.
♦ (Déb. XVIIe; repris au XIXe, → cit. 57). || Le plein de l'eau, de la mer : la marée haute. ⇒ Gros (de l'eau). → aussi ci-dessous, cit. 65, Hugo.
REM. Le plein de l'eau n'est peut-être que le plain de l'eau (→ Plain), la mer étale. Mais outre que la mer est plaine (étale) également à marée basse, le sens de plein convient bien aux rades, aux bassins des ports qui s'emplissent à marée haute (→ ci-dessus, III., rem.).
57 (…) avec un escalier extérieur et intérieur qui conduit sur le galet du rivage et dont la mer — dans ses grands pleins — gravit et bat les marches comme celles des escaliers de Venise.
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, II, III, 1849.
♦ ☑ Loc. Battre son plein, se dit de la mer étale à marée haute, qui bat le rivage.
58 Quand Marigny, en répétant ce nom, regardait dans son âme, il était sûr que son amour n'avait pas baissé; qu'il y battait son plein comme cette mer qu'il voyait à ses pieds battre le sien sur la grève sonore (…)
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, II, VIII.
59 À cinquante pieds d'élévation, Pécuchet voulut descendre (de la falaise). La mer battant son plein, il se remit à grimper.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, III.
♦ Par métaphore et fig. ⇒ Battre (I., B., 11., cit. 44; fig., cit. 58, 59; 60 à 64). || La fête bat son plein. || Le positivisme bat son plein (→ Occulte, cit. 4).
REM. Certains ont avancé que son était substantif et plein adjectif, par métaphore de la cloche, du tambour qui bat son plein, c'est-à-dire « qui résonne d'un son fort »; mais il n'y a aucune preuve à l'appui de cette hypothèse peu satisfaisante pour le sens et la forme. On dira donc, au pluriel, les fêtes battent leur plein, et non les fêtes battent son plein.
60 (…) seins éblouissants battant leur plein majestueux au bord découvert des corsages, et sous les camées de l'épaule nue (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le plus bel amour ».
61 (…) la féerie de leur capitale bat son plein, en ces jours où l'on attend le retour du roi (…)
Loti, l'Inde (sans les Anglais), V, II.
62 Les grands travaux annuels que la terre impose aux paysans battaient leur plein.
Marcel Prévost, la Mort des ormeaux, VII.
63 (…) du temps de l'Ermitage et des débuts de la Nouvelle Revue Française surtout, les causeries battaient leur plein (…)
Gide, Ainsi soit-il…, p. 107.
64 La tempête battait son plein. Toute l'étendue du plateau subissait l'effort obstiné des rafales. On entendait souffrir et se plaindre, sous la maison, les bois tourmentés par le vent et toutes les tuiles d'une immense charpente (…)
H. Bosco, le Jardin d'Hyacinthe, p. 167.
2 ☑ Fig. Le plein : la plénitude, la totalité, le maximum. || Donner son plein : donner toute sa mesure (→ Bonheur, cit. 34).
65 Le bonheur, comme la mer, arrive à faire son plein. Ce qui est inquiétant pour les parfaitement heureux, c'est que la mer redescend.
Hugo, l'Homme qui rit, II, III, IX.
66 C'était le plein de la bousculade et du vacarme, à ne plus s'entendre (…)
Zola, la Terre, II, VI.
67 Dostoïevski a le désespoir de ne jamais atteindre ce plein de la passion qu'il poursuit (…) L'unique passion est, en somme, la passion de la plénitude.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », V.
68 Ainsi exigeons-nous de l'illusion, dans le moment même où elle donne son plein, qu'elle nous comble mieux encore.
J. Paulhan, Entretien sur des faits divers, p. 66.
3 ☑ Loc. (1876). Faire le plein de… : emplir un réservoir de (un liquide), jusqu'à ce qu'il soit plein. || Faire le plein d'eau, de mazout, d'essence… || Pompiste qui fait le plein (d'une voiture). || Locomotive qui fait le plein.
69 (…) à bord de l'Iphigénie, on faisait le plein des soutes à vin (…)
Loti, Pêcheur d'Islande, IV, VII.
♦ Fig. Atteindre le maximum, totaliser. || « Faire le plein des voix de gauche » (l'Express, 16 janv. 1967). — Littéraire :
70 Elle assemblait ses forces et faisait le plein dans son cœur.
M. Barrès, Un jardin sur l'Oronte, p. 36.
71 À mon âge et depuis longtemps, j'ai fait mon plein de poésie.
Gide, Ainsi soit-il…, p. 85.
♦ Le plein : le chargement complet (d'un navire). — Cour. Réservoir d'essence plein; remplissage (du réservoir d'un véhicule); quantité d'essence nécessaire pour remplir le réservoir. || Le plein coûte plus cher. || Le plein, s'il vous plaît. || Vous m'avez donné le plein, mon plein ?
4 Fin. « Somme maxima que la société d'assurance peut, aux termes de ses statuts, assurer sur un seul risque, sans réassurance » (Capitant).
1 Chose pleine, endroit plein (d'une chose). || Les pleins et les vides. — Archit. Partie massive, non évidée d'une construction. || Les pleins et les vides d'une église romane, gothique.
72 Des vides et des pleins se présentaient toujours où il n'en fallait pas, et impossible d'obtenir sur l'espalier un rectangle parfait, avec six branches à droite et six à gauche (…)
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, II.
2 Philos. anc. || Le plein : la matière. || Le vide et le plein (→ Dense, cit. 3).
3 Trait épais obtenu en appuyant la plume, dans l'écriture calligraphiée. || Plein(s) et délié(s) d'une lettre, d'un chiffre. || Les pleins dodus et les maigres déliés (→ Furibond, cit. 4).
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CONTR. Dépeuplé, désert, inoccupé, libre, vide. — Ajouré, creux, évidé. — Incomplet, partiel. — Dénué (de), exempt, sans. — Insuffisamment, médiocrement, partiellement, peu — Vide (n. m.), vidange.
DÉR. Pleinement. — (Du même rad.) Plantureux. — Plénier, plénitude.
COMP. Pleinairiste. — Plein-cintre, plein emploi, plein-jeu, plein temps, plein-vent. — Trop-plein.
HOM. Plain, formes du v. plaindre.
Encyclopédie Universelle. 2012.