possesseur [ pɔsesɶr ] n. m.
• 1355; possessor 1284; lat. possessor, de possidere → posséder
1 ♦ Personne qui possède (un bien). Le possesseur d'un bien peut en être propriétaire ou seulement détenteur. Le possesseur d'une créance, d'un titre. Elle est possesseur d'une immense fortune. L'heureux possesseur du numéro gagnant.
♢ Dr. Possesseur de bonne foi. Possesseur à titre précaire (⇒ détenteur) . Le simple possesseur et le propriétaire. ⇒ usufruitier.
2 ♦ Personne qui peut jouir (de qqch.). Nous pourrions nous rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature » (Descartes). Les possesseurs d'un secret, de la vérité. ⇒ dépositaire.
● possesseur nom masculin (latin possessor) Personne qui possède un bien : Être possesseur d'une ferme. Personne qui dispose de quelque chose, qui en est le dépositaire : Possesseur d'un secret. ● possesseur (difficultés) nom masculin (latin possessor) Genre Masculin, même s'il renvoie à un féminin, comme dans : sa famille est possesseur de plusieurs immeubles de la ville. ● possesseur (synonymes) nom masculin (latin possessor) Personne qui possède un bien
Synonymes :
- détenteur
- propriétaire
possesseur
n. m. Personne qui possède (qqch).
⇒POSSESSEUR, subst. masc. et adj. masc.
I. —(Celui) qui possède.
A. —(Celui) qui possède quelque chose.
1. (Celui) qui dispose en maître de (quelque chose) et qui peut en tirer profit et jouissance. La libéralité de ce parent, qu'il ne connaissait pas, l'avait fait riche: il était possesseur de près de deux cents florins (KARR, Sous tilleuls, 1832, p.62). La Peau de chagrin du roman de Balzac se contractait, se réduisait, à mesure que son possesseur, terrifié, assouvissait un désir (MAURIAC, Journal 1, 1934, p.56).
— Les possesseurs. Synon. les possédants (v. possédant III B):
• 1. Il s'agit de l'établissement de la propriété parmi les hommes, sous le symbole de deux races, l'une appelée Caïn, la race des possesseurs ou propriétaires, et l'autre appelée Abel, la race de ceux qui ne possèdent pas.
P. LEROUX, Humanité, 1840, p.573.
— DR. CIVIL. Celui qui exerce la possession sur un bien, qui se comporte vis-à-vis d'un bien comme s'il en était propriétaire. Il est pareillement libre en tout temps au propriétaire ou possesseur et même fermier, de détruire le gibier dans ses récoltes non closes (LA HÊTRAIE, Chasse, vén., fauconn., 1945, p.134).
♦Possesseur de bonne foi. En matière immobilière, le possesseur de bonne foi acquiert la propriété au moyen de la prescription abrégée de 10 à 20 mois. En matière mobilière, le possesseur de bonne foi devient immédiatement propriétaire (LEMEUNIER 1969).
2. (Celui) qui détient un pouvoir, un droit dont il peut jouir. Des bourgeois possesseurs de droits seigneuriaux ou d'offices se groupaient pour arrêter la révolution (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.150).
3. GRAMM. ,,On appelle possesseur le sujet d'une phrase comportant le verbe avoir et un complément d'objet: Pierre a un chapeau`` (Ling. 1972).
B. —(Celui) qui possède quelqu'un.
1. [La pers. possédée est assimilée à un bien matériel] Celui qui dispose en maître de (quelqu'un) et qui peut en tirer profit et jouissance.
— Vx. Possesseur d'esclaves. Plus tard j'entrais, en ma qualité de possesseur d'esclaves, dans l'armée confédérée où je devins colonel (VERLAINE, OEuvres compl., t.4, L. Leclercq, 1886, p.159).
2. [La pers. possédée est une femme] Il l'avait prise par les épaules, et la tenait devant lui, palpant de ses deux mains la saillie des omoplates. Il s'écarta légèrement, sans retirer ses mains, et la contempla, de haut en bas, en possesseur (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.215).
♦Empl. adj., en appos. Ils n'étaient pas moins dissemblables au point de vue moral: l'un bon vivant (...) possesseur insouciant d'une danseuse; l'autre (...) tourmenté d'amour et de théologie (FEUILLET, J. de Trécoeur, 1872, pp.24-25).
C. —Au fig. (Celui) qui possède quelque chose.
1. [Le compl. désigne un savoir ou un savoir-faire] (Celui) qui détient, qui peut jouir, tirer profit de. L'imagination aidant on se croirait en présence de quelque extraordinaire alchimiste possesseur de toutes les connaissances (GILLES DE LA TOURETTE, L. de Vinci, 1932, p.88):
• 2. Le métier de «taupier», de chasseur de taupes, n'est pas exercé dans nos contrées (...). Possesseurs de père en fils du secret professionnel, ils le gardent avec des lèvres ironiquement closes et des yeux fuyants qui arrêtent les questions.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p.226.
2. [Le compl. désigne une qualité, une aptitude mor. ou phys.] (Celui) qui est pourvu de. Voici Monsieur de Grindot, jeune homme distingué d'autre part, et possesseur d'un grand talent (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p.101). Il est question d'un homme qui fait l'argenterie chez les Ganderax, possesseur d'une voix de ténor (GONCOURT, Journal, 1895, p.786).
II. —Rare. (Celui) qui se possède, qui a la maîtrise, le contrôle de soi. Il reconnut du premier coup ce qu'il aimait par-dessus tout: un véritable homme, fort, net, possesseur de soi-même (BARRÈS, Cahiers, t.12, 1920, p.307).
REM. Possesseuse, adj. fém., hapax. Je songe que peut-être cette humble herbe que je foule au pied, attend, possesseuse d'un secret, que l'homme formule enfin la question dont elle serait la réponse (GIDE, Journal, 1925, p.810).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1284 possessor «celui qui a la jouissance et l'usage d'un bien» (Fontevrault, A. Maine-et-Loire ds GDF. Compl.). Empr. au lat. possessor «possesseur, propriétaire» (de possessum, supin de possidere «posséder». Fréq. abs. littér.:600. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1604, b) 635; XXes.: a) 572, b) 497. Bbg. DUB. Pol. 1962, p.382.
possesseur [pɔsesœʀ] n. m.
ÉTYM. 1355; possessor, 1284; lat. possessor, de possidere. → Posséder.
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1 Personne qui possède (un bien). || Le possesseur d'un bien peut en être propriétaire ou seulement détenteur. ⇒ aussi Acquéreur. || C'est elle le possesseur de cette maison; elle en est le possesseur. — REM. Le féminin possesseuse (→ ci-dessous, cit. Gide) est pratiquement inusité. — Elle était possesseur d'une grande fortune (A.-V. Thomas). || Le bourgeois (cit. 9), possesseur paisible et paresseux de ce qu'il a… || Tranquille possesseur de ce qu'il détient (cit. 1). || Possesseur d'une créance (→ Évincer, cit. 2), d'un titre; d'une fortune; de maisons (→ Opération, cit. 10). || Possesseur d'une terre; d'un fief (cit. 1 et 2). → Féodal, cit. 2. — Absolt. || Le possesseur, le terrien… et l'homme d'idée (→ Fait, cit. 16).
1 (…) Jacob mourant, et bénissant ses douze enfants, leur déclare qu'ils seront possesseurs d'une grande terre, et prédit particulièrement à la famille de Juda que les rois qui les gouverneraient un jour seraient de sa race et que tous ses frères seraient ses sujets (…)
Pascal, Pensées, XI, 711.
2 Cette masse triomphante ne s'apercevra pas qu'elle aura contre elle une autre masse terrible, celle des paysans possesseurs : vingt millions d'arpents de terre vivant, marchant, raisonnant, n'entendant à rien, voulant toujours plus (…)
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 174.
3 Le client, devenu possesseur, souffrit de ne pas être propriétaire et aspira à le devenir.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, IV, VI.
♦ Dr. || Possesseur de bonne foi (Code civil, art. 550). || Possesseur à titre précaire (⇒ Détenteur). || Le simple possesseur et le propriétaire (→ Fruit, cit. 35). ⇒ Possession; dépositaire, fermier, usufruitier. || Possesseur incommutable (cit. 2).
2 Personne qui exerce un pouvoir sur qqch., et qui peut en jouir, en user. || Le possesseur d'une place forte. ⇒ Maître (→ Dominer, cit. 9). || Nous pourrions nous rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature » (cit. 59). || Possesseurs d'un secret (→ Guerre, cit. 41), de la vérité… ⇒ Dépositaire. — Au fém. (Rare). || La possesseuse.
4 (…) je songe que peut-être cette humble herbe que je foule au pied, attend, possesseuse d'un secret, que l'homme formule enfin la question dont elle serait la réponse.
Gide, Journal, Feuillets (1925).
5 Néron n'est pas encore tranquille possesseur
De l'ingrate qu'il aime au mépris de ma sœur.
Racine, Britannicus, III, 5.
6 Je crois qu'il y a bien peu d'hommes qui n'aient été mis dans quelque placard, à l'arrivée du mari ou du possesseur en titre.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « À un dîner d'athées », p. 353.
Encyclopédie Universelle. 2012.