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potence

potence [ pɔtɑ̃s ] n. f.
• 1170 « béquille »; 1120 « puissance »; lat. potentia « puissance », lat. médiév. « béquille, appui »
1(XIVe) Pièce d'appui constituée par un montant vertical (poteau) et une traverse placée en équerre, souvent soutenue par une pièce oblique. Potence de bois, dans une charpente. — Lanterne en potence, soutenue par une potence. « Cette enseigne, projetée hors de la façade, par une sorte de potence en serrurerie » (Gautier). Support du matériel servant aux perfusions. « Une potence [...] avec une grosse poche transparente de sérum physiologique suspendue à sa branche » (San-Antonio). Loc. fig. En potence : en équerre, en T ( potencé) . Table en potence.
2(XVe) Instrument de supplice (pour l'estrapade, la pendaison), formé d'une potence soutenant une corde. gibet. « Les chouettes sinistres volaient en rond autour des potences de pierre » (Nerval). Dresser une potence, la potence. Gibier de potence.
Le supplice lui-même. Mériter la potence. corde, pendaison.

potence nom féminin (latin potentia, puissance) Instrument de supplice servant à la pendaison ; le supplice lui-même : Mériter la potence. Assemblage de charpente comportant un poteau, un ou deux liens obliques et un chapeau, qui sert à soulager une poutre de longue portée. Support, généralement mural, composé d'une équerre et d'une jambe de force. (Sorte de console à jour, servant à porter une lanterne, une enseigne, etc.) Charpente métallique en console sur laquelle sont installés un ou plusieurs panneaux de signalisation ferroviaire ou routière. Biellette horizontale fixée au tube plongeur de la fourche et soutenant le cintre du guidon d'une bicyclette. Appareil de levage à champ d'action cylindrique limité, constitué par un bras horizontal fixé, à l'une de ses extrémités, à un mur ou à un pilier de bâtiment, et muni d'un treuil ou d'un palan. Pièce ou assemblage de pièces destinés à diviser l'effort exercé de haut en bas sur une pièce horizontale fixée par une seule de ses extrémités. Assemblage de trois pièces de bois ou de fer dont l'une est posée verticalement, une autre est mise dessus en travers et la troisième soutient l'extrémité de la seconde.

potence
n. f.
d1./d Assemblage de pièces en équerre, servant de support. Lanterne suspendue à une potence.
d2./d Instrument servant au supplice de la pendaison.
|| Le supplice lui-même.
Gibier de potence: personne qui mériterait la potence, individu patibulaire.

⇒POTENCE, subst. fém.
A. — 1. TECHNOL., BÂT. Tout support en bois ou en métal constitué par un montant vertical et une traverse placée en équerre, souvent soutenue par une pièce oblique. Potence métallique; potence en bois; mettre une potence pour étayer une poutre. À l'angle d'un chemin de traverse, à côté d'une espèce de potence vermoulue portant l'inscription:Ancienne barrière numéro 4, un cabaret (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 365). Nous ne passerons pas sous silence les armatures de puits dont quelques-unes sont fort belles. À noter une potence de puits à Carpentras (FILLON, Serrurier, 1942, p. 20).
2. En partic.
a) Pièce, souvent métallique, soutenant un dispositif d'éclairage, une enseigne, etc. Les enseignes des aubergistes sont ordinairement soutenues par des potences de fer ou de bois (Ac. 1835-1935). On (...) allumait des réverbères placés de distance en distance, lesquels montaient et descendaient au moyen d'une corde qui traversait la rue de part en part et qui s'ajustait dans la rainure d'une potence (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 549). On supporte les cocardes et les lanternes des signaux au moyen de potences (BRICKA, Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p. 435).
Locutions
À potence. Pourvu d'une, soutenu par une potence. Une petite lampe portative (lampe à potence et à tige coulissante) (Lar. mén. 1926, p. 522). Un réverbère à potence éclairait d'une lumière frisante les façades très anciennes (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 244).
En potence. Fixé à une potence. Il (...) s'arrêta devant une petite porte sous une lanterne en potence qui clignait comme un oeil malade (A. FRANCE, Chat maigre, 1879, p. 167). La scène est éclairée par de fortes ampoules fixées en potence à des mâts de bois (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 154).
b) MAR. ,,Dans les navires en bois, épontille placée sous le faux-pont à l'endroit où correspond le pied du mât d'artimon, lorsque ce pied ne repose pas sur la quille`` (GRUSS 1952).
En partic. À bord de certains navires, montant servant à hisser les embarcations (d'apr. GRUSS 1952). À bord des voiliers chaque embarcation est ordinairement supportée par deux chantiers entaillés suivant les formes de ses fonds et placés sur deux poutres transversales ou potences (GALOPIN, Lang. mar., 1925, p. 90).
Potence en hunier fixe, p. ell. potence. Support métallique qui soutient la vergue de hunier fixe et permet de l'orienter. La vergue de hunier fixe pivote par son milieu, au moyen d'un système particulier de ferrure nommée drosse ou potence supportée par le chouque de bas mât (GALOPIN, Lang. mar., 1925, p. 62).
Potence de chalut. Montant en forme de fer à cheval, placé en abord sur le pont d'un chalutier et soutenant des poulies (d'apr. GRUSS 1978).
c) Appareil de levage à champ d'action cylindrique limité, constitué d'un bras horizontal, fixe ou pivotant à l'une de ses extrémités, et servant à la mise en place de pièces lourdes. Au bord de l'eau, une robuste potence de chêne déchargeait des pierres meulières en virant sur son axe (A. FRANCE, Servien, 1882, p. 184):
♦ Dès que la construction monte, il faut des élévateurs de matériaux; un des plus usités à l'heure actuelle comprend (...) une potence orientable pouvant suivre d'étage à étage la montée de la construction.
Arts et litt., 1935, p. 20-5.
d) JEUX, HIPP. [Dans un manège, une course de bague] ,,Morceau de bois où pend la bague`` (Ac. 1835, 1878).
Brider la potence. Heurter le morceau de bois au lieu d'emporter ou de toucher la bague (d'apr. Ac. 1798-1878).
e) TECHNOLOGIE
[Dans une bicyclette] Le cintre est placé dans sa potence, puis les leviers de frein sont emmanchés sur le cintre (R. MARILLIER, C. GUIMARD, Le Cyclisme, Paris, Denoël, 1977, p.57).
HORLOG. [Dans les montres à roue de rencontre] Pièce qui porte deux des quatre pivots des pièces de l'échappement. (Ds LITTRÉ, GDEL).
B.P. anal.
1. Vx. Béquille, bâton d'appui en forme de T. Marcher avec des potences (Ac. 1798-1878). Adélestan Gomboust (...) était un grand corps paralytique (...) soutenu par des potences (pour parler comme ma vieille bonne), il apparaissait sinistre (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 176).
2. HÉRALD. ,,Croix en forme de T`` (Ac. 1935).
3. Loc. En potence. En équerre, en T.
Table en potence. Table longue, réunie à une autre perpendiculairement (d'apr. Ac.).
♦[En parlant d'une pers.] Perpendiculairement. Koukou s'était placé en potence au bout de la table. Il battait maintenant les cartes avec une maestria dont je restai interloqué (BENOIT, Atlant., 1919, p. 198).
ART MILIT., vx. Dans une position qui n'est pas en ligne droite (par rapport au reste de la troupe) mais en angle droit. L'armée est campée, est rangée en potence (Ac. 1835, 1878). Que pensez-vous (...) qu'il fût arrivé (...) si Pompée (...), au lieu de disposer en échelons sa cavalerie (...), l'avait établie en potence sur une verticale immédiatement appuyée à la première horizontale de son front de guerre? (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 189). La deuxième division, rangée devant Floing, et dont la gauche, placée en potence, était tournée vers la Meuse, pour parer à une attaque de ce côté (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 239).
C. —Instrument de supplice formé d'une potence soutenant une corde et servant à la pendaison. Synon. gibet. Dresser, planter une potence; mener, mettre, attacher à la potence (Ac.). Voici des intrigants en congrégation qui ourdissent et trament. —Qu'on m'élève une potence, dit Pantagruel, et qu'on pende (MUSSET ds Le Temps, 1831, p. 81). Il y a soixante-dix potences neuves à Tyburn (...). Chaque jour c'est quelque grand gentilhomme qu'on abat (HUGO, M. Tudor, 1833, 1rejournée, 1, p. 8). Le métier d'argousin ne me ragoûte pas: je ne tiens pas à pourvoir la potence de gibier (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 81).
P. méton. Le supplice de la pendaison lui-même. Il mérite la potence (Ac. 1835-1935). Un vieux astrologue, nommé Mabusius, fut condamné à la potence comme sorcier et devin, et conduit, pour y mourir, au gibet de pierre de Lorchhausen (HUGO, Rhin, 1842, p. 245).
Fam. Gibier de potence.
Argot
♦ ,,Délateur, voleur`` (ESN. 1966). Tu es une vieille potence (ANSIAUME, Arg. bagne Brest, 1821, f. 13 r°, § 356).
♦Personne d'une grande rouerie (d'apr. ESN. 1966).
Loc. Roué comme (une) potence. Tu trouves ça maladroit? (...) —Je trouve, au contraire, que tu deviens rouée comme potence (...) je ne te reconnais plus! (GYP, Mme la Duchesse, 1893, p.154).
Prononc. et Orth.:[]. Att.ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 «béquille» (BEROUL, Tristan, éd. E. Muret, 1255); 1752 ,,il est vieux en ce sens, il faut dire bequille`` (Trév.); 2. a) XIVes. «pièce ou assemblage de pièces destiné à soutenir quelque chose» ici «armature de hennin» (La Contenance des fames ds A. JUBINAL, Nouv. rec. de contes, dits, fabliaux, t.2, p.174); 1399 (Comptes chateau de Clameci de 1376 à 1403, éd. L. Mirot, Clameci, 1931, p.23 ds IGLF: pour fere ung gros colemeaul de bois à une potence qui soutient une des poutres de la d. cheminée...); 1415 (Tutelle de Mauginet, Gervais, Franchois, Denis et Lambert, 26 juill., A. Tournai ds GDF. Compl.); fin XVes. (table) a potence «disposé(s) en équerre» (OLIVIER DE LAMARCHE, Mém., III, 119, Soc. Hist. de Fr., ibid.); b) 1418 «support où l'on accroche quelque chose» (Inventaire du château de Vincennes ds HAVARD); 3. 1474 «gibet» (B. des Comités hist., Paris, 1851, p.128); 1668 gibier de potence, v. gibier. Du lat. potentia «puissance, force, pouvoir» empr. en ce sens par l'a. fr. (1re moit. XIIes., Psautier Oxford, 70, 22 ds T.-L.), mais pour lequel s'est opéré un glissement à partir de l'idée de «force d'appui, soutien» vers le sens concr. de «béquille» qui est att. en lat. médiév. (XIIes., v. NIERM. t.2, DU CANGE, LATHAM) en même temps qu'en a fr. Fréq. abs. littér.:233. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 373, b) 500; XXes.: a) 268, b) 242.
DÉR. Potencé, -ée, adj., hérald. Dont les extrémités se terminent en forme de T ou dont les bords sont ornés de petites potences en forme de T (d'apr. PAST. Hérald. 1979). [Le] comte de Mortsauf (...) descend d'un homme qui survécut à la potence. Aussi les Mortsauf portent-ils d'or, à la croix de sable alezée potencée et contre-potencée, chargée en coeur d'une fleur de lys d'or au pied nourri, avec:Dieu saulve le Roi notre Sire, pour devise (BALZAC, Lys, 1836, p.33). Elle brodait les armoiries des Hautecoeur (...) de Jérusalem, qui est d'argent à la croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes de même (ZOLA, Rêve, 1888, p.162). []. Att. ds Ac. 1694-1798. 1re attest. 1456 (ANTOINE DE LA SALE, Le petit Jehan de Saintré, éd. P. Champion et F. Desonay, Paris, 1926, p.265); de potence, suff. .
BBG. —SPITZER (L.). Fr. potence «Krücke, Galgen». In: Trav. du Séminaire de philol. rom. Istanbul, 1937, t.1, pp.227-231.

potence [pɔtɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1170, « béquille »; « puissance », 1120 du lat. potentia « puissance », et, en lat. médiéval, « béquille, appui ».
1 (XIVe). Techn. Pièce d'appui, support constitué par un montant vertical (poteau), et par une traverse placée en équerre, souvent soutenue par une pièce oblique. || Potence de bois, dans une charpente. || Potence métallique, soutenant un balcon, un entablement…Spécialt. Potence métallique fixée à un mur et soutenant une enseigne, une lanterne, un réverbère… || Lanterne (cit. 2) en potence.
1 Cette enseigne, projetée hors de la façade, par une sorte de potence en serrurerie (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, III.
2 Un réverbère à potence éclairait d'une lumière frisante les façades très anciennes (…).
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, XXI, p. 244.
Manège. Potence portant les bagues (dans une course de bagues).Mar. Épontille supportant le faux-pont à l'endroit qui correspond au pied du mât d'artimon.Potence de chalut, qui soutient les poulies.
Toise à pièce mobile en équerre, utilisée surtout pour déterminer la taille (au garrot) des chevaux.
Horlog. Pièce supportant deux des pivots d'échappement, dans une montre à roue de rencontre.
Blason. Meuble en forme de T ( Potencé).
tableau Termes de blason.
2 En potence : en équerre, en T ou en G. || Table en potence : longue table réunie à une table perpendiculaire.
3 (XVe). Cour. a Instrument de supplice formé d'une potence soutenant une corde. Gibet (→ Bourreau, cit. 1; bûcher, cit. 3; pendre, cit. 14). || Potence servant à l'estrapade, à la pendaison. Béquille (vx), béquillarde. || Corde de potence (→ Cravate de chanvre). || Dresser une potence, la potence.
3 Et cependant les corbeaux croassaient dans l'air en quittant les cadavres qui venaient de leur fournir le repas du soir, et les chouettes sinistres volaient en rond autour des potences de pierre.
Nerval, Contes et Facéties, « Souper des pendus ».
4 (…) le souvenir présent de ce terrible code militaire, qui, dans toute imagination de soldat, plante en perspective la potence prévôtale et la certitude d'y monter, s'il frappe un coup de trop.
Taine, les Origines de la France contemporaine, III, t. I, p. 83.
5 (Elle) lança ses immenses bras vers l'un et l'autre horizon, geste suprême et définitif qui la fit ressembler à quelque potence géminée d'une ancienne fourche patibulaire.
Léon Bloy, la Femme pauvre, I, IV.
Loc. Gibier (cit. 6) de potence.
b Supplice de l'estrapade ou (plus cour.) de la pendaison. Pendaison. || Il mérite la potence. Corde. || L'exil ou la potence (→ Jusque, cit. 57).
DÉR. Potencé.

Encyclopédie Universelle. 2012.