printemps [ prɛ̃tɑ̃ ] n. m.
• prinstans XIIe; lat. primus tempus « premier temps »
1 ♦ La première des quatre saisons qui va du 21 mars au 21 juin dans l'hémisphère nord. Équinoxe de printemps (⇒ vernal) . Au printemps dernier. — Saison qui succède à l'hiver, dans les climats tempérés, où la température s'adoucit, la végétation renaît. « l'exubérant, l'éphémère, l'irrésistible printemps du Midi, gras, frais, jailli en verdures profondes, en herbe haute » (Colette). Printemps précoce, tardif. Bourgeons, boutons qui éclosent au printemps. — Loc. prov. Une hirondelle ne fait pas le printemps. — « Le Printemps », peinture allégorique de Botticelli. « Le Sacre du printemps », ballet de Stravinski.
♢ Température et végétation printanières. « Un printemps de septembre refleurit la capucine grimpante, la rose » (Colette).
2 ♦ Fig. Littér. Jeune âge, temps du jeune âge. « Sur le printemps de ma jeunesse folle » (Marot). Être au printemps de sa vie, en pleine jeunesse.
♢ (1968) Période pendant laquelle des espoirs de progrès (économique, social) semblent sur le point de se réaliser. Le printemps de Prague.
3 ♦ Vieilli ou littér. Année (d'une personne jeune). Elle avait quinze printemps. Par plais. Ses quatre-vingts printemps.
⊗ CONTR. Automne ; arrière-saison.
● printemps nom masculin (ancien français prin, premier, et temps) Saison qui précède l'été et suit l'hiver (de l'équinoxe de mars [20 ou 21] au solstice de juin [21 ou 22], dans l'hémisphère Nord). Littéraire. Douceur du climat, température douce. Symbole littéraire de la jeunesse, de la gaieté, du renouveau, de l'épanouissement. Littéraire. Chacune des années de la vie d'une personne jeune ou qui veut le paraître : Elle compte à peine quinze printemps. ● printemps (citations) nom masculin (ancien français prin, premier, et temps) Simone de Beauvoir Paris 1908-Paris 1986 Un seul printemps dans l'année…, et dans la vie une seule jeunesse. Mémoires d'une jeune fille rangée Gallimard Marceline Desbordes-Valmore Douai 1786-Paris 1859 Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, Les parfums regrettés de ses premiers printemps. Poésies Théophile Gautier Tarbes 1811-Neuilly 1872 Tandis qu'à leurs œuvres perverses, Les hommes courent haletants, Mars qui rit, malgré les averses, Prépare en secret le printemps. Émaux et camées Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Ô souvenirs ! printemps ! aurore ! Les Contemplations, Aux arbres, IV, 9 Charles d'Orléans Paris 1394-Amboise 1465 Le temps a laissié son manteau De vent, de froidure et de pluye, Et s'est vestu de brouderie, De soleil luyant, cler et beau. Rondeaux Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 Les premiers jours du printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d'un jeune homme. Réflexions et Maximes ● printemps (expressions) nom masculin (ancien français prin, premier, et temps) Littéraire. Au printemps de sa vie, en pleine jeunesse.
printemps
n. m.
d1./d Première des quatre saisons des zones tempérées, entre l'hiver et l'été, du 21 mars au 21 juin environ dans l'hémisphère Nord.
d2./d Fig., litt. Au printemps de la vie: dans la jeunesse.
d3./d Fig., litt., vieilli Année. Elle entrait dans son seizième printemps.
⇒PRINTEMPS, subst. masc.
A.— Première saison de l'année.
1. a) Saison située entre l'hiver et l'été, caractérisée par des jours plus longs, une température plus douce, une végétation renaissante. L'automne est délicieux parce que le printemps doit venir encore pour nous (...). La verdure qui naît, l'oiseau qui chante, la fleur qui s'ouvre; et ce feu qui revient affermir la vie (...) Saison de bonheur! (SENANCOUR, Obermann, t. 1, 1840, p. 93). Le printemps est un devenir; c'est la saison de la préparation, de l'espoir. J'ai toujours préféré le bouton plein de promesse à l'épanouissement de la fleur (...). « L'été c'est la saison des nids », dit Victor Hugo; le printemps, la saison des amours (GIDE, Feuillets d'automne, 1949, p. 1085). V. amollissant ex. 1 :
• 1. ... vienne le printemps et ses longues journées molles, chargées de pluie, chargées de silence. Sur les branches encore nues et sur la terre brune, tout se prépare à surgir, précédé, annoncé par l'aubépine dans les ronces et par l'alouette dans le ciel. (...) au fond de nous, un être primitif connaît le cycle de la nature et se réjouit avec confiance d'une suite de jours qui vont verdir (...) nous respirons, dans l'averse qui vient de passer, une force prête à se développer, une vigoureuse espérance, un long espace de plaisir.
BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 244.
SYNT. Printemps naissant, tardif; beau, chaud, doux, froid printemps; après-midi, jour, journée, matin, matinée, nuit, soir, soirée de printemps; ciel, odeur, parfum, pluie, ski, temps, toilette de printemps; approche, charme, douceur, effet, fête, fleur(s), haleine, joie, oiseau, retour, soleil, souffle, température, tiédeur, vent du printemps; annoncer, attendre, ramener le printemps; paraître au printemps; revenir au/avec le printemps.
— Expr. Le printemps arrive, commence, naît, renaît, revient, succède à, vient; le printemps revenu, venu; c'est le printemps; voici le printemps; au printemps; au/le printemps dernier, nouveau, passé, prochain, suivant; au/le dernier, nouveau, premier, prochain printemps; en plein printemps; à la fin du printemps; au commencement, début, milieu du printemps.
— Proverbe. Une hirondelle ne fait pas le printemps. V. hirondelle A 1.
— AGRON. Blé de printemps. Blé semé au printemps. Semailles de printemps. On vante beaucoup dans l'agriculture moderne l'emploi du blé de printemps. Il est des pays où on le cultive avec profit : dans ceux où l'été arrive lentement (...). Chez nous ce blé réussit mal (...). Semé au début de mars, (...) il est tout de suite saisi, forcé par le soleil (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 193).
— ARBORIC. Bois de printemps. À l'intérieur de la couche annuelle, on distingue (...) le bois de printemps ou bois initial, formé au début de la période de végétation, riche en éléments de conduction, par suite plus « poreux », plus léger, du bois d'été ou bois final, riche en fibres, (...) plus compact (CAMPREDON, Bois, 1948, p. 8). Voir Bot., 1960, p. 571 [Encyclop. de la Pléiade].
b) P. méton. [Avec une valeur décorative, symbolique] Représentation de cette saison. Combien j'aime la Vierge Dorée (...) combien j'aime son accueil à cette porte de la cathédrale [d'Amiens], dans sa parure exquise et simple d'aubépines (...). Mais ce printemps médiéval, si longtemps prolongé, ne sera pas éternel et le vent des siècles a déjà effeuillé devant l'église (...) quelques-unes de ses roses de pierre (PROUST, Past. et mél., 1919, p. 120).
— MYTH., LITT. [Le printemps considéré comme une divinité ou un être animé] Ce tapis si riche, si merveilleusement diapré que le printemps a tendu sur la surface de la terre pour y poser ses beaux pieds (M. DE GUÉRIN, Journal, 1833, p. 172). Les œillets, les jasmins Emplissent nos jardins d'encens et d'allégresse, Et l'ancien dieu Printemps, qu'on adorait en Grèce, N'avait pas plus de fleurs (HUGO, Légende, t. 3, 1877, p. 396). V. fou-rire ex. de Prévert :
• 2. Le printemps parfumé, beau comme un jeune amant,
Avec ses bras de lis environnant la terre,
Aux avances des fleurs répondait doucement.
GAUTIER, Poés., 1872, p. 206.
— ICONOGR. Figure allégorique qui représente le printemps sous les traits de Flore ou d'une jeune fille, d'un jeune homme portant des fleurs. V. hiver ex. 2.
c) P. méton. Douceur de climat, de température et/ou abondance, fraîcheur de végétation qui rappelle celle(s) du printemps. Ce temple est comme un monde à part. On y trouve un asile contre le froid et la chaleur. Il a (...) son printemps perpétuel que l'atmosphère du dehors n'altère jamais (STAËL, Corinne, t. 1, 1807, p. 170). Des mousses, des céleris sauvages et des fougères formaient une flore peu nombreuse, mais opulente. On sentait qu'un printemps éternel versait sa douce influence sur cette île privilégiée (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 21). La tiède après-midi d'octobre qui, en donnant au Bois un regain de printemps, avait fait sortir les grandes mondaines en voiture découverte (ZOLA, Curée, 1872, p. 321).
2. Printemps (astronomique). Intervalle de temps compris entre le 21 mars et le 21 juin environ, dans l'Hémisphère Nord. Équinoxe de printemps. Le 21 mars 1852, le jour où le printemps commençait sur les almanachs (ABOUT, Grèce, 1854, p. 11) :
• 3. Le mois où le soleil est dans le signe du Bélier (21 mars — 21 avril) est le premier mois du printemps : explosion de vie, turgescence et éclatement des bourgeons, réveil des ardeurs sexuelles chez les animaux.
Divin. 1964, p. 190.
— HIST. ROMAINE. (Vœu de) printemps sacré. ,,Vœu par lequel on consacrait aux dieux tout ce qui devait naître depuis le premier de mars jusqu'au premier de mai`` (RAYMOND 1832). [Fabius] commença par apaiser les dieux irrités (...) on leur promit des jeux (...) on leur voua un printemps sacré (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 21).
♦ P. méton. Groupe de personnes qui a fait l'objet d'un vœu de printemps sacré. Quarante-trois Samnites, tout un printemps sacré, s'entr'égorgèrent (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 57).
♦ P. métaph. Les enfants, printemps sacré, aube et lumière inconsciente du génie (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 175).
B.— P. anal. Ce qui évoque le printemps par ses vifs coloris, son aspect florissant. D'un côté, des toilettes sombres (...) de l'autre, un printemps tapageur à couleurs vives, corsages opulents, diamants prodigués (A. DAUDET, Nabab, 1877, pp. 127-128). L'Étrangère en fleur qui dévoile son ventre Et, les seins nus, étale, obscène en sa beauté, Sa chair de printemps ivre (RÉGNIER, Jeux rust., 1897, p. 65). Le bambin aux joues de printemps (TOULET, Vers inéd., 1920, p. 101).
C.— P. anal.
1. a) [À propos d'une pers. jeune, du sexe féminin le plus souvent] Synon. de année. Son dixième printemps la couronnait de roses (DESB.-VALM., Élégies, 1833, p. 129). Le moment où la femme cesse de compter par printemps et commence à compter par hivers, est irritant (HUGO, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 44). Cette jeune personne de vingt-deux printemps qui devait venir (...) enchanter la brillante assemblée (L. DAUDET, Cœur brûlé, 1929, p. 14).
— Avec une nuance fam., iron. [À propos d'une pers. d'un certain âge] Quoique comptant quarante-cinq printemps, Lupin, frais et rose, grâce à l'embonpoint (...), chantait encore la romance (BALZAC, Paysans, 1844-50, p. 274). Je ne sais point de Française qui me tendrait mon verre avec plus de grâce; surtout de Française alourdie, comme est Madame Érizian, par soixante-quatre printemps (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 207). V. automne B 1 a p. ext., été A 2, hiver B 1 a.
b) Printemps (de la vie). Première partie de la vie. Synon. adolescence, jeunesse. Jeune printemps. Durant l'époque à laquelle l'enfance Mange ce pain du ciel appelé l'espérance (...) Dans ces jours si fleuris et si courts, qu'on les nomme Le printemps de la vie et le matin de l'homme (MURGER, Nuits hiver, 1861, p. 130). Dans le plein éclat de ses vingt ans, un deuil intérieur assombrissait pour elle les plus claires journées (...). Elle se disait que son printemps était manqué (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 131). [Lamartine] songea longtemps qu'après les Méditations, œuvre de son printemps, les Harmonies, œuvre de son été, il trouverait les sources lyriques de son automne dans des Psaumes (THIBAUDET, Hist. litt. fr., 1936, p. 135). V. hiver ex. 6.
— Loc. Être au printemps de la vie/dans son printemps. Être jeune. Tu es toujours dans ton printemps, comme voilà la terre en fleurs (SAND, Maîtres sonneurs, 1853, p. 250). La châtelaine n'était plus tout à fait au printemps de la vie; son été mûrissant s'annonçait par quelques plis légers qui sillonnaient l'ivoire de son front (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 437).
— P. méton. Personne jeune. Elle si jeune, moi déjà mûr. Elle printemps. Moi hiver? Non, l'été penché vers l'automne (MICHELET, Journal, 1849, p. 42).
c) [À propos d'une chose] Premier temps, période initiale. Synon. début. Printemps de la jeunesse. Ce corps (...) première fleur que le sage voit naître et s'épanouir, au printemps de l'Œuvre (FULCANELLI, Demeures philosophales, t. 2, 1929, p. 230). Ces commencements de l'état chantant, ces printemps intimes de l'invention expressive sont délicieux, comme est délicieux le balbutiement préalable de l'orchestre (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 119). Mes frères Gustave et Raymond, ma sœur Caroline, fleurs des premières années, au printemps du lit nuptial (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 169).
2. Période de revivification, de renouvellement. Synon. renaissance, renouveau. Second printemps. Vous souffrez (...) sans avoir l'espoir de revivre dans un beau matin. Songez donc que pour l'âme il y a des printemps et de fraîches matinées à toute heure (...). Que d'êtres ont recommencé de belles et de suaves vies plus loin que vous encore dans l'âge (BALZAC, Corresp., 1829, p. 412). Les grands poëtes ont en eux de puissantes et aussi de cruelles ressources de consolation; leur âme, comme une terre fertile, se renouvelle presque à plaisir, et elle retrouve plusieurs printemps (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t. 2, 1843, p. 332).
— P. méton. Personne qui sait se renouveler, qui apporte un renouveau. [Bonnard] est le printemps (...) tout dans le monde (...) étant nouveau pour lui, il l'exprime de façon neuve (...) il est le premier à ordonner suivant un rythme que tous ignoraient avant lui, les bonnes vieilles harmonies (FAURE, Hist. art, 1921, p. 225).
— En partic., domaine pol., soc. ,,Période d'insurrection ou de réformes caractérisée par l'épanouissement de certaines idées progressistes`` (Dict. 4 1973). Printemps de Prague. Le « printemps libéral » qui a failli naître après l'assassinat, l'an dernier, du général Park [en Corée du Sud] n'aura été que le prélude à un régime encore plus sinistre (Le Nouvel Observateur, 20 sept. 1980, p. 50, col. 4) :
• 4. Des révoltes ouvrières d'Allemagne orientale en 1953, à celles des ports polonais de la Baltique en 1970, en passant par « l'automne » hongrois et « le printemps » tchèque, toutes les crises majeures qui ont secoué l'empire soviétique du vieux continent ont toujours été circonscrites aux frontières d'un seul pays.
Le Point, 21 févr. 1977, p. 48, col. 1.
3. Période de vitalité ardente, d'épanouissement. Printemps de l'amour. À cet âge de crise de la femme, ces premiers jours de printemps fiévreux, où les forces d'amour gonflent l'être (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 873) :
• 5. [Madeleine] revenait enfin, affectueuse à me ravir (...). Imaginez un vrai printemps, rapide et déjà très-ardent, comme toutes les saisons tardives, plein de riantes erreurs, de floraisons généreuses, d'imprévoyances, de joies parfaites. Autant je m'étais étroitement replié sur moi-même avant cette subite éclosion qui me surprenait dans l'engourdissement de la véritable enfance, autant je mis de promptitude à m'épanouir.
FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 100.
— P. méton., rare. Personne qui apporte la plénitude. Elle s'éveillerait à mon approche (...) je voudrais être son printemps, un printemps sans frimas qui l'entraînerait doucement vers l'été (GENEVOIX, Mains vides, 1928, p. 140).
4. Période ou atmosphère de gaieté; douceur, charme poétique, agrément, etc. Il n'y a pas plus de printemps dans mon cœur que sur la grande route (...) où la poussière se lève en tourbillons (FLAUB., Corresp., 1846, p. 201). Le voici venir maintenant, derrière ces gens de printemps et de vers, cet homme en prose : Balzac (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 180). Nos cœurs disjoints vont toujours l'amble (...) Notre printemps c'est d'être ensemble (ARAGON, Crève-cœur, 1941, p. 43). V. enchanter ex. de Vailland.
— P. méton. Personne qui évoque le printemps par son allégresse. Antoinette, oui! Cette grâce, cette jeunesse, cette joie, ce printemps turbulent, gazouilleur et frais, c'est elle que j'aime (PAILLERON, Étincelle, 1879, 1, p. 5).
— En partic., domaine relig. Printemps éternel. Synon. de paradis. [Le Seigneur] vint annoncer à sa bien-aimée [Sainte Élisabeth] que le triste hiver de sa vie (...) était passé, et que l'aurore du printemps éternel allait se lever pour elle. L'année 1231 tirait à sa fin (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 265).
REM. 1. Printaner, verbe intrans., littér., vx. Retrouver l'éclat du printemps, se raviver, se revigorer. Les joies nouvelles ne font point printaner les anciennes joies, mais les douleurs récentes font reverdir les vieilles douleurs (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 431). 2. Printanisation, subst. fém., agron. Procédé consistant à humidifier des graines de céréales et à les placer en chambre froide au début de leur germination, de façon à accélérer l'évolution de la plante, tout en maintenant un rendement satisfaisant. Synon. vernalisation. En 1928, l'agronome russe Lyssenko a montré que le traitement efficace par le froid pouvait être subi chez les céréales d'hiver à l'état de grains légèrement imbibés d'eau (...). Tout se passe ainsi comme si on avait, par ce traitement, transformé un blé d'hiver en blé de printemps (Jarovoé en russe), d'où les noms de jarovisation ou de printanisation, ou, plus universellement, de vernalisation qui ont été donnés par Lyssenko à sa méthode (Le Bon jardinier, Paris, éd. La Maison rustique, t. 1, 1977 [1964], p. 274).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 printans « saison » (Naissance du Chevalier au Cygne, Elioxe, éd. E. Michel, 3329); 1666 p. ext. « température et végétation de cette saison » (BOILEAU, Satire VI ds LITTRÉ); 2. 1539 p. métaph. « temps du jeune âge » (MAROT, Églogue au Roy, éd. C. A. Meyer, t. 3, p. 343); 3. 1770 « année » (DELILLE, Trad. Géorgiques, p. 179). Comp. de l'a. fr. prins (v. prime1) et de temps qui pourrait remonter au comp. lat. primus tempus « la bonne saison », primus « première partie d'un laps de temps » et tempus utilisé en gén. au sens de « saison ». Printemps a éliminé l'a. fr. primever « printemps » (v. primevère) disparu en ce sens au XVIe s. Fréq. abs. littér. :4 372. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 6 119, b) 6 088; XXe s. : a) 6 870, b) 5 977. Bbg. DUB. Dér. 1962, p. 33 (s.v. printanisation). — QUEM. DDL t. 3 (s.v. printanisation).
printemps [pʀɛ̃tɑ̃] n. m.
ÉTYM. Fin XIIIe; prins tans, XIIe; lat. primus tempus « premier temps »; a éliminé primevère (cf. esp. et ital. primavera).
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1 La première des quatre saisons, qui va du 21 mars au 21 juin dans l'hémisphère nord. || Printemps astronomique. || Équinoxe de printemps. ⇒ Vernal. || Au printemps dernier (→ Atermoiement, cit. 3). || En plein printemps. — Saison qui succède à l'hiver, dans les climats tempérés, et où la température s'adoucit, la végétation renaît et reverdit (cf. Nouvelle saison, renouveau). → Averse, cit. 2, Gautier; environ, cit. 9, Chateaubriand. || Attente (cit. 24), retour du printemps (→ Érotique, cit. 1). || Les premiers jours du printemps (→ Naissant, cit. 4). || Printemps précoce, tardif. || Bourgeons, boutons qui éclosent (cit. 3 et 6) au printemps. || Le printemps, saison des amours (→ Frai, cit. 1). || Le rossignol, héraut (cit. 3) du printemps. || Retour des hirondelles au printemps. || Semailles, blé, bois de printemps. || Douceur (cit. 6) du printemps. — ☑ Prov. Une hirondelle ne fait pas le printemps. — Le Printemps, peinture allégorique de Botticelli. || Le Sacre du printemps, ballet de Stravinski.
1 Je reviens encore à vous, ma bonne, pour vous dire que si vous avez envie de savoir, en détail, ce que c'est qu'un printemps, il faut venir à moi (…) Que pensez-vous donc que ce soit que la couleur des arbres depuis huit jours ? répondez. Vous allez dire : « Du vert ». Point du tout, c'est du rouge. Ce sont de petits boutons, tout prêts à partir, qui font un vrai rouge; et puis ils poussent tous une petite feuille, et comme c'est inégalement, cela fait un mélange trop joli de vert et de rouge.
Mme de Sévigné, Lettres inédites, 149, 19 avr. 1690.
2 Ajoutez l'aggravation du printemps. Il aspirait les effluves sans nom de l'obscurité sidérale. Il allait devant lui, délicieusement hagard. Les parfums errants de la sève en travail, les irradiations capiteuses qui flottent dans l'ombre, l'ouverture lointaine des fleurs nocturnes, la complicité des petits nids cachés, les bruissements d'eaux et de feuilles, les soupirs sortant des choses, la fraîcheur, la tiédeur, tout ce mystérieux éveil d'avril et de mai, c'est l'immense sexe épars, proposant à voix basse la volupté, provocation vertigineuse qui fait bégayer l'âme.
Hugo, l'Homme qui rit, II, III, IX.
3 C'est le printemps, comme on l'imagine dans les contes de fées, l'exubérant, l'éphémère, l'irrésistible printemps du Midi, gras, frais, jailli en verdures profondes, en herbe haute que le vent balance et moire, en arbres de Judée autant mauves que rouges, en paulownias couleur de pervenche grise, en lilas bleus dont la croix de pétales s'ourle d'une pourpre nacrée, en faux ébéniers, en glycines, en roses (…)
Colette, Belles saisons, p. 148.
♦ Par ext. Température et végétation de cette saison. || Recéler le printemps au milieu des hivers (→ Arbre, cit. 14). || Un lieu de printemps éternel (→ Border, cit. 1).
4 Un printemps de septembre refleurit la capucine grimpante, la rose, l'infatigable pourpier aux cinq couleurs, les petits pétunias sarmenteux.
Colette, Belles saisons, p. 35.
2 (1968). Fig. (Domaine politique, social). Période pendant laquelle des espoirs de libération, de progrès (économique, social) semblent sur le point de se réaliser. || Printemps démocratique, de la liberté. || Le printemps de Prague. || Le printemps polonais.
4.1 (…) ce que l'on appela le « printemps de Prague » procéda d'une conception réellement libérée, joyeusement intelligente, de l'homme et de la société socialistes, où le bolchevisme russe eût pu trouver l'occasion de se rédimer.
Raymond Abellio, Ma dernière mémoire, t. II, p. 155.
3 (V. 1530). Fig., littér. Jeune âge, temps du jeune âge. ⇒ Jeunesse; avril (fig.). || Amour et les fleurs (cit. 2, Ronsard) ne durent qu'un printemps. || Mon beau printemps et mon été (→ 1. Être, cit. 40). || Sur le printemps de ma jeunesse folle (→ Arondelle, cit. Marot). || L'homme n'a qu'un printemps dans la vie (→ Approche, cit. 27). || Aujourd'hui le printemps, Ninon, demain l'hiver (cit. 11, Musset).
5 Regarde sans frayeur la fin de toutes choses,
Consulte le miroir avec des yeux contents :
On ne voit point tomber ni tes lis, ni tes roses.
Et l'hiver de ta vie est un second printemps.
François Maynard, la Belle Vieille.
6 Je ne suis qu'au printemps, je veux voir la moisson;
Et comme le soleil, de saison en saison,
Je veux achever mon année.
André Chénier, Odes, VII.
7 (…) que gagnerais-je à lésiner sur mon printemps, pour goûter les joies de la vie quand personne ne voudra plus les partager avec moi ?
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 38.
4 (XVIIIe). Poét. Vieilli. Année (en parlant de l'âge d'une personne jeune). || Elle avait quinze printemps. — Par plais. || Ses quatre-vingts printemps.
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CONTR. Automne. — Arrière-saison.
DÉR. Printanier, printanisation.
COMP. Avant-printemps.
Encyclopédie Universelle. 2012.