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prouver

prouver [ pruve ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1260; prover « établir la vérité de » XIe; lat. probare « éprouver »
1Faire apparaître ou reconnaître (qqch.) comme vrai, réel, certain, au moyen de preuves. démontrer, établir. Prouver une proposition par un raisonnement, des arguments pertinents. Loc. Prouver qqch. par a + b ( 1. a) . Prouver la vérité, la fausseté d'un fait. « Je n'avance rien que je ne prouve » (Pascal). Cela n'est pas prouvé, cela reste à prouver. C'est mathématiquement prouvé. « Et qui nous prouvera que, cette fois-ci, vous voyez ce que vous dites ? » (Sand). Loc. fam. Avoir qqch. à prouver : chercher à accomplir des exploits ou des choses remarquables, parce qu'on n'est pas sûr de soi. — Absolt Le désir de prouver. Impers. « Il est prouvé que les attaques frontales ne donnent pas de résultats » (Maurois).
Prouver qqch. en justice. L'infanticide a été prouvé. « J'ai dit et prouvé, que monsieur Goëzman était l'auteur des déclarations de le-Jay » (Beaumarchais).
2(Sens affaibli) Exprimer (une chose) par une attitude, des gestes, des paroles. montrer. Comment vous prouver ma reconnaissance ? (cf. Donner la preuve, des preuves, des marques de...). « Je vous prouverai, mille fois et de mille manières, que vous êtes, que vous serez toujours la véritable souveraine de mon cœur » (Laclos). Cet enfant prouve qu'il a le sens de l'humour.
3(Sujet chose) Servir de preuve, être (le) signe de. annoncer, indiquer, marquer, montrer, révéler, témoigner (de). « L'infécondité de huit reines, la mort prématurée de six rois, prouvent assez la dégénération de cette race » (Michelet). « Son expérience personnelle lui prouvait que seul l'amour d'une femme peut inspirer un grand courage » (Maurois). Cela ne prouve rien. Qu'est-ce que cela prouve ?
4 ♦ SE PROUVER v. pron. (pass.) Être prouvé. « Les choses de fait ne se prouvent que par les sens » (Pascal).
(Réfl.) L'humaniste « tâche de se prouver à lui-même qu'il reste le maître de ses abandons » (F. Mauriac). (Au sens 2) Il a voulu se prouver (à soi-même) son courage, qu'il était courageux.
(Récipr.) « Quand nous nous serons prouvé l'un à l'autre que je suis une coquette et vous un libertin » (Musset).

prouver verbe transitif (latin probare) Établir la vérité de quelque chose par des témoignages, des raisonnements, etc. : Il a réussi à prouver son innocence. Manifester un sentiment par un acte, le montrer concrètement, en être le témoignage : Comment pourrais-je vous prouver ma reconnaissance ? Servir de preuve, indiquer, révéler : Cette réponse prouve une grande naïveté.prouver (citations) verbe transitif (latin probare) Salvador Dalí Figueras 1904-Figueras 1989 Le poète doit, avant qui que ce soit, prouver ce qu'il dit. Métamorphose de Narcisse José Corti André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Ce n'est pas la passion qui détruit l'œuvre d'art, c'est la volonté de prouver. Le Temps du mépris Gallimard Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Nous avons une impuissance de prouver, invincible à tout le dogmatisme. Nous avons une idée de la vérité, invincible à tout le pyrrhonisme. Pensées, 395 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. Quintilien, en latin Marcus Fabius Quintilianus Calagurris Nassica, aujourd'hui Calahorra, Espagne, vers 30-vers 100 après J.-C. On écrit pour raconter, non pour prouver. Scribitur ad narrandum, non ad probandum. Institution oratoire, I, 31 William Blake Londres 1757-Londres 1827 Ce qui est maintenant prouvé ne fut jadis qu'imaginé. What is now proved was once only imagined. The Marriage of Heaven and Hell prouver (synonymes) verbe transitif (latin probare) Établir la vérité de quelque chose par des témoignages, des raisonnements...
Synonymes :
- confirmer
- démontrer
- justifier
Manifester un sentiment par un acte, le montrer concrètement, en...
Synonymes :
- afficher
- affirmer
- déployer
- faire montre de
- manifester
- signifier
Servir de preuve, indiquer, révéler
Synonymes :
- attester
- dévoiler
- faire foi de
- illustrer
- indiquer
- marquer
- révéler
- témoigner de
- trahir

prouver
v.
rI./r v. tr.
d1./d établir la vérité, la réalité de (qqch) par le raisonnement, ou par des pièces à conviction faisant preuve.
d2./d (Sujet n. de chose.) Constituer une preuve de; indiquer avec certitude. Cet exposé prouve une bonne connaissance du sujet.
rII./r v. Pron. (Pass.) être prouvé. Les choses de la foi, du sentiment ne se prouvent pas.
(Réfléchi) Exprimer (à soi-même). Il a voulu se prouver, se prouver à lui-même qu'il était capable d'agir seul.
(Réciproque) Ils se sont prouvé l'un à l'autre qu'ils avaient tort.

⇒PROUVER, verbe trans.
A.— 1. Établir, de manière irréfutable et au moyen de faits, de témoignages, de raisonnements, la vérité ou la réalité de (quelque chose). Synon. démontrer. Prouver la fausseté, l'authenticité d'un écrit; prouver une hypothèse, une proposition, une thèse. Hommes, cessez de ne prouver Dieu que par la nature matérielle (...). Et si cette nature matérielle avoit déjà accompli tous ses types, et qu'elle n'existât plus, comment prouveriez-vous donc celui qui l'a formée? (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 21). Faut-il rappeler les cas les plus célèbres [de conflits] : Anaxagore disant que le soleil est une pierre incandescente (...), Galilée prouvant le mouvement de la terre (LÉVI-BRUHL, Mor. et sc. mœurs, 1903, p. 44) :
1. Je prouve mon domicile ici (...) de citations, de jugements, acquisitions et ventes de propriétés foncières faites en différents temps par moi, dans ce département.
COURIER, Pamphlets pol., Conseil préfect. Tours, 1820, p. 50.
Prouver que. Il en sera donc réduit, une fois de plus, à prouver (...) que la levure alcoolique ne dérive pas du jus de raisin, mais de germes venus de l'extérieur, et situés à la surface du grain (J. ROSTAND, Genèse vie, 1943, p. 177).
Prouver combien. Ceci uniquement, mon cher ami, pour vous prouver combien l'épigraphie est science relative toujours subordonnée à la découverte d'un texte nouveau, qui contredit les données antérieures (BENOIT, Atlant., 1919, p. 99).
Proverbe. Qui veut trop prouver, ne prouve rien. Celui qui veut accumuler trop de preuves finit par provoquer le doute. (Dict. XIXe et XXe s.).
Empl. impers. Il est/semble prouvé que. Il est prouvé en effet que tout travail détruit, dans un organe mécanique quelconque, correspond à une chaleur créée (RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p. 62). Il semble bien prouvé que (...) le seigle, l'avoine et le chanvre, cultivés seulement dans le centre et le nord de l'Europe, sont venus de l'est (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 31).
Empl. pronom. indir. Se démontrer. Se prouver qqc. à soi-même. L'homme se joue, se prouve les évidences, se gonfle du plaisir de répéter des preuves, et ne vit que comme cela! (RIMBAUD, Saison enfer, 1873, p. 236).
Empl. pronom. à sens passif. Même sens. La confiance dont un ministre jouit, ou la défiance qu'il inspire, se prouve par la majorité qui le soutient ou qui l'abandonne (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p. 89).
DR. CIVIL, COMM. ET PÉNAL. Établir au moyen de preuves la réalité d'un acte ou d'un fait juridique (v. preuve I A 1). Prouver en justice; prouver par commune renommée; prouver par tous moyens. Ni pour l'algarade chez Trochut, ni pour le coup de grillage près de l'étang, l'enquête de police n'avait réussi à prouver la culpabilité de Raboliot (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 103) :
2. Avant la loi de 1899, dans le cas de dommage causé par un élève à un autre élève (...) l'instituteur (...) devait prouver qu'il n'avait pu empêcher le fait dommageable, ce qui constituait pour lui une lourde responsabilité.
Encyclop. éduc., 1960, p. 289.
2. [Le suj. désigne un fait, un raisonnement] Démontrer, révéler. Cela ne prouve rien; qu'est-ce que cela prouve? cela reste à prouver; les événements l'ont prouvé. Toutes les races possèdent une culture propre et ce seul fait nous prouve le grand âge de la civilisation humaine (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 18) :
3. ... Cajetan, parlant de la conclusion directe et explicite des cinq preuves de l'existence de Dieu proposées par saint Thomas, remarque que ces preuves ne prouvent pas Dieu...
Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 884.
Prouver que. Les faits ont prouvé que les perspectives de Malthus étaient superficielles : la progression de la population ne se fait pas à un rythme si rapide (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1968, p. 156) :
4. La culture des tissus (...) a prouvé que la cellule, extraite et placée in vitro dans des conditions adéquates, se nourrit, se divise, se multiplie et se déplace.
Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 605.
Absol. Les faits prouvent plus que les mots (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. XI).
B.— HIST. Prouver la noblesse (d'une pers.). L'établir en apportant à l'appui l'ensemble de ses titres. Le nombre des degrés était fixé à quatre pour l'admission dans l'ordre du Saint-Esprit (...). Il en fallait prouver neuf d'une noblesse ancienne, et sans principe connu, pour l'admission dans l'ordre de Saint-Lazare (GRANDM. 1852).
Empl. pronom. passif. En Angleterre, en Irlande et en Écosse, la noblesse se prouve par des tables généalogiques, dans lesquelles sont cités les monuments qui servent de preuves (GRANDM. 1852).
C.— Donner des marques de, manifester par son comportement, par des actes (un sentiment, une disposition de l'esprit). Synon. montrer, témoigner. Prouver son amour, son courage; cela prouve une grande méchanceté. Knock : Vous avez une situation à m'indiquer? Le Docteur : La mienne. Je vous la donne. Je ne puis pas mieux vous prouver mon admiration (ROMAINS, Knock, 1923, III, 6, p. 19). Le premier acte envers Dieu, ma fille, est de lui prouver ta bonne volonté d'expiation (JOUVE, Paulina, 1925, p. 96).
Empl. pronom. réciproque. Il fut convenu entre eux qu'ils s'aimaient sans qu'ils ne se le fussent prouvé par rien de sensuel ou de brutal (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Mme Parisse, 1886, p. 732).
Prononc. et Orth. :[], (il) prouve [pru:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) ) Déb. XIIe s. trans. « montrer, démontrer, apporter en preuve » (BENEDEIT, St Brendan, 373 ds T.-L.); ) ca 1130 « établir la preuve » prover que dr. (Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke, § 21, 2, p. 19); ) ca 1265 cont. sc. prover que (BRUNET LATIN, Trésor, I, CXVI, 5, éd. F. J. Carmody, p. 102, 24); 1657 réfl. « être, pouvoir être démontré » (PASCAL, Provinciales, XVIII ds Œuvres, éd. J. Chevallier, p. 899 : les choses de fait ne se prouvent que par les sens); b) 1197 « (en parlant d'une chose) être le témoignage, le signe de » prover que (HELINAND, Vers de la Mort, 30, 1 : 43, 3 ds T.-L.); 2. a) ca 1170 réfl. bien se prover « (d'une personne) se montrer, se conduire » (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 3480); b) ca 1180 id. « (d'une chose) manifester sa réalité, se montrer » (THOMAS, Tristan, 2156 ds T.-L.); fin XIIe s. (Brut, ms. de Munich, 3928, ibid.); 3. ca 1215 trans. « (d'une personne) manifester une qualité, un sentiment » (Aimeri de Narbonne, éd. L. Demaison, 919). Du lat. probare « éprouver, vérifier; rendre croyable, démontrer, prouver » et « trouver bon, approuver », v. probant. Fréq. abs. littér. :7 742. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 16 688, b) 9 556; XXe s. : a) 9 512, b) 7 840.
DÉR. 1. Prouvable, adj. Que l'on peut prouver, dont on peut établir la vérité, la réalité. Dans sa colère, le général en chef va jusqu'à proposer l'institution d'un syndicat qui (...) pût, sur sa simple conviction, punir les délits [des fournisseurs] qui ne sont jamais prouvables matériellement (STENDHAL, Napoléon, t. 2, 1842, p. 256). Le monde de l'esprit, de la foi, demeure intérieur, mystérieux, non prouvable (GREEN, Journal, 1947, p. 106). []. 1re attest. ca 1265 « dont on peut faire la preuve » argumens provables (BRUNET LATIN, Trésor, III, 56, 6, éd. F. J. Carmody, p. 367, 24); de prouver, suff. -able; l'a. fr. prouvable « digne de louange » (XIIIe s., Bible, Bibl. nat. 901, fol. 56c ds GDF.) est une réfection du lat. probabilis « digne d'être loué » d'apr. prouver, cf. aussi probable. 2. Prouveur, subst. masc., hapax. Celui qui prouve, qui témoigne de ses sentiments et les concrétise. Si tant de femmes, et même les plus vertueuses, sont la proie des gens habiles en amour auxquels le vulgaire donne un méchant nom, peut-être est-ce parce qu'ils sont de grands prouveurs, et que l'amour veut, malgré sa délicieuse poésie de sentiment, un peu plus de géométrie qu'on ne le pense (BALZAC, Langeais, 1834, p. 278). []. 1res attest. ca 1350 « celui qui apporte des preuves », spéc. « celui qui défend devant les juges » (GILLES LI MUISIS, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 253), très rare; à nouv. 1834 (BALZAC, loc. cit.); de prouver, suff. -eur2; l'a. fr. proveor (1re moit. XIIe s. pruverre, cas suj., « celui qui éprouve, qui sonde » (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, VII, 9) est dér. de prouver d'apr. le lat. chrét. probator « celui qui éprouve, qui examine » (BLAISE Lat. chrét.).
BBG. — VERREAULT (Cl.). Les Adj. en -able en franco-québécois. Trav. de ling. québécoise. 3. Québec, 1979, annexe 1 § 29; 2 § 106; p. 192, 216 (s.v. prouvable).

prouver [pʀuve] v. tr.
ÉTYM. V. 1265; fin XIe, prover « mettre à l'épreuve, établir la vérité de »; du lat. probare, proprt « éprouver ».
1 (V. 1130). Faire apparaître ou reconnaître comme vrai, réel, certain, au moyen de preuves. Démontrer (cit. 3), établir. || Prouver une proposition par un raisonnement, des arguments pertinents, point par point. — ☑ Loc. Prouver qqch. par A+B. || Prouver l'authenticité de ses titres par des pièces justificatives.Ellipt. || Prouver vingt ans de noblesse (cit. 12).Prouver l'existence de Dieu par des raisons naturelles (→ Athée, cit. 2); ellipt, prouver Dieu (cit. 34). || Prouver l'immortalité de l'âme par les causes finales (cit. 2). || Prouver une chose et son contraire (cit. 16) avec la même force d'évidence. || Je n'avance (cit. 5, Pascal) rien que je ne prouve. || Prouver qqch. contre qqn. || Il ne semble pas que vous prouviez rien contre moi (→ 2. Être, cit. 31).(Au passif). || Ne pas croire aux miracles (cit. 5) parce qu'aucun n'est prouvé. Avéré, confirmé. || Cela n'est pas prouvé, cela reste à prouver. Constater, évidence (mettre en).Prouver l'absurdité de ragots (→ 1. Faux, cit. 7), l'utilité des exercices (cit. 4) du corps.Prouver que… || « Bayle a prétendu prouver qu'il valait mieux être athée (cit. 5) qu'idolâtre » (Montesquieu). || Prouvez que ces expériences (cit. 45) sont inexactes. || Raisonnements pour prouver à une femme qu'un amour involontaire (cit. 2) n'est pas un crime. Comprendre (faire), croire (faire). || Je vous prouverai que vous n'êtes qu'une pécore (cit. 1, Molière).
1 (…) ceux qui savent les preuves de la religion prouveront sans difficulté que ce fidèle est véritablement inspiré de Dieu, quoiqu'il ne pût le prouver lui-même.
Pascal, Pensées, IV, 287.
2 Je ne sais si ceux qui osent nier Dieu méritent qu'on s'efforce de le leur prouver (…)
La Bruyère, les Caractères, XVI, 36.
3 Et qui nous prouvera que, cette fois-ci, vous soyez ce que vous dites ? car voilà déjà un mensonge que vous n'avez pas pu soutenir.
G. Sand, la Mare au diable, Appendice, II.
4 C'est étrange, Thérèse, comme tu dévies la conversation lorsque j'essaye de te prouver par a+b que tu t'es fait rouler par notre chère Éducation nationale.
Yanny Hureaux, la Prof, p. 239.
Prov. Qui veut trop prouver ne prouve rien : l'accumulation des preuves fait douter de leur valeur.
Absolt. || L'excès de généralisation (cit. 2) où entraîne le désir de prouver.Impers. || Il est prouvé que… (→ Dénombrement, cit. 3; front, cit. 28). || Il n'est aucunement prouvé que… (→ Étourderie, cit. 3).
(XIIe). || Prouver qqch. en justice : en fournir la preuve. || Innocence qui apparaît (cit. 18) impossible à prouver. || L'infanticide (2. Infanticide, cit. 1) a été prouvé. || « Êtes-vous, oui ou non, l'auteur de ce livre ? — Si vous pouvez le prouver, produisez vos témoignages » (→ Inquisiteur, cit. 4).
5 J'ai dit et prouvé, que monsieur Goëzman était l'auteur des déclarations de le-Jay (…)
J'ai dit ensuite, sans le prouver, que mon exposé était en tout conforme aux dépositions des témoins et interrogatoires des accusés; mais la preuve est au procès. Ensuite j'ai prouvé, sans avoir besoin de le dire, que le sieur Marin avait tenu une conduite peu honnête en toute cette querelle (…)
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 146.
2 (V. 1112). Sens affaibli. Exprimer (une chose) par une attitude, des gestes, des paroles. Montrer, voir (faire). || Comment vous prouver ma reconnaissance ? (→ Donner la preuve, des preuves, des marques de…). || Je suis bon Français, je l'ai prouvé et le prouverai encore (→ Impolitique, cit.). || Ces folles prouvent par leurs égarements (cit. 6, Renan) les saintes lois de la nature. Affirmer.Prouver que… || Il paraît (cit. 40) avoir à cœur de me prouver qu'il a de l'honnêteté. || Histoire de prouver qu'il est un homme libre (→ Poivrot, cit.). || Cet enfant prouve qu'il a le sens de l'humour et du plus fin (cit. 14). || Hugo nous a prouvé que le domaine (cit. 5, Baudelaire) de la poésie est presque illimité.
6 Je volerai à vos pieds et dans vos bras, et je vous prouverai, mille fois et de mille manières, que vous êtes, que vous serez toujours, la véritable souveraine de mon cœur.
Laclos, les Liaisons dangereuses, CXXIX.
7 La jalousie peut plaire comme une manière nouvelle de prouver l'amour.
Stendhal, De l'amour, XXXVI.
3 (XVIIe). Sujet n. de chose. Servir de preuve, être (le) signe de… Annoncer, déceler, indiquer, marquer, révéler, témoigner, voir (faire, laisser). || Une action isolée ne prouve rien (→ 1. Masse, cit. 14). || Un exemple qui ne prouvait rien (→ Pessimisme, cit. 4). || Traditions qui prouvent l'antiquité (cit. 4) des peuples de l'Égypte. Attester; foi (faire foi de…). || Misères qui prouvent la grandeur de l'homme (→ Déposséder, cit. 1, Pascal). || Cela seul prouve démonstrativement (cit.) son libertinage. || Ses manières entreprenantes prouvaient un « coureur » (cit. 6).Qu'est-ce que cela prouvait ? (→ Quelle conclusion en tirer ?) — Prouver que… || Cela prouvait qu'il fallait des mesures encore plus exceptionnelles (cit. 2). || L'expérience prouve que… (→ Autocratie, cit. 1; et aussi indispensable, cit. 11). || Ce qui prouve que… (→ Dissection, cit. 1), ce qui tendrait à prouver que… (→ Chance, cit. 8). || Cette incartade (cit. 7) prouve que ton éducation est à refaire.Qu'est-ce qui me prouve qu'elle ne va pas le rejoindre ? (→ Imaginer, cit. 18).
8 (…) mes tendres soupirs
Vous ont assez prouvé l'ardeur de mes désirs (…)
Molière, les Femmes savantes, I, 2.
9 L'infécondité de huit reines, la mort prématurée de six rois, prouvent assez la dégénération de cette race : elle finit d'épuisement comme celle des Mérovingiens.
Michelet, Hist. de France, II, III.
10 Mais ces appréciations prouvent plus en faveur de la bonté du Pepys que du talent de sa femme.
R. Rolland, Voyage musical…, p. 38.
11 Son expérience personnelle lui prouvait que seul l'amour d'une femme peut inspirer un grand courage.
A. Maurois, Ariel…, II, VII.
——————
se prouver v. pron.
1 (Sens 1). Passif. || Les choses de fait ne se prouvent que par les sens (→ 1. Point, cit. 88, Pascal).
(Réfl. ind.). || Se prouver à soi-même la vérité d'une religion (→ Passionner, cit. 13).
12 L'humaniste (…) tâche de se prouver à lui-même qu'il reste le maître de ses abandons.
F. Mauriac, Souffrances et Bonheur du chrétien, p. 159.
2 (Sens 2). Récipr. || « Quand nous nous serons prouvé l'un à l'autre que je suis une coquette (cit. 6) et vous un libertin… » (Musset).Sens passif. || Tendresse qui se prouve par mille prévenances.
——————
prouvé, ée p. p. adj.
|| C'est prouvé. Certain, évident, sûr.Accusations dûment prouvées (→ Instruction, cit. 15). || Circonstances prouvées de manière irréfragable (cit. 3) par des dépositions de témoins.
CONTR. Alléguer, infirmer. — (Du p. p. adj.) Gratuit, incertain.
DÉR. et COMP. Éprouver. — Prouvable, prouveur. — Réprouver. — (Du même rad.) Preuve, probable, probant, probatoire.

Encyclopédie Universelle. 2012.