putain [ pytɛ̃ ] n. f.
• 1120; cas régime en -ain de l'a. fr. put → pute
1 ♦ Péj., vulg. Prostituée. ⇒ pute. Je rencontre « une petite putain, peinte et poudrée » (Duhamel). « La Putain respectueuse », pièce de Sartre (cf. Une respectueuse).
2 ♦ Péj., vulg. Femme facile, qui a une vie sexuelle très libre. Enfant, fils de putain, termes d'injure.
3 ♦ Fam. Personne qui cherche à plaire à tout le monde. Il fait la putain. — Adj. « un gros bonhomme fort pacifique et très putain » (Flaubert).
4 ♦ Interj. Fam. Putain ! marquant l'étonnement, l'admiration, la colère, etc. ⇒ punaise, purée.
♢ Putain de (et subst),marquant le mépris, l'exaspération. ⇒ satané. « la putain de pendule cognait » (Giono). Quel putain de temps !
● putain nom féminin (de pute) Populaire Prostituée. Femme débauchée, sans moralité (terme d'injure). ● putain (citations) nom féminin (de pute) Populaire William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Un des trois piliers du monde devenu le bouffon d'une putain. The triple pillar of the world transformed into a strumpet's fool. Antoine et Cléopâtre, I, 1, Philon ● putain (expressions) nom féminin (de pute) Populaire Putain !, exclamation de colère, d'étonnement, etc. : Putain ! elle est super ta bagnole ! ● putain (synonymes) nom féminin (de pute) Populaire Prostituée.
Synonymes :
- catin (littéraire)
- grue (populaire)
- morue (populaire)
- péripatéticienne
- poule (populaire)
- pute (populaire)
- respectueuse (littéraire)
● putain
adjectif
Populaire
Qui cherche à séduire tout le monde : Un homme obséquieux et très putain.
● putain (expressions)
adjectif
Populaire
Putain de, qui provoque la colère, l'exaspération : Ce putain de bus est en retard.
putain
n. f. et adj.
d1./d n. f. Vulg. Prostituée.
|| Inj. Femme de moeurs faciles.
d2./d adj. (inv. en genre) Fig., Fam. Prêt à n'importe quelle concession. Elle est un peu putain.
⇒PUTAIN, subst. fém.
A. — Trivial
1. Prostituée qui exerce son métier dans la rue ou en maison de tolérance. Synon. catin, pute. Cette Leininger, c'est du vice tout froid, tout arithmétique, que ne monte pas même le vin, enfin une prostituée sans le tempérament d'une vraie putain (GONCOURT, Journal, 1875, p. 1070). Je préfère (...) les hommes qui couchent avec les putains sans faire de phrases, aux puritains qui les font enfermer sous prétexte de les relever (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 112):
• 1. En quoi pouvaient compter ces filles « sérieuses », ces sales bourgeoises (...) auprès de cette chasse sombre à la putain, en pleine rue, en plein soleil, auprès de cette joie farouche de coucher avec tout Paris, avec ces sexes de Paris, pour un coup d'œil, pour l'argent, pour la sincérité criante de deux cents francs donnés, d'un corps offert, d'un amour d'oiseau et d'un oubli mutuel.
R. FALLET, Pigalle, 1981 [1979], p. 41.
— Rare. [À propos d'un homme] [Des femmes seules] essaient d'abord de trouver des petits amis (...). Très vite elles s'aperçoivent que les garçons font semblant d'être amoureux pour mieux les gruger (...). Alors, dégoûtées, elles préfèrent avoir recours à une « putain ». Elles se disent: « Au moins je le paie (...) » (Elle, 30 sept. 1974, p. 37, col. 2).
Rem. S'écrit parfois p... pour atténuer la trivialité du mot: Les femmes [qui s'étaient prostituées avec l'armée allemande] furent refoulées. Elles eurent beau supplier, se jeter aux pieds des officiers, pleurer, expliquer qu'on les tuerait si elles retournaient en France. — Pas besoin de p... en Allemagne! répondirent-ils. Elles furent expulsées (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 414). V. également infra B 1 ex. de Musette.
— Loc. diverses
♦ Faire la putain. Synon. de se prostituer. Je passais des après-midi à bavarder avec Fortunette, vieille provençale qui avait fait longtemps la putain à Buenos-Aires (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 276).
P. métaph. ou au fig. [Par recoupement de infra A 3] Quand on me [un médecin] reconduisait à la porte (...) je me lançais dans des tas de commentaires rien que pour éluder l'instant du paiement quelques minutes de plus. Je ne savais pas faire ma putain (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 329). Il ne s'agit pas de faire la putain devant des hommes. La discipline, c'est être le patron, et donner à ces gens l'idée qu'ils sont foutus sans vous (NIZAN, Conspir., 1938, p. 80).
♦ Enfant, fils de putain. [En manière d'injure] J'ai entendu une poissarde dire à son fils: Petit polisson! attends, fils de putain, je te ferai voir que je suis ta mère (DHAUTEL, Note manuscrite, 1808 ds LARCHEY, Excentr. lang., 1862, p. 265). [Sans idée partic. de prostitution] Je m'en fous, moi, de votre politique d'enfants de putains! (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 643).
♦ Peine de putain (arg.). Peine légère infligée par un tribunal correctionnel. S'il portait le deuil, ce fromage, ça n'irait pas chercher le gros tarif... deux mois au plus. Sur une jambe que ça s'expie, le dicton chez les hommes... une peine de putain (A. BOUDARD, L'Hôpital, 1974 [1972], p. 125).
— P. anal. ou au fig. Oh! Le peuple n'est plus une putain. Trois pas Et, tous, nous avons mis ta Bastille en poussière (RIMBAUD, Poés., 1871, p. 53). Comme on allait, cette fois, prendre Nantes, la putain républicaine, que le soleil s'était couché en ciel clair, que la fenaison s'annonçait bien, ils [les paysans] étaient venus allègrement (MORAND, P. de Saligny, 1947, p. 170).
2. P. ext. Femme de mœurs faciles ou qui se livre à la débauche. Synon. grue1, catin. Le domaine dépecé a été vendu par lots innombrables à une éligible postérité de la valetaille des putains du roi (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 242). Je connais qu'un amour moi, monsieur! Je suis pas une putain moi! (CÉLINE, Voyage, 1932p. 607).
• 2. Il est extraordinaire, ajoutait-il. Partout les putains les plus en vue n'ont d'yeux que pour lui (...). Je ne peux pas aller avec lui au restaurant sans que le garçon lui apporte les billets doux d'au moins trois femmes.
PROUST, Prisonn., 1922, p. 218.
— Empl. adj. Il faut être rudement putain pour garder chez soi de pareilles horreurs [des livres érotiques], et pour s'amuser avec (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 115). La femme écoute d'un air indiciblement résigné ses deux derniers maris lui dire qu'elle est trop putain pour qu'on cherche à la conserver (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 759).
— En partic., péj. Femme qui a un amant. Synon. maîtresse. Sais-tu ce que m'a rétorqué mon ami, mon ami d'enfance Montefeltro? « Comment, toi, Marino Minutello, peux-tu rester insensible aux cris de frère Jérôme qui dénonce la turpitude de Rome, toi dont la fille Faustina est la putain d'un cardinal? » (SALACROU, Terre ronde, 1938, I, 4, p. 165).
— [Injure forte, à l'adresse d'une femme, avec ou sans idée précise de débauche] Je suis allée faire des livraisons de Modes autrefois dans la maison publique. Eh bien! Quand elles « se disputent » elles ne se traitent pas de « putains », comme nous (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 99). C'était Respellière (...) qui n'avait pas supporté de voir sa femme pelotée par un simple soldat. On entendit: « Putain! » et une claque (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 186).
— Loc., vieilli
♦ Miroir à putain(s). Jeune homme séduisant. Avec une pintade J'ai vu passer Contade, Ce miroir à putain Qui perd son tain (TOULET, Vers inéd., 1920, p. 63).
♦ Empl. adj., arg. Putain comme chausson. Très débauché. Total: C'est fade et palisson Et c'est putain comme chausson (VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 368).
3. Fam., fréq. en empl. adj. [En parlant d'une pers. ou d'un groupe de pers.] Qui veut plaire à tout le monde, qui suit n'importe quel parti, qui manque d'amour-propre, de sens moral. Je suis presque sûr que Gautier ne t'a pas vue dans la rue lorsqu'il ne t'a pas saluée (...). C'eût été une insolence gratuite, qui n'est pas du reste dans ses allures; c'est un gros bonhomme fort pacifique et très putain (FLAUB., Corresp., 1853, p. 365). Pendant quelque temps, je voudrais que tu suives tous les dîners que donne Catherine. On compte beaucoup sur les trotzkystes dans ces milieux-là, on y est assez putain au point de vue intellectuel (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 229):
• 3. Cette presse du Figaro, du Gaulois; cette presse sans une révolte, sans une indignation, sans un écœurement contre le néant de la pièce de Zola, cette presse bienveillante, bonasse, dégoûtamment putain [it. ds le texte], quand on pense à ce qu'elle a été pour Renée Mauperin, tout incomplète qu'était la pièce...
GONCOURT, Journal, 1887, p. 649.
B. — Pop., vulg., loc. et empl. exclam. [Sans idée de prostitution ou de facilité de mœurs]
1. Putain de + subst. désignant une personne, une chose, une situation que l'on maudit, méprise, qui irrite ou plus rarement que l'on envie. C'était ce putain de régisseur en personne (M. STÉPHANE, Ceux du trimard, 1928, p. 67). Il est superbe. Il a une de ces putains de canadienne à me faire baver (GIONO, Gds chemins, 1951, p. 112). V. dieu 1re Section I B 2 a ex. de Giono.
— P. ell. L'enthousiasme hélas c'est rien que pour nous, ce putain! (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 48).
— Empl. adj. [Chez Céline] Je l'ai payée à la fin! Tout payé! Sous par sous! De la garcerie de ma putaine existence! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 48).
— [Souvent en manière de juron] Putain de métier, de pays, de vie! — « Fera chaud tout à l'heure, sur la route! J'vous le dis! » — « Putain de temps! » grommelle l'hercule en sueur, sans interrompre son travail (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1020). Ah! Eh bien tu récolteras les fruits! Toi même, tu m'entends?... Ton fils pourri tu l'as voulu!... Garde-le alors! Toi toute seule!... Putain de bordel de bon Dieu de sort! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 385).
♦ [Dans le parler des pieds-noirs] La putain de sa mère, de sa sœur, de toi. Des autes coups [pendant ma sieste solitaire] y me rentre des mouches petites dedans le nez pour me chatouiller pour pas que je pionce. La p. d'sâ sœur! (MUSETTE, Mariage Cagayous, 1905-06, p. 9).
2. Interj. [Marque la surprise, l'étonnement, l'admiration ou l'indignation] Ah, putain! Mes joies familiales!... Le froid, la faim, l'injustice, l'envie, la révolte... on m'avait mis apprenti chez un forgeron, qui me payait en coups de pied dans les fesses (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 43). Devant les ronds de crasse étalés sur la flotte de la baignoire, il remarqua: — Putain! C'était pas du luxe (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 29):
• 4. Il y avait personne [sur une plage]. Le soleil est descendu derrière la ligne d'horizon (...). Le bruit des vagues était le même depuis des millions d'années, j'ai trouvé ça reposant, je dirais encourageant, rassurant, étourdissant. Ma planète bleue, ô ma petite planète bleue, putain que Dieu te bénisse!
Ph. DJIAN, 37,2 o le matin, 1986 [1985], p. 352.
REM. 1. Putanat, subst. masc., fam., trivial. a) Synon. de prostitution, putanisme (infra dér.), putasserie. Le p[utanat] osait s'exercer dans les temples (de Rome) (POMMIER, Colères, 1844, p. 3). Le sang-froid avec lequel cette jeunesse considère le sexe et l'amour — cela ne fait plus d'histoire, rien de plus simple pour Skolimovski, Godard, et même pour les jeunes Italiens pourtant obligés de recourir au putanat clandestin (Arts, 27 avr.-3 mai 1966, p. 61, col. 3). b) P. méton. Lieu de prostitution ; état, profession de prostituée. Les sauteries en plein air achalandées par les putanats ambiants (BLOY, Désesp., 1886, p. 316). c) Au fig. Fait de prostituer son savoir-faire, sa compétence, sa dignité pour gagner sa vie, pour se faire connaître. [Les artistes anglais] donnent l'impression de travailler plus calmement [que les artistes français], sans se presser, ce qui n'a rien à voir avec le putanat romantique que l'on sait (Les Lettres fr., 17 janv. 1968, p. 28, col. 2). 2. Putanier, -ière, adj., trivial. Qui concerne la prostitution. Il va en Hollande, il y rencontre une certaine Lenki, qui a eu d'abord une longue liaison de femme entretenue, puis carrément une activité putanière (Le Figaro littér., 17 févr. 1969, p. 18, col. 1). 3. Putinage, subst. masc., trivial. a) [Corresp. à supra A 2] Fait (pour une femme) d'être de mœurs faciles. La lettre du marquis est polie et il me dit que sa famille compte 49 Mailly morts sur les champs de bataille (...). Ça lave bien du putinage passé [d'une parente], ces glorieux 49 décès (GONCOURT, Journal, 1879, p. 43). b) Au fig. Fait de prostituer son esprit en cherchant à plaire à tout le monde. Le journalisme, le courant commun (...), le putinage d'esprit (...) l'ont abaissé [Gautier] souvent au niveau de ses confrères (FLAUB., Corresp., 1852, p. 399). 4. Putinerie, subst. fém., trivial. État, vie de putain; caractère de putain. La jeune sœur de Mme Cabat (...) qui semble avoir l'enragement de vivre dans cette atmosphère d'amour et de putinerie sans en avoir sa petite part (GONCOURT, Journal, 1878, p. 1252). La putinerie de ses regards longs, l'impudence de sa bouche (GONCOURT, Journal, 1885, p. 514).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1121-34 « femme de mauvaise vie » (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, 834 ds T.-L.); 1278 terme d'injure à l'adresse d'une femme débauchée dame putain, Orde ribaude (SARRAZIN, Hem, éd. A. Henry, 3042); b) 1853 adj. fig. et fam. « qui prostitue son amitié au premier venu, qui cherche à plaire à tout le monde » ici d'un homme (FLAUB., loc. cit.); 2. 1863 putain de + nom « marque le mépris, l'exaspération » un « putain » de chat (GONCOURT, op. cit., p. 1238); cf. 1916 ma putain de vie (BARBUSSE, Feu, p. 121); 3. 1931 putain! interj. triviale qui marque l'étonnement, le dépit, la colère, etc. (MAC ORLAN, La Bandera, XI ds ROB.). Anc. cas régime en -ain (v. aussi nonnain) de l'a. fr. pute, v. pute; cf. aussi l'a. prov. putan(a) « fille, putain » (RAYN.; FEW t. 9, p. 635a) d'où l'ital. puttana (DEI). Fréq. abs. littér.: 388. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 54, b) 1 032; XXe s.: a) 487, b) 757.
DÉR. Putanisme, subst. masc., trivial, vieilli. a) ) Prostitution, débauche. (Dict. XIXe et XXe s.). Synon. putanat (supra rem.), putasserie, putinerie. ) Au fig. Comportement qui traduit une mentalité vénale, par l'absence de sens moral. Avez-vous été intéressé par une lettre sur le [putanisme of the English queen]? C'est une folle dans le genre ignoble et bas, une héroïne de corps de garde, voilà enfin le mot propre, pleine du plus grand courage (STENDHAL, Corresp., 1820, p. 198). Fould, à qui je parle de cela [la saisie d'un journal] aujourd'hui, m'a dit: « C'est Mocquard qui a empêché l'ordre, ou le préfet de police, que Villemessant a dans sa manche... » et About ajoute: « Vous n'avez pas idée de ce que c'est que le gouvernement. Le putanisme y règne » (GONCOURT, Journal, 1860, p. 699). b) Commerce que l'on a avec les prostituées. Cet homme a longtemps donné dans le putanisme (Ac. 1798, 1835). — []. Att. ds Ac. 1694-1835. — 1res attest. a) ca 1584 « prostitution, débauche » (BRANTÔME, Des Dames, II ds Œuvres compl., éd. L. Lalanne, t. 9, p. 299), b) 1694 « commerce qu'on a avec des prostituées » un homme [...] plongé dans le putanisme (Ac.); dér. sav. de putain, suff. -isme.
BBG. — CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 598. — POHL (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, p. 302. — POPELAR (I.). Das Akademiewörterbuch von 1694... Tübingen, 1975, p. 200 (s.v. putanisme).
putain [pytɛ̃] n. f. et adj.
ÉTYM. 1120; cas régime en -ain de l'anc. franç. put, pute.
❖
1 Fam., vulg. Prostituée. ⇒ Catin, gaupe (vx), pute. || La Putain respectueuse, pièce de Sartre (⇒ Respectueux). — REM. On écrit parfois p… pour atténuer la trivialité du mot (→ Prostitution, cit. 2).
1 Le long des grilles du Luxembourg, je rencontre aussi, tous les soirs, une petite putain, peinte et poudrée.
G. Duhamel, Salavin, Journal, 25 juin.
♦ Être putain, faire la putain : se prostituer.
1.1 (…) si je pouvais je le ferais; je prendrais mes gosses, je ficherais le camp d'ici, et j'irais faire la putain. Mais je ne peux pas. C'est plus fort que moi. Je ne peux être qu'à un homme.
Claude Simon, le Vent, p. 92.
2 (Fin XIVe). Par ext. Trivial. Femme facile, sans moralité.
2 Il lui échappa un jour (au maréchal de Villars), dans l'ennui où il se trouvait dans son armée, qu'il était bien las de monter à cheval comme ces putains de la suite de Mme la duchesse de Bourgogne, qui, par parenthèse, étaient toutes les jeunes dames de la cour et les filles de Madame la Duchesse.
Saint-Simon, Mémoires, III, XXXVIII.
♦ ☑ Enfant, fils (cit. 8) de putain : termes d'injure.
2.1 — Vous êtes un sacré fils d'enfant de putain de salaud, lui dit-elle.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 108.
♦ Régional (Midi de la France). || Putain de moine !
3 Adj. Fig., fam. Qui cherche à plaire à tout le monde.
3 Je suis presque sûr que Gautier ne t'a pas vue dans la rue lorsqu'il ne t'a pas saluée (…) C'eût été une insolence gratuite, qui n'est du reste pas dans ses allures; c'est un gros bonhomme fort pacifique et très putain.
Flaubert, Correspondance, 432, 12 oct. 1853.
4 Interj. pop. (1931). || Putain !, pour exprimer l'étonnement, l'admiration, etc. || Oh ! putain ! ça c'est du sport !
4 Il prit une outre en peau, la leva au-dessus de sa tête, et laissa couler un jet mince sur ses dents à peine entrouvertes. — Ah ! putain ! fit-il.
P. Mac Orlan, la Bandera, XI.
♦ Putain de…, marquant le mépris, l'exaspération, etc. || Putain de sort ! || Quel putain de temps ! — REM. Dans ces emplois, le mot peut être employé au masculin. Ellipt. || « L'enthousiasme, hélas ! c'est rien que pour nous, ce putain ! » (Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 40).
5 Le sommeil altère leurs voix et fait battre leurs paupières. C'est avec des malédictions, des « putains de métier » qu'ils sortent de leurs rêves.
Eugène Dabit, Hôtel du Nord, VII.
6 J'appointais mes oreilles tant que je pouvais; la putain de pendule cognait : ban et ban.
J. Giono, Colline, p. 63.
➪ tableau Principales interjections.
❖
DÉR. Putanat, putanisme, putinerie. Cf. aussi Putanesque, putanier.
Encyclopédie Universelle. 2012.