récompenser [ rekɔ̃pɑ̃se ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1322 ; lat. recompensare → compenser
1 ♦ Vx Dédommager.
2 ♦ (1611) Mod. Gratifier (qqn) d'une récompense, accorder une récompense à (qqn). Récompenser une personne d'un (ou pour un) service qu'elle a rendu. Récompenser qqn par de l'argent (⇒ rémunérer) , en lui décernant un prix (⇒ couronner, décorer, 2. primer) . — Être récompensé de ses efforts, d'avoir gardé l'espoir. Je suis bien mal récompensé de ce que j'ai fait pour lui.
♢ (Compl. chose) Récompenser des services. « Le monde récompense plus souvent les apparences du mérite que le mérite même » (La Rochefoucauld). « leur talent n'étant presque jamais récompensé » (Chamfort).
⊗ CONTR. Châtier, punir.
● récompenser verbe transitif (latin médiéval recompensare, du latin classique compensare, compenser) Gratifier quelqu'un d'un don, d'une faveur pour le remercier ou pour reconnaître sa valeur : Je vous récompenserai pour ce service. Reconnaître la valeur ou le mérite d'une action en accordant une récompense à son auteur : Récompenser un acte de courage. Constituer une récompense ou un dédommagement moral pour quelqu'un ou pour ce qu'il a accompli : Des résultats l'ont récompensé de ses efforts.
récompenser
v. tr. Donner une récompense à (qqn). Récompenser qqn d'une bonne action.
— Par ext. Récompenser le mérite.
⇒RÉCOMPENSER, verbe trans.
A. — Vieilli. Dédommager. Je sais que vous avez beaucoup perdu, mais je vous récompenserai (Ac. 1935). Nous ferons un autre marché qui vous récompensera (Ac.). Un officier courlandais, à qui on donna cette chétive commission, pour le récompenser de la perte d'une jambe emportée au siége de la ville de Dordrecht (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 3, 1801, p. 287).
♦ Récompenser le temps perdu. Rattraper le temps perdu. Si jamais cela arrive, je récompenserai le temps perdu (...). Je m'en taperai de ces bons déjeuners (VIDOCQ, Mém., t. 4, 1828-29, p. 246).
B. — Accorder une récompense, en remerciement d'un service rendu, d'une action qui mérite la considération, la reconnaissance.
— Qqn récompense qqn (avec, de, par qqc.). Anton. châtier, punir. Récompenser un ami, un serviteur, le vainqueur; récompenser qqn de sa bonté, de son obéissance, de son zèle; être récompensé selon ses mérites, selon ses œuvres. Lord Glenarvan avait serré la main du jeune capitaine en disant: « Merci, John ». Et John se sentit généreusement récompensé avec ces deux seuls mots (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 60). Elle récompensait quelquefois son mari d'un regard, d'un demi-sourire (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 137). Empl. pronom. réfl. Après une heure d'efforts, de cris, de fureur Brague se repose, se récompense, en travaillant sa grande scène (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 208).
— Loc. Que Dieu le/vous récompense! Dieu le/vous récompensera. Que Dieu le récompense, S'il vient nous annoncer que l'Anglais est battu (DUMAS père, Charles VII, 1831, I, 1, p. 234). Elle m'a tout donné, absolument tout, Dieu la récompensera (BERNANOS, Joie, 1929, p. 582).
♦ P. antiphr. Il a été justement récompensé de ses perfidies (Ac.). Me voilà bien récompensé.
— Qqn récompense qqc. Récompenser le bien, le civisme, le courage, le désintéressement, les efforts, le mérite, la peine, les services, les soins, la vertu de qqn. Nathalie voulut absolument récompenser cet amour si désintéressé, si puissant, si vrai; elle déclara donc à son père que M. du Bergh était le seul homme qu'elle consentît à épouser (SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 245):
• Il vaudrait mieux ne point récompenser une bonne action que de la récompenser mal. Un soldat avait eu les deux bras emportés dans un combat. Son colonel lui offrit un écu. Le soldat lui répondit: Vous croyez sans doute mon colonel que je n'ai perdu qu'une paire de gants.
ÉLUARD, Donner, 1939, p. 194.
♦ P. iron. Et voilà comme la vertu est toujours récompensée. Si elle était récompensée, elle ne serait pas la vertu (FLAUB., Corresp., 1872, p. 363).
— Qqc. récompense qqc. La victoire viendrait couronner nos efforts et récompenserait les immenses sacrifices supportés pour la cause commune par la Belgique (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 469).
REM. Récompensant, -ante, part. prés. en empl. adj. Qui récompense. L'observation des souris était infiniment plus récompensante (GIDE, Si le grain, 1924, p. 445).
Prononc. et Orth.:[], (il) récompense [-]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) 1322 « compenser » (Arch. nat., JJ 61, f ° 40 r ° ds GDF. Compl.: douze sols [...] li sont reconpensé pour deus polkins d'aveine); b) dernier quart XIVe s. « dédommager » (FROISSART, Chron., éd. S. Luce, t. 3, p. 108: le recompensa [...] de tant de revenue); ca 1445-60 pronom. « se dédommager » (CHARLES D'ORLÉANS, Rondeaux, éd. P. Champion, CCXCVIII, p. 462: en repos se soit recompensee); 1462 (VILLON, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 198: quelc'um s'en recompence); 2. a) dernier quart XIVe s. « reconnaître une action, un service, un mérite par une récompense » (FROISSART, Chron., éd. A. Mirot, t. 15, p. 189: en recompensant les painnes et les travaulx que vous avez eues); b) fin XIVe s.: « gratifier (quelqu'un) d'une récompense » (ROQUES t. 2, n ° 10295: recompenso. sas. recompenser. remunerer [sens incertain]); ca 1445-60 (CHARLES D'ORLÉANS, op. cit., CXLII, p. 372: Mal les voulez recompanser); c) 1555 p. antiphr. « châtier, punir » (RONSARD, Meslanges ds Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 6, p. 189, 255). Empr. au b. lat. et lat. chrét. recompensare « donner en retour, payer, donner en compensation », dér. de compensare (compenser); préf. re- (re-). Fréq. abs. littér.:1 068. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 267, b) 1 436; XXe s.: a) 1 356, b) 1 020.
DÉR. Récompenseur, subst. masc. Celui qui récompense. Quand on a, soit en ses mains, soit dans son esprit, quelque autorité, il faut être non-seulement juste ou équitable, mais justicier, c'est-à-dire punisseur ou récompenseur (JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 360). — [-]. — 1res attest. a) av. 1544 « celui qui paie de retour, qui rend la pareille » (B. DES PÉRIERS, Cantique de Moyse ds Œuvres, éd. L. Lacour, t. 1, p. 183), b) 1577 « celui qui récompense » (A. DU VERDIER, Diverses leçons, l. 2, chap. 19, p. 114: Dieu [...] juste recompenseur des vices et des vertus); de récompenser, suff. -eur2.
récompenser [ʀekɔ̃pɑ̃se] v. tr.
ÉTYM. 1322; lat. recompensare, de re-, et compensare. → Compenser.
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1 (V. 1290). Vx. Dédommager. || Récompenser qqn pour une perte. || La nature l'avait largement (cit. 3) récompensée. — Pron. (V. 1460, Villon). || Se récompenser : se dédommager.
♦ Par ext. || Récompenser une chose. ⇒ Compenser.
1 D'autres propos chez vous récompensent ce point,
Propos, agréables commerces,
Où le hasard fournit cent matières diverses (…)
La Fontaine, Fables, IX, 20.
2 (V. 1380, puis 1611). Mod. Gratifier (qqn) d'une récompense, accorder une récompense à (qqn). || Récompenser une personne d'un service qu'elle a rendu. ⇒ Payer (de). || Récompenser qqn en lui donnant de l'argent (⇒ Primer, rémunérer), en l'intéressant (cit. 5) aux affaires… || Récompenser qqn par des honneurs, en décernant des prix… ⇒ Couronner, décorer. || Dieu récompense les justes. ⇒ Bénir. || Être récompensé de ses efforts, de sa sagesse (→ Ici, cit. 3.), d'avoir gardé l'espoir… || Les méchants ont été punis et les bons récompensés (→ Moral, cit. 6).
2 (…) ils avaient été justement récompensés de leur loyauté et de leur zèle par les plus magnifiques charges et par les fonctions les plus lucratives (…)
Hugo, l'Homme qui rit, II, I, I.
♦ Pron. || Se récompenser : se donner une récompense à soi-même.
3 La belle trouvaille !
Il s'en récompensa d'un hochement de tête louangeur (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, Ve tableau, II.
♦ (1580). Compl. n. de chose. || Récompenser des services (→ Diminuer, cit. 7; et aussi encourager, cit. 11). || Récompenser les mérites, le mérite (cit. 1) de qqn (→ Lui faire, lui rendre justice). || Un talent qui n'est jamais récompensé (→ Misanthrope, cit. 4). || Récompenser la vertu (→ 1. Marque, cit. 10). || Il y a un jour (cit. 32) où la vertu est récompensée (→ aussi Mélodrame, cit. 3).
4 Le monde récompense plus souvent les apparences du mérite que le mérite même.
La Rochefoucauld, Maximes, 166.
5 Et voilà comme la vertu est toujours récompensée. Si elle était récompensée, elle ne serait pas la vertu.
Flaubert, Correspondance, 1282, fin mars 1872.
6 (…) le voleur sait très bien dire que, dans un monde de voleurs, il est sot d'être honnête. Celui-là aussi aura ce qu'il mérite; méprisé s'il est faible, honoré s'il est fort (…) Ainsi toutes les fautes sont par elles-mêmes punies, et toutes les vertus sont par elles-mêmes récompensées; les unes et les autres en leur monnaie propre.
Alain, Propos, 3 janv. 1933, Le grand jugement.
♦ (1835; récompenser qqn « le punir », 1690). Par antiphr. || Être récompensé, puni. || Pas un mot de remerciement ! Me voilà bien récompensé !
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récompensé, ée p. p. adj.
♦ || Concurrents récompensés. ⇒ Lauréat (→ Melliflu, cit. 2). — Services récompensés, mal récompensés.
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CONTR. Châtier, corriger, punir.
DÉR. Récompense.
Encyclopédie Universelle. 2012.