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réfugier

réfugier (se) [ refyʒje ] v. pron. <conjug. : 7>
refuger 1473; de refuge, d'apr. lat. refugium
Se retirer (en un lieu) pour trouver un refuge. Sous le second Empire, de nombreux républicains durent se réfugier à l'étranger. émigrer, s'enfuir, s'expatrier, fuir, se sauver. « La pluie m'a surpris; je me suis réfugié sous un hêtre » (Chateaubriand). Enfant qui court se réfugier dans les bras de sa mère. se blottir.
Fig. « Je me réfugie dans le sommeil comme un enfant boudeur qui se retire du jeu » (A. Gide).

réfugier (se)
v. Pron. Se retirer (en un lieu) pour se mettre à l'abri, pour assurer sa sécurité.
|| Fig. Se réfugier dans la rêverie.

⇒RÉFUGIER, verbe
A. — Empl. trans., vieilli
1. Réfugier qqn. Donner refuge à quelqu'un. Leur trop grande quantité [d'écoles] ne servirait qu'à réfugier des maîtres ignorans, qui ne font jamais que de faibles écoliers (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 186).
2. Au fig. Réfugier qqc.
a) Mettre à l'abri, sauvegarder quelque chose. Des amoureux probablement qui réfugiaient leurs confidences dans l'ombre protectrice (ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 62).
b) Dissimuler, masquer quelque chose. Réfugiant alors son manque de caractère dans un entêtement obstiné (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 122). Généraux, magistrats, évêques, toutes les forfaitures (...) réfugient derrière ce vote leur ignominie (HUGO, Nap. le Pt, 1852, p. 160).
B. — Empl. pronom.
1. Se mettre en un lieu sûr pour y trouver refuge. Des averses forcèrent ces dames à se réfugier dans le pavillon japonais (ZOLA, Page amour, 1878, p. 888). Je me réfugiais dans les bas-côtés d'une église pour pouvoir pleurer en paix (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 230).
2. Au fig.
a) Trouver asile et réconfort face à une situation pénible ou hostile, dans un milieu, réel ou imaginaire, qui est accueillant et protecteur. Qqn se réfugie chez, dans qqc. Je me réfugie dans le sommeil comme un enfant boudeur qui se retire du jeu (GIDE, Journal, 1927, p. 843). Oui, j'avais remarqué, chez Raymond, une répugnance à employer ce mot de mort, un besoin de se réfugier derrière des périphrases lorsqu'il avait à le prononcer, une petite panique, héroïquement supportée (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 153).
b) Trouver un point d'ancrage, se fixer, se cristalliser sur quelque chose. Qqc. se réfugie chez, dans qqc. L'ivrognerie a disparu pour se réfugier, en de certains jours, dans les dernières classes de la société (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 248).
Prononc. et Orth.:[], (il se) réfugie [-]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. 1435 « trouver asile » refugiez adj. (Arch. de Bretagne, VII, 115 ds BARB. Misc. XXI, n ° 16); 1576 [date de l'éd.] id. subst. (LEFÈBVRE DE LAVAL, Hist. d. troubles et guerres civ., p. 148, ibid.); id. intrans. (ID., ibid., p. 458, ibid.); 1597 réfl. (J. G. ESPINER-SCOTT, Doc. sur Cl. Fauchet, p. 112, ibid.); 2. 1572 biens réfugiés « mis à l'abri » (Corresp. Granvelle, IV, p. 458, ibid.); 3. 1636 « donner asile » (MONET, p. 740a: refugier, recevoir à refuge); 4. 1759 fig. réfl. (VOLTAIRE, Cant. des cant. Précis ds LITTRÉ: La pudeur... s'est réfugiée sur les lèvres); 1798 se réfugier dans les abstractions (Ac.). Dér. de refuge; dés. -er. Cf. le m. fr. soi refuger (1480 JEAN BOUTILLIER, Somme rural, II, fol. 31 ds BARB. Misc., loc. cit.), att. seulement à l'inf. Fréq. abs. littér.:1 289. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 912, b) 1 817; XXe s.: a) 1 851, b) 1 761.

réfugier [ʀefyʒje] v.
ÉTYM. 1473, refuger; réfugié, comme adj., en 1432; de refuge, d'après la forme lat. refugium.
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I V. tr. Vx. Protéger (qqn) en lui donnant un refuge. || « Ceux qui (…) réfugiaient un esclave pour le sauver » (Montesquieu).
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II V. pron. (1597; se refuger, 1480). || Se réfugier : se retirer (en un lieu) pour trouver un refuge. Sauver (se). → aussi Se mettre à couvert, se dérober (aux regards, aux poursuites…), s'isoler, chercher, trouver asile, refuge. || Se réfugier dans un monastère. Retirer (se). → Prévenir, cit. 3. || Sous le Second Empire, de nombreux républicains durent se réfugier à l'étranger. Émigrer, enfuir (s'), expatrier (s'), fuir.La pluie m'a surpris, je me suis réfugié sous un hêtre (→ Dépouiller, cit. 20). || Enfant qui court se réfugier dans les bras de sa mère. Blottir (se), jeter (se). || Elle s'est réfugiée chez cette dame (→ Expulser, cit. 3).
1 Saint-Évremond, averti à temps, quitta la France, se réfugia en Hollande, puis en Angleterre, et vécut quarante-deux ans encore d'une vie de curieux et de philosophe (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 26 mai 1851.
(1764). Fig. ou par métaphore. || L'exagération (cit. 1) s'est réfugiée dans les oraisons funèbres.
2 Je me réfugie dans le sommeil comme un enfant boudeur qui se retire du jeu.
Gide, Journal, 3 juil. 1927.
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réfugié, ée p. p. adj. et n.
1 Adj. Se dit d'une personne qui a dû fuir le lieu, le pays qu'elle habitait afin d'échapper à un danger (guerre, persécutions politiques ou religieuses, etc.). aussi Émigré, étranger, expatrié. || Des révolutionnaires italiens réfugiés en France (→ Aposter, cit. 2).Des populations réfugiées.
2 N. (1573). || Aide aux réfugiés. || Quêter (cit. 3) pour les petits réfugiés. || Une réfugiée.Réfugié politique (→ Proscrit, cit. 9). || Droit d'asile accordé aux réfugiés politiques. || Obtenir le statut de réfugié. aussi Asilé, apatride, déplacé.(1740). Hist. || Les réfugiés : les protestants français obligés de s'exiler après la révocation de l'édit de Nantes.
3 Nous avons pour maître un pauvre réfugié forcé de se cacher à cause de sa participation à la révolution que le duc d'Angoulême est allé vaincre (…)
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 165.
Personne appartenant à une communauté déplacée par la force ou par des circonstances dramatiques (conflits, massacres…). || Camp de réfugiés. || Le problème, la question des réfugiés. || Les O. N. G. s'efforcent d'apporter une aide aux réfugiés.
4 (…) c'est au douloureux problème israélo-arabe que je pense plus spécialement aujourd'hui. Bien sûr, ce n'est pas l'existence même de conflits entre les hommes qui est surprenante, et spécialement là où d'aussi douloureux problèmes se posent que celui des réfugiés palestiniens, là où un petit peuple courageux se voit menacé d'extermination. Ce qui, par contre, est scandaleux, c'est le recours, pour la solution de ces conflits, à des méthodes dignes de la plus antique barbarie : sauvagerie et mécanique ultra-moderne font ici, une fois de plus bon ménage.
Théodore Monod, Les Carnets de Théodore Monod, janv. 1968, p. 227.

Encyclopédie Universelle. 2012.