retirer [ r(ə)tire ] v. tr. <conjug. : 1> I ♦ Amener hors d'un lieu.
1 ♦ RETIRER QQCH. À QQN : enlever qqch. à qqn, priver qqn de qqch. ⇒ dépouiller , ôter. Retirer une autorisation, un permis à qqn. Je vous retire la parole. Retirer sa confiance, son amitié à qqn. « On retire au gouvernement toute autorité, toute prérogative » (Taine). — Retirer un enfant à sa famille.
♢ Spécialt Enlever (ce qui couvre, garnit). Retirer ses harnais à un cheval. Les housses ont été retirées. Je vais vous retirer vos bottes. — Enlever (ses propres vêtements). ⇒ ôter. Retirer ses gants, ses chaussures, sa veste, ses lunettes.
2 ♦ (1553) RETIRER (qqn, qqch.) DE : faire sortir de. ⇒ dégager, enlever, ôter. Retirer un corps des décombres. Retirer un homme de prison. « Elle retira [son fils] du collège où son père avait exigé qu'il fût interné » (F. Mauriac). — (Compl. chose) Retirer un objet d'une boîte, d'une cachette. Retirer un gâteau du moule (démouler), une plante d'un pot (dépoter). ⇒ dé-. — Retirer un produit du commerce, un livre du catalogue. — Fig. et fam. On me retirera difficilement de l'idée que... : quoi qu'on fasse, je continuerai à penser que...
♢ Spécialt Faire sortir (un objet qui était déposé), rentrer en possession de. Retirer un objet du mont-de-piété. ⇒ dégager. Retirer de l'argent à la banque. ⇒ prendre .
3 ♦ Séparer, éloigner de qqch. Retirer sa main, ses mains. ⇒ reculer . — Faire reculer, après avoir approché. Tendre l'appât, puis le retirer.
4 ♦ Cesser de faire, de formuler, de présenter. ⇒ annuler, supprimer; 2. retrait. Retirer sa candidature, une plainte. Je retire mon offre, ma proposition. Retirer une parole malheureuse. Excusez-moi, je retire ce que j'ai dit.
5 ♦ (XIVe, en parlant de l'argent d'une charge) RETIRER QQCH. DE (qqn, qqch.) :obtenir pour soi (en enlevant de qqch. ou à qqn); obtenir en retour. ⇒ gagner, percevoir, recueillir. Retirer une somme, un bénéfice d'une affaire. « Des guenilles, qu'elle nous vendra au poids de l'or, et dont nous ne retirerons rien » (Diderot). Ne rien retirer d'une conférence, d'un enseignement. « Le gouvernement du Roi en retirerait beaucoup de gloire » (Chateaubriand).
II ♦ (1611)
1 ♦ Tirer de nouveau. Retirer un coup de feu. — Absolt Retirer au sort.
2 ♦ Effectuer un second tirage de (un imprimé, un livre, une photo).
III ♦ SE RETIRER v. pron.
A ♦ (cf. I)
1 ♦ Vx Se retirer d'un lieu, en partir.
♢ Mod. SE RETIRER : s'en aller, partir en sortant, en s'éloignant. Adieu, il est temps de se retirer. Se retirer discrètement, sans bruit. ⇒ disparaître, s'éclipser, filer. « Vous, Narcisse, approchez. Et vous, qu'on se retire » (Racine).
♢ Faire cesser la pénétration lors d'un rapport sexuel. Se retirer avant l'éjaculation (cf. Coït interrompu).
2 ♦ SE RETIRER DE... : quitter une activité. Se retirer de la partie, d'une affaire. Se retirer des affaires pour prendre sa retraite. Des « idéalistes revenus de tout, qui se sont retirés de l'action » (Suarès). « Je me réfugie dans le sommeil comme un enfant boudeur qui se retire du jeu » (A. Gide).
♢ Absolt Cesser de jouer, de participer. ⇒ abandonner. Se retirer devant un adversaire trop fort.
3 ♦ Vieilli Aller en arrière, s'éloigner en s'écartant. Se retirer pour éviter un coup. ⇒ s'effacer. Les ennemis se retirent en désordre. ⇒ décamper, déguerpir, s'enfuir, fuir.
4 ♦ Vx SE RETIRER DE (qqn) :quitter, cesser d'être avec. « Dieu même, disent-ils, s'est retiré de nous » (Racine).
5 ♦ (1553) Refluer, revenir vers son origine. La mer se retire. ⇒ descendre, refluer. « Si l'on passe quand l'eau se retire, on risque d'être englouti » (Michelet). Les eaux se retirent, rentrent dans leur lit après une inondation.
B ♦ (XVIe; de retirer [qqn] « faire aller dans un abri ») (Personnes)
1 ♦ Aller (dans un lieu) pour y trouver un abri, un refuge. ⇒ se réfugier; 1. retraite. « Ils se retirent la nuit dans des tanières » (La Bruyère). ⇒ se cacher.
♢ Rentrer dans un endroit privé (pour se trouver seul, pour se reposer). Se retirer chez soi, dans sa chambre. Se retirer sous sa tente, dans sa tour d'ivoire.
2 ♦ Prendre sa retraite (dans un lieu). « Lorsque madame Raquin vendit son fonds et qu'elle se retira dans la petite maison du bord de l'eau » (Zola). — Aller vivre (dans un lieu isolé). Il s'est retiré à la campagne pour écrire.
⊗ CONTR. Mettre ; ajouter, 1. déposer, engager; rapprocher. Donner, rendre. — Avancer (s'), entrer, envahir.
● retirer verbe transitif (de tirer) Tirer quelque chose une nouvelle fois : Retirer un coup de fusil. Tirer quelqu'un, quelque chose hors de l'endroit où il a été introduit, où il se trouve retenu : Retirer un clou d'une planche. Retirer un noyé de la rivière. Ôter, éloigner quelque chose, une partie du corps de l'endroit où ils se trouvent : Retire ta main, tu vas te brûler. Enlever quelque chose qu'on porte sur soi : Retirer ses bijoux. Prendre à quelqu'un ce qu'il a dans les mains ; le débarrasser, lui ôter ce qu'il a dans le corps, ce qu'il porte sur lui : Il m'a retiré le couteau des mains. On lui a retiré deux dents. Déposséder, priver quelqu'un de quelque chose, lui faire perdre l'usage d'un droit, d'un avantage, d'un bien : Retirer la garde d'un enfant à sa mère. Cesser d'accorder tel sentiment à quelqu'un : Je lui retire mon affection. Faire quitter un lieu à quelqu'un, le séparer d'un groupe : Retirer son fils du lycée. Enlever, faire disparaître quelque chose du secteur d'activités où il se trouvait : Retirer un produit du marché. Annuler l'engagement, la décision qu'on avait pris : Retirer sa parole. Retirer sa participation. Prendre possession de ce qui est préparé, réservé pour soi, de ce qu'on avait placé en dépôt : Retirer ses bagages à la consigne. Tirer une substance de quelque chose : Un produit dont on retire une huile. Tirer un profit pécuniaire de quelque chose : Retirer beaucoup d'argent d'une affaire. Tirer un avantage ou un désagrément de quelque chose : De cette entreprise, ils ont surtout retiré des ennuis. Revenir sur une déclaration, une opinion : Je retire ce que j'ai dit. Effectuer un nouveau tirage (d'un livre, d'une photo). ● retirer (synonymes) verbe transitif (de tirer) Tirer quelqu'un, quelque chose hors de l'endroit où il a été...
Synonymes :
- extirper
- extraire
- sortir
- tirer
Contraires :
- enfoncer
- engager
- mettre
Ôter, éloigner quelque chose, une partie du corps de l'endroit où...
Synonymes :
- dégager
- reculer
Contraires :
- avancer
Enlever quelque chose qu'on porte sur soi
Synonymes :
- enlever
- ôter
Contraires :
- endosser
- enfiler (familier)
- passer
- revêtir
- vêtir
Prendre à quelqu'un ce qu'il a dans les mains ; le...
Synonymes :
- arracher
- couper
- déposséder
- extraire
- prendre
Déposséder, priver quelqu'un de quelque chose, lui faire perdre l'usage d'un...
Synonymes :
- démettre
Contraires :
- affecter
- appeler
- concéder
- confier
- donner
- nommer
Cesser d'accorder tel sentiment à quelqu'un
Contraires :
- accorder
- octroyer
- reconnaître
Annuler l'engagement, la décision qu'on avait pris
Synonymes :
- annuler
Contraires :
- rendre
Prendre possession de ce qui est préparé, réservé pour soi...
Contraires :
- déposer
- mettre
Tirer une substance de quelque chose
Synonymes :
- extraire
Tirer un profit pécuniaire de quelque chose
Synonymes :
- obtenir
- recevoir
- toucher
Tirer un avantage ou un désagrément de quelque chose
Synonymes :
- récolter
Revenir sur une déclaration, une opinion
Contraires :
- formuler
- soutenir
retirer
v. tr.
rI./r
d1./d Tirer en arrière (ce qu'on avait poussé, porté en avant). Retirer sa main.
d2./d Ne pas maintenir (ce qu'on avait dit, formulé). Retirer une plainte.
d3./d Retirer qqch à qqn, reprendre (ce qu'on lui avait donné, accordé; l'en priver). On lui a retiré son permis de conduire. Retirer sa confiance.
d4./d Faire sortir, tirer (une chose, une personne) du lieu où elle se trouvait. Il a retiré son fils de cet internat.
|| Se faire remettre, prendre. Retirer de l'argent à la banque.
d5./d Enlever, ôter (un vêtement). Retirer son boubou, ses chaussures.
d6./d Extraire. L'huile que l'on retire de certaines graines.
|| Recueillir, obtenir. Qu'avez-vous retiré de cette expérience?
— Spécial. Recueillir (un profit). Il a retiré un gros bénéfice de l'opération.
rII./r Tirer de nouveau.
d1./d (Avec une arme.) L'archer retira une flèche.
d2./d Faire un nouveau tirage de. Faire retirer des photos.
rIII/r v. Pron.
d1./d Partir, prendre congé. Il est temps que je me retire.
— (Avec un comp. de lieu.) Se retirer dans sa chambre.
d2./d S'éloigner. Se retirer loin du monde.
d3./d Se retirer de: quitter (une activité, une profession). Se retirer d'un jeu.
|| Absol. Prendre sa retraite. Il s'est retiré fortune faite.
d4./d Rentrer dans son lit, en parlant d'un cours d'eau. La rivière se retire.
|| Refluer. Aux grandes marées, la mer se retire à un kilomètre.
⇒RETIRER, verbe
1re Section. [Re- exprime l'inversion d'un mouvement centrifuge]
I. — Empl. trans.
A. — Vieilli. Retirer (qqc.) en arrière, vers soi, etc.
1. Inverser le sens d'un mouvement, en tirant vers soi. Les deux jolis ruisseaux s'arrêtaient alors et rebroussaient de cours; le lac les retirait à lui comme avec un effroi de tendre mère (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 159).
— Empl. abs. Gabrielle, défendant sa gaine en la maintenant des deux mains par le bord:Laissez-moi! Laissez-moi! Le Général, tirant à lui par le pompon:Mais jamais de la vie! Gabrielle, retirant à elle par les bords:Laissez-moi! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, II, 10, p. 54).
2. [Le compl. d'obj. désigne une partie du corps] Synon. de rétracter, rentrer. [Le cheval] releva deux ou trois fois la tête, roulant un œil déjà vitré, retirant en arrière ses lèvres blanches d'écume (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 81):
• 1. ... l'animal a été obligé de faire d'autres efforts pour retirer en arrière ces griffes trop saillantes et crochues qui le gênoient; et il en est résulté, petit à petit, la formation de ces gaînes particulières, dans lesquelles les chats, les tigres, les lions, etc., retirent leurs griffes lorsqu'ils ne s'en servent point.
LAMARCK, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 258.
— [Le suj. désigne une plante] [Les plantes] fermaient leurs feuilles, elles crispaient leurs anthères, elles retiraient leurs pétales au fond de leur calice (SAND, Lélia, 1833, p. 125).
B. — Retirer (qqc.) de quelque part
1. Ôter, sortir (une chose) de, en tirant. Retirer la clef de la serrure, la casserole du feu, deux blessés de dessous les décombres. M. le marquis ne reçoit personne, répondit le valet en avalant une énorme mouillette qu'il retirait d'un large bol de café (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 197). Et maintenant, elle [la mère] reposait brisée, mais comme une gangue dont on a retiré le fruit (SAINT-EXUP., Terres hommes, 1939, p. 257).
— [Le compl. désigne une partie du corps] Avant mon voyage, je lui prenais la main, elle la retirait; aujourd'hui je retire ma main, elle la saisit et la serre (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 79). C'était la honte qui l'empêchait maintenant de retirer son bras (RADIGUET, Bal, 1923, p. 113).
♦ Retirer la tête. Dégager sa tête, en reculant. Diable! se dit-il tout à coup, en retirant la tête de la fenêtre, comme s'il eût craint d'être reconnu (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 157).
— [Le compl. d'obj. désigne ce qui recouvre qqc.] Retirer sa cravate, sa veste. Elle appuie sa tête contre lui, mais son chapeau la gêne. Elle le retire d'une main incertaine et le pose sur ses genoux (COLETTE, Cl. Paris, 1901, p. 247). Elle ôta d'abord ses souliers, puis retira ses bas, comme on pèle un fruit, d'un geste long et brusque qui dénudait d'un coup sa chair (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 584).
— Loc. fig.
♦ Retirer son épingle du jeu (usuel avec tirer, v. épingle B 1 b ex. de Ponge). Se dégager d'une affaire en récupérant sa mise. — Hé, dans ces affaires-là, chacun s'en tire comme il peut, chère enfant! dit Gigonnet (...). Il y a de gros bonnets qui pensent à retirer leur épingle du jeu. — Bon! bon! Je vais retirer ma noisette (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 348).
♦ Retirer les marrons du feu (usuel avec tirer, v. marron1 A 1). Je l'aime, moi, cette honnête bourgeoisie qui a pris la Révolution en horreur depuis qu'elle n'a plus rien à y gagner (...) Laissons-lui (nous, les nobles), retirer nos marrons du feu, ventre-saint-gris! (AUGIER, Fils Giboyer, 1862, p. 18).
♦ Retirer un poids de dessus (la conscience) à qqn. Ton petit billet de ce matin m'a retiré un grand poids de dessus l'estomach; allons, tant mieux! nom d'une balle! (FLAUB., Corresp., 1861, p. 274).
2. Prendre possession (de ce qu'on a laissé en dépôt, de ce qu'on a réservé). Retirer ses bagages de la consigne. Elle n'avait pas voulu retirer l'argent tout d'une fois (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 486).
— Récupérer, moyennant paiement, ce qui était engagé. Il avait ordre de lui compter la somme de quinze cents livres, pour retirer un billet qu'elle avait entre les mains (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 112). Vous avez vu, il lui a racheté ses chevaux, il lui a retiré ses bijoux (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p. 248).
3. Annuler (ce qui a été engagé dans le cadre d'une procédure, ce qui a été annoncé officiellement). Retirer sa candidature, sa plainte, un projet de loi. À défaut d'accord sur le prix, le propriétaire peut retirer son offre de vente (Gds ensembles habit., 1963, p. 9).
♦ Retirer un cheval (d'une course). Ne pas le faire participer à une course dans laquelle il était engagé. Des messieurs pointaient sur des programmes; Pichenette, retirée par son propriétaire, causait une rumeur (ZOLA, Nana, 1880, p. 1396).
4. Interrompre la distribution, la diffusion d'un produit. Retirer un billet de la circulation.
♦ Retirer une pièce du répertoire, de l'affiche, un film des programmes. Et bien, est-ce vrai? Votre pièce [de E. et J. de Goncourt] est retirée par ordre? Pourquoi? J'imagine que votre préface n'est pas étrangère à cela (FLAUB., Corresp., 1865, p. 190).
♦ Retirer une marchandise de la vente, du commerce. Le fait qu'un tiers des viandes retirées de la consommation sont saisies pour tuberculose prouve la fréquence et l'importance de la maladie (Qq. aspects équip. agric., 1951, p. 39).
5. Retirer (un mot, un propos). Renoncer à affirmer (quelque chose). Synon. revenir sur, renier. Il y a des gens qui retirent volontiers ce qu'ils ont dit, comme on retire une épée du ventre de son adversaire (RENARD, Journal, 1901, p. 711):
• 2. YVONNE: Trop commode! Non, non, non... Je parlerai. Chacun son tour. Et, moi vivante, jamais tu n'épouseras cette ordure. MICHEL, bondit: Tu vas retirer ce mot. YVONNE, au visage de Michel:Ordure, ordure! ordure!
COCTEAU, Parents, 1938, I, 4, p. 210.
6. Retirer qqn de. Faire quitter (à quelqu'un) un lieu, une institution qu'il fréquentait. Retirer ses enfants de l'école. J'accompagnai mon père et ma mère au couvent des Carmélites de la rue de Grenelle, pour en retirer ma sœur aînée, qui devait se marier quelques jours après (JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 113).
♦ Faire retirer qqn (vx.). Lui faire quitter un lieu. Madame, continua-t-il en s'adressant à la reine, faites retirer cette jeune fille, elle n'est pas en état d'être vue (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 195).
♦ Laisser retirer (vx), laisser se retirer (mod.). Les mameluks lui mandèrent [au pacha] que, s'il voulait les laisser retirer avec leurs armes et leurs chevaux, on lui ouvrirait les portes de la ville (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 263).
— Littér., au fig. Synon. de arracher, dégager, sortir (d'une situation difficile). Donc à Wagram, en 1809, je n'étais pas militaire, mais au contraire adjoint aux commissaires des guerres, place où mon cousin M. Daru m'avait mis pour me retirer du vice, suivant le style de ma famille (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 20):
• 3. Il la confessa donc, et le résultat de cette confession fut de retirer la jeune fille du désordre où plusieurs hommes considérables l'avaient entraînée; l'abbé Carron la mit à l'abri de toutes poursuites dans un couvent.
SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 157.
C. — Retirer qqc. (à qqn)
1. Ôter, enlever. Retirer des vêtements, un pansement à qqn. Quand on lui retira son bandeau, il se trouva dans une chambre charmante, seul avec une inconnue décolletée et masquée (MAUROIS, Sil. Bramble, 1918, p. 134).
♦ Retirer qqc. des mains (de qqn). Suzanne quitta la pose, vint jusqu'au jeune homme, lui retira des mains la palette avec précaution (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 209).
— Loc. fig.
♦ Retirer une épine du pied. Synon. arracher, enlever, ôter une épine du pied.
♦ Retirer le pain de la bouche.
2. Au fig. Cesser d'accorder (ce que l'on avait accordé, donné). Retirer son agrément, son amour, sa caution, sa confiance. Vous avez compté sur mon appui et je vous le retire (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 269). Tout en le plaignant, [elle était portée à] lui retirer son cœur (BALZAC, Annette, t. 1, 1824, p. 56). Empl. pronom. réfl. Ce qui ne se comprendra plus, car on s'est retiré tout moyen et tout fondement de généralisation (RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p. 38).
♦ Retirer la parole. Je mets aux voix l'exclusion temporaire de la salle des séances! Je vous retire la parole! glapit le fausset du président (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 374).
— Supprimer la jouissance (d'un titre, d'un droit), l'exercice (d'un mandat). Retirer la citoyenneté, la garde d'un enfant, le permis de conduire. Son avoué lui faisait craindre un procès de famille pour lui retirer son majorat (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 159).
D. — 1. Extraire (une substance) de. Divers produits [sont] retirés de ces huiles par l'acide sulfurique (CHARTROU, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 16). Le traitement doit être mis en œuvre dès que la ponction lombaire a permis de retirer un liquide louche ou purulent, sans attendre les résultats du laboratoire (QUILLET Méd. 1965, p. 359). Empl. pronom. passif. L'opium (...) [peut] se retirer des différentes espèces de pavots, répandues presque en tous lieux par la nature (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 202).
— P. ext. Récupérer. Pierret m'apprend que les belles tapisseries [de Rubens] se sont vendues à deux cents francs pièce (...) Un chaudronnier les a achetées pour les brûler et en retirer le métal (DELACROIX, Journal, 1852, p. 447).
2. Au fig. Obtenir (un gain, un profit d'un investissement, d'une affaire, d'une activité économique). Teissier a fait des affaires toute sa vie; il en a retiré un capital considérable qui est bien à lui et que personne ne songe à attaquer (BECQUE, Corbeaux, 1882, IV, 6, p. 230). Dès le XIIe siècle, les ports du nord de la France, Boulogne, Calais, retirent de grands avantages de la pêche du hareng et de son commerce (BOYER, Pêches mar., 1967, p. 7).
— P. ext. Obtenir (un résultat). Retirer de qqc. l'impression que... L'action, l'action dans le sens du bien, n'était pas inutile! Il en retira un allègement, une sensation d'exaltation et de bonheur immense (VAN DER MEERSCH, Invas 14, 1935, p. 144). Nous faisons de l'histoire comme on lit du Balzac (...) Dans les deux cas, nous retirons de notre aventure une leçon d'humanité (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 250).
E. — Vx. Retirer qqn. Lui accorder refuge, lui assurer un lieu de retraite. Synon. recueillir. Il (...) bâtit lui-même une espèce d'infirmerie, qu'il recouvrit de paille, dans le dessein d'y retirer les esclaves qui manquoient d'abri (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 509). Mon bonheur [Napoléon] eût été grand de retirer quelques vétérans civils et militaires (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 650).
— Retirer qqn à soi. [Dans le lang. eccl.] Recueillir après la mort. Synon. rappeler, reprendre. Clélia prétendait qu'il ne fallait pas tenter Dieu; que ce fils si chéri était le fruit d'un crime, et que, si encore l'on irritait la colère céleste, Dieu ne manquerait pas de le retirer à lui (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 477).
II. — Empl. pronom.
A. — 1. [Le suj. désigne un être animé] Se mettre à l'écart de, s'éloigner de, sortir de.
a) Se retirer de. Se retirer du passage, du chemin de qqn. Des demi-cloisons, placées pour couper le vent lorsque les glaces étaient abaissées, ménageaient des coins d'ombre que les amoureux avaient choisis (...). Ils s'étaient retirés du mouvement, les heures ne comptaient plus (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 168).
♦ Rare. [Avec un adv. de lieu, au lieu du compl. en de] Jeanne le vit et poussa un cri de joie... Il était vivant! Et puis elle se retira brusquement en arrière et retomba sans force et sans voix sur un siège (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 415).
— Loc. fig.
♦ Se retirer de la lice. [Forster] me dit qu'il s'est retiré de bonne heure de la lice et blâme les artistes qui s'exposent trop longtemps à la critique (DELACROIX, Journal, 1861, p. 321).
♦ Se retirer du monde. Cesser de mener une vie mondaine, publique. Tous appartenaient à la monarchie tombée, et s'étaient retirés du monde avec elle (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 68). Mener une vie d'anachorète, faire retraite dans une institution religieuse. C'est l'histoire d'un bonhomme qui s'est retiré du monde pour devenir un saint (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 85).
♦ Se retirer (d'un mauvais pas, d'une situation fâcheuse, etc.) (vieilli). Se sortir de, se dégager de. Je découvris quelque chose de blanc et de glacé, qui semblait attendre un moyen de se retirer de cette fâcheuse situation (JANIN, Âne mort, 1829, p. 133).
♦ Se retirer de table avant le dessert (pop.). Interrompre le coït. Comment (...) ne pas avoir d'enfant? — C'est bien simple: mon homme (...) se retire de table au moment du dessert (ROSSIGNOL, Dict. arg., 1901, p. 94).
b) Se retirer à, dans, sous, etc. Le reporter s'était retiré au fond d'un obscur couloir, après avoir sommairement noté les incidents de ce jour (VERNE, Île myst., 1874, p. 43).
— Se retirer dans ses appartements ou absol. se retirer. Quitter une compagnie, une société de gens pour s'isoler chez soi, dans ses appartements privés. V. appartement ex. 6.
— Se retirer sous sa tente. Au fig. Cesser de participer à. À l'heure où l'avion était encore dans les limbes, où Ader, découragé par l'incompréhension de l'armée, s'était déjà retiré sous sa tente, c'était le dirigeable qui paraissait être l'avenir (P. ROUSSEAU, Hist. techn. et invent., 1967, p. 355).
c) Empl. abs. Sortir. La comtesse rentre, suivie de Charles, qui pose sur un siège les vêtements du baron et se retire (HERMANT, M. de Courpière, 1907, I, 8, p. 8). [Napoléon] n'était pas bien à dîner; il n'a pu faire ses parties d'échecs accoutumées; il s'est retiré souffrant aussitôt après la première partie (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 381). [Dans une formule par laquelle on donne congé] — Non, monsieur, non... Je vais vous dire encore... — Vous pouvez vous retirer (SAINT-EXUP., Vol nuit, 1931, p. 131).
2. Au fig.
a) Se retirer (des affaires). Cesser d'avoir une activité économique (en parlant d'un entrepreneur). Retirés des affaires, les paisibles rentiers des deux villes se croisaient, tout bonnement, sur la route en rentrant chez eux (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 252).
♦ P. iron. [Le suj. désigne un brigand, un gangster, une prostituée] Vous n'êtes pas homme à vous retirer des affaires! — Excusez-moi, répondit-il avec une certaine hauteur: j'ai dit adieu au brigandage, et pour toujours (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 284).
— Empl. abs. Cesser d'exercer. Synon. se démettre, démissionner. Dans un régime conventionnel, la subordination de l'exécutif ne lui permet pas de poser la question de confiance. Il est à la disposition de l'Assemblée, il doit se retirer si celle-ci lui retire sa confiance, mais il ne peut poser des conditions à l'Assemblée (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 464).
♦ [Avec un compl. circ. de lieu] Je suis toujours d'accord pour donner un coup de main aux corps francs, je leur passe des renseignements chaque fois que je le peux... L'argent, c'est autre chose... Ce serait reconnaître qu'ils sont plus capables que nous de l'utiliser avec efficacité, dans ce cas autant passer la main et nous retirer à la campagne (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 181).
b) Vieilli. Se retirer de qqn. Prendre ses distances vis-à-vis de quelqu'un. Synon. se détacher, s'éloigner, se détourner. Il l'avait aimée d'abord d'un amour inquiet et charmant, comme tout sentiment qui s'ignore; puis, en voyant Hélène se retirer brusquement de lui, d'un amour silencieux et farouche (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 310). Nous fûmes laborieux. D'où vient qu'on se retire de nous? Faut-il qu'un honnête homme fasse, une fois au moins, scandale, pour se ménager une vieillesse? (BERNANOS, Joie, 1929, p. 628).
3. [Le suj. désigne une armée] Reculer. Synon. battre en retraite. Tous les convois de la 2e armée se sont retirés en très bon ordre. Le 20e corps se reconstituera rapidement, le 16e assez rapidement, le 15e plus difficilement. On ne parle plus de se retirer au delà de la Moselle (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 286).
— Au fig. Elle me dit aussi que ce couple, bien qu'il fût toujours en désaccord, ne s'était jamais disputé, chacun se retirant lorsque l'autre avançait (LACRETELLE, Am. nupt., 1929, p. 63).
4. [Le suj. désigne un fluide, de la lumière] Abandonner un lieu temporairement occupé. Synon. refluer. La mer se retire. Insensiblement la clarté du jour se retira de ces douces vallées, et les riantes couleurs des prairies s'éteignirent dans un pâle crépuscule (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 44). Les eaux s'étaient retirées en laissant des taches de fange à tous les murs et à tous les arbres (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 221).
— Au fig. Qu'as-tu mon Calyste? lui dit sa mère à l'oreille. — Rien, répondit-il en montrant des yeux d'où la lumière et le feu de l'amour s'étaient retirés (BALZAC, Béatrix, 1839, p. 200). J'ai eu tort de demander cela. La vie se retire complètement de son visage (SARTRE, Nausée, 1938, p. 177).
B. — Vieilli. [Le suj. désigne une substance] Se contracter, se recroqueviller. Ses fibres tenaces se prêtent à tous les efforts; elles obéissent à la main, et s'allongent sans peine: rendues à elles-mêmes, elles se retirent vivement, et reprennent leur première forme (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 203). La pièce, en cuisant et se retirant, tourne un peu (Al. BRONGNIART, Arts céram., t. 1, 1844, p. 169).
— P. métaph. Le monde [le long d'une ligne de chemin de fer] s'étire s'allonge et se retire comme un accordéon qu'une main sadique tourmente (CENDRARS, Du monde entier, Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France, 1913, p. 44).
C. — Vx. Se retirer sur. Récupérer son profit sur. Synon. se rattraper sur. Ceux qui, malgré la foule immense des malheurs particuliers, attribuent un certain genre de bonté à la nature, la considèrent comme un spéculateur en grand qui se retire sur le nombre (STAËL, Allemagne, t. 5, 1810, p. 156). Vu le grand nombre d'exemplaires, Engelmann diminuera ses profits en se retirant sur la quantité (MÉRIMÉE, Lettres Delessert, 1840, p. 2).
III. — Empl. intrans., vx. Retirer à, de. Ressembler à. Synon. usuel tirer sur. Qu'ils étaient beaux vraiment ces vieux dragons horrifiques, endentés jusqu'au fond de la gueule, vomissant des flammes, couverts d'écailles, avec une queue de serpent, des ailes de chauve-souris, des griffes de lion, un corps de cheval, une tête de coq, et retirant au basilic! (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 354). Mais je vous dis, moi, que si Mariette est bonne aussi (...) c'est d'une manière qui ne retire pas de la vôtre (SAND, Fr. le Champi, 1848, p. 173).
2e Section. Empl. trans., rare. [Re- exprime l'itération]
I. — A. Exécuter un nouveau tirage (d'une œuvre imprimée, d'une photographie). Tu tiens le succès, le grand succès. On en demande cinq cents par jour, je retire à dix mille, et ça ne fait que commencer (L. DAUDET, Qd vivait mon père, 1940, p. 17).
B. — Tirer à nouveau au sort. (Dict. XIXe et XXe s.).
II. — Exécuter un nouveau tir (Dict. XIXe et XXe s.).
REM. 1. Retirade, subst. fém., vx. a) Fortif. Synon. de réduit, retranchement (Dict. XIXe et XXe s.). b) Synon. de retraite. [Le jeune Béarnais:] Avant la retirade du soir et la prière (...) on jouerait un peu (D'ESPARBÈS, Roi, 1901, p. 49). 2. Retiraison, subst. fém., transp. ,,Enlèvement d'une marchandise`` (Termes nouv. Sc. Techn. 1983). Synon. retrait. 3. Retirance, subst. fém., vx. a) Lieu de retraite, gîte. Ma grand'mère me donne-t-elle la moindre chose, si ce n'est la retirance et le manger? (SAND, Pte Fad., 1849, p. 164). b) Ressemblance. [Le Champi] surprit dans la mignonne figure de cette mignonne jeunesse une retirance assez marquée de la figure chagrinante du défunt meunier (SAND, Fr. le Champi, 1848, p. 122). 4. Retirée, subst. fém., vx. ou région. Gîte, hébergement. [Marie à M. le curé:] On refusait partout de me donner la retirée (FABRE, Oncle Célestin, 1881, p. 395). Rare. Marée descendante. Il pensa que le lendemain de Noël on serait au vingt-septième jour de la lune, et que par conséquent la haute mer serait à trois heures vingt et une minutes, la demi-retirée à sept heures quinze, la basse mer à neuf heures trente-trois, et la demi-montée à douze heures trente-neuf (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 124). 5. Retirure, subst. fém., fond. Cavité dans une pièce résultant de la contraction ou d'une quantité insuffisante de métal. Synon. retassure. (Ds CHESN. t. 2 1858, Fonderie 1979).
Prononc. et Orth.:[], (il) retire [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Trans. et intrans. A. Trans. 1. 1160-74 « faire revenir en arrière, ramener à soi par un mouvement de retrait » ses rednes... retire (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 3973); [1585 retirer son espingle du jeu (Contes d'Eutrapel ds DOCHEZ 1860)]; 1595 retirer son espingle (11 déc., Lett. miss. de Henri IV, t. IV, p. 475 ds GDF. Compl., s.v. espingle); 2. a) ca 1485 « tirer quelqu'un d'un lieu où il était entré » (Myst. V. Testament, éd. J. de Rothschild, t. 3, p. 13, vers 17819: sa, la main pour vous retirer); en partic. 1667 [éd.] retirer du tombeau (LA FONTAINE, Oraison de St Julien, 196 ds Œuvres, éd. H. Regnier, t. 4, p. 256); b) ca 1485 « tirer quelqu'un d'une situation fâcheuse » retirer de misère le povre estat d'humanité (Myst. V. Testament, p. 32, vers 18259); 3. a) ca 1590 [éd.] « faire quitter à quelqu'un par voie d'autorité une place » retirant ses soldats (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, II, III, p. 360); b) 1742 retirer une pièce « en faire cesser l'étude ou la représentation » (ALEXANDRE ds FÉR. 1788); 4. 1636 « rentrer en possession de quelque chose qui était déposé quelque part, moyennant certaines formalités » retirer son argeant deuers le banquier (MONET); 1690 retirer son enjeu (FUR.); 5. 1832 « enlever ce qui a été mis pour couvrir, protéger » retirer son chapeau (DELAVIGNE, Louis XI, II, 13, p. 84). B. 1. [XIIIe s. « reprendre à quelqu'un ce qui avait été accordé; le dépouiller de ce qu'il possédait » tous les biens sont retirés et ravis (Th. DE NAVARRE ds DOCHEZ 1860)] 1875 retirer les morceaux [de pain] de la bouche de qqn (ZOLA, Faute Abbé Mouret, p. 1428); 2. XIVe s. « tirer d'une chose ce qu'elle produit » (Valenciennes, acte du XIVe s. relevé par M. Caffiaux ds LA CURNE); 3. 1553 « cesser d'accorder à quelqu'un un avantage » retirer sa miséricorde de nous (La Bible, s.l., impr. J. Gérard, II Macc., 6, 16); 4. a) 1664 « cesser de présenter quelque chose » retirer sa parole « se dégager d'une promesse » (MOLIÈRE, Mariage forcé, 8); b) 1771 retirer sa prière (VOLT., Lett. Schomberg, 13 mars ds LITTRÉ); 5. 1536 « conduire quelqu'un en lieu sûr pour qu'il y trouve asile » (M. DU BELL[AY] ds LITTRÉ). C. Intrans. 1538 retirer à « ressembler à » (EST.). D. Trans. 1. 1611 « tirer de nouveau avec une arme » (COTGR.); 2. 1718 « tirer de nouveau au sort » retirer une loterie (Ac.); 3. 1886 « effectuer un nouveau tirage d'un ouvrage » (GONCOURT, Journal, p. 566). II. Pronom. A. 1. a) XVe s. « s'éloigner du lieu où l'on se trouve » (Perceforest, t. I, f ° 50 ds LITTRÉ, s.v. vent); b) ca 1485 « aller s'établir dans un endroit tranquille pour s'isoler » Apart je me retiray (Myst. V. Testament, p. 423, vers 27042); en partic. 1559 part. passé adj. vie retirée « qui s'écoule à l'écart du monde » (AMYOT, Numa, 9 ds LITTRÉ); fin XVIe s. id. « (d'un endroit) à l'écart, peu fréquenté » (D'AUB., Hist., I, 186, ibid.); 1588 [éd.] « qui vit à l'écart du monde » retiré et casanier (MONTAIGNE, op. cit., I, XIII, p. 266); c) 1580 « rentrer en soi-même, s'absorber dans ses pensées » retirez-vous en vous (ID., ibid., I, XXXIX, p. 247); 2. 1538 « cesser d'exercer une activité » (EST.); cf. ca 1590 [éd.] se retirer de toute occupation civile et militaire (MONTAIGNE, op. cit., I, XXXIV, p. 242); d'où 1811 part. passé adj. « qui a cessé toute activité, qui a pris sa retraite » tel bon marchand... retiré des affaires (JOUY, Hermite, t. 1, p. 141). B. 1. a) Ca 1485 milit. « faire mouvement vers l'arrière » (Myst. V. Testament, p. 331, vers 24904); cf. 1579 retirez vous, soldats (GARNIER, Troade, V, 2409, t. 2, p. 160); b) 1688 « se porter légèrement en arrière, s'écarter de » (SACI, Bible, Job, XXIX, 8 ds LITTRÉ); 2. a) ca 1500 « en parlant de la mer, s'éloigner du rivage » ici part. passé adj. mer retirée « marée basse » (COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, I, 204); 1691 se retirer (OZANAM, p. 361); b) 1553 « (d'une rivière) rentrer dans son lit après avoir débordé » (La Bible, Gen. 8, 3); c) 1580 « (d'un liquide), couler en sens contraire du sens normal » le sang retiré (GARNIER, Antigone, III, 1073, t. 3, p. 39); 3. a) 1508 [éd.] se retirer de qqc. « renoncer à s'y adonner » se retirent de plusieurs vices (ELOY D'AMERVAL, Le Livre de la diablerie, éd. Ch. Fr. Ward, p. 138); b) 1553 « s'éloigner de quelqu'un, cesser de le fréquenter » (La Bible, Psaumes, 6, 9); c) 1672 le Seigneur se retire « il n'accorde plus sa grâce » (SACI, op. cit., Juges, XVI, 20 ds LITTRÉ); 1691 Dieu se retire (RACINE, Athalie, I, 1); 4. 1530 « se resserrer sur une ou deux dimensions » ma bourse de cuyr s'est retirée (PALSGR., p. 705); 5. 1687 « (en parlant de choses abstraites) disparaître peu à peu » (FONTENELLE, Oracl., III, 5 ds LITTRÉ). Comp. du préf. re- et de tirer. Fréq. abs. littér.:7 055. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 12 452, b) 11 597; XXe s.: a) 8 198, b) 8 231. Bbg. HOPE 1971, p. 149, 219 (s.v. retirade).
retirer [ʀ(ə)tiʀe] v. tr.
ÉTYM. V. 1155, sens I., A., 3.; de re-, et tirer.
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I Amener, tirer, hors d'un lieu.
A (1553).
1 Retirer de : faire sortir (qqn, qqch.) de (un lieu, un espace). ⇒ Dégager, enlever, ôter. || Retirer qqn des flots (→ Bouche, cit. 9). ⇒ Sortir. || Retirer un corps des décombres, des ruines (→ aussi Entasser, cit. 6). — Orphée voulut retirer Eurydice des Enfers (→ Centaure, cit. 1). — Retirer un homme de prison. || Retirer une enfant du collège. — Retirer les troupes d'une place forte, d'une position. — ☑ Par métaphore. Retirer qqn du tombeau : lui sauver la vie. ☑ Retirer d'un mauvais pas : sauver (→ ci-dessous, 5., fig.).
1 (…) elle retira (son fils) du collège où son père avait exigé qu'il fût interné.
F. Mauriac, Génitrix, XII.
♦ Plus cour. (Compl. n. de chose). || Retirer un objet d'une boîte (→ Montrer, cit. 2), d'une cachette. || Retirer tout le contenu (d'un récipient…). ⇒ Vider. || Retirer le pain du four (⇒ Défourner), un gâteau du moule (⇒ Démouler), une fleur d'un pot (⇒ Dépoter), etc. ⇒ aussi le préf. Dé- (dés-). || Retirer des victuailles d'un sac, d'un cabas (cit. 2). || Retirer qqch. de sa poche (→ Gaufrer, cit. 2). || Retirer les lettres de la boîte (⇒ Levée; lever). — Retirer un document d'un dossier, d'un carton (→ aussi Élucubration, cit. 1). || Retirer de l'eau. ⇒ Pêcher. — (Sans compl. en de). || Pêcheur qui retire son filet (→ Nacelle, cit. 1).
♦ ☑ Loc. métaphorique. Retirer à qqn le pain de la bouche (→ Graine, cit. 11, et ci-dessous, le sens 6.). — ☑ Fig. et fam. || « On me retirera difficilement de l'idée que… » (Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 247) : quoi qu'on fasse, je continuerai à penser que…
♦ Spécialt. Faire sortir (un objet qui était déposé, confié, engagé), rentrer en possession de. || Retirer un objet du Mont-de-Piété. ⇒ Dégager. — Retirer de l'argent de la banque. ⇒ Prendre. — Retirer une valise de la consigne. ⇒ Déconsigner.
2 Vous laissez votre malle à la consigne. Vous me donnez votre bulletin. Demain matin, je vais retirer la malle. Je l'amène chez moi.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, XXI, p. 254.
♦ Par métaphore. Faire disparaître pour un spectateur, enlever. || « C'est l'habitude qui retire les objets d'une chambre » (cit. 6, Proust).
2 Vieilli. Faire partir de… ⇒ Éloigner. || Retirez-les (ces gens). → Campagne, cit. 11, La Fontaine. — Retirer qqch. de la vue de qqn. ⇒ Disparaître (faire).
3 (…) quand ils languissaient dans l'Égypte, il les en retira avec tous ses grands signes en leur faveur (…)
Pascal, Pensées, X, 670.
♦ Par ext. Détourner. || « Retirons nos regards de cet objet funeste » (cit. 6).
3 Séparer, éloigner de qqch., en ramenant vers soi (⇒ Ramener; enlever). — (En parlant d'une chose enfoncée). ⇒ Arracher, extraire. || Retirer l'aiguille (après une piqûre). → Piquer, cit. 6. || Elle avait enfoncé ses bras dans le blé, et elle les en retirait (→ Poudrer, cit. 1). || Retirer une volaille de la broche (⇒ Débrocher), un clou du mur (⇒ Arracher; déclouer), un bouchon (⇒ Déboucher)… || Retirer de terre. ⇒ Déraciner, déterrer. || Action de retirer. ⇒ Retrait.
♦ Faire cesser d'être posé, en portant en arrière, en ramenant vers soi. || Retirer sa main (cit. 24), ses mains (→ Animation, cit. 4; appuyer, cit. 16).
♦ Faire reculer, après avoir approché. || Tendre l'appât, puis le retirer (→ Coquetterie, cit. 9).
4 (…) sa gueule empoisonnée
Lance et retire un dard messager du trépas (…)
Florian, Fables, IV, 11.
4 Retirer (qqch.) à (qqn), de (qqch.) : enlever ce qui garnit, couvre, recouvre, habille… ⇒ Enlever. || Retirer ses vêtements à un enfant : le déshabiller. || Retirer le harnais, la bride (⇒ Débrider), le bât (⇒ Débâter)… à un cheval (→ aussi Licou, cit. 1). — Retirer l'enveloppe, le papier d'un colis (⇒ Développer). || Retirer les liens (⇒ Délier).
♦ Enlever (ses vêtements). ⇒ Dépouiller, ôter. || Retirer sa coiffure (⇒ Décoiffer [se]), sa casquette (→ Dresser, cit. 3), son chapeau, ses gants (⇒ Déganter [se]), ses chaussures (⇒ Déchausser [se]; → Imbiber, cit. 2.) || Retirer sa jaquette (cit. 5), sa veste; sa culotte ⇒ Déculotter (se). || Retirer ses lunettes, ses binocles (→ Furtivement, cit. 5). || Retirer une agrafe, une épingle, un lacet, etc. (⇒ Délacer, détacher…; déboutonner).
5 Elle (…) retira ses bas, comme on pèle un fruit, d'un geste long et brusque qui dénudait d'un coup sa chair.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 250.
5 Fig., vx. || Retirer (qqn, qqch.) de (qqch.) : faire sortir (qqn, qqch.) de (un état, une situation). ⇒ Arracher.
6 Mais t'es-tu souvenu que ma main charitable,
Ingrat, t'a retiré d'un état misérable ?
Molière, Tartuffe, V, 7.
♦ Retirer d'un emploi, d'un poste… ⇒ Démettre. || Retirer du service actif (→ Dévolu, cit. 2).
♦ (Compl. n. de chose). || Retirer des billets de la circulation. Spécialt. || Retirer une pièce du répertoire, de l'affiche (métaphore du sens 3.).
6 Retirer (qqch.) à (qqn) : enlever, priver de cette chose. ⇒ Dépouiller, ôter. || Retirer ses biens à un vaincu. || Retirer le pain, la nourriture à qqn (→ Retirer le pain de la bouche, ci-dessus, A. 1). || Un os (cit. 11) qu'ils ont retiré à leur chien. || Donner, prêter qqch. à qqn, puis le lui retirer. ⇒ Reprendre (→ Présenter, cit. 5; puis, cit. 1, par métaphore). — On me retire deux assistants (cit. 4). || Retirer une autorisation, une licence, un permis. || On lui a retiré le permis de conduire. — Par ext. || Retirer un droit. || Je vous retire la parole. ⇒ Couper.
♦ Par métaphore, fig. || Retirer un espoir à qqn (→ Démoraliser, cit. 3). || On peut tout retirer à un peuple malheureux…, mais non sa langue (cit. 38). — Retirer à qqn son affection, son amour, son estime (→ Opprobre, cit. 7), sa confiance…
7 Au nom de la souveraineté du peuple, on retire au gouvernement toute autorité, toute prérogative, toute initiative, toute durée et toute force.
Taine, les Origines de la France contemporaine, II, t. II, p. 62.
8 Je me rendais compte que l'absence, tout en favorisant comme je le savais déjà, la cristallisation de l'amour, endort pour un temps la jalousie, parce qu'en retirant à l'esprit tous ces petits faits, toutes ces observations sur lesquelles il a pris coutume de bâtir ses dangereux, ses affreux édifices, elle le contraint au calme et au repos.
A. Maurois, Climats, I, X.
♦ Par ext. || Retirer un criminel à la justice. ⇒ Dérober, soustraire.
B (Sans compl. indirect). Cesser de faire, d'accorder, de formuler, de présenter. ⇒ Annuler, supprimer. || Action de retirer…. ⇒ Retrait. || Retirer sa candidature (→ Maintenir, cit. 6), une plainte (cit. 11), une accusation (cit. 6). || Je retire mon offre, ma proposition. || Un pouvoir qui retire la loi qu'il a faite hier (→ Mollir, cit. 4). ⇒ Abolir. || Retirer son adhésion (→ Immanent, cit. 4), sa parole, sa promesse. ⇒ Reprendre; rétracter (se). — Retirer une parole malheureuse. || Je retire ce que j'ai dit.
9 (…) puisque vous voulez retirer votre parole, je vais voir ce qu'il y a à faire (…)
Molière, le Mariage forcé, 8.
C (1645; XIVe, « enlever l'argent d'une charge »). Obtenir pour soi (en enlevant de qqch. ou à qqn); obtenir en retour. ⇒ Gagner, enlever, percevoir, recueillir. || Retirer telle somme d'une affaire, retirer un bénéfice. ⇒ Bénéficier. || Retirer les fruits de ses soins (→ Prétendre, cit. 25).
10 (…) ils prêtent à usure, retirant chaque jour une obole et demie de chaque dragme (sic)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De l'image d'un coquin.
11 (Elle) nous fournira des guenilles, qu'elle nous vendra au poids de l'or, et dont nous ne retirerons rien.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 694.
♦ Par métaphore ou fig. || Le gain (cit. 10) spirituel qu'ils peuvent retirer de… || Le gouvernement en retirait beaucoup de gloire (→ Persister, cit. 2). || Il n'en a retiré que des ennuis.
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II (XVIe). Vx. Faire aller en un lieu, dans un abri, une retraite (→ ci-dessous Se retirer). ⇒ Abriter (cf. Rotrou, Racine, in Littré). || Retirer des esclaves dans une infirmerie (→ Nègre, cit. 8). — Par ext. Loger. || « Un certain homme fort riche… me retira en sa maison » (Sorel, Francion, II, in Dubois et Lagane). || « La femme d'un soldat, qui retirait à un sou par nuit des domestiques hors de service » (Rousseau, les Confessions, II, in Littré).
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III Vx. (1538; fréquent chez Montaigne). || Retirer à…, sur… : ressembler. (Ce sens, qui correspond à Tirer sur… le rouge, etc., a donné un dér. régional : Retirance « ressemblance », fréquent chez G. Sand [François le Champi, p. 56; la Petite Fadette, p. 13]).
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IV (1611).
1 Tirer de nouveau. || Retirer quelques coups de feu.
♦ Retirer un livre, une gravure.
2 Intrans. || Retirer au sort. || Retirer au pistolet.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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se retirer. v. pron.
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I (Au sens I. de l'actif).
1 Vx. || Se retirer d'un lieu : en partir.
12 Retirez-vous d'ici (…) ou je vous en ferai retirer d'une autre manière.
Molière, la Princesse d'Élide, IV, 5.
♦ Absolt, mod. || Se retirer. a S'en aller, partir, en sortant, en s'éloignant. → Attirer, cit. 10; discret, cit. 1; perdre, cit. 39. || « Que chacun se retire » (→ Aucun, cit. 41). || Adieu, il est temps de se retirer (→ Entretenir, cit. 28). || Les curieux se retirèrent paisiblement (cit. 3). || La foule se retire. ⇒ Écouler (s'). Spécialt. Prendre congé. || Se retirer discrètement, sans bruit. ⇒ Disparaître, éclipser (s'), esquiver (s'); évader (s'), par ext. → Fausser compagnie, filer à l'anglaise.
13 Vous, Narcisse, approchez. Et vous, qu'on se retire.
Racine, Britannicus, II, 1.
b (Autre sens). Faire cesser la pénétration lors d'un rapport sexuel, en parlant d'un homme.
2 Se retirer de (qqch.) : quitter (une activité). || Se retirer du jeu (→ 1. Être, cit. 79), de la partie, d'une affaire. ⇒ aussi Désister (se). || Se retirer des affaires, du commerce. ⇒ Démettre (se), démissionner. Spécialt. Prendre sa retraite (→ Garde-robe, cit. 3). — Se retirer du combat (→ Charge, cit. 29, La Fontaine).
14 Je m'engagerais à un trop long discours si je rapportais ici, en particulier, toutes les raisons naturelles qui portent les vieilles gens à se retirer du commerce du monde (…)
La Rochefoucauld, Réflexions diverses, 19.
15 (…) c'est une expression forte et triste, sans lassitude; celle d'idéalistes revenus de tout, qui se sont retirés de l'action (…)
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », III.
16 Je me réfugie dans le sommeil comme un enfant boudeur qui se retire du jeu.
Gide, Journal, 3 juil. 1927.
♦ Absolt. Ne plus se présenter à un concours, à une compétition. || Se retirer devant un adversaire (→ Quitter, céder la place, faire place à…). — Cesser de jouer, de participer. ⇒ Abandonner, défection (faire); → Engager, cit. 17; main, cit. 74. || Se retirer sur la bonne bouche, après un gain… ⇒ Charlemagne (faire). || Se retirer sans dommage, à bon marché. ⇒ Tirer (s'en).
17 Un homme attaqué, quand il a l'honneur d'appartenir à un corps, doit se justifier ou se retirer.
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 194.
18 Pas de crainte, non plus, paraît-il, qu'il donnât officiellement ses voix à l'adversaire. Mais il risquait fort de se retirer, en criant : « À bas la réaction ! »
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VIII, II, p. 20.
3 Aller en arrière, s'éloigner en s'écartant. — Vx ou régional. || Se retirer pour éviter un coup. ⇒ Effacer (s'). — Mod. || Les ennemis se retirent en désordre. ⇒ Décamper, déguerpir, dénicher, enfuir (s'), fuir, sauver (se); → Ficher le camp (fam.), lâcher pied, battre en retraite. || Armée qui se retire pour résister. ⇒ Reculer (→ Ligne, cit. 33). || Se retirer d'une place forte, d'un territoire conquis. ⇒ Évacuer.
♦ Fig. || « Elle se retirait sans cesse et s'effaçait là où il aurait fallu briller » (cit. 22). → aussi Humble, cit. 12.
♦ (Choses). || « Retirez-vous, trésors, fuyez » (→ Médiocrité, cit. 3).
4 Vx.
♦ Se retirer de (suivi d'un complément désignant une personne) : quitter, cesser d'être avec…, ou d'appartenir à (qqn). ⇒ Abandonner, laisser. — Se retirer de (qqch.) : y renoncer. || Se retirer de la débauche, de l'erreur (en sortir), du danger (→ Échapper).
19 Dieu même, disent-ils, s'est retiré de nous (…)
Racine, Athalie, I, 1.
♦ (Sujet n. de chose). Vieilli ou littér. || La protection (cit. 5) du préfet s'était retirée de lui pour se porter sur… — Les sociétés dont le sacré se retire (→ Profane, cit. 2).
20 À mesure que la faveur et les grands biens se retirent d'un homme, ils laissent voir en lui le ridicule qu'ils couvraient !
La Bruyère, les Caractères, VI, 4.
21 Comme c'est étrange, une vie d'où se retire toute espèce de malice.
Colette, l'Étoile Vesper, p. 175.
5 (1553). Spécialt. Refluer, revenir vers son origine (en parlant de fluides). || La mer se retire. ⇒ Découvrir, descendre, refluer. || Les eaux se retirent, rentrent dans leur lit (⇒ Décrue).
♦ Par métaphore. || « Le voici. Vers mon cœur (cit. 31) tout mon sang se retire ».
6 (1530). Être tiré ou rétréci par une contraction. ⇒ Contracter (se), rétracter (se). || Étoffe qui se retire au lavage. ⇒ Rétrécir.
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II (Au sens II., de l'actif). Aller (quelque part) pour y trouver un abri, un refuge. ⇒ Retraite; cantonner (se), réfugier (se). || « Ils se retirent la nuit dans des tanières ». ⇒ Cacher (se); → Noir, cit. 8. || Un recoin (cit. 1) où nul ne se retire (→ aussi Se dérober aux regards).
♦ Spécialt. Rentrer dans un endroit privé pour se trouver seul, pour se reposer… || Se retirer chez soi (→ 2. Appareiller, cit. 1; double, cit. 3), dans sa chambre (→ 2. Desservir, cit. 1). — ☑ Loc. Se retirer dans ses cantonnements, sous sa tente, dans sa tour d'ivoire (fig.). — Absolt. || Se retirer : rentrer chez soi pour la nuit. || Se retirer de bonne heure.
♦ Je me retire sur mes terres (→ Ouvrir, cit. 42). || Se retirer dans un lieu désert, isolé. ⇒ Confiner (se), ensevelir (s'), enterrer (s'), isoler (s'); exiler (s'). || Se retirer au couvent, à la Trappe ⇒ Claustrer (se), cloîtrer (se); → Quitter, cit. 7.
♦ Spécialt. Prendre sa retraite (dans un lieu). || Il s'est retiré dans sa maison de campagne (cf. Aller planter ses choux).
22 Lorsque madame Raquin vendit son fonds et qu'elle se retira dans la petite maison du bord de l'eau (…)
Zola, Thérèse Raquin, II.
23 Et ainsi les philosophes ont beau dire : retirez-vous en vous-mêmes, vous y trouverez votre bien; on ne les croit pas (…)
Pascal, Pensées, VII, 464.
24 Quand Dieu se retire du monde, le sage se retire en Dieu.
Joseph Joubert, Pensées, I, LVII.
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retiré, ée p. p. adj.
1 Qui s'est retiré (au sens II.). || À peine retiré dans ma chambre (→ Incantation, cit. 1). || Sentinelle retirée dans sa guérite (cit. 1). — Retirés à la campagne (→ Manier, cit. 11), dans un cloître, dans un désert.
25 (…) et ma mère, retirée jusqu'à la nuit dans sa chambre obscure, rafistolait d'humbles toilettes.
Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, I, I.
♦ Au sens I. de se retirer :
26 Ô bienheureux celui qui (…)
Et qui, loin retiré de la foule importune,
Vivant dans sa maison, content de sa fortune,
A selon son pouvoir mesuré ses désirs !
H. de Racan, Stances, « Thirsis, il faut penser à faire la retraite. »
27 Mon impression, à moi, que je garde, est le désir d'être de plus en plus retiré du monde et dans un cloître d'études et d'oubli.
Sainte-Beuve, Correspondance, t. I, éd. Calmann-Lévy, p. 27.
2 Absolt. Qui vit, qui est dans une retraite et loin des hommes. || Vivre solitaire et retiré, comme un anachorète, un ermite… (→ 1. Écarter, cit. 29; quiet, cit. 1). — Vie retirée.
28 (…) parmi la foule d'un grand peuple fort actif et plus soigneux de ses propres affaires que curieux de celles d'autrui, sans manquer d'aucune des commodités qui sont dans les villes les plus fréquentées, j'ai pu vivre aussi solitaire et retiré que dans les déserts les plus écartés.
Descartes, Discours de la méthode, III.
3 Qui n'a plus d'activité professionnelle, s'est retiré (I.) des affaires… ⇒ Retraite. || Négociants retirés (→ Miniature, cit. 5). — Retraité. || Bourgeois retirés (→ Négociant, cit. 3).
29 Un violoniste célèbre, aujourd'hui retiré, et qui eut, entre beaucoup de signes éminents, le privilège de donner toujours la note juste, revenait d'Italie (…)
Alain, Propos, 9 sept. 1921, Orgueil et vanité.
4 Éloigné, situé dans un lieu isolé. || Coin (cit. 18) retiré. ⇒ Détourné, écart (à l'), écarté, isolé, secret, solitaire. || Un quartier retiré et calme, tranquille. ⇒ Désert. — Vx. Lointain. || « Les plus retirés voyages… » (Théophile).
30 (…) nous nous fixâmes aux Charmettes, une terre de M. de Conzié, à la porte de Chambéri, mais retirée et solitaire comme si l'on était à cent lieues.
Rousseau, les Confessions, V.
5 (Du sens I., 6. de se retirer). Contracté, rétracté.
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CONTR. (Du sens I., A.) Mettre; apporter, disposer; ajouter. Commettre, confier, déposer, engager. — Rapprocher, réunir; appuyer, insérer, introduire. Avancer. — (Du sens I., B.) Donner, fournir, prêter, rendre. — Maintenir. — (De I., C.) Perdre. — (Du pron.) Avancer (s'), entrer, envahir; demeurer, rester. — Monter (en parlant des eaux). Dilater (se). — (Du p. p.) Public. Activité (en). Fréquenté.
DÉR. Retirable, retirade, retirage. — V. aussi Retiration, retirement, retiro, retirons.
Encyclopédie Universelle. 2012.