régiment [ reʒimɑ̃ ] n. m.
• 1553; regement (1250) « gouvernement » (cf. 1. régime) et « régime alimentaire »; lat. regimentum « action de régir »
1 ♦ Corps de troupe de l'armée de terre placé sous la direction d'un colonel. Les bataillons d'un régiment d'infanterie. Les escadrons d'un régiment de cavalerie, de chars. Les trois régiments d'une division. — Régiments étrangers, de la Légion étrangère. — Le drapeau, la musique, la mascotte du régiment.
♢ Par méton. Les hommes d'un régiment. « Tout le régiment connaît Lucie » (Dorgelès ).
♢ Fam. Le régiment : l'armée; le service militaire. Nouveaux arrivants au régiment (⇒ bleu) . « cet air crâne qui sied aux conscrits en partance pour le régiment » (Loti). Aller au régiment : être incorporé. Son fils est au régiment. Copains de régiment.
2 ♦ (1623) Grand nombre (de personnes, de choses). ⇒ multitude, quantité; fam. bataillon, ribambelle. « Des régiments d'arbres à fruits » (Maupassant). — Fam. Il y en a pour un régiment, pour beaucoup de personnes.
● régiment nom masculin (bas latin regimentum, action de régir, du latin classique regimen) Unité de l'armée de terre, formant corps, constituée d'un ensemble cohérent d'hommes et de moyens, articulé en plusieurs unités de combat (compagnies ou escadrons). Familier et vieux. L'armée, le service militaire : Faire son régiment. Familier. Un grand nombre, une multitude de : Un régiment de cousins. ● régiment (citations) nom masculin (bas latin regimentum, action de régir, du latin classique regimen) François Coppée Paris 1842-Paris 1908 Académie française, 1884 Et, rêvant déjà de bataille, Tous sont heureux naïvement ; Car toujours la France tressaille Au passage d'un régiment. Contes en vers et poésies diverses Lemerre ● régiment (expressions) nom masculin (bas latin regimentum, action de régir, du latin classique regimen) Conseil de régiment, organisme constitué sous la présidence du chef de corps pour statuer sur les demandes de rengagements des sous-officiers ou leur admission dans le cadre des sous-officiers de carrière.
régiment
n. m.
d1./d Corps militaire composé de plusieurs bataillons, escadrons ou groupes et que commande un colonel. Régiment d'artillerie (R.A.), d'infanterie (R.I.), etc.
|| Ensemble des soldats d'un régiment.
d2./d Fig. Multitude. Un régiment de créanciers.
⇒RÉGIMENT, subst. masc.
A. — 1. Unité militaire de l'armée de terre, faisant partie d'une division, composée de plusieurs bataillons, escadrons ou groupes, commandée de nos jours par un colonel, et dont tous les hommes appartiennent à la même arme. On donnait des régiments à de jeunes seigneurs incapables de les conduire, parce qu'un gentilhomme ne pouvant faire que le métier des armes, il fallait bien que l'État se chargeât de son existence (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 223). Comme Henriette aidait doucement un soldat tout jeune, l'épaule traversée d'une balle, à retirer sa capote (...), elle remarqua le numéro de son régiment. — Mais vous êtes du 106e ! Est-ce que vous appartenez à la compagnie Beaudoin? (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 268).
SYNT. État-major, officiers, instructeurs d'un régiment; chant, drapeau d'un régiment; mascotte, musique d'un régiment; détachement d'un régiment; le gros du régiment; commander, passer l'inspection d'un régiment; le régiment se forme, se met en marche, défile, présente les armes, monte au front, en ligne; citation à l'ordre du régiment; [sous l'Ancien Régime] acheter, lever, solliciter un régiment.
— [Avec déterm. précisant l'arme, le corps auquel appartient le régiment] Régiment d'infanterie (abrév. R.I.), de cavalerie, d'artillerie, du génie; régiment de canonniers, de chasseurs, de cuirassiers, de dragons, de fusiliers marins, de grenadiers, de hussards, de zouaves; régiment blindé. Tout un régiment du train liquidait ses équipages, chevaux, voitures, harnais, farines (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 424). Nous désirons le transport dans la Métropole, dans le plus bref délai possible, du 4e Régiment de Zouaves (...) et du 1er Régiment de Spahis marocains (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 468).
— [Avec détermin. précisant la mission] Régiment de reconnaissance. Une division mécanique comprenant, pour commencer, un régiment de découverte armé d'automitrailleuses et d'auto canons (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 442).
— [Sous l'Ancien Régime et au déb. de la Révolution, suivi d'un nom de province, de nationalité ou du nom de son colonel] Régiment du roi, de la reine, du dauphin; régiment de Navarre, de Normandie, du Périgord; régiment suisse; régiment Royal-Cravate (v. cravate étymol.). Nicolas Bastien, brigadier au 3e escadron du régiment de Royal-Allemand en garnison à Paris (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 114). Fortuné de Chassagne, ci-devant noble et officier dans le régiment de Bouillé (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 222). P. plaisant. Un flacon qu'à son goulot surmonté d'un casque argenté on reconnut pour faire partie du régiment de Royal-Champenois (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 150).
2. P. méton., pop., fam. Le service militaire (le régiment étant le corps d'incorporation). Partir au régiment; rentrer du régiment; le temps du régiment; camarade, copain de régiment. Inlassablement, les camarades, coude à coude, se racontaient de ces histoires rebattues de régiment, toutes pareilles, qu'on croirait arrivées dans la même caserne (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 31). V. gaillardise B ex. de Goncourt.
B. — P. anal.
1. Groupe de personnes ayant des points communs. Ainsi, l'homme estimable, malheureux dans son intérieur, ou l'homme qui a une femme inconséquente, sont tout bonnement des gens appartenant au régiment de Molière, et ce grand homme, hélas!... y fût capitaine d'état-major (BALZAC, Physiol. mariage, 1826, p. 98). Son pantalon, rayé d'une large bande, qui semblait le galon de son grade dans le régiment du dandysme, l'étranglait au genou (Mme V. HUGO, Hugo, 1863, p. 197).
2. [Dans des expr. fam. pour marquer la force, l'importance, l'excès de qqc.] Il y a de quoi nourrir, de quoi tuer un régiment; il fatiguerait un régiment. La baronne, alarmée: Pourquoi ces cris?... Qu'y a-t-il? Saint-Germain: Rien, madame... j'éternue. La baronne: Mais c'est à réveiller un régiment (LABICHE, Fille bien gardée, 1850, 15, p. 312). Ces longues galeries, ces escaliers où un régiment passerait à l'aise, ces croisées monumentales ont quelque chose qui me rassure (GREEN, Journal, 1947, p. 96).
3. Grand nombre. Un régiment de domestiques. Une table servie magnifiquement (...). Des pâtés défilent, un marcassin entier, des pièces de venaison telles qu'on n'en avait jamais vu. Et tout un régiment de bouteilles (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 41). L'immense table supportait un chaos d'assiettes et de bouteilles sales, attaquées par le régiment grondant des mouches noires (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 228).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. I. 1. Fin XIIIe s. (livre donnant des) « règles de vie, de conduite » (Le Département des livres, 45 ds MÉON, Nouv. rec. de fabliaux, t. 1, p. 405); 2. 1314 « traitement médical, soins » (HENRI DE MONDEVILLE, Chirurgie, éd. A. Bos, 1202) — 1590, BRANTÔME ds LITTRÉ; 3. 1488 [éd.] « direction, gouvernement » ([SIMON DE COURCY et non J. GERSON, v. Œuvres de Gerson, éd. Glorieux, t. 7, p. XX], L'Aiguillon d'amour, f ° 45 v ° ds GDF., s.v. regement) — fin XVIe s., v. HUG. et GDF. loc. cit. II. 1. 1553 « unité militaire placée sous le commandement d'un colonel » (B. DE FÉNELON, Mém. ds PETITOT, Coll. mém. hist. de Fr., t. 32, p. 276 ds BARB. Misc. 5 n ° 21: Deux regiments qui venoient de Francfort et de Ratisbonne); 2. 1623 p. ext. « grand nombre » (Ch. SOREL, Francion, p. 154 ds IGLF). I empr. au lat. tardif regimentum « direction, gouvernement », dér. de regimen (v. regime1). II empr. à l'all. Regiment (att. dep. 1546), lui-même empr. au lat. (KLUGE). Fréq. abs. littér.:2 329. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 254, b) 3 350; XXe s.: a) 4 155, b) 2 833.
DÉR. Régimentaire, adj. Qui appartient, a rapport au régiment. Conseil de discipline, infirmerie, prison régimentaire; camion, voiture régimentaire. Les écoles régimentaires n'ont donné jusqu'ici que de très-médiocres résultats (...). Les moniteurs régimentaires ne voient le plus souvent dans les écoles qu'un moyen de se mettre en relief ou d'échapper aux exigences du service actif (DAVOUT, Réorg. milit., 1871, p. 19). P. ext. Militaire. La sécurité de son regard, le port de sa tête, tout aurait trahi ces habitudes régimentaires qu'il est impossible au soldat de jamais dépouiller (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 3). — []. Att. ds Ac. dep. 1835. — 1re attest. 1791 (Le Moniteur, réimpr. 1847-63, t. 10, p. 708a ds Fonds BARBIER: hôpitaux et infirmeries régimentaires); de régiment, suff. -aire. — Fréq. abs. littér.: 21.
BBG. — QUEM. DDL t. 13.
régiment [ʀeʒimɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1553; « régime médical, traitement d'une maladie », 1314; regement, 1250, « gouvernement » (→ 1. Régime) et aussi « régime alimentaire » lat. regimentum « action de régir ».
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1 Corps de troupe placé sous la direction d'un colonel (ou, sous l'Ancien Régime, et pour la cavalerie, d'un mestre de camp). ⇒ Corps (III.), unité; armée (cit. 13). || Sous l'Ancien Régime, les régiments comprenaient un nombre variable de compagnies; ils étaient désignés par un nom de province ou par le nom de leur colonel; sous la Révolution, ils furent remplacés par les demi-brigades. || Divisions d'un régiment moderne. ⇒ Bataillon, compagnie, section. || Les escadrons d'un régiment de cavalerie, de chars. || Le commandant (⇒ Colonel), l'état-major d'un régiment. || Les deux régiments d'une brigade (anciennt); les trois régiments d'une division. || Régiment d'infanterie, de ligne (vx), de cavalerie, de chars, de parachutistes… — Le 27e régiment de lanciers (cit. 1). || Régiments étrangers, de la Légion (cit. 7) étrangère. — Drapeau, enseigne, étendards (cit. 3) d'un régiment. || La clique, la musique des régiments. ⇒ Militaire (→ Gratifier, cit. 3). — Par métonymie. Les hommes d'un régiment. || Tout le régiment connaît Lucie (→ Guigner, cit. 2). || Régiment en marche (→ 2. Défiler, cit. 3). || Régiment qui se bat (cit. 81), prend la fuite (→ Panique, cit. 2), se fait décimer… (→ aussi Épi, cit. 2; fondre, cit. 13, Hugo).
1 Un régiment passait pour aller au camp devant Fontenoy; de dépit je m'enrôle. Nous arrivons; la bataille se donne.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 505.
2 Les régiments sont des couvents d'hommes, mais des couvents nomades; partout ils portent leurs usages empreints de gravité, de silence, de retenue. On y remplit bien les vœux de pauvreté et d'obéissance. Le caractère de ces reclus est indélébile comme celui des moines, et jamais je n'ai revu l'uniforme d'un de mes régiments sans un battement de cœur.
A. de Vigny, Servitude et Grandeur militaires, II, I.
2 (1759). Fam. || Le régiment : l'armée. || Nouveaux arrivants au régiment. ⇒ Bleu (cit. 14). || Mener (→ Exercice, cit. 8), amener au régiment. || Aller au régiment : être incorporé. ⇒ aussi Enrégimenter. — Pop. Temps passé à l'armée, service militaire. || C'était juste après son régiment.
3 (…) lui se raidissait pour conserver cet air crâne qui sied aux conscrits en partance pour le régiment (…)
Loti, Ramuntcho, I, XXVI.
3 (1623). Grand nombre (de personnes, d'animaux, de choses). ⇒ Quantité. || Des régiments d'arbres à fruits (→ Pépinière, cit. 1). || Un régiment d'invités. ⇒ Affluence. — ☑ Fam. Il y en a pour un régiment, comme pour un régiment, pour beaucoup de personnes.
4 (…) il me semblait voir bientôt entrer dans ma chambre un régiment de bulletins et de places retenues, tous et toutes sautant, dansant, tourbillonnant en nues épaisses autour de mon chevet, sur mes tables et dans mes rideaux.
Flaubert, Correspondance, 20, 24 juin 1837.
5 Elle commanda un déjeuner à n'en plus finir, une succession de plats comme pour nourrir un régiment.
Maupassant, les Dimanches d'un bourgeois de Paris, Essai d'amour, Pl., t. I, p. 160.
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DÉR. Régimentaire.
Encyclopédie Universelle. 2012.