rupture [ ryptyr ] n. f.
1 ♦ Division, séparation brusque (d'une chose solide) en deux ou plusieurs parties; son résultat. ⇒ brisement, fracture. Rupture d'essieu. — Mécan. Division d'un solide en deux parties après déformation, sous l'effet d'une force. Limite de rupture. Obus de rupture.
2 ♦ Arrachement, déchirure (d'une chose souple). La brusque rupture d'un lien, d'un câble. — Méd. Solution de continuité survenant brusquement dans un organe. Rupture d'anévrisme. Rupture des membranes au cours de l'accouchement.
3 ♦ (Abstrait) Interruption, cessation brusque (de ce qui durait). La rupture des relations diplomatiques. — Rupture d'équilibre : brusque perte d'équilibre; fig. changement grave et soudain dans l'état des choses (⇒ crise ) . — Rupture de pente : changement brusque et important de l'inclinaison d'une pente.
♢ Opposition, différence tranchée entre des choses qui se suivent. ⇒ décalage, 1. écart. Rupture de ton, de rythme. ⇒ changement. « Son cœur battait à grands coups avec des ruptures de cadence » (Aymé). « une si forte impression de rupture entre leur passé et leur présent » (Sartre). ⇒ cassure, coupure, fossé. — EN RUPTURE AVEC : en opposition affirmée à, en désaccord total avec. « Ma joie a quelque chose d'indompté, de farouche, en rupture avec toute décence, toute convenance, toute loi » (A. Gide). Être en rupture avec la société. Absolt « ces jeunes en rupture, récidivistes de l'échec scolaire, social, affectif, délinquants à répétition » (Le Monde, 1989).
♢ Annulation des effets (d'un engagement). Rupture de contrat. ⇒ dénonciation. Rupture de fiançailles. En rupture de ban.
♢ EN RUPTURE DE (et subst.),dans une situation où l'on manque de (qqch.). Être en rupture de stock.
4 ♦ Séparation plus ou moins brusque entre des personnes qui étaient unies. ⇒ brouille, désaccord, séparation. Lettre de rupture. « Est-ce une querelle ou une rupture ? demanda-t-elle » (Musset).
● rupture nom féminin (bas latin ruptura, du latin classique rumpere, briser) Fait, pour quelque chose, de se rompre, sous l'effet d'un effort excessif ou trop prolongé ou d'un choc : Rupture d'une digue. Fait, pour un état, une action, d'être interrompu brusquement : La rupture des négociations entre deux États. Action de considérer comme nul un engagement, un acte public ou particulier : Rupture de fiançailles. Rupture des relations diplomatiques. Cessation soudaine et marquée de l'accord, de l'harmonie qui existait entre des éléments : Rupture de rythme. Fait, pour des personnes, de cesser d'entretenir des relations : Une scène de rupture. Matériaux État à partir duquel un solide se sépare en parties disjointes. Militaire Ouverture d'une brèche dans le dispositif défensif de l'adversaire. Pathologie Solution de continuité, déchirure d'un organe qui n'est pas produite par un instrument tranchant. ● rupture (citations) nom féminin (bas latin ruptura, du latin classique rumpere, briser) Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 L'amour comporte des moments vraiment exaltants, ce sont les ruptures. La guerre de Troie n'aura pas lieu, I, 4, Pâris Grasset ● rupture (expressions) nom féminin (bas latin ruptura, du latin classique rumpere, briser) En rupture avec quelque chose, en opposition complète, en désaccord total avec quelque chose. Projectile, obus ou boulet de rupture, projectile doué d'une grande force de pénétration et destiné généralement à perforer les blindages. Rupture de stock, niveau d'un stock de marchandises ou de produits finis devenu insuffisant pour assurer la satisfaction de la demande de ces produits. Rupture abusive, résiliation du contrat de travail à l'initiative de l'employeur sans respecter le préavis. (L'employeur encourt les sanctions prévues pour absence de motif réel et sérieux du licenciement.) Rupture de la vie commune, motif de divorce, fondé sur une séparation de fait entre les époux supérieure à 6 ans. (Ce motif ne permet pas d'obtenir de droit le divorce, qui est réputé prononcé aux torts du demandeur.) Rupture de charge, interruption dans le cycle de transport, soit par changement de véhicule ou de mode de transport, soit par modification du lot ou unité de charge. Charge de rupture, effort de traction (mesuré en N°mm2) sous lequel se rompt une barre dans les essais de métaux ou de matériaux de construction. Mécanique de la rupture, partie de la science des matériaux portant principalement sur les problèmes posés par le comportement dit fragile de métaux tels que les aciers de construction. (On distingue trois modes élémentaires de rupture, qui se distinguent par les orientations des surfaces de la fissure par rapport aux contraintes exercées : l'ouverture, le glissement et le cisaillement.) ● rupture (synonymes) nom féminin (bas latin ruptura, du latin classique rumpere, briser) Action de considérer comme nul un engagement, un acte public...
Synonymes :
- dénonciation
- résiliation
- révocation
Cessation soudaine et marquée de l'accord, de l'harmonie qui existait...
Synonymes :
Fait, pour des personnes, de cesser d'entretenir des relations
Synonymes :
- brouille
- froid (familier)
rupture
n. f.
d1./d Action de rompre, fait de se rompre; son résultat. Rupture d'une branche, d'un câble.
|| MED Déchirure subite d'un vaisseau, d'un organe. Rupture d'anévrisme.
d2./d Cessation, changement brusque. Rupture d'équilibre, de rythme.
— En rupture de stock: les marchandises d'un stock étant devenues insuffisantes pour satisfaire les commandes.
— Rupture de charge: transbordement de marchandises d'un véhicule à un autre.
|| Fait d'annuler (un engagement, un projet, etc.). Rupture de contrat.
d3./d Séparation de personnes qui étaient liées.
⇒RUPTURE, subst. fém.
Action de rompre ou de se rompre; résultat de cette action.
A. — 1. Fracture d'une chose solide en deux ou plusieurs parties sous l'effet d'efforts ou de contraintes trop intenses. Rupture de câble, d'essieu; charge, coefficient, limite, point de rupture (en mécan.). Il faut éviter autant que possible de poser les conduites dans des terrains rapportés, qui risquent toujours de se tasser, et par suite de provoquer la rupture de la conduite (QUÉRET, Industr. gaz, 1923, p. 197):
• 1. Il arriva fréquemment que le moine architecte, dépourvu sans doute de riches matériaux pour établir l'entablement [du porche d'une basilique] (...) plaça au-dessus de chaque entre-colonnement un arc en briques, très-surbaissé, pour décharger l'architrave des constructions supérieures, et par ce moyen éviter sa rupture.
LENOIR, Archit. monast., 1852, pp. 123-124.
— ARM. Obus de rupture. Projectile à grande force de pénétration destiné à perforer les blindages. Et cet obus est tombé en effet, un obus de rupture énorme, un 310. Il a frappé le parados devant moi (...) J'en garde le souvenir d'un coup de massue effroyable, derrière la nuque (GENEVOIX, Routes avent., 1958, p. 171).
2. Coupure, déchirure d'une chose souple. Un frein, prévu sur le cadre porte-bobines, assure un arrêt rapide de la bobine lors de la rupture d'un fil ou lorsque la bobine de filature se vide (THIÉBAUT, Fabric. tissus, 1961, p. 33). C'est le caoutchouc à usage général dont on cherche actuellement à pallier les défauts (faible résistance à la rupture, à l'échauffement et au déchirement) en particulier en modifiant la température de fabrication et en l'étendant d'huile (Industr. fr. caoutch., 1965, p. 23).
— MÉD. Destruction accidentelle de la continuité d'un organe, généralement par l'action d'une cause externe à l'organe. Rupture d'anévrisme. Les médecins constatèrent que le général était mort de la rupture d'un vaisseau du cœur (FEUILLET, Camors, 1867, p. 340):
• 2. D'autre part, dans les formes hypertoxiques de la maladie, les ruptures vasculaires, les thromboses artérielles, les nécroses de la muqueuse intestinale qui sont les seules altérations organiques décelables en pareil cas, ne peuvent s'expliquer que par l'imprégnation des plexus sympathiques de l'organisme tout entier par l'endotoxine éberthienne...
Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946, p. 35.
3. Destruction due à la pression d'une force supérieure à la résistance qui lui est opposée. Rupture d'une digue. La tendance à la rupture [des terrains] par écrasement, [vient] se mêler à celle de la fracture par flexion transversale (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 100). À main droite et à sa hauteur, dans le prolongement même du névé qu'il traversait, une première crevasse largement ouverte et qu'on pouvait sonder de l'œil, à cause de son inclinaison, marquait le point de rupture du glacier (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 196).
— P. anal., ART MILIT. Rupture d'un front. (Dict. XXe s.).
B. — P. anal. ou au fig.
1. [À propos de choses]
a) Interruption qui affecte brutalement le cours de sentiments, de situations, d'événements, etc., inscrits dans la durée. [Hulot] resta convaincu de la rupture de cette heureuse paix due au génie de Hoche et dont le maintien lui parut impossible (BALZAC, Chouans, 1829, p. 21). Le Mexique fut le premier à nationaliser les sociétés anglo-américaines en 1938 malgré le blocus décidé aussitôt par celles-ci et la rupture des relations diplomatiques de la part de la Grande-Bretagne (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1966, p. 522).
— Absol. Coupure brutale entre deux situations, deux états de fait, l'un(e) passé(e), l'autre actuel(le). Toute religion fondée sur l'idée d'une chute initiale se trouve en proie aux douleurs de la discontinuité. Mais une Création est une première rupture (VALÉRY, Tel quel II, 1943, p. 192). Le vrai fou, parce qu'il ne joue pas, possède authentiquement un domaine commun avec l'artiste: celui de la rupture. Et toute rupture nous semble conquise (...) Mais le fou est prisonnier du drame auquel il doit son apparente liberté: sa rupture, qui n'est pas conquise sur d'autres œuvres d'art — qui lui est imposée — n'est pas orientée (MALRAUX, Voix sil., 1951, p. 530).
— En rupture avec. Kretschmer a poursuivi en effet ses recherches morphologiques par la statistique et la mensuration; il les met cependant en relation avec des types psychiques déterminés par ailleurs: schizoïdes et schizophrènes d'une part, en rupture avec le réel, cycloïdes et circulaires en face d'eux, adaptés et socialement consonants (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 217).
b) Interruption qui affecte brutalement dans sa continuité la permanence d'un phénomène. Rupture de rythme. Mais s'il y a beaucoup de Baudouin repeints, il est encore un plus grand nombre de copies du temps, sans rupture de tons, à l'apparence mate et plâtreuse de papier peint (E. DE GONCOURT, Mais. artiste, t. 1, 1881, p. 43). Tout va bien. Déjà la moitié du programme de tir réalisé sans accrocs ni ruptures de la cadence (ARNOUX, Roy. ombres, 1954, p. 50).
— Rupture de pente. ,,Modification brusque et importante de la valeur d'une pente`` (Géomorphol. 1979).
— CHIM., PEINT. Rupture (d'une émulsion). ,,Séparation irréversible des deux phases d'une émulsion par coalescence (ou coagulation) des globules`` (CHOPPY 1975).
— INFORMAT. Rupture de séquence. ,,Arrêt du déroulement séquentiel d'un programme informatique à la suite d'une instruction d'essai, de saut ou d'interruption`` (FRANTERM Micro-informat. 1984).
— PHYS. Étincelle de rupture. Étincelle qui éclate entre deux conducteurs d'un circuit parcouru par un courant lorsqu'on les sépare (d'apr. Sc. 1962). En adaptant [aux câbles] un interrupteur de sûreté placé au jour (fil fusible, coupe-circuit électromagnétique, etc.), on évite la production d'une étincelle de rupture dans l'atmosphère de la mine (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 630).
— En rupture de
♦ En situation de manque. En rupture de stock. Il y a tout de même des gens qui ont misé toute leur passion sur une technique et pour qui s'édite une presse technique fort abondante: gens d'affaires et hommes de finances, cinéastes en train de tourner ou en rupture de studio (Civilis. écr., 1939, p. 36-13).
♦ Affranchi de certaines contraintes. Chrétien en rupture d'Église. Les mauvaises langues disent cela [que je suis déserteur] parce que j'ai quitté le régiment deux ans avant mon temps fini; mais (...) je suis en rupture de garnison (DUMAS père, G. Lambert, 1844, prol., 12, p. 184).
c) Annulation d'actes privés ou publics. Rupture d'un traité; rupture de ban (v. ban1 II A 2). Il est, par ailleurs, impossible de lier les genres du droit aux contraintes, car le même genre de droit, selon les cadres sociaux et les circonstances, peut être accompagné par des contraintes différentes et des genres opposés de droit peuvent être sanctionnés par des contraintes identiques (par exemple la rupture du contrat pouvait être sanctionnée par la prison aussi bien que par une amende (...)) (Traité sociol., 1968, p. 179).
♦ Rupture abusive. ,,Résiliation du contrat de travail à durée indéterminée qui intervient en infraction aux dispositions légales ou contractuelles réglementant le licenciement`` (CIDA 1973).
2. [À propos de pers.] Séparation brutale entre des personnes unies par des liens étroits. Synon. désunion, division. Rupture de fiançailles, de mariage; lettre, scène de rupture. Béatrix m'aime (...) moi je ne l'aime plus; je n'accours pas pour l'emmener mais pour rompre avec elle et lui laisser les honneurs de cette rupture (BALZAC, Béatrix, 1839, p. 233). Pour vous, Olivier, votre devoir est tout tracé. Vous renoncez à votre liaison avec la Soubiran et pour faciliter la rupture, vous renverrez cette créature aujourd'hui même (AYMÉ, Quatre vérités, 1954, p. 158). P. anal. Rupture socialo-communiste. Tous les débats d'ordre économique qui ont été à l'origine de la rupture socialo-communiste du 23 septembre devraient vous sembler parfaitement vains (Le Nouvel Observateur, 16 janv. 1978, p. 75, col. 1).
REM. Rupturer, verbe trans., méd. Provoquer une rupture. Cette poche peut se remplir d'aliments qui la distendent et peuvent arriver à la rupturer (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 52).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) XIVe s. [apr. 1328] « cassure, séparation en morceaux » (Poème moralisé sur les propriétés des choses, ms. Bibl. Nat. fr. 12483, éd. G. Raynaud, f ° 90, L, 2 ds Romania t. 14, p. 462); b) 1784 point de rupture ici, p. transpos. « tension extrême, état de crise » (DIDEROT, Élém. de physiol., p. 94); 2. a) 1441 « non respect, transgression d'une loi » (Archives dép. du Nord, B 642 ds Bibl. Éc. Chartes, t. 98, p. 308); b) 1616 rupture de la tresve (A. D'AUBIGNÉ, Hist. univ., I, X, éd. A. de Ruble, t. 1, p. 65); c) 1780 rupture de mon ban (MIRABEAU, Lettres orig. écrites du donjon de Vincennes, t. 4, p. 309); 1868 au fig. en rupture de ban (A. DAUDET, Pt Chose, p. 64); 3. a) 1538 méd. « hernie » (EST., p. 250); b) 1655 méd. rupture de ses organes (CYRANO DE BERGERAC, Estats et empires de la lune, p. 37); 4. a) 1566 « renvoi des différents corps d'une armée » rupture du camp de l'empereur (Lettres de Catherine de Médicis, éd. H. de La Ferrière, t. 2, p. 403, col. 2); b) 1601 « dissolution, dispersion » rupture du parlement (Cl. FAUCHET, Fleur de la maison de Charlemaigne, p. 81); 5. a) 1602 « interruption, cessation » (ID., Déclin maison de Charlemagne, p. 115); b) 1688 spéc. rupture ... de ... table (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., t. 3, pp. 405-406); 6. a) 1624 « destruction, annulation d'un lien entre des personnes » rupture du mariage (V. D'AUDIGUIER, Les Amours d'Aristandre et de Cleonice, p. 210); b) 1648 « querelle, brouille » (G. DE BALZAC, Le Barbon ds Œuvres, t. 2, 1665, p. 711); c) 1656 « séparation, fait de quitter, d'abandonner quelqu'un ou quelque chose » (CORNEILLE, L'Imitation de J.-C., l. 1, chap. 6, p. 55: rupture avec les douceurs d'ici-bas); 7. 1629 « dégradation, destruction » rupture des chemins (N. DE PEIRESC, Lettres, éd. Tamizey de Larroque, t. 2, p. 179); 8. 1684 peint. Rupture des Couleurs (DU FRESNOY, Art de Peint., p. 52-55 ds BRUNOT t. 6, p. 738, note 1); 9. 1832 « discontinuité, forte variation d'aspect » (HUGO, N.-D. Paris, p. 140); 1933 spéc. rupture de pente (MALÈGUE, Augustin, t. 1, p. 374). Empr. au lat. ruptura « rupture, bris », dér. du rad. du supin de rumpere (v. rompre) à côté des formes d'a. et m. fr. régulièrement issues du lat. ou demi-sav. telles que roture « déchirure » (1172-90, CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 3709), routure « hernie » (1262, JEAN LE MARCHAND, Mir. N. D. Chartres, 89 ds T.-L., s.v. roture), ropture « non respect, transgression (d'une ordonnance) » (1404, 1re coll. de lois, n ° 139, f ° 34 v °, Arch. Fribourg ds GDF., s.v. routure), ca 1500 rompture (d'une trêve, d'un mariage) (PHILIPPE DE COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, t. 1, p. 102 et t. 2, p. 247), et roupture « fracture, brèche » (1524, Reg. des délib. de l'Hôtel de ville d'Autun, ms. Troyes, 711 ds GDF. Compl., s.v. rupture). Fréq. abs. littér.:1 112. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 877, b) 1 492; XXe s.: a) 1 441, b) 2 314. Bbg. QUEM. DDL t. 25.
rupture [ʀyptyʀ] n. f.
❖
♦ Le fait de rompre, de se rompre.
1 a Division, séparation brusque (d'une chose solide) en deux ou plusieurs parties. ⇒ Rompre (I., 1.); rompement (vx); brisement, cassage, destruction, fracture; fraction (I., 1., vx). || Rupture d'essieu. || Rupture violente accompagnée de bruit. ⇒ Fracas.
♦ Mécan. Division d'un solide en deux parties après déformation, sous l'effet d'une force. || Charge, limite de rupture, module de rupture, qui caractérise la charge maximum que peut supporter un échantillon par unité de surface.
♦ Puissance de rupture (en balistique). || Obus de rupture.
♦ Rupture du noyau atomique (→ Fission, cit. 1).
b Arrachement, déchirure (d'une chose souple), correspond à rompre (I., 2.). || Rupture d'un lien, d'un câble. || Barque en rupture d'amarre (→ Élargir, cit. 13). — Par métaphore :
1 Il faut que dans le bonheur nous formions des liens bien doux et bien forts de confiance et d'attachement pour que leur rupture nous cause le déchirement si précieux qui s'appelle le malheur.
Proust, le Côté de Guermantes, Pl., t. III, p. 907.
c Destruction par enfoncement. ⇒ Rompre (I., 3.). || Rupture d'une digue. || Rupture de fils barbelés (→ Char, cit. 6). — Par anal. || Rupture du front. || Combat de rupture.
d (1680; « hernie », 1538). Méd. Solution de continuité survenant brusquement dans un organe. || Rupture d'anévrisme (cit. 3, au fig.). || Rupture d'une artère, d'une veine (phléborragie). || Rupture des membranes : rupture de la poche des eaux au cours de l'accouchement. || Rupture musculaire, déchirure.
2 L'autopsie à laquelle on a procédé sur-le-champ a démontré que cette mort était due à la rupture d'un anévrisme à son dernier période.
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes, Pl., t. V, p. 1014.
e Chim. Séparation des éléments d'une liaison. || Rupture homolytique, en deux restes non ionisés; hétérolytique, en deux ions de signe contraire.
2 Par métonymie. Séparation entre les parties (d'une chose rompue). ⇒ Cassure (plus cour.); brisure; → Fracture, cit. 3.
3 (1690). Abstrait. Interruption, cessation brusque (de ce qui durait). || Rupture des relations diplomatiques, économiques (→ aussi Guerre, cit. 26). ⇒ Rompre I., 6. || Rupture d'équilibre : brusque perte d'équilibre; et fig. changement grave et soudain dans l'état des choses (⇒ Crise). — Vieilli. || Rupture de la paix. (Vx). || Rupture d'un projet, d'un voyage.
♦ (1616). Annulation des effets (d'un engagement). || Rupture d'un engagement, d'une promesse; rupture de contrat. ⇒ Dénonciation, infraction. — ☑ Rupture de ban. ⇒ 1. Ban (→ aussi Guet, cit. 6). — Être en rupture de ban. — Plais. || En rupture de (qqch.) : qui renie ses attaches à. || Professeur en rupture de Sorbonne. Absolt. || Fils de bourgeois en rupture.
♦ Spécialt. || Rupture de traité. || Rupture d'un mariage, d'un projet, d'une promesse de mariage.
♦ Cessation (d'une situation juridique). ⇒ Dissolution. || Rupture d'un mariage. ⇒ Divorce (cit. 2).
♦ ☑ Loc. En rupture de (+ subst.), dans une situation où l'on manque de (qqch.). || « En rupture de stock » (l'Express, 13 janv. 1969).
4 Opposition, différence tranchée entre des choses qui se suivent. ⇒ Décalage, écart. || Rupture de ton : changement brusque. || Rupture de rythme. || Provoquer une rupture entre les coutumes (cit. 15) de l'esprit et la nouveauté qu'on lui soumet. ⇒ Divorce (fig.). — ☑ Loc. En rupture avec : en opposition affirmée à.
3 Ma joie a quelque chose d'indompté, de farouche, en rupture avec toute décence, toute convenance, toute loi.
Gide, Journal, 30 nov. 1917.
4 Certains fous, dit-on, sont habités par le sentiment qu'un événement atroce a bouleversé leur vie. Et lorsqu'ils veulent comprendre ce qui leur donne une si forte impression de rupture entre leur passé et leur présent, ils ne trouvent rien (…)
Sartre, Situations III, p. 24.
4.1 Il était d'ailleurs dans un état de surexcitation, et son cœur battait à grands coups, avec des ruptures de cadence, qui lui donnèrent le sentiment d'un péril.
M. Aymé, Maison basse, p. 55.
♦ Techn. || Rupture de charge : changement de mode de transport, au cours d'un voyage. — Variation brutale du nombre de passagers transportés.
♦ ☑ Loc. Rupture de pente : modification brutale de la pente d'un terrain.
♦ Arts. Opposition (de couleurs, de tons…). → Noir, cit. 44.
5 (1636; correspond à rompre II., 3.). Séparation, arrêt des relations (entre des personnes qui étaient unies). ⇒ Brouille, désaccord, désunion, dispute, division… (→ Heurt, cit. 5; mot, cit. 15). || Rupture entre un homme et une femme (→ Quitter, cit. 8). || Scène, lettre de rupture. || Si tu vas plus loin, ça risque d'être la rupture.
5 Qui, d'un homme ou d'une femme, met davantage du sien dans cette rupture, il n'est pas aisé de le décider. Les femmes accusent les hommes d'être volages, et les hommes disent qu'elles sont légères.
La Bruyère, les Caractères, IV, 17.
6 — Est-ce une querelle ou une rupture ? demanda-t-elle d'un ton si violent, que Valentin ne put conserver son sang-froid.
— Comme vous voudrez, répondit-il.
— Très bien, dit la marquise, et elle sortit.
A. de Musset, Nouvelles, « Les deux maîtresses », IX.
❖
CONTR. Résistance, solidité. — Accord, association, attachement, coalition, liaison, lien, union. — Compensation, équilibre (de rupture d'équilibre).
Encyclopédie Universelle. 2012.